214 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 6 - novembre-décembre 2016
ÉDITORIAL
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L’infectiologue et l’enfant
The infectious diseases physician and the child
Discipline transversale par excellence, l’infectiologie française va, en 2017, connaître un changement notable : le diplôme qui valide (ou sanctionne) la formation passera de la catégorie DESC – diplôme d’enseignement spécialisé complémentaire – à la catégorie DES – diplôme d’enseignement spécialisé.
Compte tenu du contexte (la suppression de tous les DESC), cette évolution acquise de haute lutte par le Collège des universitaires des maladies infectieuses et tropicales (CMIT) est avant tout une bonne nouvelle : elle illustre la reconnaissance par nos instances de l’importance de la discipline, qui acquiert le statut de spécialité médicale à part entière. Pourtant, il existe comme souvent un revers à cette médaille : les infectiologues pourraient y perdre une partie de leur diversité, qui était
indiscutablement une richesse. Jusqu’à maintenant, l’ascension vers le diplôme d’infectiologue passait par des parcours variés, dans la ligne des maquettes des DES qui ont alimenté nos diversités, de la médecine interne à la santé publique, en passant par la pneumologie, pour ne citer que les plus classiques. La pédiatrie est encore pour quelques mois une des voies d’accès vers le DESC d’infectiologie, ce qui a longtemps représenté une réelle opportunité pour les 2 disciplines : les infectiologues ont appris quelques rudiments de l’art difficile de la médecine des enfants grâce aux internes de pédiatrie qui se sont aventurés dans leurs services au cours de leur internat
et de leur post-internat. Parallèlement, les pédiatres ont pu suivre à distance l’évolution de l’infectiologie, à travers les expériences de ceux d’entre eux qui ont suivi le DESC d’infectiologie.
Ce numéro thématique de La Lettre de l’Infectiologue illustre l’importance des liens qui unissent les pédiatres et les infectiologues, à travers des articles sélectionnés pour cette occasion. Le bon usage des antibiotiques est un enjeu majeur à tous les âges, et sa maîtrise est particulièrement complexe en pédiatrie, compte tenu de l’incidence des épisodes fébriles dans cette population, des difficultés diagnostiques, de la fragilité supposée de l’enfant et de l’angoisse des parents, tous facteurs contribuant à une prescription certainement trop large et à l’émergence de bactéries multirésistantes, chez l’enfant comme chez l’adulte. L’autre préoccupation partagée par les pédiatres et les infectiologues − l’hésitation vaccinale – est également un phénomène émergent en France. Chaque année semble un peu pire que la précédente, malgré une mobilisation croissante de nos disciplines alertées par les terribles opportunités manquées de mieux protéger nos patients.
Je tiens à remercier ici Véronique Hentgen pour son implication majeure et pour l’originalité des articles qu’elle a sollicités à l’occasion de ce numéro spécial, ainsi que les auteurs pour la qualité de leurs manuscrits : il est indispensable que nos disciplines renforcent les collaborations et partagent leurs richesses, et ce numéro est une belle contribution des pédiatres à ce renforcement !
Pr Pierre Tattevin
Rédacteur en chef ; service des maladies infectieuses et réanimation médicale, hôpital Pontchaillou, CHU de Rennes.
P. Tattevin déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.
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