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Guide du candidat au concours ÉVOLUTION. ADMISSION EN 1 re ANNÉE : BAC+2 VALIDÉ ADMISSION EN 2 e ANNÉE : BAC+3 VALIDÉ

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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ÉVOLUTION

LONDON CHICAGO CHAMBÉRY

BORDEAUX GENÈVE MONACO

PARIS / / / / / /

ADMISSION EN 1

re

ANNÉE : BAC+2 VALIDÉ

ADMISSION EN 2

e

ANNÉE : BAC+3 VALIDÉ

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L’INSEEC BUSINESS SCHOOL :   ADMISSION PARALLÈLE    

   

   

Traditionnellement, l’admission à l’INSEEC Business School se fait par voie d’un concours réservé aux candidats des Classes préparatoires économiques et commerciales (Banque BCE).  

 

Le concours INSEEC EVOLUTION permet cependant aux étudiants qui ont suivi une autre filière (DUT, BTS, Licence, autres diplômes visés ou titres certifiés) de se porter candidats à l’admission parallèle.  

 

Concours INSEEC EVOLUTION 1 : Les titulaires ou futurs titulaires d’un BAC+2 sont habilités à se présenter au Concours d’Admission en 1ère Année (niveau L3).  

 

Concours INSEEC EVOLUTION 2 : Ouvre l’admission directe en 2ème Année (niveau M1) aux titulaires ou futurs titulaires d’un BAC+3.  

   

LES ÉPREUVES DU CONCOURS INSEEC EVOLUTION

 

Les épreuves (écrits et oraux) se déroulent sur une seule journée, à la date de session et sur le site choisi par le candidat. Un entraînement facultatif et gratuit est proposé dans la semaine qui précède chaque session de concours (date et horaire précisés sur la convocation).  

 

Les épreuves sont identiques pour les concours ÉVOLUTION 1 et 2. Néanmoins, les sujets des épreuves écrites sont différents et le niveau d’exigence est plus élevé pour les candidats du Concours ÉVOLUTION 2 lors des épreuves orales.  

 

è ÉPREUVES ÉCRITES : coef. 20  

  - Synthèse de documents   coef. 10   durée : 2 h     - QCM algébrique et logique   coef. 5   durée : 1 h       - QCM de langue anglaise  

   

è ÉPREUVES ORALES : coef. 20  

coef. 5   durée : 1 h    

- Entretien individuel   - Question de culture générale ou  

coef.10   préparation : 0 mn   durée : 15 mn     sujet d’actualité   coef. 5   préparation : 20 mn   durée : 15 mn     - Entretien en anglais   coef.5   préparation : 0 mn   durée : 20 mn  

 

Communication des résultats par lettre individuelle, au plus tard 15 jours après chaque session.  

 

Le candidat choisit alors librement d’intégrer l’INSEEC Business School à Paris, à Bordeaux ou à Chambéry.

 

Pour connaître les dates des prochaines sessions, le montant des frais d’inscription et pour

télécharger le dossier de candidature, rendez-vous sur http://www.inseec-bs.com

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SYNTHÈSE DE DOCUMENTS

   

Coefficient : 10    

 

DUREE : 2 h    

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Les relations sino-américaines sont-elles à l’origine de nouveaux conflits et désordres internationaux ?  

 

Vous  présenterez  une  synthèse  de  l’ensemble  des  documents  proposés  à  votre  lecture,  en  rapportant  les   informations  essentielles  aussi  objectivement  que  possible  selon  un  plan  cohérent.    

 

Vous êtes également invités à faire part de votre opinion et de vos connaissances personnelles, tout au long de votre développement, en apportant une réponse argumentée à la question posée.  

           

Document 1 : Etats-Unis / Chine, vers une nouvelle guerre froide ? B. Khabou, L’Express, le 15/03/2010  

 

Document 2 : La Chine se cabre face aux Etats-Unis.  

J. Zylberstein, Affaires Stratégiques, le 29/03/2010    

 

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Document 1  

Etats-Unis – Chine : vers une nouvelle guerre froide ?    

Plus d’un an après l’éclatement de la crise financière aux Etats-Unis, la récession mondiale qu’elle a provoquée n’a pas empêché la Chine et d’autres pays émergents de maintenir un rythme relativement élevé de croissance. En revanche, elle ne cesse de détruire les emplois et dégrader de manière alarmante l’endettement public en Amérique du Nord et en Europe.

 

 

L’année 2009, marquée par la concertation pour la sauvegarde du système financier international et les relances étatiques de l’activité économique, a vu ainsi se distinguer deux blocs : 1) celui, piloté par les Etats-Unis, des pays développés mais surendettés, s’employant tant bien que mal à atténuer les impacts de la crise. 2) le bloc, mené par la Chine, des pays nouvellement industrialisés, faiblement endettés et disposant de ressources à même de stimuler leur croissance par une demande intérieure non encore suffisamment soutenue (Pékin prévoit une croissance économique de 8% pour 2010). Ce nouveau contexte, chargé d’incertitude sur le retour de la croissance mondiale, ne manque pas de précipiter, en 2010, un début de dégradation des relations sino-américaines. Le temps du rapprochement entre ces deux pays et l’image de Barack Obama en novembre dernier cheminant sereinement sur la grande muraille de Chine, semblent déjà loin après les tensions récentes autour du Yémen, de Taiwan ou du Tibet et surtout l’opposition persistance de la Chine au projet occidental de sanctions énergétiques contre l’Iran. Faut-il y voir de simples tensions conjoncturelles ou le retour du spectre d’une nouvelle guerre froide entre les Etats- Unis et, cette fois, la Chine, comme annoncé déjà au début de l’ère néo-conservatrice de l’ancienne administration américaine ? Décryptage.

 

 

"Qui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant." Lao-Tseu.

 

 

"La présidence d’Obama est comme conduire un train plutôt qu’une automobile : un train ne peut pas choisir sa route, son conducteur peut au mieux ajuster sa vitesse, mais, au bout du compte, il doit rester sur les rails." pouvait-on lire, il y a quelques semaines, dans un article présentant les récentes tractations américaines avec le régime Yéménite comme une odyssée visant la Chine. Derrière la guerre contre Al Qaïda et la prévention du risque d’émergence d’un nouveau front de résistance chiite au Yémen, sur le modèle du Hezbollah, c’est la militarisation des voies navigables stratégiques dans l’océan indien qui intéresse les grandes puissances, précise un autre observateur.

 

 

Après les deux guerres engagées, suite aux attentats du 11 septembre 2001, par les néo-conservateurs états-uniens en Afghanistan et en Irak et l’autorisation des deux opérations essentiellement "civilticides"

d’Israël au Liban et à Gaza, l’administration Obama semble passer à une nouvelle étape : serrer l’étau autour du géant émergent qu’est la Chine.

 

 

On peut être tenté de croire à de simples tensions conjoncturelles dues à l’approche du rendez-vous important pour l’administration Obama que sont les élections de mi-mandat de novembre prochain, dans une période de crise économique sans précédent, ou encore au dialogue de sourds, sur fond d’intérêts énergétiques et géopolitiques divergents, entre les Etats-Unis et l’Iran au sujet de son projet nucléaire. Mais il faut bien admettre que la Chine qui fait sienne une politique de long terme, pragmatique et très mesurée, ne peut laisser s’exercer indéfiniment la pression américaine sans veiller à faire respecter certaines "lignes rouges" ayant trait à ses intérêts géostratégiques (approvisionnement en ressources énergétiques et matières premières, sécurité du commerce maritime) ou d’unité nationale (cas de Taiwan et du Tibet, troubles ethniques comme ceux de juillet dernier dans la province de Xinjiang).

 

 

La réalité est que les tensions actuelles sino-américaines ne peuvent s’expliquer par les seuls facteurs conjoncturels. La Chine se présente, en effet, comme une puissance capitaliste rivale, dotée d’une économie de marché appelée à être de plus en plus performante. Si l’on ajoute le fait que l’empire du Milieu constitue désormais le premier exportateur mondial et le premier créancier des Etats-Unis, on comprend alors le dilemme dans lequel se trouve l’administration américaine. A l’évidence, l’objectif structurel majeur

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sans doute la seule nation capable à terme de disputer ce leadership aux américains, dans le rang d’une puissance intermédiaire à l’instar de l’Inde ou du Japon.

 

 

Le récent changement d’attitude de l’administration Obama vis-à-vis de la Chine tient à d’autres enjeux liés à deux lignes de fracture stratégique fondamentales entre ces deux puissances. La première fracture concerne le devenir des relations sino-américaines au terme de la montée en puissance de la Chine.

Autrement dit, la Chine doit-elle être considérée par Washington comme un partenaire stratégique ou un concurrent stratégique ? C’est probablement la réponse par cette deuxième partie de la question qui semble avoir été déjà tranchée par Washington, alors que le but géostratégique de la Chine, selon un document interne au PC chinois de mars 2001, est de "contrer le développement de l’hégémonisme et de la loi du plus fort." Concrètement, l’objectif de la Chine] est, dans un premier temps, non seulement de récupérer Taiwan, l’île rebelle, pour des raisons autant économiques que politiques, mais aussi, dans un deuxième temps, de distendre les liens protecteurs entre les USA et leurs deux principaux alliés asiatiques : la Corée du Sud et le Japon. Dans un troisième temps, la Chine entend reprendre la maîtrise du Pacifique, commerciale et militaire.

 

 

Par ailleurs, en soutenant à bout de bras le régime de Pyongyang, la Chine vise "la création d’une Corée réunifiée sous la houlette chinoise, avec un système « capitaliste autoritaire » comme à Hong-Kong.

L’objectif américain est apparemment proche, mais totalement inverse : la création d’une Corée unique, puissance économique et militaire conséquente, sous hégémonie américaine. Le but des USA est clair : intimider la Chine et la contenir par trois « révolvers » et concurrents braqués contre elle, le Japon, la Corée et Taiwan. Pékin, vis-à-vis de ces Etats essaie de jouer de l’argument de la « solidarité ethnique » des Asiatiques face aux Occidentaux".

 

 

L’autre fracture stratégique, corollaire de la première, a trait à la domination des couloirs navigables de l’océan indien reliant le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est et l’Afrique avec l’Europe et les Amériques. L’océan Indien possède quatre voies d’accès cruciales facilitant le commerce maritime international, à savoir le canal de Suez en Égypte, Bab-el-Mandeb (longeant Djibouti et le Yémen), le détroit d’Ormuz (longeant l’Iran et Oman) et le détroit de Malacca (longeant l’Indonésie et la Malaisie). Ces « points d’étranglement » sont primordiaux pour le commerce mondial du pétrole puisque d’énormes quantités de pétrole passent par ceux-ci. En obtenant de Sanaa la construction d’une base militaire sur l’île Socotra au large du Yémen, les Etats-Unis renforcent leur domination des couloirs de navigation de l’Océan Indien et envoient un message fort à la Chine qui se sent de plus en plus sous pression dans cette région, d’autant plus que l’Inde y est un allié stratégique des Etats-Unis. Quant au Pakistan, il se trouve pris dans le tourbillon de la guerre aux Talibans et l’impératif de se ranger derrière Washington, même si ses liens avec la Chine sont importants pour faire contrepoids à ce qu’Islamabad perçoit comme une hégémonie indienne. Du coup, la Chine ne peut non plus maîtriser le passage vers le golf persique via l’Asie centrale et le Pakistan.

 

 

Dés lors, on comprend les enjeux de l’opposition persistante de la Chine au projet de sanctions énergétiques contre l’Iran, seul pays pétrolier du Moyen-Orient à ne pas s’être encore rangé sous la houlette occidentale, malgré l’assurance des Etats-Unis et de leurs alliés arabes du Golf (principalement l’Arabie Saoudite) à garantir à l’empire du Milieu l’approvisionnement supplémentaire en pétrole en cas de sanctions.

 

 

Ces fractures stratégiques expliquent en grande partie la formidable croissance du budget militaire Chinois au cours des dix dernières années (plus que 10% par an), orienté essentiellement vers les forces balistiques, maritimes et nucléaires. Elles constituent aussi le soubassement stratégique du discret soutien par Pékin de la Corée du Nord et de l’Iran, les deux derniers états à faire partie de « l’Axe du Mal » aux yeux de l’Amérique.

 

 

B. Khabou

   

 

 

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Document 2  

La Chine se cabre face aux Etats-Unis  

 

Les relations entre les Etats-Unis et la Chine sont de plus en plus mauvaises. Si les origines de la tension ne datent pas d’hier, la résistance opposée par la Chine à des sanctions internationales contre l’Iran se situe désormais au cœur de l’opposition entre les deux pays. Pékin juge ces sanctions de nature à compromettre sa sécurité énergétique et pense aussi qu’elles nuiraient à son image.

 

Aussi Hillary Clinton bat-elle la campagne pour obtenir de Pékin qu’il assouplisse sa position. D’où la visite de la secrétaire d’Etat en Arabie saoudite, les 15 et 16 février. Le but ? Inciter Riyad à accroître ses livraisons de pétrole à la Chine. A Washington, le 14 février, le vice-président Binden a dit compter sur la Chine pour qu’elle appuie les sanctions. Le même jour, le conseiller à la sécurité nationale, Jim Jones, évoquait l’appui chinois aux pressions sur la Corée du Nord, concluant qu’une puissance responsable comme la Chine ne saurait agir différemment avec l’Iran. Tout ceci suivait un communiqué de la Maison Blanche aux termes duquel la Russie soutenait maintenant le principe des sanctions à l’inverse de la

 

Chine, toujours réticente.

 

La crise financière n’a pas amélioré les relations entre les deux pays. Les spécificités de leurs économies comme leur évidente complémentarité rendent les frictions inévitables. Les Etats-Unis sont le premier client de la Chine qui leur a vendu en 2009 des biens pour 220 milliards de dollars, soit 18% du commerce extérieur chinois. Dans le même temps, les ventes de Washington à la Chine se sont élevées à 77 milliards. Résultat, Pékin a accumulé 2,39 milliers de milliards de dollars dont un tiers est investi en bons du Trésor US. La banque fédérale des Etats-Unis a donc pu maintenir très bas ses taux d’intérêt, et les importations en provenance de Chine se sont poursuivies comme si de rien n’était. Toutefois, cette interdépendance économique et financière ne va pas sans désagréments. En septembre 2009, l’administration Obama a relevé les droits sur les pneus chinois. De multiples querelles ont surgi au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le risque existe de voir ces disputes dégénérer en une spirale de mesures protectionnistes réciproques.

 

En matière de défense, la confiance fait défaut. Les capacités militaires de la Chine vont croissant; sa réussite économique facilite la réforme de l’outil de défense et sa dotation en matériels modernes. Les voisins s’en inquiètent. D’un autre côté, la puissance navale américaine est source d’interrogation à Pékin quant à la sécurité de ses routes maritimes d’approvisionnement. De plus, les liens défensifs étroits qu’entretient Washington avec le Japon, la Corée du Sud, Taïwan… irritent la Chine. Des conversations entre militaires chinois et américains ont été annulées en 2008 quand George W. Bush a vendu pour 6 milliards d’armes à Taïwan; reportés en 2010, ces entretiens ont été à nouveau suspendus et pour les mêmes raisons.

 

Ces soucis d’ordre stratégique interfèrent maintenant avec les questions commerciales. La Chine menace de sanctions les entreprises américaines concernées par les ventes d’armes à Taïwan, une mesure sans précédent. Les restrictions apportées par Pékin à l’utilisation d’internet ne favorisent pas non plus la détente, tout comme, d’ailleurs, les critiques américaines de la politique chinoise au Xinjiang et au Tibet, encore aggravées par la rencontre Obama-Dalaï-lama du 18 février. Là-dessus s’est greffée la controverse à propos du programme nucléaire iranien. La Chine s’oppose aux sanctions contre Téhéran. Elle n’a participé aux conversations des 5+1 qu’à un très bas niveau. La Chine, il est vrai, importe 51% du pétrole qu’elle consomme et l’Iran est son troisième fournisseur. Une aggravation de la situation au Moyen-Orient pourrait inciter Téhéran à s’en prendre au détroit d’Ormuz par où transite la moitié du brut importé par Pékin. De son côté, Téhéran achète de plus en plus d’essence chinoise et les sanctions concerneraient justement l’essence, talon d’Achille d’un Iran dépourvu de raffineries en état de marche. Ces sanctions induiraient aussi des conséquences fâcheuses pour les compagnies chinoises de prospection pétrolière en Iran. Punir ce pays est jugé à Pékin très inopportun.

 

La Chine veut défendre sa réputation, celle de protecteur du tiers monde et de contrepoids face aux

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humanitaires, de maintien de la paix ou de lutte contre les pirates…La Chine représente une alternative possible aux Etats-Unis. Si Pékin consentait à punir l’Iran, ce vibrant adversaire de l’Oncle Sam, de nombreux pays en Amérique latine, en Afrique, en Asie du Sud-Est, seraient amenés à réorienter leur politique étrangère. A l’inverse, en traînant les pieds sur la question des sanctions, Pékin prolonge les difficultés des Etats-Unis et se donne un espace de manœuvre pour atteindre ses propres objectifs, intérieurs et internationaux.

 

Problème pour la Chine: elle n’a guère les moyens d’influencer les Etats-Unis, hormis des contestations commerciales et ses achats de bons du Trésor US; pire encore, l’emploi de ces deux outils pourrait se retourner contre elle. Pékin peut à la rigueur interférer dans les négociations russo-américaines ; il peut opposer son veto à une résolution des Nations unies instituant des sanctions contre l’Iran, à condition de ne pas encourir un retour de flamme de la part de Washington. Les Etats-Unis, en effet, ont la possibilité d’exercer des pressions économiques sur un «empire du Milieu» très sensible à des troubles internes d’ordre économique. La loi américaine qui a permis d’admettre la Chine dans l’OMC confère à Washington le droit d’exercer des représailles commerciales au cas où les exportations chinoises constitueraient une menace pour les producteurs américains.

 

 

Même le fait pour la Chine d’être le principal créditeur des Etats-Unis ne constitue pas un levier très efficace. Le dernier pointage effectué en décembre 2009 montre que la Chine possède 755 milliards de dollars en bons du Trésor américain, soit 6% de la dette des Etats-Unis, trop peu pour exercer un quelconque chantage. Les destins de la Chine et des Etats-Unis sont inextricablement liés. Ces pays vont devoir s’entendre sauf à se lancer dans des affrontements où ni l’un, ni l’autre, n’aurait le dessus. La tension peut croître, elle ne dégénérera pas en un conflit ouvert. L’intérêt supérieur des parties s’y oppose.

Depuis Sun Si, la stratégie chinoise réfute tout affrontement direct. La bombe atomique iranienne, si elle voit le jour, ne mériterait d’ailleurs pas de se battre à son propos! Elle n’aurait, en effet, pour Téhéran, pas d’autre utilité que la satisfaction, vite oubliée par son opinion publique, de voir l’ex-empire perse accéder au rang de puissance nucléaire. Washington et Pékin peuvent bien se disputer, ils n’ont pas intérêt à s’opposer durablement et systématiquement l’un à l’autre.

 

 

J. Zylberstein

 

 

     

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INDICATIONS DE CORRECTION

 

Par Jean-Marcel JAMMET

   

 

La note de synthèse du concours d’entrée de l’INSEEC Business School  

Si, dans la pratique, la note de synthèse est un moyen de communiquer l’information - elle fait ressortir en quelques lignes les éléments principaux d’un épais dossier, évitant au destinataire de les chercher lui-même -, elle est aussi l’épreuve reine des concours d’entrée, tant publics que privés.  

 

Elle consiste alors à vérifier l’aptitude du candidat à étudier les éléments d’un dossier, à en analyser le contenu, et à rédiger ; ne mesurant pas la culture générale du candidat, elle ne demande aucune révision particulière.  

 

C’est particulièrement pour cette dernière raison qu’elle a été retenue par l’INSEEC Business School, soucieuse de permettre aux candidats de mettre en valeur leurs qualités d’expression écrite, sans pour autant les surcharger d’un bachotage supplémentaire, mal venu en période d’examen.  

 

Autre particularité de la synthèse à la mode INSEEC Business School : le candidat est invité à aller au-delà de la simple reprise d’informations fournies par le dossier qui lui est soumis, et à donner son avis, en exprimant, éventuellement, des choix argumentés.  

 

Enfin, le nombre de mots employés n’est pas limité, et la citation constante des textes et auteurs n’est nullement obligatoire.  

 

En résumé, l’INSEEC Business School veut offrir ici au candidat toutes les opportunités de se mettre en valeur, en lui laissant la plus grande latitude possible pour ce faire.  

 

Le dossier proposé ne comporte aucune difficulté technique particulière ; composé d’articles, de points de vue, il porte sur un sujet d’intérêt général, social, culturel, etc. Pour plus de précautions, il est préalablement testé auprès d’étudiants de même niveau et de même formation.  

 

Disposant à l’origine des mêmes atouts - les éléments du dossier -, les candidats se verront départagés par leur mise en valeur et leur utilisation. L’adoption d’un plan rigoureux est, à cet égard, indispensable, et s’est à chaque fois révélée payante.  

   

Principes et conseils généraux    

 

Au cours des années écoulées, le jury s’est toujours retrouvé sur un certain nombre de principes,

qui peuvent se traduire en quelques conseils et remarques simples, tirés des meilleures copies,

celles qui ont permis à leurs auteurs d’intégrer la famille INSEEC Business School.  

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1/ Prenez le temps de lire attentivement l’énoncé du sujet, ainsi que les documents du dossier, en repérant les mots-clés, qui vous permettront de dégager les principaux éléments. Souvenez-vous qu’une synthèse n’est pas un résumé ou une contraction de texte,

mais un choix, et que seuls les éléments déterminants doivent être retenus, alors que les éléments secondaires ou superflus seront éliminés.  

 

2/ Établissez alors un plan détaillé, qui vous servira de brouillon, en vous efforçant d’avoir deux

parties, et deux sous parties. Trois parties sont également possibles, mais n’allez pas au-delà, sous peine de tomber dans le catalogue. N’hésitez pas à vous servir du plan suggéré : synthèse, puis opinion personnelle, en « déguisant » habilement ce plan bateau, par des intitulés bien choisis, qui attirent l’attention du lecteur, et exposent de façon frappante votre problématique.  

 

Vous risquez toutefois, si vous choisissez de faire des apports personnels (connaissance, opinion), de vous trouver face à un déséquilibre important : vous aurez sans doute plus de choses à dire en synthèse que dans la partie expression personnelle.  

 

Pour pallier cet inconvénient, partez d’un plan simple (avant/après, pour/contre, problème/solution), toujours en l’habillant d’intitulés clairs et frappants, puis mêlez, à l’intérieur de chacune des deux parties, la synthèse proprement dite (A/, 1ère sous-partie), puis vos apports personnels (B/, 2nde sous-partie).  

 

Vous conserverez ainsi, ce qui est essentiel, un véritable équilibre entre vos deux grandes parties, même si elles sont un peu déséquilibrées à l’intérieur.  

 

3/ Commencez aussitôt après à rédiger l’introduction, mais au brouillon. C’est elle qui va

donner au correcteur sa première impression, si importante, sur votre travail. Il convient donc d’en soigner tout particulièrement la présentation, en évitant ratures et surcharges : donnez l’envie de vous lire. Après avoir repris le sujet, vous exposerez votre problématique, et ne manquerez pas d’annoncer votre plan, en reprenant les intitulés de vos parties.  

 

4/ Dans le même esprit, faites un brouillon de votre conclusion, qui, brève, ne doit pas être

une simple redite, et ne doit en aucun cas être une troisième partie déguisée. Il est bon de conclure par une ouverture sous forme interrogative.  

 

5/ Une fois l’introduction recopiée, rédigez directement votre développement : ne perdez

pas de temps à faire d’autres brouillons. Ne manquez pas de faire des transitions aussi souvent que nécessaire. Enfin, laissez-vous quelques minutes pour vous relire, afin d’éliminer fautes d’orthographe et redites.  

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CORRIGE

 

Les relations sino-américaines sont-elles à l’origine de nouveaux conflits et désordres internationaux ?  

   

Ce corrigé (présenté ici sous la forme d’un plan détaillé ; votre travail de synthèse doit quant à lui être intégralement rédigé sous la forme d’une dissertation) intègre bien sûr l’ensemble des éléments demandés aux candidats et présentés sur la première page de l’épreuve :  

 

- un plan répondant à la problématique,  

- une synthèse des informations exposées dans les documents,   - des éléments d’analyse personnelle (connaissances, opinions, etc.)  

 

 

Introduction :  

 

- L’émergence forte et rapide de la Chine a inéluctablement généré un ensemble de conflits

d’intérêts entre l’ « hyperpuissance » américaine et le pays émergent que les Etats-Unis considèrent comme étant potentiellement leur seul rival.  

 

- L’actualité diplomatique ou économique (la « guerre des monnaies », la reconnaissance de

l’action du Dalaï-lama, l’octroi du prix de Nobel de la paix au « dissident politique Liu Xiaobo

» par exemple) illustre un réel état de tension. Tout comme le sommet de Copenhague relatif à la définition de nouveaux objectifs environnementaux avait démontré les convergences d’intérêt entre les deux puissances.  

 

Annonce de plan :    

Si la crise financière et économique contemporaine a exacerbé les conflits stratégiques entre les Etats-Unis et la Chine, ces deux grandes puissances, tout à la fois concurrentes et complémentaires, n’ont pas intérêt à promouvoir des stratégies de « guerre froide », mais à rechercher des équilibres coopératifs.  

 

1 : La crise financière et économique contemporaine a exacerbé les conflits stratégiques sino-américains :  

 

Les antagonismes stratégiques sino-américains résultent de divergences de situations et donc d’objectifs apparues une quinzaine d’années auparavant (1.1) ; divergences exacerbées par la crise financière et économique contemporaine (1.2).  

 

1.1 : Les antagonismes d’objectifs sino-américains :  

-

Les Etats-Unis ont défini leurs choix stratégiques vis-à-vis de la Chine il y a une quinzaine

d’années, au début de la phase de croissance forte et rapide de la Chine. Il s’agit d’une

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durablement celle-ci en situation de puissance intermédiaire, donc contrôlable par les Etats- Unis.  

 

-

Cet objectif nécessite, de la part des Etats-Unis :  

è de contrôler les besoins et sources d’approvisionnement énergétiques de la Chine  

(présence en Irak, contrôle des routes maritimes…)

è d’encercler celle-ci par un réseau d’alliances (Japon, Corée du sud, Asie Centrale,  

Inde…)

è de neutraliser sa capacité de menace nucléaire (« parapluie nucléaire américain ») è d’affaiblir la géopolitique chinoise et son unité intérieure (Tibet, Xinxiang…)  

 

-

La Chine a adopté une démarche de développement maîtrisé (surtout vis-à-vis du reste du monde), lui permettant d’atteindre graduellement (donc sans réels conflits majeurs) ses principaux objectifs.  

 

-

Ceux-ci sont de différentes natures mais se complètent :  

è les objectifs économiques visent à bénéficier d’une croissance économique forte, par

l’investissement et les exportations dans un premier temps, afin d’atteindre des objectifs extérieurs (rôle croissant dans la globalisation de l’économie, au sein des institutions économiques internationales…) et intérieurs (PIB/habitant, compte tenu du vieillissement de sa population)  

è les objectifs territoriaux (intégration de Taiwan, contrôle de la Corée du Nord, des

routes maritimes, de la Mer de Chine)  

è les objectifs internes (contrôle des « minorités », maintien de la prééminence du parti

communiste…)  

è l’objectif d’autonomie globale (à terme) vis-à-vis de l’Occident  

 

1.2 : La crise économique contemporaine est révélatrice d’une accélération des divergences des situations respectives de la Chine et des Etats-Unis :  

 

-

Le déficit commercial bilatéral est l’un des déterminants de la crise économique (excès de dollars, « bulles spéculatives »).  

 

-

La période contemporaine se caractérise par de fréquentes menaces protectionnistes de la part des Etats-Unis ainsi que par une « guerre des monnaies ».  

 

-

La crise financière et économique traduit une accélération du recul de l’hégémonie américaine et a contrario du rôle croissant de la Chine dans la globalisation.  

 

-

Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine s’en trouvent forcément exacerbées (Droits de l’Homme, Tibet, Prix Nobel de la paix, espionnage industriel et militaire, amorce de rivalités navales…).  

 

2 : Les deux grandes puissances en concurrence n’ont cependant pas intérêt à promouvoir une situation et stratégie de « guerre froide » :  

 

Les rivalités entre ces deux grandes puissances s’accompagnent cependant de liens de complémentarité, explicites et implicites (2.1), pouvant les amener à des choix coopératifs (situation de « G2 ») plutôt qu’à des stratégies conflictuelles (2.2).  

 

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2.1 : Une réelle complémentarité sino-américaine :  

 

Cette complémentarité (de fait) existe dans presque tous les domaines :    

- Une complémentarité économique par les échanges extérieurs de biens et services, donc de

financement (interactions dans les modes de croissance, interactions entre prêteurs et emprunteurs).  

- Une complémentarité « environnementale », dans la mesure où ces deux pays s’accordent

sur le fait que les objectifs environnementaux ne doivent pas contraindre leurs objectifs de croissance économique (positions très proches lors du sommet de Copenhague…)  

- Une complémentarité géopolitique vis-à-vis de l’Europe, celle-ci devant être la « variable

d’ajustement » de leurs conflits (dans la « guerre des monnaies », pour la détermination des zones d’influence en Afrique…).  

2.2 : Les deux grandes puissances, aux destins liés, n’ont donc pas intérêt à promouvoir une stratégie de « guerre froide », mais de gestion des intérêts partagés :  

- La crise (vraisemblablement durable) du modèle de croissance américain n’incite pas et ne

permet pas des situations conflictuelles paroxystiques.  

- Le développement nécessairement rapide de la Chine (course entre la croissance du PIB et le

vieillissement de sa population) nécessite un environnement stable et maîtrisé. D’autant que la Chine a su atteindre jusqu’à présent tous ses objectifs (économiques, mais surtout diplomatiques) de façon pacifique.  

- Un scénario d’équilibre parait donc possible : rééquilibrage, à terme, des échanges extérieurs,

évolution des modes de croissance économique, appréciation graduelle du yuan, partage des zones d’influence, partage des responsabilités dans les institutions internationales (au Conseil de Sécurité Permanent de l’ONU).  

Conclusion :    

- Sortir de la situation de crise économique contemporaine nécessitera une redéfinition des

modèles de croissance respectifs. La Chine a d’ores et déjà amorcé sa transition vers une croissance dont les moteurs seront davantage internes et donc plus autonomes (la consommation des ménages et le développement des infrastructures publiques). Les Etats- Unis vont devoir bâtir une stratégie de croissance mois dépendante de l’endettement extérieur (et notamment chinois). La nature de leurs liens en sera pour partie modifiée.  

- Ce rééquilibrage des modes de développement peut permettre de retrouver un

environnement économique relativement apaisé si celui-ci est étroitement coordonné. Il peut être au contraire à l’origine de nouvelles crises, de nouveaux désordres internationaux si ces deux puissances n’arrivent pas à déterminer une stratégie coopérative.  

 

 

 

 

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SYNTHÈSE DE DOCUMENTS

   

Coefficient : 10    

 

DUREE : 2 h    

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L’essor des « BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine) en fera-t-il les puissances dominantes d’un « nouveau monde » ?  

   

Vous présenterez une synthèse de l’ensemble des documents proposés à votre lecture, en rapportant les informations essentielles aussi objectivement que possible selon un plan cohérent.  

 

Vous êtes également invités à faire part de votre opinion et de vos connaissances

personnelles, tout au long de votre développement, en apportant une réponse argumentée à la question posée.  

     

Document n°1 : Le BRIC a dix ans  

Jim O'Neill, The Economist et Le Monde, le 21/12/2011    

Document n°2 : Les pays du Bric et le nouvel équilibre mondial Pietro Veglio, Le Temps, le 21/12/2011  

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Le BRIC a dix ans  

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Ce mois-ci, il y aura dix ans j'ai publié un article intitulé « Le monde a besoin d’une meilleure BRIC économique ». C’est dans cet article que j'ai, pour la première fois, utilisé cet acronyme afin de décrire les conséquences probables de la croissance économique rapide que pourraient afficher à l'avenir le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine.  

 

Il est désormais clair que la croissance de ces quatre pays a été encore plus spectaculaire que ce à quoi je m'attendais. Le terme « pays BRIC » est devenu célèbre : il est utilisé dans les affaires et la culture. Par ailleurs, les pays regroupés par cet acronyme se sont réunis – sous cette même forme – dans leur propre groupe politique.  

 

Le dixième anniversaire de l'article intervient dans un contexte de sérieuses inquiétudes sur le sort de l'économie mondiale, en particulier pour les économies les plus avancées du monde. Je reste optimiste et je pense que si ces quatre géants mondiaux continuent leur croissance et accroissent leur richesse, leur prospérité va non seulement continuer à renforcer leur rôle dans le monde, mais donnera aussi aux économies plus « problématiques » la chance d’avoir un avenir meilleur. La croissance continue des pays du BRIC est bonne pour les habitants de ces pays et l'ensemble de l'humanité. Par ailleurs, le développement soutenu des pays du BRIC au cours de cette décennie a montré que nous constatons enfin des améliorations significatives dans les processus d’adoption des politiques mondiales et dans les institutions qui soutiennent ces processus.  

 

Mon article de 2001 contenait trois conclusions principales. D'abord, j'ai soutenu que si le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine continuaient à croître à un rythme aussi élevé que celui qu’ils avaient alors commencé à afficher, en 2010, ces pays BRIC constitueraient une part beaucoup plus importante de l'économie mondiale. Dans le plus optimiste des scénarios envisagés, je supposais que la part cumulée de ces pays dans le PIB mondial passerait de 8% à 14%. En réalité, fin de 2011, leur part sera, semble-t-il, plus proche de 20%, et le PIB combiné des pays du BRIC sera passé de 3 000 milliards de dollars à un peu plus de 13 000 milliards. Cette augmentation représente environ un tiers de la croissance mondiale du PIB nominal au cours des 10 dernières années. Les pays du BRIC, avec des taux de croissance de l’économie réelle d'environ 8% par an, ont tiré vers le haut la croissance économique durant cette période, qui a atteint 3,5% par an malgré les énormes défis que l'économie mondiale a connu dans les années 2001-2002, en 2008, et, bien sûr, qu'elle continue de subir actuellement. Sans les pays du BRIC, le rythme de la croissance économique mondiale serait plus proche de 1,6%, un indicateur déprimant qui constitue le taux de croissance moyen du soi-disant « monde développé ».  

 

Je suggère souvent aux gens de comprendre ces chiffres comme suit : le PIB total des pays du BRIC sur la décennie, 10 000 milliards de dollars, est égal en volume à 6 à 7 fois l’économie de la Grande-Bretagne (telle qu’elle était en 2001) ou à une nouvelle économie des États-Unis.  

A mesure que nous nous tournons vers le futur, les quatre pays du BRIC sont susceptibles, dans la

décennie à venir, de connaître un ralentissement de leur croissance, mais leur part dans le PIB

mondial va presque immanquablement continuer à augmenter. En Chine, on note les conditions

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résoudre de nombreux problèmes. Pendant ce temps, celle de l'Inde pourrait fort bien s’accélérer et, finalement, atteindre les taux de croissance qui ont précédemment caractérisé la Chine, surtout si l'Inde est en mesure d'appliquer de façon systématique sa nouvelle passion pour la réforme, dont nous voyons la manifestation dans l'adoption récente d'une décision importante (l'Inde a permis aux entreprises étrangères de posséder des blocs de contrôle dans les entreprises indiennes de détail). Dans quelques années, le PIB nominal cumulé des pays du BRIC dépassera celui des Etats- Unis et de l’Europe.  

 

En se fondant sur le rythme probable de leur croissance, la deuxième partie de mon article de 2001 évoquait la nécessité de « tourner vers les pays BRIC » le processus d’adoption des politiques mondiales. En réalité, les pays BRIC ont longtemps été sur le ban de la scène politique, ce qui les a conduits à organiser leur propre rencontre politique, tenue d’année en année. En fait, il a fallu la crise majeure de 2008 pour que les économies développées réalisent enfin l’importance du rôle joué par les BRIC dans l'économie mondiale moderne : la décision de faire passer le G20 sur le devant de la scène dans le processus de prise de décision politique mondiale était simplement une manière d'engager dans ce processus des pays du BRIC.  

 

En 2001 encore, je prônais que tous les pays du BRIC soient inclus - avec les Etats-Unis, le Japon et la zone euro, ainsi que, peut-être, le Canada et la Grande-Bretagne - dans une nouvelle organisation des pays « G » : un G9 ou, si la nouvelle organisation n’incluait pas la Grande- Bretagne et le Canada, un G7 renouvelé. La troisième idée de mon article était que, désormais dotés d’une monnaie commune, la France, l'Italie et l'Allemagne devraient cesser d’être des membres individuels des unions et du G7, ce qui permettrait de renforcer l'efficacité de la gouvernance politique mondiale. Pouvait-on imaginer une meilleure façon de démontrer son attachement à l'Union monétaire européenne (UEM) qu’une démarche aussi audacieuse, un véritable acte de leadership ?  

 

Durant les années suivantes (et jusqu’à un passé récent), nous avons vu que ce leadership audacieux de l'Union Monétaire Européenne n’a pas vu le jour. On peut seulement espérer que l'ampleur de la crise qui sévit actuellement en Europe poussera les dirigeants européens à faire pression en faveur de telles mesures. A mesure que dans l'horizon mondial s’élèveront les étoiles des pays BRIC, ces pays offriront de plus en plus de possibilités aux résidents d'autres pays ; notamment pour élever leur niveau de vie et atteindre la prospérité. Afin que la croissance économique mondiale se poursuive, en dépit des problèmes rencontrés par de nombreuses économies émergentes, nous avons besoin de l'énergie des économies du BRIC. Heureusement, elle est disponible en quantité suffisante.  

 

Jim O'Neill, président du conseil d’administration de Goldman Sachs Asset Management.  

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Les pays du BRIC et le nouvel équilibre international  

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Les quatre pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, et Chine sont en train de s’affirmer comme partenaires privilégiés pour un nombre croissant de pays. Les marchés émergents seront-ils les protagonistes de l’avenir ? Entretien avec Pietro Veglio, ex-directeur exécutif suisse à la Banque mondiale.  

 

Quels sont les points communs des pays BRIC ?    

Les BRIC sont devenus une entité politique. Ils votent de manière semblable aux Nations Unies et ils organisent des sommets entre eux. Ils se présentent comme des protagonistes du monde nouveau et ils utilisent leur club pour créer des hégémonies, par exemple à propos des discussions sur le climat. Ou quand ils décident de prendre pied dans le continent africain et encouragent l’Afrique du Sud à devenir BRIC. La carte de la politique internationale a donc changé: on assiste à la création d'un nouvel équilibre international.  

Sur le plan économique, le Produit intérieur brut des BRIC atteint désormais 17% du PIB mondial.

La Chine pourrait dépasser les États-Unis d’ici 2027, alors que le PIB du Brésil a déjà dépassé celui de l'Italie. En 2030, ils pourraient produire 47% du PIB mondial. En outre, ils ont ouvert la voie à d’autres, si bien qu’on parle aujourd'hui de l’Afrique du Sud, de la Colombie, de l’Indonésie, du Vietnam, de l'Egypte, de la Turquie et du Chili.  

 

Quelles sont leurs principales différences ?    

Les BRIC ne sont pas des pays homogènes. La Chine a basé son modèle de développement des trente dernières années sur l'accroissement des exportations et sur des investissements dominés par les grandes entreprises nationales, au détriment de la consommation intérieure. Le pays devra donc chercher progressivement un nouvel équilibre en développant la consommation et en réorientant les investissements vers les petites et moyennes entreprises qui produisent pour les marchés locaux. Au Brésil, les investissements sont par contre équivalents à 19% du PIB. Ce taux bas, inférieur à celui de la Chine ou de beaucoup de pays industrialisés, reflète pour sa part l'insuffisance de l’épargne domestique. Par contre le Brésil présente un niveau élevé de consommations, 61% du PIB. Cette situation n'est pas tenable et le Brésil devra diminuer la consommation et augmenter son épargne pour financer une infrastructure encore insuffisante. Les ressources des nouveaux gisements pétrolifères off-shore pourraient lui offrir cette opportunité. De son côté, l'Inde se trouve à mi-chemin. Les investissements atteignent 38% du PIB et ils sont en une grande partie financés par les entreprises avec peu d'intervention du secteur bancaire. L'Inde sera également appelée à améliorer sa propre infrastructure. Enfin, la Russie est devenue un important exportateur de gaz naturel et de pétrole. Cependant elle semble encore en butte aux ombres du passé soviétique et à de sérieux problèmes de gouvernance.  

 

Quand on parle des pays émergents, on se réfère à la croissance économique et au gros potentiel

de leurs marchés. Dans quelle mesure cette situation a-t-elle porté atteinte aux droits des

travailleurs et à l’environnement ?  

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La croissance économique peut fortement contribuer à l'amélioration du niveau de vie. Mais la croissance du PIB ne devrait pas être considérée comme une fin en soi, mais comme un moyen pour atteindre les objectifs qui nous paraissent importants. Chaque pays BRIC devra répondre à de grands défis sociaux et environnementaux. En Chine, l'inégalité sociale entre riches et pauvres et entre régions s’est aggravée et le processus décisionnel dépend dans une large mesure des choix des dirigeants du parti communiste, avec une trop faible pression démocratique par la base.  

Comme dans d’autres pays, il y a aussi des problèmes de contamination des eaux, de l'air et des sols, mais le gouvernement en a pris conscience. Ce n’est pas pour rien que la Chine est en train de développer les énergies renouvelables et elle pourrait devenir un leader mondial dans ce domaine.

L'Inde, elle, est confrontée à des défis encore plus difficiles en matière sociale et environnementale. Mais, en Inde, il y a la liberté d'accéder à l’information, avec d’innombrables médias nationaux, souvent très critiques à l’égard du gouvernement. Et puis les membres les plus pauvres de la population peuvent participer à la vie politique et sociale. Quant au Brésil, l'inégalité historique dans la distribution des revenus s’est améliorée depuis une dizaine d’années grâce aux programmes sociaux mis sur pied par les gouvernements successifs. Un programme national profite par exemple à près de 50 millions de personnes via des aides aux mères des familles les plus pauvres, avec la condition que leurs enfants suivent l’école obligatoire et se soumettent régulièrement à des contrôles médicaux.  

 

Lorsqu’elle négocie des accords de libre-échange avec des pays BRIC, que peut faire l'Union Européenne pour favoriser un meilleur respect des droits fondamentaux ?  

 

Je ne crois pas qu’elle puisse faire beaucoup. La Chine n’accepte pas de dialogue sur ces types d’approche et les autres pays l’interprètent généralement comme une mesure protectionniste pour favoriser ses propres intérêts commerciaux. Le développement économique et social des BRIC favorisera de toute façon le développement des sociétés civiles et, en même temps, une pression par le bas en faveur du respect des droits fondamentaux. C’est dans cette perspective qu'on peut manifester un optimisme modéré, mais on ne pourra certainement pas imposer des standards que même les pays industrialisés n'ont pas respectés dans le passé.  

 

Qu'est-ce qui manque aux pays BRIC pour devenir des superpuissances ? Est-ce que ce n’est qu’une question de temps ?  

 

Difficile à dire. Aussi parce que la transition d'une économie émergente vers la richesse est complexe et difficile. Beaucoup plus que la transition de pays pauvre à pays émergent.  

 

Pietro Veglio  

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SYNTHESE DE DOCUMENTS

   

Coefficient : 10    

 

DUREE : 2 h    

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La jeunesse française actuelle, une « génération sacrifiée » du fait de la crise économique ?  

   

Vous présenterez une synthèse de l’ensemble des documents proposés à votre lecture, en rapportant les informations essentielles aussi objectivement que possible selon un plan cohérent.  

 

Vous êtes également invités à faire part de votre opinion et de vos connaissances

personnelles, tout au long de votre développement, en apportant une réponse argumentée à la question posée.  

     

Document 1 : La France a préféré préserver la richesse des vieux plutôt que de venir en aide aux jeunes  

Sophie Landrin, La Tribune, le 22/12/2011    

Document 2 : Une génération perdue à cause de la crise ?  

Interview d'Eric Deschavanne, Le Figaro, le 05/12/2011    

Document 3 : Solidarité intergénérationnelle et retraite  

Jean-Jacques Tridan de Rey, Les Echos, le 2011/2011  

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La France a préféré préserver la richesse des vieux plutôt que de venir en aide aux jeunes  

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Crise, chômage, accès à la propriété difficile : les jeunes d'aujourd'hui forment-ils une génération perdue ?  

 

Jean-Paul Sartre dans "Les mains sales" prévenait "Ce sont les enfants sages, Madame, qui font les révolutionnaires les plus terribles. Ils ne disent rien, […] mais plus tard ils le font payer cher à la société. Méfiez-vous des enfants sages !"  

 

Le fardeau des politiques de retraite et de santé    

Notre pays a fait des choix : préserver coûte que coûte les avantages acquis d’une génération dorée. Au détriment des investissements de compétitivité, de recherche et d’éducation, la France consacre 14,4 % de sa richesse nationale aux retraites, soit 279 milliards d’euros de pension versés en 2010. Or, les comptes publics ne peuvent pas supporter une telle générosité, donc notre pays emprunte pour financer le niveau de vie actuel des retraités en transférant sur les générations futures la charge du remboursement. Environ un quart de l’endettement total des administrations publiques, soit 400 milliards d’euros, a pour origine direct le financement des pensions des retraités des secteurs public et privé. Le simple paiement des intérêts de cette dette en 2011 s’est élevé à 11 milliards d’euros.  

 

Et que dire de la politique médicale ! La France est le deuxième pays qui enregistre les dépenses de santé les plus élevées en proportion du produit intérieur brut, 11,4%, dont l’État assure 80% du financement. Il est évident que la politique de santé française, financée par l’État, profite aux seniors, et surtout aux seniors des catégories socioprofessionnelles les plus aisées qui vivent plus longtemps.  

 

"Les premiers coupables sont les jeunes eux-mêmes"  

 

A la lumière de ces chiffres, comment se fait-il qu’une telle politique puisse perdurer ? Les premiers coupables sont les jeunes eux-mêmes. 51% d’abstention aux élections législatives pour les moins de 30 ans quand les 50-60 ans affichait un taux trois fois moindre, aux alentours de 18%.

Alors que la présidentielle de 2012 s’annonce loin du taux de participation record de 2007, il y a peu d’espoirs de voir courtiser la jeunesse dans les programmes des candidats.  

 

Des solutions possibles    

Pourtant des solutions existent pour casser la machine infernale de l’endettement. Depuis 1993, et

une réforme dite Balladur, la loi impose que le montant des retraites du régime général soit indexé

sur l'évolution des prix à la consommation (hors tabac). Imaginons que dans un élan républicain et

de solidarité, les retraités acceptent un découplage partiel de leurs pensions de l’inflation. Une telle

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mesure permettrait une économie moyenne actualisée de 16 milliards par an sur la période 20122017. De quoi financer une politique active et efficace en faveur des jeunes.  

 

Autre idée, une franchise médicale égale à 2% des revenus. L’État ne rembourserait les dépenses médicales qu’au-delà de ce montant. Les plus modestes seraient peu impactés tandis que les ménages les plus aisés participeraient plus intensément à l’effort de santé national qui les privilégie à long terme, étant donné leur plus longue espérance de vie.  

 

De tels choix sont encore des solutions acceptables pour forger un contrat générationnel soutenable. Ils sont surtout indispensables et s’avèrent être un premier pas nécessaire pour intéresser de nouveau les moins de trente ans à la vie politique  

   

Sophie Landrin  

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Une génération perdue à cause de la crise ?  

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La génération qui entre dans la vie active fait face à des difficultés inédites. Mais c'est aussi l'occasion d'un formidable défi à relever. Passé le sentiment d'indignation, il faudra mobiliser les ressources qui permettront de redresser le pays. Interview d'Eric Deschavanne, Philosophe, chercheur à L'EHESS.  

   

La crise a-t-elle fabriqué une génération perdue ?    

La formule dramatise sans doute à l’excès. Avoir 20 ans entre 1914 et 1918, c’était assurément appartenir à une génération perdue. La crise actuelle apparaîtra peut-être au regard de l’histoire comme catastrophique pour la nation, introduisant à une période de récession durable, mais il est encore un peu tôt pour le dire.  

 

Cela dit, il est certain que ce n’est pas le moment idéal pour faire son entrée dans le monde du travail, d’autant que la jeunesse en France est affectée par un problème de « sur-chômage » plus important qu’ailleurs, qui se trouve bien entendu aggravé par la crise. Ce qu’il faut espérer, c’est qu’il n’y ait qu’une ou deux générations « perdues » en ce sens, et non pas, du fait d’un déclin qui serait irrémédiable, toutes les générations à venir. Une mise en perspective historique fait déjà apparaître qu’une « fracture générationnelle » s’est produite dans les années soixante-dix, avec la sortie des trente glorieuses et l’entrée dans l’ère du chômage de masse.  

 

Donc pour vous cette génération perdue ne vient pas de la crise de 2007 ou 2008, elle est née dans les années 1970 ?  

 

C’est de là qu’est née l’inquiétude au sujet des « générations perdues » et des phénomènes de déclassement. Il faut toutefois relativiser : depuis les années 1970, le niveau de vie a continué d’augmenter, plus faiblement, certes, et de manière plus chaotique ; l’espérance de vie n’a cessé de progresser, et la jeunesse a bénéficié d’une démocratisation historiquement inédite de l’accès à l’enseignement supérieur. Il est probable, cependant, que nous ne retrouverons jamais l’expansion que nous avons connue durant les trente glorieuses. Nous sommes désormais confrontés, comme tous les pays occidentaux, aux défis de la mondialisation qui nous place en situation de concurrence avec les puissances émergentes telles que la Chine, l’Inde ou le Brésil. Ce contexte de compétition économique nous a fait entrer dans une période historique difficile, ou l’exigence d’adaptation est constante.  

 

Que va devenir la génération qui est diplômée aujourd’hui ?    

Les générations des jeunes qui vont sortir des études dans les années qui viennent vont connaître

plus de difficultés que les générations précédentes - pour lesquelles ce n’était déjà pas facile – à

entrer dans le monde du travail. Le problème est que la situation économique au moment du départ

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dans la vie active conditionne pour une part le niveau de vie sur l’ensemble du cycle de vie. Ces générations seront donc pénalisées.  

 

Cela dit, l’analyse générationnelle a des limites. La fracture intra-générationnelle est beaucoup plus déterminante, et ce ne sont pas les diplômés qui souffriront le plus de la crise. Le fossé qui sépare les jeunes diplômés de ceux qui ne le sont pas ne cesse en effet de se creuser. Le diplôme, dans un contexte où la demande de travail non qualifié est en baisse, protège du chômage et de l’emploi précaire : les trois quarts des diplômés du supérieur sont en CDI trois ans après la fin de leurs études, contre approximativement un tiers des sans-diplômes. En 1980, les jeunes non diplômés connaissaient un taux de chômage supérieur de 7,7 à la moyenne des diplômés ; en 2009, d’après l’INSEE, cet écart s’élevait à 29 points. Le diplôme amortit donc le choc de la récession.  

 

N’oublions pas non plus que la jeunesse est dotée d’un formidable atout : elle est riche en avenir ! La situation historique conditionne le destin d’une génération, mais nous sommes libres de faire face et de nous adapter. Pour les générations qui viennent, il y a un formidable défi politique à relever : redresser le pays, réformer le système de protection sociale et la politique économique pour faire face au problème du désendettement et assumer la compétition avec les émergents. Ces défis, auquel il faut ajouter la question écologique, peuvent nous écraser, mais ils peuvent aussi être surmontés.  

 

Ce que j’espère, c’est que cette génération ne va pas s’engager uniquement sous la forme des mouvements d’indignation, lesquels sont souvent stériles. Si la récession nous frappe durement, je ne doute pas, compte tenu de nos traditions, que nous y aurons droit. Mais passé le sentiment d’impuissance et de révolte, il faudra bien trouver les ressources intellectuelles et morales qui permettront, sur le long terme, de désendetter le pays, de mieux éduquer nos enfants, de développer les connaissances, les technologies et le tissu de PME susceptibles de nous remettre sur le chemin de la croissance.  

 

Un rapport publié par Terra Nova (groupe de réflexion sur l'évolution de la société française) il y a quelques mois préconise d’inverser le modèle social actuel. Ce serait aux personnes âgées de payer pour les jeunes. Qu’en pensez-vous ?  

 

Le thème du conflit des générations prospère dans les analyses, mais pas dans la pratique : l’an dernier, les jeunes ont ainsi manifesté pour le maintien d’un compromis sur les retraites dont ils n’ont pourtant aucune chance de bénéficier un jour ! Cela tient au fait que le seul lien qui apparaisse aujourd’hui indestructible et fiable est celui qui unit les générations au sein de la famille. Ce n’est pas en se plaçant sous le signe de la lutte des générations que l’on aidera la jeunesse, sans parler du fait qu’il serait immoral et absurde (nous sommes tous destinés à vieillir) de ne pas financer les dépenses de santé requises par le vieillissement démographique.  

 

Il est vrai, cependant, que l’investissement dans l’éducation est la clef de la croissance et de

l’emploi. Vrai aussi que l’écart de revenu entre les jeunes et le reste de la population s’est creusé

ces dernières années, et que le niveau de vie des retraités est aujourd’hui en France supérieur à

celui des actifs. Il est également vrai que le retard pris dans la réforme du système des retraites

bénéficie aux anciennes générations au détriment des nouvelles. L’idée que les plus aisés des

retraités puissent contribuer davantage à la solidarité nationale, à cet égard, ne me choque pas,

d’autant que les actifs ont désormais à charge l’éducation des enfants d’un côté, les retraites et la

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Il importe surtout d’ouvrir davantage le jeu social, économique et politique. Le Conseil d’analyse de la société va très bientôt remettre au Premier ministre un rapport sur la politique de la jeunesse dans lequel il préconise des mesures susceptibles de débloquer la situation des jeunes. Il soutient par exemple, sur le plan politique, la proposition de supprimer le cumul des mandats, ou encore, en vue de mettre un terme au système dual CDI/CDD qui pénalise les jeunes (puisque 80% des nouvelles embauches sont réalisées en France en CDD, et que les jeunes sont par définition des outsiders), l’idée d’un contrat unique de travail, dont les droits pour le salarié augmenteraient progressivement avec le temps passé dans l’entreprise.  

   

Interview d'Eric Deschavanne, Philosophe, chercheur à L'EHESS, propos recueillis par Eloïse Morato  

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Solidarité intergénérationnelle et retraite  

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Le travail reste encore aujourd’hui le meilleur moyen de produire les richesses nécessaires à la satisfaction de nos aspirations individuelles et collectives. Parce que sa productivité est aléatoire, la solidarité entre les travailleurs d’une même génération et entre générations est socialement désirable.  

 

Peter Diamond, prix « Nobel d’économie 2010 », a été le premier à expliquer que pour lisser les chocs sur les revenus du travail et les retraites, il serait bon d’établir un contrat social avec les générations futures de manière que ces dernières acceptent d’éponger nos déficits conjoncturels publics laissés en cas de coup dur, en échange de la garantie de leur laisser un surplus si la choses se passent bien pour nous. Mais Diamond explique que les marchés sont incapables d’organiser une telle solidarité entre générations, car les générations futures ne sont pas là pour s’engager contractuellement en ce sens. L’institution familiale permet d’échapper à ce constat. Si mon travail est peu productif ou si je vis longtemps, mes enfants hériteront de moi un capital inférieur à celui dont j’hériterai de mes parents. Ce système de solidarité intergénérationnel a été partiellement substitué depuis plusieurs décennies dans les pays occidentaux par un système de retraite par répartition devant en théorie accumuler ou « désaccumuler » des réserves en fonction de la conjoncture. L’exemple du Fond de Réserve des Retraites instauré par Jospin est une tentative – avortée – de mettre cette idée en oeuvre.  

 

Sous le choc de la crise financière, la productivité du travail est en baisse, et le chômage atteint à nouveau des sommets. Ces événements justifient un déficit temporaire des caisses de retraite. Mais au-delà de ce problème conjoncturel, notre système de retraite souffre d’un problème structurel Comme l’indique le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) dans son dernier rapport, si rien n’est fait, le déficit annuel des caisses passera de 9 milliards en 2008 à 45 milliards en 2020, et jusqu’à 110 milliards en 2050, l’équivalent d’une méga crise financière tous les ans. Ce déficit structurel provient de la hausse de l’espérance de vie et de l’arrivée des baby-boomers à la retraite.

Si rien n’est fait, nous n’aurons au-delà de 2050 plus qu’un seul cotisant actif par retraité. Il ne s’agit donc plus de partager un risque avec les générations futures, mais bien de leur faire payer les chèques en bois que nous offrons aux générations actuelles par nos engagements de retraite non financés. Il est difficile d’imaginer que les générations futures acceptent un tel contrat si on leur demandait leur avis.  

 

Le recul de l’âge de la retraite est la solution suivie par le gouvernement, comme dans la plupart des autres pays. Trois autres voies, potentiellement complémentaires, auraient été possibles. La première consisterait à augmenter le taux de contribution des actifs. Outre qu’elle conduirait à un appauvrissement général, cette augmentation massive des charges aurait immanquablement un effet négatif sur l’emploi. La deuxième solution consisterait à donner plus de liberté, en supprimant la notion d’âge légal de départ.  

 

Finalement, pourquoi ne pas reparler des fonds de pension à la française ? Dans une économie à

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