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Transformations des systèmes d'élevage et du travail des éleveurs

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Transformations des systèmes d’élevage et du travail des éleveurs

Benoit Dedieu, Sylvie Cournut, Sophie Madelrieux

To cite this version:

Benoit Dedieu, Sylvie Cournut, Sophie Madelrieux. Transformations des systèmes d’élevage et du travail des éleveurs. Cahiers Agricultures, EDP Sciences, 2010, 19 (5), pp.312-315.

�10.1684/agr.2010.0431�. �hal-00956051�

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L’essentiel de l’information scientifique et médicale

www.jle.com

Montrouge, le 05/10/2010 B. Dedieu

Vous trouverez ci-après le tiré à part de votre article en format électronique (pdf) : Transformations des systèmes d’élevage et du travail des éleveurs

paru dans

Agriculture, 2010, Volume 19, Numéro 5

John Libbey Eurotext

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revues/agro_biotech/agr/sommaire.md?ty pe=text.html

Le sommaire de ce numéro

© John Libbey Eurotext, 2010

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Transformations des syste`mes d’e´levage et du travail des e´leveurs*

Plus d’un milliard de personnes tra- vaillent dans le secteur de l’e´levage sur la plane`te, le plus souvent au sein d’exploitations familiales, mais parfois comme salarie´s dans de grandes unite´s de production. Ce milliard de personnes est bien suˆr concerne´,nolens volens, par les changements qui s’ope`rent dans ce secteur. Pourtant, il est assez rare, dans la presse scientifique et profession- nelle, que l’on associe les transformations des syste`mes d’e´levage (qu’on les constate, ou qu’on les encourage) aux transformations du travail en e´levage.

On peut le comprendre dans la mesure ou` les changements techniques sont sur- tout l’affaire des zootechniciens et que le domaine (large) du travail est plutoˆt traite´

par les sciences sociales. Mais des affirma- tions comme «les proble`mes de travail sont des freins a` l’innovation technique» (Mak, 2001 ; Herve´et al., 2002 ; Hostiou et Dedieu, 2009) ou le de´veloppement de la pratique de la monotraite quotidienne, entraıˆnant une baisse de la production quotidienne de 30 %, « simplement » justi- fie´e par des agriculteurs pour « se de´gager du temps », attestent des interactions profondes entre les domaines technique et social. C’est bien l’exploration de diffe´- rentes formes d’interaction entre syste`mes d’e´levage et travail des e´leveurs qui fait l’objet de ce nume´ro the´matique de la revue Cahiers Agricultures, coordonne´

par Sylvie Cournut (Vetagrosup Clermont- Ferrand), Christine Rawski (Cirad Mont- pellier) et Sophie Madelrieux (Cemagref Grenoble), sur la base d’e´tudes re´alise´es dans le contexte d’un atelier du projet Trans « Transformations de l’e´levage et dynamiques des espaces », finance´ dans le cadre du programme « Agriculture et de´veloppement durable » de l’Agence nationale de la recherche.

Ce projet Trans a e´te´ pre´sente´ rapide- ment dans un nume´ro pre´ce´dent de la

revue (Gibon et Ickowicz, 2010) : il avait pour objectif le de´veloppement coordonne´ de recherches pluridiscipli- naires visant a` renouveler les savoirs et les cadres d’analyse et de mode´lisation des transformations de l’e´levage et de leur impact sur les usages des espaces a`

l’e´chelle de territoires. Ce projet, et les travaux de recherches rassemble´s dans ce nume´ro, pre´sentent trois caracte´ris- tiques marquantes.

Ils s’appuient, d’une part, sur des e´tudes re´alise´es dans diffe´rentes re´gions contras- te´es du monde (l’Amazonie bre´silienne, les montagnes franc¸aises, la Pampa argen- tine et uruguayenne, le Sahel se´ne´galais et les montagnes du Vietnam) et, d’autre part, sur des analyses comparatives de ces situations. La re´fe´rence commune est l’exploitation familiale d’e´levage, dont la main-d’œuvre est compose´e en grande partie de membres d’une meˆme famille (mais pas exclusivement, on le verra) et dont les contours, les projets productifs de´pendent largement de la composition, de la mobilite´, des aspirations et des activite´s non agricoles de cette famille.

Ils associent les sciences techniques et les sciences sociales. La discipline dominante dans le groupe de recherche est la zootechnie des syste`mes d’e´levage, qui associe les dimensions humaine et tech- nique de l’activite´ d’e´levage (Dedieu et al., 2008). Depuis une vingtaine d’anne´es, cette discipline a largement emprunte´ a` l’e´conomie, a` la gestion et a`

l’ergonomie pour de´velopper ses cadres d’analyse du travail (Dedieu et Servie`re, 2010). Mais d’autres disciplines sont associe´es aux cadres the´oriques et aux de´marches d’e´tude des articles de ce nume´ro : il s’agit pour l’essentiel de la sociologie et de la psychodynamique du travail (Dejours, 1996). On est donc dans un cadre assez particulier d’expression et d’analyse du travail en e´levage, ou` la

doi:10.1684/agr.2010.0431

Article introductif

* Pour citer cet article : Dedieu B, Cournut S, Madelrieux S. Transformations des syste`mes d’e´levage et du travail des e´leveurs.Cah Agric2010 ; 19 : 312-5. DOI : 10.1684/agr.2010.0431

Benoit Dedieu1 Sylvie Cournut2 Sophie Madelrieux3

1Inra

Unite´ mixte de recherche (UMR) Me´tafort 63122 Saint Gene`s

Champanelle France

<benoit.dedieu@clermont.inra.fr>

2Vetagrosup Clermont Umr Me´tafort BP 35

63370 Lempdes France

<s.cournut@vetagro-sup.fr>

3Cemagref UR DTM

Domaine universitaire 2, rue de la Papeterie BP 76

38 402 St Martin d’He`res France

<sophie.madelrieux@cemagref.fr>

Tire´s a` part : B. Dedieu

Cah Agric, vol. 19N° 5septembre-octobre 2010

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conduite des troupeaux et des surfaces ne demeure pas dans l’implicite du travail prescrit et ou` :

– l’organisation du travail n’est pas seule- ment un agencement de main-d’œuvre, mais bien une articulation entre des choix de conduite et de dimensionnement d’activite´s, des configurations et agence- ments de collectifs de travail, et des e´qui- pements (Madelrieux et Dedieu, 2008) ; – le pilote n’est pas seulement focalise´

sur les performances productives et e´co- nomiques de son syste`me, mais inte`gre (ou inte`grent quand ils sont plusieurs a`

participer aux de´cisions d’organisation) les proble`mes d’articulation entre l’acti- vite´ agricole et d’autres activite´s de la famille, et cherche a` avoir un travail vivable, et plus encore, un travail dans lequel il se re´alise et investit sa subjecti- vite´ (Porcher, 2001).

Enfin, les travaux s’appuient sur un parte- nariat entre institutions de recherche et organisations professionnelles ou de for- mation sur les diffe´rents terrains. Citons les contributions de l’Inra-Sad, de l’Institut de l’e´levage, du Cemagref, de Vetagrosup Clermont, de l’Isara Lyon, du Cirad (Dakar, Brasilia), de l’Instituto Plan Agro- pecuarioet de la faculte´ d’agronomie de Paysandu` en Uruguay, de l’universite´

fe´de´rale du Para´ au Bre´sil, du Rudec- Ipsard au Vietnam ; celles des controˆles laitiers du Cantal, du Lot et de l’Aveyron, du groupement de vulgarisation agricole de Baraqueville (Aveyron) et du Parc re´gional des Bauges (Savoie) en France.

Nous l’e´voquerons peu ici, mais les colla- borations e´tablies dans le cadre de ces e´tudes ont e´te´ inte´gre´es dans l’activite´ et les perspectives du re´seau mixte techno- logique « Travail en e´levage », pilote´ par l’Institut de l’e´levage en collaboration avec les chambres d’agriculture et l’Inra (Kling-Eveillard et al., 2010). Plusieurs de ces partenaires ont eu l’occasion d’apporter leur te´moignage lors des Troisie`mes Rencontres nationales du de´veloppement, de la recherche et de la formation « Travail en e´levage » qui se sont tenues a` Rennes fin 2009.

Quel est l’inte´reˆt de baˆtir ce nume´ro a`

partir de recherches re´alise´es dans des pays ou` l’on pourrait penser que les rap- ports au travail des e´leveurs sont fonda- mentalement diffe´rents ? Notre hypothe`se est que le renouvellement des cadres d’analyse, des connaissances sur les inter- actions entre les transformations des sys- te`mes d’e´levage et le travail ne peut que be´ne´ficier du de´veloppement d’e´tudes comparatives des re´alite´s de situations

contraste´es. Le premier re´flexe est sou- vent de conside´rer les cas de pays du Nord, et notamment franc¸ais, comme tre`s spe´cifiques : pensez a` la loi sur les 35 heures hebdomadaires chez les sala- rie´s, qui a tant e´branle´ les conceptions du travail des e´leveurs laitiers, qui se sont de´couverts de´cale´s, presque comme des travailleurs forcene´s, esclaves de la traite quotidienne, devenue si pesante. Et pourtant, quand tel e´leveur vietnamien s’interroge sur la fac¸on de conduire conjointement l’activite´ d’e´le- vage et une activite´ non agricole, ses questions ne sont formellement pas tre`s e´loigne´es des proble`mes de celui qui, en France, veut se de´gager du temps pour partir en conge´s en famille ou se libe´rer le soir pour ses enfants. Dans ces deux pays, comme ailleurs, le peu d’attrait exerce´ par le me´tier d’e´leveur, du fait de la quantite´ de travail (importante) pour le revenu de´gage´ (faible), pose le proble`me du renouvellement des ge´ne´rations, et des questions sur les moyens d’y faire face pour limiter notamment au Sud les migrations trop importantes vers les banlieues pauvres des villes. De meˆme, on retrouve partout un discours similaire sur l’impe´ratif d’un haut niveau de productivite´ : ce qui pose la question des voies pour y parvenir concre`tement, quand le travail conserve une part de manuel, et que tout ne peut se re´sumer a` une automatisation croissante, inacces- sible pour beaucoup, y compris dans les montagnes de France. Partout, c’est le devenir de l’exploitation familiale, des sys- te`mes pluriactifs, du salariat agricole qui sont des questions vives pour le de´velop- pement durable des territoires ruraux et pe´riurbains, et que ces recherches ont la pre´tention d’e´clairer. Ainsi, de´centrer les visions hexagonales par une approche comparative de re´alite´s plus contraste´es dans le monde nous permet, c’est un des paris du nume´ro, de construire des discours plus robustes, plus ge´ne´riques.

Cela nous permet aussi d’interroger les dimensions territoriales du travail en e´levage.

Finalement, quelle est la contribution de ce nume´ro a` l’e´tude des interactions entre les transformations des syste`mes d’e´le- vage et du travail ?

Dans la litte´rature, notamment technique et e´conomique, cette interaction est pour l’essentiel pre´sente´e sous l’angle de la rationalisation du travail, condition de la compe´titivite´ des exploitations. Elle implique l’accroissement de la producti- vite´ (de la main-d’œuvre, des animaux et

des surfaces fourrage`res) par l’agrandisse- ment des exploitations, la modernisation des techniques de production (l’ensilage, la maıˆtrise de la reproduction…), le de´ve- loppement de la me´canisation et de l’automatisation, allant jusqu’a` la roboti- sation de certaines taˆches comme la traite.

Cette rationalisation entraıˆne alors une modification du calendrier, des rythmes et des dure´es de travail, ainsi qu’une modification des taˆches et des compe´ten- ces. Ce mouvement ne touche pas toutes les exploitations : en effet, le travail manuel domine encore dans de nom- breuses exploitations au Sud, lesquelles n’ont pas toutes, loin de la`, adopte´ le mode`le entrepreneurial qui sous-tend cette rationalisation. Il n’empeˆche : com- prendre les interactions entre conduite d’e´levage, main-d’œuvre, organisation et efficience du travail, identifier les marges de manœuvre des exploitants sont des questions importantes pour les cher- cheurs mais aussi pour les organismes de de´veloppement du Nord et du Sud ou` de nombreux pays souhaitent pro- duire plus pour le marche´ inte´rieur ou pour exporter. Cela est illustre´ par deux e´tudes exploratoires re´alise´es en Uruguay (Diegezet al., 2010), au Vietnam (Hostiou et al., 2010) faisant suite a` de nombreuses analyses re´alise´es dans diffe´rentes pro- ductions en France (Chauvat et Cournut, 2009). Mais la question de la rationalisa- tion du travail ne saurait re´sumer toutes les modalite´s d’association entre transfor- mations de l’e´levage et transformations du travail. Nous retenons quatre points dans ce nume´ro.

La question de la persistance ou du de´ve- loppement de syste`mes d’activite´s com- plexes met en relation la main-d’œuvre familiale, l’activite´ d’e´levage et d’autres activite´s du me´nage. Comment les e´le- veurs ge`rent-ils les tensions de l’agence- ment entre ces diffe´rentes activite´s, notamment dans leurs choix de conduite de l’e´levage ? L’article de Calland et Madelrieux (2010) analyse la complexite´

de l’organisation du travail dans des exploitations caprines fermie`res re´pute´es combiner des activite´s aux rythmes varie´s (e´levage, fabrication de fromage, vente).

Cournut et al.(2010), dans une analyse compare´e conduite en France, en Ame´- rique latine et au Vietnam, s’inte´ressent a`

la diversite´ des formes d’organisation du travail dans les exploitations familiales d’e´levage. Ils montrent que les choix techniques sont associe´s a` des choix d’e´quipements et de main-d’œuvre (permanente ou non), a` des ajustements

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entre activite´ agricole et non agricole, pour former un syste`me ayant une cohe´rence propre permettant de rendre l’exercice de l’activite´ d’e´levage vivable.

Les collectifs de travail, autrement dit la main-d’œuvre des exploitations, e´voluent fortement. En France, le couple d’exploi- tants, longtemps emble´matique de la main-d’œuvre permanente d’une exploi- tation familiale, laisse la place a` des re´alite´s diversifie´es, de l’exploitant seul (le conjoint travaillant a` l’exte´rieur), aux formes associatives (groupements agricoles d’exploitation en commun, fami- liaux ou non), en passant par les exploi- tants avec salarie´s. Cournut et Hostiou (2010), dans la re´gion du Se´gala, s’interro- gent alors sur les conse´quences de cette diversite´ des collectifs sur les adaptations des conduites d’e´levage, notamment sur le de´veloppement de formules « simpli- fie´es ». Le monde des e´leveurs, au sens premier de personnes assurant l’e´levage des animaux domestiques, n’est ainsi pas uniquement forme´ d’exploitants (homme ou femme), mais e´galement de salarie´s.

Les premiers sont connus, interviewe´s, ils nous racontent leur vie, leurs aspira- tions, leurs pratiques, leurs logiques d’action. Les seconds sont bien moins souvent appele´s a` te´moigner de leurs trajectoires et de leurs perspectives, de leur lien a` l’activite´ d’e´levage : l’article de Madelrieux et al. (2010) de´crit ainsi des figures types de salarie´s construites sur la base d’un e´chantillon de personnes interroge´es dans diffe´rents pays du monde. Au Se´ne´gal, Wane et al. (2010) pointent le de´veloppement du salariat dans les campements traditionnels des e´leveurs peuls et l’interpre`tent comme un signe des mutations des syste`mes d’activite´s locaux. Dupre´ (2010) propose d’analyser a` partir d’une e´tude de cas dans les Alpes du Nord, les tensions qui nais- sent du double re´gime de re´fe´rence du salariat agricole : des situations de travail de´finies d’un coˆte´ par le cadre juridique du monde du travail en ge´ne´ral, et de l’autre, par les spe´cificite´s du travail agricole fonde´ sur la confiance et la familiarite´ propre a` l’univers domestique.

Les familles se transforment, l’autonomie s’immisce dans les rapports de couple.

Cette autonomie se traduit par des e´volu- tions du roˆle et du statut des femmes dans les exploitations (Brandth, 2002) : une partie d’entre elles choisit de travailler a`

l’exte´rieur de l’exploitation ou d’investir dans des activite´s para-agricoles. Mais qu’en est-il des femmes qui travaillent aux coˆte´s de leur conjoint dans des acti-

vite´s gourmandes en temps quotidien comme la production laitie`re ? Comment se repre´sentent-elles leur travail ? Dufour et al.(2010) comparent ainsi les dires d’ex- ploitantes d’Uruguay et du Se´gala franc¸ais.

Les premie`res n’ont pas be´ne´ficie´ d’une reconnaissance spe´cifique de leur statut contrairement aux secondes, mais toutes ont conscience de jouer un roˆle dans l’apprentissage du me´tier d’e´leveur par leurs enfants de`s le plus jeune aˆge.

Mais ce sont, plus globalement, les rapports des e´leveurs a` leur travail qui changent. Au Nord, Barthez (1986) a montre´ que l’introduction de la notion de temps, de re´mune´ration dans l’exer- cice de l’activite´, avait marque´ la fin du

« labeur paysan », une conception du tra- vail ou` les paysans ne comptaient pas leurs heures, ou` la vie domestique et la vie au travail n’e´taient pas distingue´es.

Chez les e´leveurs laitiers du Se´gala, Dufour et Dedieu (2010) montrent que les repre´sentations qu’ont les exploitants du travail et de son organisation se diver- sifient : « eˆtre bien organise´ » devient, comme « eˆtre passionne´ », une marque explicite et positive du me´tier. Mais certains e´leveurs disent e´galement « eˆtre en difficulte´ », c’est-a`-dire en de´calage de norme vis-a`-vis du reste de la socie´te´.

Fiorelliet al.(2010), en s’inte´ressant aux e´leveurs pluriactifs ayant une activite´

d’e´levage ovin, prolongent cette re´flexion sur l’ame´nagement des conditions de vie au travail, c’est-a`-dire sur ce que le travail apporte aux individus, sur les plans non seulement e´conomique, mais aussi iden- titaire et relationnel. Cela permet a` ces auteurs de porter un regard nouveau sur les dimensions pivot d’une organisation, c’est-a`-dire ce sur quoi se fondent les modalite´s concre`tes des ajustements entre conduite de l’e´levage, main- d’œuvre, e´quipements et autres activite´s non agricoles. Les choix de conduite ou certaines taˆches particulie`res (le biberon- nage des agneaux, par exemple) pren- nent alors une autre dimension, celle du sens du travail pour les individus.

Puisse le lecteur trouver ici, dans les articles concernant telle ou telle re´gion d’e´levage herbivore du monde, comme dans ceux qui te´moignent de cet effort d’analyse comparative et de transversa- lite´, de quoi alimenter sa re´flexion sur le travail en e´levage, composante essentielle dans la cohe´rence des syste`mes d’e´le- vage, mais aussi source d’emploi et d’identite´ dans beaucoup de re´gions du monde.

Remerciements

Ont participe´ aux recherches pre´sente´es dans ce nume´ro, outre l’ensemble des auteurs, Marcelo Champredonde (Inta, Argentine) et Soraya Abreu de Carvalho (UFPa, Bre´sil), Jean-Yves Pailleux (INRA Me´tafort). Qu’ils soient ici remercie´s.

Re´fe´rences

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