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Analyse des plantes de melon (Cucumis melo L) issues
de croisements avec du pollen irradie a differentes doses
F. Cuny, Robert Dumas de Vaulx, B. Longhi, R. Siadous
To cite this version:
F. Cuny, Robert Dumas de Vaulx, B. Longhi, R. Siadous. Analyse des plantes de melon (Cucumis
melo L) issues de croisements avec du pollen irradie a differentes doses. Agronomie, EDP Sciences,
1992, 12 (8), pp.623-630. �hal-02713735�
Amélioration
des
plantes
Analyse
des
plantes
de melon
(Cucumis
melo
L)
issues
de
croisements
avec
du
pollen
irradié
à différentes
doses
F Cuny
R Dumas de Vaulx
B
Longhi
R
Siadous
1 Université
d’Avignon, Laboratoire de cytologie et pathologie végétales, 33, rue Louis-Pasteur, F-8400 Avignon;
2INRA, station d’amélioration des
plantes maraîchères,
domaine Saint-Maurice, F-84143 Montfavet Cedex;
3
Institut montpelliérain d’imagerie médico-biologique, service de cytométrie en flux, mini-parc, bâtiment 2,
rue de la Croix-verte, F-34090 Montpellier;
4Commissariat à
l’énergie atomique, département de biologie, service de radioagronomie, CEN de Cadarache,
F-13108 Saint-Paul-Lez-Durance Cedex, France
(Reçu le 13 février 1992; accepté le 18 juin 1992)
Résumé — Chez le melon, les
conséquences
de l’irradiation y dupollen
dugénotype
Védrantais sur le rendement enembryons et en plantules haploïdes sont évaluées après autopollinisation et
après
hybridation avec legénotype F
1
G
I
.
L’utilisation de marqueursgénétiques
nucléaires permet de confirmerl’origine parthénogénétique
des embryonsobte-nus. La perturbation du processus de double fécondation semble mieux
acceptée
par legénotype
F
1
G
I
(3,4
d’em-bryons
pour 100graines)
que par Védrantais(2 d’embryons
pour 100graines).
Quelles que soient les dosesd’irradia-tion
comprises
entre 0,15 et 2,5kGy,
laréponse parthénogénétique
esttoujours présente.
Pour legénotype
Védrantais testé, l’induction d’embryons est plus élevée en été qu’en automne. Au maximum 70% de ces embryons
placés
sur un milieu de culturespécifique
ont évolué enplantes
haploïdes. Le niveau de ploïdie des plantules a été déterminé encytométrie
en flux àpartir
de feuilles. Actuellement, l’utilisation en routine de cette technique permet untri
précoce
desplants
in vitro et l’éliminationrapide
desdiploïdes
issus de fécondations accidentelles. Aucunaneu-ploïde n’est détecté. Toutes les plantes obtenues
présentent
lesphénotypes
normaux attendus.cytométrie
en flux/ parthénogénèse
/ embryon / niveau de ploïdieSummary —
Analysis of musk melon plants (Cucumis meloL)
obtained after pollinationwith γ-
irradiatedpol-len: effect of different doses. In musk melon, the effects of
γ-irradiation
applied topollen,
onhaploid embryos
andplantlet
production have been evaluated after autopollinization orhybridization.
The use of nuclear genetic markerscon-firmed the parthenogenetic origin of these embryos. The disruption of the double fertilization process seemed to be bet-ter accepted by the genotype
F
1
.G
I
(3.4%
of embryos) than by Védrantais(2%
of embryos). Whatever the irradiation dose between 0.15 and 2.5kGy,
theparthenogenetical
response wasalways
present. For the Védrantais genotype,em-bryo induction was higher during summer than in autumn. A maximum of 70% of those embryos placed on a
specific
cul-ture medium developed into haploid plants. Plantlet ploidy was determined from leaves using flow cytometry. Routine
use of this method allows an early screened of plantlets and efficient elimination of diploids obtained from accidental
fer-tilization. No
aneuploid
was detected. All theplants
obtained showed the normal expected phenotypes. flow cytometry / parthenogenesis / embryo/ ploidy
levelINTRODUCTION
Chez le melon
(2n
= 2x =24),
l’irradiation dupol-len à 0,3
kGy
apermis
d’obtenir pour la pre-mière fois deshaploïdes,
avec un rendementin-téressant : 2%
d’embryons haploïdes (Sauton
etDumas de
Vaulx,
1987).
L’utilisation de mar-queursgénétiques
nucléaires confirme leurori-gine parthénogénétique.
Mais iln’y
a que la combinaison de lapollinisation
avec dupollen
inactivé par irradiation et de la cultured’em-bryons
immaturesqui
permette
l’obtention deplantes haploïdes
parparthénogenèse
in situ.Jusqu’à présent,
cettehaplométhode
n’a ététes-tée que chez très peu
d’espèces végétales,
et seul unpetit
nombre aréagi
positivement
(Iva-nov, 1938: Brewbaker et
Emery,
1962).
Il asou-vent été constaté que la dose d’irradiation
appli-quée
aupollen joue
un rôle essentiel dans l’efficacité de latechnique.
Ainsi,
généralement,
des
hybrides
dephénotypes
souvent anormaux etEng-vild,
1985; Sari Gorla et al,1987),
résultantvrai-semblablement d’un état
d’aneuploïdie
de leurcontenu
chromosomique
nucléaire(Snape
etal,
1983),
sont obtenus à faibles doses.Lorsque
la dose d’irradiationaugmente,
ceshybrides
dispa-raissent
progressivement
auprofit
deshaploïdes
(Pandey
etPhung,
1982;Raquin,
1985;
Zhang
etLespinasse,
1991).
À
fortes dosesd’irradiation,
laproduction d’haploïdes
estquasiment
nulle,
alors que l’obtention de fruitsparthénocarpiques
peut
exister(Zamir,
1983; Sanfordet al,
1984;Zhang
et
Lespinasse, 1991).
Afind’optimiser
l’inductiond’haploïdes
chez le melon, l’étude des effets desdoses d’irradiation
appliquées
aupollen
a étéen-visagée.
Généralement,
le niveau deploïdie
d’uneplante
est déterminé par dénombrement deschromosomes dans les
figures
mitotiques
descellules
méristématiques.
Les cellules en mitose sontfixées
au stademétaphase
et l’ADN est co-loré par la méthode deFeulgen.
Cettetechnique
bien que très fiable est
fastidieuse,
et de ce fait nepeut
être utilisée en routine. D’autrestechniques
dites indirectespermettent
deconnaître,
parex-trapolation,
le niveau deploïdie
du matérielvégé-tal testé. Il
s’agit
parexemple,
de dénombrer leschloroplastes
dans les cellules degarde
des sto-mates ou encore les poresgerminatifs
desgrains
de
pollen.
Leshaploïdes
sontgénéralement
révé-lés par leur stérilité.
Cependant,
cette dernière observation nécessite l’attente de la floraison dela
plante
et latechnique
de détectiond’haploïdes
s’avère ainsi lourde et coûteuse.
Récemment,
la détermination du niveau deploïdie
basée sur la mesure de la teneur en ADN des noyaux eninter-phase
parcytométrie
enflux,
a étéappliquée
auxvégétaux
(De
Laat etal,
1987; Brownet al,
1991).
Notre
objectif
a été d’utiliser cettetechnique
cyto-logique
pour lemelon,
afin de détecter defaçon
fiable et routinière leshaploïdes
parthénogénéti-ques induits par irradiation du
pollen,
à différentes doses. Nous déterminons dansquelle
mesure d’éventuelsaneuploïdes
peuvent
être détectés par cette méthode.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Matériel
végétal
et conditions de culturedes
plantes
mèresLa variété Védrantais,
lignée
pureandromonoïque
dutype
Cantaloup
Charentais(obtention
Vilmorin), estutilisée à la fois comme parent pollinisateur et comme
parent femelle. Une seconde variété, PI124111 x
gl/
yg/nsv, notéeF
1
G
I
estégalement
utilisée commepa-rent femelle. Celle-ci, de
phénotype
monoïque, pos-sède les allèles récessifsglabre
et yellow-green(cou-leur du
feuillage)
à l’étathétérozygote.
L’expérimentation
a été réalisée pendant 2 années successives à la station d’amélioration des plantes de l’INRA de Montfavet, afin de détecter un éventuel effet saison sur l’obtention d’embryonshaploïdes.
Lesplantes mères ont été cultivées :
-
durant les mois de septembre et d’octobre 1989 dans une serre cooling system vitrée;
- durant les mois de mai et
juin 1990 dans un tunnel
plastique.
Irradiation du
pollen
Les fleurs mâles sont
prélevées
le matin de l’anthèseet irradiées aux rayons gamma le jour même. Les irra-diations
y émises
par une source au cobalt 60 (1,184 x10
5Bq) sont effectuées au centre d’étude nucléaire de
Cadarache
(ionisateur Cigal,
France). Le débit utiliséest de 79
Gy/min.
Des doses de 0,15; 0,5; 1,6; 2,5; 3,6 ou 4kGy
ont étéappliquées
aux fleurs mâles.Réalisation des
pollinisations
manuellesLes fleurs hermaphrodites de la variété Védrantais
sont castrées puis ensachées 24 h avant l’ouverture des
pétales
et l’anthèse. Les fleurs femelles deF
1
G
I
sont fermées la veille de l’anthèse avec une paire de
pinces. Le jour de l’anthèse, chaque fleur est
pollini-sée par le pollen irradié de 4 fleurs. Les stigmates
sont toujours saturés en
pollen.
Enfin, les fleurs sontensachées ou fermées à nouveau, selon le cas.
Sauvetage
desembryons
immaturesLes fruits sont récoltés 20 j
après
la pollinisation, c’est-à-dire avant la maturité totale du fruitqui
se situeenvi-ron 15 j plus tard. Les
graines prélevées
dans lesfruits, préalablement désinfectées par
flambage,
sont ouvertes aseptiquement auscalpel,
sous loupe bino-culaire. Les embryons en sont extraits et sontplacés
en conditions aseptiques sur le milieu de culture
spéci-fique
des embryons de melon(Sauton
et Dumas deVaulx,
1987).
La mise en oeuvre de la culture in vitroest
indispensable
à lapoursuite
dudéveloppement
des
embryons
immatures.Repiquage
etclonage
desplantules
Les
embryons placés
sur le milieu de culture se15 j plus tard en tube à essai sur le même milieu de cul-ture.
Quelques
gouttes d’une solution 10-5 M degibbé-relline GA3 sont déposées sur les apex caulinaires non
développés.
Lesplantules âgées
d’environ 1 mois sontclonées par
bouturage
des nœuds sur le même milieu.Les cultures en boîtes de Pétri ou en tube à essai sont
placées en chambre climatisée en
photopériode
de 12 het à une
température
constante de 25 °C.Quinze j
après
chaque bouturage, les plantes au stade «3 à 4 feuilles» peuvent être transférées en pots individuels, sous serre. Cependant, une partie du matérielvégétal
est conservée in vitro par
bouturages
successifs en vuedes
analyses
ultérieures.Tri des
plantes
Analyses
descaractéristiques génétiques
des
plantules
issues de laF
1
G
I
Le
phénotype correspondant
à l’allèleglabre
estdétec-té précocement sur les plants in vitro. Par contre, l’al-lèle
yellow-green,
responsable de la couleur vert-jaune des feuilles, est détectéplus
tardivement sur lesplan-tules transférées en terre.
Observations
morphologiques
Les plantes haploïdes
présentent
des fleurs depetites
tailles et les anthères contiennent des grains de pollen stériles.
Observations
cytologiques
Le dénombrement chromosomique est effectué par la
méthode de
Feulgen,
sur despointes
racinaires deplantes en croissance active
après
leur transfert enterre. Les
pointes
racinairesprélevées
en fin demati-née sont traitées selon la technique décrite par Dumas
de Vaulx (1970).
Analyse
du niveau deploïdie
des feuilles parcytométrie
en fluxLa détermination du niveau de ploïdie a été réalisée
au service de
cytométrie
en flux de l’Institutmontpellié-rain d’imagerie
médico-biologique.
Le cytomètre utiliséest un ACR 1400
(Bruker) équipé
d’unelampe
àva-peur de mercure Ushio-102DH-100 W et de 4 tubes
photomultiplicateurs (PMT) (longueur
d’onde d’excita-tion : 490 nm ± 10 nm; fluorescence de l’iodure depro-pidium : 640 nm ± 80
nm).
Une feuille est hachée rapidement à la lame de
ra-soir dans 0,5 ml de tampon
phosphate
pH 7,10conte-nant
KNO
3
20 mM,NH
4
NO
3
20 mM,CaCl
2
3 mM,MgSO
4
1,5 mM,KH
2
PO
4
1,2 mM, sorbitol 50 mM etthioglycolate
de Na 50 mM. La suspension est ensuitefiltrée sur toile à bluter en nylon d’une ouverture de
maille de 50 μm. On
ajoute
ensuite l’iodure depropi-dium (concentration finale : 50 μg/ml) ainsi que du Tri-ton X-100
(concentration
finale : 0,1%v/v).
L’échan-tillon est mis à colorerpendant
15 min à 4 °C et àl’obscurité. La coloration des acides nucléiques double-brin est obtenue par l’iodure de propidium
(fluorochrome
intercalantspécifique
des acidesnu-cléiques
double-brin ADN etARN).
L’intensité defluo-rescence rouge de l’iodure de
propidium
mesurée estproportionnelle
à laquantité
d’ADN présente dans lesnoyaux
(l’iodure
de propidium se fixe sur l’ADN de manièrestoechiométrique).
Pour améliorer la
précision
et larépétabilité
desmesures, nous utilisons une référence interne dans
chaque échantillon: 1 000 à 10 000 noyaux en
sus-pension d’une graminée
(ray-grass)
sontajoutés
à l’échantillon avant coloration de l’ADN. Les noyaux de lagraminée
sont isolés dans les mêmes conditions que ceux de l’échantillon. Le pic supplémentaireobte-nu est utilisé comme référence
(étalon).
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONNouaison des fruits et rendement
en
embryons
en fonctionde la dose d’irradiation
appliquée
aupollen
Les fruits se sont
développés
dans tous lescas, hormis ceux issus de fleurs non
pollini-sées,
dont l’ovaire aséché,
oupollinisées
avec dupollen
irradié à 3,6 et 4kGy.
La dose létale pour lepollen
de melon est de 4kGy (Cuny
etRoudot,
1991).
Pour des doses d’irradiationin-férieures à 1,6
kGy,
le taux de nouaison n’est pas affecté par l’irradiation dupollen. Lorsque
lepollen
est traité aux rayons gamma, 97% desgraines
des fruits obtenus ne sont pasem-bryonnées.
Deuxtypes
d’embryons
sontobser-vés : des
embryons bloqués
au stadeglobu-laire et des
embryons
cotylédonnaires
(embryons
en forme decœur).
Ces derniers neremplissent
que la moitié de lagraine.
Leurscotylédons
sont étalés etplus
ou moinsdissy-métriques.
Des irradiations dupollen
comprises
entre 0,15 et 2,5
kGy
donnent des rendements enembryons pratiquement identiques.
Cepen-dant 3 faitsmarquants
peuvent
êtresoulignés :
1)
les rendements enembryons
sontplus
éle-vés pour legénotype
femelleF
1
G
I
que pourVé-drantais;
eneffet,
lepourcentage d’embryons
cotylédonnaires
est de l’ordre de2,4%
par fruit pour legénotype F
1
G
I
(tableau I)
et de1,4%
seulement pour Védrantais
(tableau II);
cet effet dugénotype
duparent
femelle sur lemelon
(Brun, 1990);
on notera que le meilleurrendement en
embryons
par fleurpollinisée
estobtenu pour le
génotype
F
1
G
I
,
après
irradiationdu
pollen
à la dose de 1,6kGy; 2)
pour les deuxgénotypes,
les rendements enembryons
globu-laires sonttoujours
2 à 3 foisplus
faibles que ceux enembryons cotylédonnaires; 3)
pour legénotype
Védrantais,
le seultesté,
on constateun effet très net de la saison sur le rendement en
embryons
en fonction de la dose d’irradiationappliquée
aupollen;
eneffet,
lors del’expéri-mentation de
juin-juillet
1990(tableau II),
lesrendements les
plus
élevés sont obtenus aux fortes doses d’irradiation(0,5
et1,6
kGy);
àl’op-posé,
lors del’expérimentation
d’automne 1989(tableau III)
l’irradiation à faible dose(0,15 kGy)
fournit les meilleurs rendements. De toutefaçon,
les rendements lesplus
élevés sonttou-jours
obtenus en début d’été.Chez les autres
espèces végétales,
où des croisements intra- etinterspécifiques
ont été ré-alisés avec dupollen
irradié,
laproduction
d’em-bryons après
irradiation à forte dose n’ajamais
étésignalée
à notre connaissance. Lesrende-ments en
embryons haploïdes
parthénogénéti-ques, cités dans labibliographie,
sontgénérale-ment très faibles et
n’atteignent
que très rarement les 3,4% obtenus chez le melon(Doré,
1989;
Raquin,
1985; Rode et Dumas de Vaulx,1987).
Le melonprésente
donc uncomporte-ment relativement
original
vis-à-vis de l’irradia-tion dupollen;
celapourrait
être laconséquence
d’une radiorésistance
pollinique
élevée,
DL
50
=3
kGy (Cuny
etRoudot,
1991).
Rendement de
l’haplométhode
mesurée en nombre deplants
in vitro viablesGénéralement,
le taux dereprise
de croissance desembryons globulaires
est très faible : dansle meilleur des cas, 29% des
embryons
évoluent enplantules.
Par contre, lareprise
de crois-sance desembryons
cotylédonnaires,
est nette-mentplus
élevée : 70% desembryons
cotylé-donnaires du
génotype
F
1
G
I
(tableau
I)
et 55%de Védrantais
(tableau III)
donnent desplan-tules. Pour ce
dernier,
les conditions automnales del’expérimentation
peuvent
être la cause de lareprise
de croissanceplus
faible desem-bryons.
De nombreuxplants
in vitro sont anor-maux. Ils sont caractérisés par une absencede système
caulinaire alors que lesystème
racinaire ainsi que
l’hypocotyle
sedéveloppent
normalement.
Après
environ 3 mois de culturein vitro, la
majorité
de cesplantules
anormalesdégénèrent,
cequi
conduit à uneperte
impor-tante de matériel. Parfois la stimulation de
l’apex
caulinaire par desgibbérellines
permet
ledéve-loppement
d’uneplantule
tout à fait normale.Après
6 mois de culture invitro,
seules lesplan-tules
présentant
undéveloppement
normal sontconservées
(tableaux
I etIII).
Les avortements, les
problèmes
degermina-tion des
embryons
et de croissance desplan-tules
peuvent
résulter de laprésence
degènes
récessifs délétèresqui s’expriment
du fait deContrairement à notre attente, les
plus
faibles rendements enplants
sont obtenus à faible dose d’irradiation(tableaux
I etIII).
Cette situation pa-radoxale et inattendue adéjà
étéévoquée
chezde nombreuses autres
espèces végétales.
Parexemple,
chez lepommier,
leshaploïdes
parthé-nogénétiques
obtenusaprès
irradiation dupollen
à 0,125kGy
ne sont pasviables,
alorsqu’ils
lesont aux doses
plus
élevées,
0,5kGy
(Zhang
etLespinasse, 1991).
Demême,
chez lemaïs,
les effets de l’irradiation dupollen (stérilité,
nombre degrains
parépis...)
apparaissent plus
pronon-cés à 0,1kGy qu’à
0,2kGy (Sari
Gorla etal,
1987). Pandey
etPhung (1982) expliquent
ces résultats par le fait que vraisemblablement les faibles doses d’irradiation n’altèrent que très peu lesystème
nucléaire dupollen, qui
conserve ainsi certainespotentialités
fécondantes. Il en ré-sulte la formationd’hybrides plus
ou moinssté-riles,
d’aneuploïdes
etd’haploïdes.
L’apparition
des
phénotypes
anormaux et les stérilités sontprincipalement
laconséquence
de l’étataneu-ploïde
instauré et desréarrangements
chromo-somiques qui
en résultent(Snape
etal,
1983).
Les fortes doses
d’irradiation,
beaucoup plus
drastiques,
altèrent fortement lesystème
nu-cléairepollinique
et conduisent à la formation d’un seultype
depollen
non fécondant mais in-ducteurd’haploïdes
ou dediploïdes,
parparthé-nogenèse
in situ.Niveau de
ploïdie
desplantes
L’examen
cytologique
réalisé sur lespointes
de racinesaprès
coloration par latechnique
deFeulgen
révèle laprésence
de nombreuses ra-cinesmixoploïdes (n,
2n,4n).
Du fait de la diffi-culté à dénombrer les celluleshaploïdes
parrap-port
aux autres cellules sur lespréparations
racinaires,
nous n’avons souvent pas puconclure en ce
qui
concerne le niveau deploïdie
de certains clones.L’analyse
encytométrie
en flux des feuilles desplants
invitro, permet
la déterminationra-pide
etprécise
du niveau deploïdie
du clonetesté. Cette
technique
est basée sur la mesure de la teneur en ADN des noyauxinterphasiques.
Du fait de la forte corrélationqui
existe entre leniveau de
ploïdie
déterminé par lacytométrie
en flux et le nombrechromosomique,
leshaploïdes
peuvent
être facilement détectés(Fahleson
etal,
1988).
En calibrant l’échelle de fluorescence rouge au moyen d’échantillons de niveaux deploïdie
connus(plantules diploïdes),
le niveau deploïdie
des échantillonspeut
être déterminé parcomparaison.
La
présence
simultanée depics
2C, 4C,
8C sur un mêmehistogramme
obtenu àpartir
d’une même feuille révèle l’étatmixoploïde
stable du melon(fig
1a).
Pour la détermination du niveau deploïdie,
seul lepremier pic
est retenu, et celaquelle
que soit sonamplitude.
On posel’hypo-thèse que le
premier pic
reflète le niveau deploï-die
germinale.
Laprésence
demixoploïdie
exclut lapossibilité
de déterminer lesproportions
exactes de cellules dans
chaque
niveau deploï-die,
pour deux raisons :- le second
pic
contient à la fois les cellulesha-ploïdes
enphase
G
2
/M
c’est-à-dire en division etles cellules
diploïdes
enphase
G
0
/G
1
;
-
le second
pic
peut
contenir de 0 à 3% de dou-blés de cellules enG
0
/G
1
et ainsi de suite(en
pro-portions
respectives)
pour les zones4C,
8C... Chez legénotype F
1
G
I
,
toutes lesplantes
ob-tenues à
partir
depollen
irradié aussi bien à faible dose(0,15 kGy) qu’à
fortes doses(0,5,
1,6et 2,5
kGy) présentent
unspectre
detype
ha-ploïde
(fig 1b).
Ce résultat est confirmé par laprésence
de fleurs depetite
taille et stériles. Ladisjonction
desgènes
marqueurs(tableau
IV)
estconforme à celle attendue
(proportions 1:1).
ChezVédrantais, quatre
plantules
étaientdi-ploïdes.
Troisplantules correspondaient
à la dose de 0,15kGy
et une à la dose de0,5
kGy.
Du fait de l’absence de marqueurs
génétiques,
il estimpossible
de conclurequant
à leurorigine.
Quatre
hypothèses
peuvent
être émises :1)
la dose de 0,15kGy
est insuffisante pour éliminertotalement le
pouvoir
fécondant dupollen; 2)
des contaminations par dupollen
non irradié ont lieudurant la castration des
fleurs;
3)
il existe des doublementsspontanés
du stock chromosomi-quehaploïde
chez certainsgénotypes (Zhang
etLespinasse, 1991);
chez le kiwi, parexemple
(Pandey
etal,
1990),
lacapacité
deproduction
d’embryons
diploïdes
parthénogénétiques
esttrès variables en fonction à la fois du
génotype
paternel
et dugénotype
maternel;4)
desgaméto-phytes diploïdes
issus de cellules mères non ré-duites à la méïosepeuvent
êtreprésents.
Sur l’ensemble des
plantes analysées (150),
aucunaneuploïde
n’a été détecté dans nos conditionsexpérimentales.
Nous avons considé-réqu’une plantule
estaneuploïde
lorsque
laposi-tion du
pic
de fluorescencecorrespondant
à laquantité
2C d’ADN estéloignée
parplus
de 3 ca-naux dupic diploïde
témoin. Cet intervalle de confiance a été défini en déterminant les dévia-tions de 3plantes
témoinsdiploïdes, après
nor-malisation des fluorescences au moyen de l’éta-lon interne. Lelogiciel
decytométrie
en flux(Flower
version3.41)
convertit sur une échelle li-néaire(0
à 255canaux)
laposition
dechaque pic
de fluorescence et fournit le numéro du canal
correspondant
au maximum d’événements. Avec3 canaux
correspondant
à 1,3 déviationsstan-dard,
cet intervalle de confianceéquivaut
à 8%du
génome
2C(2n
= 2x=24).
Des anomalies à ±2 chromosomes
peuvent
être ainsi mises enévi-dence chez le melon. Le coefficient de variation
des
pics
G
0
/G
1
est de 1. De nombreux auteurs constatent laprésence d’aneuploïdes
à la suite de croisements avec dupollen
irradié(Ivanov,
1938; Brewbaker et
Emery,
1962;Snape
et al,1983;
Shintaku etal,
1988). Pandey
etPhung
(1982),
parexemple,
ont obtenu desaneu-ploïdes
de Nicotianacomportant
24 + 1 à 24 +11 chromosomes.
Chez les
plantes
en culture invitro,
le niveau deploïdie
est stable au cours dutemps.
Lesanalyses
ont été effectuées sur unepériode
d’une année avec 2 à 4répétitions
échelonnées au cours dutemps.
Quatorze
plantes
ont étéanalysées
après
leurtransfert en terre. On constate que seules les
jeunes
feuillesprésentent
deshistogrammes
avec unpic haploïde important
(fig
1c),
compa-rable à celui obtenu à
partir
d’unplant
in vitro(fig
1b).
Dans le cas des feuilles adultes, on obtientdes
histogrammes
avec unpic haploïde
nette-ment minoritaire(fig
1d).
Il sembleraitqu’au
cours du vieillissement de lafeuille,
lamajorité
des cellules doublent
spontanément
leur stockchromosomique. Cependant,
les cellulesgermi-nales conservent
toujours
leur étathaploïde
etles fleurs formées sont
toujours
stériles. Il convient donc d’être relativementprudent
quant
au choix du matériel utilisé pourl’analyse
en cy-tométrie en flux. Lesplantes
in vitro ou lesjeunes
feuilles dejeunes plantes
cultivées enpots
semblent constituer le matériel le mieuxap-proprié
pour une étude du niveau deploïdie
encytométrie
en flux. Cettetechnique
permet
ainsi un triprécoce
desplantules.
CONCLUSION
Chez le
melon,
l’irradiation dupollen (1,6
kGy)
permet la
production d’embryons
parthénogéné-tiques
(3,4%)
et deplantes
haploïdes (2,4%)
avec des rendements
particulièrement
élevés.À
partir
de 0,15kGy,
ledéveloppement
parthéno-carpique
des fruits est observé. Mais,contraire-ment à ce
qui
estfréquemment
constaté chez lamajorité
desespèces végétales,
l’irradiation dupollen
de melon ne semble pas induirel’appari-tion
d’hybrides
àphénotypes
anormaux ou sté-riles(mutation, aneuploïdie).
Laréponse
àl’irra-diation est relativement
semblable,
quelle
quesoit la dose
appliquée
aupollen (entre
0,15 et2,5
kGy).
Seules les fortes doses(supérieures
à1,6
kGy)
semblent affecter la nouaison des fleurspollinisées
avec dupollen
irradié. Leni-veau de
ploïdie
desplantules
est déterminé àpartir
d’unepart
de l’observation de lastérilité-fertilité des
plantes,
et d’autrepart
des résultats de lacytométrie
en flux. Vu que, dès la mise enterre de
plants,
le niveau deploïdie
dusystème
foliaire évoluerapidement,
touteanalyse
en cy-tométrie en flux nécessite un choixjudicieux
etréfléchi de
l’organe végétal
àanalyser :
depréfé-rence une très
jeune
feuille.REMERCIEMENT
Les auteurs remercient M Grotte de son aide pour
l’analyse des résultats.
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