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Après avoir pris connaissance du texte ci-dessous reproduit, répondez aux quatre questions, en entourant la réponse de votre choix sur la feuille d’énoncé.  

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Nb : La seule proposition considérée comme exacte est celle qui se rapproche le plus de ce qui est dit dans le texte. Les trois autres propositions sont donc considérées comme fausses.

 

 

Comment comprendre la guerre ? (Freud, Lettre à Einstein, Vienne, septembre 1932) Question de 1 à 4  

 

« Ainsi, quand les hommes sont appelés à faire la guerre, c'est mille motivations qui les portent à souscrire de plein gré, nobles ou vulgaires, aussi bien celles que l'on déclare ouvertement que celles dont on ne dit mot. […]

 

 

J'aimerais cependant m'attarder encore un instant sur notre pulsion de destruction, dont la faveur n'est nullement à la hauteur de l'importance. Au prix de quelque effort de spéculation, nous sommes en effet parvenus à concevoir que cette pulsion est à l'œuvre en tout être vivant, et tend donc à provoquer sa décomposition et à ramener la vie à l'état de la matière inerte. Elle méritait en toute rigueur le nom de pulsion de mort, tandis que les pulsions érotiques représentent les aspirations à la vie. La pulsion de mort devient pulsion de destruction en se tournant, au moyen d'organes spécifiques, vers l'extérieur, contre les objets. L'être vivant préserve pour ainsi dire sa propre vie en détruisant celle d'autrui. Mais une partie de la pulsion de mort reste active à l'intérieur de l'être vivant, et nous avons tenté de déduire toute une série de phénomènes normaux et pathologiques de cette intériorisation de la pulsion de destruction. Nous avons même commis l'hérésie d'expliquer la naissance de notre conscience morale par un tel retournement de l'agression vers l'intérieur. Il n'est sûrement pas anodin, vous le remarquez, que ce processus s'accomplisse à trop grande échelle; c'est carrément malsain, alors que le retournement de ces forces pulsionnelles vers la destruction du monde extérieur soulage l'être vivant et a nécessairement un effet bénéfique.[...]

 

 

De ce qui précède, retenons simplement pour nos buts immédiats qu'il est vain de vouloir supprimer les penchants agressifs des hommes. On dit qu'il est, en des contrées heureuses de la terre où la nature fournit à profusion tout ce dont l'homme a besoin, des peuplades dont la vie s'écoule dans la douceur, et chez lesquelles la contrainte et l'agression sont inconnues. J'ai peine à y croire, j'aimerais fort en savoir plus sur ces bienheureux. Les bolcheviks eux aussi espèrent pouvoir faire disparaître l'agression humaine en garantissant la satisfaction des biens matériels et en établissant par ailleurs l'égalité entre les membres de la communauté. Je tiens cela pour une illusion. Pour le moment, ils ont pris toutes les précautions pour s'armer et la haine contre tous ceux qui sont à l'extérieur n'est pas leur moindre expédient pour maintenir la cohésion de leurs partisans. Du reste, il ne s'agit pas, comme vous le remarquez vous-même, d'éliminer totalement le penchant humain à l'agression; on peut tenter de le détourner suffisamment pour qu'il n'ait pas à trouver son expression dans la guerre.

 

 

En partant de nos lois mythologiques de l’instinct, nous arrivons aisément à une formule qui fraye indirectement une voie à la lutte contre la guerre. Si la propension à la guerre est un produit de la pulsion destructrice, il y a donc lieu de faire appel à l’adversaire de ce penchant, à l’eros. Tout ce qui engendre, parmi les hommes, des liens de sentiment doit réagir contre la guerre. Ces liens peuvent être de deux sortes. En premier lieu, des rapports tels qu’il s’en manifeste à l’égard d’un objet d’amour, même sans intentions sexuelles. La psychanalyse n’a pas à rougir de parler d’amour, en l’occurrence, car la religion use d’un même langage : aime ton prochain comme toi-même. Obligation facile à proférer, mais difficile à

remplir. La seconde catégorie de liens sentimentaux est celle qui procède de l’identification. C’est sur eux que repose, en grande partie, l’édifice de la société humaine. »

 

Question 1. Les guerres…

 

a.

permettent d’expulser nos pulsions de mort  

b.

obéissent à la pulsion érotique  

c.

doivent être abolies  

d.

représentent le moment le plus important de la vie des sociétés    

Question 2. Éros représente ici…

 

a.

le dieu grec de la guerre  

b.

le dieu romain de l’amour  

c.

l’amour du prochain  

d.

la pulsion de vie  

 

Question 3. Les bolcheviks sont…

 

a.

des guerriers asiatiques  

b.

réalistes  

c.

des révolutionnaires  

d.

des philanthropes  

 

Question 4. La pulsion de destruction…

 

a.

est présente dans l’amour  

b.

est enracinée dans l’individu  

c.

peut disparaître  

d.

représente le désir de suicide  

La société du spectacle (Guy Debord, 1967) Question de 5 à 8  

 

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. […]

 

Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.

 

Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un mode de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung (représentation du monde, conception du monde) devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée. […]

8. Le spectacle qui inverse le réel est effectivement produit. En même temps, la réalité vécue est matériellement envahie par la contemplation du spectacle, et reprend en elle-même l'ordre spectaculaire en lui donnant une adhésion positive. La réalité objective est présente des deux côtés. Chaque notion ainsi fixée n'a pour fond que son passage dans l'opposé : la réalité surgit dans le spectacle, et le spectacle est réel. Cette aliénation réciproque est l'essence et le soutien de la société existante.

 

Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux.

 

[…] Considéré selon ses propres termes, le spectacle est l'affirmation de l'apparence et l'affirmation de toute vie humaine, c'est-à-dire sociale, comme simple apparence. La critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible.

 

Mais le spectacle n'est rien d'autre que le sens de la pratique totale d'une formation économique sociale, son emploi du temps. C'est le moment historique qui nous contient. […].

 

Le caractère fondamentalement tautologique du spectacle découle du simple fait que ses moyens sont en même temps son but. Il est le soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivité moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne indéfiniment dans sa propre gloire. […]

 

En tant qu'indispensable parure des objets produits maintenant, en tant qu'exposé général de la rationalité du système, et en tant que secteur économique avancé qui façonne directement une multitude croissante d'images-objets, le spectacle est la principale production de la société actuelle.

 

Le spectacle soumet les hommes vivants dans la mesure où l'économie les a totalement soumis. Il n'est rien que l'économie se développant pour elle-même. Il est le reflet fidèle de la production des choses, et l'objectivation infidèle des producteurs.

 

La première phase de la domination de l'économie sur la vie sociale avait entraîné dans la définition de toute réalisation humaine une évidente dégradation de l'être en avoir. La phase présente de l'occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l'économie conduit à un glissement généralisé de l'avoir au paraître, dont tout « avoir » effectif doit tirer son prestige immédiat et sa fonction dernière. En même temps toute réalité individuelle est devenue sociale, directement dépendante de la puissance sociale, façonnée par elle. En ceci seulement qu'elle n'est pas, il lui est permis d'apparaître.

 

Là où le monde réel se change en simples images, les simples images deviennent des êtres réels, et les motivations efficientes d'un comportement hypnotique. Le spectacle, comme tendance à faire voir par différentes médiations spécialisées le monde qui n'est plus directement saisissable, trouve normalement dans la vue le sens humain privilégié qui fut à d'autres époques le toucher ; le sens le plus abstrait, et le plus mystifiable, correspond à l'abstraction généralisée de la société actuelle. Mais le spectacle n'est pas identifiable au simple regard, même combiné à l'écoute. Il est ce qui échappe à l'activité des hommes, à la reconsidération et à la correction de leurs œuvres. Il est le contraire du dialogue. […]

 

A mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil.

 

 

Question 5. Par spectacle, il faut entendre…

 

a.

une accumulation d’images  

b.

un jeu  

c.

un rapport social  

d.

un projet philosophique  

 

Question 6. La société du spectacle est…

 

a.

une société utopique  

b.

une société parfaite  

c.

une société où doit paraître ce que j’ai  

d.

une société où doit paraître ce que je suis  

 

Question 7. L’économie…

 

a.

produit la société du spectacle  

b.

aliène les hommes  

c.

est un moment de l’histoire  

d.

est produite par le spectacle  

 

Question 8. Une tautologie est…

 

a.

une proposition erronée  

b.

une proposition dont le sujet et le prédicat sont un seul et même concept   c. un échange  

d. un accomplissement  

 

 

   

Vaclav Havel, Le Monde, 31 octobre 2009

(Ancien président de la République tchèque, écrivain et dramaturge)

Oui, parmi les dissidents, il y avait des professeurs, des peintres, des écrivains, des chauffagistes, mais d'hommes politiques point. D'ailleurs, où serions-nous allés chercher une génération spontanée d'hommes politiques de rechange, sous un régime totalitaire ? […] Dès le début - et cela pour de bonnes raisons -, notre pays tout comme d'autres pays de l'ancien bloc soviétique a déployé tous ses efforts pour voir s'ouvrir devant lui les portes des institutions occidentales, notamment de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord et de l'Union européenne. Et c'est ce qui s'est enfin produit. La procédure d'adhésion a pris beaucoup de temps et il a fallu surmonter bon nombre d'écueils. A présent, nous sommes, je crois, bien ancrés dans cet espace qui est le nôtre, et auquel nous avions été arrachés par la force. Pourtant, je ne suis pas sûr que les "anciennes"

démocraties occidentales ne regrettent pas de temps à autre d'avoir donné l'aval à cet élargissement. […]

Faire preuve de patience, en ce sens, a incontestablement un sens. L'impatience peut conduire à l'orgueil et l'orgueil, mener à l'impatience. Par l'orgueil, j'entends la prétentieuse conviction que l'on est le seul à tout savoir, le seul à avoir compris l'Histoire, en conséquence de quoi on se trouve habilité à la prédire. Et lorsque le cours des choses ou du monde dépasse l'idée que l'on s'en fait, il ne nous reste qu'à intervenir. Par la force, s'il le faut. C'est le cas du communisme. L'assurance de ses théoriciens et de ses architectes a fini par aboutir au goulag. Dès le départ, leur conviction était qu'ils avaient percé le mystère des lois de l'Histoire et qu'ils sauraient donc construire un monde plus juste. A quoi bon dès lors se perdre en explications ? A ceux qui savent s'y prendre d'édifier un monde meilleur tout de suite, dans l'intérêt de l'humanité et sans se préoccuper de ce que cette dernière peut penser. Etablir un dialogue n'est qu'une perte de temps et, après tout, on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs. La chute du rideau de fer et la fin de la division bipolaire du monde qui, jusqu'alors, semblait être l'une des causes principales de tous les maux, ont indubitablement constitué un événement historique d'importance majeure. Une forme de violence faite au monde a pris fin, le danger d'une troisième guerre mondiale s'est volatilisé. Dans un premier temps, d'aucuns pouvaient songer que l'Histoire elle-même avait pris fin et qu'en lieu et place on assisterait à l'avènement d'une belle ère arrachée à l'Histoire.

Cela aussi était la manifestation d'un manque de modestie face aux mystères de l'Histoire ou, tout simplement, un manque d'imagination. En effet, aucune fin de l'Histoire à l'horizon. Plusieurs grands dangers se sont certes éloignés, mais une multitude de menaces, en apparence de moindre importance, ont fait surface une fois le carcan bipolaire brisé. Mais quel danger peut-on tenir pour négligeable à l'ère de la mondialisation ? […] Aujourd'hui, alors que n'importe quel dictateur peut se procurer une bombe atomique, n'est-il pas possible qu'un conflit régional finisse par ravager le monde entier ? Les terroristes n'ont-ils pas désormais maintes fois plus de possibilités à leur portée qu'ils n'en ont eues par le passé ? Cette première civilisation athée dans l'Histoire, qui ne se réclame pas de l'éternité, ne voit-elle pas advenir de nombreuses menaces graves surgies tout simplement d'un manque de perspicacité ? Ne naît-il pas des générations nouvelles de personnes obsédées, fanatiques et vouées à la haine auxquelles notre époque offre des possibilités de nuire infiniment plus étendues qu'auparavant ? Ne commettons-nous pas quotidiennement des centaines d'actes préjudiciables à la vie de notre planète, aux conséquences non seulement funestes, mais aussi irrémédiables ? Il me semble que la chose la plus importante aujourd'hui […] serait d'adopter une attitude humble à l'égard du monde, de respecter ce qui nous dépasse, de tenir compte du fait qu'il existe des mystères que nous ne comprendrons jamais et de savoir qu'il faut assumer notre responsabilité sans la fonder sur la conviction que nous savons tout, en particulier comment tout va finir. Nous ne savons rien. Mais l'espoir, nul ne peut nous l'ôter. Du reste, une vie qui ne réserverait aucune surprise serait bien ennuyeuse.

 

Question 9. La chute du rideau de fer date de…

A. 1990 C. 1989

B. 1991 D. 1961

 

Question 10. La chute du rideau de fer signifierait…

A. la fin de l’histoire C. le début d’une société d’un type nouveau B. une société sans classe D. la fin des conflits régionaux

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