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L'esprit scientifique et la civilisation arabo- musulmane

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Academic year: 2022

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L'esprit scientifique et la civilisation arabo-

musulmane

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Epistémologie et Philosophie des Sciences Collection dirigée par Angèle Kremer-Marietti

La collection Épistémologie et Philosophie des Sciences réunit les ouvrages se donnant pour tâche de clarifier les concepts et les théories scientifiques, et offrant le travail de préciser la signification des termes scientifiques utilisés par les chercheurs dans le cadre des connaissances qui sont les leurs, et tels que "force", "vitesse",

"accélération", "particule", "onde", etc.

Elle incorpore alors certains énoncés au bénéfice d'une réflexion capable de répondre, pour tout système scientifique, aux questions qui se posent dans leur contexte conceptuel-historique, de façon à déterminer ce qu'est théoriquement et pratiquement la recherche scientifique considérée.

1) Quelles sont les procédures, les conditions théoriques et pratiques des théories invoquées, débouchant sur des résultats ?

2) Quel est, pour le système considéré, le statut cognitif des principes, lois et théories, assurant la validité des concepts ?

Déjà parus

Lucien-Samir OULAHBIB, Le nihilisme français contemporain, 2003.

Annie PETIT, Auguste COMTE trajectoires du positivisme 1798-1998, 2003

Bernadette BENSAUDE-VINCENT et Bruno BERNARDI, Rousseau et les sciences, 2003.

Ignace HAAZ, les Conceptions du corps chez Ribot et Nietzsche, 2002.

Jean-Gérard ROSSI, La philosophie analytique, 2002.

Pierre-André HUGLO, Approche nominaliste de Saussure, 2002.

Abdelkader BACHTA, L'espace et le temps chez Newton et chez Kant, 2002.

Anna MANCINI, La sagesse de l'ancienne Egypte pour l'Internet, 2002

Lucien-Samir OULAHBIB, Ethique et épistémologie du nihilisme, 2002.

Angèle KREMER-MARIETTI, La symbolicité, 2001.

Jean CAZENOBE, Technogenèse de la télévision, 2001.

Abdelkader BACHTA, L'épistémologie scientifique des Lumières, 2001.

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Abdelkader

BACHTA

L'esprit scientifique et la civilisation arabo-

musulmane

L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia 5-7, rue de l'École- Hargita u. 3 Via Bava, 37

Polytechnique 1026 Budapest 10214 Torino

75005 Paris HONGRIE ITALIE

FRANCE

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A ma mère, une femme sage et militante

© L'Harmattan, 2004 ISBN : 2-7475-6194-1 EAN : 9782747561945

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INTRODUCTION

Les commentateurs n'apprécient pas de la même façon la science dite « arabo-musulmane ». En somme, on peut déterminer, à ce propos, deux points de vue antagonistes ! . L'un, qui est très négatif, existe, par exemple, chez Renan et rebondit actuellement avec force 2 . L'autre, qui est tout à fait positif, se trouve, pour n'évoquer que certains travaux sérieux, chez Sarton, Roshdi Rasched et Mohamed Souissi. Cette opposition pousse, en fait, le chercheur à y voir clair en essayant de préciser l'état réel de l'esprit scientifique dans la civilisation arabo- musulmane. C'est ce que nous comptons faire dans cette étude.

Pour cela, il nous faut savoir ce qu'est l'esprit scientifique.

Cette curiosité peut être satisfaite par l'examen de la Physique mathématique qui est le prototype de la scientificité. Nous présenterons sur ce sujet un aperçu (et non une étude exhaustive) [qui suffira pour parvenir au dessein fixé]. Nos repères essentiels seront :

a) Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles de Galilée, qui peut être considéré comme le premier traité de Physique mathématique 3 .

Cf. notre livre en arabe, La raison scientifique des Lumières, Dar Attalia, Beyrouth 1997. L'appendice intitulé, Deux points de vue concernant la science de la nature chez les Arabes.

2 Cf par exemple : a) The rise of Early Modern Science-Islam, China, and the West de Toby E Huff, Cambridge University Press, 1993.

b) Islam and Science, London Zed Books 1990, de Pervez Hoodbboy.

3 Cf. Traduction de Maurice Clavelin, A. Colin, Paris, 1970.

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b) Principes mathématiques de la philosophie naturelle de Newton, qui représente, sans doute, l'apogée de cette science sous sa forme moderne'.

c) À propos de l'aspect relativiste de la physique contemporaine, nous utiliserons surtout, La relativité où la pensée d'Einstein se trouve résumée et même clarifiée 2

d) La nature dans la physique contemporaine de Heisenberg et L 'évolution des idées en physique d'Einstein seront nos supports fondamentaux pour analyser la Physique quantique.

Ce sont deux textes synthétiques écrits par deux fondateurs de cette science 3 .

S'agissant de la civilisation arabo-musulmane, on doit tenir compte d'une distinction qui nous paraît être essentielle.

C'est que certains esprits comme Al-Kindi (800-870), Ibn Al- Haytham ou Alhazen (965-1039) et Birouni (977-1050) sont assez proches des considérations concrètes en pensant la nature des « positivistes », pour ainsi dire. D'autres, tels Al-Farabi (870-950), Ibn Roshed, dit aussi Averroès (1126-1198), etc...

sont plutôt portés vers la méditation et la métaphysique. Nos références, sur ce plan, seront fondamentalement :

1) Kitab al Manazir d'Ibn al-Haytham qui traite l'Optique 4 .

Nous utiliserons la traduction de la Marquise de Chastellet, Edition Albert Blanchard, Paris, 1966.

2 Traduction de Maurice Solovine, Edition Payot, Paris 1956.

- L'évolution des idées en physique (Infeld) Traduction de Solovine, Edition Flammarion, 1948.

- La nature dans la physique contemporaine, Traduit par Ukarvelis et A.E.

Leroy, Gallimard, 1962.

4 Edité par Abdelhamid I. Sabra — The National Council for Culture, Arts and Letters, Kuwait 1983. Cette édition ne contient que les trois premières dissertations (Makala), mais on y résume le reste.

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2) Canoun al-Messaoudi de Birouni, qui traite l'Astronomie .

3) Un manuscrit d'Ibn Roshed sur la question des tempéraments (ou humeurs), soulevée déjà, par exemple, par Galien. Ce texte intéresse, en fait, la nature en général comme le souligne son auteur dès le début e .

Il ne nous appartiendra pas, bien entendu, de chercher les résultats et les méthodes scientifiques de la Physique mathématique chez les penseurs arabo-musulmans. Un tel projet ignorant l'histoire des sciences serait illégitime et insensé. Notre but est d'essayer d'estimer la distance séparant le modèle qu'incarne la physique mathématique (qui serait dans ce cas une sorte d'étalon d'appréciation) de la pensée arabo-musulmane relative à l'étude de la nature. En d'autres termes, notre propos consistera à déterminer le rapport entre les structures définissant l'esprit scientifique et les conjonctures caractérisant la pensée arabo-musulmane sur la nature. Nous ferons état, d'ailleurs, chaque fois que l'occasion se présentera, de l'antécédent grec qui nous permettra de mieux comprendre cette relation.

Nous ne consacrerons pas deux parties distinctes aux termes de la comparaison à cause des difficultés méthodologiques d'une telle démarche. Mais chaque élément structurel sera suivi de l'élément conjoncturel correspondant.

Notre livre pourra, ainsi, être lu aussi bien verticalement qu'horizontalement.

L'édition indienne de 1955 (on en a une copie à la Bibliothèque Nationale de Tunis).

Bibliothèque Escurial, n° 632 — Derenbourg — Espagne. Ce texte a été établi, en fait, par Jamel-Eddine Alaoui, in Mémoire de logique et de science de la nature (Makalat fi al Mantak wa al Ilm attabii) d'Ibn Roshed. Ed. Dar Annachr al Maghribia, Casablanca 1983. Ce manuscrit nous a été donné par notre professeur A. Gannouchi, spécialiste d'Ibn Roshed.

Il faut remarquer qu'il est question ici de la combinaison du chaud avec le froid et de celle qui concerne le sec avec l'humide. On est d'ailleurs renvoyé ainsi aux quatre éléments soutenus par les Grecs.

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PREMIER CHAPITRE

L'USAGE DES MATHÉMATIQUES ET L'EXIGENCE DE LA MESURE

L'esprit scientifique tel qu'il se manifeste en physique est nécessairement lié à l'usage des mathématiques. Philosophes et savants, positivistes et non positivistes, en conviennent. La seule différence, à ce niveau, concerne le début de l'activité mathématique s . La fonction essentielle de la Mathématique, quel que soit son genre, est, comme le note Comte dans la troisième leçon du Cours de philosophie positive, d'introduire la quantification et la mesure 2, dont les principales conséquences selon nous sont l'étude des relations et l'abstraction de l'objet quantifié.

I C'est ainsi que Pierre Duhem considère que Platon est le père de la physique mathématique. Cf. Sesmat, L'ancienne astronomie d'Eudoxe à Descartes, Hermann, 1937, p. 80.

Desanti, quant à lui, fait débuter cette science au-delà de Galilée, à cause de l'usage de la simple géométrie ; cf Galilée et la nouvelle conception de la nature, in La philosophie de Galilée à J.J. Rousseau, Edition Hachette, 1973, p. 63-64.

J. Jacques Merleau-Ponty, de son côté, distingue entre géométrisation et mathématisation ; la première concernerait les débuts, la seconde intéresserait une mathématique plus développée et son usage en physique, cf. Leçon sur la genèse des théories physiques, Vrin, 1974, Introduction.

Mais on s'accorde sur l'idée que Galilée représente le commencement de la physique mathématique.

2 L'auteur dit que cette mesure est indirecte et suppose d'abord l'établissement des relations.

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En nous tenant au rapport entre mesurant et mesuré, nous allons porter notre attention d'abord sur la physique moderne et contemporaine en tant que représentant l'esprit scientifique.

Nous examinerons, ensuite, la civilisation arabo-musulmane.

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I. L'esprit scientifique : la physique moderne et contemporaine

A) Galilée

Le titre donné à l'ouvrage fondamental de ce savant, à savoir, Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles (1638), est révélateur. D'ailleurs, on le considère comme étant le premier livre de Physique mathématique. De toute façon, Galilée a tenté très tôt de mathématiser la Physique s .

La première science qui s'occupe de la résistance des matériaux ne nous intéresse pas ici, c'est plutôt la seconde étudiant le mouvement qui attire notre attention.

Le point de départ est la loi de la chute des corps à laquelle l'auteur consacre une partie de la première journée. À partir de là, la théorie connaît une ascension vers le mouvement uniforme et le mouvement naturellement accéléré (troisième journée) pour s'achever dans la quatrième journée où est traité le mouvement des projectiles, qui est une composition des deux premiers types de mouvement.

Il faut noter que ce contenu brièvement esquissé nous plonge dans un monde irréel, abstrait, géométrique, qui rappelle certainement le projet platonicien (et nous y reviendrons), car le mouvement et ses diverses attributions sont des êtres géométriques.

1 Cf. pour les deux idées, Koyré dans Etudes galiléennes, Hermann 1980, p.

86, p. 106.

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En fait, Galilée a posé ainsi la première condition de la mesure ; en bon platonicien, il sait bien qu'on ne peut pas quantifier les irrégularités du concret et de la sensation.

L'instrument de mesure va être le calcul des proportions ; c'est manifeste quand on parcourt les sections indiquées du Discours.

Lisons, par exemple, la proposition 1 du théorème 1 (3 ème journée) « si un mobile animé d'un mouvement uniforme parcourt, avec une même vitesse, deux distances, les temps des mouvements seront entre eux comme les distances parcourues ».

Ou encore la proposition 4 du théorème 4 (même journée) « si deux mobiles sont mus d'un mouvement uniforme, mais avec des vitesses inégales, les espaces qu'ils parcourront en des temps inégaux seront entre eux dans un rapport composé du rapport des vitesses et du rapport des temps ».

Nous pouvons multiplier les exemples, nous arriverons toujours au même résultat. D'ailleurs, à l'époque de Galilée, on ne pouvait pas avoir d'autres choix. Cela signifie, en fait, que ce physicien était prisonnier du livre 5 des Eléments d'Euclide, qui renferme une théorie des grandeurs, de leurs rapports et de leurs proportions, et qui ne sera réellement dépassé qu'avec Laplace, chez qui le nombre serait une entité abstraite, non géométrique.

Ce moyen unique de quantification a permis à Galilée de mesurer les temps, les distances et les vitesses. Son inconvénient est de garder des notions comme celles d'accélération et de vitesse dans l'obscurité. Notre savant avait besoin du calcul différentiel pour les clarifier, mais, malheureusement, il ne pouvait pas, à cette époque, disposer de ce moyen privilégié. De tout façon, on n'a pas manqué d'indiquer les limites des

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mathématiques en usage chez Galilée. A. Koyré et J. Merleau- Ponty l'ont fait chacun à sa façon I .

B) Newton

Là aussi, le titre du livre, Principes mathématiques de la philosophie naturelle (1687), est bien significatif pour notre propos. D'ailleurs, l'auteur nous avertit dès la préface (de 1686) en disant : « On s'est proposé dans ce Traité de contribuer à cet objet, en cultivant les mathématiques en ce qu'elles ont de rapport avec la philosophie de la nature ».

La finalité de l'auteur dans cet ouvrage de physique mathématique est certainement le contenu du troisième livre, c'est-à-dire la détermination du système du monde reposant sur la loi de l'attraction universelle. Pour cela, il a fallu déterminer, d'abord dans le premier livre (et le préambule qui précède), la nature du mouvement dont il s'agit, les forces qui le provoquent etc. Il fallait également écarter, dans le second livre, ce qui empêche la réalisation d'un tel mouvement comme la théorie cartésienne des tourbillons, la résistance des fluides etc. De toute façon, la préface du projet de livre laisse entendre ce contenu.

Il est sûr que cet ouvrage, dont nous venons de présenter une esquisse trop sommaire, contient des éléments concernant le Calcul infinitésimal que Newton a inventé (en même temps que Leibniz).

a) Notons d'abord qu'on peut y trouver des principes fondateurs de cette mathématique. Nous faisons allusion aux onze lemmes du livre premier, première section, et au lemme du livre 2, section 2.

Pour le premier, cf. même chapitre indiqué ; pour le second, cf. Leçons sur la genèse des théories physiques. Ibid, première partie.

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