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Licence 1 Culture Musicale Moyen Âge et Renaissance

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Academic year: 2022

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Licence 1 – Culture Musicale Moyen Âge et Renaissance

Le rôle de l’église sur la musique — Du I

er

au V

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siècle

La période du Ier au Ve siècle est déterminante car elle marque le début du grand rôle joué par l’église sur la création, la diffusion et la conservation du patrimoine musical.

La musique est considérée comme le langage le plus approprié pour entrer en communication avec Dieu. Et même s’il faut attendre plusieurs siècles avant que ne soit unifié le chant dit « grégorien », celui-ci prend sa source dans les premiers chants d’église.

De façon plus générale, toute la musique occidentale à venir, plus particulièrement celle du Moyen Âge et de la Renaissance, est issue de la genèse (dans le sens d’un processus de développement et de création) de la musique chrétienne.

Du Ier au IIIe siècle, la constitution du répertoire chanté catholique se forge au sein de deux modes de prières, deux façons d’exprimer sa foi, permettant à deux types de cérémonies de voir le jour :

1) La célébration de la Cène (lat. cena = repas du soir) qui rassemble les chrétiens pour une communion en souvenir du dernier repas partagé par Jésus et ses disciples. Cette commémoration a donné naissance à la messe occidentale.

2) Des assemblées de prières concentrées autour de la lecture des écritures, du chant des psaumes. Les 150 psaumes forment l’un des livres de l’Ancien Testament. Ces réunions sont à l’origine de ce qu’on appelle les heures canoniques qui, selon la règle instaurée au VIe siècle par Saint-Benoît de Nursie, rythment la vie quotidienne des moines.

Les premiers chants

Jusqu’au IVe siècle, la musique chrétienne se forge en intégrant des éléments hébraïques, grecs et latins. Cette triple influence se manifeste de la façon suivante :

- Apport hébraïque : les premiers chrétiens respectent les usages de la religion juive et assistent aux offices de la synagogue tout en commençant à constituer leurs propres assemblées de prières. Les emprunts les plus significatifs à la synagogue sont la récitation chantée des lectures bibliques, par exemple le chant des psaumes, appelée psalmodie.

- Apport grec : le monde chrétien hérite des bases techniques théoriques et des préceptes philosophiques véhiculés par la pensée grecque (tradition pythagoricienne et platonicienne). Se transmettent également l’enseignement et l’étude des disciplines intellectuelles fondamentales représentées par les arts libéraux.

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- Apport latin : il consiste essentiellement en une acquisition théorique, organisationnelle, axée sur une synthèse du savoir grec. Par la suite des éléments barbares, celtiques par exemple, enrichissant les premiers chants de l’histoire de la musique.

Une liturgie dispersée

Pendant toute la période carolingienne, les communautés chrétiennes s’organisent sur le plan liturgique. Des différences sont notables d’une région à l’autre affectant l’ordonnancement de la cérémonie, le style musical et le contenu même des répertoires.

Cependant, le fond reste le même pour toutes ces « églises » et ce, malgré des pratiques liturgiques distinctes ; il s’agit avant tout d’organiser et de transmettre les préceptes du christianisme. L’organisation du culte s’adapte aux coutumes locales spécifiques à chaque région (à l’instar des églises syriaques, éthiopienne, arménienne, byzantine dans la chrétienté orientale…). En Occident, cinq liturgies se distinguent dans cette volonté de transmission du nouveau dogme : l’église milanaise (chants ambrosiens qui résistent au chant grégorien), l’église bénéventaine au sud de l’Italie (chant bénéventain), l’église de Rome (« vieux Romain »), l’église gallicane (chant gallican usité en Gaule), l’église espagnole (chant hispanique, dits wisigothique où mozarabe). Ces liturgies sont encore en usage à l’époque carolingienne et présentent malgré leurs différences notoires des points communs telle la célébration de la Cène.

Face à ces pratiques liturgiques diverses, nous remarquons à quel point l’histoire de la musique, dans son élaboration et son développement, est étroitement liée à l’histoire de l’église. Cependant, Rome n’admet pas un manque d’unicité au sein de la chrétienté et les papes successifs nourrissent le dessin de fédérer l’ensemble des champs associés à la liturgie.

Damase (pape de 366 à 384) règlemente ainsi quelques mélodies destinées à accompagner les différents moments du culte. Enfin au XIe siècle, le pape Grégoire premier, en véritable législateur, amorce une vaste entreprise de « romanisation » du répertoire liturgique dont la concrétisation et la réalisation effective s’accomplissent au temps des carolingiens (781-987).

Dans la deuxième partie du premier millénaire, église et monastère véhiculent des mélodies officielles imposées par Rome.

La messe chantée

L’ordonnancement liturgique de l’église catholique est d’abord très libre. À l’origine, seul les chrétiens convaincus assistaient à la seconde partie de la messe (appelée l’eucharistie).

La première partie, la synaxe (de sunaxis = assemblée dans ce contexte : assemblée des premiers chrétiens) était accessible à tous. Les modalités organisationnelles de cette cérémonie ne se fixent pas avant les IIIe et IVe siècles et ne se développent véritablement qu’entre le IVe et VIIIe siècle. La messe est en effet la plus importante solennité en usage dans le culte chrétien. Le mot même de messe du latin mittere = renvoyer, laisser aller est issu de la locution latine ite missa signifiant « allez, c’est le renvoi ». Cette expression,

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remplacée aujourd’hui par « allez dans la Paix du Christ » est utilisé par l’officiant pour renvoyer les fidèles chez eux après l’assemblée. La messe est donc le moment fort de la prière collective des fidèles. Elle comporte des réflexions sur les textes bibliques, des acclamations, des louanges, des professions de foi.

Le canon de la messe est ordonné autour de deux types de chant de toute première importance pour l’histoire de la musique. Dès 370, les chants sont regroupés au sein de deux catégories regroupées sous les appellations ordinaire et propre.

Les chants de l’ordinaire et du propre

La messe est constituée d’une partie fixe, l’ordinaire, et d’une partie variable, le propre. Ces deux groupes ne sont pas séparés l’un de l’autre au sein de la cérémonie. Les textes lus et chantés appartenant tantôt au propre tantôt à l’ordinaire alternent tout au long de la célébration.

 L’ordinaire : l’ordinaire comporte des textes qui remontent aux premiers siècles du christianisme et des textes intégrés beaucoup plus tardivement. Certains sont lus, d’autres sont chantés. Les paroles sont toujours les mêmes quelques soit le jour de l’année liturgique. Pour les pièces chantées, la musique peut bien entendu varier.

 Le propre : le propre présente des textes souvent extraits de la Bible notamment des Psaumes. Les textes sont lus ou chantés mais varient selon le jour : fêtes d’un Saint, célébration d’un événement, Pâques.

Le canon de la messe prend sa forme définitive en une dizaine de siècles. La liste ci-après présente l’ordre d’apparition des pièces chanté de la messe incluant les chants plus tardifs (postérieurs au VIe siècle) :

 Introït (propre). C’est le rite d’entrée, l’introduction de la cérémonie par un chant processionnel réservé aux cœurs des chantres qui chantent jusqu’à l’arrivée à l’autel.

 Kyrie Eleison (ordinaire). La supplique grecque « seigneur prends pitié » provient du rite byzantin et est conservée et incorporée dans la liturgie romaine. Dans une triple invocation – kyrie eleison ; Christe eleison ; kyrie eleison – les hommes implorent la miséricorde de Dieu. Le chrétien se mets en condition, se purifie. Cette prière pénitentielle est importée d’orient au Ve siècle.

 Gloria (ordinaire). Cette acclamation ou champ de louange (gloire à Dieu au plus haut des cieux) est inspirée d’un texte grec du IIe siècle glorifiant le seigneur.

Introduit dans la messe occidentale en 498 le Gloria est l’une des pièces les plus anciennes du répertoire.

 Graduel (propre). Ce chant est placé après les premières lectures. À l’origine, il était qualifié de répons ou refrain chanté par l’assemblée en réponse aux solistes interprétant un psaume. Il évolue et devient un véritable chant de soliste entonné sur les marches l’ambon (chaire) qui désigne les deux petites tribunes situées à l’entrée du chœur et servant à la lecture de l’épitre et de l’évangile. Ce chant prend

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alors le nom de répons graduel (du latin gradus = degrés, marche). Le magnifique répons graduel Haec Dies se chantant le dimanche de Pâques exprime toute la joie de la résurrection et les mélismes soulignent les mots importants. L’ampleur expressive est très belle.

 Alleluia (propre). Dans un premier temps réservé à la fête de Pâques, il est entonné après la lecture de l’évangile. Il est ensuite étendu à d’autres fêtes à l’exception des moments de pénitence. L’Alléluia est suivi de son Jubilus sur le -a final. Celui-ci pouvait comporter jusqu’à 200 ou 300 sons sur certaines pièces.

 Evangile (propre) chanté par le diacre.

 Credo (ordinaire). Cette profession de foi énumère les différents alinéas de la foi chrétienne. Le « crucifixus » est le moment le plus dramatique de cette profession de foi dans une tirade en latin qui signifie « crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau ». Franz Schubert (1797-1828) mets longuement en musique cette phrase dans sa messe en Mi bémol composée l’année de sa mort.

 Offertoire (propre). Ce chant est exécuté par l’assemblée des chantres. Il est apparu au IVe siècle et s’est développé au VIIIe siècle.

 Sanctus (ordinaire) chant qui célèbre la sainteté du Seigneur invoque les saints et existe dans la liturgie orientale depuis le IVe siècle.

 Agnus dei (ordinaire) l’apôtre Jean désigne sous l’appellation Agneau de Dieu le Christ. C’est la partie de la messe ou le fidèle implore Dieu de lui accorder la Paix.

Ce chant accompagne la fraction du pain, il est un prélude à la communion où chaque chrétien reçoit symboliquement les corps du christ : l’hostie.

 Communion (propre). Ce chant accompagne la procession de priants se rendant à l’autel pour communier. Les premiers témoignages orientaux décrivant une pièce musicale pour ce moment datent du IVe siècle. Dans les manuscrits liturgiques des VIIIe et IXe siècle, la structure musicale de la communion se rapproche de celle de l’introït dans une volonté de lier étroitement le sens du texte et la musique.

 Ite Missa Est (ordinaire). L’officiant invite les fidèles à se retirer.

Depuis sa création, la messe se développe et au fil du temps privilégie le sens de l’apparat, témoignant de l’importance des processions. Les textes de l’ordinaire et du propre sont consignés dans le Missel. A la fin du VIIIe siècle, la musique (antienne, répons, trait) est répertoriée dans le Graduel (ne pas confondre avec la pièce chantée du propre de la messe)., qui détrôna plus tardivement l’Antiphonaire. Une fausse légende raconte que Saint- Grégoire le Grand, inspiré par une colombe (= l’esprit saint) aurait « composé l’ensemble des mélodies nécessaires à la messe (thème souvent évoqué dans l’iconographie).

Lors des célébrations, plusieurs groupes interviennent dans la cérémonie cultuelle : - les célébrants ou ministres du culte

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- Le prêtre, l’évêque ou le pape et assisté d’un diacre

- La schola des chantres (les chanteurs professionnels). Les petites églises n’en possèdent pas les coquins c’est trop cher.

- L’assemblée des fidèles

- Le chantre ou pré-chantre : personnage très important depuis le IVe siècle car il répartit les tâches et dirige le chœur. Ce titre existe également en Orient.

Enfin, jusqu’à nos jours les compositeurs mettent en musique les textes des pièces fixes (ordinaire) de l’office divin lors de la composition d’une « messe en musique ». Celle-ci se distingue donc par sa division en cinq grandes parties – pour citer deux exemples de messes très célèbres composées par deux grands compositeurs à des époques différentes : Missa de beata Virgine de Josquin des prèz (1440-1521), et Messe en Si de Bach (1685-1750).

Ferrand Françoise, Guide de la musique du Moyen Âge, Fayard, 1999.

Handy Isabelle, Histoire de la Musique au Moyen Age & à la Renaissance, Ellipses, 2009.

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