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Collection «Les Beaux Pays»

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Collection « Les Beaux Pays »

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I66 illustrations, dont six pleines pages en couleurs

i carte

L'embarquement.

Going on board.

Einsteigen.

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L'EGYPTE

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Leonard Cottrell L ' E G Y P T E

Arthaud

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DE CET OUVRAGE, LE CENT SOIXANTE-QUINZIEME DE LA COLLECTION « LES BEAUX PAYS », IL A ETE RELIE DES EXEMPLAIRES PLEINE TOILE BLANCHE SOUS LISEUSE EN COULEURS, ET DES EXEMPLAIRES PLEINE SOIE ORNES D'UN FER ORIGINAL DE G. GERBERT.

Q B. Arthaud 1965. Printed in France.

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I. Saqqarah. Tombeau de Ptahhorep.

Sakkarah. The tomb of Ptahhotep.

Sakkära. Der Grab des Ptahhotep.

2. La vallee du Nil.

The Nile Valley.

Das Niltal.

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3. Karnak. Les ob&lisques d' Hatshepsout et de Thoutmosis. Karnak. The obelisks of Hatshepsut and Thutmosis.

Karnak. Die Obelisken der Hatschepsut und des Thutmosis.

4. Karnak. Allie de betiersi qui conduit au Nil.

Karnak. The avenue of rams leading to the Nile.

Karnak. Widdersphinx- Allee.

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5. Felouques sur le Nil. Feluccas on the Nile.

Feluken auf dem Nil.

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6. La palette de Narmer (Musee du Caire).

The palette of King Narmer (Cairo Museum).

Narmer-Palette ( Kairo, Museum ).

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INTRODUCTION

Tous les pays sont uniques mais il en est de plus uniques que les autres. La France et l'Italie sont toutes deux uniques : pourtant, tel paysage italien ressemble a celui de certaines regions du Midi de la France. La Grande-Bretagne et les Pays- Bas sont uniques : neanmoins, un Hollandais trouvera un air de famille entre l'East Anglia et sa contree natale. L'Egypte, elle, ne ressemble a aucun autre pays au monde. Si, apres l'avoir connue, vous visitez une region differente, jamais vous ne pourrez dire : « Ceci me rappelle l'Egypte ! ».

Il ne pleut virtuellement pas en Egypte, et c'est pourtant une des regions les plus fertiles du globe. Le desert couvre quatre-vingt-dix pour cent de sa superficie, mais les dix pour cent restants furent le berceau de la plus longue civilisation de l'Histoire et ils subviennent encore aux besoins alimentaires d'une population consi- derable. La majorite de ses monuments, parmi les plus antiques, sont des tombeaux ou des edifices lies au culte des morts : neanmoins, nous sommes beaucoup mieux renseignes sur la vie des Egyptiens d'il y a cinq mille ans que sur celle d'autres peuples dont cinq siecles seulement nous separent.

Terre de paradoxes, l'Egypte est egalement une terre de contrastes : contraste entre la vallee verdoyante et l'infinie mer de sable offerte aux vents, deployant ses vagues jusqu'ä l'horizon vide; contraste entre le cosmopolitisme raffine du Caire moderne — palaces, magasins elegants, voitures de luxe, vetements haute couture — et les villages aux masures de torchis : les fellahs n'y ont pas change depuis les temps

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pharaoniques et ils travaillent encore les champs avec des instruments primitifs semblables ä ceux que representaient deja les fresques funeraires.

L'Egypte propose de la sorte a ses visiteurs une experience absolument unique partagee avec tous ceux qui, depuis des millenaires, ont ressenti l'appel de cette terre etrange; ils marcheront dans les pas d'un Herodote, d'un Pline, d'un Strabon, sans parier de l'innombrable et anonyme foule de pelerins parmi lesquels ces soldats ptolemaiques et romains dont, depuis deux mille ans, les noms restent graves sur les murs des sepultures royales.

Mais l'Egypte est aussi terre musulmane (on peut voir, au Caire, quelques-uns des plus beaux specimens de l'art et de l'architecture de l'Islam) en raeme temps qu'un des hauts lieux du Christianisme: la minorite copte est issue d'elements chre- tiens qui ont ete les fondateurs du monachisme et ont farouchement refuse de se convertir ä la foi de Mahomet. Les Coptes ont leurs monuments, leurs monasteres, leurs eglises (l'une d'elles, Saint-Serge, si l'on en croit une pieuse tradition, s'eleve a l'endroit meme oü Marie et Joseph, fuyant Herode, trouverent asile) ainsi qu'un admirable musee consacre ä Part copte.

L'amateur d'art et d'archeologie trouvera donc de quoi satisfaire amplement sa passion. Mais il existe d'autres joies : promenades en felouques sur le Nil, ou en caleches sur les routes, fläneries dans les souks, visite des villages. Les deux principales villes ont d'excellents hotels modernes, dont le nouveau Shepheards, le Hilton, le Semiramis pour ne citer que ceux-la, des clubs comme l'elegant Guezireh Club, des boutiques, depuis les magasins de style occidental ultra-chics jusqu'aux souks de la vieille ville. Pour occuper ses soirees, on a le choix entre toute une gamme de restau- rants et de boites de nuit, des plus sophistiques aux plus primitifs. Toutefois, ces derniers sont devenus relativement malaises ä decouvrir depuis que le nouveau regime a « liquide » quelques-uns de ces etablissements bien connus d'une precedente generation d'egyptophiles : les specialistes de la danse du ventre sont meme con- traintes de se produire en robe du soir et souliers a talons hauts ! Neanmoins, avec un peu de patience et un informateur averti, il est encore possible de parvenir ä ses fins.

Si la Republique a mis ainsi un terme ä certains divertissements particulierement libertins, elle a, par contre, ameliore les routes et autres moyens de circulation, facilite l'acces aux monuments les plus renommes et — ce n'est pas le moindre pro- gres — en a chasse les rabatteurs et les mendiants dont l'impitoyable acharnement etait un sujet d'irritation pour les touristes. En des sites comme Guizeh, des fonc- tionnaires en uniforme sont desormais la pour aider et, si necessaire, proteger le visiteur. Deplorons neanmoins que l'on n'ait pas trouve de meilleur nom ä donner a cet organisme compose de gens affables et courtois que celui de Tourist Police.

Quand on s'eloigne du Caire et des autres grands centres, pareille protection s'avere rarement necessaire; le paysan egyptien, lorsqu'il n'est pas corrompu par les villes, a generalement des manieres en tous points charmantes et un sens de l'humour indeniable. Ainsi, lors de mon dernier passage ä Louxor, j'ai eu l'occasion de remarquer cet avertissement affiche devant leur etal par les vendeurs de « repro-

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ductions » d'antiquites : Genuine imitation (imitation authentique); ainsi se plient-ils de bonne foi au reglement.

On doit toujours, en Egypte, s'attendre a l'inattendu. Seul, le ciel reste a peu pres immuable et — privilege insigne — d'une eclatante purete d'un bout a l'autre de l'annee, ou peu s'en faut. La coutume, fort prisee au xixe siecle et au debut du xxe, chez les Europeens fortunes, de passer l'hiver en Haute-Egypte, revient a la mode. L'epoque la plus favorable pour visiter l'Egypte se situe entre octobre et avril. A partir du mois de mai, il fait de plus en plus chaud, sauf sur la cote, et, pour la plupart des Europeens, juin, juillet et aoüt sont intenables. Pendant la journee, il est recommande de se vetir legerement et de porter une coiffure — le casque colonial n'est plus de rigueur. Apres le coucher du soleil, la temperature se rafraichit delicieusement sans devenir froide. En ce qui concerne la nourriture, malgre l'exis- tence au Caire de restaurants de premiere categorie, tant europeens qu'orientaux, le touriste moyen s'en tient ä une « cuisine continentale », d'ailleurs saine, mais insipide. 11 faut un certain esprit d'aventure pour gouter ä la veritable cuisine egyp- tienne qui peut cependant se reveler savoureuse ä condition de choisir son restau- rant avec soin et, si l'on est afflige d'un estomac delicat, d'eviter les salades et, d'une maniere generale, les crudites.

Un dernier mot ä propos du plan adopte ici. L'Egypte n'est pas un pays oü l'on peut aisement vagabonder au gre de sa fantaisie; la majorite des visiteurs pre- ferent recourir ä une agence specialisee qui se charge d'organiser leurs deplacements et de s'occuper des reservations; les « voyages organises » ont leur faveur.

Aussi, apres un prologue retragant brievement l'histoire de l'Egypte, le lecteur trouvera, en une serie de courts chapitres, la description des sites les plus celebres et les plus accessibles, ceux que le touriste moyen disposant d'un temps limite est susceptible de visiter. Cette description sera assortie de renseignements d'ordre pratique tendant a placer le touriste dans les conditions memes de son voyage.

En particulier, nous le mettrons en garde contre certaines visites qui necessitent un circuit difficile et fatigant ou dont l'objet se reduit ä des ruines informes, et, par cela meme, restent reservees aux specialistes. Toujours dans le but d'eviter la disper- sion, nous donnons parfois, en fin de chapitre, une liste selective de fresques ou de tombes.

L'ouvrage se termine par quelques notes sur Suez, la peninsule du Sinai et sur la Nubie, dont les monuments sont menaces par la construction du nouveau barrage d'Assouan (l'U. N. E. S. C. 0., d'ailleurs, s'emploie activement a sauver les plus importants, en particulier le temple de Ramses II a Abou Simbel).

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B R E V E H I S T O I R E D ' E G Y P T E

11 n'est pas un pays au monde, hormis peut-etre la Chine, oü le voyageur se sente aussi pres du passe qu'en Egypte. Perpetuellement preoccupes de 1'au-dela et des soins destines ä preparer la vie future, les Egyptiens de l'Antiquite nous ont laisse ä travers leurs monuments, leurs fresques et leur equipement funeraires, leurs sculptures et leurs inscriptions, une image si precise d'une civilisation morte depuis tant de siecles que nous en savons plus long sur leur compte en certains domaines que sur celui de nos propres ancetres.

C'est le hasard de la geographie qui permit ä la civilisation egyptienne de s'epa- nouir et d'acquerir sa personnalite. « L'Egypte, a-t-on pu dire non sans raison, est un don du Nil. » Loin au sud, dans l'Ouganda, le Nil Blanc jaillit des Grands Lacs qui, alimentes par les pluies equatoriales, font office de reservoirs. Plus au nord, il fait sa jonction avec le Nil Bleu et l'Atbara qui, grossis par les averses s'abattant sur les hautes montagnes d' Abyssinie pendant l'hiver, drainent des millions de tonnes de boue fertile, cette boue qui est la source de la miraculeuse fecondite de l'Egypte. Faute de cette impetueuse poussee des eaux, le Nil se perdrait dans les sables des deserts qu'il traverse. Et, sans la crue et la decrue annuelles, dues aux debordements du Nil Bleu et de l'Atbara, la boue ne se deposerait pas. C'est cette heureuse combinaison de facteurs qui permit aux premiers habitants de l'Egypte de s'etablir en nombre considerable, il y a de cela quelque six ou sept mille ans,

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le long des berges du fleuve. La, le gibier et le poisson etaient en abondance et, une fois inven'ee l'agriculture, la voie etait ouverte ä l'installation permanente, prealable necessaire au developpement de toute societe civilisee.

L'isolement constitua le second element favorable ä un tel developpement.

L'Egypte etait flanquee de dei-erts sauvages a l'est et a l'ouest, fermee au nord par la Mediterranee, au nord-est par la peninsule du Sinai. Les tribus de Nubiens et de Koushites qui vivaient au sud etaient primitives et ne constituaient pas un danger redoutable; les Egyptiens, plus civilises, purent les coloniser. La menace la plus grave venait du nord-est, de ce couk,:r littoral s'inserant entre la mer et le Liban, qui sera, plus tard, la route d'invasion traditionnelle de l'ennemi asiatique. Mais ce n'est qu'ä une periode relativement tardive de la longue histoire de l'Egypte que ce danger-lä se concretisa.

Les hommes qui, entre 5000 et 4000 avant J.-C., se fixerent dans la vallee du Nil, cultivaient le ble et l'orge qu'ils entreposaient dans des silos creuses ä meme le sable et dont les parois etaient interieurement revetues de jonc tresse. En outre, ils pratiquaient la chasse, la peche et l'elevage. Ces hommes, les archeologues les ont appeles Predynastiques car ils s'installerent avant l'avenement de la premiere dynastie pharaonique qui date de 3200 avant J.-C. environ. On les subdivise en un certain nombre de categories (Amratiens. Badariens, Tasiens, etc.) et, bien que leur niveau culturel semble avoir ete encore bien bas, ils furent sans nul doute les ancetres des Egyptiens civilises de l'äge dynastique. Leurs realisations (poterie, vases de pierre, palettes d'ardoises pour broyer les fards), meme celles qui remontent ä 4000 avant J.-C., presentent d'incontestables ressemblances avec l'art epanoui des temps dynastiques et les archeologues ont pu demontrer l'existence d'une ligne d'evolution continue allant de la fosse mortuaire a la pyramide de pierre en passant par le mastaba de briques de boue petrie.

Mais pourquoi toujours insister ; ur les tombeaux et les monuments funeraires ? Bien comprise, la reponse ä cette question nous donne la cle de la civilisation egyp- tienne : paradoxalement, ce n'etait pas par la mort que les Egyptiens etaient obsedes, comme l'ont cru Gautier et d'autres esprits romantiques du xixe siecle, mais par la vie. En egyptien, le mot « tombe » veut dire, et la chose est significative, « maison d'eternite ». Les Egyptiens croyaient en une existence post mortem ; mais ils s'en faisaient apparemment une idee fort precise et ils la preparaient en consequence.

Les rois, fils de Re, le dieu-soleil, passeraient l'eternite en compagnie des dieux, leurs pairs. Pour les nobles et les hauts dignitaires, la vie future ressemblerait de tres pres a celle dont ils jouissaient ici-bas. Quant au bas peuple, nous ne pouvons dire avec certitude ce que l'eternite signifiait pour lui; peut-etre l'extinction, a moins que les defunts n'eussent eu le privilege de continuer ä servir leurs mafcres dans la mort comme ils les avaient servis de leur vivant.

Les tombes nous fournissent de tres nombreuses indications sur la vie quoti- dienne dans l'ancienne Egypte : scenes sculptees en bas-reliefs, fresques peintes, modeles et objets sans nombre qui accompagnaient les defunts (vetements, mobilier, ornements, bijoux, armes, chars) attestent que les Egyptiens aimaient la vie et ne

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pouvaient imaginer une existence future meilleure et differente de celle qu'ils connais- saient sur terre.

Pourquoi alors consacrerent-ils plus de richesses et d'efforts ä bätir leurs tom- beaux qu'ä edifier leurs demeures ? On ne saurait repondre d'une maniere catego- rique; il semble que les Egyptiens soient arrives, a un stade tres precoce de leur evolution historique, a la croyance que la survie de l'äme, du ka ou du ba comme ils l'appelaient, dependait de la preservation du corps. Si la depouille materielle etait detruite, l'esprit perissait lui aussi.

Les problemes engendres par cet article de foi ne tarderent pas a se manifester de fagon concrete. Au debut, les corps, enfouis dans des fosses peu profondes, se conservaient bien dans le sable sec : des cadavres retrouves dans des fosses predynas- tiques ont encore souvent la peau et la chevelure intactes, malgre l'inhumation sans embaumement. Mais ces tombes pouvaient facilement etre pillees et profanees;

aussi, par la suite, les rois et les personnages importants furent-ils inhumes dans des puits tailles a meme la couche rocheuse sous-jacente et au-dessus desquels on erigeait ces edifices rectangulaires de boue petrie que les archeologues ont baptises mastabas.

Toutefois, dans ces conditions, le cadavre se decomposait : il fallut donc inventer l'embaumement. Mais une nouvelle difficulte ne manqua pas de surgir, touchant cette fois a l'equipement funeraire du defunt, roi, prince ou noble. A 1'epoque predynastique, quelques recipients d'offrandes alimentaires, quelques armes, une palette d'ardoise etaient suffisants. Puis les temps changerent; le pays naquit a l'unite avec, ä sa tete, un chef puissant dont les successeurs disposaient de vastes richesses.

Ceux-lä ne se contenterent plus d'un unique et somptueux caveau taille sous le mastaba et il devint necessaire d'adjoindre a ce caveau des chambres annexes pour y entasser mobilier, vetements, armes, offrandes.

11 faut, ici, revenir un peu en arriere pour voir comment se firent jour cette opulence et cette unite. Les primitifs qui, en 4000 avant J.-C., s'etablirent dans la vallee, constituaient des tribus independantes disseminees le long des rives du Nil.

Chacune avait son chef, sa divinite locale, dieu ou deesse. Le souvenir de cette division originelle se perpetua aux temps dynastiques sous la forme des nomes ou provinces. Mais les imperatifs geographiques, c'est-ä-dire la crue annuelle qui exigeait le creusement de canaux d'irrigation et l'edification de digues de retenue, durent imposer tres tot la cooperation des efforts. Le fleuve representait en outre, ä la fois, une puissante force d'unification et un moyen de communication pratique de la Mediterranee ä la premiere cataracte. Sur des fragments de poterie d'origine pre- dynastique sont figures des bateaux. 11 etait impossible que les tribus pussent vivre en s'ignorant les unes les autres. Sans aucun doute, des guerres les opposerent, des coalitions se formerent et, vers 3000 avant J.-C., le pays apparait divise en deux grands royaumes : la Haute-Egypte, qui s'etendait de la frontiere sud jusqu'ä la pointe du Delta, et la Basse-Egypte allant de la pointe du Delta a la mer.

Puis, en 3200, un puissant roi du sud, Narmer (le Menes des Grecs), lanca ses troupes ä l'assaut du Delta et imposa sa loi a l'ensemble du territoire. Le triomphe de

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Narmer est exalte sur la celebre palette de Hierakonpolis representant le roi, ceint de la double couronne de la Haute et de la Basse-Egypte, massacrant ses ennemis a coups de massue, dans l'attitude exacte qu'adopteront les pharaons ulterieurs.

Narmer est le premier pharaon sur le compte duquel nous possedions quelques renseignements, le premier homme a avoir place l'Egypte sous une auto rite unique.

Avec lui, s'ouvre l'ere des dynasties.

Un mot sur ces dynasties auxquelles se referent tous les traites d'egyptologie.

Apres Narmer, les pharaons continuerent pendant 3 000 ans a regner sur l'Egypte.

Les pretres ont consigne leurs noms, la duree de leurs regnes et quelques autres details. Au ive siecle avant J.-C., l'Egyptien Manethon composa une Histoire de l'Egypte, redigee en grec, dans laquelle il subdivisa la nomenclature des rois en trente dynasties, ou maisons royales. Sa liste n'est pas d'une exactitude irreprochable, son classement n'est pas toujours exempt d'erreur, il omit un certain nombre de dynasties; neanmoins, les historiens continuent a l'utiliser pour des raisons de commodite. (La liste de Manethon est reproduite en fin d'ouvrage.)

Lorsque Narmer realisa l'unite du pays, l'Egypte avait de)ä atteint un niveau eleve de civilisation, mais quatre siecles devront encore s'ecouler avant l'erection de la premiere pyramide. 11 existait un systeme d'ecriture primitif dont certains symboles etaient manifestement empruntes ä l'alphabet cuneiforme des Mesopota- miens. Ce n'est d'ailleurs pas la seule influence mesopotamienne que nous puissions deceler : les edifices de briques de boue aux fagades ä panneaux rappellent fortement les formes sumeriennes, qu'evoquent egalement certains motifs ornementaux, tels les animaux bicephales ornant la palette votive decouverte a Hierakonpolis. Ces influences ont pu parvenir en Egypte par la mer Rouge et Ouadi Hammamat, en Haute-Egypte.

Les pharaons des deux premieres dynasties se faisaient enterrer sous d'enormes mastabas de brique petrie, a Abydos, pres de leur vieille capitale de Thinis, et ä Saqqarah, pres du Caire, oü l'on peut voir certains temoins assez impressionnants recemment rendus au jour par le professeur Emery.

Bien que ces sepultures aient ete pillees dans l'Antiquite, il reste assez de frag- ments d'equipement et de mobilier funeraires pour attester de l'habilete des artisans egyptiens travaillant le metal, la pierre et le bois, habilete egale ä celle de leurs descendants de rage des pyramides, quelque cinq siecles plus tard. Les vases de pierre, en particulier, sont d'un goüt exquis; la tradition sculpturale de l'Egypte remonte a un age fort recule, bien anterieur a celui de l'architecture lithique monu- mentale. Les dimensions des constructions et les tresors dont elles furent jadis le receptacle indiquent en outre une concentration de la richesse entre les mains du roi et de ses dignitaires. La coordination de la main-d'ceuvre et des ressources eco- nomiques etait deja un fait en 3200 avant Jesus-Christ.

Quelques siec1es plus tard, Djeser, -le premier pharaon de la ine dynastie, renforga cette tendance en creant une nouvelle capitale a Memphis, ä une quinzaine

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de kilometres au sud du Caire, d'oü il etait en mesure d'exercer son controle sur les deux royaumes, celui du nord et celui du sud. Pres de lä, a Saqqarah, son architecte et vizir (premier ministre), le grand Imhotep, erigea, pour servir de sepulture ä son maitre, la celebre pyramide a degres.

L'entreprise etait sans precedent. A l'epoque, la construction de la pyramide a degres fut un exploit aussi revolutionnaire que, de nos jours, celle d'une centrale nucleaire. Nous la decrirons plus amplement dans la partie touristique de cet ouvrage;

il nous suffit de noter pour le "moment que les Egyptiens n'avaient pas encore pris conscience des possibilites architectoniques de la pierre. Ils utilisaient encore des parpaings a peine plus grands que les briques de boue petrie en usage jusque la.

Les piliers sont fascicules, reminiscence des faisceaux de roseaux employes pour le soutenement des constructions de briques. Les fagades de pierre et de torchis, a panneaux de bois, sont reproduites en pierre, de meme que les portes de bois.

Et pourtant, deux generations plus tard, sous la ive dynastie, les Egyptiens erigent la grande pyramide de Guizeh, composee de deux millions cinq cent mille blocs pesant chacun deux tonnes et demie environ; dans les galeries interieures, il y en a dont le poids atteint cinquante tonnes. Tous furent mis en place avec, pour seuls auxiliaires mecaniques, le levier, le rouleau et le plan incline. Voilä qui donne la mesure des progres accomplis par les Egyptiens en moins d'un siecle.

Ensuite, et pendant un millenaire, ils continuerent a elever des pyramides au-dessus des sepultures de leurs rois. En tout, il y en a plus de soixante-dix, echelonnees en bordure du desert occidental depuis Abou Roache au nord jusqu'ä Illahoun au sud, expression supreme de la majeste et de la puissance pharaoniques, qu'on les contemple depuis l'autre versant de la vallee ou, de pres, dans la lumiere aveuglante de midi quand leurs flancs enormes se dressent a l'horizon, telles les marches de quelque escalier celeste.

Tout autour des pyramides, et symetriquement distribuees, s'alignent des rangees entieres d'edifices plus modestes mais neanmoins splendides, les mastabas des dignitaires de la cour qui, apres avoir servi le pharaon sur terre, restaient ä ses cötes dans la mort sous forme d'esprits. Ce sont les bas-reliefs et les objets trouves dans ces tombes reservees a la noblesse qui nous laissent l'impression la plus vivante de ce que fut la vie sous l'Ancien et sous le Moyen Empire. Penetrer dans un mastaba bien conserve, comme celui de Tiyi ou de Mererouka, ä Saqqarah, c'est etre admis au sein d'un univers vieux de quatre ä cinq mille ans; et pourtant, la puissance des artistes egyptiens, morts depuis si longtemps, etait telle qu'on a le sentiment de connaitre presque aussi bien leur monde que le notre.

Ce monde, bureaucratique et hautement organise, constituait une pyramide administrative dont le pharaon etait le faite; au-dessous de lui s'etageaient toute une serie de fonctionnaires occupant la place hierarchique dictee par leur rang et leurs fonctions. Les nobles, pares de titres ronflants (Porteur de l'Eventail ä la Main Droite de Sa Majeste, Chambellan du Palais, Jardinier Royal, Tresorier, Chef de FArmee et de la Flotte) racontent sur leurs bas-reliefs ce que fut leur vie terrestre, une vie dont ils esperaient qu'elle continuerait dans l'au-delä. Ce

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n'etait pas par ostentation qu'ils faisaient ainsi reproduire les scenes de leur existence puisque aucun regard humain n'etait cense les contempler sinon celui des descendants du defunt et des pretres charges des offrandes funeraires.

Les scenes en question repondaient a une ordonnance pre-etablie; par exemple, on y voit generalement un festin : le dignitaire, peut-etre le vizir, en compagnie de son epouse aux elegants atours, recoit ses hotes, assis sur un siege eleve; des tables supportent des friandises rares, les serviteurs versent le vin tandis que des jeunes filles dansent au son des flütes, des tambours et des harpes. Ailleurs, on apporte les mets du banquet : gibier, quartiers de bceuf ou — nous en possedons un temoignage — des hyenes specialement engraissees pour la table du vizir. « Pate de foie d'hyene... » ! Etrange delice ! Mais qui sait ? C'etait peut-etre succulent ! Plus loin, un noble, en compagnie de son epouse, chasse dans les marais. Debout dans un leger esquif, il lance un bäton au milieu des oiseaux aquatiques; les oiseaux, surpris, s'envolent tandis que la femme a la taille svelte se cramponne aux jambes de son seigneur et maitre pour l'empecher de passer par-dessus bord. D'autres scenes celebrent la source de cette richesse : la terre. Des laboureurs se courbent sur leur täche, des paysans moissonnent les champs du maitre, foulent son raisin.

11 arrive que l'artiste introduise une touche profondement humaine dans ces fresques : un travailleur s'est endormi sous un arbre ä une branche duquel est suspendue une outre de vin; on voit aussi des jeux d'enfants, comme dans cette scene charmante reproduite dans le mastaba de Ptahhotep : un groupe de petits gar$ons assis s'amusent a essayer de se mettre debout en se tenant les pieds; la scene est surmontee d'une legende en hieroglyphes qui n'est autre que le dialogue suivant : Un des gargons :

« Eh ! Tu m'as donne un coup de pied ! » — Son camarade : « Je t'ai eu ! » Voici un autre dialogue entre un jeune gargon et un vieil homme, tous deux en train de confectionner des cordes : « 0 ! robuste adolescent, apporte-moi les cordes ! — Voici la corde, 6, mon pere ! »

Dans une scene du tombeau de Mererouka, vizir du premier roi de la vie dynastie, un laboureur interpelle un de ses compagnons en ces termes : « Oü es-tu donc passe, lambin ? », tandis que le contremaitre s'exclame : « C'est de la tres belle orge, compagnon ! »

De telles figurations, pour lesquelles l'artiste inconnu a brise l'ecorce de la convention religieuse, nous rapprochent de cet univers depuis si longtemps retourne a la poussiere et nous donne, des Egyptiens, une image pittoresque, vivante et humaine. Mais il y a un autre enseignement ä en tirer : une teile liberte d'expression semble etre la preuve, de la part des grands personnages qui ont commande ces ceuvres, d'une humanite fonciere dont on trouve rarement trace dans les monuments funeraires des autres civilisations a l'existence relativement breve de Babylonie et d'Assyrie.

Cette particularite s'explique peut-etre par le fait que, pendant les quinze pre- miers siecles de leur histoire, les Egyptiens ont echappe a l'obligation d'avoir a defendre leur sol ou a etendre leurs frontieres. Ils beneficiaient d'une terre feconde en etat de renouvellement perpetuel; la seule contrainte a laquelle ils devaient se

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LES B E A U X PAYS Titres disponibles parus dans cette collection Jean Chagnolleau ANGOUMOIS

Charles Baussan ANJOU Louis Papy AUNIS ET SAINTONGE

Eugene Susini AUTRICHE

R. Ritter BEARN, BIGORRE COTE ET PAYS BASQUE

Georges-H. Dumont BELGIQUE (Bruxelles, Pays Wallons)

A. Van Der Essen A. Mabille de Poncheville BELGIQUE : LES FLANDRES

Louis Desgraves BORDEAUX (Cöte de Beaute, Cöte d'Argent)

H. Drouot et H. Forestier BOURGOGNE, MORVAN

Auguste Dupouy BASSE BRETAGNE

Jacques Levron CHATEAUX ET VALLEE

DE LA LOIRE Pierre Borel COTE D'AZUR

Pierre Morel CORSE Yves Bottineau

L'ESPAGNE LE PORTUGAL Y. et E.-R. Labande

FLORENCE NAPLES ET LA CAMP ANIE

ROME Paul et Germaine Veyret GRENOBLE ET SES ALPES

J. et G. Roux LA GRECE B. Champigneulle ILE DE FRANCE

A. t'Serstevens ITINERAIRES DE LA GRECE CONTINENTALE

Gabriel Faure JARDINS DE ROME

et campagne romaine AUX LACS ITALIENS RIVIERA, de Vintimille ä Pise

VEN1SE

Maurice-Pierre Boye JURA - FRANCHE-COMTE

BELFORT Jacques Boussard LONDRES

Claude Gerard LA LORRAINE Robert Latouche MAINE, PERCHE

et leurs chäteaux Raymond Escholier MES PYRENEES de Gavarnie au Canigou

A. t'Serstevens MEXIQUE, PAYS A TROIS ETAGES

Roger Frison-Roche MONT BLANC aux sept vallees

Marcel Brion OMBRIE LA PROVENCE

Andre George PARIS A. t'Serstevens L E PERIPL E DES ARCHIPELS GRECS

Jacqueline Jacoupy POITOU H. Ferrand et P. Guiton

LA ROUTE DES ALPES FRANgAISES

Paul Guiton ROUTES DES PYRENEES

Paul Guichonnet SAVOIE Pierre du Colombier

SIENNE ET LA PEINTURE SIENNOISE

Julian Huxley SPLENDEUR ET MISERE

DE L'ORIENT Robert Mesuret TOULOUSE ET LE HAUT-LANGUEDOC G. Van der Kemp et J. Levron VERSAILLES, TRIANONS

E. et R. Chevallier VILLES D'ART DE L'ITALIE CENTRALE

(Emilie et Romagne)

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