MPSI B 29 juin 2019
Énoncé
Pour α réel et λ réel strictement positif, on note f α,λ l'application dénie par
∀t ∈ ]0, +∞[ , f α,λ (t) = t α e −λt . PARTIE I
1. a. Déterminer l'ensemble A des couples (α, λ) tels que f α,λ converge en 0 à droite.
b. Déterminer l'ensemble B des couples (α, λ) tels que f α,λ soit intégrable sur ]0, +∞[ .
2. Pour tout nombre réel x , montrer que les fonctions t → e −t
√ t cos xt, t → e −t
√ t sin xt sont intégrables sur ]0, +∞[ .
Dans toute la suite du problème, on posera u(0) = a et u(x) =
Z +∞
0
e −t
√ t cos xt dt, v(x) = Z +∞
0
e −t
√ t sin xt dt.
3. Étudier la parité de chacune des deux fonctions u et v . Montrer que a > 0 . 4. Soit x et x 0 deux nombres réels, justier l'inégalité
|u(x) − u(x 0 )| ≤ |x 0 − x|
Z +∞
0
e −t √ t dt.
En déduire que u est continue.
PARTIE II
On se propose de démontrer que les fonctions u et v sont indéniment dérivables.
1. a. Soit x un nombre réel, montrer que la fonction t → e −t √
t sin xt est intégrable sur ]0, +∞[ . On note
i(x) = − Z +∞
0
e −t √
t sin xt dt . Pour h réel non nul, justier l'inégalité
u(x + h) − u(x)
h − i(x)
≤ |h|
2 Z +∞
0
t
32e −t dt .
b. En déduire que u est dérivable au point x et que u 0 (x) = i(x) . Démontrer un résultat analogue pour v .
2. Établir, pour tout nombre réel x
u(x) = 2 (v 0 (x) − xu 0 (x)) v(x) = −2 (u 0 (x) + xv 0 (x)) En déduire que les fonctions u et v sont indéniment dérivables.
PARTIE III
On admet provisoirement le résultat suivant.
∀x > 0, v(x) > 0 (R) 1. On dénit des applications r et θ par
∀x ∈ ]0, +∞[ : r(x) = p
u(x) 2 + v(x) 2 , θ(x) = arctan u(x) v(x) . Calculer r r
0et θ 0 puis r et θ .
2. A l'aide des questions précédentes, expliciter les fonctions u et v . On donnera des expressions ne faisant pas apparaître les fonctions sin et cos . On ne cherchera pas à déterminer la valeur de la constante a = u(0) .
PARTIE IV
On se propose d'établir le résultat (R) de la partie III. Dans les deux premières questions, λ désigne un nombre réel strictement positif.
1. Montrer que
t → e −λt
√ t sin t est intégrable sur ]0, +∞[ .
2. Étudier le sens de variation de la suite de terme général I p =
Z 2pπ 0
e −λt
√ t sin t dt . En déduire que
I(λ) = Z +∞
0
e −λt
√ t sin t dt > 0 . 3. Montrer que v(x) > 0 pour tout x > 0 .
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
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Rémy Nicolai Ainteg1MPSI B 29 juin 2019
Corrigé
PARTIE I
1. a. Il s'agit de fonctions usuelles, on trouve A = [0, +∞[ × ]0, +∞[ .
b. La fonction f α,λ est positive, équivalente à 0 en t α qui est une fonction de référence intégrable dans ]0, 1] lorsque α > −1, dominée en +∞ par e −
λ2t qui est intégrable dans [1, +∞[ . On en déduit
B = ]−1, +∞[ × ]0, +∞[
2. Les fonctions sont intégrables car elles sont majorées en valeur absolue par √ 1 t e −t qui est intégrable d'après la question précédente.
3. Il est clair que u est paire et v est impaire (parité du cos , imparité du sin et linéarité de l'intégrale). Le nombre a est strictement positif car la fonction que l'on intègre pour calculer u(0) est continue et strictement positive.
4. Majorons la diérence des fonctions à intégrer à l'aide de formules trigonométriques :
e −t
√ t (cos xt − cos x 0 t)
= e −t
√ t
−2 sin x + x 0
2 t sin x − x 0 2 t
≤ 2 e −t
√ t
sin x − x 0 2 t
≤ e −t √
t |x − x 0 |
car sin u ≤ u pour tout u ≥ 0 . En intégrant, on obtient l'inégalité demandée. On en déduit que u est continue et même lipschitzienne de rapport
Z +∞
0
e −t √ tdt.
PARTIE II
1. a. La fonction e −t √
t sin xt est majorée en valeur absolue par e −t √
t qui est intégrable sur ]0, +∞[ .
Fixons x et t et considérons u réel. La formule de Taylor avec reste de Lagrange montre l'existence d'un c entre xt et u tel que
cos(xt + u) = cos xt − u sin xt + u 2 2 cos c
|cos(xt + u) − cos xt + u sin xt| ≤ u 2 2
En particulier, si u = ht avec h 6= 0 et après division par h , on obtient
cos(x + h)t − cos xt
h + t sin xt
≤ |h| t 2 2 En intégrant, il vient
Z +∞
0
cos(x + h)t − cos xt
h + t sin xt
e −t
√ t dt ≤ |h|
2 Z +∞
0
t
32e −t dt
que l'on exploite avec
u(x + h) − u(x)
h − i(x)
=
Z +∞
0
( cos(x + h)t − cos xt
h + t sin xt) e −t
√ t dt
≤ Z +∞
0
cos(x + h)t − cos xt
h + t sin xt
e −t
√ t dt
pour obtenir l'inégalité annoncée.
b. En faisant tendre h vers 0 , on déduit la dérivabilité avec u 0 (x) = i(x) . On démontre de même que
v 0 (x) = Z +∞
0
e −t √
t cos xt dt 2. Intégrons par parties
Z b a
e −t
√ t cos xt dt = h 2 √
te −t cos xt i b a
+ 2 Z b
a
√ t(cos xt + x sin xt)e −t dt quand a → 0 et b → +∞ , on obtient u(x) = 2(v 0 (x) − xu 0 (x)) .
De même, Z b
a
e −t
√ t sin xt dt = h 2 √
te −t sin xt i b
a
+ 2 Z b
a
√ t(sin xt − x cos xt)e −t dt quand a → 0 et b → +∞ , on obtient v(x) = −2(u 0 (x) + xv 0 (x)) .
On peut exprimer u 0 et v 0 en fonction de u et v en résolvant le sytème −xu 0 (x) + v 0 (x) = 1 2 u
u 0 (x) + xv 0 (x) = 1 2 v
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Rémy Nicolai Ainteg1MPSI B 29 juin 2019
à l'aide des formules de Cramer, on obtient u 0 (x) = −v(x) − xu(x)
2(1 + x 2 ) , v 0 (x) = −xv(x) + u(x) 2(1 + x 2 )
Comme u et v sont dérivables, u 0 et v 0 le sont aussi et par récurrence u et v sont indéniment dérivables.
PARTIE III
1. En utilisant les expressions de u 0 et v 0 en fonction de u et v , il vient r 0 = uu 0 + vv 0
√
u 2 + v 2 = − x
2(1 + x 2 ) r, r 0
r = − x
2(1 + x 2 ) On en déduit r = a(1 + x 2 ) −
14car ln r − ln r(0) = − 1 4 ln(1 + x 2 ). De même,
θ 0 = u 0 v − uv 0
u 2 + v 2 = − 1 2(1 + x 2 )
Quand x → 0 , u(x) → a > 0 et v(x) → 0 donc θ(x) → π 2 . On en déduit en intégrant θ(x) = π
2 − 1
2 arctan x 2. Lorsque ϕ ∈
− π 2 , π 2
, cos ϕ > 0 et on peut exprimer tan ϕ 2 en fonction de tan ϕ (par exemple en résolvant l'équation du second degré formée en exprimant tan ϕ avec tan ϕ 2 )
tan ϕ
2 = −1 + p
1 + tan 2 ϕ tan ϕ En particulier, si ϕ = arctan x, comme tan θ = tan 1
ϕ2
= u v , on obtient v
u = −1 + √ 1 + x 2 x De u 2 + v 2 = √ 1+x a
2 2on tire
u 2
1 + −1 + √ 1 + x 2 x
! 2
= a 2
√ 1 + x 2
u = a
√ 2
p√ 1 + x 2 + 1
√
1 + x 2 , v = a 2
p√ 1 + x 2 − 1
√ 1 + x 2
PARTIE IV
1. La fonction est majorée en valeur absolue par une fonction dont l'intégrabilité a été démontrée en I.1.b.
2. Formons J p = I p+1 − I p :
J p =
Z 2(p+1)π 2pπ
e −λt
√ t dt
On coupe cette intégrale en deux et on décale la deuxième intégrale de π par change- ment de variable, il vient :
J p =
Z 2(p+1)π 2pπ
e −λt
√ t − e −λ(t+π)
√ t + π
sin t dt La fonction
z → e −z
√ z
est le produit de deux fonctions positives décroissantes ( λ > 0 ) ; elle décroissante, la parenthèse est donc positive.
On en déduit que chaque J p est positif. L'intégrale, qui est la borne supérieure des sommes J 0 + · · · + J p est aussi positive.
3. Dans l'intégrale R b a
e √
−tt sin xt dt faisons le changement de variable s = xt , on obtient Z b
a
e −t
√ t sin xt dt = 1
√ x Z bs
as
e −
xs√ s sin s ds quand a → 0 et b → ∞ , on obtient ( x > 0 )
v(x) = 1
√ x Z +∞
0
e −
xs√ s sin s ds qui est strictement positif d'après la question précédente.
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