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Qui sont ces femmes qui «assassinent» dès la naissance ?

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92 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 12 janvier 2011

actualité, info

Qui sont ces femmes qui

«assassinent» dès la naissance ?

«Néonaticide» ? Nos dictionnaires moder nes (Wikipékia compris) sont souvent muets sur ce terme. Au mieux, la Toile explique­t­elle qu’il s’agit d’un «homicide commis sur un enfant né depuis moins de 24 heures» ; et que ce crime est commis «presque exclusivement»

par la mère de l’enfant à qui elle vient de donner le jour. Pourquoi «24 heures» ? Le terme a été inventé il y a quarante ans par le psychiatre américain Philip J. Resnick. Pour lui, le meurtre d’un nouveau­né constituait une sous­entité bien distincte au sein des fili­

cides, s’en différenciant quant au diagnos­

tic, aux mobiles et au traitement juridique. Il expliquait en substance que si la plupart des filicides sont commis pour des raisons «al­

truistes», les néonaticides sont en majorité

effectués simplement parce que l’enfant n’est pas désiré.

Un travail mené en France par Anne Tursz – «pédiatre et épidémiologiste» – et Jon M.

Cook – «anthropologue médical» – de l’Ins­

titut national français de la santé (Inserm) fournit de nouvelles lumières sur ce sujet voisin de cet autre phénomène controversé qu’est le «déni de grossesse». Et les conclu­

sions de ce travail, publié dans Fetal &

Neona tal de la revue Archives of Disease in Childhood,1 ne sont en rien rassurantes. Si le néonaticide n’est en rien une nouveauté, les chercheurs établissent, documents à l’ap­

pui, la sous­estimation considérable de cet homicide : ils comptabilisent 5,4 fois plus de néonaticides dans les données judiciaires que dans les statistiques officielles de mor­

talité. Ils parviennent à ce résultat en analy­

sant les dossiers judiciaires de trois régions françai ses de 1996 à 2000. Ce travail permet également d’identifier les caractéristiques so ciales et psy chologiques communes des mères concernées.

En 2005, une analyse du nombre d’homi­

cides chez les nourrissons de moins d’un an (infanticides) avait déjà révélé une sous­es­

timation de ce problème. Anne Tursz et Jon M. Cook se sont quant à eux penchés sur les néonaticides et ont mené leur étude – rétro­

spective – dans 26 tribunaux des régions Bre­

tagne, Ile­de­France et Nord­Pas­de­Calais où l’on décompte plus d’un tiers des nais­

sances du territoire métropolitain. Les cher­

cheurs ont recueilli les données judiciaires correspondant aux décès de nouveau­nés.

Après recoupement avec les statistiques offi­

cielles de mortalité (établies grâce au codage des causes de décès à l’aide de la Classifica­

tion internationale des maladies de l’OMS) et l’analyse des données judiciaires, les cher­

cheurs rapportent 2,1 néonaticides sur 100 000 naissances (contre 0,39 dans les statistiques officielles) soit 5,4 fois plus. Qui sont ces femmes qui assassinent dès la naissance ? Sur

un total de 27 cas de néonaticides (incluant toutefois neuf cas où la mère n’a jamais été retrouvée), les chercheurs ont dressé le profil des mères formellement identifiées comme étant à l’origine du décès. Leurs catégories professionnelles ont été comparées à celles de la population générale du même âge et des mêmes régions. L’âge moyen des mères est de 26 ans. Un tiers d’entre elles avait au moins trois enfants. Plus de la moitié vi­

vaient avec le père de l’enfant et deux tiers avaient une activité professionnelle, leur ca­

tégorie socioprofessionnelle ne différant pas de celle des femmes de la population géné­

rale.

«Ces femmes avaient peu confiance en elles, présentaient une certaine immaturité, des carences affectives, une forte dépendance à l’autre, voire une peur extrême de l’aban­

don, résume­t­on auprès de l’Inserm. Elles n’avaient pas de maladies mentales caracté­

risées et leur discernement n’était pas aboli ni altéré au moment des faits. Toutes les gros­

sesses ont été cachées à la famille et aux amis.

La contraception n’était pas utilisée. Aucune grossesse n’avait été déclarée à la sécurité sociale ni suivie médicalement. La plupart des femmes ont mis l’enfant au mon de en secret, seule.» Point qui ne manquera pas de faire débat, les chercheurs assurent qu’aucun cas de «déni de grossesse» n’a été constaté.

Un autre travail 2 récemment publié sur le même thème (sur douze cas) par deux spé­

cialistes de psychopathologie – Jean­Luc Viaux et Serge Combaluzier (Université de Rouen) – apporte d’autres lumières. «Toutes ces femmes ont admis savoir leur état de grossesse et plusieurs d’entre elles ont déjà des enfants ou ont mené une grossesse jus­

qu’à un avortement choisi, résument les au­

teurs. Les ruminations sur leur état, les con­

duites d’évitement, la non­préparation de la naissance, le clivage de la personnalité qui donne le change à leur entourage sont des signes qui évoquent un fonctionnement trau­

matique. La sidération face à l’enfant vivant après un accouchement, souvent brève, mon­

tre que la différence entre représentation de ce qui se passe en elle et le brutal face à face est un des déterminants clés de ce qui va projeter l’acte mortifère.» Ils ajoutent que c’est aussi une impossible place du père qui se joue dans ce refus de l’enfant vivant : dans leur échantillon presque tous les pères sont connus et ont été informés (pas toujours clai­

rement) de la grossesse. «Il existe chez tou­

tes ces femmes une forme de méditation sur le devenir et sur l’origine qui évoque un dé­

sespoir mélancolique. Sans que ces consta­

tations sur un échantillon de néonaticides soient généralisables, elles constituent une point de vue

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 12 janvier 2011 93 réflexion sur le lien entre la passion et la mé­

lancolie, mais aussi la prévisibilité à partir des déterminants de ces meurtres désespérés.»

Pour les chercheurs de l’Inserm, leurs ré­

sultats pourraient ouvrir de nouvelles pers­

pectives en termes de prévention. Les don­

nées montrent par exemple que l’ensemble des mères n’a pas eu recours à la contracep­

tion du fait d’un manque de connaissances, d’une utilisation irrégulière ou d’un refus de principe. «Identifier le profil de ces mères permettra de mieux cibler à l’avenir les fem­

mes vulnérables afin de leur proposer des solutions adaptées, conclut Anne Tursz. Les données recueillies suggèrent que l’action préventive exclusivement tournée vers les jeunes, les pauvres, les femmes seules, sans emploi ou avec un déni de grossesse, com­

me on le voit dans les médias, n’est pas ap­

propriée».

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

en bref

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la quantité d’alcool mais la manière de le consommer qui détermine son rôle dans l’incidence d’événements cardiovasculaires.

C’est ce que J. B. Ruidavets et son équipe ont exploré à travers l’analyse des données de l’étude PRIME (Prospective study of myocar- dial infarction). Parue dans un récent numéro du BMJ,1 cette analyse compare les mœurs de consommation d’alcool en Irlande et en France puis confronte ces observations aux taux d’infarctus, de mort par infarctus et d’an- gor dans ces deux pays.

Au-delà de la quantité d’alcool annuelle, qui est équivalente dans les deux populations masculines étudiées, c’est

l’incidence du «binge drin- king» (hyperalcoolisation correspondant à l’ingestion de plus de 50 g d’alcool au moins un jour par semaine) et la régularité de consom- mation (moins de 50 g d’al- cool mais au moins une fois par semaine) qu’ont obser- vées les auteurs.

Selon les résultats, la consommation hebdoma- daire se concentre sur le week-end en Irlan de alors qu’elle a plutôt tendance à s’étendre sur toute la semai ne

Cette étude multicentrique randomisée pros- pective internationale a étudié l’efficacité et la sécurité de la dénervation des artères rénales chez des patients présentant une hypertension artérielle réfractaire. Pour être inclus, les pa- tients âgés de 18 à 85 ans devaient présenter une HTA réfractaire définie comme une TA sys- tolique de L 160 mmHg (150 mmHg chez les diabétiques) malgré une compliance à un trai- tement de trois antihypertenseurs ou plus. Les patients avec une insuffisance rénale (eGFR selon MDRD l 45 ml/min/1,73 m2), un dia- bète de type 1, une valvulopathie cardiaque sténosante significative, un événement céré- brovasculaire de moins de six mois (angor, infar ctus du myocarde ou AVC) étaient exclus ; de même que les femmes enceintes et les pa- tients présentant une contre-indication à l’IRM.

Après une période d’évaluation de deux se- maines (vérification des TA, évaluation de la

en France. Après ajustements, le risque d’évé- nements cardiovasculaires graves était plus élevé chez les Irlandais que chez les Français.

Dans les deux populations, un comportement d’hyper alcoolisation doublait le risque d’événe- ments cardiovasculaires.

Bien que d’autres paramètres puissent jouer un rôle (notamment les habitudes alimen- taires), l’hypothèse des auteurs est que la consommation ponctuelle et excessive d’alcool entraîne un état prothrombotique et une aug- mentation de la tension artérielle, ce qui joue- rait un rôle dans l’incidence et la sévérité des événements cardiovasculaires.

Sylvain Berney 1 Ruidavets JB. Patterns of alcohol consumption and

ischae mic heart disease in culturally divergent coun- tries : The Prospective epidemiological study of myo- cardial infarction (PRIME). BMJ 2010;341:c6077.

compliance et de l’anatomie des artères réna- les), les patients étaient inclus dans le groupe traitement (consistant en une dénervation sym- pathique par radiofréquence des artères réna- les par cathéter endovasculaire) ou dans le groupe placebo. Après six mois, la réduction de la TA systolique/diastolique mesurée assise au cabinet était de 33/11 mmHg dans le groupe dénervé alors qu’on ne notait pas de changement dans le groupe contrôle

(p l 0,0001). Curieusement, la réduction de la TA systolique/diastolique mesurée à domicile était un peu moindre 22/12 mmHg

(p l 0,0001). Dans le groupe traité, 39% des patients avaient une TA systolique l 140 mmHg et seuls 10% n’avaient pas de baisse de la TA systolique. Les complications liées à la procé- dure étaient mineures et aucune sténose des artères rénales n’a été observée après six mois.

Commentaire : Cette étude sponsorisée et contrôlée par le fabricant du cathéter présente quelques points faibles : la procédure n’était pas en aveugle, les hypertensions secondaires n’étaient pas exclues, seuls 17% des patients étaient sous antagonistes de l’aldostérone, et le profil tensionnel de 24 heures n’était dispo- nible que chez 45% des patients.

Il n’en demeure pas moins que le procédé est élégant et intéressant. L’avenir nous dira si cette technique prometteuse deviendra un trai- tement de choix une fois son efficacité et son innocuité à long terme établies.

Dr Nicolas Blondel Clinique de médecine HFR Fribourg – Hôpital cantonal

Simplicity HTN-2 investigators. Renal sympathetic denervation in patients with treatment-resistant hyper- tension (The Simplicity HTN-2 Trail) : A randomised controlled trial. Lancet 2010;376:1903-9.

Répartir sa consommation d’alcool : meilleur pour le cœur ?

Enfin une intervention sympathique et radicale pour faire baisser la tension artérielle ?

lu pour vous

Coordination : Dr Jean Perdrix, PMU (Jean.Perdrix@chuv.hospvd.ch) 1 Tursz A, Cook JM. A population-based survey of neona-

ticides using judicial data. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed doi:10.1136/adc.2010.192278.

2 Viaux JL, Combaluzier S. Néonaticide, un non-désir mé- lancolique : étude clinique de 12 cas. L’évolution psychia- trique : doi:10.1016/j.evopsy.2008.02.014.

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