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.ES POÈTES DE LA RENAISSANCE DU tivre ORPHÉE PAR FERNAND DIVOIRE PARIS. ;8, BOULEVARD S\U-n-.yxi <^n. j^

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Texte intégral

(1)

.ES

POÈTES DE LA RENAISSANCE DU tiVRE

ORPHÉE

PAR

FERNAND DIVOIRE

PARIS

;8,

BOULEVARD

S\U-n-.yxi 1922

39003003766358

<^n£. j^

(2)
(3)

l<'

5i

- 1^

(4)
(5)

ORPHÉE

(6)

DU MÊME AUTEUR

:

Cérébraux, prose.

Poètei, vers.

Faut-il devenir

mage

? élude

.

Flandre,vers.

La

danseuse de Diane, prose.

Metohnikoffphilosophe, étude.

L'amoureux, vers.

Introduction àTétude delaStratégie littéraire.

Lesrubriqueslittéraires.

Exhortationà laVictoire, chœur tragique.

Naissance

du poème,

prose symphonique.

Ames,

vers.

IsadoraDuncan, fille de Prométhée, prose.

Le

grenierdeMontjoie.

Gabriel-Tristan Franconi, étude.

Rapportsurles tendancesnouvelles dela poésie.

(7)

LES POÈTES DE LA RENAISSANCE DU LIVRE

ORPHÉE

PAR

FERNAND DIVOIRE

PARIS

78. Boulevard Saint- Michel, 76.

BtBUQ

(8)

Il a été tiré decet ouvrage quatre cents exemplaires sur papier vergé antique, tous numérotés, plus cent exemplaires pour le servicedepresse.

No

3.0.3.

(9)

CHANT

I

ORPHÉE ET LA MORT

(10)
(11)

I.

— SOLITUDE SOLAIRE

La dryade Eurydiceest morte.

Devant la

mer

deThrace et sesvagues d'hiver Orphée est seul. Ses pleurs sèchent au vent amer.

Eurydice, Eurydiceest morte.

La

fuyante Korél'emporte

Au

tourbillon de son escorte.

Orphée,Orphée estseul et connaîtla douleur, Cariln'estpaspermis delivreraux vendanges

Un cœur

lesoleil reflète sa ferveur Etde recevoiren échange Le

don

pareil d'un autrecœur.

(12)
(13)

3.

— ORPHÉE LE PUR

Quand

Orphéeacceptal'amourdeladryade Austère dieu jaloux, il vivaitsous taloi.

Les noires panthères

nomades

Entendaient alors danssa voix

La

voixjustequi persuade.

x\lor8 s'ouvraitdevant son calme éclat

— Rayonnement

modérateur

du

solitaire

Lafoulebarbare etprompte auxcolères Des Hyperboréensrieurs, ses frères.

Mais ilpassait, neles connaissantpas

II

(14)
(15)

3.

- ORPHÉE LE CONSTRUCTEUR

IlconnutEurydice.

Présence féconde, Eurydice.

Alors, avecsagesse, ilconstruisit.

Elle veillaitauprès de lui,

Entre le

monde

et lui médiatrice.

Etlui, danssespoèmes, témoignant.

Expliquaitle

monde.

Et toutce que

nomme

L'ardente angoisse des vivants Ille mesuraitdans ses chants, Fixant lesrègles, enseignant

Que rame

estimmortelle, et surpassantles

hommes.

i3

(16)
(17)

4.

— SOLITUDE SOLAIRE

Eurydicen'estplus. Fille de Talaon,

Ilfallaitque l'éluconnût lesstations

Qui

marquent

leur voie auxfils d'Apollon, Lebelettristedieublond

Dont

l'amourfrappe et calcine;

Le solitairequisait Les rythmesetles secrets

Et lespromessesdivines;

Le conseiller desdieux; l'universeltémoin

Dont

]ft chant

mène

l'homme, etqui ne juge point

Et quiseulementporte Témoignage...

Hélas, Eurydice estmorte.

Orp

héeestseul, puniparses

vœux

debonheur, Qui retombent en pluie depleurs.

-

i5

(18)
(19)

5.

— LE POIDS DES OMBRES

Orphéeestvaincu parlesombres.

Son

regard a cessé de tendre vers le ciel, "^

Versles solitudes

du

ciel

Et Tabstrait

domaine

des nombres.

Depuis qu'il s'estpenchévers ton

monde

charnel, Eurydice, le

Pur

est sortidela voie;

Sonpouvoirl'a^uitté;la Mort

^

A pu

saisir ladouceproie.

Orphéen'étaitplusassez fort

Pourécarterle flotdes larvessombres, Pouréleveraujour lepoids d'uneombre.

17

(20)
(21)

6.

— EURYDICE DEUX FOIS PERDUE

Orphéeregardait Eurydice Et

non

point leprécipice Pleinde fantômes

innommés.

Eurydice montant auprès

du

guideaimé N'avaitde

cœur

que pour le guide Et non pourle voyage et lamontée aride.

« Sois

mon

égaleet marche seuleà

mes

côtés, Disait-il; Eurydice, Eurydice, sois forte. »

Eurydice, Eurydiceestmorte ;

Lemauvaismaître quin'a su quel'exhorter

Demeure

seul, bonheur ôté.

-

19

(22)
(23)

L'HARMONIE DÉCHIRÉE

L'unitédedeux cœurs que voici déliée,

L'harmonieux

amour

quela mort a détruit, Orphée ensongelerecrée

De

lui seulet dela tendre

âme

déchirée Qui

doucement

veillesurlui,

Eurydice l'inoubliée.

(24)
(25)

8.

- ORPHÉE ERRANT

Lefils

du

dieuconnaît desombres stations.

Seul devantlalyre muette Etles tentations

D'une

âme

oùlibrementles ombresse reflètent

Tournétoujoursvers lesrampantes visions

De

l'ombre, Orphée errade retraite en retraite.

Ah

! quece soient

comme

autrefois Les ombreséblouies qui se tournentvers-toi!

poèteerrant, souviens-toi

De

ce lumineuxautrefois,

23

(26)

Quand

Orphée étaitpuret dans la plénitude Paisible delacertitude.

Alors l'absolu dela foi

Aveuglaitson regard. Mains douces de la foi

Quivous posez sur lespaupières. Souplesdoigts Maternels quichassezles vagues multitudes

De

l'ombre. Absolu... Plénitude.. .

Ah! baigne-toidesolitude.

24

(27)

g.

— ORPHÉE AUX MÉNADES

Errant, prends garde detrahir.

De

sourire aux

ménades

folles, dévêtues.

De

traînerparmileurs désirs

Ton

inutileharpe^ détendue.

Ne

soispas l'Orphée auxchaînesde fleurs,

Couronnédefleurs d'Ionie Et quirenie, etquioublie...

Orpheus. Maiscélébrerla sereine splendeur, Etguiderd'un fild'harmonie Levolde l'humaine

âme

enpleurs;

-

25

-

(28)

Maisgouvernerles panthèresdociles, Etrele bâtisseur

Dont

laharpeconstruitlesvilles,

Voilà legrand Orphée; etgoûterla douceur, L'âpredouceur où baigneune

âme

toute seule.

Le»folles rôdent, c'est toncœur.

Ton

cœur,

Ah

î ton

cœur

divin qu'elles veulent.

26

(29)

lo.

— LE SEUL ENTOURÉ D'AMOUR

Oh

! soisfidèleau souvenir D'Eurydice l'inoubliée...

Maistoutes sesont fiancées Avec Eurydiceà tadestinée;

Et ton corps àleurs corps n'a cesséde s'unir Dès qu'au corpsd'Eurydice ildut appartenir.

Eurydicel'inoubliée...

Souveniraiméqu'éloignela mort...

Epargne l'amourdecelles encor Quise déchirentlapoitrine

En

prononçantton

nom,

37

(30)

Orphéeaux yeuxlointains,Orphée aux cheveuxblonds

Que

la tristesseincline

Au-devant de ton front.

Chastementfidèle auxprièresvaines Qui rayonnentvers ton

nom,

Vers ta tristedouceur lointaine, Épargne aux milleaveux fiancésà ton

nom

L'espoir, ledépitet la haine.

Qu'un même doux

refus s'opposeau

même

don Des

ménades

aux fureursvaines

Et des

femmes

doriennes.

28

(31)

II.

— LES MÉNADES ET LE SECRET

Etdis-leurton divin secret Afinque, livrédésormais

Aux

furieux sabots delacohue.

Tu

soisfoulé;etque ta force répandue

Remonte

verstoi,débridée, et tue.

Carc'est leprixquedoitpayer celuiqui sait Etdontle rôle estdeverser à lacohue

Levindangereuxde l'abstrait.

Partageta science, Orphée;

Etta tète, sanglant trophée

29

(32)

Au

poing d'une

ménade

ivrede ton secret, Tournoie, et rouleauxflots del'Hèbre.

Tandisqu'une ronde funèbre Quidecris gcandésse repatt Agitelafoule enivrée Autourdetachair déchirée.

3o

(33)

12.

— LE DÉSERT D'ORPHÉE

Entreles rocherset lamer,

laThracebarbare arrêteson rivage, Orphéeerre, sauvage.

Ilaspire le vent amer.

... Et tu voudrais,6poète sauvage, Avoirassezd'espaceen ton

cœur

ruiné

Pourcontenir

un

désert calciné.

0,quece nesoitplusle désertqui t'accable, Mais plutôtcetteplaineoù cheminesansfin

L

inquiètetroupe innombrable Errant sans fin Sousl'obscurité

du

destin

3i

(34)
(35)

i3.

— LE PRIX DU CHANT

Le chant ne trouvesanaissance

Que

dansle

cœur

ladouleuretle silence Attendent en veillant sa soudaineprésence.

Donc, tais-toi,

cœur

d'Orphée; éloigne tesregrets.

cœur, tais-toi... Eurydice, Eurydice, Orphéeestprêt.

Ménades, ilpaieraleprix

du

sacrifice;

Il paierapourlechantoùvivrale secret Et qui vous guidera de loin, clair édifice.

33

(36)
(37)

i4.

— LES GENDRES DU CŒUR

Ets'il se tient, silencieux, devant lamer, C'estencorequ'ila, pournotre exemple, offert

Au

vent

du

large

un

peudecendres.

Toutcequi lui restaitd'un faible

cœur

dechair.

Qu'ainsi chacun sache répandre Loinde son

cœur

l'impure etlourdecendre

DesTitans foudroyés.

Etdans lapaixetle silence Qu'ainsichacun reforme avecpiété

Une

harmonieusesubstance Autour d'un

cœur

purifié.

35

(38)
(39)

i5.

— ORPHÉE PURIFIÉ

Cœur

pur. Iln'aplusrien à donner que sa lyre.

Mais c'estledépôt sacré,

Laclefdu

monde

auxintervalles mesurés, Qu'ilne fautpas livrer

Au

délire.

Orphéeestenpaix. Lechant attendu Peuts'élever; le

cœur du

poète s'est tu.

On

n'entend plus

Que

leventdansl'espace Etlebruit dela

mer

surlesrochers de Thrace.

-

37

-

(40)
(41)

6.

— L'ATTENTE DES MÉNADES

Les ménades, parles forêts,

Courentavecdes crisd'ivresse. ^ Oïoh!ho! leurs appels de

sommet

en

sommet

Seréponderitsansfin; mais aussitôt renaissent.

Insatisfaits.

Elles souffrent, Orphée.

Ellessefrappent, assoifTées

De

paroleset desecrets.

Leur

chœur

éparsattendle coryphée;

Leurs poings sanglants attendentle trophée Etla coupeoùluirale vinpurdel'Abstrait.

Les ménadesontsoif

du

sang purde l'Abstrait.

Quand

chanterons-nous tonpoème, Orphée?

-39-

(42)
(43)

CHANT

II

LA SÉRÉNITÉ D'ORPHÉE

(44)
(45)

17-

— LES MORTES AUTOUR D'ORPHÉE

Ton

chantestdoux, Souvenirapaisé.

Le Silenceveillant, le

cœur

a reposé.

La

morten'estpas morte. o^

Aucune

des mortesn'estmorte.

Lesmains

du

Souvenir sontfortes; '^

L'unetientle poète etl'autre tient lesmortes.

Personneicin'est mort

Que

tous ceuxqui sont morts.

Lesvivantsne sontque des corps r^f Dociles, poursuivantl'effort têtudesmorts.

^

-43-

(46)

Lesmorts autour denoussontdela vie.

Etsaisie et rendue il n'y a qu'unevie

Gomme

iln'ya qu'unfildetempsqui lie Le» sièclesmortsàla minute envie.

Tesmortes sont auprèsdetoi.

Leurchantestdoux. LeSouvenirdonne savoix

A

ces mortes autour de toi.

Ah

! quedevie,Orphée, autour detoi.

44

(47)

i8.

— DOUCEUR DES MORTES

Toute cette mortvivante, fluide.

T'enfante sansfin, t'apaise, teguide.

Toute cette vie, amoureusement, Obéitàton chant!

Sérénité. Toutestesheures T'entourent,demeurent.

Chèreguirlande inoubliée : efforts, Silences dorés,

parfum

des remords;

Fragileguirlande queporte

Le

longcortègedetesmorts, Dessiprésentesmortes.

De

teschers amis morts;

-45-

(48)

Toi toutentier, annéesetpaysages.

Tout toi-mêmedansleurs visages.

Ah

! souriantaux ombres, tonvisage

Sérénité

rayonnede douceur.

Toutcequi a touché ton

cœur

Lui reste infini de douceur.

-46-

(49)

LE SPECTACLE HORS DU CŒUR

Mortes, mortes, baisers suprêmes...

Maisn'aimeras-tu point au-delà detoi-même?

Maintenant, tu es nu, Nécromantdel'amourperdu, resteras-tu

Seulement quelqu'unquiasurvécu?

Mortes, mortes,baisers suprêmes...

Tu

n'avais que ton

cœur

et l'as sacrifié, pur, purifié, maispauvre, dépouillé, Ettu

meurs

de ta pauvreté.

Hors

de toi-même!

Mortes,baisers suprêmes, baisers froids...

47

-

(50)

Regarde le spectacleau-delàdetoi-même;

Il n'y a plus rien à aimerentoi.

Monde, vivant

poème

;

Airvif,

monde

clair;

Musique

du monde

;

C'estdecela qu'il faut pleurer.

Grand

chant

du monde

;

C'est cela qui féconde.

Danse desunivers Surtoi, auciel de Thrace.

Saltation desrythmes dansl'espace.

Entrechocdansantdes vagues. Et Mer, Chantdelamer,horizon delamer.

Plénitude. Airvif.

Monde

clair.

Ah!

sont-ce d'autres pleurs, maintenant,sur taface?

-48 -

(51)

20.

— LE RYTHME FRATERNEL

Et dis,en toi. quel rythme fraternel?

Ecoute, en toi, l'unisson des appels.

Oh

! fraternité

du

poète Etdes vivantsdela terre et

du

ciel.

Battements fraternels :

Rvthme

de toncœur; rythmeuniversel Etrythme dansant des

hommes

en fête.

Fraternité.

cœur

fraternel

du

poète.

Fraternelle ferveur

En

qui touteharmonie

49

(52)

Renaîtet

communie.

Cœur

où touteharmonie Trouve sa cordeetvibre et

communie

Avecles ronflements de la danse infinie.

Dorien, laisse faireton cœur.

-

5o

(53)

21.

— CŒUR RETROUVÉ

Trouverlapaix. Trouverle sageasile...

Ah

îpuisquetu n'es plus quefroide

ombre

stérile, Solitude, sortirdeton

ombre

stérile.

Retrouver son cœur, qui se reconnaît.

Oh

! retrouver des lienspourson cœur, qui renaît.

Cœur

perdu,te rassembler; tegarderprêt;

Trouverlapaix. Etpuis, donnerlapaix.

Orphée, ô constructeur devilles.

Donner

lapaix, entr'ouvrir

un

asile

A

ceserrantscœursimparfaits.

5i

(54)
(55)

22.

— LA NOUVELLE ALLIANCE

Orphée, admettre

l'homme

etrefaire alliance.

Trouverenfin sapropre ressemblance Surlesmuets visagesdesouffrance.

Se rapprocher, parsa faiblesse etsa souffrance, Et souhaiterauxpassants le bonjour,

maître

du cœur

des bêtes sauvages!

Retrouverde l'amour, Mettre sapartdansl'offranded'amour,

Donner

ses mainsà la ronded'amour, Sedonnerenfin, Orphée, àl'amour.

Entrecespoings disjoints,pesants, prêtsà l'outrage, Gréerl'harmonie de l'amour.

53

-

(56)
(57)

23.

- LE DON CLAIRVOYANT

clairvoyant, vision belle etclaire...

Toi qui soupesasla pierredes cœurs, La faire battre aurythmecréateur.

Lafaire vivre enfin, lui rendreune ferveur Et lier lapierre à lapierre.

Clairvoyant, animerde ton

âme

ces pierres Qui formentlecolliervivant

Du monde

et se renvoient son sang D'âgeen âge.. Perpétuel colliervivant

Quilieautour

du

temps etdela terre La ronde desdouleurset del'espoirdansant,

Et del'espoirnaissant.

55

(58)

Que

tusoistoutdonné àlatâche reçue, Il lefaut bien; et toutvoué aulourdlabour

Ille faut bien, puisquetelssont ledoux et lourd Labeurd'Orphée et sasouffrance élue

Puisqu'il faut forcersafoi détendue Pourféconder son cœur et fleuriren amour.

Orphée, ah! soistout

amour

Puisqu'Eurydice estperdue.

56

(59)

CHANT m

LA LYRE D'ORPHÉE

(60)
(61)

24.

— ORPHÉE A LA VOIX JUSTE

Tu

es

l'homme

àla voixjuste.

Infailliblevoix

Que

suiventcouronnésdemyrteslespoètes Etlesblancs prêtres-prophètes Etles danseuses parfaites.

Maître,ettalyre parfaite Sachant obéir àta voix.

Tu

l'accordes selonles lois

Qui sagement gouvernentl'ordonnance Mystiquedescités, l'ordredes douze mois

Etl'harmonieuse cadence

Des sphères,etdes chantsdivins, etdeladanse.

Puissantedonc

comme

ces lois Se mesure, selontoncœur,ta juste voix.

-59-

(62)
(63)

25.

— LA LYRE, LA HARPE

Lyre : sept cordesse répondent.

Sept pouvoirs surseptmondes.

Mais surlaharpegronde

Un

chant plusvasteetplusvivant.

Parles vertusdes sept sonsdelalyre Lepoète, chantant,

Voitles muraillesseconstruire.

Maissurla harpe au chant

mouvant

Toute son

âme

au-delàdes septnotes Rêve pourelle-même, etrugit, ousanglote.

Quelle règle?Quellecouleur de l'Océan?

Ecoute lessons se répandre

-

6i

(64)

Largement, au rythme

du

vent.

C'esttoutel'âmeavecses flots et sesméandres, Toutelaharpe,toutlechant

Que

leBarbare veut entendre.

62

(65)

L'EAU MÊLÉE AU VIN

Que

la Fablesoitle sourirepeint Qui

masque

lapensée austère.

Un

jour,Orphée, on

nommera

teschantsCratères,

Comme

cesvases oùl'eau claire Estmêlée auvin

.

Eau

dessources, légère,

Qu'animentla profondeetvivantelumière Les rythmes éternelsetsimples delaterre.

Tu

n'y mêlesqu'un peu devin,

63

-

(66)

Qu'un

peu

du

vin brûlant,lourddes secretsdivins Conquisparlasauvage audace de l'humain.

Lefeupurdeton vin dessécherait les bouches.

Levin fermente en toi, farouche, Lourddesecrets etdefureurs.

Vois sepencherla soifhorrible des bacchantes Vers ton

cœur

douloureuxoiilevin purfermente.

Les

hommes

ne sont faits que pourla douce eaulente, L'eau régulière, sans couleur,

L'eau qui tient dansleurs pots, l'eau lente.

Orphée, il faut oserleurenseignerle vin Lourdde fureur

humaine

et desecrets divins.

^ b4

(67)

27-

— ORPHÉE HORS DE LA CITÉ

Mais c'estchacundenousquidoitfaire

âme

neuve.

Etlafoule? Regarde... Ayantinitié

Sansépreuves,

Tu

doismourir.

La

foule attend que,châtié.

L'homme

prométhéen

tombe

enfin, foudroyé.

Marquésd'infamie.

Tes disciples sontrejetés

Hors

du

templeet dela cité

Etlafouleesttonennemie.

Ilfaut l'aimer, Orphée, etdonnerton génie.

Et, sansvoir, donnertongénie.

-

65

(68)
(69)

28.

— LA LYRE ET LES HOMMES

Arrachéeà l'arbrefleuri,

Lafleurque plusrien ne nourrit Voitlafaiblessede satige Abaisserson hautainprestige.

Qui seveutcloreensoine serapas nourri

Comme un cœur

quelescœursabreuvent d'eau profonde.

Orphée,ah! nesoitpointledieu hautainproscrit

De

la

communion

despuissances fécondes,

Que l'homme

en toisurles

hommes

sefonde.

Ouvreton

cœur

au sang des

hommes

et

du

monde.

Ouvre. Etton

cœur

seranourri.

- 67-

(70)
(71)

27.

— LA STATUE GAINÉE

Les âges, Longuechaîneoù lesvivants Traînentles mortsetleursdéfunts mirages.

La lyre conduira lesâges.

Chacun

destempsla nourrissant.

Elle créeà chacunson verbe etson image.

Qu'un

âgemeure, ellea forméd'autres visages;

Ellechanteaux nouveauxélus lechant suivant.

Etd'espoiren espoir, delangageen langage.

Ledieu gainé s'éveille et déchire ses liens.

Portant déjàlechant des

hommes

de demain, LePoète leur appartient,

69

(72)
(73)

3o.

— LES CHERCHEURS DE FABLES

Pouréveillerennous lebesoin deconnaître, Quelles fables sais-tu conter?

Que

des voilesbrodésdrapentta vérité.

Conte, Orphée, et dis-nous tapatrie et tes maîtres;

De

quelsdieux naquirenttes dieux;

Sousquelsaspectschangeantsl'ondoit naîtreetrenaître

Dans

les combatsoùs'équilibrentlesdouze Etres, Auqueldes

Douze

vonttes

vœux

Etde quelpréférable dieu

Tu

veux que nous servions lesprêtres.

71

(74)
(75)

3i.

— ORPHÉE LE THRAGE BLOND

Orphée,assis aupied

du

saule, vous répond.

Ilsaitquevouscraignez la sagesse implacable, La nuditépâledelaraison;

Il vousdiratoutes sesfables

.

Ilest leThrace blond.

Lefils delaThracesacrée, Terre sauvageaux roches embrumées.

Les Hyperboréens, favorisd'Apollon.

Sont sesfrères

humains

; et sesmères divines SontCalliope etl'infernaleProserpine.

SonpèreestZeusl'impérieux.

CarlePoèteestfilsde dieu Etreprendra son rang dedieu.

-73-

(76)
(77)

33.

— ORPHÉE REVENU DES ENFERS

Qui t'instruisitdanslesdivinssymboles?

Qui t'enseignales secrets et les

noms

?

Carlesageestceluiqui redit les paroles...

Orphée, assisaupied

du

saule, vous répond :

Ilasubiles épreuves,docile.

Aux

ritescrétoisdes Dactyles

Il n'atrouvénil'extase, ni laterreur.

Justeharmonie, ilestdescendu pourte suivre

Aux

enfers divins des vieux livres.

Puistecherchantencore, a médité, meilleur.

Dans

lacaverne obscure de son cœur.

-

75

-

(78)
(79)

33.

— ORPHÉE ET LES DISCIPLES

Qu'enseigne-t-il?Quels mystérieux artifices?

Ses disciplessont prèsdelui, vêtus deblanc.

Les Purs, les Saints, qui n'offrentpoint desacrifice

Maisécoutentd'un

cœur

fervent, Maisreçoiventd'un

cœur

fervent Lepaisiblepollen desdiscoursfécondants.

Etla sagesseeneuxvoit croître sesprémices.

A

quoibondescolliersdemotspétrifiés

Grainàgrain reliésetviteéparpillés?

Mémoire, grelot mort, etquis'évertue...

Ils attendentpurifiés,

77

(80)

Nourris

du

pain sacré, dédiantlachaircrue Destaureaux, où revit Zagreus, le dieuqu'ontue.

Qu'apprennent-ils?

A

resteréveillés,

A

garderune

âme

légère.

En

attendant qu'unjourleur

cœur

s'éclaire,

78-

(81)

34.

— LES BATELEURS

La Puretéles clôt dansleurblancheur, Lesdisciples ferventsqu'onignore et qu'onraille Parce que, sous leurblanc manteau, des bateleurs Vendentde faux secrets etd'impures médailles.

79

(82)
(83)

35.

— ORPHÉE AU PIED DU SAULE

Maître, en quels farouches décors Déroules-tu,lanuit, l'ordrede tes mystères?

Non. Point delieu secret,desanctuaire;

Non

plus, à la lueur destorches, de mystères Simulantàgrandbruitle cycledela mort.

Qu'ilsuffisede méditer,etdese taire.

Assissousle saule infernal

Du

bois sacréde Proserpine, Orphéeexpliquelesdoctrines :

Gomment

l'frppnr?^p mAlp fln_Piir initial.

Comment

Psychérenaîtdansnotrecrifinal.

8i

(84)

Homme

d'undieu, je neveux pasque tu renies.

Que

m'importel'eauquite purifie.

Pourvu qu'un lieu purentoi s'édifie?

Sousla majesté desthéogonies.

Levrai paraît, rosesourire offert

Au

sage attentifqui jamais ne nie.

Orphée est près

du

sauleetsoncœurestouvert, Ouvertà tout le vrai, ouvert

A

l'ordre, lapaix, l'harmonie.

82

(85)

CHAM IV

LES FABLES D'ORPHÉE

(86)
(87)

36.

— UNE FABLE D'ORPHÉE

(( Premièrement, le temps : moteur del'Univers, Créateurincréé, vibration qui fonde.

Naissent

du Temps

(ceux-ci): leChaos etl'Ether.

Du

Chaos recevantl'Ether naît

l'Œuf du

Monde, Etchaquepoint vivantest

comme l'Œuf du

Monde.

Sedivisant, l'Œuf, le Cosmos, Dégagele subtil, le Ciel,

du

lourd, laTerre.

Ainsinaît

un domaine

à la Déesse-Mère.

Mais le

Démiurge

estEros.

((Erosî IIdispose avecharmonie

Sur

la frondaison

du

grandchêne ailé

Le beau voilepeintoùsontrévélés L'abîme vertd'Ogenetla Terrefleurie

85

(88)
(89)

37.

— UNE FABLE D'ORPHÉE

Devantelleflottant etparelleporté

Un

Péplos éternelcouvre l'Humanité Et la tienttissueen satrame ;

Etchaque

homme

est

un

fil

du

grandpeplos vivant,

Un

battementléger

du

grandrythme mouvant.

Un

refletmerveilleuxdel'immortelle

flamme

Parqui toutle peplos s'anime,

cœur

fervent, ^

Etbrilledel'intime ethaute ardeur de l'âme.

grand Peploshumain, vivant,

O

beauPeplosdefeu vivant.

-

87

-

(90)
(91)

38.

— UNE FABLE D'ORPHÉE:

LE PASSÉ MEURTRIER

Les Titans, lourd passé grognant. Bondis, Jeunesse, Etqu'ils s'écroulent soustafoudre vengeresse.

Dans

la caverne,

mal

veillé, dormait l'Enfant, Ledieu quidoitpayer son trône de son Sang.

Ils ont déchiréle corps del'Enfant, Ils l'ontfaitbouillir. Ils ont

bu

le Sang.

Maisle

cœur

leuréchappe et le

cœur

de l'Enfant

Reforme

sa substanceimmortelle et son Sang.

Roule la foudre stcroulent lesTitans.

Et

l'homme

estné des cendresdes Titans.

(92)

Cendres

du

lourdpassé, où brillepar parcelles Lasubstancedu dieu,Dionysosenfant.

dégage-toi, substance immortelle.

Cœur, échappe-toi. Renais, Dieu-Enfant.

90

(93)

39-

— ORPHÉE EXPLIQUE

Enseigne-nous.

Que

les mystères sedépouillent.

L'étrangèrePsyché se désoleet sesouille

Dans

notre corpsdepuis toujours souillé

Du

lourdlimondesTitans foudroyés

.

Lavetonâme, sans attendre

De

renaître à traversles douloureux méandres.

Ah

! lave-toi, pieusement, des lourdescendres.

Filsdes Titans etfils

du

dieu, purifie-toi.

Choisistonpère, ettendsversluitoncœur. Haut. Droit.

Etjette tes

démons

à l'immonde. Nais. Sois.

91

(94)
(95)

4o.

— L'ÉPREUVE POUR L'HARMONIE

pacte

harmonieux

des êtres,

Epreuve cedésirqueguide ton appel Et qui s'égareet

tombe

avantdeteconnaître.

pacte

harmonieux

desêtres,

Souffrirons-nouslongtemps de ne paste connaître ?

Amour

équilibré, lienqui lie auxancêtres, Souffrirons-nouslongtempsde ton obscur appel?

pacte

harmonieux

desêtres,

Une

coupeépandueen l'honneur desancêtres

Ne

suffit paspour que ton règne puisse naître.

-93-

(96)

Une

coupe épandue en l'honneurdes ancêtres

Ne

satisfait pas ton autel.

Ilfaut l'Ordre. Ilfautl'Harmonie.

Até, quinous aveugleetnous fait criminels, Qu'elle ôte denosyeuxson bandeaude folie;

Horcos, divin serment,violé,qu'on expie, Plutôt soutiens-nous, sermentsolennel.

Ilfaut l'Ordre. Il fautl'Harmonie.

Maisilfaut, attendant

que

tusoisobéie.

Daus

notrechaos tecraindre, Harmonie.

Etlourds,etgrossiers,il fautqu'on expie Lemalheurd'ignorerton spectre fraternel

Dont

lerythme parfait convie

A

chanterlesgrands chants

du

ciel.

Dis, auras-tu toujours besoin des Erinnyes? La fauteau criminelselie.

Le fouet des Gardiennes châtie Le parjure, parjure au pacted'harmonie.

Les ongles de ferdesHarpies.

Harmonie, Harmonie, Dis,auras-tu toujours besoindes Erinnyes

94

(97)

Et

du

sang des jeunes héros Quit'ontfait ledondeleur destinée?

Hautes

âmes

données

Etpour tonprogrès âmes moissonnées.

Tu

leurdonnespaix etrepos Parles triples moissons des îles Fortunées.

95

(98)
(99)

Ai.— le message CLOS

Lamelles puissantes del'or.

Survotre viergeéclat, le fugitifdélire Quireçutles secrets

du

rythmeetde l'accord

En

motslourdsderichesse obscure vients'inscrire.

Délire formulé, portedeshauts essors.

Ainsi segarde, Rituel, enlames d'or Pesantes, le sublime etfugitifapport.

Relis.Apprends les mots: Apprends à les redire, Porteletalismandes mots,

Mystérieux messageclos

Dont

plus tard, en péril,tu briserasla cire.

Ouvreta mémoire. Ecoute. Reçois.

Les motss'ouvriront, beaux fruitsmûrs, entoi.

-

97

(100)
(101)

42.

— LA SOURCE DE MÉMOIRE

«

Heureux

l'errantquipar l'image des mystères Vitlechemin, avant de descendre sousterre. »

ChezHadès, tu retrouveraslecyprèsblanc.

Ayant franchi des eauxmaudites, lourdes, noires.

N'ayant pointbu l'eaud'oubliance,*lourdeet noire,

Tu

retrouveras près

du

cyprèsblanc

Une

sourcequiterendral'ardeur deboire,

La

sourceoùreparaît l'eau

du

lacde Mémoire.

Tu

parleras aux monstres vigilants Quidoivent éprouver, hurlants, La soifd'ascensionque taprésenceatteste,

Carilfautque ta soifelle-même s'atteste.

C

99

BIBLIOTni:^'

(102)

Et tu diras auxgardiensvigilants:

« Jesuisfils dela terre et ducielscintillant Et

mon

origineest céleste. »

Et t'approchent de ton image, tu boiras.

Avant bu tu verras enfin!

Tu

reverras!

100

(103)

43.

— LES DEUX ROUTES

Devantl'errantsebifurquela route.

A

gauche, rouge. Bleueà droite. Doute.

De

laquelleentendrel'appel ?

Deux

routes. L'une monte, étroite, L'ouranienne, la hauteetbleue, ôfils

du

Ciel.

Maisla rouge, ôfils

du

limoncharnel.

S'ouvre, solcompact...

Deux

chemins. Lequel?

Fils

du

Ciel,connais-toi. Reconnais. Prends a droite.

lOI

(104)
(105)

44.

— LE VOYAGE DE L'AME

En

deux troupesvont les

âmes

des morts.

L'une s'attache, obstinée, à laterre ;

Autourde nous,lourde, affligée, elleerre.

Etl'autre, ausuret

prompt

essor,

Forme

deschœurs etdes rondes splendides

Dans

la lumièreoù vit pour letotal accord

Chaque

étoile etson

nombre

et son chantant essor.

Errant, errant, avoir

un

guide!

-

io3

(106)
(107)

45.

— LA COURONNE DE PSYCHÉ

Psyché voguant parmi les mille astreschanteurs, Mélodieusement aux septchants accordée, Chantera son bonheur, ayantété guidée:

« Je

me

suis envolée

du

cerclederigueur.

Du

cercle descendant des profondes douleurs.

Et rapidejesuis entrée

Dans

la

Couronne

désirée.

Ainsi

mon chemin

s'estouvert :

J'aitraversé le sein de Perséphone, Terrestre reinedesenfers:

Je m'élève. Cerclemontant. Passage ouvert. »

Souviens-toi de Psyché, naissant papillonclair, Et tu contemplerasle

mot

de feu : Couronne.

io5

(108)
(109)

CHANT V

LE CRATÈRE

DE DIONYSOS ET D'APOLLON

(110)
(111)

46.

— LES CHERCHEURS DE VÉRITÉ

La vérité! Dis-noustoutesles vérités.

Engraisse-nous

du

sang

fumant

detes pensées.

Tesdernières, dis-les

encore surpassées!

Cherche avecnous tes vérités.

Construis-nous quelque dieu que l'on puisse adopter.

Dis-noustoutela vérité, Orphée.

prophète des Thraces blonds,

De

quels prêcheurs barbus suivrons-nous les sermons,

Ceux

deBacchus, ceux d'Apollon?

109

(112)
(113)

47-

— LE RIRE D'ORPHÉE

Tu

lis. Pourquoi ton rire, Orphée?

Est-ce montrer cervellesibrouillée

Que

d'interrogerpoursavoir

A

quel autel suspendre sonespoir?

Deux

templesespacésqueles

hommes

séparent.

Là, c'estledieujoyeuxqui se livreauxdouleurs.

Le Dionysversquis'égarent

A

des poursuites parlesmonts ceintsde chaleur

Ceux

qui hurlent au son des instruments barbares

III

(114)

Ici, l'harmonieuxApollon, dieu songeur Quidans lapaix de sonorgueilleuserigueur Touche lalyre mesuréeet la cithare.

Nousinterrogeons pour savoir

A

quel dieu vouer notreespoir.

(115)

48.

— APOLLON L'HYPERBORÉEN

Quand

fermente par toi laPythie endélire

Tu

réfléchis la paixde sept

mondes

sereins.

Te chargeant

du

soucide conduireet d'instruire, Leseptuple fardeau delapesante lyre

T'accompagne, dieu blond, ohyperboréen.

dévorant,quirestes seulet teconsumes.

Dieu soumisà laPassion, L'or glorieux de tesrayons Eclaireuii

cœur

désertoù rêvel'amertume.

Ainsi, puissantetvagabond,

ii3

(116)

Universel témoinquisurveilleetdirige Et connaît lessecrètes loisdetoutvertige.

Ainsi règneet s'attriste Apollon, ledieu blond.

Harmonie

etlumière,il saitquele mystère

Dans

les veines

du monde

agit et se répand.

Assis surl'Omphalos, au centredela terre Et touchant desesmains cette vibrante pierre Quiportelevibranttrépied

du

sanctuaire,

Ledieu delphique, frémissant

Au

doublebattement

du

sol et de son sang, Tegouverneet s'unitàtonfrémissement.

Python,telluriqueSerpent.

Ainsi, surl'Omphalos, au centre delaterre,

Ecoutonsrésonneren notreplusprofond La rythmiquevibration

De

notresombre

cœur

solaire, et dela Terre.

114

(117)

49

DIONYS L'INFERNAL

MaiscetApollon souterrain,

Nous

reconnaissons au passage Lestigres fousde sonrougeattelage;

C'estle chefemportéparses bêtessauvages.

Oïoh! Crions son

nom

divin :

Bacchusaux cheveux deraisin.

Inépuisablecep, dontles fruitslourdsétalent Surle

monde

la sèveardente, le sang

mûr

Qu'il a puisé, profondément, augouffreobscur.

Dans

lesténèbresinfernales,

Dans

l'humide foyerdela vieinfernale.

(Là, son

tombeau

vit, sousl'Omphale.)

ii5

(118)

Le

nom

jaillidu beau sangcréateur.

Oïoh! Bacchus! Qu'il soit lamultipleclameur Répercutée etqui transmet son cri sauveur.

Ah

! ses sarmentsroux. qu'onles hache;

Sesbeauxbrasclairs, qu'onlesarrache.

Dans

le délirebouillonnant

du

dieu qui meurt

Que

naisse alors l'ivreclameur.

Le cridelibre forceneuve

Quivousfranchira,humaines épreuves...

Douleur divine, inépuisable fleuve

lajoie du

monde

s'abreuve.

Sangdela grandeVignepure, sang sauveur;

Sang qui couleradans le sang des mystes, Chargédefurieusejoie etdedouleur:

Toujours vaincu, tué, naissant, vainqueur;

Embrasé

detriomphe immortel, sang sauveur.

Sang du multiple Erosoùle désir persiste;

Sang dédié,pure boisson, oùcoexistent

Et serejoignent

l'homme

etle dieu; sang sauveur.

Sang,humidité chaude où ledésirpersiste.

ii6

(119)

'^Dionysdeux fois né, multiple Eros danseur,

^Nocturne

etlumineux,véridiqueettrompeur.

Dieufouqueguériral'apaisanteCybèle, Juvénileetbarbu, hostieetdieurebelle Quifait bondirdansles montagnessafureur.

117

(120)
(121)

5o.

— SOLITUDE D'APOLLON

Chef quecerne de feu désert son diadème, Dieujaloux

même

delui-même,

Violent

cœur

obscur Qui détruitce qu'il aime,

Brasier suprême oùtout sedisjoint, feu troppur.

L'homme

têtuqui tepoursuit,qui s'illumine

De

tasplendideet solitaireardeurdivine, Voiciquedéjàlecalcine

Ton

haleine danssapoitrine.

Il seconsume. Et veutencore. Et puis,

un

jour, Il trembleetn'oseplussejeterau délire.

L'homme

blessépar letorrideamour.

119

-

(122)

Sonregardqueta

flamme

sombreallaitdétruire S'en détourne et bientôt va suivre

un

autre cours.

Une

autre source, unefraîcheur, s'éveille et sourd

De

cecœur tropardent quetes rayonsdéchirent.

Et

l'homme

d'unseuldieu

comprend

trop tard,

un

jour, Qu'il ne veut plus mourirsouslepoidsdelalyre.

Etledieu solitaire etjalouxsent plus lourd L'inséparable poids delasublime lyre.

120

(123)

5i.

— LES COMPAGNES DE DIONYS

Millebouches : « Bacchus aux cheveuxderaisin! ((Dionysosde Thraceet dePhrygie l » lacchos, lechant qui marche en clairethéorie.

L'entoure deflambeauxetdesistresd'airain.

Etvers son chartraînéde fauves bactriens Roule

un

ardent cortègedefolie :

Les baladins savants en obscures magies, Les archersà l'œil bleuvenus

du

nordlointain, Les sages accourus desdésertsindiens

Etlabacchanteavideouvrantbouched'orgie.

Elleaccourt.

Les danseursenfiévrés parlaflûtephrygienne Font redoublercymbales et tambours.

121

(124)

Parlessommets, souslescouvertsdechênes,

Au

profond de la nuitvivanteet souterraine Qui préparelejour aprèslamort

du

jour,

Court ladansequeledieumène.

Cybèle des forêts, dont sonnent pourAttis les cris d'amour,

A

vu sescompagnons,

âmes

des

montueux

etvertsdomaines.

Quitterles frais festinsde rudesève et courir aux tambours.

LesCorybantes nus, entraînésdansla danseetle vacarme

Rythment du

fracas heurtéde leurs armes

L'appel des mainsetdes tambours Quiproclame, parmi les nocturnes alarmes, Larésurrectiondelavie et

du

jour.

Etla purifianteet sauvage Cybèle

Quise plaît augrand vent quifait mugirles monts,

Aux

cris des loups etdes lions;

Ladéessepuissanteetrebelle, Cybèle

Aux

vivifiantesmamelles ;

La rude

mère

naturelle dessecrets;

Cybèle,

Accompagne, la nuit, sous le bruit desforêts,

Dionys quidénoue enriant les secrets, Dionysos, x\utomne et Joie, Ivresse et Paix.

122

(125)

Dionysos, IvresseetPaix,

Automne

etJoie.

Quand

il combat leloup nocturne Hiver Sa mère l'accompagneetpleure,

Démèter

Dont

lapuissancecalmesedéploie

En

ordreclair

Sousles sagesmoissonsqui parentl'univers.

Lecortègenocturneagitant sa folie

Acclame Dionys deTraceet de Phrygie.

Et

l'homme

d'un seuldieuivreet mystérieux Seperddans l'extase.

Bouillant

comme

le vinténébreuxdans le vase D'or,

l'homme

d'un seuldieu Se perdtout entierdans la folleextase.

Tumultueuse, impersonnelle extase.

Dionys, rieur, impétueux, Apollon, pur et rigoureux,

Voyez, sousvotre

amour

terriblequi l'embrase, Se perdre

l'homme

d'unseul dieu.

123

(126)
(127)

5q.

— ORPHÉE ET LES DIEUX FRÈRES

Orphée estfils dApollon, ledieubloiid:

Les louves en folie enferont leur carnage...

Maissage.

Il n'estpas

consumé

par le feu d'Apollon.

Orphéeestfils delaThrace sauvage ;

Aux

templesle voici prêtrede Dionys..

.

Maissage, Le délire

du

sang nel'apas envahi.

Comme

l'enfanten quifleurissent, Inscritesdansson cœur, deux forcesquis'unissent.

125

(128)

Orphéeunitle double teu

De

la stricteharmonie et

du

cri furieux.

Il saitqu'étant né de deuxdieux

Ilsera le cratère où s'unissentlesdieux.

Sonchant proclameraleurschants mystérieux,

126

(129)

53.

— LES DORIENS ET LES THRACES

Etre deuxdieux vivant dansla clairelumière, Fraternelsetdifférents

Comme

sont la vigneet lelierre!. .

Comment

nepass'aimer, l'un de l'autre contents? vX^

Comment

ne pas sourireau miroirde son sang?

Comment, comment

se regarder avec colère?

Apollongarderales restesde son frère,

Bacchus Zagreus,tué parles Titans.

Vous

autres, dressez vos hainesfugaces, Vouez une

fumée

à

un

vengeurdivin,

127

(130)

Dionysosde Thrace, Apollonle Dorien Verront retombervoshaines fugaces.

Ilsnebriserontpasladouceurdeleurs liens

Pourlescombats des Doriens et des Thraces.

128

(131)

54.

— LA RENCONTRE SOUS LE PALMIER

Au

pied

du

palmier triomphal.

Tandisque Museset Satyres Frappenten leurhonneur lacordeet le métal LesMusagètessontunisetleur sourire Etenden ondes lumineusesleurempire.

Ettousdeuxsefontdonde leurssignes : lalyre Et la nébride, et lethyrseautomnal.

Semblable à quelqueroidontle règnes'avance, Etvêtu

comme un

personnaged'Orient, Sous lepalmier Dionysosestsouriant.

Devantlui, pur

comme

l'enfance,

129

(132)

Le noble jeune

homme

lauré, Apollon, portant l'oliviersacré,

Se drape avec décence.

Dionysosoffresa

main

Etcelle d'Apollon s'y pose.

Palmier,toiquiconsacres lesapothéoses Etl'immortalité des princesdeshumains, Jamaistun'a parétriompheplus serein.

Les mains desdieuxse sont unies.

Soistémoin; voicique naîtl'Harmonie.

i3o

(133)

55.

— LA PASSION DES DIEUX FRÈRES

Lequelest l'épi.

Lefils divin deladéesse, L'imageen quisereconnaissent Les épis mortels, qui renaissent?

Lequel est l'épi

Qui sera pétri

Pour

que

l'homme

soitnourri?

Lequel est tagrappe, Dansante ivresse,libresjeux.

Jeuneforce ravie aux dieux,

Image

etpuissance

du

feu?

i3i

(134)

Lequelestla grappe

Dont

lesang s'échappe

Pour

que

l'homme

soitjoyeux ?

Ainsi s'unissent Par lameuleetparle pressoir, Imagesdemortetd'espoir Les dieux offertsausacrifice.

l32

(135)

56.

— LE POÈME D'ORPHÉE

ou

L'ELLIPSE A LA COURONNE RAMENÉE

Quand

chanterons-nous tonpoème, Orphée?

Quand

lesdeux images

du

dieu, Phoïbosauxchants

harmonieux

Bacchos aux louvesdégrafées.

Quand

lesdeux dieux,

Dans

lecercle parfaitdes flambeauxd'hyménée

Accomplissantleur destinée, Surle

même

autel seront réunis

Comme

ils sont unisenleurfils,

Orphée.

a

i33

SrBLIOTHECâ

(136)
(137)

EPILOGUE

(138)

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