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Academic year: 2022

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Troubles

psychotiques:

agressivité,

instabilité, délires

NATHALIE FORESTIER CCA PSYCHIATRIE

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Sémiologie du délire

Les idées délirantes correspondent à des altérations du contenu de la pensée entraînant une altération du contact avec la réalité. Les idées délirantes font l’objet d’une conviction inébranlable, inaccessible au raisonnement ou à la contestation par les faits. Il s’agit d’une « évidence interne », pouvant être plausible ou invraisemblable, mais qui n’est généralement pas partagée par le groupe socioculturel du sujet. Dans la schizophrénie, la prévalence des idées délirantes est estimée à plus de 90 %. On décrit les idées délirantes par rapport à leur thème, mécanisme et structure ou organisation.

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Sémiologie du délire

Le délire n’est pas synonyme de psychose. Si on rencontre une activité délirante dans la plupart des psychoses, il n’est pas rare d’objectiver un délire dans des pathologies n’appartenant pas au champ psychotique (mélancolie délirante, manie délirante…).

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Sémiologie du délire

Thèmes

Le thème de l’idée délirante correspond au sujet principal sur lequel porte cette idée. Les thématiques peuvent varier à l’infini, être uniques ou multiples, s’associer entre elles de façon plus ou moins logique.

Dans la schizophrénie, les thèmes sont multiples et hétérogènes : thème de persécution, mégalomaniaque, mystique, de filiation (le sujet étant persuadé d’avoir d’illustres ascendants), somatique, érotomaniaque, d’influence, de référence.

Aucun thème n’est spécifique d’une pathologie mais ils peuvent cependant orienter le diagnostic.

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Sémiologie du délire

- Persécution: idée délirante dans laquelle le thème central consiste pour le sujet à être attaqué, harcelé, trompé, espionné, persécuté ou victime d’une conspiration: « Je sais bien que vous mettez des médicaments dans mon pain pour que je me taise et que je ne révèle pas au monde le soulèvement populaire communiste qui est en train de se préparer. ».

- Grandeur/ mégalomaniaque: idée délirante qui implique de la part du sujet un sentiment exagéré de son importance, de son pouvoir, de son savoir, de son identité: « Vous voulez me faire une prise de sang pour le revendre. Mais je suis votre directeur et votre roi, je refuse que vous preniez mon sang. »

- Mystique: idée délirante dont le thème central est la religion: « Je sais que je suis le fils préféré de Dieu, et qu’il m’a confié un rôle spécial sur Terre. »

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Sémiologie du délire

- Somatique: idée délirante dans laquelle le thème central touche au fonctionnement du corps: « Je sens mauvais parce que mes intestins sont tombés. En plus, avec la ventilation j’ai attrapé des boutons qui sont en fait des caméras microscopiques qui enregistrent tout. »

- Fantastique: conviction s’apparentant aux thèmes de la science-fiction.

Assez typique du délire paraphrénique.

- Ruine: conviction d’être ruiné, abandonné. Fréquent dans les mélancolies délirantes.

- De référence: idée délirante dans laquelle le sujet pense que certains éléments de l’environnement posséderaient une signification particulière pour lui, idée dans laquelle le sujet est lui-même la référence: « Le présentateur du journal télévisé s’adresse spécifiquement à moi lorsqu’il annonce qu’un grave accident d’avion a lieu hier. »

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Sémiologie du délire

Mécanismes

Le mécanisme de l’idée délirante correspond au processus par lequel l’idée délirante s’établit et se construit. Il s’agit du mode d’élaboration et d’organisation de l’idée délirante.

Il existe 4 types de mécanisme à l’origine des idées délirantes : - interprétatif

- hallucinatoire - intuitif

- imaginatif

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Sémiologie du délire

Mécanismes

- Interprétatif: attribution d’un sens erroné à un fait réel: « On est entré chez moi, les objets ont été déplacés et il y a une marque sur la porte. » - Hallucinatoire: construction d’une idée délirante à partir d’une hallucination. « Je vois les morts, là en ce moment il y a un cadavre décomposé allongé par terre à ma gauche, il me demande de l’aide mais je ne peux pas l’aider ! Alors je suis triste. »

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Sémiologie du délire

Mécanismes

- Intuitif: idée fausse admise sans vérification ni raisonnement logique en dehors de toute donnée objective ou sensorielle: « Je suis l’envoyé de Dieu, je le sais, c’est ainsi. »

- Imaginatif: fabulation ou invention où l’imagination est au premier plan et le sujet y joue un rôle central. « Il faut arrêter les moteurs diesel et utiliser les moteurs à venin de scorpion. J’ai passé plusieurs milliards d’années à extraire du venin de scorpion, c’est le mieux pour les moteurs. »

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Sémiologie du délire

Mécanismes Hallucinations

L’hallucination est définie comme une perception sans objet. Dans la schizophrénie, 75 % des patients présentent des hallucinations, notamment en phase aiguë.

- Psychosensorielles: il s’agit d’hallucinations relevant de manifestations sensorielles. Dans la schizophrénie, tous les sens peuvent être touchés. Les hallucinations les plus fréquentes sont les hallucinations auditives présentes chez environ 50 % des patients. Il peut s’agir de sons simples (sonnerie, mélodie), mais le plus souvent il s’agit de voix nettement localisées dans l’espace, on parle alors d’hallucinations acoustico-verbales. Elles peuvent converser entre elles et s’adresser au sujet à la troisième personne. Il s’agit en général de phrases courtes avec une connotation négative. Des attitudes d’écoute, la mise en place de moyens de protection (écouter de la musique, se concentrer sur une tâche, se boucher les oreilles, des réponses brèves ou en aparté, une soliloquie, une distractibilité pendant l’entretien) sont évocateurs d’hallucinations auditives dont le sujet ne parle pas toujours spontanément.

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Sémiologie du délire

Hallucinations psychosensorielles

Les hallucinations visuelles touchent quant à elles 30 % des patients atteints de schizophrénie. Elles peuvent être élémentaires (lumières, taches colorées, phosphènes, ombres, flammes, flashs, parfois formes géométriques), ou plus complexes (objets, figures, scènes, etc.) sous forme de scènes visuelles comme une âme sortant d’un corps, d’un phœnix volant dans le ciel, ou de façon plus angoissante, des démons et des morts sortant du sol. Les hallucinations tactiles (sens du toucher superficiel) sont présentes chez environ 5 % des patients souffrant de schizophrénie. Les patients peuvent sentir des coups de vent sur le visage, des sensations de brûlures, de piqûres, le corps d’un individu à côté d’eux, ou croient toucher des objets, des animaux… Ces hallucinations peuvent être rapportées à des contacts manuels, des phénomènes d’électrisation ou la sensation d’être couvert de parasites. Les sujets touchent parfois leurs hallucinations pour tenter de les éliminer (se libérer de liens, écraser les parasites…).

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Sémiologie du délire

Les hallucinations touchant les autres sens sont moins fréquentes.

Parmi elles, les hallucinations gustatives (modification du goût des aliments par exemple), les hallucinations olfactives qui portent le plus souvent sur des mauvaises odeurs provenant du patient lui-même. Les hallucinations cénesthésiques intéressent la sensibilité interne. Il peut s’agir d’impressions de transformation du corps dans son ensemble (évidement, éclatement, possession animale ou diabolique, transformation corporelle, sensations d’être traversé de part et d’autre par un voile ou parfois par une balle…) ou d’impressions localisées à une partie du corps, éventuellement la sphère sexuelle.

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Sémiologie du délire

Les hallucinations intrapsychiques correspondent à un phénomène psychique, vécu dans la propre pensée du patient sans manifestation sensorielle. Ces hallucinations ne présentent pas de caractère de sensorialité ni de spatialité ; elles sont perçues comme des phénomènes intrapsychiques étrangers au sujet. La pensée prend alors une forme hallucinatoire avec des voix intérieures, des murmures intrapsychiques.

Le sujet souffrant de ce type d’hallucinations peut entendre ses pensées comme si elles venaient d’autrui et a l’impression de vol, de divulgation, de devinement de la pensée, de transmission de la pensée, de pensées imposées…

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Sémiologie du délire

Dans le phénomène d’écho de la pensée, le sujet entend ses propres pensées répétées à voix haute, comme renvoyées par un écho. Ces phénomènes sont aussi appelés « perte de l’intimité psychique ».

Historiquement, les hallucinations intrapsychiques étaient distinguées en:

- « automatisme mental », « l’automatisme mental de Clérambault »:

syndrome, décrit par Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934), est marqué par des hallucinations intrapsychiques qui s’imposent à la conscience du patient, le vol et le devinement de la pensée par autrui, les commentaires de la pensée et des actes, les échos de la pensée (les pensées sont répétées à haute voix).

- « syndrome d’influence »: caractérisé par le sentiment d’être dirigé, d’avoir sa volonté dominée, et d’avoir sa personnalité modifiée à distance.

Ce syndrome peut être associé aux hallucinations psychosensorielles, notamment aux hallucinations acoustico-verbales, qui commandent ou donnent des ordres au patient.

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Sémiologie du délire

Une altération sensorielle, surtout si elle constitue le mécanisme unique du délire, doit être explorée sur le plan organique avant de conclure à une hallucination. Cela est particulièrement vrai pour les hallucinations visuelles dont l’origine est très souvent neurologique ou ophtalmologique et très rarement psychiatrique.

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Sémiologie du délire

Systématisation

Le degré de systématisation évalue l’organisation et la cohérence des idées délirantes. Une idée délirante est considérée peu systématisée lorsque l’organisation est floue, vague et peu cohérente. Dans la schizophrénie, on retrouve dans la majorité des cas des idées délirantes non systématisées, floues, sans logique, incohérentes, contrairement au trouble délirant persistant de type persécution au cours duquel les idées délirantes sont généralement systématisées et où la cohérence donne une certaine logique à la production délirante.

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Sémiologie du délire

Systématisation

L’organisation définit si le délire occupe ou non tous les champs de la vie psychique du sujet (vie sociale, vie conjugale, vie professionnelle…):

- organisation en réseau: tous les champs de la vie psychique sont concernés par le délire

- organisation en secteur: le délire se concentre sur une seul champ de la vie psychique (par exemple la vie conjugale pour les délires de jalousie).

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Sémiologie du délire

Adhésion

L’adhésion aux idées délirantes, qui correspond au degré de conviction attaché à ces idées, est variable, mais peut être élevée. Lorsque la conviction est inébranlable, inaccessible au raisonnement et aux critiques, l’adhésion est dite « totale ». Lorsque l’adhésion est partielle, le patient est en mesure de critiquer ses propres idées délirantes.

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Sémiologie du délire

Retentissement émotionnel et comportemental

Le retentissement émotionnel et comportemental doit être évalué systématiquement : le niveau d’anxiété, souvent majeur, le risque suicidaire, et le risque de passage à l’acte hétéroagressif. La dangerosité pour soi-même ou pour autrui peut être la conséquence directe des idées délirantes (échapper au complot, expier ses fautes, se venger d’un persécuteur).

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Sémiologie du délire

Productivité du délire

On parle de délire « productif » lorsqu’un nombre important d’éléments sont produits par le patient pour alimenter la conviction délirante. Il peut s’agir d’hallucinations, d’interprétations et même d’un contenu imaginatif particulièrement riche.

Par exemple:

- Un patient présentant un délire de persécution se résumant à une méfiance extrême, opposante, sans verbalisation ni justification ne peut pas être qualifié de « productif ».

- Un autre patient présentant toujours un délire de persécution mais clamant voir des agents secrets qui le suivent, fouillant la pièce à la recherche de micros et entendant des voix parasites sera qualifié de

« productif ».

On peut être délirant sans être « productif ».

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Agitation et délire aigu

Agitation et délire aigu constituent deux syndromes indépendants et peuvent se rencontrer dans de nombreux troubles. Une cause non- psychiatrique urgente doit être systématiquement envisagée chez toute personne présentant un état d’agitation ou des idées délirantes d’apparition récente.

Une agitation aigue peut ne pas être délirante et un délire aigu peut ne pas être agité.

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Agitation

L’agitation se définit comme une activité motrice excessive en général improductive et stéréotypée, associée à un état de tension intérieure.

L’interrogatoire du patient ou de son entourage doit permettre de recueillir deux types d’informations qui orienteront la prise en charge : les circonstances de survenue de l’état d’agitation et les antécédents du patient. L’examen clinique doit rechercher en priorité les signes de gravité, puis les symptômes non-psychiatriques et psychiatriques associés. Chez la personne âgée, on recherche de manière prioritaire une iatrogénie médicamenteuse, un trouble hydro-électrolytique, métabolique ou une cause neurologique. Chez l’adulte jeune, on recherchera de manière prioritaire une étiologie toxique (intoxication ou sevrage), iatrogène ou infectieuse. Chez une personne ayant des antécédents psychiatriques, une décompensation du trouble psychiatrique sera aussi recherchée.

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Agitation

Prise en soins:

L’hospitalisation en psychiatrie

Le patient est hospitalisé en urgence, avec son consentement si possible, sans consentement en cas de refus et de mise en danger (SPDT/SDRE). La prévention du risque suicidaire et l’évaluation de la dangerosité pour autrui doivent être systématiques.

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Agitation

Prise en soins (suite):

Traitements pharmacologiques

Le traitement médicamenteux est étiologique et curatif lorsqu’il existe une cause non-psychiatrique. Lors d’une agitation dont l’étiologie ne peut être déterminée, si un traitement anxiolytique et sédatif est nécessaire du fait de l’intensité de l’agitation, peuvent être prescrits : - des benzodiazépines à demi-vie courte (par ex., oxazépam per os) ou

un anxiolytique d’une autre famille (par ex., hydroxyzine per os). Les contre-indications en urgence sont l’insuffisance respiratoire et la myasthénie. Si le patient refuse les traitements per os et que la voie intramusculaire (IM) est nécessaire, il est préférable de ne pas utiliser de benzodiazépines (mauvaise biodisponibilité par cette voie, durée d’action longue).

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Agitation

Prise en soins (suite):

- des antipsychotiques à visée sédative (par exemple: cyamémazine, lévomépromazine, loxapine per os ou en cas de refus, haldol ou loxapine IM) doivent être réservés aux d’états d’agitation très sévères car ils peuvent aggraver les troubles de la vigilance, et ne devraient pas être administrés sans électrocardiogramme préalable (risque de troubles de rythme en cas de QT long) : la cyamémazine en IM n’est pas recommandée du fait du risque important d’allongement du QT. Les contre-indications absolues en urgence sont celles des anticholinergiques (glaucome à angle fermé, adénome de la prostate) et un syndrome du QT long. Il faut penser à toujours privilégier la monothérapie, prendre le temps d’évaluer l’effet du premier traitement prescrit, et éviter l’escalade des doses avec des effets cumulatifs différés sur la vigilance. Une surveillance rapprochée (tolérance sur les fonctions vitales, efficacité sur l’état d’agitation) est indispensable.

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Agitation

Prise en soins (suite):

Lorsqu’un trouble psychiatrique est à l’origine de l’état d’agitation, la mise en place d’un traitement adapté au trouble (thymorégulateur, antidépresseur, antipsychotique à visée antidélirante ou antimaniaque) doit se faire de manière différée, afin de permettre une évaluation sémiologique correcte à distance de la situation d’urgence, et après un bilan pré-thérapeutique.

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Agitation

Prise en soins (suite):

Traitements non pharmacologiques

L’état d’agitation pose toujours le problème du passage à l’acte, auto ou hétéroagressif, comportement d’allure impulsive en rupture avec les conduites habituelles du sujet. Un contact verbal instaurant un climat de confiance, facilitant une alliance thérapeutique, un comportement empathique, peut tenter de prévenir un passage à l’acte. La prise en charge relationnelle est une obligation médicale puisqu’elle désamorce dans un nombre important de cas l’agressivité, mais aussi médico-légale puisque l’utilisation d’une contention physique ou chimique ne peut se justifier qu’après échec de la prise en charge relationnelle.

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Agitation

Traitements non pharmacologiques (suite):

Des règles générales sont ensuite à appliquer :

- environnement le plus calme possible, chambre éclairée ;

- prévention du risque d’auto et hétéro agression, y compris involontaire (enlever tous les objets dangereux, fermer les fenêtres…) ;

- les mesures de contention doivent être évitées au maximum car la contention physique peut aggraver un syndrome confusionnel associé à l’agitation. Lorsqu’elle est indispensable du fait de la dangerosité du patient pour lui-même ou son entourage, sa durée doit être limitée le temps d’obtenir une sédation médicamenteuse efficace.

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Délire aigu

Les idées délirantes se caractérisent par leur thème, leur mécanisme, leur systématisation, l’adhésion et le retentissement comportemental et émotionnel. En cas de symptômes psychotiques d’apparition aiguë, la même démarche étiologique que pour l’agitation aiguë s’applique. En l’absence d’étiologie non psychiatrique, la présence de symptômes thymiques ou psychotiques associée doit être recherchée.

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Délire aigu

Episodes psychotiques aigus:

C’est la survenue brutale d’un état délirant chez un sujet sain, sans cause organique ou toxique ni trouble thymique, sans psychose chronique préexistante (schizophrénie…). Cet épisode peut rester isolé ou constituer le mode d’entrée dans une schizophrénie ou une autre psychose chronique.

Le trouble psychotique bref (bouffée délirante aigue dans les classifications françaises) désigne un délire brutal, non systématisé, avec des thèmes et des mécanismes polymorphes, une adhésion totale, une conscience vigile et une durée brève.

Les idées délirantes, hallucinations, la désorganisation du discours et du comportement sont survenues depuis plus d’un jour et moins d’un mois.

Entre 1 et 6 mois, on parle de trouble schizophréniforme.

Au-delà de 6 mois, la définition rejoint celle de la schizophrénie.

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Délire aigu

Trouble psychotique induit par un usage de cannabis: Un trouble psychotique peut apparaitre pendant ou peu après une intoxication aigue au cannabis(jusqu’a un mois après l’intoxication). La symptomatologie clinique rejoint celle du trouble psychotique bref précédemment évoqué.

Diagnostics différentiels: intoxication alcoolique aigue ou sevrage alcoolique, DT, intoxication aigue à des substances psychoactives, sevrage de substance psychoactive, intoxication au CO, pathologie métabolique, endocrinienne, infectieuse, neurologique non infectieuse, EP…

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Délire aigu

Episodes thymiques délirants:

Le délire s’inscrit dans:

-un sd dépressif (mélancolie délirante) -un sd maniaque (manie délirante) -un état mixte (état mixte délirant)

L’épisode aigu peut être révélateur du trouble thymique ou au contraire émailler l’évolution d’une pathologie connue (dépression récurrente, trouble bipolaire…).

Le délire est généralement congruent à l’humeur.

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Délire aigu

Délires confuso-oniriques:

Ce ne sont pas vraiment des délires mais des états confusionnels s’accompagnant d’une production pseudo-délirante de caractéristiques fluctuantes.

L’étiologie est le plus souvent organique ou toxique (étiologies du sd confusionnel).

Le délire cesse avec l’état confusionnel.

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Délire aigu

La prise en charge d’un état délirant aigu rejoint celle d’un état d’agitation aigu, à savoir :

- hospitalisation, avec ou sans consentement ;

- prévention d’un passage à l’acte auto ou hétéro agressif ;

- traitements pharmacologiques : traitement anxio-sédatif par benzodiazépines par voie orale, ou antipsychotiques à visée sédative par voie orale, ou intramusculaire en cas de refus et de mise en danger du patient ou de l’entourage ;

- traitements non pharmacologiques : climat de confiance, calme, alliance thérapeutique, éviter au maximum les mesures de contention, et si elles sont nécessaires, les limiter dans le temps.

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Psychose et délire chronique

Chronique (supérieur à 6 mois)

-Avec syndrome dissociatif: schizophrénie

-Sans syndrome dissociatif: troubles délirants persistants

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La schizophrénie

La schizophrénie est une affection psychotique d’expression très variée.

Elle touche 1 % de la population mondiale, soit en France environ 600 000 personnes.

Les troubles débutent entre 15 et 30 ans et évoluent sur la vie entière.

De nombreuses hypothèses existent sur ses causes, mais son origine reste inconnue. Actuellement les chercheurs pensent que l’addition de facteurs génétiques et de stress psychologiques et environnementaux créerait une vulnérabilité, permettant le développement des troubles.

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La schizophrénie

Symptômes caractéristique: Syndrome délirant paranoide avec thèmes multiples, organisation non systématisée, mécanismes multiples, syndrome dissociatif

Dysfonctionnement social des activités: repli autistique

Durée depuis plus de 6 mois

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La schizophrénie

Exclusion d’un trouble de l’humeur ou schizo-affectif. Le trouble schizo- affectif, schizophrénie dysthymique ou la psychose aiguë schizo- affective, est un terme psychiatrique désignant un trouble mental associant des symptômes d'un trouble bipolaire (caractérisé par plusieurs épisodes dépressifs ou la présence simultanée d'épisodes dépressifs et de manie) et des symptômes d'une schizophrénie.

Pas de relation avec un trouble envahissant du développement. Ces troubles du développement apparaissent dans l'enfance. Ils se caractérisent par des altérations de certaines fonctions cognitives qui affectent les capacités de communication ou la socialisation de l'individu, associées à des intérêts restreints ou des comportements stéréotypés.

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La schizophrénie

Critères diagnostiques du trouble schizo-affectif selon le DSM-5

A. Période ininterrompue de maladie caractérisée par la présence simultanée, à un moment donné, soit d'un épisode dépressif majeur, soit d'un épisode maniaque, et de symptômes répondant au critère A de la Schizophrénie qui pour mémoire sont :

Idées délirantes Hallucinations

Discours désorganisé (coq-à-l’âne fréquents ou incohérence) Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique

Symptômes négatifs, (réduction de l'expression émotionnelle ou aboulie) N.B. : L'Épisode dépressif majeur doit comprendre le Critère A : humeur

dépressive (l'anhédonie étant un symptôme négatif de la schizophrénie).

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La schizophrénie

Critères diagnostiques du trouble schizo-affectif selon le DSM-5

B. Des idées délirantes ou des hallucinations ont été présentes pendant au moins 2 semaines, en l'absence de symptômes thymiques avérés (dépressif ou maniaque) sur l'ensemble de la durée de la maladie.

C. Les symptômes qui répondent aux critères d'un trouble majeur de l'humeur sont présents pendant une partie conséquente de la durée totale des périodes actives et résiduelles de la maladie.

D. La perturbation n'est pas due aux effets physiologiques directs d'une substance (p. ex.

une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d'une affection médicale générale.

Critères pour le sous-type

Type bipolaire : si la perturbation comprend un épisode maniaque. Un épisode dépressif peut aussi survenir.

Type dépressif: si la perturbation comprend uniquement des épisodes dépressifs majeurs.

La différenciation entre ces deux sous-types tient à ce que les formes bipolaires sont de meilleur pronostic que les formes dépressives.

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La schizophrénie

Ses symptômes sont variés avec une désorganisation ou dissociation:

C’est la perte de l’unité psychique, qui provoque un relâchement des associations entre idées, émotions et attitudes. La pensée devient floue, discontinue (diffluence). Le discours est parfois illogique et difficile à suivre. Le langage perd sa fonction de communication.

L’expression émotionnelle est sans rapport avec la situation. Le contact peut être froid. On peut constater la présence simultanée de sentiments contraires (ambivalence affective). Cette désorganisation se traduit par une bizarrerie, des sourires immotivés, des conduites qui paraissent étranges voire absurdes. Le comportement ne semble plus toujours dirigé vers un but compréhensible.

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La schizophrénie

Syndrome dissociatif Ambivalence

Bizarrerie

Impénétrabilité Détachement

Dans les champs comportemental, intellectuel, affectif

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La schizophrénie

La dissociation comportementale

Surcharge, inadéquation ou appauvrissement des conduites psychomotrices , définissant la discordance comportementale.

-Bizarreries: rires immotivés, stéréotypies (fixation invariable soit d'un ou plusieurs gestes soit d'un ou plusieurs mots sans but utile ni intention significative)

-Maniérisme (aspect artificiel, précieux et excessif de la mimique, du comportement, de l'expression verbale, voire de la tenue vestimentaire, donnant une impression de coquetterie et de "manières déplacées ») -Sd catatonique avec négativisme, oppositionnisme, catalepsie (absence

de mouvement spontané, maintien cireux, attitudes imposées), hyperkinésies (impulsions verbales et/ou gestuelles, décharges motrices clastiques…)

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La schizophrénie

La dissociation intellectuelle

Altération de la sphère intellectuelle sur les plans de la construction logique, du contenu et du cours du langage, pour aboutir à une globale impénétrabilité de la pensée du patient.

-Impénétrabilité

Troubles du cours de la pensée -Fading/barrages

-Bradyphémie, stéréotypie verbale, persévérations Altération du langage

-Néologisme (création de nouveaux mots)

-Paralogisme (emploi impropre d’un terme existant) -Schizophasie (langage incohérent, hermétique)

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La schizophrénie

La dissociation intellectuelle Altération du système de logique:

-Diffluence (passage du coq à l’âne)

-Symbolisme, proverbialisme (emploi de symbole ou proverbe obscurs) -Rationalisme morbide: établissement de liens de causalité déficients,

absurbes: « je vais mal car ils ont envoyé un nouveau satellite dans l’espace ».

Le principal diagnostic différentiel d’une désorganisation intellectuelle est la confusion mentale. La désorientation temporo-spatiale est cependant classiquement absente d’une dissociation intellectuelle.

Devant un tableau schizophasique prédominant, il faudra également évoquer une aphasie de Wernicke.

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La schizophrénie

La dissociation affective

Déconnexion entre le contenu de la pensée et le vécu affectif, sans pour autant qu’il y ait de perplexité ou de conscience de cette discordance, menant à la classique ambivalence affective.

-Emoussement affectif allant jusqu’à l’athymhormie (perte de l’élan vital) -Réactions émotionnelles inadaptées au contexte (classique sourire

immotivé)

-Sexualité désaffectivée pouvant mener à des conduites à risque

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La schizophrénie

Un sd dissociatif correspondra sans doute à une schizophrénie mais il ne faut pas perdre de vue qu’une désorganisation notamment intellectuelle n’est pas synonyme de schizophrénie ni même de psychose: une privation de sommeil ou inversement une sédation poussée peuvent parfois mener à un relâchement sévère des associations.

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La schizophrénie

On peut retrouver aussi un délire paranoïde et des symptômes dits positifs ou productifs: C’est une perception erronée de la réalité : la personne voit, entend, sent ou ressent des choses qui n’existent pas pour ceux qui l’entourent. Il n’est pas possible de la convaincre de son erreur. Ce délire est flou, mal structuré, non systématisé. Il évolue vers la chronicité, avec des périodes de rémission. Il repose souvent sur des hallucinations acoustico-verbales et intrapsychiques avec automatisme mental. Souvent les hallucinations sont repérées indirectement : attitudes d’écoute, suspension de la parole, expression de peur ou de surprise, soliloquie.

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La schizophrénie

D’autres mécanismes délirants (intuition, illusion, interprétation, imagination) peuvent être présents. Les thèmes délirants sont souvent récurrents pour une personne donnée. Ils peuvent être persécutifs, mystiques, mégalomaniaques, d’influence, hypocondriaques, de référence ou de transformation corporelle. La personne est souvent réticente à exprimer ses convictions délirantes. Cette activité délirante s’accompagne d’une forte angoisse ou bien est vécue dans l’indifférence.

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La schizophrénie

Les symptômes dits négatifs ou déficitaires peuvent être un désinvestissement de la réalité, un repli progressif de la personne, une diminution des capacités de penser, de parler et d’agir qu’elle avait avant d’être malade, une diminution des réactions émotionnelles et des troubles cognitifs (concentration, attention, mémoire et capacités d’abstraction).

Les symptômes doivent être présents de façon permanente depuis au moins six mois pour faire le diagnostic de schizophrénie.

La qualité et la précocité de la prise en charge thérapeutique sont des éléments déterminants de l’évolution ultérieure de la maladie.

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La schizophrénie

La prise en charge psychiatrique:

L’hospitalisation en psychiatrie

L’hospitalisation (en urgence ou non, dans un service de psychiatrie) se justifie dans plusieurs situations :

- épisode aigu avec troubles du comportement, - risque suicidaire ou de mise en danger,

- risque hétéro agressif.

Au mieux, il s’agira d’une hospitalisation libre. Dans certaines situations, si le patient refuse, si sa capacité à donner son consentement est trop altérée ou s’il existe un comportement hétéro agressif, des soins sans consentement peuvent se justifier.

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La schizophrénie

Le traitement pharmacologique

les antipsychotiques

Le traitement pharmacologique de la schizophrénie varie selon trois objectifs :

-Le premier objectif concerne l’épisode aigu, et le contrôle rapide de symptômes mettant potentiellement en danger le patient et son entourage (agitation, auto ou hétéro agressivité) ;

- le choix et l’adaptation du traitement de fond sont réalisés dans un deuxième temps selon l’évolution des symptômes et de la tolérance ;

- dans un troisième temps, en phase de rémission, les objectifs thérapeutiques consistent à diminuer le risque de rechutes, minimiser le plus possible sur le long terme le retentissement de la maladie et celui des effets secondaires du traitement.

Dès que le contrôle des symptômes le permet, le traitement doit viser à la meilleure récupération fonctionnelle et s’accompagner d’une prise en charge psychosociale, allant de l’éducation thérapeutique du patient et des proches, aux programmes de remédiation cognitive et de réadaptation sociale et professionnelle.

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La schizophrénie

Prise en charge de l’épisode aigu

L’épisode aigu est caractérisé par la recrudescence de symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations, désorganisation, repli, etc.).

Le traitement antipsychotique doit être initié ou modifié rapidement. En cas d’anxiété ou d’agitation modérée, deux possibilités de molécules anxiolytiques et sédatives s’offrent au thérapeute :

- les antipsychotiques « sédatifs » (ex.: loxapine, cyamémazine, lévomépromazine, chlorpromazine),

- les benzodiazépines (ex. : diazépam, oxazépam) pendant une durée limitée ont fait preuve de leur efficacité pour apaiser le patient et faciliter la poursuite de la prise en charge et l’introduction du traitement antipsychotique. Le risque de développer une dépendance aux benzodiazépines si le traitement est prolongé doit inciter à limiter la durée de prescription de ce traitement.

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La schizophrénie

Mise en place du traitement de fond

L’objectif est la monothérapie antipsychotique. Le choix de l’antipsychotique est fait en fonction de l’efficacité, de la tolérance et de l’observance des traitements déjà reçus. Certains antipsychotiques de deuxième génération sont recommandés en première intention : amilsulpride (Solian®),aripiprazole (Abilify®), olanzapine (Zyprexa®), quétiapine (Xeroquel®), rispéridone (Risperdal®). L’antipsychotique choisi doit être approprié à la phase aiguë et au long terme. Il est prescrit à la posologie la plus efficace et il est recommandé, une fois la stabilisation obtenue, de diminuer la posologie jusqu’à obtention de la dose minimale efficace. En cas d’inefficacité, un autre traitement antipsychotique peut être proposé en deuxième intention.

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La schizophrénie

Mise en place du traitement de fond (suite):

Classiquement, lorsque le patient a résisté à deux antipsychotiques de deuxième génération à posologie et durée efficaces, la clozapine (Leponex) doit être envisagée. Dans les situations où l’observance est difficile, certains antipsychotiques d’action prolongée ou « retard » existent sous forme intra-musculaire permettant selon les molécules une injection tous les 15 jours, 3 semaines ou 4 semaines [par ex., risperidone (Risperdal Consta®, Xeplion®), olanzapine (Zypadhera®), aripiprazole (Maintena®).

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La schizophrénie

Prise en charge au long cours

Au terme de l’épisode aigu, l’objectif principal est de consolider l’alliance thérapeutique et d’assurer une transition vers la phase d’entretien avec une posologie qui permet un contrôle optimal des symptômes et un risque minimal d’effets secondaires. Les patients et les familles doivent être informés des effets secondaires potentiels du traitement antipsychotique et conseillés sur la façon dont ils peuvent être évités ou atténués, par des programmes d’éducation thérapeutique. L’ouverture des droits de prise en charge à 100 % permet de faciliter l’accès aux soins. Les projets de réinsertion sociale et de réadaptation doivent être évoqués dès que le contrôle des symptômes le permet.

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La schizophrénie

Durée du traitement

Après un épisode unique, il est recommandé de poursuivre le traitement au moins 2 ans après avoir obtenu la rémission totale des symptômes psychotiques. Après un second épisode ou une rechute, le traitement doit être poursuivi au moins 5 ans. La diminution doit se faire de manière progressive (pas plus de 10 % de diminution de la posologie par mois), et tenir compte des échéances scolaires ou professionnelles. Cette diminution doit dans tous les cas se faire sous surveillance médicale, en maintenant le suivi au moins 12 à 24 mois après un éventuel arrêt, les rechutes pouvant survenir tardivement.

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La schizophrénie

Surveillance et tolérance

Les recommandations préconisent un suivi de l’efficacité et de la tolérance d’un traitement antipsychotique. L’inobservance du traitement étant la première cause d’inefficacité du traitement. Une complication rare mais potentiellement mortelle des antipsychotiques doit impérativement être connue : le syndrome malin des neuroleptiques .

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La schizophrénie

Traitement pharmacologique des comorbidités thymiques

Les antidépresseurs doivent être prescrits lors des épisodes dépressifs caractérisés, en association avec le traitement antipsychotique. Dans les troubles schizoaffectifs, les thymorégulateurs (ex. : Divalproate de sodium – Dépakote®, ou Lithium – Téralithe®) peuvent être utilisés en association avec le traitement antipsychotique

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La schizophrénie

Les traitements non pharmacologiques Traitement physique :

L’electro-convulsivo-thérapie: elle peut être utilisée dans les schizophrénies catatoniques, lorsqu’il existe des épisodes thymiques, ou dans les formes avec syndrome positif résistant. D’autres traitements physiques peuvent également être utilisés dans des situations particulières (ex. : la stimulation magnétique transcrânienne).

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La schizophrénie

Psychothérapie cognitivo-comportementale

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont pour objectif de réduire les symptômes persistants en dépit d’un traitement antipsychotique bien conduit. Les idées délirantes et les hallucinations pourraient résulter d’erreurs d’interprétation, d’attributions erronées en lien avec des biais cognitifs (biais de raisonnement). Les thérapies cognitivocomportementales visent alors à modifier ces erreurs de raisonnement et surtout les conséquences émotionnelles et comportementales qui en résultent, afin de permettre au patient de faire face de manière plus rationnelle à ses symptômes. Les thérapies comportementales peuvent également être utilisées dans le syndrome négatif. La schizophrénie entraîne le plus souvent une altération importante des capacités de communication et des compétences sociales. L’objectif de cette forme de thérapie de groupe est de développer ces capacités par des exercices portant sur des situations de la vie quotidienne.

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La schizophrénie

Éducation thérapeutique

L’éducation thérapeutique vise à transmettre au patient, et éventuellement à sa famille, un certain niveau de compréhension et de maîtrise de ses troubles. L’objectif est de construire avec chaque patient un minimum de langage commun et de consensus sur les difficultés et les objectifs des soins.

Ces programmes d’éducation thérapeutique permettent de Remédiation cognitive

Les altérations cognitives dans la schizophrénie, peu accessibles au traitement pharmacologique, expliquent une grande part du handicap psychique de ces patients. Ce constat a conduit au développement de techniques visant à rééduquer ou « remédier » le fonctionnement cognitif, qu’il s’agisse de compétences neuropsychologiques non spécifiques (attention, mémoire, fonction exécutive, métacognition) ou de cognition sociale (reconnaissance des émotions, capacités d’attribution d’intention à autrui). réduire le risque de rechutes.

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La schizophrénie

Réadaptation psychosociale

L’ensemble de ces soins requiert des compétences et des métiers multiples. Les secteurs de psychiatrie organisent ces soins, au sein de centres médico-psychologiques et d’hôpitaux de jour, de Centre d’activité thérapeutique à temps partiel, etc., dans une stratégie globale d’aide à l’accès au travail ou à des activités favorisant le maintien d’un lien social. Cette prise en charge nécessite un partenariat entre : les structures sanitaires qui assurent les soins de réadaptation et les structures médico-sociales qui ont en charge un accompagnement des patients dans la vie quotidienne ou professionnelle.

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Troubles délirants persistants

Les troubles délirants persistants débutent le plus souvent entre 40 et 50 ans.

Les thèmes les plus fréquemment retrouvés sont l’érotomanie, la grandeur (ou mégalomanie), la jalousie, la persécution, et les thématiques somatiques. Les mécanismes rencontrés sont principalement interprétatif, l’intuitif, et imaginatif. Le mécanisme hallucinatoire n’est en général pas prédominant. Les idées délirantes sont bien systématisées, c’est-à-dire qu’elles se déroulent de façon logique et cohérente. De plus, elles comportent généralement un thème unique. Le sujet adhère totalement à ses idées délirantes. Le retentissement émotionnel et comportemental doit être évalué systématiquement : le niveau d’anxiété, souvent majeur, le risque suicidaire, et le risque de passage à l’acte hétéroagressif.

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Troubles délirants persistants

Les différentes formes ou sous types de troubles délirants persistants sont définies en fonction du thème des idées délirantes.

- Le trouble délirant persistant de type érotomaniaque est caractérisé par des idées délirantes centrées sur la conviction erronée d’être aimé(e) par un individu, le plus souvent d’un haut niveau social. Il découle d’un mécanisme intuitif au départ, puis interprétatif et est plus fréquent chez les femmes. Dans sa description initiale, il évolue en trois phases : d’abord une phase longue d’espoir, à laquelle succède une phase de dépit, puis de rancune durant laquelle les sollicitations deviennent injures et menaces. Le risque de passage à l’acte est alors important et peut justifier une hospitalisation sans consentement.

- Le trouble délirant persistant de type mégalomaniaque est caractérisé par des idées délirantes centrées sur la conviction d’être doué d’un talent ou d’un pouvoir méconnu, ou d’avoir fait une découverte importante. Il peut aussi porter sur le fait d’avoir des relations haut-placées ou d’être soi-même une personnalité importante.

Le trouble délirant persistant de type de jalousie est caractérisé par des idées délirantes centrées sur la conviction que son partenaire est infidèle. Cette forme est plus fréquente chez les hommes et les idées délirantes sont fréquemment associées à un trouble lié à l’usage d’alcool.

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Troubles délirants persistants

- Le trouble délirant persistant de type de persécution (nommé délire paranoïaque dans la CIM-10) est caractérisé par des idées délirantes centrées sur la conviction d’être victime d’un complot, d’un espionnage, de tentatives d’empoisonnement ou d’être victime d’une conspiration visant à empêcher l’aboutissement des projets personnels de l’individu. Ce sous- type peut fréquemment être associé à des recours en justice ou aboutir à des passages à l’acte violents sur la personne désignée comme « persécuteur ».

- Le trouble délirant persistant de type somatique est caractérisé par des idées délirantes centrées sur les sensations ou les fonctions corporelles. Les plus fréquentes concernent la sensation d’émettre une odeur nauséabonde, d’être infesté par des insectes ou des parasites internes (syndrome d’Ekbom), que certaines parties du corps sont difformes ou encore que certains organes ne fonctionnent pas. De plus, il peut exister des formes mixtes avec des associations de plusieurs thèmes sans qu’aucun ne soit prédominant, ou indifférenciées si elles ne correspondent à aucun des sous- types décrits.

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Troubles délirants persistants

La prise en charge psychiatrique L’hospitalisation en psychiatrie

L’hospitalisation d’un patient souffrant d’idées délirantes de persécution pose de nombreux problèmes sur le plan thérapeutique car elle accentue le sentiment de persécution et peut aggraver les comportements de revendication, c’est-à-dire la réclamation d’une réparation disproportionnée d’un préjudice délirant. En cas d’hospitalisation sans consentement, la modalité des soins psychiatriques à la demande d’un représentant de l’État (SPDRE) est le plus souvent indispensable puisque le tiers qui serait à l’origine d’une SPDT (soins psychiatriques à la demande d’un tiers) pourrait être désigné comme persécuteur par la suite. Les indications d’hospitalisation sont le danger pour la sécurité des personnes et les troubles à l’ordre public.

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Troubles délirants persistants

La prise en charge psychiatrique Traitement pharmacologique

Le recours à un traitement antipsychotique est recommandé dans les troubles délirants persistants. Les mêmes précautions d’emploi que chez les patients souffrant de schizophrénie sont nécessaires.

Cependant les traitements antipsychotiques sont souvent moins efficaces dans les troubles délirants persistants que dans le traitement des idées délirantes des patients schizophrènes. L’association à un traitement antidépresseur est parfois nécessaire pour traiter une comorbidité de type épisode dépressif caractérisé ou troubles anxieux.

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Troubles délirants persistants

Traitement non pharmacologique La psychothérapie

Dans ce cadre, la thérapie individuelle semble plus efficace que la thérapie de groupe. Une psychothérapie de soutien ou cognitivo- comportementale doit systématiquement être proposée en association au traitement médicamenteux.

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