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Academic year: 2022

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Les dimensions du développement durable

WILDI, Walter

WILDI, Walter. Les dimensions du développement durable. In: Observatoire Mt. Blanc-Léman du développement durable. Le développement durable de la vallée de Chamonix en regard des hommes, de la nature et de son économie: actes du colloque . Archamps :

Observatoire Mt. Blanc-Léman du développement durable, 1997. p. 19-21

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:152879

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Les dimensions du développement durable

Prot: Walter Wildi Directeur de l'Institut Forel

La notion de développement durable : du global au local, de la ressource naturelle

à

['environnement

Monsieur le Maire des Houches nous a parlé de l'une des premières préoccupations principales de la Vallée de Chamonix - la pollution de l'air liée au trafic. Il s'agit d'un cas caractéristique, où un problème d'une origine globale se répercute au plan local.

En effet, le marché mondial du pétrole connaît des prix très bas, conséquence d'une surproduction permanente. Le transport routier se trouve ainsi favorisé ; il génère une pollution atmosphérique croissante, du bruit et les risques d'accident connus. La pollution est encore amplifiée par le réchauffement global qui augmente - par exemple - la concentration de l'ozone pendant les canicules.

En amont de la chaîne, à l'origine d'un problème environnemental local, on arrive ainsi à identifier une cause globale, liée au marché mondial d'une ressource naturelle.

Localement, dans la Vallée de Chamonix, les polluants de l'air - plomb, hydrocarbures, etc. - suivent un cheminement complexe, par voie atmosphérique, en migrant par les sols, les eaux souterraines et les eaux de surface, pour atteindre les organismes. L'homme ressent cette pollution d'abord comme une nuisance externe, mais en subit les effets par des atteintes à la santé.

L'humanité a pris conscience de l'aspect global de la limitation des ressources naturelles depuis la publication du premier rapport du

Club of Rome

il y a trente ans. C'est à partir de ce moment que la nécessité d'une gestion durable, non seulement des ressources naturelles mais de l'environnement dans son ensemble, a commencé à prendre racine dans le public. La Conférence des Nations Unies sur l'environnement en 1972, puis la création de la Commission mondiale pour l'environnement de l'ONU en 1983 et le "Sommet de Rio" en 1992 marquent le chemin vers l'acceptation de la notion de "développement durable" qui regroupe des aspects économiques, sociaux et environnementaux.

Ressources en eau dans les régions alpines; un problème de développement durable

Le développement durable en tant que préoccupation à l'échelle globale est un sujet bien compris. Il en est en revanche autrement lorsqu'il s'agit d'examiner la signification de ce terme à une échelle locale. Nous essayerons ci-dessous d'illustrer cette question par l'exemple des ressources en eau dans une région alpine, telle celle de la Vallée de Chamonix.

On m'a dit que la Vallée de Chamonix connaît parfois un problème d'alimentation en eau pendant la saison d'hiver. Le développement durable du tourisme se trouve ainsi menacé à terme. La commune de Chamonix connaît une surface de 116 1an2, il y pleut en moyenne 1.5 m par année, ce qui correspond à 174 millions de m3 d'eau. Ce volume est largement suffisant pour subvenir à tous les besoins de la population. D'où vient donc la pénurie?

Le cycle naturel de l'eau

Sur les quelques 17 4 millions de m3 d'eau disponibles annuellement par les précipitations dans la commune de Chamonix, environ un tiers retourne dans l'atmosphère sous forme d'évapotranspiration. Une partie de l'eau restante va s'infiltrer dans le sol pour y alimenter les nappes phréatiques. C'est de ce sous-sol que l'on va exploiter l'eau passée par les filtres naturels qui la rendent potable et lui donnent le goût des sels minéraux. Cette eau souterraine constitue, ensemble avec des surfaces enneigées, des glaciers, des lacs et des rivières la réserve d'eau à disposition.

Evolution du cycle de l'eau

à

long terme

Les précipitations dépendent de la météorologie : on connaît des années sèches, d'autres plus humides, etc. ; elles réagissent en conséquence aussi aux changements climatiques : le réchauffement de la Terre dans les cinquante années à venir serait de l'ordre de 2°C, ce qui veut dire que de plus en plus de précipitations ne vont plus tomber sous forme de neige, mais sous forme de pluie. Par conséquent, on aboutira à une diminution des réserves

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disponibles sous forme de neige et de glace. Selon les prévisions on assistera également à une modification de la répartition des précipitations à travers les saisons, avec une période plus sèche en hiver.

L'écoulement de surface et l'infiltration dépendent essentiellement de la nature et de l'occupation du sol.

L'utilisation agricole intense, puis l'imperméabilisation de la surface du sol par la construction de routes, parkings et toitures, les drainages agricole et urbain, la correction des cours d'eau et d'autres activités humaines ont modifié profondément le cycle naturel depuis longtemps, le plus souvent dans le sens de la diminution de la rétention d'eau et donc de la capacité de stockage.

L'évaporation - évapotranspiration dépend, dans une région donnée, essentiellement de la nature du sol et de sa couverture végétale. Une forêt évapore trois à quatre fois plus qu'un pré ; en réduisant la couverture de forêt on réduit la rétention d'eau et l'évapotranspiration au profit d'un écoulement de surface accéléré.

A côté de ces facteurs terrestres du cycle de l'eau il convient de mentionner l'influence cosmique et plus particulièrement le rayonnement solaire. Si vous demandez à un astronome

«

quel sera le rayonnement solaire dans cinquante ans ?

»,

il vous répondra qu'il va augmenter et vous confirmera que rien que par cette augmentation de l'activité solaire, la température atmosphérique gagnera plus de 1°C. Cette activité solaire est cependant cyclique et diminuera de nouveau par la suite.

La qualité de l'eau

La qualité chimique de l'eau est d'abord fonction des substances récoltées dans l'atmosphère et apportées lors des précipitations. Ces substances, souvent amenées sur de grandes distances, peuvent migrer avec les eaux de ruissellement ou se fixer dans les sols. Les sels minéraux des sols, les engrais contenus dans les eaux de ruissellement des champs, et les substances fixées sur les routes, les parkings et les surfaces industrielles peuvent charger les cours d'eau et les nappes phréatiques de façon diffuse. Par ailleurs, une diminution de la qualité de l'eau par des sources ponctuelles provient notamment des eaux usées non épurées, des déversoirs d'orage des stations d'épuration et des réseaux de drainage séparatifs mal contrôlés.

L'eau en tant que ressource

L'eau est certainement la ressource naturelle la plus importante et économiquement la plus intéressante dont dépend notre vie quotidienne. Les utilisations principales qui en sont faites sont les suivantes :

- eau potable ;

- ressource d'énergie hydroélectrique ; - eau d'arrosage et d'irrigation;

- eau utilisée dans les processus industriels ; - eau utilisée en tant que transporteur de déchets.

A ces utilisations économiques il convient de rajouter le rôle écologique de l'eau ainsi que le rôle en tant qu'un des éléments de nos paysages, soit par les glaciers, les cours d'eau ou les lacs.

Les différentes utilisations de la ressource eau et les aspects écologiques et naturels se trouvent souvent en concurrence et en partie en contradiction, soit sur un plan quantitatif, soit sur un plan qualitatif.

Prenons à titre d'exemple par rapport à la quantité d'eau disponible, l'utilisation en tant que ressource d'énergie hydroélectrique, telle qu'elle est exploitée depuis environ cinquante ans dans les vallées alpines. Cette exploitation demande d'abord une collecte des eaux de ruissellement de surface, ce qui implique:

- une diminution des eaux dans les rivières ;

- une exportation des eaux d'un bassin versant à l'autre.

Dans le cycle de l'eau d'un bassin versant fournisseur d'une centrale, ceci peut signifier non seulement une réduction de la quantité d'eau disponible, mais une réduction des espaces écologiques, une perte du point de vue du paysage, un abaissement des niveaux phréatiques. Le cycle de l'eau se trouve en conséquence profondément et durablement modifié, avec la présence d'un nouveau plan d'eau comme seule compensation écologique.

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Du point de vue de la qualité de l'eau, la fonction de transporteur de déchets dans les eaux usées est en contradiction évidente avec la ressource eau potable. C'est bien ce conflit qui a conduit, depuis les années 1960, à la construction de stations d'épuration. Cette mesure a pemùs, soit d'améliorer la qualité des eaux de surface, soit de freiner le processus de leur dégradation.

En multipliant ces cas de concurrence et d'incompatibilité dans l'utilisation des ressources en eau, on est arrivé, même dans les "châteaux d'eau" que sont les régions alpines, à des pénuries, soit sur le plan quantitatif, soit sur le plan qualitatif.

Vers une gestion durable del 'eau dans les régions alpines

La gestion durable des ressources en eau des régions alpines est une tâche primordiale. C'est en effet dans ces régions que se trouvent les réserves les plus importantes, qui peuvent compter sur un renouvellement régulier.

C'est également ici que la préservation de la qualité est, malgré tout, le plus facile.

Cette gestion exige d'abord une excellente compréhension des cycles naturels. Or, les données actuellement disponibles sur les différents facteurs et processus qui influencent ces cycles sont loin d'être compris de façon suffisante. Un effort de recherche interdisciplinaire majeur sera nécessaire pour combler les lacunes entre climatologie, hydrologie, sciences des sols, écologie, etc.

Il sera ensuite nécessaire d'inclure dans cette gestion une vision à long terme des développements socio- économiques. La volonté d'une gestion durable devra se traduire par une négociation entre les exigences socio- économiques et les données naturelles et écologiques. Les changements climatiques et d'autres évolutions globales ou régionales seront à intégrer dans ce nouveau concept et devront se traduire par la définition d'une politique transparente.

L'échelle temps du développement durable, un obstacle majeur

Le développement durable se réîere en général à la génération suivante (ou aux générations futures) comme objectif temps, soit environ 100 ans. Deux exemples d'événements naturels et économiques méritent d'être cités pour illustrer la difficulté de la mise en place d'un développement durable :

- Un aspect particulier de la gestion de l'eau des régions de montagne concerne les changements climatiques.

Entre l'année 1850 et nos jours, la langue glaciaire de la mer de glace a perdu un tiers de son volume. Comme cette tendance est générale pour l'ensemble des glaciers du massif du Mont Blanc, la région a perdu depuis cent cinquante ans environ un tiers de ses réserves en eau. Or, cette durée correspond à la période pendant laquelle s'est développé le tourisme. Si les prévisions climatiques actuelles devaient se réaliser, il faudra compter sur une perte du même ordre d'ici l'an 2050. Un développement économique durable ne se fera en conséquence qu'en tenant compte de cette tendance à long terme.

- A une échelle plus courte, de l'ordre de quelques années, le marché de l'électricité subira une forte libéralisation, qui ne restera certainement pas sans conséquence sur le fonctionnement des centrales hydroélectriques. On risque ainsi de voir une modification fondamentale du cycle hydrologique des vallées alpines et du tissu socio-économique dans un délai très bref et bien trop court pour prévoir des mesures appropriées.

En conclusion

La notion du développement durable est actuellement relativement bien comprise à une échelle globale ; le but de cet exposé était une réflexion sur son application à une échelle régionale en se focalisant sur la seule ressource en eau. Cette réflexion met en évidence la difficulté de la compréhension et de lintégration des systèmes naturels et socio-économiques concernés, en vue de la défmition d'une stratégie et d'une politique de développement durable .

Références

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