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JEANNE GALZY. Agrippa d'aubigné. nrf GALLIMARD

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Texte intégral

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L E U R S F I G U R E S

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J E A N N E GALZY

A g r i p p a d ' A u b i g n é

nrf

GALLIMARD

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Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S.

© 1965, Éditions Gallimard.

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I N T R O D U C T I O N

S'il est souvent difficile de séparer une vie de son contexte historique, il est, pour Agrippa d'Aubigné, absolument impos- sible de raconter la sienne et de donner une idée exacte de son œuvre, sans faire l'histoire de son temps.

Il a appartenu à l'actualité puisqu'il a agi, et qu'un homme de foi, tel qu'il fut, au temps des guerres de religion, ne pouvait que prendre part à ces guerres. Il le fit, avec fougue, et décrivit lui-même ses combats : d'où la nécessité de le mêler étroitement aux événements de son époque. Pas seulement aux événements guerriers, mais à toute cette organisation d'assemblées créées pour défendre la Cause protestante, organiser la résistance, conduire l'action diplomatique. En sorte que l'histoire du Parti est aussi nécessaire à la connaissance de sa vie et de son œuvre.

D'autre part, s'il est possible au lecteur de rentrer dans une période de notre histoire, il lui est parfois difficile de lire les textes anciens sous leur forme originale. Nous avons donc été amené, pour faciliter l'accès de l'œuvre poétique de d'Aubigné

— chaque fois tout au moins que les citations étaient assez longues pour demander un effort de compréhension — à abandonner l'orthographe du temps et à la moderniser pour en faciliter la lecture, cette étude sur d'Aubigné n'ayant pas de prétention à l'érudition et se proposant seulement de faire là connaître un grand poète, un des plus grands de notre litté-

rature.

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I

« Les enfances d'Aubigné »

1551-1563

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Sous l'odeur forte des chevaux en sueur stagnait une odeur plus pesante. La Loire coulait à ras bord, grosse des pluies mal essuyées. Sur sa falaise, le château tendait une avancée d'où pendaient comme des fagots qui impercepti- blement bougeaient.

A cause du mouvement des chevaux, l'enfant ne les voyait que par à-coups. Les cavaliers de l'escorte lui bou- chaient la vue sur la droite. Large et haut, le dos de son père barrait l'espace devant lui.

Les chevaux galopaient. Parfois deux cavaliers laissaient entre eux une faille. L'enfant attentif regardait alors par cette meurtrière vite bouchée. Dans la fente claire, le château se rapprochait, surmontant sa haute falaise, avec ces paquets de branchages noirâtres aux feuilles déchiquetées comme des loques.

— Ils tiennent encore, dit un homme.

La puanteur s'épaississait, venait par vagues dans le vent.

Maintenant l'enfant distinguait ces longues masses où battaient des lambeaux d'étoffe. Elles pendaient du balcon barbare au garde-fou de grosses barres de fer recroisées.

Des oiseaux sombres tournoyaient, avec des cris, dans ce ciel de printemps.

— Les pendus d'Amboise, acheva l'homme.

C'étaient eux, c'étaient bien eux, dont l'enfant avait

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entendu à Pons narrer le martyre, quand son oncle avait lu la Bible, à la veillée, devant la chandelle fichée dans son support de fer. Il les regardait, béant de curiosité et d'horreur.

C'était donc ainsi que les papistes traitaient les serviteurs de Dieu.

L'escorte se serra, franchit le pont sur le fleuve. A chaque bout du passage au-dessus des eaux, une lourde poutre verticale tendait vers le ciel une rangée de têtes coupées, mises l'une contre l'autre, hérissées de poils, avec leurs dents à vif, leurs yeux caves, leurs faces rongées.

L'enfant se cramponna à la ceinture cloutée de cuivre qui, sur la cuirasse de son père, soutenait l'épée. La muraille de cuir qui était devant lui bougea, une main atteignit le chapeau de guerre pour faire le geste du salut, et toute la troupe en fit autant. Alors des cris partirent des rives du fleuve où des paysans étaient massés autour des éventaires d'un marché.

— Sus aux hérétiques ! ordonna une voix.

Des pierres volèrent. En trombe, s'éloignèrent les cava- liers. Cramponné de toutes ses forces à la ceinture cloutée, le petit Agrippa se sentait emporté comme par un ouragan.

Puis les cavaliers ralentirent. L'odeur de mort ne les attei- gnait pas plus que les cris et les pierres lancées. La route vide côtoyait le fleuve pâle. Ils laissèrent souffler les chevaux.

— Tu as vu? interrogea le père.

L'enfant encore épouvanté leva la tête.

— Jure qu'un jour tu vengeras ces chefs pleins d'honneur!

— Je le jure, dit l'enfant.

La troupe se remit à cheminer en silence. Quelque chose était passé en tous. Agrippa, lui, retrouvait les récits faits devant l'âtre, près de la tante qui lui servait de mère, lorsque, à Pons, un des vieux serviteurs racontait ce qu'il avait vu.

Les martyrs! C'étaient ceux qui se dressaient sur leur bûcher pour crier leur foi! Devant les flammes de la haute cheminée, il imaginait le feu glissant, s'élevant, énorme,

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avec des souplesses de bête, mordant la chair qui grésillait.

Il croyait en ressentir l'approche, si bien qu'il étouffait son cri.

Mais il n'avait jamais imaginé ces pauvres restes pendant aux barreaux d'une grille, au-dessus de la falaise de pierre, ce pilori immense que, de loin, on voyait encore avec sa charge de corps pourrissant à la pluie et au vent!

Et Dieu, qui sait tout et peut tout, laisse faire! Le Dieu d'Isaac et de Jacob, le Dieu des armées, ne fait point s'écrouler comme les murs de Jéricho les citadelles des persécuteurs! Dieu permet que sur la France règne la Reine Noire, Catherine! Et que le Louvre abrite sous ses plafonds dorés les crimes des princes et des cardinaux!

Que va-t-il voir dans ce Paris où son père le conduit?

Que lui adviendra-t-il dans la ville où les Guise rêvent de massacrer tout le peuple de Dieu?

Il regrette Pons, il a peur, il se cramponne à la ceinture cloutée de cuivre qui l'aide à se tenir bien droit en croupe.

Il regarde le dos massif dans le justaucorps brun et la cui- rasse. Cet homme, c'est Jean d'Aubigné, écuyer, seigneur de Brie en Archiac, juge ordinaire de la ville pays et sei- gnerie de Pons, homme de guerre aussi et combattant le bon combat. Cette force le rassure, et aussi autour de lui cette troupe, ce bruit de galop, de froissement d'armes, cette forte odeur de chevaux, et, parfois, aux croisées des chemins, ces voix viriles.

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Cet enfant, prénommé Agrippa, parce qu'il avait coûté la vie à sa mère, était né en l'hôtel Saint-Maury, près de Pons, le 8 février 1551 (d'après l'ancien calendrier) de Catherine de L'Estang et de Jean d'Aubigné, seigneur de Brie-en-Saintonge.

Son père, devenu veuf, se remaria assez vite, comme il convenait à un homme encore jeune qui ne pouvait, selon la loi de Dieu, prendre joie qu'avec une femme légitimée par mariage religieux.

Cette seconde épouse, Anne de Limur, n'eut guère d'amour pour le petit orphelin qui fut confié à son oncle à la mode de Bretagne, Aubin d'Abeville, juge à Archiac. Sa femme, Michelle Joly, l'éleva et vint avec son mari au château de Pons appartenant à Antoinette de Pons, femme du seigneur d'Albret, gouverneur du prince de Béarn, le futur Henri IV.

Ce fut ainsi qu'Agrippa, tout enfant, fut en contact avec celui qui devait devenir son maître.

Quand il eut quatre ans, son père lui donna un premier précepteur. Ce fut Jean Cottin, « homme astorge et impi- teux » dira plus tard son élève, auquel il enseigna les rudi- ments avec les méthodes d'éducation en faveur à cette époque, c'est-à-dire à coups de martinet et de règle.

Chaque matin et chaque soir, sans compter à chaque repas, l'enfant entendit, comme il se doit en milieu protes-

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tant, les prières et la lecture de plusieurs versets de la Bible.

Car sa famille était devenue huguenote au moment où la Réforme, prêchée par Luther en Allemagne, se répandit en France où elle trouva sa doctrine dans « l'Institution chré- tienne » de Calvin.

Déjà elle s'était étendue sur tous les pays de l'Ouest, avait atteint le Languedoc et avait trouvé en Navarre, où Jeanne d'Albret, femme d'Antoine de Bourbon, était reine, une terre d'asile, car cette religion, qui remontait aux sources du christianisme, et se fondait sur cette Bible que chaque jour entendait lire l'enfant, était condamnée par l'Église de Rome, et, sous le défunt roi Henri II, avaient commencé les persécutions.

Les persécutions! Le petit Agrippa, qui avait vu les pendus d'Amboise, jugés coupables parce qu'ils voulaient soustraire le jeune roi François à l'emprise de ses oncles, les Guise, soutiens des papistes et des ennemis du peuple de Dieu, apprit les martyres imposés aux vrais fidèles. Il sut qu'on égorgeait, étranglait, noyait, dépeçait, précipitait, étripait, brûlait, qu'on enfermait dans des cachots, qu'on faisait mourir par la faim, par le froid, qu'on enterrait vif!

Il sut que l'Église romaine avait corrompu la vraie doc- trine du Christ, qu'elle avait absorbé les coutumes païennes, rendait, contre le commandement de Dieu, un culte aux images, vendait les indulgences, avait institué une hiérarchie où le pape était roi, et qu'à la simplicité évangélique avaient succédé le goût du luxe et des richesses, et à la pureté, les vices de Satan.

On parlait des massacres de Vassy où trois mille huguenots, réunis pour célébrer la Cène, avaient été mis en pièces, poursuivis jusque sur le toit des maisons.

Et ces images flamboyantes installaient en lui à jamais l'horreur des papistes, l'attachement passionné à sa foi.

Parfois un de ces colporteurs qui allaient de ville en ville, ou un tisserand qui offrait ses services de maison en maison, parlait de la reine Catherine, veuve d'Henri II, ou du jeune

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roi François II sous l'influence de ses oncles de Guise;

tous attachés à l'Église de Rome où régnait l'Antéchrist.

Ils énuméraient les condamnations qui atteignaient les huguenots, racontaient leurs supplices, ces bûchers où périssaient dans les flammes ceux qui lisaient l'Évangile et suivaient la parole de Dieu.

C'était terrible et attirant. Lui aussi, l'enfant qu'ensei- gnait à présent Jean Morel, se sentait menacé et pourtant élu. Il faisait partie des vrais serviteurs du Dieu vivant.

Il écoutait avec passion les lectures de la Bible et se laissait emporter par les étonnants prodiges qui jalonnent la route du peuple d'Israël. Puis son précepteur l'initiait au grec et au latin. L'Antiquité l'enchantait au point qu'il oubliait les prophéties, les malédictions et les plaintes vers Dieu de la Bible. Il apprenait et retenait avec un tel bonheur que son père eut le projet de publier ses premières traduc- tions.

Car Jean d'Aubigné, quoique engagé depuis des années dans les guerres de Religion, ne perdait pas de vue l'édu- cation de son fils. Il apparaissait de temps à autre, s'infor- mait des progrès de l'enfant, puis à la, veillée, racontait ses combats au milieu d'un cercle de curieux venus des maisons voisines. Car le peuple huguenot combattait comme avait combattu le peuple d'Israël. Il faisait le récit des batailles et des sièges. Puis il repartait, embrassait son fils, et l'enfant sentait cette odeur forte de cuir et de chevaux qu'il avait sentie lorsque son père l'avait pris en croupe et mené à Amboise.

Puis, le père parti, la vie reprenait son rythme d'études et de méditations, de prières où Jean Morel répandait son ardeur en improvisations véhémentes.

L'enfant, après ses heures d'études, jouait à la bataille avec les petits villageois, et, lorsque le prince de Béarn était au château, il se mêlait à ces jeux guerriers.

Un jour, Jean d'Aubigné, après de longs entretiens avec son cousin germain Aubin, alla aux écuries choisir un cheval.

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A la selle on attacha un léger bagage. Puis, après avoir distribué quelques armes à des serviteurs qui devaient lui faire escorte, il fit hisser Agrippa sur le cheval qui lui était destiné.

On avait fait la paix avec le Roi; mais les huguenots jugeaient plus prudent de ne pas se mettre en route sans être armés.

Jean d'Aubigné, devant la précocité de son fils, avait décidé qu'il devait suivre l'enseignement du maître réputé : Béroalde.

Après les adieux, la petite troupe prit le chemin de Paris.

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C'était une belle ville que Paris. Le petit Agrippa en fit vite la connaissance, étonné de voir tant de maisons si riches et si grandes, et tant de rues où se pressaient mar- chands ambulants, multitude de valets et de servantes, flots de bourgeois et de bourgeoises, et mendiants en haillons.

Des charrettes, lourdement chargées, cahotaient sur les pavés de galets de rivière. Des cavaliers empanachés escor- taient un carrosse. Des troupes d'hommes d'armes passaient, le haut-de-chausses gonflant sous la stricte cuirasse bien ajustée.

Mais l'enfant de dix ans s'enchantait surtout de la belle librairie de son nouveau maître. Il palpait les belles reliures fauves, à fers dorés, brillantes, douces au toucher, et qui contenaient, en beaux caractères, toute la sagesse du monde.

Le maître a tout lu; lui aussi lira tout.

On le traitait comme un enfant, pourtant, avant de partir pour rejoindre les troupes de Saint-Cyre, sous lequel il combat, car la guerre a recommencé, son père lui a fait confectionner un beau costume de courtisan, tout de satin blanc, brodé d'or, avec un bonnet à plume blanche, une cape pour préserver de la pluie, et, pendue à une ceinture finement cloutée d'argent, une petite dague à sa taille.

Avant de s'éloigner, Jean d'Aubigné avait réglé les comptes avec le maître et payé trente et une livres tournois cinq sols

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pour les trois mois, avril, mai, juin 1562, au t a u x annuel de cinquante écus pour la pension.

Il y avait avec Agrippa plusieurs pensionnaires : François et Nicolas Gobelin, dont les parents teignaient les laines pour les tapisseries, Richard de Gatines, et parmi d'autres, Pierre de L'Estoile, seul catholique au milieu de tous ces petits huguenots. Béroalde t r o u v a i t naturel d'instruire un papiste et même exigeait qu'on le conduisît à la messe.

Tous ces écoliers évoluaient dans un intérieur riche, qui éblouit le petit d'Aubigné qui n ' a v a i t rien v u de pareil, même au château de Pons : tous les meubles étaient sculptés, les tables, recouvertes de tapis, les murs étaient ornés de tapisseries, et les lits, à ciels plats, étaient entourés de rideaux de damas.

P e n d a n t qu'il étudiait latin ou grec, à la clarté du h a u t chandelier d'argent qu'on plaçait le soir sur la table pour qu'il éclairât plusieurs écoliers, Agrippa songeait que son père allait rejoindre le prince de Condé à Orléans, car la guerre faisait de cette ville le centre des opérations.

E n effet, pour la seconde fois la guerre allait dévaster le royaume.

E n 1552, l'Édit de J a n v i e r n ' a v a i t que renforcé l'anta- gonisme entre les papistes et les protestants. La cohabitation des deux cultes dans la même église avait occasionné de nombreuses bagarres. A Paris, les catholiques dominaient.

Aussi fit-on une entrée triomphale à François de Guise lorsqu'on sut qu'en passant à Vassy et en e n t e n d a n t dans une grange chanter des psaumes, il avait donné l'ordre à ses compagnons de massacrer tous les religionnaires assem- blés.

Le petit Agrippa songeait à ce massacre en é c o u t a n t dans la maison silencieuse le bruit des soques des servantes sur le plancher de bois. Des nouvelles lui revenaient qu'il avait entendues. Condé et Coligny avaient fait d'Orléans la citadelle du protestantisme. François de Guise, le maréchal de Saint-André et le connétable de Montmorency faisaient

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pression sur la Reine (devenue régente depuis la mort de son fils François II, en attendant la majorité du jeune Charles IX) pour qu'on reprenne la ville, ou tout au moins qu'on tire vengeance de la mainmise des religionnaires sur Orléans.

Aussi la réaction catholique ne tarda pas : Sens jeta dans l'Yonne cent huguenots, Senlis, Amiens, Abbeville suivirent cet exemple. D'autres villes firent des exécutions massives : Angers en ordonna quatre cents, Auxerre six cents et dans ses rues le sang coula « d'un pied de haut ».

On parlait de tout cela chez Béroalde. Puis un jour, Béroalde lui-même fut menacé, à la sortie d'un temple où il avait assisté à un baptême huguenot.

Du coup, les livres furent rejetés. On se sentait à la veille d'événements graves. Les écoliers eurent ordre de ne pas errer dans les rues.

Ce furent les servantes apeurées qui apportèrent les nouvelles : à Orléans, où ils étaient maîtres, les huguenots avaient fait fondre les objets sacrés afin d'en battre monnaie.

La nouvelle de ce sacrilège se répandit dans Paris. Le Parlement se réunit et ordonna aux catholiques de prendre les armes.

Désormais Béroalde s'attendait au pire.

Et le pire arriva : un édit, le 17 mai 1564, chassa de Paris les réformés.

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Il n'est pas de catastrophe qui, pour un enfant, n'ait sa part de joie : Agrippa et ses camarades se sentirent en pleine aventure. Béroalde serra ses objets et ses livres les plus précieux et tenta d'apaiser les craintes de tous ceux de sa maison : sa femme, son fils, son serviteur Jean Achade, sa servante Jeanne Gille, et il rassembla ses élèves qui devaient fuir avec lui. C'étaient Louis Branche, Jean Chasseray, Jean de Noyr, Pierre de L'Estoile qui devait rejoindre son père, et le jeune Agrippa qui avait fait son baluchon en y pliant son bel habit de satin blanc.

C'était le second jour de juin, au temps qui permet, à cause de la longueur du jour, les étapes les plus lon- gues.

L'édit qui chassait les religionnaires portait une clause rassurante : défense était faite de « proférer aucune injure » et de causer « aucun tort à ceux qui sortent de la ville ou de s'emparer de leurs biens sous peine de la vie ». Mais Béroalde savait ce que valent, en temps de troubles, les meilleures promesses, aussi traça-t-il un itinéraire qui passait à Corance et Gyan pour gagner Orléans par Mon- targis. Là seulement on serait en sûreté.

La famille de L'Estoile avait aidé à fréter un coche où l'on entassa femmes et bagages. Les hommes suivirent à cheval. Aux montées, tous descendaient de voiture et chemi-

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naient, rencontrant de petits groupes de voyageurs ou de fugitifs.

Tout allait bien. Ils avaient dépassé Corbeil quand, à Courance, ils rencontrèrent une troupe de cent chevau- légers avec lesquels cheminait un inquisiteur, si l'on en jugeait sur sa mine. Le commandant du groupe les arrêta : c'était le chevalier d'Achon. Il fit dételer le coche qui fut mis dans une grange, et commença à interroger les voya- geurs. La bonne mine du petit Agrippa, qui avait endossé son beau costume brodé d'argent, attira l'attention du chevalier. Il s'amusa à lui tendre des pièges :

— Je gage que tu ne vas pas à la messe.

— Je suis de la religion.

— Eh bien, si tu ne vas pas à la messe, on te conduira au bûcher!

— L'horreur de la messe m'ôte celle du feu, dit l'enfant avec conviction.

Les soldats amusés rirent de son air de bravoure. Mais, appelé à la rescousse, le bourreau de Milly apparut, avec sa hache, et il y eut un moment de consternation : qui sait quelles étaient les vraies intentions du chevalier d'Achon?

On enferma les voyageurs dans la grange, sans poursuivre l'enquête.

Par bonheur, il y avait parmi eux, racolé peut-être sur les chemins, un moine en rupture de vœu qui proposa de les faire fuir pour la somme de soixante écus. On n'eut garde de refuser. La nuit venue, en passant secrètement auprès d'un corps de garde et, de là, dans une grange par- dessus le coche, et puis dans les blés, les voyageurs purent gagner le chemin de Montargis et furent sauvés. Mais non les écus, le coche et les bagages.

A Montargis, ils trouvaient la protection de Renée de France, duchesse de Ferrare, favorable aux huguenots.

Elle les reçut, les hébergea et s'amusa beaucoup du petit d'Aubigné qu'elle fit, trois jours durant assis sur un coussin auprès d'elle, discourir, avec l'appui de citations, sur le

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mépris de la mort. Ensuite, elle donna une escorte aux fugitifs pour les conduire jusqu'à Gien. Là, l'annonce de l'approche d'une armée catholique les fit déguerpir de la ville et gagner Orléans « au péril des arquebusades ».

A Orléans, le père de Pierre de L'Estoile avait une maison qui s'ouvrit pour eux. Ils se croyaient enfin à l'abri.

Mais les passages de troupes, l'entassement des réfugiés, les eaux polluées amenèrent une épidémie redoutable : la peste sévit. En vain on isola les malades, confiés à un « gar- dien des pestiférés », la contagion s'étendit. Des soldats et des étrangers mouraient en grand nombre. Un écolier de Béroalde fut atteint. On le transporta chez le gardien Le Coq; il y mourut et le jeune Agrippa fut contaminé.

Le vieux serviteur Eschalart se dévoua à le soigner. Il le fit en chantant des psaumes. Dans la ville se mêlaient les cris et les lamentations. Les fossoyeurs ne pouvaient plus suffire à leur besogne. On brûla les cadavres sur des bûchers dont la puanteur emplit la ville. Trente mille personnes périrent, prétendit plus tard d'Aubigné. Mais la vertu des psaumes fut plus forte que le fléau : il guérit.

Pendant ce temps, son père racolait des soldats en Guyenne pour continuer la lutte que le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, abandonnait, redevenu une fois encore catholique, et ayant fait sa paix avec Catherine, à Talcy où tous deux logeaient.

Pour contrebalancer les forces royales, non seulement les huguenots tentaient de soulever tout le Midi, mais encore faisaient appel aux autres nations protestantes. Les princes d'Allemagne étaient prêts à envoyer des mercenaires. Mais Élisabeth d'Angleterre ne donnait son aide qu'en échange du Havre, qui devait garantir la cession de Calais.

Quand Jean d'Aubigné put revenir à Orléans, son fils était guéri mais, instruit des événements, ne pensait plus qu'à la guerre. Affranchi de son maître, il ne rêvait plus que combats. Les livres étaient dédaignés. Il n'avait d'yeux que pour les exercices militaires.

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quelques groupes de gens d'armes s'approcher d'Orléans.

Était-ce des déserteurs? Leur bonne tenue indiquait plutôt les avant-postes d'une armée.

Des paysans effrayés vinrent ensuite : ils cherchaient refuge et prétendaient avoir vu le gros d'une armée.

L'armée enfin apparut, et la ville ferma ses portes, se pré- para à la défense, recensa les vivres.

C'était le duc de Guise qui venait mettre le siège. On s'étonna qu'il vînt camper devant le faubourg du Portereau, que protégeait la Loire. Là, les défenses étaient faibles : le fleuve étant un obstacle. Ce fut là qu'il donna l'assaut, ébranlant les murs à coups de bombardes. Le jeune Agrippa, logé chez Béroalde au cloître Saint-Aignan, put suivre toutes les péripéties du combat en maudissant sa jeunesse qui l'empêchait d'y prendre part. Les Gascons soutenaient l'attaque en chantant des psaumes; mais les mercenaires allemands faiblirent. Sous le ciel clair de février, il vit la bousculade des troupes huguenotes voulant rentrer dans la ville : des hommes s'écrasaient contre les parapets, d'autres tombés à l'eau, se raccrochaient aux barques, plusieurs se noyaient dans leur fuite. Les couleuvrines battaient les Tourelles de leurs obus de pierre. Elles semblaient encore résister. Mais le matin elles étaient aux mains des catho- liques qui y avaient pénétré par escalade.

Il y eut un moment de désespoir. Coligny releva les cou- rages. Il suffisait de couper l'arche du pont pour rendre inutile la conquête des Tourelles : la ville serait de nouveau protégée par la Loire. On attaqua l'arche du pont. Tous les assiégés y participèrent, même les femmes. Ne pouvant manier le pic, elles déblayaient la terre. Cette fois Agrippa obtint d'aller porter les hottes pour garnir de terre les para- pets et élever des mottines pour défendre les îles.

Les couleuvrines aboyaient. Celles de la ville furent placées jusque sur la tour de Saint-Aignan. Cette fois, c'en était fait des études! Le jeune Agrippa était tout à l'ivresse des combats.

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A côté de lui, M. de Duras fut tué par un éclat de pierre.

Une femme, qui portait une hotte de déblaiements, eut la, tête emportée. Une nuit, Jean d'Aubigné partit avec quelques gentilshommes pour tenter de reprendre les Tourelles; mais l'expédition échoua. Jean d'Aubigné reçut un coup de pique sous sa cuirasse et devait plus tard mourir des suites de cette blessure.

Pour Orléans, la situation semblait désespérée : François de Guise pouvait s'en emparer d'un jour à l'autre. On savait ses incontestables talents militaires.

— Tout plutôt que de perdre Orléans! pensaient Coligny et Théodore de Bèze.

Et, parmi ceux qui portaient la même inquiétude, circulait un petit homme étrange et vantard qui racontait à qui voulait l'entendre : « Il suffirait de tuer le duc! » Puis il montrait dans sa main les balles bien rondes et couplées qu'il avait fondues lui-même.

Un jour, devant le petit d'Aubigné, il aborda Coligny qui s'entretint avec lui. Que se dirent-ils? D'Aubigné devait plus tard écrire : « J'estime que les langages qu'on lui tenait sentaient le refus et donnaient le courage. »

Parmi le peuple il passait pour fou. On en riait. On lui criait : « Eh! vas-y donc! mais ne te trompe pas et ne va pas tuer Vancarville! Tu sais que sur son ordre exprès il s'habille exactement comme lui ! »

Guise avait parfois en effet employé cette ruse de guerre.

— Dieu me conduira, affirmait Poltrot de Méré.

Était-ce Dieu qui l'avait conduit? Une clameur annonça qu'il avait réussi son dessein, ayant tiré sur Guise, caché par un buisson, sur le chemin qu'empruntait le duc chaque soir pour rejoindre sa femme.

D'abord ce fut un cri de délivrance : « Guise est mort!

Guise est mort! » Mais le lendemain on apprenait que la blessure n'était pas mortelle. Le coup de feu était entré derrière l'épaule droite et ressorti sans toucher le cœur.

Car tout se savait en ces temps où les espions rôdaient

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partout, où chaque fourré avait des yeux et chaque masure un messager possible.

Pourtant, malgré les soins, la blessure s'infecta, Guise mourut. Poltrot arrêté avait été amené à Paris.

Coligny, débarrassé du souci le plus immédiat, pouvait continuer la guerre : il se mit à reconquérir la Normandie tandis que le Midi se soulevait. Le parti catholique, privé de ses chefs les plus éminents, sans Guise ni Montmorency, était au contraire peu enclin à continuer la lutte. Catherine, elle, pensait à profiter des avantages conquis sans s'exposer à les perdre.

Du côté des protestants, tous ne suivaient pas l'amiral Coligny : beaucoup de nobles, après avoir guerroyé, ne son- geaient plus qu'à retourner dans leurs terres, et le prince de Condé, prisonnier, ne demandait qu'à retrouver la liberté.

Catherine jugea que le moment était venu d'engager des négociations. Guise était vengé : on avait écartelé Méré après l'avoir soumis à la torture où il avait avoué avoir connu Coligny, de Bèze, Soubise et d'Andelot, sans en dire plus.

Et les pourparlers commencèrent.

Au chevet de son père blessé, Agrippa d'Aubigné entendait parler de la colère de l'amiral. Céder quand Élisabeth d'Angleterre préparait un débarquement!

Mais Jean d'Aubigné jugeait autrement la situation.

A Orléans on ne pouvait plus longtemps tenir :

— Pas assez d'argent pour payer les lansquenets! Oui, on a eu beau faire fondre les calices d'or et les ciboires, les caisses sont vides!

On dressa dans l'île aux Bœufs un pavillon violet semé de fleurs de lis où les négociateurs des deux partis se ren- dirent; d'un côté, la Reine, le connétable de Montmorency quoique prisonnier, d'Amville et le conseiller Laubépine;

de l'autre, le prince de Condé, également prisonnier, Dan- delot, Saint-Cyre, gouverneur de la ville, et Jean d'Aubigné, son lieutenant, malgré sa blessure.

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Condé était prêt à beaucoup de concessions; mais ses coréligionnaires ne le suivaient pas. Soixante-douze ministres réunis à Orléans exigeaient qu'on ne fît aucune concession sur l'Édit de Janvier. La ville résonnait de leurs protesta- tions. Bien plus, ils réclamaient le châtiment des massacreurs de Vassy. Sans doute, dans l'ardeur de son adolescence qui déjà commençait, le jeune d'Aubigné leur donnait-il raison.

Condé passa outre, signa la paix à Amboise, le 19 mars 1563. L'Édit nouveau restreignait les libertés déjà accordées par l'Édit de Janvier. Catherine avait habilement manœuvré Condé. Le culte protestant n'était plus autorisé que dans une ville par bailliage, en plus de celles où il était célébré antérieurement au 7 mars.

Jean d'Aubigné était récompensé de ses bons offices par le titre de maître des requêtes.

Il n'eut pas le temps d'en jouir, sa plaie s'étant infectée.

Alité à Amboise, il y mourut, regrettant que son fils ne fût pas d'âge à hériter sa charge, et recommandant à Condé de ne la confier qu'à « un homme résolu à mourir pour Dieu ».

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I I

L' apprentissage de la vie

1563-1573

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Lorsque les deux serviteurs de Jean d'Aubigné revinrent à Orléans, ils virent devant la maison le fils de leur maître s'enfuir à leur approche. Il avait compris la cause de leur retour, examina, sans se montrer, leur contenance alors qu'ils menaient leurs chevaux à l'écurie, et, certain de son malheur, s'enferma dans sa chambre pour pleurer.

On eut beau vouloir le tromper, en démentant l'événement qui le laissait complètement orphelin — puisque sa mère était morte en le mettant au monde —, il n'en voulut rien croire, et ne porta plus que des vêtements de deuil.

Pourtant il fallut prendre à son sujet des dispositions qui excluaient toute possibilité de mensonge. Aubin d'Abeville, son oncle à la mode de Bretagne, fut nommé son curateur.

C'était près de lui qu'il avait passé sa petite enfance, lors du remariage de son père, avant d'aller à Pons où il devait connaître le petit Henri de Navarre, chez Antoinette d'Albret. Il revint donc à Archiac où son curateur était Juge.

Aubin le fit renoncer à la succession de son père qui était trop grevée de dettes. Sur la propriété des Landes-Guinemer, qui lui venait de sa mère, il put trouver de quoi aller encore un an étudier chez Béroalde. Puis son oncle jugea bon de le faire instruire dans la capitale du protestantisme qu'était Genève, peut-être pour le retirer des troubles qui agitaient

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les huguenots indignés des restrictions apportées sans cesse à l'Edit de Pacification du 17 mars 1563, peut-être pour affai- blir cette haine qui grandissait avec lui contre le pouvoir royal, depuis qu'il avait vu Catherine, pâle et lourde, vêtue de son deuil éternel, entrer à Orléans à cheval, aux côtés de son fils, le petit roi Charles, pour recevoir en grande pompe les clés de la ville.

En tout cas, à Genève, sous la férule de Théodore de Bèze, Agrippa serait instruit dans la bonne doctrine. Un enfant de treize ans, volontaire et fort, le visage ouvert, son long nez au vent, au lieu de la liberté de Paris, pour son plus grand bien, trouverait là-bas une austère discipline.

Agrippa partit donc, sans doute confié à quelque voya- geur, traversa la France à cheval, connut les douteuses auberges, s'arrêta à Lyon, belle ville, et entra à Genève, espérant que Théodore de Bèze se souviendrait de son père, qu'il avait connu à Orléans, et aurait quelque indulgence pour le fils. D'ailleurs, il avait déjà fait son cours de philosophie et de mathématiques, lisait l'hébreu, compo- sait des vers latins et, en grec, ne péchait « que par l'igno- rance de quelques dialectes de Pindare ». Il pensait donc entrer à l'Université; mais à Genève on n'en jugea pas ainsi et on le renvoya au collège.

« Ceci lui fit haïr les lettres, prendre les études à charge » et il encourut fréquemment les punitions frappantes de ses maîtres, la férule étant d'emploi courant.

Mais ces déconvenues eurent une compensation. Très développé physiquement pour son âge, Agrippa devint amou- reux de la fille de son hôte, Loyse Sarrasin, un peu plus âgée que lui et fort docte. Elle usa de son charme pour lui impo- ser la confection de vers et de thèmes grecs, en l'enfermant dans son cabinet. Cette aimable prison le fit fort progresser, mais ne lui enleva pas son dégoût de Genève. Ni l'aigre bise de l'hiver, ni les ciels brumeux, ni l'austérité des mœurs, ni la rigueur des esprits n'étaient en accord avec son carac- tère et son climat natal. Il lui vint la nostalgie des plaines

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de soleil, des villages riants, des vies faciles. Il s'échappa un jour, et à pied s'éloigna.

Il avait quinze ans.

Sans doute put-il jouir de sa liberté retrouvée en tra- versant les pays ravinés où coule le Rhône. Il en suivit le cours serpentant et imprévu jusqu'à Lyon. Là, il fit une étrange rencontre. Plus âgé que lui et aussi démuni d'argent, un homme, qui se disait bâtard du duc de Milan et s'appe- lait Loys d'Arza, lui parla d'astronomie et d'astrologie.

Il se prétendait mage et versé dans la cabale. Agrippa fort intéressé se prit d'amitié pour lui, et pendant neuf mois, vivant tous deux comme ils pouvaient, il fut l'élève du mathématicien..

Par malheur, le petit pécule fondait et il était rare de trouver occasion de gagner quelque argent. Un soir l'hôtesse réclama son dû et Agrippa avait son escarcelle vide. Il passa la nuit à la belle étoile, n'osant pas rentrer à l'hôtel.

Au matin, son désespoir fut si grand qu'il eut envie de se jeter à l'eau. Auparavant, il fit pourtant une prière, et, dans l'Oraison, les mots « la vie éternelle » l'effrayèrent, et « il cria à Dieu qu'il l'assistât ».

Le miracle se fit, car il rencontra un cousin que Coligny envoyait en Allemagne, chargé, prétendit-il, de lui porter de l'argent en passant à Genève. Il put donc prendre la route et regagner Archiac.

C'était l'automne de 1567. Archiac était plein de rumeur de guerre. On allait se battre puisqu'à Bayonne la Reine, qui donnait sa fille aînée, Élisabeth, à Philippe II, venait d'avoir de longues entrevues avec le duc d'Albe qui repré- sentait le roi d'Espagne aux fêtes du mariage. On prétendait qu'il lui avait arraché pour son maître la promesse de faire périr tous les huguenots. On en voyait la confirmation dans le fait qu'au nom du petit roi Charles, la Reine avait levé six mille Suisses.

Durant son long voyage à travers la France, présentant Charles IX à toutes les provinces, Catherine avait défendu

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L E U R S F I G U R E S

D O M A I N E L I T T É R A I R E

AGRIPPA D'AUBIGNÉ

Aucun travail d'ensemble, ressuscitant la personnalité complexe d'Agrippa d'Aubigné, n'a été tenté depuis la parution de la thèse d'Armand Garnier, il y a quelque trente ans. En ce moment où, sous prétexte d'oecuménisme, on essaie par des concessions, que d'Aubigné eût sévèrement jugées, de concilier des positions adverses, il est intéressant de rappeler les luttes du X V I siècle pour la liberté de conscience. Il convient surtout, dans notre époque où les hautes valeurs humaines furent si peu respectées, de méditer sur la vie de lutte, de courage et la rare noblesse qui fut celle de d'Aubigné, qui sut dédaigner de tirer profit de son long compagnonnage avec Henri IV et préféra l'exil aux restrictions apportées à sa liberté.

Dans cette étude Jeanne Galzy a tenté de replacer l'œuvre énorme et multiple d'Agrippa d'Aubigné (elle s'étend du pamphlet et de la farce à la plus haute poésie) dans le contexte d'une vie mouvementée qu'elle nous présente comme un passionnant roman d'aventures.

Inégal, violent et illuminé, d'Aubigné a pu être à la fois l'auteur jovial de La Confession de Sancy et des Aventures du Baron de Faeneste, le poète amoureux et ronsardisant — mais parfois douloureusement sincère — du printemps, l'historien déjà européen de l'Histoire universelle. Mais ce qui le rend grand parmi les plus grands et unique dans notre littérature, ce sont Les Tragiques, cette épopée où il passe du réalisme aux visions dantesques, et nous donne, bien avant Hugo, Baudelaire et Valéry, les images les plus saisissantes, le style le plus brûlé de passion et les vers les plus neufs, les plus inspirés et les plus beaux.

Jeanne Galzy, qui a déjà écrit dans cette collection une Catherine de Médicis et une romanesque Margot, reine sans royaume, a choisi d'Aubigné pour compléter cette sorte de fresque d'un siècle foisonnant d'idées et de passions.

On y trouve, à travers d'Aubigné, les problèmes qui, à peine transposés, sont les nôtres ; et une œuvre qui, par ses hardiesses d'expression et d'images, peut nous être toujours matière d'admiration et d'enseignement.

G A L L I M A R D

17 F ( + t.I ) 17,50 F T.L.I.

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