Sémantique 1
Contrôle continu – DST 1 Mars 2018
— Toutes les réponses doivent être justifiées — Les notes de cours ne sont pas autorisées
Exercice 1
Soit les ensemblesA={b ;c ;{a} ; {b}},B = {a;b; {a;b} ;{b ;c}},C ={b ;c ; {a ;b}}
Dites si les énoncés suivants sont vrais ou faux (en expliquant pourquoi) : 1. B∩C ⊂A
2. ((A∩B) ∪ (A∩C)) ∈ (A∪ (B∩C))
3. A∩C ∈B
4. |ArB|= |BrA| Exercice 2
1. Pour chaque unité lexicale suivante, dite quelle est sadénotation: chien, clébard, toutou.
Qu’est-ce qui distingue sémantiquement ces trois UL ? 2. Quelle est la particularité sémantique de la phrase suivante ?
(1) Long est plus court quecourt. Exercice 3
1. Expliquezpourquoi le groupe nominal souligné apparaît correctement employé dans le contexte des exemples 1a et 1b, et pas dans 1c.
(a) Une énorme limousine venait de se garer devant notre immeuble. Le pare-choc avait l’air d’être en or massif.
(b) Une énorme limousine venait de se garer devant notre immeuble. Tous les passants s’étaient arrêtés pour admirer l’automobile.
(c) Une énorme limousine venait de se garer devant notre immeuble. # Le drapeau était vieux et tout usé.
2. Expliquezl’emploi desdéterminantssoulignés dans : (a) Évidemment qu’il y a de la tomate dans le gazpacho.
(b) Je cherche une colle écologique non nocive pour fixer le plan de travail.
(c) Frotter avec un coton imbibé de dissolvant ou d’acétone.
3. Donnez un exemple de classifieur du nom béton (vous expliquerez votre réponse).
1
Corrigé
Exercice 1 1. B∩C ⊂A
B∩C = {b; {a ;b}}. Donc “B∩C ⊂A” est faux car{a ;b}n’est pas un élément deA. 2. (A∩B) ∪ (A∩C) ∈A∪ (B∩C)
A∩B = {b},A∩C = {b ;c}et donc(A∩B) ∪ (A∩C)= {b ;c}.A∪ (B∩C) =A∪ {b ; {a; b}} = {b ; c ; {a} ; {b} ; {a ; b}}. Et donc “(A∩B) ∪ (A∩C) ∈ A∪ (B ∩C)” est faux, car {b;c}n’est pas un élément de{b;c ;{a} ; {b} ;{a;b}}.
3. A∩C ∈B
A∩C ={b ;c}. Donc “A∩C ∈B” est vrai, car{b ;c}est un élément deB. 4. |ArB|= |BrA|
ArB= {c ;{a} ; {b}}, donc|ArB|=3.BrA= {a; {a;b} ;{b ;c}}, donc|BrA|=3. Et donc “|ArB|= |BrA|” est vrai.
Exercice 2 1. Par définition, la dénotation de chien est l’ensemble de tous les chiens du monde ; de même, la dénotation de clébard est l’ensemble de tous les chiens du monde, et celle de toutou est aussi l’ensemble de tous les chiens du monde. Ces 3 UL ont la même dénotation.
Ce qui distingue ces UL n’est pas ce qu’elles désignent (leur dénotation), mais l’appréciation que le locuteur ajoute en employant ces UL, c’est-à-dire leursconnotations. Chien n’a pas de connotation1, alors que clébard a une connotation péjorative et toutou a une connotation infantile.
2. Dans la phrase (1) les motscourt etlongne sont pas employés selon leur usage habituel : ils renvoient à eux-mêmes, ils ont un emploiautonymiqueet la phrase (1) a la particularité d’être métalinguistique.
Exercice 3 1. Les trois expressions soulignées sont des groupes nominaux définis. Une façon d’employer correctement un groupe nominal défini est de le mettre dans une certainerelation anaphoriqueavec un élément du contexte, qui joue ainsi le rôle de sonantécédent.
En 1a, comme pare-choc est un méronyme de limousine, on en conclut qu’il y a une relation d’anaphore associative entre les deux, et ainsi on comprend qu’il s’agit du pare-choc de la limousine.
En 1b, automobile est un hyperonyme de limousine, et cela légitime l’emploi del’automobile commereprise anaphoriquedeune limousine.
En 1c, on n’est dans aucun des deux cas précédents, et on ne peut pas conclure qu’il y a une relation anaphorique entrele drapeauet un élément du contexte, le groupe nominal défini n’a pas d’antécédent, d’où l’étrangeté de l’emploi de ce groupe nominal défini.
2. (a) Le nom tomate est initialement un nom comptable : les tomates sont des objets que l’on peut compter, on peut dire « une, deux, trois... tomates ».
En 1 cependant, tomate est employé avec le déterminant partitifde laqui s’accorde nor- malement avec les noms massifs. Le déterminant a donc pour rôle de former un groupe nominal massif à partir d’un nom comptable. Pour ce faire, il déclenche un glissement de sens de tomate en faisant appel à l’opération sémantique debroyage universel, pour faire en sorte que le nom ne dénote plus les objets tomates, mais lasubstancetomate (c’est bien cette substance qui figure dans le gazpacho).
1. Ou éventuellement une connotation de fidélité.
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(b) Le nom colle est initialement massif : il dénote une matière et on dit couramment « de la colle ». Mais en 2, il est employé avec l’article indéfiniunequi sert à former des groupes nominaux comptables. Ce déterminant induit donc un glissement de sens de colle en faisant appel à l’opération sémantique desortage(ou degénéralisation) qui permet de dénoter non plus la substance colle, maisuntype ouungenre particulier de colle.
(c) Comme colle, coton est initialement massif (c’est un matériau, on dit « du coton »).
Comme précédemment, en 3, ce nom massif est employé avec l’article un pour former un groupe nominal comptable. Mais cette fois, le glissement de sens provoqué par ce dé- terminant est dû à l’opération dedosage(ou deconditionnement), qui permet de passer de la substance coton àun objet qui consiste en un dose conventionnelle de coton.
3. Un classifieur est un terme qui permet de faire passer une unité lexicale de son sens massif à un sens comptable, en explicitant l’opération sémantique de conditionnement (dosage). Pour béton, qui est initialement massif (on dit naturellement « du béton »), un classifieur courant est, par exemple, bloc : « un bloc de béton » est comptable, on peut dire « quelques blocs de béton », « dix blocs de béton », etc.
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