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Les services écosystémiques sous l’angle de la négociation

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Academic year: 2021

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Submitted on 9 Mar 2020

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Les services écosystémiques sous l’angle de la négociation

Sophie Allain

To cite this version:

Sophie Allain. Les services écosystémiques sous l’angle de la négociation. Les services écosys- témiques dans les espaces agricoles. Paroles de chercheur(e)s, pp.115-118, 2020, �10.15454/nwq9- zk60_book_ch12�. �hal-02503328�

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Les services

écosystémiques sous l’angle de la négociation

Sophie Allain

Chercheuse, UMR INRA-AgroParisTech SADAPT

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L’objectif de cette présentation n’est pas de réaliser un état de l’art, mais d’ouvrir à un dialogue pluridis- ciplinaire en faisant mieux comprendre le questionnement en sciences humaines et sociales en matière de négociation.

La négociation comme processus social central d’une gouvernance des services écosystémiques

Les services écosystémiques sont définis comme les bénéfices que les humains retirent des écosystèmes.

On distingue ainsi :

Ű des services d’approvisionnement Ű des services de régulation

Ű des services culturels Ű des services de soutien.

Ces bénéfices présentent deux caractéristiques : ils concernent un collectif humain et ils ne peuvent pas tous être produits de manière optimale en même temps, à un même endroit donné.

De ce fait, leur gouvernance dépasse le cadre des relations privées et constitue un problème public qui revêt deux grandes questions :

Ű Comment décider des services qui seront favorisés ?

Ű Comment favoriser la production de services écosystémiques ? Ces choix impliquent :

Ű des échelles territoriales variées Ű des pas de temps différents Ű des incertitudes importantes.

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Les services écosystémiques sous l’angle de la négociation

Tous les services écosystémiques mettent en jeu des tensions potentielles entre les acteurs concernés, qui vont agir chacun à leur manière pour défendre leur ligne d’action, leur point de vue ou leurs intérêts :

Ű les acteurs publics par différents types d’instru- ments d’intervention

Ű les groupes sociaux (acteurs économiques, associations, experts…), plus ou moins orga- nisés, par des manifestations, des actions de lobbying, etc.

Ű les individus en utilisant leurs marges de ma- nœuvre socio-politiques.

Ainsi se crée un jeu d’interactions sociales.

Or, dans la gouvernance environnementale, on constate une relative impuissance de la puissance publique, ce qui a amené à développer fortement la voie contractuelle et la concertation. Par ailleurs, le jeu d’interactions sociales se déroule en situation d’interdépendance : nul n’a le pouvoir de décider seul, ou, au minimum, les porteurs de projet, publics ou privés, sont conscients de devoir parvenir à une certaine « acceptabilité sociale ».

On assiste donc à des processus d’influences réciproques et à la nécessaire mise en place de concessions et de compromis. Ainsi naît l’idée de négociation, qui peut être définie comme un processus de communication volontaire entre des acteurs interdépendants en divergence avérée ou potentielle vis-à-vis d’une situation donnée, afin de parvenir à un accord pour améliorer cette situation.

Plus précisément, une négociation se caractérise par : Ű l’implication de plusieurs parties impliquées

(individus, groupes)

Ű une divergence d’intérêts ou de points de vue (on reconnaît et on assume donc l’existence de désaccords et une possibilité de confrontation) Ű l’interdépendance entre les parties prenantes Ű le besoin de faire progresser la situation, la

volonté de parvenir à une solution mutuelle- ment acceptable.

Cependant, dans le champ environnemental, les processus négociés présentent plusieurs spécifi- cités :

Ű Les négociations sont rarement explicites (peu de négociations institutionnalisées, poids de l’idée de concertation et de dialogue). On a plutôt affaire à :

» des négociations tacites

» des situations d’impasse ou de statu quo à

Ű Les négociations sont multilatérales, avec un nombre important d’acteurs et de questions en jeu, ce qui est à la fois source de complexité, mais aussi de marge de manœuvre.

Ű Il existe une grande diversité d’acteurs et des asymétries de pouvoir marquées :

» acteurs institutionnels / habitants, usagers, public

» acteurs identifiés, constitués, légitimes / acteurs à identifier, à constituer, à légitimer,

» avec des langages très différents (réglemen- taire, technique…), ce qui engendre des difficultés de communication et introduit des rapports de force entre « sachants » et profanes.

Ű Ce sont non seulement des intérêts et des points de vue différents, mais aussi des valeurs incommensurables.

Ű Les situations d’interdépendance sont com- plexes, avec de nombreuses interactions en jeu et s’inscrivent dans un cadre territorial qui ne va jamais de soi.

Ű Les démarches sont plus ou moins volontaires, car elles peuvent répondre à des obligations réglementaires (concertation inscrite dans une procédure) ou à des injonctions publiques (menace de sanctions).

Ű La notion d’accord doit être entendue au sens large (contrats, nouvelles règles, représentation partagée…).

La négociation peut ainsi porter : Ű sur des questions techniques Ű sur les acteurs qui en feront partie Ű sur le territoire concerné

Ű sur un cadre organisationnel.

Il en résulte que la négociation ne peut se résu- mer à la définition de compensations ou de rétributions économiques, mais doit être vue comme un processus d’action collective.

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d’une action collective

Pour bien comprendre ce qu’est l’analyse d’une négociation, on la situera tout d’abord par rapport à l’analyse des « jeux d’acteurs » de la sociologie des organisations, mieux connue.

Alors que cette dernière s’intéresse à des champs de l’action organisée, aux stratégies mises en œuvre par les acteurs pour garder leurs marges de manœuvre et aux compromis obtenus par des ajustements qui restent des boîtes noires, la négociation porte, elle, sur des champs d’action peu ou pas structurés, des logiques d’action mues par des intérêts, mais qui ne sont pas forcément bien définies et qui peuvent être évolutives, et elle s’intéresse de manière centrale aux séquences d’échanges entre parties prenantes.

En négociation, il s’agit donc:

Ű d’une part, de saisir l’action collective dans tout son déploiement et dans son déroulement concret sur un pas de temps donné,

»en repérant les points de tension, les blo- cages ou impasses temporaires, comme les points d’accord partiels

»en mettant en évidence la logique de pro- duction de nouvelles règles.

Ű d’autre part, de décrypter les micro-interactions à l’œuvre.

Analyser les processus sociaux en jeu dans la pré- servation des systèmes écosystémiques sous l’angle de la négociation permet :

Ű d’une part, de fournir une compréhension de ce type de processus, utile tant aux décideurs publics qu’aux chercheurs qui y sont impliqués, Ű d’autre part, d’enrichir les cadres de compréhen- sion de la négociation et de l’action collective environnementale et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche dans ce domaine.

prendre à quelles conditions certaines mesures techniques peuvent être acceptées, ou encore de mieux asseoir certaines hypothèses.

Pour les décideurs publics, ce type d’analyse peut les aider à savoir comment lever des blocages et mettre en place des formes de gouvernance adéquates.

Pour les recherches en négociation, sur l’action col- lective et sur l’action publique, une telle démarche permet :

Ű un approfondissement de certaines dimen- sions de la négociation et la comparaison par rapport à d’autres actions collectives environ- nementales (ex : analyse du rôle de certaines parties prenantes, analyse des registres d’argu- mentation)

Ű la conception de méthodes et de systèmes de médiation (dans une optique de recherche- action notamment). Par médiation, on entend la facilitation d’une négociation, en tant que tiers n’ayant pas de pouvoir de décision et extérieur aux enjeux traités. Cet ensemble de recherches porte sur :

»des dispositifs organisationnels d’échanges ou dispositifs délibératifs (par exemple : comment penser l’interface science / citoyens ? Comment penser des dispositifs délibératifs multi-échelles ?)

»des supports d’interactions sociales (par exemple des systèmes multi-agents)

»des démarches de médiation (par exemple un audit patrimonial)

»des stratégies de médiation (par exemple : faut-il associer le public et comment ?).

Ű la conception de méthodes de formation de facilitateurs (par exemple : qui peut faciliter de tels processus ? Quelles compétences sont nécessaires ? Quels modes d’apprentissage proposer ?)

Ű une analyse des accords et de leurs condi- tions pratiques d’émergence dans une op- tique d’analyse de politiques publiques - ligne de recherche en interface avec d’autres dis- ciplines, comme l’économie- (par exemples : quels types d’arrangements institutionnels sont mis en place ? Quelles formes d’hybridation avec d’autres instruments publics ? Quelles transformations de l’action publique et quels nouveaux outils d’intervention ?).

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Les services écosystémiques sous l’angle de la négociation

Conclusion

Les services écosystémiques ne constituent pas un champ de questionnement nouveau en négocia- tion par rapport au domaine plus vaste de l’action collective environnementale, mais représentent un terrain intéressant pour ce type de recherche, qui peut par ailleurs fournir des cadres de com- préhension très utiles pour les scientifiques travaillant sur ces sujets et pour les décideurs publics.

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