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Dag NORBERG, Manuel pratique de latin médiéval, Paris, Picard , Coll. « Connaissance des langues », 1968, 212 p .
Les travaux de M . Norberg et de ses élèves, que la collection des Studia Stockholmiensia nous apportent régulièrement, sont trop par -faits pour que nous soyons surpris de constater que ce nouveau livre est en tout point remarquable : le contraire nous aurait étonné . Nous y retrouvons la même rigueur et la même clarté que dans le s études du même auteur sur la versification latine et la poésie latin e rythmique du moyen âge . Nous sommes heureux que ce Manuel ait paru en France et qu'il nous appartienne donc d'en rendre compt e et d' en dire tout le bien que nous en pensons .
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Les débutants auront là une excellente initiation . Les spécialistes en tireront la joie que procure une synthèse rapide, aisée et complèt e en son objet . Le Manuel de M . Norberg ne fait pas double emplo i avec les diverses « Introductions au latin médiéval » dont K . Strecker
a donné le premier exemple et qui font une place importante aux indications bibliographiques et à l'histoire de la littérature . M . Norberg a limité son sujet à un domaine où il est passé maître : l ' histoire de la langue . Depuis le latin du Bas-Empire, il nous montre ce qu'es t devenue la langue latine, selon les époques et les régions, jusqu ' à la fin du moyen âge . Il expose et il explique les phénomènes de pronon-ciation et d' orthographe, qui représentent l'aspect le plus sensible de la vie des mots, les résonances les plus pittoresques de l'évolutio n qu'a connue le langage, qu'il soit oral ou écrit . Il définit quelles ont été les conditions d ' emploi des mots, c'est-à-dire les réalités historique s de toute nature qui ont commandé les modifications et les renou-vellements du lexique : la naissance des mots, leurs variations d e sens, leur disparition, parfois leur résurrection correspondent à l'his-toire de la société et sont le fidèle miroir de la civilisation et de se s avatars . On ne s'étonnera pas de voir M . Norberg insister sur une de s formes les plus raffinées que peut prendre le langage, sur la ver-sification et la poésie, qui offrent le meilleur champ d ' étude à qui veut connaître les qualités sonores et rythmiques, ainsi que les possi-bilités suggestives et évocatrices du vocabulaire . L'Introduction o ù M . Norberg traite de ces questions est à la fois une fresque historique , vaste, mais bien proportionnée, de la langue latine, donc de la culture , au moyen âge et une étude dynamique du lexique, aussi précieus e pour les « médiolatinistes » que pour les « romanistes », qui pourron t y suivre l'évolution, si importante pour les langues romanes, de l a langue-mère, dont l'influence resta féconde tant que le latin demeur a vivant, c'est-à-dire au moins jusqu'à la fin du moyen âge .
Le corps même de l' ouvrage est fait d'une série de textes, traduit s et commentés . Ces derniers sont assez nombreux pour constitue r non une anthologie de la littérature latine au moyen âge, mais u n choix suffisamment large permettant un contact direct avec les di-verses formes du latin médiéval . Onze morceaux nous font passe r d'un sermon de saint Césaire d'Arles à la poésie et à la prose littérair e des XIe, XII e et XIII e siècles par des textes de l'époque mérovin-gienne et de l'époque carolinmérovin-gienne .
Conformément au plan habituel de la collection où il est publié , le livre de M . Norberg se termine par une table analytique des fait s de langue abordés dans l'ouvrage et aussi d'un index des mots, ren-voyant aux explications fournies tant dans l'Introduction que dan s
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Voilà le meilleur instrument qui soit pour une très bonne forma-tion à la lexicologie du latin médiéval .
Bordeaux.