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LE PHENOMENE URBAIN EN IRAN

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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Manootchehr, Z. (1975). Le phénomène urbain en Iran: le cas de Xorasan (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences sociales, politiques et économiques, Bruxelles.

Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/214464/1/70126092-4554-4196-b748-ce0f92530736.txt

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES , POLITIQUES ET ECONOMIQUES

LE PHENOMENE URBAIN EN IRAN

LE CAS DE XORASAN.

THESE

présentée p a r

A ^r ïM40 ($f^!HR ZARIF , FIROUZ , ASGARI

licencié ès sciences sociales

à la Faculté des Sciences sociales, politiques et économiques pour l ' o b t e n t i o n du grade de Docteur

en Sciences sociales

1975 - 1976

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FACULTE DES SCIENCES SOCIALES , POLITIQUES ET ECONOMIQUES

LE PHENOMENE URBAIN EN IRAN

LE CAS DE XORASAN .

4 -

THESE

présenfée par

MANOOTCHEHR ZARIF , FIROUZ , ASGARI

licencié ès sciences sociales

à la Faculté des Sciences sociales , politiques et économiques pour I obtention du grade de Docteur

^ v ^ M r en Sciences sociales

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REMERCTEWIENTS

Si la gratitude n'est pas indispensable pour la solidité et l'agrément des rapports sociaux, elle n'en constitue pas moins un encouragement.

Nous remercions nos professeurs dont les obser- vations critiques nous ont amené k préciser notre métho- de et à mettre en valeur les traits essentiels de nos analys-es.

Nous devons en premier lieu exprimer notre re- connaissance à Madame A.D0R3INFANG-SMETS qui a bien voulu accepter la direction de ma thèse et avec grande patience et gentillesse nous a orienté dans la poursui- te de notre travail, et h Madame A.DESTREE qui ne nous a pas ménagé ses critiques, dont la plus importante nous a amené h nous en tenir au m.inimum pour l'analyse historique, qui nous ont permis d'améliorer notre

travail.

Nous sommes également reconnaissant envers

Madame DELRUELLE, Monsieur NICOLAI et Madame DERO. .

pour avoir aimablement consenti à lire notre travail,

et pour les conseils pratiques qu'ils nous ont donné.

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AVANT-PROPOS

Dans ce travail, nous avons été amenés à employer des mots persans pour lesquels nous nous sommes efforcés de trou- ver des équivalents français, même si cela était difficile, voire même impossible. La graphie adoptée pour la transcrip-

tion des mots persans diffère pour certains sons des graphies traditionnellement employées, pour correspondre avec plus de fidélité à la réalité phonétique de la langue, ainsi on a écrit X au lieu de KH

Q au lieu de GH CH au lieu de TCH

sauf pour respecter les graphies des citations.

Les documents et les livres utilisés nous ont confron- tés à différents systèmes de datationtHégire .solaire, Hégi- re lunaire, ère chrétienne. Etant donné que notre travail est rédigé en français, nous avons systématiquement converti les dates suivant le principe suivant; po\ir convertir une date de l'Hégire lunaire (calendrier musulman) en Hégire solaire

(calendrier persan), on divise le nombre d'années lunaires par 33 et on soustrait le résultat obtenu de la date lunai- re; pour obtenir l'année de l'ère chrétienne on ajoute à l'an- née de l'Hégire solaire 621 pour les neufs premiers mois de

l'année iranienne et 622 pour les trois derniers mois.

Une des difficultés majeuresde ce travail, en particu- lier dans l'étude des quartiers a été la rareté des données statistiques et l'ancienneté des existantes. Les statistiques utilisées sont celles des années 1956 et 1966; bien que remon- tant à près de dix ans pour les dernières, certaines données ne devinrent accessibles qu'en 1970 et même plus tard, et les estimations qui pourraient les rajeunir sont inaccessibles;

pour les quartiers de Mashad, pour lesquels nous n'avions que les statistiques utilisées pour le Projet Directeur

(celles de 1966), nous avons dû enrichir nos données par

des enquêtes et des efforts personnels, ce qui n'empêche pas

d'avouer ici les carences de ce travail.

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2

La littérature moderne sur l'urbanisme et l'urbanisation an Iran est pauvre. Il n'existait même pas de livre dont on puisse se servir comme ouvrage de référence pour la ville de Mashad;

sans modestie,on peut dire que ce travail devrait pouvoir servir d'introduction à ceux qui voudraient continuer à explorer ce terrain d'étude et à qui je ne peux que conseiller patience et entêtement,car pour compenser les carences de la documentation, il faut multiplier les efforts de renseignement;mais aussi pa- radoxal que cela paraisse,les problèmes d'intérêt public ne sont pas en Iran l'affaire de tout lé mondetla b\ireaucratie séculaire,épaulée par la technocratie montante les prennent en charge et ne laissent pas de place aux amatevirs solitaires;le secret est total sur le fond des affaires publiques.C'est seule- ment à l'occasion des mutations de personnel que quelques infor- mations contrôlées sont révélées;cette occasion mise à part,il

est presque impossible d'accéder à la réalité des affaires pu- bliques à moins de faire partie de l'administration et dans ce cas de ne pas avoir intérêt à faire des révélations;chercher à obtenir des renseignements est considéré comme une intrusion à laquelle on oppose la méfiance et un mur desilence;si malgré tout quelqu'iin sans responsabilité officiellfi arrive à percer quelque secret,il ne peut le révéler sans attirer une réaction de défense du système. En Août 1975, un des journaux officiels de la capitale fit mention des malversations de fonds, des manquements et des vices du Projet Directeur de la ville de Mashad couverts par le Maire précédent; j'étais alors à Mashad

et j'ai saisi l'occasion de demander des renseignements-à ce su- jet;à la Mairie, j'ai été renvoyé depuis le haut de la hiérar- chie jusqu'en bas en passant par les échelons intermédiaires, comme si un dossier aussi important était confié à des subal- ternes, et j'en suis finalement ressorti sans la moindre infor- mation supplémentaire.

Les avantages que j'ai eus dans ce travail ont été en pre-

mier lieu les encouragements de mon Professeur et les facili-

tés que m'ont procuré ses lettres auprès de différentes admi-

nistrations, ainsi que les ressources des bibliothèques exiropé-

ennes.mêmè en ouvrages persans;un bref exemple:pour mes études

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sur place, j'avais besoin de consulter un livre de géographie de Razmara; ,-j'ai employé tous les moyens possibles et imagi- nables pour y parvenir, mais tout près du but, il était encore nécessaire d'avoir vne lettre de recommandation d'un général pour l'avoir en main et j'ai renoncé! Or, au centre pour

l'étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain, j'ai pu le consulter en remplissant une simple fiche.

Pour ce travail, malgré ma situation d'étudiant, j'ai accompli quatre voyages en Iran pour y rassembler de la docu- mentation et y effectuer des enquêtes sans accepter aucune aide ni facilité. Le gouvernement iranien finance en principe

toutes les études concernant l'Iran, mais j'ai trouvé auprès des administrations un esprit qui ne favorisait pas de recher- che sérieuse; accepter une bourse aurait été accepter de tra- vailler dans cet esprit..

J'ai l'intention d'aller travailler en Iran et je suis

convaincu que l'épanouissement d'un esprit critique est néces-

saire pour attiser la créativité dans mon pays.

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4 METHODOLOr/I K

Dans notre approche du phénomène urbain en Iran nos efforts sont constants pour utiliser des méthodologies appropriées, et c'est la raison de notre référence à la méthologie du poète iranien du 14ème siècle,Molavi,illus-

trée par le poème suivant;

"Dans ime salle aveugle était un Eléphant, Offrande des habitants de l'Inde.

Pour le voir chacun se précipitait.

Et dans les ténèbres tour-à-tour entrait.

Mais il n'était pas possible de le voir.

Et dans le noir .chacun tâtonnait.

Sa trompe se trouve sous la main de quelqu'un:

"L'Eléphant est comme une gouttière !"s'écria-t-il.

Son oreille fut touchée par la main du suivant,et l'Eléphant lui parut ressembler à un éventail.

Sa patte fut heurtée parla main d'un autre.

Qui prit l'Eléphant pour une colonne.

La main du dernier se posa sur son dos,

Et il proclama l'Eléphant semblable à \m lit.

Ainsi,chacun selon la partie qu'il explorait, Se faisait de l'Eléphant une idée relative.

Leurs paroles relevaient de perspectives différentes.

Un le nommait D,l'autre A.

Dans la main de chacun mettez une bougie,

Entre leurs paroles s'évanouira la différence."

Chaque témoin avait une conception exacte de l'Elé- phant pour la partie explorée,mais fausse en ce qui con- cernait le tout.Son approche de la réalité,partiellement exacte,était globalement fausse.L'accent est mis sur la saisie globale,du fait que le tout n'est pas la somme des parties.

Loin d'avoir la prétention de saisir le phénomène urbain en Iran dans sa totalité,nous allons du moins tenter d'en multiplier les approches,car pour nous,le fait urbain

est un fait social parmi d'autres;la connaissance de sa

pluridimensionnalité n'est possible qu'à travers les sys-

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-tèmes et les mécanismes delà société,tels les systèmes économique,politique,socio-culturel. S'il est vrai que la différence entre le"fait" et le"phénomène",c'est la flui- dité du phénomène,son caractère "en devenir",la raison du choix du titre de cette thèse s'éclaire,choix qui montre le désir d'aborder le fait urbain dans son évolution.

La saisie du phénomène urbain par le système économi- que nous montre que nombre de villes actuelles de l'Iran sontissues de l'époque de la domination des rapports

" f é o daux"; bien que ces rapports,en tant que système écono- mique, ont cédé leur place au capitalisme,leurs séquelles

sont encore présentes dans les conduites politiques,socio- culturelles, et visibles dans l'espace;des notions sur les structures féodales dans les campagnes aideront donc à la connaissance des villes ou des quartiers et de leur fonc- tionna-^lité de jadis;pourtant étant donné que notre but n'est pas d'appréhander l'aspect historique du fait urbain, c'est l'étude du système économique à partir du capitalisme

(capitalisme dominé puis capitalisme dépendant)qui nous retiendra:

La première étape est le résultat direct de la déca- dence politico-militaire de l'Iran et de l'intervention de l'impérialisme englo-russe qui firent qu'à partir du I8ème siècle.1'Iran perdit son intégrité en tant qu'unité politi- cor-culturelle et fut transformé en plusieurs Etats dominés

(cette étude se borne à l'Iran dans ses frontières actuelles) le système capitaliste a d'abord miné tous les secteurs pro- ductifs des villes et utilisé le pays en tant que source de matières premières;seule l'industrie extractive(pétrole) ët les moyens de tranports et de communicationsen rapport avec elle se développèrent.Tout ceci causa une restructuration au niveau social qui a attisé les contradictions intérieiires et

entre les intérêts coloniaux et les intérêts nationaux. Les mouvements anti-coloniaux et anti-féodaux aboutirent à tme

indépendance politique par la nationalisation de la Compagnie

pétrolière Anglo-Iranian Oil Company, qui constituait vn Etat

dians l'Etat,et au déclenchement de la Réforme Agraire.

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Cea deux réussites sur le plan politique et social,ne furent, sur le plan économique, qu'une simple évolution;1'économie de l'Iran n'en est pas devenue pour autant indépendante,mais son système économique fut intégré dans le cadre du"système capitaliste mondial",c* est-à-dire que comme système périphé- rique il produit et consomme en fonction du système central;

ceci n'empêche d'ailleurs pas une certaine industrialisation, une division du travail plus poussée dans la société,qui amè- ne dès refontes de la structure sociale.A travers l'analyse du système économique,on voit que l'évolution de celui-ci se reflète dans le phénomène urbain,ce qui se retrouve pour les approches politiques et socio-culturelles dans leurs actions sur le phénomène urbain.

Il est peut-être nécessaire de rappeler içi qu'un effort supplémentaire est nécessaire pour comprendre des faits et des phénomènes qui se situent en dehors de l'ère de validité des concepts occidentaux;que l'histoire de l'Iran ne correspond pas à une certaine étape d'un développement linéaire et

universel des sociétés,de la façon dont le découpage de l'his- toire est conçu en Occident,et il ne faut pas que les mots que nous allons être amené à employer permettent de colorer

cette étude.

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1ère PARTIE.

La formation des rapports de la production capitaliste en Iran.

NOTIONS PRELIMINAIRES.

Malgré le fait que le système monétaire bi-métallique se soit créé au cours de la première phase du développement féodal en Iran ( sous les Achéménides), et que son utilisa- tion et son développement aient été constants, l'argent n'a pas pu pourtsmt se transformer en capital ni aboutir à l'avè- nement spontané de rapports capitalistes. Pourtsmt à certains moments, les conditions de passage, c'est-à-dire le dévelop- pement des forces productives sociales (division du travail, technique productive, machines et forces de travail libres, ainsi qu'un certain fonds de consommation et un excédent de la production) étaient existantes, mais les circonstances internationales, extérieures à la société iranienne, les blo- quaient: par exemple l'invasion mongole. Dans la troisième phase du féodalisme en Iran (Xân-Xâni), l'argent, sous la forme de capital usuraire existait encore, mais ne pouvait pas causer le développement des forces productives sociales vers une forme plus élaborée, mais plutôt il entraînait le marasme social car comme ailleurs: "le capital usuraire avan- ce au producteur immédiat des matières premières et des ins- truments de travail, en nature ou sous forme monétaire: les gigantesques profits qu'il retire, et en général, les inté- rêts, de quelque montant qu'ils soient - qu'il arrache aux producteurs immédiats ne sont rien d'autre que de la plus- value. En effet, son argent se transforme en capital du fait qu'il extorque du travail non payé - du sur-travail - au

producteur immédiat. Toutefois il ne s'immisce pas dans le

procès de production en tant que tel, celui-ci fonctionne

toujours en dehors de lui selon le mode traditionnel. De fait

l e o a p i t a l usuraire se développe lorsque le mode de produc-

tion traditionnel s'étiole: qui plus est, il est le moyen de

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l'étioler et de le faire végéter dans les conditions les plus défavorables. Ce n'est toutefois pas encore la soumis- sion formelle du travail au capital."(1).

Mais à l'époque des Safavides quand les corporations de mé- tiers et d'artisans, donc les villes, ont trouvé un rôle plus important dans la production, une forme transitoire s'est engagée vers le capitalisme, et le capitalisme mar- chand est apparu: le marchand passe commande à un certain nombre de producteurs immédiats, collecte leurs produits et les revendent, en avançant parfois la matière première ou l'argent, etc.. . C'est à partir de cette forme que se déve- loppe le rapport capitaliste. Mais ce passage resta inachevé car d'une part:

1 - la présence de l'Empire ottoman barrait le commerce entre l'Orient et l'Occident, dont l'Iran était le maillon central,

2 - la découverte du Cap de Bonne Espérance a instauré le commerce maritime, faisant supprimer l'Iran comme passage

indispensable du commerce international, avec pour consé- quence la chute du commerce extériexrr de l'Iran et la déca- dence de toutes les infrastructures commerciales de l'époque safavide telles que les routes, les caravansérails, les au- berges.

et d'autre part: avec la création du marché mondial où était entraînée l'économie de l'Iran, tout est devenu fonction de là production occidentale et les produits finis ont conquis le marché intérieur que s'était créé le capital marchand, et de ce fait les rapports capitalistes ne se sont pas dévelop- pés de manière spontanée en Iran et les rapports capitalis- tes introduits de l'extérieur ont créé une économie capita- liste dominée.

La première phase des rapports capitalistes d'Iran (économie dominée).

Dans leur essor commercial, la concurrence pour la con- quête des marchés internationaux transformèrent la plupart

(1) Le fil du temps - Juin 1974 - P. 65.

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des pays occidentaux en pays impérialistes, et l'Iran fut entraîné dans la zone de concurrence des deux pays coloniaux qu'étaient l'Angleterre et la Russie Tzariste. L'essor com- mercial et la conduite coloniale n'étaient pas alors des

phénomènes nouveaux historiquement, on pouvait les considé- rer comme une répétition, mais leur nouveauté résidait dans leur application au niveau mondial, qui a assuré une main- mise sur toutes les techniques et les savoirs divers, une accumulation et une concentration dans quelques métropoles- créant des conditions économiques favorables à des combinai- sons nouvelles (inventions) qui aboutirent à ce qu'on a ap- pelé improprement la révolution industrielle; un exemple caractéristique de cette accumulation est l'industrie britan- nique de filature et de tissage. La révolution industrielle a à son tour favorisé la continuité de la prédominance de certains Etats, continuité dont bénéficièrent les deux Etats prédominants en Iran: leur pouvoir commercial était épaulé par l'essor industriel et eut pour résultat des pouvoirs militaires supérieurs et de ce fait n'ont pas pu, dans le cas de l'Iran, se résoudre à des concurrences économiques, le démembrement et les annexions ont commencé et de toutes façons au point de vue économique le mécanisme interne de l'économie du pays fut complètement paralysé. Au niveau so- cial, l'antagonisme des particuliers avec l'Etat, résultat de la fausse analyse des raisons de la supériorité des soci- étés occidentales, n'aboutit qu'à l'affaiblissement de l'Etat de transition, or l'avance impérialiste eut pour effet la

paralysie totale du dynamisme intérievir de l'économie du pays, sa déchéance à une économie dominée et le déclenchement de plusieurs processus d'acculturation dans les conditions d'iné- galité concernant l'armée, les institutions politiques, juri- diques, l'urbanisme etc.. . . Dans le domaine économique, il est juste que l'impérialisme en fonction de ses intérêts im- médiats, empêchait l'industrialisation effective du pays mais cela n'empêche pas que l'économie même dominée marchait

en fonction de l'économie occidentale, tels que la multipli-

cation des banques étrangères et l'essor du commerce exté-

rieur, la concentration urbaine, ou plutôt des centres de

consommation alimentés par les produits industriels importés;

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c'est dans le ses par conséquent du développement des rap- ports capitalistes que l'économie occidentale entraînait l'économie de l'Iran. Elle avait d'ailleurs au sein même de la société iranienne ses alliés, dans les catégories surnom- mées "bourgeoisie comparadores", parmi les fonctionnaires d'Etat et chez les grands féodaux, mais le développement du commerce extérieur attisait des contradictions essentielles entre la boiirgeoisie nationale naissante, principalement ci- tadine, et les intérêts coloniaux qui se terminèrent par la réussite relative de la boiirgeoisie nationale et la deuxiè- me étape des rapports capitalistes en Iran.

Une définition des villages, leur distinction les uns des autres conformément à la division du travail agricole, la mise en évidence de la structure économique de leur popu- lation ainsi que des rapports juridiques des couches socia- les avec les moyens de production, leur organisation admi- nistrative ainsi que leur composition sociale sous la pre- mière phase des rapports capitalistes, tout ceci faciliterait la compréhension des changements intervenus dans la deuxiè- me étape des rapports capitalistes dans les campagnes, car l'action du "capital usuraire" par la voie du mécanisme de

"taqavi" s'est perpétué dans les villages de l'Iran et avec la domination de l'économie occidentale et la création de l'économie dépendante dans les villes ne s'est pas rompu, mais s'est plutôt étendu dans les villages mazrûi et d'éle- vage par les arbab et les xan et dans les villages kûh-payé ou mazrûi de petits propriétaires par l'intermédiare des pillevaran, salaf xaran et alâf; par conséquent on peut par- ler du capital usuraire comme d'un frein ou élément de re- tard dans le passage aux rapports capitalistes dans les vil- lages en Iran jusqu'à la fin de la première étape, tandis qu'on peut parler de capital marchand dans les villes comme d'un élément efficace pour le passage si le capitalisme oc- cidental ne s'introduisait pas en Iran par la voie du déve- loppement du marché mondial.

L'essor du phénomène urbain était en rapport avec l'es-

sor des rapports capitalistes dans le cadre de l'économie

dominée : le développement des villes en rapport avec le

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11

commerce avec le monde occidental, la modification dans l'architecture et l'urbanisation en rapport avec l'accultu- ration, la formation des villes en rapport avec l'industrie extractive. Là concurrence des produits industriels occiden- taux démolit toute l'industrie traditionnelle des villes et a ainsi supprimé le caractère productif des villes iraniennes en les transformant en centres de consommation et en marchés pour leurs produits. L'économie dominante a réduit les bran- ches de production de l'économie nationale en une économie désintégrée la modifiant dans le sens de ses besoins, par exemple, l'encouragement à la monoculture. Elle a empêché tout investissement dans l'industrie et les revenus du com- merce des matières premières qu'elle n'arrivait pas a drai- ner par la vente de produits finis étaient investis dans deux voies: soit dans l'agriculture, soit pour l'alimentation du capital usuraire augmentant ainsi la densité de l'exploita- tion des campagnes. Dans cette période, la plus importante partie du revenu national net provenait du secteur sei*vice en rapport avec le commerce extérieur et ceci même s'est rpolongé dans la deuxième moitié du 20ème siècle et en 1958,

479^ du revenu net provenait du secteur service.

La deuxième étape des rapports capitalistes en Iran.

Sous les rapports de l'économie dominée, d'une manière constante mais lente la bourgeoisie marchande et la bourgeoi- sir financière ainsi qu'une catégorie traditionnélle formée par les fonctionnaires civils ou militaires de l'Etat et en- fin d'autres couches sociales qu'ont peut présenter comme les professions libérales, se développèrent en se renforçant.

Une partie de cette bourgeoisie qualififiée de boiirgeoisie

"comparadore" était directement inféodée à 1'importâttion

de produits de l'Occident et faisait cause commune avec une

partie des féodaux et des hauts fonctionnaires de l'Etat et

avait une alliance d'intérêts avec ceux qui représentaient

en Iran l'impérialisme et l'économie dominante en la personne

de 1'Anglo-Iranian Oil Company, qui constituait \m Etat dans

l'Etat. Le reste de la bourgeoisie et des professions libé-

rales, ainsi que l'ébauche de la bourgeoisie industrielle

qui constituaient la partie la plus importante de la popula-

tion citadine, avaient un intérêt contradictoire avec

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l'impérialisme et ses revendications reflétaient l'intérêt

national parce qu'ils revendiquaient l'intégration de l'in-

dustrie extractive, principaleraënt le pétrole dans l'écono-

mie nationale, la multiplication des productions agricoles

pour satisfaire le marché intérieur, la transformation des

villes centres de consommation en centres de production par

la voie du développement de l'industrie nationale, des mesu-

res de protection afin que cette industrie naissante puisse

avoir l'exclusivité du marché intérieur. Ces revendications

anciennes et les luttes qu'elles entraînèrent aboutirent fi-

nalement à la nationalisation des pétroles et à leur inté-

gration partielle, ce qui a donné à l'économie de l'Iran un

dynamisme propre, et nous choisissons la date de la nationa-

lisation pour clore la période de l'conomie dominée. Le pré-

lèvement, d'ailleurs excessif sur les ressources naturelles

du pays assure une industrialisation rapide mais à grands

frais par l'achat d'importants capitaux industriels sur le

marché mondial. En Occident, dans les pays où le processus

du capitalisme s'est réalisé de manière spontanée, le capi-

tal dans on développement ultérieur écrase les activités

artisanales, les petites entreprises et enfin s'écrase lui-

même dans les formes où il est en contradiction avec le tra-

vail èt où le mode de production classique n'est pas adapté

au capital, c'est-à-dire que les petits capitaux et les for-

mes mixtes - autrement dit le capital - se concentre de plus

en plus. Dans cette étape en Occident, le capitalisme, avec

la suppression des industries traditionnelles secondaires

dans les campagnes s'est rapidement constitué un marché inté

rieur (désormais c'est le capitalisme qui file et tisse et

habille tout le monde) et par cet acte a donné une valeur

d'échange à des produits qui auparavant n'avaient qu'xine va-

leur d'usage immédiat. En Iran au contraire, déjà ces indus-

tries traditionnelles par l'assaut des produits manufacturés

provenant de l'Occident étaient écrasés sans être remplacés

par l'industrie nationale, et lorsque l'économie s'est rela-

tivement libérée de la domination étremgère, l'Etat a pu

ériger les barrières douanières et réserver à la bourgeoisie

nationale un marché intérieur qui déjà dépassait ses capaci-

tés, d'où les industries étatiques et la florescence d'unité

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13

industrielles modestes; "Dans la période 1963 - 1974, le taux de croissance industrielle a été proche de 209^. Le nom- bre d'ateliers et d'usines est passé de 112.000 à 235.000

(dont il faut cependant remarquer que beaucoup sont de très petite taille). Le nombre de personnes employées dans l'in- dustrie a doublé par rapport à 1963 et dépasse deux raillions aujôurd'hui."(1). L'Etat, en ayant le monopole de l'industri nationalisée du pétrole a pu mettre sur pied des industries de base, par exemple l'industrie du pétrole, la pétrochimie, les fonderies, les machines-outils. Après la Réforme Agraire un grand nombre d'usines appartenant au secteur dont l'acti- vité, en raison de leur caractéristique étatique, avait été rendu possible dans l'économie dominée et surtout dans les branches monopolisées par l'Etat ( tabac, sucre...) furent confiées aux emciens propriétaires fonciers pour épaissir les rangs de la bourgeoisie industrielle naissante. En Iran, l'étape transitoire du capital marchand a été rompue par l'intrusion du capitalisme occidental et par conséquent les rapports capitalistes ne se sont pas créés de manière spon- tanée, la démolition de l'industrie traditionnelle ne s'est pas effectuée par l'industrie nationale de remplacement, c'est-à-dire que le marché intérieur ne s'est pas créé par le processus de centralisation de l'industrie dans le pays et le remplacement des objets à valeur d'échange en objets à valeur d'usage. Le marché intérieur était créé en fonction des produits d'importation et une fois l'indépendance poli- tique pleinement assurée, il restait à créer une industrie nationale qui puisse satisfaire les besoins du marché inté- rieur et assurer son expansion, d'où la tendance inverse, c'est-à-dire la nécessité de multiplier les industries pro- ductives avant le déclenchement du processus de centralisa- tion.

L'intrusion du capitalisme occidental dans la société iranienne se révéla le plus néfaste pour les campagnes car d'une part il a rompu le processus de trajisition (capital marchand) qui allait intégrer les villages au marché natio- nal, et d'autre part il s'est contenté de trajisformer les

( 1 ) Le Monde Diplomatique - Mai 1975.

(19)

villes en centres de consommation pour ses industries, rom- pant ainsi la complémentarité ville-villages. Nous avons déjà mentionné que grâce aux propriétaires, usuriers, gros- sistes. . . la campagne était sous l'emprise du capital usu- raire, exploitée à fond sans qu'existe aucune chance de mo- dification des méthodes de production. Mais sous l'emprise de l'application d'un mécanisme particulier (mozaréé) dans les villages mazrûi, le travail se séparait de ses condi- tions objectives, et opposait le travailleur agricole sous le nom de ra'yat au détenteur des moyens essentiels de pro- duction (arbab).

Le métayer juridiquement était séparé des conditions objectives de son travail ainsi que de l'objet de son tra- vail, la terre. Chaque année par un contrat avec le proprié- taire il obtenait le droit à la culture; le propriétaire lui fournissait les conditions objectives de la production telles que les vivres (taqâvi) et parfois des éléments sup- plémentaires tels que la semence, les animaux de trait, les instruments, le paysein apportant ses connaissances techni- ques. Par conséquent la production ou la récolte annuelle se partageaient selon les éléments fournis. Dans chaque vil- lage mazrûi et chaque année, une catégorie importante qui n'avait pas trouvé l'occasion de participer à la culture annuelle, les Xoshnéshin, remplissaient la même fonction que la masse des chômeurs nécessaires au marché du travail de l'économie capitaliste, c'est-à-dire que ces paysans, tou-

jours volontaires pour participer à la culture, pouvaient

remplacer les paysans réfractaires ou manquant, ou du moins

ils augmentaient la maniabilité et 1 'obéissemce des paysans

au travail sous la direction du arbab qui agissait parfois

avec le même souci d'efficacité qu'un chef d'entreprise ca-

pitaliste. La Réforme Agraire qui s'effectua dans la 2ème

étape de l'économie capitaliste en Iran, en changeant les

rapports juridiques, paradoxalement de manière rétrograde,

c'est-à-dire en changeant le métayage en exploitation fami-

liale, a ressoudé les métayers de l'année en cours aux

terres et à leurs conditions de travail et par là même, ont

été libérer les métayers en puissance (Xoshnéshin qui dans

l'année de la Réforme avaient une position marginale par

(20)

15

rapport à la production), c'est-à-dire politiquement éman- cipés à savoir que le propriétaire de jadis n'était plus là pour empêcher leur départ vers les villes. Ainsi

iJine

des raisons propres de l'essor du fait urbain en Iran dans la 2ème étape de l'économie capitaliste est cette émigration effrénée. En Iran, au contraire de l'Occident, la sépara- tion du travail de la propriété et des conditions objecti- ves du travail n'a pas attendu la formation et le dévelop- pement du capitalisme dans les campagnes iraniennes cette séparation s'effectuait par le mécanisme de mozaréé, une fois la Réforme Agraire modifiant les rapports d'une partie des métayers avec les moyens essentiels de production (ter- re, eau), l'émigration effrénée a commencé et a produit une urbanisation. Ainsi une masse de force vive du travail se trouva sur le marché du travail dans les villes, elle était émancipée de différents points de vue:

- du point de vue des rapports de serviteurs de jadis qui fournissaient des prestations en nature et des corvées

(bàllak et bigâri) et qui étaient abolies par la Loi d'abo- lition des taxes dans les campagnes de Mossadeq.

- libérée de toutes formes d'attaches matérielles

(propriété..), la Réforme Agraire lui ayant enlevé la con-

trainte de rester dans le village.

(21)

CHAPITRE I.

INTRUSION DU COLONIALISME ET ECONOMIE DOMINEE.

I - L'essor du commerce en Europe et son résultat non voulu.

1.- L'esprit du capitalisme assure la continuité de l'essor.

L'essor et le déclin du commerce à travers les siècles dans les différentes régions du globe n'est pas un problème nouveau et les résultats qu'ils entraînent sont en général

identiques, en dehors des remarques obligatoires exigées par les lieux et les temps: il s'agit de l'expansion et du pro- grès des moyens de transports maritimes et terrestres, l'es- sor des moyens de communication, l'implantation d'empires et l'accroissement de la sécurité, l'affirmation de l'insti- tution de la propriété privée, l'individualisation du pou- voir économique, etc..., que ce soit sous l'Empire achéméni- de en Iran, ou en Espagne, ou dans l'Europe des 16ème et 17ème siècles, dont le pouvoir commercial s'est étendu jusqu'aux régions les plus reculées du globe, de telle sorte que le monde s'est rétréci et que les conditions modernes du marché

s'y sont établies, surmontant tous les obstacles locaux : la spécificité du commerce de cette époque ne réside peut-

être pas dans les méthodes choisies, telles l'expédition de colons, l'expansion de l'influence commerciale à l'aide de l'armée et l'annexion de territoires, mais dans la création, entre toutes les régions mises en exploitation, de circuits qui passent forcément par \m même point, qui est la métropo- le, de telle sorte que l'augmentation du nombre des circuits provoque line accumulation où les circuits se recoupent: la nécessité d'explication nous permet peut-être d'imaginer ce système sous la forme imagée d'un système tentaculaire qui donne un nouveau contenu à toutes les méthodes auparavant utilisées

- ainsi dans le cas d'expéditions massives de colons

(22)

17

vers des régions sporadiquement habitées: dès que ces colons arrivaient au stade de la constitution d'une unité économique, ils entraient en contradiction économique avec l'unité mère et exigeaient la fermeture du circuit par des échanges bila- téraux. Citons par exemple le Canada, l'Australie, les Etats Unis, le Nouvelle Zélande, l'Amérique du Sud ...

- ainsi, deuxième possibilité, les colons s'introdui- saient dans des unités économiques préexistantes en tant que volontés agissantes pour le compte d'une autre unité; dans ce cas les relations entre la métropole et les colons res- taient toujours fermes et unilatérales, et le rôle joué par les colons avait un rôle disfonctionnel pour l'unité locale;

le remède résidait dans la décolonisation, c'est-à-dire dans la rupture des liens des colons avec leur unité d'origine afin qu'ils s'intègrent et que les relations avec celle-ci deviennent des relations authentiques d'unité à imité. On trouve dans l'histoire des précédents d'envois de colons dans des pays asiatiques: ainsi des ilôts persans aux Indes, arabes et mongols en Iran, turques et iraniens dans les pays arabes, mais sans l'existence d'un circuit avec la métropo- le, si bien que ces unités ont toujours fini par s'identi- fier à l'unité économique indigène.

Le déclin de l'Espagne et du Portugal a marqué la fin de l'essor commercial de l'Europe et la stabilité des autres pays occidentaux de l'Europe est due à d'autres caractères spécifiques de leurs sociétés, à savoir:

^ l'esprit du capitalisme dérivant du protestantisme.

le fait que leur aystème du droit et leurs régimes poli- tiques relevaient d'un féodalisme résultant du mode de pro- duction germanique.

( Les différences constatées entre la France et ces autres

pays peuvent s'expliquer par la dominance du catholicisme

et l8 mélange des modes de production germanique et anti-

que ).

(23)

2.- Le rassemblement des connaissances technico- scientifiques engendre des résultats non escomp- tés.

Ce qui a marqué un tournant dans l'histoire de l'huma- nité ne fut ni l'essor commercial, ni l'esprit capitaliste, ni les institutions politiques de ces périodes, mais vm résultat non recherché de la conjecture, à savoir l'accumu- lation des connaissances scientifiques à l'échelle mondiale dems les métropoles des circuits: le système tentaculaire qui fonctionnait, dans le seul but de l'accumulation de la richesse, a contribué, en marge, au déclenchement d'un pro- cessus qui a largement dépassé les attentes: ce système a favorisé le drainage de toutes les connaissances relevant des expériences séculaires des pays et des peuples(rassem- blement de livres scientifiques et d'expériences techni- ques) vers les métropoles et créé une situation propice à des réflexions synthétiques fructueuses, grâce à la possi- bilité d'avoir des vues globales des connaissances humaines, et donc un essor dans le domaine des inventions. Citons

pour exemple le domaine des textiles: le système a permis la concentration des connaissances concernant les métiers du textile de l'Egypte, de la Chine, de l'Inde, de l'Iran Séfévide, riches d'habiletés séculaires touchant surtout sur la soie, les tapis, dont la combinaison et l'application furent dénommés "l'essor des métiers du textile en Grande- Bretagne" .

Jusqu'à un certain moment, ces combinaisons heureuses des connaissances drainées appelées "les inventions" furent

jalousement gardées du reste de l'humanité; mais le dévelop- pement des sciences, de l'industrie et de la technique a fait éclater le cadre mental et l'esprit étroit et monopolis- te du capitalisme occidental. Le déroulement de l'histoire a prouvé que le produit de la pensée séculaire de l'humanité n'est pas aussi facile à s'approprier que le produit du

travail des exploités. Une contradiction s'est développée

entre la mentalité monopolisatrice et le caractère expan-

slf de la science qui s'est traduite en conflit armé entre

des adversaires prétendant chacun posséder le monopole des

(24)

19

connaissances scientifiques perfectionnées et essayant de le garder. Le résultat des conflits leur a fait perdre le contrôle du monde et a contribué à la généralisation de la science et de la technique.

Les pays européens doivent leur maintien ou leur pro- grès relatif du 19èrae siècle et de la 1ère moitié du 20ème siècle non seulement au caractère spécifique dont nous avons parlé, mais de manière décisive, à l'essor industriel dans sa phase initiale et contrôlable. La Grande-Bretagne, du fait de sa situation géographique qui rendait inutile des concentrations de forces militaires pour défendre ses fron- tières, a pu plus que les autres concentré sa puissance sur la force maritime donc sur sa capacité d'expansion exté- rieure; cela a constitué la base de 1'"élite coloniale" de la société anglaise: libérale à l'intérieur des frontières et sans scrupules à l'extérieur. L'obtention de gains aussi élevés que possible a constitué le but de sa politique exté- rieure et tous ses efforts tendaient à ajuster à cet idéal la conduite de toutes les forces militaires et politiques à l'extérieur du pays. Le résultat de cette politique consti- tue l'héritage néfaste que l'Empire britannique a laissé dans le monde. L'élite anglaise a chanté la recherche du profit comme l'unique vertu de l'individu et a délimité au sein de sa société la sauvegarde des intérêt de chacun par des lois; mais dès que l'individu était en relation avec un autre individu non anglais, toute la puissance de l'Empire l'appuyait dans la recherche de ses intérêts, sans limite ni justification; le "laissez-aller" pour les marchandises

avait suivi les traces des colons militaires de l'Empire.

Le "laissez-faire" qui était destiné à empêcher l'Etat de

se mêmer des affaires des individus sur le plan intérieur,

servait sur le plan extérieur à aider l'Etat anglais par le

biais de la protection des marchands anglais, transformant

le libéralisme intérie\ar en une ingérence extérieure insup-

portable.

(25)

II - L'effet dis>fonctionnel pour l'Iran de l'essor commercial européen.

Dès le I6ème et 17ème siècle l'essor commercial de l'Eu- rope eut line répercussion importante sur les deux puissances du Moyen-Orient à l'époque, l'Empire ottoman et l'Iran des Safavides. Le sultan chargea une mission de chercher la cau- se profonde du progrès des occidentaux. Après la lecture du rapport de cette miqqion par l'Etat et le vizirat, l'accord fut donné: "Avec l'acceptation et l'encouragement d'un mode de vie qui dans l'avenir accorde la possibilité d'une cer- taine activité corporelle librement effectuée à la machine humaine, dont le coeur et l'esprit appartiendra à l'Etat de manière perpétuelle, ceux-ci sont d'accord. "(1) En Iran des mesures furent prises dans le but d'étendre des voies commerciales, d'assurer la sécurité et de créer des ports, mais la plus importante et la plus funeste des mesures fut 1'européanisâtion de l'armée. De toutes façons, à la fois les conseillers turcs du sultan et les conseillers anglais du shah ont montré une voie erronée et ont préparé la con- quête par l'impérialisme et la domination du système tenta- culaire, la ruse consistant à établir une relation entre le progrès scientifico-industriel et la vision individualiste du monde. Non seulement ils fabriquaient une relation entre le progrès de la science et la cultiire occidentale mais en plus, en montrant le progrès comme le fruit du monde de vie et de pensée individualiste, ils conseillaient l'adoption d'une structure où les intérêts de la collectivité étaient assurés partiellement par l'intermédiaire de particuliers.

Vouloir laisser une marge d'activité libre à l'indi- vidu dans une société où le rôle économique de l'Etat est à la base de la vie nationale, c'est posé un problème au point de vue politique diamétralement opposé au problème qui se pose à l'Occident où les intérêts de la collectivité

étaient assurés partiellement par l'intermédiaire de parti- culiers. En effet, le "laissez-faire" y est destiné à empêcher

( 1 ) Revue Orient n" 37 - Ire trimestre 1966 - P. 30.

(26)

2 1

l'intervention de l'Etat dans les affaires de l'individu parce que l'Etat est en train de s'y développer et de débor- der sur l'individu; en Turquie ou en Iran où l'Etat est tout le "laissez-faire"signifierait l'acceptation du principe que l'essentiel est l'individu, que l'Etat a usurpé son pouvoir et qu'il doit le rendre; l'Etat et l'individu sont opposés et chaque pas que gagne l'individu sur le plan du puvoir po- litique, c'est l'Etat qui recule d'un pas; ce slogan ne sert pas, (au contraire de ce qui se passe dans la société occi- dentale), à empêcher l'Etat d'empiéter sur le pouvoir de l'individu, mais favorise l'affaiblissement de l'Etat, si bien que nous voyons, historiquement, le sultan ottoman en train de marchander avec ses sujets, en leur demandant leur âme et leur coeur contre la possibilité de libre activité qu'il leur offre, ou encore le Shah d'Iran, qui en octroyant les droits constitutionnels au peuple insiste sur la néces- sité de l'attachement du peuple à l'Etat.

Ces deux conduites eurent des effets contraires: l'Etat devint de plus en plus fort dans la société occidentale, et les tentatives des individus et des groupes de l'utiliser à leurs fins n'empêchèrent pas sa démocratisation; tandis que dans la société iranienne, cette opposition artificielle entre l'Etat et le citoyen affaiblit l'Etat et favorisa l'ac culturation de la société sans pour autant que l'individu trouve un statut aussi solide qu'en Occident car la domina- tion du colonialisme a désorganisé le mécanisme intérieur de la société, et ce n'est pas la volonté ni l'intérêt des groupements sociaux qui ont déterminé la direction des chan- gements.

III - Acculturation en Iran.

Sous ce titre, nous nous proposons d'étudier les chan- gements apportés en Iran par un transfert d'éléments propres aux sociétés occidentales.

Au cours de l'histoire, la culture iremienne, à l'occa-

sion de sa mise en contact avec d'autres cultures, grecque,

arabe, turque, mongole, s'est révélée une culture souple,

avec des qualités d'adaptation donc de résistance et de cré-

ativité qui lui ont permis de conserver son originalité,

(27)

en assimilant les survenants et en les transformant en cham- pions de la culture iranienne.

Le contact avec l'Occident date de moins de deux cents ans, mais il a débuté par vin épisode tra\imatisant: la perte de l'intégralité territoriale des pays iraniens. Pour avoir voulu connaître l'Occident et pour essayer de lui résister militairement en introduisant dans son armée les techniques de ses adversaires, l'Iran vit son pays démembré, A partir de ce moment qu'on peut qualifier de point zéro du contact avec l'Occident, l'Iran a été pris en étau entre deux puis- sances, la Grande-Bretagne, désireuse de protéger sa route vers les Indes en maintenant sa présence active dans le Gol- fe Persique, et la Russie dont l'objectif était l'accès aux mers chaudes; avec la découverte du pétrole, la pression s'accentuera encore au 20ème siècle. C'est pourquoi s'est développé en Iran un préjugé favorable pour la troisième for ce, dont certains pays occidentaux ont profité, que ce soit la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Belgique ou au- tres. Pour mieux résister devant la menace constituée par ces deux pays et se mettre à l'abri de leurs attaques qui prenaient pour prétexte la libre circulation des marchan- dises, la pacification et même la modernisation de l'Iran, la classe dirigeante de ce pays avait tendance à adopter les mesxires d'occidentalisation qui leur étaient possible (mesu- res de surface), se précipitant chaque fois un peu plus dans xme voie contraire aux besoins du pays at aux aspirations de

son peuple,

La notion d'acculturation ne recouvre qu'une partie des changements résultant du contact social et culturel avec les pays occidentaux, dont nous allons prendre un à un les diffé rents aspects:

- L'interpénétration aux niveaux des institutions, c'est-à-dire les changements voulus et introduits consciem- ment en Iran, sur des modèles occidentaux.

- Ce que les sociologues américains nomment "accultu-

ration" au sens le plus strict, c'est-à-dire l'ensemble des

tremsformations qui se produisent dans une civilisation don-

née quand elle entre en contact directement et dé manière

(28)

2 3

prolongée avec une autre (surtout lorsque celle-ci lui est supérieure, ajoute Sorokin).(l)

- L'interpénétration des civilisations, suivant l'ex- pression de Roger Bastide. Nous essaierons de distinguer si celle-ci a opéré dans le sens de la créativité ou si au con- traire, et dans le cas de domination, le résultat a pu être négatif.

1 - Interpénétration par les institutions

Cette notion est porteuse de conflits car elle corres- pond soit à une situation de contact forcé ou à des change- ments imposés par l'extérieur (guerre, lutte pour la domina- tion politique et économique de l'Iran), soit à la décision arbitraire d'une personne. Devant les agissements des pays étrangers sous prétexte de modernisation du pays, l'Iran était contraint de limiter cette ingérence par une tactique d'assimilation à l'Occident.

L'armée.

La modernisation des institutions à l'occidentale a commencé par celle de l'armée et de la technique guerrière, le but recherché étant d'essayer de battre les occidentaux avec leurs propres armes, au détriment des techniques tradi- tionnelles de combat qui avaient fait leurs preuves jusqu'- alors. Et s'il y a encore aujourd'hui un secteur où avec une vitesse incroyable toutes les novations occidentales sont adoptées, c'est celui de l'armée, de la police et de la gen- darmerie (ce dernier mot étant même intégré au vocabulaire iranien).

Les institutions politiques.

Depuis 19O6 existe en Iran un régime de Monarchie Cons- titutionnëlle, dont la Constitution est à l'image de la

Constitution Belge de 1830. Ce recours à un modèle occidental n'a poxirtant pas empêcher les intrigues anglo-tzaristes contre la jeune Révolution. Leur intervention avait l'appa-

( 1 ) "Comment la civilisation se transforme" Petite biblio-^

thèque Sociologique internationale. Librairie Marcel

Rivière. Paria 1964.

(29)

renoe du souci de modernisation, mais l'ingérence que les révolutionnaires iraniens n'ont pas pu empêcher acréé des contradictions insolubles dans les institutions de l'Etat:

"La Révolution persanne de 1905 - 1911 fut matée s\irtout grâce à l'intervention russe. " ( 1 ) et le régime constitu- tionnel fut immolé en 1921 par Reza Shah .

Il y a une contradiction qui n'est pas résolue entre la légitimation traditionnelle et la légitimation moderne, d'importation occidentale, du système. En effet ceux qui se sont révoltés en Iran au début du siècle étaient les déshérités et les opprimés; ils luttaient contre le despo- tisme pour l'établissement de la Justice (le concept de Justice est profondément implanté dans la tradition populai- re iranienne pré-islamique et chiite); les slogans populai- res (constitution d'une Maison de Justice - Edâlat-khâné - basée BUT les soviets des villages et les quartiers des vil- les) étaient en contradiction avec le concept de démocratie formelle occidentale que les intellectuels acculturés de l'ancienne classe dirigeante réussiront à faire triompher dès le deuxième Parlement.

A côté de l'utilisation de symboles traditionnels rela- tifs à l'attachement à la Couronne et à l'Islam, une partie importante de la vie politique iranienne est constituée par des techniques de manipulations de symbôles qui sont des simulacres de techniques conventionnelles importées de l'Oc- cident. Par exemple:

-l'existence d'un Parlement (qui servait de "club" aux grands propriétaires).

- l e s élections (occasion pour l'administration de montrer son dévouement aux propriétaires par la "magie" des urnes).

- l'existence d'un Cabinet qui possède les caractéristiques du Cabinet britannique sans en avoir les pouvoirs.

- l'irresponsabilité constitutionnelle du Shah qui est pour- tant Commandant en Chef de l'armée (noeud de son désaccord

( 1 ) Bérard V. Révolutions de la Perse - Colin 1910.

( 1 ) M. Rodinson - Islam et Capitalisme - 1966 - Seuil - P . I 3 8 .

(30)

25

avec son Premier Ministre Mossadegh en 1952).

- l'existence du Sénat (où 50?^ des membres sont nommés par le Shah).

- les manifestations populaires de soutien (organisées par le pouvoir).

Tous ces symboles sont des éléments du processus de maintien du système; ils ont les preuves de sa légitimité devant le pays et devant l'opinion internationale; une large publicité est faite en Occident aux moindres manifestations de légiti- mité à l'occidentale par les dirigeants.

Les institutions juridiques.

Pour résister à certaines prétentions étrangères, l'Iran introduisit dans ses institutions juridiques des novations sur des modèles occidentaux. Par exemple: la Grande-Bretagne et la Russie souhaitaient que leurs ressortissants en Irari soient jugés selon leurs propres lois.

La grande propriété n'est pas en Iran une généralité historique: son origine est due à l'effritement des institu- tions anciennes liées à la terre, qui étaient en relation avec la structure de l'armée traditionnelle (tiûl), ce qui a provoqué une tendance à transformer des privilèges dus à des fonctions dans les grandes exploitations de l'Etat en privilèges héréditaires, tendance entérinée par l'introduc- tion de l'enregistrement à 1 'eviropéenne et de lois d'origine française concernant la prescription.

Les institutions économiques.

Au lendemain de la défaite militaire devant la Russie tzariste de 1828, l'Iran se vit imposer le taux de douane uniforme de 5^ (1) sur les importations russes (taux ensuite étendu aux marchandises anglaises), ceci lui défendant d'éri- ger une barrière douanière pour protéger son industrialisa- tion naissante devant l'afflux des produits étrangers bon marché (1). Ce simple fait est en grande partie la cause de la rupture de l'équilibre ancien entre villes et villages

( 1 ) Cf M. Rodinson - Islam et Capitalisme . P. 138.

(31)

(les villages travaillant pour les villes et les habitants des villes investissant dans les villages) au profit des phénomènes suivants:

1 - La modification des attitudes envers le changement et les idées nouvelles, avec l'acceptation parallèle d'idéolo- gies telles que l'individualisme.

2 - La modification artificielle du mode de vie et des be- soins de la bourgeoisie des villes, sans aucune liaison avec la production nationale.

3 - Le détachement des gros commerçants des unités productri- ces intérieures et leur dépendance des importations, d'où la ruine des artisans et des petites industries de villes.

4 - Le développement des secteurs non productifs.

Dans le processus des contacts de l'Iran avec l'Occi- dent il convient de réserver à la mention des concessions, accordées à l'étranger dans tous les domaines, une place en proportion avec les incidences très graves sur la souverai- neté du pays, résiimées en 1890 par le médecin Feuvrier séjour- nant à la Cour : "De concession en concession, la Perse sera

bientôt entre les mains de l'étranger". ( 1 )

A son retour d'un voyage en Europe, Nasser-é-Din Shah avait décidé 1"'occidentalisation" du pays, en particulier, il avait fait adopter par la Cour la mode vestimentaire de l'Europe, ce qui avait marqué le début d'un fossé entre la classe dirigeante et le reiste du pays. Ses tentatives d'eu- ropéanisation en siArface ne portèrent aucune atteinte au féodalisme comme il pensait qu'elles le feraient, mais en revanche, elles facilitèrent l'influence impérialiste des occidentaux.

2.- Acculturation,

On considère comme soiomis au processus d'accxilturation les survenants dans une société globale. 1 '"Accultiiration"

au sens américain du terme est un processus massif inexis- tant en Iran au niveau national; il n'y a pas d'exemples de

(1) Maxime RODINSON - Ouvrage cité.

(32)

27

présence prolongée d'un groupe occidental qui puisse avoir acculturé les Iraniens. Le seul phénomène d'acculturation se situe au niveau de ceux des groupes intellectuels d'étu- diants qui passent leurs années de formation à l'étranger.

Ceux-ci sont alors soumis à tous les mécanismes de l'acciil- turation: linguistique, propagande, éducation, mode et at- tente normative de la conduite, modèles culturels.

Sur le plan linguistique, le résultat en est un bilin- guisme qui est utile à la continuité de relations bilaté- rales entre les Etats. En plus de son rôle de véhicule, la langue traduit un contenu socio-cultxirel, et dans les sec- teurs de vocabulaire suivants, certains mots sont devenus assimilés dans la langue pérsanne et peuvent être témoins d'emprimts socio-culturels:

politique: régime - démonstration - chantage - force ma- jeure - meeting - système.

juridico-administratif : forme - formalité - copie - famille.

forces de l'ordre: agent - gendarme - gendarmerie.

mode: luxe - chic - gigolo - cravate - blouse - maillot - jacquette - pull-over.

architecture: villa - appartement, jeu: chance - loterie.

Un certain nombre d'autres mots français sont utilisés, sans qu'ils aient pour autant remplacé les mots persans corres- pondants: maman - merci - moderne ...

Sur le plan de la propagande, il y a une acquisition de valeurs; le risque encourru par ces intellectuels n'est pas un risque d'assimilation, mais la création d'un dua- lisme dans leur personnalité, la nouvelle culture venant se superposer à la culture d'origine. Ils se sont imprégnés de courants d'idées occidentaux, qui par leur intermédiaire se sont introduits en Iran. Ainsi:

- les idées de libéralisme et de Monarche Constitutionnelle.

- la Freuic-Maçonnerie.

- l e marxisme, par l'intermédiaire:

- de la social-démocratie allemande, qui sera la base

du parti communiste iranien.

(33)

- des intellectuels qui ont résidé en France.

- d'un autre groupe soumis au phénomène massif de l'ac- cùltiiration, il s'agit des ouvriers iraniens dans l'indus- trie soviétique de Sakou.

3 . - L'interpénétration de civilisations.

Ce qui peut servir de monnaie d'échange pour l'inter- pénétration des civilisations, ce sont les apports scien- tifiques, car leur acceptation n'impose pas l'échelle de Valeurs de la société dont elles proviennent, et elles

échappent à une monopolisation durable. La diffusion de la science peut donner à l'humanité sa base commune, mais il est préférable que dans les domaines où la diversité est l'essence, comme le domaine culturel, la volonté malsaine de nivellement soit repoussée, car elle pose des problèmes insolubles dont la véritable solution consiste à accepter 1'autrui comme tel et à coexister avec lui sans chercher à l'aliéner en le transformant à son image.

Le progrès des mass-média d'une part, et leur monopo- lisation par un petit nombre de pays d'autre part, ont en- traîné dans ces pays la tentation de changer les autres à leur image. Pourtant leur avance technique dans ces domai- nes n'est pas forcément la marque d'une supériorité de leur culture, ni la propension de ces cultures à devenir des cultures universelles. D'ailleurs, les ethnies sont au- jourd'hui chacune à la recherche de leur originalité et on peut se poser la question:"Est-il plus utile pour l'humani- té de laisser s'affirmer les ethnies dans leur originalité et ensuite qu'il s'établisse entre elles des relations

d'égalité, même si cela signifie des efforts supplémentaires (multilinguisme par exemple), ou qu'une ou plusieurs cul- tures transforment les autres à leur image pour ensuite nouer avec eux des relations d'identité."

En résumé, les acquisitions technico-scientifiques

sont utiles, justifiées et admises dans une société pour

l'aider à trouver son propre dynamisme et non pour lui

faire accepter des modèles extérieurs; quant aux acquisi-

tions cxilturelles, elles sont déconsidérées dès qu'elles

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