A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
F. B LANCHARD
Processus de points marqués et processus ramifiés
Annales de l’I. H. P., section B, tome 9, n
o3 (1973), p. 259-275
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Processus de points marqués
et processus ramifiés
F. BLANCHARD (*)
Université Paris VIe, Laboratoire de Calcul des Probabilités,
Tour 56, 9, quai Saint-Bernard, 75230 - Paris Cedex 05 Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. IX, n° 3, 1973, p. 259-275.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
RÉSUMÉ. - On
applique
latechnique
des suites depoints marqués
au
problème
des processusponctuels
ramifiés. On obtient enparticulier
une formulation
partielle
de la mesure de Palm du processus ramifié(dans
le casstationnaire),
ainsi que des conditions de convergence du pro-cessus ramifié à
partir
du temps 0seulement,
vers le processus ramifié lui-même.SUMMARY. - Results about séries of marked events are
applied
tobranching point
processes. Thestationarity
of thebranching
process is derived from suitablehypothèses, together
with apartial
result about its Palm measure. It is shown that undergeneral
conditions the transientbranching
process converges to thebranching
process itself.INTRODUCTION
Un modèle de l’occurence des pannes dans un ordinateur a été fourni par Lewis
[4] [5].
Il consiste à supposer quechaque
défaillance d’un compo- (*)Équipe
de Recherche n° 1 « Processus stochastiques et applications » dépendantde la Section n° 1 « Mathématiques, Informatique » associée au C. N. R. S. Cet article résulte de la refonte et de la généralisation du contenu de ma thèse de 3° cycle. Je remercie
MM. J. NEVEU et A. HANEN des conseils précieux qu’ils m’ont donnés pour ce travail.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B - Vol. IX, n° 3 - 1973.
260 F. BLANCHARD
sant
entraîne,
non pas une seule panne, mais une pannechaque
fois quece composant devrait être
utilisé,
et ceci tantqu’il
n’a pas été localisé etréparé.
La suite des pannes résulte donc de lasuperposition :
1)
de la suite « despremières
pannes » de composants, que Lewis sup- pose être une réalisation d’un processus de Poisson(appelé
processusprimaire) ;
2)
de l’ensemble des « pannes secondaires » entraînées par lesprécé-
dentes. Les processus secondaires
qui
lesreprésentent
sontindépendants
et
identiques,
et consistent en des processus de renouvellement finis ayantun nombre aléatoire de
points.
Nous établissons ici l’existence du processus « en
équilibre » (c’est-à-dire
tel
qu’il
serait si le calculateur fonctionnaitdepuis toujours),
ainsi que cer- taines de sespropriétés,
dans un casplus général :
le processusprimaire
est
supposé stationnaire,
les processus secondaires ont un nombre depoints
dontl’espérance
est finie. Nous démontrons ensuite que le pro-cessus obtenu en ne ramifiant le
primaire qu’à partir
du temps 0 modèlequi
convient mieux pourreprésenter
le fonctionnement d’un ordinateur - tend bien vers leprécédent quand
t ~ + ~.I. CONSTRUCTION D’UN PROCESSUS
RAMIFIÉ ;
PROPRIÉTÉS
DU PROCESSUS ENÉQUILIBRE
Notre processus se décrit facilement au moyen du modèle des processus de branchement ou de
ramification,
àpartir
de la donnée d’une distribu- tionponctuelle
aléatoire sur R(le
processusprimaire)
et d’uneprobabilité
de transition
(le
processus secondairegénéral).
L’existence de tels proces-sus est démontrée par Harris
[3]
à l’aide de la fonctionnellegénératrice.
Nous allons donner ici une autre
construction, plus
directementproba-
biliste.
1. Construction d’un processus ramifié
a)
DÉFINITIONSNous noterons, suivant
l’usage
courant, N l’ensemble des entiers natu-rels,
Z celui des entiersrelatifs,
R celui desréels,
et B la03C3-algèbre
des boré-liens de R. Soit :
Q l’ensemble des mesures à valeurs entières
positives,
àsupport
dénom-brable,
sur R. On notera 0 la mesure nulle.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
261
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS
. j~ la
plus petite ~-algèbre
sur Qqui
rende mesurable la variable aléa- toire 0153 v"~qu’on
noteraN~(.),
pour tout borélien A de R.. d+
(resp. d-)
sera la~-algèbre engendrée
pour lesapplications quand
A est un borélien de[0,
+ oo[ (resp.] - oo, 0[).
.
Enfin,
la donnée d’uneprobabilité
P sur(Q, ~/)
constitue une mesureponctuelle aléatoire ; 5o
sera laprobabilité
telle que5o(0)
= 1.Soit
SZ°
lapartie
de Q constituée des mesures àsupport
sanspoint
d’accu-mulation,
ayant la valeur 1 auplus
sur les boréliens réduits à unpoint.
La donnée d’une telle mesure est alors
identique
à celle d’unepartie
dénom-brable localement finie de R. Donnons-nous une distribution
ponctuelle
aléatoire
(Q, a/, A)
telle que soitA-négligeable (Nous
nous trouvonsdonc dans le cas
développé
parRyll-Nardzewski [9]
et Neveu[8],
à ceciprès
que les mesures finies sontadmises).
DÉFINITION 1. - Toute distribution
ponctuelle
aléatoireA,
telle que=
1,
seraappelée
processusponctuel.
Nous pourrons dans ce cas indexer les
points
de a~ surZ,
en les classant par ordrecroissant,
et enappelant to le premier point
d’abscissepositive.
Nous noterons aussi
d, d+
et ~ - les7-algèbres
traces surSZ°.
Suivant une
suggestion
de Lewis(5,
p.361 ),
nous allons utiliser la tech-nique
des suites depoints marqués, empruntée
à Matthes[6],
pour cons- truire le processus enéquilibre (ainsi
que d’autresqui
servirontplus loin)
et démontrer sa stationnarité.
Soit S l’ensemble des
parties
finies deQo,
~ laplus petite ~-algèbre
sur S rendant mesurables les dénombrements sur les boréliens
(sur
le modèleprécédent),
ou, cequi
revient aumême,
lesapplications
coordonnées.Un élément s~S pourra se
représenter
sous la forme s= ( si,
..., ST},
comme une suite croissante dans
R,
ayant un nombre total aléatoire T de termes. Nous munissons(S, f/)
d’uneprobabilité
~.A
chaque point
t~ de a~ E onassigne
une marque si dansS,
on obtient ainsi une « suite depoints marqués
». Nousappellerons S?~
l’ensemblede ces suites d’éléments de R x
S, d s
la03C3-algèbre
surengendrée
par les ensembles de la formequels
que soientAi
1 ...Ap
Ef!I, Si
1 ...Sp
E ~.La donnée d’un processus
ponctuel
03BB etde
permet de définir uneprobabilité
P’ sur(S?5,
Vol. IX, n° 3 - 1973.
262 F. BLANCHARD
b)
CONSTRUCTION DE LA SUITE ALÉATOIRE DE POINTSMARQUÉS
Voici le
procédé employé
à cet effet par Matthes([6],
p.68) :
on démontred’abord que
d s
est laplus petite ~-algèbre
rendant mesurables lesappli-
cations coordonnées de
S?.~
dans R xS,
~,-~(t~,
- oo i +00.On peut alors définir la restriction de ~, à la
~-algèbre
deSZ°
engen- drée par les coordonnées d’indicei, - m - 1 i n ; on
construit par ailleurs une suite aléatoire finie d’éléments Ui deS( -
m - 1 in), répar-
tis
indépendamment suivant ~ :
à savoir suivant laprobabilité
On obtient pour
produit
uneprobabilité
0p ® ~m + n).
En faisant tendrem et n vers
l’infini,
on obtient finalement uneprobabilité
surS?5 :
nous lanoterons
[À, ,u].
Mettons l’accent sur trois
propriétés
de[/L, ,u].
lre
PROPIÉTÉ.
- Soit p :SZ° l’application qui
à c~s fait corres-pondre
la suitedes ti;
p est mesurable par construction de onappel-
lera
ds la sous-03C3-algèbre
deds engendrée
par p, soit Comme les t~ sontrépartis
suivant pour m 1 i n, on a :2e PROPRIÉTÉ. - Les
applications
Ui, - oo i + oo, sontindépen-
dantes entre elles.
3e PROPRIÉTÉ. - Si n =
0,
et que l’on fait tendre m vers + oo, on obtient la restriction de[2,
àd s qui
coïncide donc avec[03BB-, ],
si l’onappelle
03BB-la restriction de 2 à A-
(voir II, la).
C)
LE PROCESSUS DE BRANCHEMENT DÉDUITSoit r : - Q « le rabattement »
qui
superpose à a~ chacun des évé- nements secondairesengendrés
par sespoints,
chacun prenant son ori-gine
aupoint
dont il est la marque.Plus correctement : Soit
avec
(Nous
utilisons pour lespoints marqués
de cvS la numérotationprévue
au début
du § 1).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
263
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS Nous lui faisons
correspondre
par r la famille depoints :
PROPOSITION 1. -
L’application
r est mesurable de(S?.~,
dans(Q, ~).
Démonstration. Soit p, comme
plus haut, l’application qui
à. cc~s faitcorrespondre
la suite «démarquée »
cc~.Soit a; : S?5
- Sl’application (elle
aussi mesurable parconstruction) qui
à Ws faitcorrespondre
la suite secondaireengendrée
par lepoint ti
de cos.Soit
~~
la translation delongueur t
surR ;
nous noterons de la mêmemanière la translation
correspondante
sur lesparties
de R.. Notons enfin *
l’opération
«superposition
de deux distributions ponc- tuelles ». On adonc,
pour tout borélien A deR,
Par définition de chacune des
applications
effectuées ci-dessus estmesurable,
doncNA(r(ws»)
est une variable aléatoire réelle sur(Q~,
ce
qui
démontre que est mesurable de(S?5,
dans(Q, ~).
r définit une
probabilité (~,,
sur(Q,
par la formule ordinaire : Il en résulte immédiatement la formuled’intégration
par rapport à lamesure
image,
pour toute variable aléatoire réellef intégrable
sur Q :2. Stationnarité du processus « en
équilibre »
Nous allons maintenant supposer que
(Q, A)
eststationnaire,
cequi
n’était pas nécessaire
jusqu’ici.
Si
03C6t
est la transformationqui
à 0153 ={
...t-1,
t0, t1 ...}
fait corres-pondre =={... ~
+ t, to + t, ri + t, ...},
et si l’on noteVol. IX, n° 3 - 1973. I 9
264 F. BLANCHARD
pour tout E de a/
(ces
transformations sontindépendantes
de l’indexation choisie pour lespoints
de celasignifie
quePROPOSITION 2. - Si ~, est stationnaire
(~,, p)
est stationnaire.Démonstration :
a) [~,,
est stationnaire.Cela résulte de la stationnarité de ~,
(Matthes [6~,
p.69).
b) (~,, p)
est stationnaire.Par abus de
langage,
onappellera
aussi~t
la transformation delongueur
tsur c’est-à-dire que si l’on note :
on a
On vérifie facilement que Donc
3.
Moyenne
du nombre depoints
(À,
étantstationnaire,
on sait(voir
parexemple
Gnedenko et Kova-lenko
[I ]) qu’il
existe un réel a >0,
fini ou non, tel que pour tout boré- lienA,
si l’onappelle
~ la mesure deLebesgue
on ait :a)
CAS OU LE PROCESSUS PRIMAIRE EST QUELCONQUESupposons A
non forcément stationnaire. Nous noteronsAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 265
A étant un borélien. Si
f
est une fonctionmesurable, positive
surR,
on aet une formule
analogue
pourPosons,
si P etQ
sont deux mesures surR, positives :
PROPOSITION 3. - Soit ~, un processus
ponctue!, /~
uneprobabilité
sur
(S, $~).
La mesure sur Rs’exprime
par la formule :Démonstration. - Soit p et la famille ~j définis comme en 16. Posons
alors
ce
qui donne,
enappliquant
la formule 1Mais,
en considérant r03C9s commedistribution,
on adonc
Si l’on pose, comme
plus haut, J~s
=premier
terme estA’s-mesurable,
doncceci du fait que ~~ et p sont
indépendants.
A toute
application 03C6(03C9s)
dansR,
on peut faire corres-Vol. IX, n° 3 - 1973.
266 F. BLANCHARD
pondre
uneapplication
dansR, A-mesurable,
telleque § =
p, et queC’est en effet évident
quand §
est un indicateur d’ensemblerable, grâce
à la formuleet le cas
général
s’en déduit immédiatement.Nous pouvons donc considérer
E( fo r dg)
comme uneapplication
Tde Q dans R. Il
vient, d’après (4) :
et, en combinant
(5)
et(6),
on obtient :Le
premier
terme du second membre vautQ~,(A).
En remaniant lesecond,
on a :
soit,
en effectuant la secondeintégration :
ce
qui
établit laproposition.
b)
APPLICATIONSCOROLLAIRE. - Pour que la mesure soit
finie,
il faut et ilsuffit,
si
Q~,
est elle-mêmefinie,
queQ~
*Pille
soit.PROPOSITION 4. - Soit À. stationnaire en moyenne, de densité ce + oo Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 267
(c’est-à-dire,
= = Pour que soitfinie,
il fautet il suffit que le nombre de
points
T du processus secondaire ait unemoyenne
finie,
et l’on a alorsQ~~,,~~(A)
=a(1
+Démonstration. - Intervertissons
Qi
etP
dans la formule 9 :Or Il vient
PROPOSITION 5. - Soit
(Q, ~, ~,)
un processusponctuel
aléatoire sta-tionnaire conforme aux
hypothèses
deRyll-Nardzewski, (S, $~,
une dis- tribution aléatoirequelconque.
On peut alorsconstruire,
àpartir
de A et ~,une distribution
ponctuelle
aléatoire ramifiée(Q, ~/, (/L, qui
est elle-mêmestationnaire.
Si de
plus A. possède
une densité a + oo, et sil’espérance
du nombrede
points
T de s,E~(T),
estfinie,
alors(~,,
a unedensité, qui
vautConséquence.
Ce résultat nous montre que dans leshypothèses
duthéorème la distribution
ponctuelle
cv est(03BB, )-presque
sûrement locale- ment finie.4. Mesure de Palm de
(À, ,u)
Nous utiliserons la formule de définition
(2. 8)
de Mecke[7]
de la mesurede
Palm, adaptée
aux notations utilisées ici :où P est une distribution
aléatoire,
A esi,
= 1.La stationnarité de
(03BB, )
entraîne l’existence de(03BB, )0;
l’existence d’une densité finie pour(À, p)
nous assure que(À,
est une mesurefinie,
dont on sait par ailleurs(J.
Neveu[8])
que c’est une distributionponctuelle.
Vol. IX, n° 3 - 1973.
268 F. BLANCHARD
En prenant g = on aura :
Combinons les formules 1 et 10
Or considéré comme distribution
ponctuelle
surR,
peut s’écrirece
qui, reporté
dans(11),
nous donne :INTERPRÉTATION HEURISTIQUE
a) ~,
ayant une densité a,~,o
est une mesure finie. Soit~.ô
laprobabilité
sur Q telle que
~,o
= Lepremier
terme de la formule(12)
vautc’est-à-dire
qu’à
un facteurprès,
cettepartie
de(A,
estégale
à la distri- butionengendrée
par laprobabilité
de Palm duprimaire,
ramifiée par p.On peut en donner une démonstration à l’aide des résultats de Hanen
[2].
On peut aussi en avoir une intuition directe en remarquant que ce terme vaut
où le nombre des
points ti de
pWs dans[0,1],
tels A.b )
Le second termereprésente
la contribution despoints
des processus secondaires à la mesure de Palm. Je n’ai pas trouvé de moyen del’expliciter plus précisément.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 269
II.
PROPRIÉTÉS ASYMPTOTIQUES
DES PROCESSUS
RAMIFIÉS
Lewis
[4] [5] envisageait
un processus de Poissonstationnaire,
commen- çant au temps0,
et ramifié au moyen d’un secondairequi
était un renou-vellement
tronqué.
Nous allons nous
placer
ici dans des conditionsplus générales :
le pro-cessus
primaire
n’est pas nécessairementstationnaire,
maissimplement
de densité bornée
sur ] -
oo,0].
Le processus secondaire a un nombre depoints
Td’espérance
finie. Nous endéduirons,
en utilisant les résultats duchapitre I, qu’un
processusponctuel,
ramifié seulement àpartir
dutemps
0,
se comporte comme le processus ramifié de - oo à + ooquand
t - + oo ; ou, si l’on veut, que l’influence des processus secondaires loin- tains va en
s’effaçant
avec le temps.Il en résulte que la distribution décrite par Lewis
(transient process)
tend vers le processus « en
équilibre » quand
t --~ + oo, cequi
permetd’interpréter
certains des résultats donnés par Lewis[5].
1. Conditions de convergence
a)
DÉFINITIONSSoit
À)
un processusponctuel quelconque. Appelons
Q-(resp. Q+)
la
partie
deSZ° qui
se compose des sous-ensembles localement finis deSoit cv E
SZ° (resp.
coS ES?5 ),
nousappellerons
w- et(resp. c~S
etses «
projections
» sur R - et R + :Pour tout E E
~/,
nous poseronset pour tout F E
~S,
Vol. IX, n° 3 - 1973.
270 F. BLANCHARD
~ , ~[~]
et[~, ~c]
sont desprobabilités
etgrâce
àI,1 b
3° p ro-priété),
on a :(~. -,
et(~, +, ,u)
sont définis comme en(I,1, c).
b)
THÉORÈME DE CONVERGENCESoit A un intervalle de
R +,
borné ou non. Nousappellerons ~A
la03C3-algèbre engendrée
par lesdénombrements
sur les boréliens de A.~
PROPOSITION 1. - Soit E E
~A (resp. ~+).
Pour que ilsuffit
queDémonstration. - Par définition
(~,, ~~,, E)).
Décomposons E)
en 2 événementsdisjoints :
Comme E E
dA,
lepremier
estidentique
àdonc il se
décompose
à son tour enDonc
Le
premier
terme estidentique
àLes autres sont l’un et l’autre
majorés
parqui
tend vers 0quand
t tend vers l’infini.Donc
(~,+, (~.~ ~)(E) _ ~(t)~ (E
--~ 0quand
t -~ +oo).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 271
Remarque.
- L’existence d’un intervalle I borné surlequel l’hypothèse
est
vérifiée,
entraînequ’elle
est vraie sur toutborné ; l’hypothèse
où 1 = R +est
plus
forte.c)
MOYENNE DU NOMBRE DE POINTSNous
remplacerons
leshypothèses
de laproposition
1 parCes
hypothèses
sontplus
fortes(les premières
s’en déduisentgrâce
authéorème de
Lebesgue),
maisbeaucoup plus
faciles à vérifiergrâce
à laproposition 1,3.
Soit A un intervalle de R+. Nous voulons que
Dès que t est assez
grand,
lepremier
terme estnul ;
nous pouvons donc énoncer le résultat suivant :PROPOSITION 2. - Pour que
E(N~t~A~)
-0,
A borné(resp.
-~0)
ilfaut et il suffit que
Q~ _
0(resp. qu’il
existe un réel to tel que DémonStration :a ) Quand
l’intervalle estborné,
la démonstration se déduit immédia- tement de cequi précède.
b)
Soit * + oo .Sur
~to(R+) _ [to,
+ oo[,
*P~
se comporte alors comme une mesurefinie.
Donc comme
quand
t - +00. ..Applications.
1) Quand P~ ne charge qu’un
intervalle borné deR+,
laproposition
1s’applique
sansqu’il
soit nécessaire de recourir à laproposition
2.2)
Voici maintenant uneproposition qui,
àpartir d’hypothèses
un peuplus générales,
nous donnera une condition suffisante de convergence dans le cas où A. est stationnaire en moyenne :Vol. IX, n° 3 - 1973.
272 F. BLANCHARD
PROPOSITION 3. - Soit A un intervalle de
R+,
etQ~,(B) c(B),
B par- courant l’ensemble des boréliens. S’il existe to > 0 tel quealors
Démonstration :
a )
Si A est un intervalle bornéet
Donc
Donc,
pour Aborné,
il suffit que P soit finie au-delà d’un réel to pour que leshypothèses
de laproposition
2 soient vérifiées.b)
SiA=R+et
quand T
> t. Doncet il suffit
qu’il
existe unréel to
tel que pour que leshypothèses
de laproposition
2 soient vérifiées.3)
On obtiendrait despropositions analogues
dans le casoù,
parexemple, Q~
etP~
admettent toutes deux des dérivées deRadon-Nikodym
par rap- port à la mesure deLebesgue.
Remarque.
- Laproposition
3 permet de retrouver facilement un des résultats de Lewis[5] :
à savoir queAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 273
Cela résulte de ce que
et. la
proposition
3 établit que le second terme du second membre tendvers
0,
avec leshypothèses
de Lewis.III.
INTERPRÉTATION
DE CERTAINS
RÉSULTATS
DELEWIS ;
DISCUSSION1)
Trois des résultatsasymptotiques
donnés par Lewis[5]
à propos du processus(~, +, ~),
dans un casparticulier : ~,
dePoisson, ~
renouvellementtronqué, qui
vérifie leshypothèses
de laproposition 3, peuvent
être inter-prétés
à l’aide des résultatsqui précèdent.
a)
MOYENNE DU NOMBRE DE POINTS DANS UN INTERVALLELewis montre que -~
oc(1
+Nous savons maintenant que la limite est la moyenne du nombre de
points
de(A,
dans l’intervalle unité.b)
TEMPS DE RÉCURRENCE EN AVANT(~ +, J,l) {
=O ~ - RL(h, t)
détermine la fonction derépartition
dutemps de récurrence en avant
(temps qui sépare
l’instant t dupremier point qui
lesuit).
Lewisdonne,
dans un cas trèsgénéral,
la limite de cettequantité ;
le théorème 2 nous permet d’en déduire que cette limite estC)
FONCTION GÉNÉRATRICE DU NOMBRE DE POINTS DANS UN INTERVALLELewis donne
également
la limitequand
t - + oo de la transformée deLaplace
dulogarithme
de la fonctiongénératrice
de pour le processus(~, +,
La convergence de
(~, +,
vers(~,,
entraîne la convergence de la fonc- tiongénératrice
de(~,+, ,u)
vers celle de(~,, ~c),
doncl’expression
donnéepar Lewis est
bien,
comme il l’affirme(p. 361 )
la valeur pour le processus(~,, ~c)
de cette transformée
(Voir
Vere-Jones[11])..
Vol. IX, n° 3 - 1973.
274 F. BLANCHARD
Le
présent
travail constitue donc unejustification
des résultats deLewis
(5).
Nous avons démontré :- d’une part, que le « processus en
équilibre
» dont ilparle
peut se construirerigoureusement ;
- d’autre part, que les
limites,
calculées parLewis,
desquantités
rela-tives au processus
(~,+,,u) (le
processustransitoire),
coïncident avec lesquantités correspondantes
relatives au processus stationnaire(À,
Ces
grandeurs
nepourraient-elles
pas s’obtenir par un calcul direct ? C’est peuprobable.
La valeur deQ~ ~(A),
nécessaire à la démonstration de laproposition 1,5
estbeaucoup plus
difficile à calculer directement que celle de la limite de A supposerqu’on puisse
obtenir directe-ment
RL(h, t)
et la fonctiongénératrice
de nous pouvons penser que ce serait au moins aussi laborieux. Les calculssimples
de Lewis restentdonc
indispensables.
2)
Le type de convergence dont il estquestion
dans la prop.II, 1
estplus
fort que la convergence faible
(c’est-à-dire
ne concernant que les événe- ments E= ~ cv : N1(w)
=k ~
et leurs intersectionsfinies).
Ainsi,
soit S= f
>1} (il s’agit
de l’ensemble des mesures ponc-pE1
tuelles donnant une masse > 2 à au moins un
point
dans l’intervalleI).
S
appartient
à la~-algèbre j~,
mais non àl’algèbre engendrée
par les événements{
~.~ := k ~ .
Or
si p
necharge
pas unpoint
avec uneprobabilité
nonnulle,
on peutdémontrer que
(À+,
= 0 pour tout t : dans l’intervalle borné(~, +, ~)
résulte de lasuperposition
nonindépendante
d’un nombre fini demesures
ponctuelles
aléatoire.Il en résulte que
(A,
=0, lorsque
leshypothèses
de laproposition
1sont
vérifiées ;
c’est-à-dire que dans ce cas(~,, ~c)
est «séparée »
au sens deGnedenko et Kovalenko
[1].
3)
DISCUSSIONSans
qu’il
ait énoncé cette formuleexplicitement,
des résultatsplus
fortsque la formule de la
proposition 1,4
ont été démontrés par Vere Jones[10]
à l’aide des fonctionnelles
génératrices.
A l’aide du mêmeoutil,
Westcott[l2]
a
également
donné un résultat assezproche
de laproposition 1,5.
A cetégard,
le seul intérêt de la méthodeemployée
ici est donc de donner uneconstruction
explicite
d’un processus ramifié.Son utilité
spécifique apparaît
mieux à propos de la mesure de PalmAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
PROCESSUS DE POINTS MARQUÉS ET PROCESSUS RAMIFIÉS 275
(I, paragraphe 4),
et surtout à laproposition II, 1, qu’il paraît
difficile de démontrer à l’aide de la fonctionnellegénératrice (dont
la convergence estéquivalente
à une convergence faible desprobabilités).
BIBLIOGRAPHIE
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(Manuscrit reçu le 3 avril 1973).
Vol. IX, n° 3 - 1973.