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Demande d aide avant réalisation

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Demande d’aide avant réalisation

Titre du projet : LE PRINCE SERPENT

Genre fiction X animation documentaire de création, essai expérimental Durée du film envisagée (en mn) : 15 min

Examen par le comité « premiers films » OUI X NON

(NB : comité réservé aux réalisateurs débutants et sans expérience professionnelle significative) Support de tournage (ex : HD, 16, 35, 2k, 4k, DVCAM, Super 8…) : 2K

Langue(s) de tournage : Français

Dates de tournage envisagées : avril 2017 à décembre 2017

Lieux de tournage prévus : Studio Fargo / La Cartoucherie / Bourg-Lès-Valence Comédiens souhaités (information facultative) :

Non défini

Auteur(s) du projet

Réalisation

Nom – Prénom : Anna Khmeleveskaya & Fabrice Luang-Vija Adresse – téléphone – e-mail :

Anna : 18 rue des Macchabées 69005 Lyon – 06 83 41 89 75 - khmelevskaya@gmail.com Fabrice : 1 rue Gustave Flaubert 26000 Valence – 06 60 54 16 87 – prod@fargo.fr

Nationalité : Biélorusse (Anna) & Française (Fabrice)

Date et lieu de naissance : Anna : 01/11/76 à Minsk (Biélorussie) Fabrice : 18/04/67 à Lyon Co-auteur(s) du projet (le cas échéant) :

Scénario

Nom – Prénom : Fabrice Luang-Vija Adresse – téléphone – e-mail :

1 rue Gustave Flaubert 26000 Valence – 06 60 54 16 87 – prod@fargo.fr Nationalité : Française Date et lieu de naissance : 18/04/67 à Lyon Compositeur de la musique originale (le cas échéant) :

Nom – Prénom : Christophe Jacquelin Adresse – téléphone – e-mail :

Studio Helios 38140 Claix – 04 76 99 99 89 – studiohelios@wanadoo.fr Nationalité : Française Date et lieu de naissance : 01/07/1957

Bref résumé du film (3 lignes maximum - destiné à être diffusé sur le site internet du CNC pour les projets bénéficiaires) : Dans une ancienne cité mésopotamienne, le Prince Serpent est arrivé à l'âge de la majorité. Il réclame une épouse pour un Mariage sacré, en l'honneur de la déesse Ishtar... C'est le début d'un terrible rituel qui va se répéter inexorablement...

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Joindre l’autorisation de l'auteur ou de l’ayant droit (contrat, lettre ou option) en fin de dossier

Si oui, indiquer le titre de l’œuvre initiale et son auteur :

« Le prince Serpent » : Conte de tradition orale (auteur anonyme)

- Ce projet a-t-il déjà été présenté devant la Commission ? X OUI NON NON Si oui, à quelle session (mois/ année) a-t-il été déposé :

X Comité de lecture : avril 2015 X Plénière : Juillet 2015 : obtention d’une aide à la réécriture + Janvier 2016

Le cas échéant, quel était son précédent titre ? ………

- Ce projet a-t-il déjà bénéficié d’autres aides ou soutiens (si oui : préciser lesquels) - du CNC ?

Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle ( animation / documentaire) X non oui

Dispositif pour la CRéation Artistique Multimédia et numérique (DICRéAM) X non oui Aide aux projets Nouveaux Médias X non oui Aide pour les œuvres cinématographiques d’Outre-Mer X non oui - d’un établissement ou organisme public (CROUS, CNAP…) ? X non oui………

- du Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques ? X non oui

- d’un atelier ou d’un résidence d’écriture ? X non oui : ………

- d’une collectivité locale ? non X oui : Aide à la production Rhône-Alpes - d’une chaîne de télévision ? non X oui : Pré achat ARTE

- d’un financement privé (fondation, plateforme de financement participatif…) ? X non oui - d’un partenaire étranger ? X non oui : ………

- Autre : ……….………

Qualité du (des) demandeur(s) : Réalisateur X Producteur Société de production : FARGO

Nom : Fallot Prénom : Sophie

Adresse Téléphone E-mail :

La Cartoucherie

26500 Bourg-Lès-Valence 04 75 61 54 48 prod@fargo.fr A Bourg-Lès-Valence le 13 novembre 2016

X Déclare(nt) avoir pris connaissance des dispositions du règlement général des aides du CNC, conformément aux articles L. 111-2 (2°), L. 112-2 et D. 311-1 du code du cinéma et de l’image animée, notamment les articles 411-25 à 411-35. (RGA)

X Déclare(nt) avoir pris connaissance de la notice explicative précédant le formulaire et disponible sur le site du CNC .

Signature du(es) réalisateur(s) Signature du producteur

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Présentation du projet

TITRE Le Prince Serpent

RÉALISATION Anna Khmelevskaya

Fabrice Luang-Vija PRODUCTION

Fargo SCÉNARIO Fabrice Luang-Vija

GRAPHISME Anna Khmelevskaya D’APRÈS UN CONTE

de tradition orale DURÉE ESTIMÉE

18 minutes PUBLIC

Tous publics - à partir de 9-10 ans TECHNIQUE

Animation 2D

SUPPORT DE DIFFUSION Full HDDCP

LANGUES ENVISAGÉES Français & Anglais

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Préambule

A l’aube de nos civilisations, au cœur de la Mésopotamie...

Une histoire entre réalité et mythologie, où un rituel de fécondité oppose l’humain et l’inhumain...

Synopsis

Dans une très ancienne cité, entre le Tigre et l’Euphrate...

Le Prince est arrivé à l’âge de la majorité. Il réclame à la Reine un Mariage Sacré, avec la plus belle des Prêtresses, pour honorer Ishtar, déesse de l’amour et de la fécondité...

Mais le Prince est un monstre... C’est un serpent, à la tête de serpent, aux yeux de serpent, au corps de serpent... Un monstre enfermé, caché aux yeux de tous... Un monstre qui ne sait que dévorer...

Et lorsqu’il aura mangé son Epouse Sacrée, il en réclamera une autre...

Le rituel va ainsi se répéter, implacablement... Jusqu’à ce qu’une nouvelle Epouse ose faire face...

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Scénario

Un texte s’inscrit en préambule :

Dans une très ancienne Cité, Entre le Tigre et l’Euphrate...

SEQUENCE 1

Une cité imposante, au milieu d’un désert… Au milieu de la Cité, un palais se dresse, majestueux, sous un soleil de plomb... Alors que le générique d’ouverture s’inscrit, une étrange procession sort par une porte gigantesque.

Ce sont d’abord des serviteurs qui portent de lourds plateaux couverts de bijoux et d’étoffes, ainsi qu’un veau et un agneau juchés sur les épaules de deux hommes musclés. Derrière, des gardes escortent une femme magnifique, à la robe somptueuse, une couronne sobre habillant son front : c’est la Reine qui avance sous une large ombrelle rectangulaire, tissée de fils d’or, portée par des esclaves. Enfin, d’autres serviteurs et des intendants terminent la marche.

La procession traverse une longue cour intérieure, franchit un dédale de portes et de terrasses, ornées de statues représentant des divinités. Elle arrive bientôt devant une sorte de ziggourat, mi-temple, mi- forteresse, qui surplombe l’ensemble de la cité. Tous grimpent un escalier monumental qui mène à son sommet. Arrivés en haut, ils traversent une large esplanade décorée de colonnes, et dont le sol émaillé resplandit de couleurs chatoyantes. Tout le monde s’arrête à quelques mètres d’une porte d’entrée, imposante dalle de pierre sculptée.

Le titre s’inscrit : LE PRINCE SERPENT

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SEQUENCE 2

On dépose les plateaux devant la porte, on attache le veau et l’agneau à un anneau fixé au sol. On active des mécanismes. La dalle s’ouvre lentement, dans un grondement sourd.

Prêtres, intendants, serviteurs retiennent leur souffle... Tout le monde est tendu... La Reine s’approche, seule, et se place devant l’entrée de la bâtisse, au niveau des plateaux... A l’intérieur, derrière la porte, il fait sombre... Crispée, elle prend sa respiration, puis parle d’une voix forte.

LA REINE :

Mon Fils !... Mon Fils !...

Elle s’arrête un court instant, comme si elle attendait une réponse. Puis elle reprend…

LA REINE :

Mon Fils !...

Tu as aujourd’hui atteint l’âge de la majorité !...

Accepte ces cadeaux en ton honneur !...

Un moment de silence... Tout le monde reste figé... Même le veau et l’agneau n’osent se manifester...

Puis des bruits se font entendre à l’intérieur... Quelque chose approche...

(8)

Des yeux perçants apparaissent dans l’obscurité de la porte. Ce sont des yeux reptiliens, autour desquels on devine à peine une forme indéfinissable, cachée dans l’ombre.

Esclaves, prêtres, intendants sont paralysés.

La Reine a un léger mouvement de sourcils, mais reste impassible.

LA REINE :

Tu as dû grandir, mon Fils, depuis la dernière saison ! Les yeux perçants restent immobiles dans l’obscurité.

Une voix se fait alors entendre. Une voix étrange, indéfinissable, presque délicate, qui parle posément...

LA VOIX :

Oui ma Mère... Je suis grand maintenant...

Quelques secondes de silence... Puis la voix reprend.

LA VOIX :

Que Mardouk t’accompagne...

Ces présents sont honorables...

Mais aujourd’hui...

Aujourd’hui, je suis en âge d’avoir plus que de simples bijoux...

Plus que de pauvres pâtures...

Etonnement de la Reine. Elle jette un regard vers les offrandes, les animaux...

Derrière elle, tout le monde semble paralysé.

LA REINE :

Plus ?... Que voudrais-tu de plus, mon Fils ? Un moment de silence... Les yeux fixent la Reine.

LA VOIX :

Aujourd’hui, je suis en âge d’honorer Ishtar...

Je suis en âge d’avoir une femme...

Je veux un Mariage sacré... Ce soir !

Les prêtres et les intendants ont un mouvement de recul. Certains poussent des exclamations d’effroi...

La Reine tente de rester impassible...

LA REINE :

Un Mariage sacré ?...

Mon Fils... Cela n’est pas possible...

Tu... Tu ne peux pas honorer Ishtar...

Tu ne peux pas... avoir de femme !...

(9)

Un moment de silence... Puis les yeux avancent... Une tête de serpent sort dans la lumière. Une tête suivie d’un cou de serpent. Un serpent d’une taille impressionnante. Un serpent plus grand, plus épais qu’un homme. Un serpent aux ondulations souples et élégantes. Un serpent qui se dresse devant la Reine, la moitié de son corps sombre restant à l’intérieur de la ziggourat.

La Reine a un léger mouvement de recul. Derrière elle, on pousse des exclamations de crainte.

LE PRINCE SERPENT :

Je veux un Mariage sacré ce soir... Je veux honorer Ishtar...

Avec la plus belle des Grandes Prêtresses... La plus belle des Entu...

Trouve-moi la plus belle... Pour ce soir... Sinon...

Le serpent courbe le cou, approche sa tête du visage de la Reine. Il la fixe de ses yeux fins et aiguisés…

LE PRINCE SERPENT :

Sinon... Je sortirai au grand jour... Et le royaume connaîtra ma fureur !

La créature se dresse d’un coup, puis s’abat sur le veau et l’agneau, les saisit avec sa mâchoire. En un éclair, le Prince Serpent emporte les pauvres bêtes dans sa «tanière» et disparaît...

L’assistance est figée d’effroi. La Reine est paralysée...

SEQUENCE 3

Un texte s’inscrit :

ZEEBA

Les rues de la Cité s’agitent. Une vingtaine de femmes marchent sur les pavés, les unes derrière les autres. Elles portent des habits, des bijoux somptueux, et avancent d’un pas fier. Chacune tient dans sa main un bâton de cérémonie, signe distinctif du haut rang qui est le leur. Sur leur passage, habitants, commerçants, esclaves s’inclinent avec respect. A leur tête, des prêtres et des soldats ouvrent la marche, et les escortent jusqu’au Palais.

Dans la salle royale, une porte s’ouvre. Un intendant s’avance, parle d’une voix forte.

L’INTENDANT :

Les Grandes Prêtresses sont là Majesté !

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Au fond de la salle, la Reine est assise sur un trône, entourée de quelques conseillers. A côté d’elle, un oiseau trône également, perché sur un piédestal en fer forgé. C’est une chouette magnifique, dont le regard perçant semble ne rien vouloir rater de la scène.

La Reine se lève.

LA REINE : Qu’elles entrent !

Les vingt Grandes Prêtresses entrent dans la salle, se disposent en trois rangées devant la Reine, s’inclinent ensemble, avec déférence. En première ligne, l’une d’elles prend la parole.

LA GRANDE PRÊTRESSE :

Que Mardouk veille sur toi, ô notre Reine !

La Reine hoche la tête d’un geste bref, observe l’ensemble des prêtresses.

Elle les interpelle avec solennité.

LA REINE :

Entu !…Vous êtes les astres sacrés de notre Cité !...

Aujourd’hui, l’une d’entre vous sera l’Elue de la Fécondation, la digne représentante d’Ishtar !

Les Grandes Prêtresses semblent à la fois honorées et intriguées.

La Reine s’approche alors de la chouette, penche son visage vers elle, et lui parle à voix basse.

LA REINE (à la chouette) : Trouve la plus belle...

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La chouette ouvre ses ailes majestueuses et s’envole dans la salle royale. Elle fait quelques figures

aériennes, puis plane au-dessus des Grandes Prêtresses, rasant leurs coiffes. Elle effectue plusieurs allers retours, ses yeux scrutant au passage les visages des femmes immobiles. Le rapace semble hésiter... puis se pose sur le bâton de cérémonie de l’une d’entre elles. Il pousse un petit cri aigu.

La Reine tente de mieux distinguer la prêtresse choisie par l’oiseau.

LA REINE (à la prêtresse) : Approche...

Tout le monde s’écarte. La prêtresse avance vers la Reine, la chouette toujours posée sur le pommeau de son bâton cérémoniel. C’est une femme fière et splendide...

Un conseiller se penche vers la Reine.

LE CONSEILLER (à la Reine) : La Grande Prêtresse Zeeba, Majesté...

La Reine dévisage la femme.

LA REINE :

Zeeba... Tu es belle Zeeba… La plus belle des Entu...

Sois fière... Ce soir, tu honoreras Ishtar...

Prépare-toi pour un Mariage sacré !...

Un Mariage sacré avec le Prince !...

La prêtresse Zeeba a un léger mouvement de surprise. Elle voudrait dire quelque chose, mais les autres prêtresses se mettent soudain à chanter et à pousser des incantations de joie pour honorer l’événement.

Un mélange de joie et d’orgueil s’affiche sur le visage de l’élue.

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SEQUENCE 4

Dans une salle qui ressemble à l’intérieur d’un temple, la Grande Prêtresse Zeeba est à demi-nue, entourée de servantes qui lui enduisent le corps d’huiles et d’onguents.

La femme se tient debout, fièrement. Sa peau brille sous la lumière du soleil couchant.

Soudain, un prêtre entre dans la salle, suivi de quelques serviteurs qui portent des plateaux couverts d’objets, les yeux baissés.

Il s’approche de la prêtresse.

LE PRÊTRE :

Grande Zeeba ! Plus belle des Entu !

Voici les habits et bijoux que nous avons préparés pour toi, en l’honneur d’Ishtar.

Lesquels veux-tu porter ?

On présente à la prêtresse des ceintures et des voiles délicats, ainsi que des ornements précieux.

Zeeba jette un œil rapide, puis parle d’une voix assurée.

ZEEBA :

Je veux ce qu’il y a de plus léger pour séduire...

De plus subtil pour charmer...

Laissez tout cela à mes servantes sacrées.

Seules les femmes savent ce genre de choses…

Les plateaux sont déposés au sol. Le prêtre s’incline et s’éloigne.

Les servantes continuent de s’activer autour de Zeeba.

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SEQUENCE 5

Le soir est tombé sur la Cité. Une procession se met en marche, avec musiciens, prêtres, prêtresses, et serviteurs. Zeeba est portée solennellement sur un siège orné de bijoux.

Derrière, la Reine et sa Cour ferment la marche.

Le cortège grimpe le grand escalier, monte au sommet de la ziggourat, sur le rythme de musiques et de chants. L’ambiance est festive.

Arrivée en haut, la Grande Prêtresse Zeeba est déposée sur le sol de l’esplanade. Il fait nuit désormais.

Tout le monde s’installe autour de la place, éclairée par quelques flambeaux.

Deux serviteurs s’approchent de la porte du Prince Serpent, ouvrent la dalle.

Un prêtre avance et s’arrête à quelques mètres de l’entrée. A l’intérieur, il fait sombre.

On fait silence.

Le prêtre regarde la porte, avale sa salive, puis clame d’une voix forte.

LE PRÊTRE : Ô Prince divin ! Pour honorer Ishtar

Déesse de l’amour et de la fécondité Voici Ton Epouse sacrée

Voici la plus belle des Entu !

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Il se retire d’un pas rapide. Derrière lui, Zeeba est debout, immobile. Elle porte une ceinture et un léger voile autour de la taille, ainsi que des bijoux qui mettent en valeur sa poitrine et son corps parfait.

Les musiciens frappent sur des percussions. Une musique primitive s’élève sur l’esplanade.

Zeeba fait alors quelques pas en avant, et entame une danse sensuelle…

Ce sont d’abord des mouvements lents, qui font onduler les hanches. Puis les gestes se précisent, s’accélèrent peu à peu, au rythme des percussions. Une danse du ventre insolite se dessine, sous les regards de l’assistance d’où s’élèvent soudain des murmures de crainte : à travers la porte obscure, les yeux du Prince Serpent sont apparus. Ils fixent la Grande Prêtresse.

Zeeba est tout entière investie dans sa danse. Ses mouvements sont amples, vigoureux, sensuels. Elle s’approche un peu plus de la porte, ondulant son corps sur les rythmes qui deviennent de plus en plus rapides, de plus en plus puissants. Elle descend au sol, remonte, prend des positions explicites, et entre dans une transe érotique qui hypnotise les regards de tous.

La musique atteint bientôt son apogée. La danse extatique se prolonge dans un tourbillon de mouvements et de figures qui donnent le vertige. Alors que les derniers coups de percussions sont frappés, la Grande Prêtresse se fige soudain au sol, à quelques mètres de la porte, dans une position d’offrande et de volupté. Le silence règne sur l’esplanade…

Derrière la porte, les yeux s’approchent. Le Prince Serpent sort de sa demeure. Des cris étouffés de surprise et de frayeur s’élèvent dans la nuit. Le reptile ondule grâcieusement et avance vers Zeeba qui est immobile, allongée sur le sol, face contre terre. Le serpent l’observe un instant, puis il enroule sa queue autour de la Grande Prêtresse, la soulève.

L’assistance, entre fascination et effroi, reste muette, tandis que la Reine ferme les yeux, et semble murmurer des souhaits.

Les musiciens reprennent leurs rythmes de percussions.

Le Prince Serpent se dresse et emporte la Grande Prêtresse dans son repaire…

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SEQUENCE 6

Le jour s´est levé. Les rayons du soleil illuminent les jardins suspendus du Palais. Sur l’une des terrasses, la Reine est assise sur un siège, entourée de servantes qui la coiffent, la toilettent. La chouette est

installée à côté, sur une table couverte de fruits et de sucreries. Impassible, l’oiseau observe la scène tout en picorant des grains de raisin.

Soudain, un intendant apparait dans une allée, s’approche d’un pas vif. Il semble préoccupé.

L’INTENDANT (à la Reine) : Majesté !... Majesté !...

La Reine lève les yeux. Les servantes continuent de la coiffer. L’intendant s’incline hâtivement. Il est essoufflé.

L’INTENDANT :

Majesté !

Zeeba… La Grande Prêtresse Zeeba…

Votre Fils…

La Reine fait un geste de la main. Les servantes stoppent net leur « ouvrage ».

LA REINE (soudain inquiète) : Quoi « Mon Fils » ?...

Parle !

Grimaçant, hésitant, l’intendant bafouille.

L’INTENDANT :

Votre Fils… La Prêtresse Zeeba…

Je crains que...

Le visage de la Reine se fige.

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SEQUENCE 7

Sous un soleil brûlant, la Reine, suivie de quelques prêtres et intendants, gravit en toute hâte les escaliers qui montent vers la ziggourat du Prince Serpent. Elle franchit l’esplanade, où deux serviteurs l’attendent, apeurés. Les deux hommes s’inclinent avec déférence.

UN DES SERVITEURS : Majesté... Ce matin…

Nous apportions boisson et nourriture aux Epoux sacrés…

Voici... Voici ce que nous avons trouvé devant la porte...

Ils tendent leurs mains qui tiennent des objets. Ce sont des bijoux, couverts de sang.

La Reine les regarde, horrifiée, puis avance vers la porte dont la dalle a été ouverte. Elle s’arrête à quelques pas de l’entrée sombre.

LA REINE (d’une voix forte) : Mon Fils !... Mon Fils !...

Un instant de silence. La Reine hésite, puis reprend.

LA REINE :

Mon Fils !... Qu’as-tu fait de l’Epouse sacrée ? Derrière la Reine, personne n’ose respirer.

Soudain, les yeux du Prince Serpent brillent dans l´obscurité de la porte. Sa voix lente s’élève sur l’esplanade.

LE PRINCE SERPENT : Je te salue, ma Mère...

Que Mardouk te guide...

La Reine inspire, parle d’un ton ferme.

LA REINE :

Qu’as-tu fait de l’Epouse sacrée ? Qu’as-tu fait de Zeeba ?...

LE PRINCE SERPENT : Mon épouse ?...

Je me suis régalé de son doux breuvage, Mère…

C’était délicieux...

Exclamation de frayeur des prêtres et intendants. Froncement de sourcil de la Reine, qui n’a pas le temps de répondre. Le Prince Serpent apparaît hors de la porte, se dresse devant elle.

Il paraît encore plus massif, plus puissant.

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LE PRINCE SERPENT :

Mère… J’en désire une autre !...

Je veux honorer Ishtar... Encore... ce soir...

Avec la plus belle...

La Reine a un mouvement de recul.

LA REINE :

Tu as déjà eu la plus belle, mon Fils... La plus belle des Entu !...

Le serpent émet un sifflement d’agacement.

LE PRINCE SERPENT :

Alors trouve-moi la plus belle des Novices... La plus belle des Naditu...

Pour la féconder... Et honorer Ishtar... Ce soir !...

La créature se dresse un peu plus, menaçante, surplombe la Reine. La femme reste immobile, fixe le serpent.

LE PRINCE SERPENT :

Si tu ne le fais pas, Mère, Mardouk ne pourra rien pour le royaume ! Ni pour toi !...

Le reptile approche sa tête de la Reine, frôle son visage.

LE PRINCE SERPENT (dans un sifflement) : Car si tu ne le fais pas...

C’est toi que je féconderai !

En un éclair, le Prince Serpent se retourne, et disparaît dans son antre.

La Reine reste tétanisée, le souffle court.

Derrière elle, prêtres, intendants, serviteurs sont pétrifiés...

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SEQUENCE 8

Un texte s’inscrit :

DORRIN

C’est de nouveau l’agitation dans les rues de la Cité. Une trentaine de femmes sont escortées au Palais.

Habitants et commerçants les regardent passer, intrigués.

On rassemble les femmes dans une cour intérieure, face à la demeure royale. Toutes s’inclinent. La Reine est là, debout, qui surplombe la scène du haut de quelques marches. Elle est accompagnée de sa Cour, ainsi que d’une magnifique panthère noire apprivoisée, qui reste immobile à ses pieds.

Un prêtre s’approche. Il salue la Reine et fait un geste pour montrer l’ensemble des femmes dans la cour.

LE PRÊTRE (à la Reine) : Toutes les Novices, Majesté…

La Reine embrasse les femmes du regard, puis s’adresse à elles d’une voix forte.

LA REINE (solennelle) :

Naditu !... Vous êtes les firmaments de notre peuple !

Ce soir, l’une d’entre vous sera la nouvelle Elue de la fécondité...

La nouvelle Epouse sacrée !

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Un émoi se fait sentir parmi les trente Novices. Elles semblent ne pas comprendre.

Une Epouse sacrée ? Encore ?

La Reine se penche alors vers sa panthère, lui caresse la nuque.

LA REINE (à la panthère) : Ramène-moi la plus belle...

Le félin bondit dans la cour avec grâce et souplesse. C’est une panthère à la taille impressionnante, aux pattes longues et épaisses. Elle passe au milieu des Novices qui n’osent pas bouger, les observe une à une, tout en se déplaçant d’un pas élégant. Elle disparaît bientôt aux yeux de la Reine, dissimulée par le groupe de femmes... pour finalement réapparaître en un éclair, portant sur son dos une Novice, assise en amazone !

La panthère rapporte son «trophée» à la Reine, qui dévisage l´élue. C’est une splendide jeune femme, aux traits fins, à l’allure digne.

LA REINE :

Tu es belle... La plus belle des Naditu...

Quel est ton nom ?

La Novice se dresse légèrement sur son insolite monture, répond avec un soupçon de fierté.

LA NOVICE :

Mon nom est Dorrin, Majesté...

La Reine la regarde avec gravité.

LA REINE :

Prépare-toi Dorrin... Ce soir, tu honoreras l’amour et la fécondité...

Tu honoreras Ishtar avec le Prince !

Une clameur d’émotion et de louange se fait entendre parmi les Novices.

La panthère et sa cavalière passent au milieu d’elles. On félicite « l’élue ».

Dorrin semble à la fois honorée et inquiète...

(20)

SEQUENCE 9

Dans une salle du temple, la Novice Dorrin est nue. Elle se tient debout, fière. Des servantes lui enduisent le corps d’huiles, d’épices… Autour d’elle, quelques prêtres s’agitent.

On lui présente différents tissus, différents ornements. On la flatte.

UN PRÊTRE :

Ô Dorrin… Plus belle des Naditu !

Vois ces parures que nous avons préparées pour toi…

La Novice semble nerveuse, mais sa fierté d’être « l’élue » l’emporte.

DORRIN :

Je veux ce qu’il y a de plus grisant pour enivrer De plus exquis pour envoûter…

La femme admire son reflet et ses courbes dans un miroir en cuivre poli…

(21)

SEQUENCE 10

C’est de nouveau le soir sur la Cité… Le rituel recommence, dans une lumière irréelle…

Une procession, plus importante que la première, se met en marche, au rythme de chants et de

musiques. Dorrin est portée sur un siège, tout en haut du Palais. On la dépose sur l’esplanade. On ouvre la dalle de la porte.

Un prêtre s’avance, parle d’une voix qui se veut décidée.

LE PRÊTRE :

Ô Prince majestueux ! En l’honneur d’Ishtar

Déesse de l’amour et de la fécondité Voici Ton Epouse sacrée

Voici la plus belle des Naditu !

Il se retire, laissant la place à Dorrin, seule face à la porte du Prince Serpent. La jeune femme est vêtue d’un long voile autour de la taille, de quelques parures légères. Son corps est presque nu.

Les musiciens entament une mélodie lancinante, avec flûte de roseau et frottements de tambourins.

Dorrin commence sa danse. C’est une danse lente, voluptueuse, qui contraste avec celle de la veille.

Sans bouger ses pieds du sol, la jeune Novice effectue quelques gestes des bras, des hanches, du cou, qui forment des ondulations subtiles. Les mouvements se répètent, langoureux, indolents, faisant poindre peu à peu une sensation d’hypnose sur l’assistance.

(22)

Dans ce climat troublant, caressant, le Prince Serpent sort soudain de sa demeure, provoquant une clameur de respect et de crainte. Le reptile avance vers Dorrin, puis fait onduler la moitié de son corps devant elle, sur le rythme de la musique. Effrayée, la jeune femme écarquille les yeux, paraît sur le point de crier... Mais elle n’interrompt pas sa danse voluptueuse, au contraire.

La Novice et le serpent se balancent lentement, face à face, en totale harmonie, comme hypnotisés l’un par l’autre.

Le rythme des musiciens se fait plus appuyé, plus envoûtant…

Soudain, le Prince Serpent entoure Dorrin avec sa queue, la soulève... Tout en ondulant sur la musique, il l’emmène avec élégance dans sa « demeure »…

L’assistance, dont la Reine, observent la scène, fascinés...

SEQUENCE 11

Le soleil caresse le sommet du Palais de ses rayons. Le jour se lève sur la ziggourat du Prince Serpent.

Deux serviteurs approchent de la porte d’entrée, à demi ouverte. Ils portent des corbeilles de fruits, des pichets, et avancent avec prudence. Ils se figent soudain : sur le sol, ils voient un morceau de voile déchiré, des bijoux ensanglantés… Ils lâchent leur lest et s’enfuient, effrayés…

SEQUENCE 12

La Reine grimpe le grand escalier du Palais, suivie par une poignée de prêtres, de serviteurs et de gardes.

En colère, elle monte vers la demeure du Prince Serpent d’un pas vif.

Elle traverse l’esplanade, se positionne devant l’entrée. Sans attendre, elle interpelle le Prince Serpent d’une voix forte.

LA REINE (irritée) : Mon Fils !...

Qu’as-tu fait de l’Epouse sacrée ?!

Un instant de silence, puis le reptile apparaît sur le seuil de la porte… Plus massif, plus puissant…

LE PRINCE SERPENT : Je te salue, Mère…

Que Mardouk te…

Il n’a pas le temps de finir. La Reine l’interrompt, excédée.

LA REINE :

Qu’as-tu fait de l’Epouse sacrée ? Qu’as-tu fait de Dorrin ?

L’as-tu dévorée, elle aussi ?!

Le reptile semble surpris de la brutalité de la Reine. Il se love légèrement.

LE PRINCE SERPENT :

(23)

Il s’avance vers la Reine, parle soudain avec un accent proche de la frénésie.

LE PRINCE SERPENT : J’en désire une autre !...

Pour célébrer Ishtar ! La plus belle… Encore !

La Reine ne se démonte pas, tient tête à la créature. Derrière elle, prêtres et gardes sont figés.

LA REINE :

Tu as déjà eu les plus belles !...

La plus belle des Entu !... La plus belle des Naditu !...

Vois ce que tu en as fait !... Tu n’es qu’un monstre !

Le serpent reste silencieux un instant, plisse les yeux. Des yeux brillants et acérés.

LE PRINCE SERPENT (sifflant entre ses dents) : Un monstre ?...

Qui est le plus monstrueux, Mère ?...

Le monstre ?... Ou le ventre qui l’a enfanté ?...

La Reine semble accuser le coup... Mais reste de marbre.

Le serpent se dresse, impérieux.

LE PRINCE SERPENT :

Cherche parmi les Servantes sacrées ! Cherche la plus belle des Qadishtu ! Je la veux… Ce soir !

La Reine se dresse également avec courage, fixe le serpent dans les yeux.

LA REINE :

Non !... Cela suffit !

Tu ne peux pas dévorer une à une nos plus belles femmes sacrées ! C’est terminé !... Prends-moi... Mange-moi si tu veux...

Le Prince Serpent se fige un instant. Puis il se courbe lentement, approche sa tête du visage de la Reine.

LE PRINCE SERPENT :

Si tu ne le fais pas, j’irai moi-même chercher la plus belle…

Je la féconderai... Puis toi... Et toutes les autres ! C’est cela que tu veux, Mère ?...

Effrayés, les prêtres et les gardes ont un mouvement de recul.

La Reine est paralysée. Elle semble réfléchir, comme un animal pris au piège...

(24)

SEQUENCE 13

Un texte s’inscrit :

TAHIRIH

Nouvelle effervescence dans les rues de la Cité… Cette fois, ce sont des dizaines de femmes qui sont escortées et rassemblées par des gardes, sur une place, face au palais…

Elles portent des habits modestes, sortes de toges légères, tenues par une ceinture de cuir.

Regroupées, les femmes sont debout, silencieuses. Depuis un jardin suspendu qui les surplombe, la Reine observe la scène, entourée de quelques prêtres. Elle porte sur son épaule un petit singe, sorte de macaque au faciès comique.

UN DES PRÊTRES (à la Reine) :

Voici les esclaves, Majesté… Les plus belles de la Cité…

Le prêtre hésite un instant, puis tente de dissuader la Reine.

LE PRÊTRE :

Des esclaves, Majesté !…

Elles ne peuvent pas honorer Ishtar ! LA REINE (agacée) :

Silence !...

Vous voulez décimer toutes nos prêtresses, toutes nos servantes sacrées ?!

La Reine s’avance sur le bord de la terrasse, regarde les femmes esclaves.

LA REINE (au prêtre, et à elle-même) :

Des esclaves... Cela fera parfaitement l’affaire...

(25)

Elle inspire, puis interpelle les femmes d’une voix forte.

LA REINE (solennelle) :

Esclaves !... Vous êtes les rouages inestimables de notre Cité !...

Exceptionnellement, ce soir, l’une d’entre vous aura l’honneur de célébrer Ishtar !...

Ce soir, l’une d’entre vous sera l’Epouse sacrée !... L’Epouse du Prince !...

Murmures de surprise et d’émotion parmi les esclaves. On entend certaines voix s’élever, s’étonner, chuchoter entre elles : «Le Prince !... Mais c’est un serpent !!»

La Reine ne prête pas attention à ces exclamations et ces marmonnements. Elle penche la tête vers le singe.

LA REINE (au singe) :

Va !... Désigne-moi la plus belle…

L’animal bondit, s’agrippe à des bas-reliefs, rejoint la place avec une agilité étonnante. Il saute sur les épaules des esclaves qui poussent des petits cris ou des rires furtifs. Le singe n’hésite pas une seconde. Il bondit d’épaule en épaule, et s’immobilise sur la tête d’une des femmes, en criant à tue-tête.

Toutes les esclaves s’écartent, laissant « l’élue » devenir le centre des regards.

La jeune femme est splendide. Elle est intimidée, apeurée, paraît presque comique, avec le macaque fiché sur sa chevelure d’un noir profond.

La Reine tente de la dévisager depuis le jardin suspendu.

LA REINE (d’une voix forte) : Quel est ton nom, esclave ? L’ESCLAVE (hésitante) :

Tahirih, Majesté…

LA REINE (n’entendant rien) : Que dis-tu ?

Les autres esclaves reprennent alors en chœur le nom de leur « élue ».

LES ESCLAVES : Tahirih !... Tahirih !...

L’Epouse du Prince ! L’Epouse du Serpent !

La jeune femme enfouit sa tête dans les épaules. Elle est terrorisée...

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SEQUENCE 14

Dans une salle du temple, la jeune Tahirih est prostrée. Elle est à demi-nue. Les servantes s’activent autour d’elle, enduisent son corps d’huiles. Mais la jeune femme est absente, le regard vide.

Un prêtre s’approche, lui montre des bijoux, des voiles. Il est contrarié de devoir «servir» une esclave.

Il parle sur un ton autoritaire.

LE PRÊTRE :

Voilà les parures que tu devras porter, Pour séduire et honorer l’Epoux sacré !

Paniquée, Tahirih se dresse d’un coup, repousse tout le monde, court hors de la salle.

Elle s’enfuit à travers une allée du temple, entre dans une sorte de sanctuaire. Affolée, elle semble chercher une issue. Son regard aperçoit une statue haute de plusieurs mètres. Une statue de femme, dénudée, portant une coiffe élégante sur la tête, des ailes de faucon sur le dos.

Pleine d’angoisse, Tahirih se jette aux pieds de la statue, lève les yeux, implore la divinité.

TAHIRIH (balbutiant) :

Ô Ishtar !... Donne-moi le cœur… Donne-moi la force…

Le prêtre et les servantes ont suivi Tahirih. Ils s’approchent d’elle.

UNE SERVANTE :

Tahirih !... Le temps presse.

Effrayée, la jeune femme se lève en sursaut, fuit en courant. Toujours à demi-nue, elle rejoint une petite

(27)

SEQUENCE 15

La lumière du soleil se réchauffe sur la Cité. Le soir est bientôt là.

Tahirih marche dans les ruelles d’un pas affolé. Elle semble chercher un refuge. Au détour de quelques allées, elle se retrouve sur une petite place déserte, tombe à genoux. Elle implore de nouveau Ishtar.

TAHIRIH :

Ô Ishtar…

Aide-moi… Guide-moi…

Elle sursaute soudain car quelque chose effleure sa jambe. A ses genoux, des scorpions s’agitent dans le sable. Effrayée, Tahirih veut se redresser, mais elle entend un petit cri derrière elle, se retourne.

C’est le singe de la Reine qui a reconnu son « élue », et qui prend un air comique en poussant des cris complices.

En quelques acrobaties agiles, le macaque escalade une façade de maison, rejoint une terrasse qui surplombe la petite place. La jeune femme le suit des yeux. Elle aperçoit alors la chouette et la panthère, à côté du singe. Les trois animaux sont immobiles, presque majestueux. Ils observent Tahirih…

Elle-même les regarde, intriguée.

Puis elle baisse les yeux vers les scorpions, à ses genoux. Quelque chose attire son attention : l’un des scorpions est en train de muer, et s’extirpe lentement de son ancienne carapace.

Elle regarde tour à tour les trois animaux sur la terrasse... Le scorpion en pleine mue...

Elle semble hypnotisée par ce spectacle...

(28)

SEQUENCE 16

C’est l’affolement autour du temple. Prêtres, prêtresses et servantes tentent de retrouver Tahirih.

On la cherche dans les ruelles, les recoins… Un des prêtres s’énerve…

LE PRÊTRE :

Appelons les gardes !... Ils la retrouveront…

Mais soudain il se fige. Tahirih est là, au milieu d’une allée, qui s’avance calmement vers eux.

LE PRÊTRE :

Enfin, où étais-tu ?... Il est temps…

Le Prince ne peut attendre !

Tahirih a le visage calme. Elle parle d’un ton neutre, monocorde.

TAHIRIH :

Trois robes…

Préparez-moi trois robes…

Je veux ce qu’il y a de plus mystérieux pour intriguer…

De plus long pour dissimuler…

Le prêtre la regarde, stupéfait. Il bafouille quelques mots incompréhensibles…

SEQUENCE 17

Il fait nuit au sommet de la ziggourat. On active les mécanismes. La porte du Prince Serpent s’ouvre à nouveau...

Un prêtre s’avance, solennel. Derrière lui, sur l’esplanade, on devine la foule, les musiciens, la Reine, venus assister à ce troisième rituel.

LE PRÊTRE : Ô Prince colossal ! Pour célébrer Ishtar

Déesse de l’amour et de la fécondité Voici Ta nouvelle Epouse !

La plus belle d’entre toutes !

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Il s’écarte avec une ferveur exagérée, laisse la place à Tahirih qui est là, debout, immobile.

Elle porte une longue robe, à l’étoffe opaque, qui couvre l’ensemble de son corps, et dissimule ses courbes féminines.

Les musiciens commencent à frapper sur leurs tambours. Un rythme est lancé.

La danse peut commencer.

Tahirih ne bouge pas… Elle reste figée au milieu de l’esplanade...

Les musiciens frappent plus fort sur leurs percussions.

La jeune esclave reste immobile…

On s’inquiète dans l’assistance. La Reine semble s’impatienter.

Soudain, Tahirih avance d’un pas hésitant. Elle marche vers la porte sombre.

Cela ne ressemble pas du tout à une danse.

On pousse des exclamations de surprise. Perturbés, les musiciens s’embrouillent un peu, s’arrêtent finalement de jouer…

Tremblant, respirant par à coups, Tahirih essaie d’avancer d’un pas décidé. Elle accélère sa marche...

Dans un silence de mort, elle entre dans la demeure du Prince Serpent…

SEQUENCE 18

L’obscurité est presque totale à l’intérieur. Seule la faible lumière venant du dehors permet de deviner la largeur de la salle, de distinguer quelques objets de décor, quelques bas-reliefs sur les murs…

Tahirih avance d’un pas lent, tentant de dominer sa peur.

Elle se fige soudain. Une masse bouge devant elle, à peine perceptible. La jeune femme est sur le point de vaciller, mais elle trouve finalement la force de parler, d’une voix tremblante.

TAHIRIH :

Ô Prince primordial…

Pour honorer Ishtar

Me voici... Me voici offerte à toi...

Me voici... Ton Epouse sacrée...

La masse reptilienne s’avance vers elle, avec des ondulations sombres et terrifiantes.

On distingue mieux les yeux du Prince Serpent. Des yeux qui la regardent attentivement.

(30)

LE PRINCE SERPENT (grognant) :

Hmmm... Une Epouse qui ne danse pas pour son Epoux...

Une Epouse qui dissimule sa beauté...

Le serpent s’approche de Tahirih, l’observe de la tête aux pieds, semble contrarié par la longue robe.

LE PRINCE SERPENT :

Déshabille-toi !...

Et danse pour Moi !

La jeune femme lève les yeux vers la créature, répond d’une voix qui se veut posée.

TAHIRIH :

Oui, noble Prince...

Mais... Mais accepte de jouer avec moi....

Déshabille-Toi d’abord... Ô mon Epoux !...

Le Prince Serpent a un mouvement de recul.

LE PRINCE SERPENT : Que dis-tu ?...

Comment oses-tu ?

Tahirih ne baisse pas les yeux.

TAHIRIH :

Je veux bien Te montrer ma beauté…

Mais déshabille-Toi d’abord, ô mon Epoux sacré…

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Le reptile reste figé un moment, semble réfléchir à la hâte. Puis il se dresse fièrement.

LE PRINCE SERPENT : Tu aimes jouer ? Très bien ! Alors regarde !

Le Prince Serpent se dresse de tout son corps, touchant presque le plafond de la salle obscure.

Effrayée, Tahirih fait un pas en arrière.

Le serpent tend ses muscles qui se contractent le long du corps. Sa peau s’effrite soudain, laissant passer une étrange lumière. La mue glisse comme de l’argile, et tombe sur le sol.

Le Prince Serpent a désormais une peau blanche et lumineuse. La forme de sa tête a légèrement changé.

LE PRINCE SERPENT :

A toi maintenant !... Déshabille-toi !

Tahirih s’arme de courage. Elle enlève sa robe, laissant apparaître une deuxième robe en-dessous, d’une couleur différente.

Le Prince Serpent est surpris. Il s’agace.

LE PRINCE SERPENT :

Qu’est-ce que ça signifie ?... Déshabille-toi j’ai dit ! La jeune femme ne baisse pas les yeux, fixe la créature.

TAHIRIH :

Tu es tellement magnifique...

Déshabille-Toi d’abord, ô mon bel Epoux…

Le Prince Serpent a alors une réaction presque instinctive, comme s’il ne maîtrisait plus le déroulement de ce rituel inattendu. Il se contracte à nouveau. Sa peau blanche se lézarde, laisse passer une lumière vive, plus forte que la précédente, qui inonde la salle.

Tahirih recule, se protège les yeux. La lueur s’estompe rapidement.

Ce n’est plus le serpent qui est là, mais une sorte de félin, mi-ours, mi-panthère, qui observe la femme avec des yeux brillants.

(32)

Tahirih enlève alors sa deuxième robe… pour en dévoiler une troisième, à la couleur différente.

La créature-félin semble se crisper d’impatience. Elle parle d’une voix étrange, indéfinissable.

LA CRÉATURE :

Que fais-tu ?... Déshabille-toi !

Cette fois, Tahirih ne semble plus avoir peur. Elle répond calmement.

TAHIRIH :

Oui mon Epoux… Mais c’est à ton tour…

L’étrange félin pousse un rugissement. Son corps se contracte, sa peau se déchire… Une immense lueur jaillit dans la salle, se répand hors du bâtiment.

A l’extérieur, sur l’esplanade, toute l’assistance voit cette lumière qui resplendit depuis la porte.

On pousse des cris de stupeur. La Reine a un mouvement de recul.

La lumière s’estompe à nouveau. Dans la demeure du Prince Serpent, Tahirih tente d’apercevoir la créature en face d’elle, à peine perceptible dans la semi-pénombre.

C’est un cervidé… Une sorte de biche ou de gazelle, qui se tient fièrement devant Tahirih...

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La jeune femme enlève alors sa dernière robe qui tombe à ses pieds. Elle est presque nue, ne portant qu’une légère ceinture et un voile sur la taille.

Tahirih s’approche doucement de la créature-biche, tend la main vers sa tête pour la caresser…

La main de Tahirih touche l’animal avec délicatesse. La créature a un mouvement de recul, puis semble s’apaiser sous les caresses de la jeune femme.

TAHIRIH (caressant doucement la tête de la biche) : Cchhuutt...

La créature ferme les yeux.

Le décor s’estompe soudain.

Les courbes de la jeune femme et de la créature-biche deviennent des lignes graphiques, tracées sur un fond d’argile rouge.

Une lumière traverse la matière…

SEQUENCE 19

Le jour se lève doucement sur l’esplanade de la ziggourat, créant une atmosphère singulière…

La Reine, les prêtres, les prêtresses, les musiciens, les serviteurs n’ont pas bougé… Tout le monde est là, dans l’expectative, n’osant se déplacer ni faire un bruit…

Hésitant un moment, la Reine semble soudain décidée à agir… Elle avance vers la porte du Prince Serpent, entre dans la demeure, sous les regards figés de l’assistance.

A l’intérieur, la Reine découvre une salle magnifique, baignée d’une lumière étrange.

Le décor est sobre, fait de quelques tentures. Le sol est couvert d’émail.

Tahirih est là, au milieu de la salle, son corps vêtu d’une tunique légère. Elle porte quelque chose dans les bras, qu’elle tient délicatement contre elle, enroulé dans une étoffe.

Intriguée, la Reine s’approche pour mieux voir ce que tient la servante. Elle se fige : c’est un bébé.

Tahirih avance vers la Reine, s’agenouille avec déférence.

TAHIRIH (présentant le bébé):

(34)

Ebahie, pétrifiée, la Reine prend le bébé, presque machinalement, comme si elle ne se rendait pas compte.

Elle tient l’enfant à bout de bras. Les yeux écarquillés, elle regarde tour à tour Tahirih, le nouveau né.

Celui-ci a un visage doux et paisible. Ses cheveux sont rouge argile. Ses yeux sont légèrement en amande. Ils dégagent une douceur innocente.

L’enfant sourit.

La Reine est paralysée. Elle semble submergée d’émotions contradictoires. Elle voudrait dire quelque chose, mais rien ne sort.

Tahirih se relève doucement, observe la Reine et l’enfant. Elle caresse la tête du bébé.

TAHIRIH (s’inclinant):

Que Mardouk veille sur vous...

Puis la servante s’éloigne, sort de la demeure du Prince.

Dehors, tout le monde la regarde, incrédule. Le silence est total.

Tahirih traverse l’esplanade, rejoint la foule qui s’écarte lentement sur son passage.

La jeune femme se fond et disparaît dans la masse anonyme...

A l’entrée de la demeure, la Reine s’est avancée elle aussi. Elle se présente devant son peuple. Tous les yeux se tournent vers elle.

La Reine s’arrête devant la porte. Elle tient son bébé dans les bras. Elle garde instinctivement une allure fière et royale...

Puis, faisant abstraction de tout ce qui l’entoure, elle regarde l’enfant, ne le quitte plus des yeux.

Elle le serre doucement contre sa poitrine...

FIN

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Note d’intention d’écriture

Le conte originel

« Le Prince Serpent » est à l’origine un conte de tradition orale, dont l’auteur et l’époque restent inconnus.

Il en existe plusieurs versions, essentiellement jouées sur scène par quelques conteurs. L’action se déroule au Moyen-Age, et met en scène une Reine dont le fils est un Serpent qui lui réclame une épouse. La Reine trouvera une pauvre femme dans une chaumière et la convaincra de lui vendre tour à tour ses trois filles.

Les deux premières, fières et hautaines, seront dévorées par le monstre. La troisième parviendra à déjouer la malédiction grâce à l’astuce des trois robes. Le Serpent se métamorphosera alors en beau Prince, et le couple s’unira pour vivre dès lors un amour éternel.

La transposition en Mésopotamie

A l’écoute de ce conte, notamment de la version enregistrée de Michel Hindenoch (Oui-Dire Editions), nous avons tout de suite été séduits par différents ingrédients qui se dégageaient de ce récit : la nature du Prince Serpent qui fascine et terrifie à la fois, une certaine cruauté qui fait souvent la force des contes, la symbolique des robes face à la mue du reptile, et enfin une simplicité dans la narration, avec un procédé répétitif qui nous entraîne dans une sorte de spirale lancinante et infernale, comme si nous étions nous-mêmes bercés par les mouvements d’un serpent implacable.

Nous avons vu dans ces différents éléments une matière fort prometteuse pour réaliser un film d’animation, et raconter une histoire prenante pour les publics de tous âges. Restaient toutefois, selon nous, quelques

«clichés » dans le conte d’origine, dont nous avons rapidement souhaité nous défaire. L’univers moyenâgeux d’abord, avec ses princes, ses reines, ses châteaux, ses paysannes, qui constituaient un registre trop

conventionnel à notre goût. Quelques ressorts narratifs ensuite, avec notamment la fin convenue de l’apparition du Prince charmant.

Nous avons alors cherché dans quel milieu et quelle époque nous pouvions transposer ce conte. Rapidement, l’univers de la Mésopotamie nous est apparu très intéressant. Un monde mystérieux, fait de mythologie, de dieux, de héros, de monstres. Une culture et une architecture fascinantes, berceaux de l’écriture et de la civilisation. Un univers assez peu utilisé au cinéma, qu’il nous a paru soudain excitant de faire renaître, à notre façon, dans un court-métrage d’animation.

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Le travail a alors consisté à voir comment ce conte pouvait s’intégrer dans la culture Sumérienne ou Babylonienne, afin que la transposition ne se résume pas à changer uniquement de décor et d’époque.

Plusieurs écrits sur les coutumes et croyances en Mésopotamie ont retenu notre attention. Ils mentionnaient, et décrivaient sur la base de traductions de tablettes Sumériennes, le rituel du «Mariage sacré», qui se déroulait à priori chaque nouvel an, et avait pour but d’honorer la déesse Ishtar, et d’assurer, par un acte symbolique, la fécondité pour l’année à venir.

Ce rituel consistait en une union charnelle entre le Roi et une autre femme censée incarner la déesse, et était l’occasion d’une grande fête, avec chants, danses, festin... L’identité de ces femmes reste inconnue, mais certains spécialistes mentionnent l’existence, à l’époque, de «prostituées sacrées», genre de prêtresses qui auraient pu jouer ce rôle. Ces femmes auraient vécu dans des temples, et auraient pratiqué plusieurs coutumes liées à l’amour et la sexualité, dans une dimension avant tout religieuse. L’existence de ces femmes n’est pas avérée formellement, mais certains mentionnent que ces «prostituées sacrées» auraient même eu une hiérarchie, avec trois rangs Entu, Naditu et Qadishtu... Tous ces éléments, fort insolites et originaux à nos yeux (qu’ils soient réels ou non), nous donnaient soudain la clé pour adapter le Prince Serpent en Mésopotamie : les mariages voulus par le Prince seraient des rituels sacrés, les jeunes femmes ne seraient pas de simples paysannes achetées à leur mère, mais des prêtresses dévouées corps et âme à la déesse, et les trois sœurs du conte original seraient ici trois femmes de rang hiérarchique différent, avec, pour la troisième, un statut d’esclave...

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Concernant l’écriture et l’adaptation, plusieurs aspects nous tiennent à cœur dans ce projet.

La répétition

L’aspect répétitif des choses, où le rituel se renouvèle trois fois, de façon quasi inexorable, avec une montée en tension, une progression dramatique, constitue un élément clé de ce récit. La répétition est souvent une caractéristique des contes, et c’est le cas particulièrement pour celui-ci. Nous avons voulu conserver, et même intensifier cette répétition, car elle permet une simplicité de la narration, et fait entrer le spectateur dans une sorte de piège infernal dans lequel l’enjeu devient rapidement : «Comment s’en sortir ?». Ainsi, les scènes se répètent et se ressemblent, avec à chaque fois de petites variantes pour créer une évolution, une progression, et, si possible, susciter en permanence l’intérêt du spectateur... Nous avons conscience que cette répétition est une des difficultés principales pour réaliser le film. Il ne faut pas lasser, ni étirer inutilement le récit. Mais nous sommes convaincus que c’est là aussi que réside la force de l’histoire. C’est dans cette répétition que le film trouvera son socle narratif et symbolique : l’appétit insatiable du serpent qui crée un danger et une cruauté croissante, les dialogues des personnages où les paroles se répondent comme des couplets, les prêtresses que l’on sacrifie une à une, le rituel qui se répète sans qu’on sache l’arrêter, enfin et surtout le rôle de la troisième femme, dont on sent bien que ça sera différent avec elle, mais «comment ?»...

Tout cela, nous l’espérons, contribuera à entraîner le spectateur dans un univers hypnotique et envoûtant...

Le mystère

L’origine du mal n’est pas expliquée dans le conte. Le Prince Serpent est né ainsi. Est-ce une malédiction ? Une punition ? Un accident ? Nul ne le sait... Nous avons souhaité conserver cette part d’ombre, pour ne pas charger le film d’explications secondaires, finalement peu utiles au récit, et pour renforcer la dimension mystérieuse de la créature. Ce non-dit entretient aussi un élément essentiel à nos yeux : l’ambiguïté dans la relation Mère/Fils. Cette relation reste trouble : la Reine aime-t-elle son fils ? En a-t-elle peur ? Quel passé les unit ?... Tout cela reste mystérieux dans leurs échanges, que nous souhaitons avant tout axés sur l’enjeu principal : les exigences du Prince Serpent, et le destin des femmes sacrées. Tout cela contribuera, nous l’espérons, à créer un climat étrange, d’autant plus troublant que certains éléments restent impénétrables...

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Les dialogues

Un choix a été fait rapidement concernant l’adaptation de ce conte, choix qui tranche avec nos précédents films issus de contes («Mille-pattes et crapaud», «Celui qui a deux âmes») : ne pas utiliser de voix off.

En effet, beaucoup d’aspects de l’histoire passent par le dialogue entre les personnages, notamment la Reine et le Prince Serpent. Ce que disent les personnages est important, aussi bien dans le propos et les enjeux de l’histoire, que dans une certaine forme de poésie, de mots qui se répètent. Une voix off aurait parasité cette dimension orale des protagonistes.

Ainsi, il nous paraît intéressant de ne pas adopter de point de vue extérieur, mais de mettre immédiatement le spectateur «en situation». Les dialogues sont essentiels dans la mesure où ce sont surtout les face à face avec le Prince Serpent qui engendrent crainte et fascination. Ces «confrontations» entre l’humain (ici la Reine, les prêtresses) et le monstre sont d’autant plus marquantes dans notre inconscient collectif que c’est souvent la parole qui, dans les contes ou les mythologies, permet de tenir tête, de vaincre la créature ou de déjouer une malédiction. Le dialogue des personnages est donc la seule arme efficace qu’ils peuvent brandir, et où chaque mot peut avoir des effets décisifs.

Autre élément qui nous mène à privilégier les dialogues : la voix du Prince Serpent. Nous souhaitons une voix délicate, indéfinissable, presque androgyne. A travers elle, la personnalité de la créature restera mystérieuse tout au long du film.

La fin

Initialement, nous souhaitions une fin qui puisse à la fois «résoudre» la transformation du Prince Serpent (et donc montre de façon explicite ce qu’il devient) tout en restant, si possible, inattendue et ouverte. Nous ne souhaitons pas conserver la fin d’origine du conte, à savoir la «bête» qui se transforme en beau prince charmant. Terminer sur le monstre qui donne naissance à un jeune homme, qui forme dès lors un couple éternellement amoureux avec la belle servante, nous paraît trop conventionnel.

Nous ne respectons pas ici, à la lettre, le conte d’origine, ni peut-être sa signification première. Nous assumons ce choix, car nous pensons en même temps ne pas trahir totalement l’esprit du conte. Notre volonté est simplement de décaler un peu le curseur, en recentrant le regard et l’émotion sur le rapport mère/

fils.

En ce sens, l’idée de l’enfant nous est venue assez naturellement. Cette fin permet d’utiliser la figure humaine masculine, tout en s’écartant du cliché «prince charmant». Plutôt qu’un amant pour Tahirih, c’est un fils qui réapparaît pour la Reine. Cet épilogue nous paraît à la fois insolite et poétique, car non seulement il «redistribue les cartes» en installant une nouvelle naissance, mais il ouvre également sur d’autres interprétations possibles.

Que cette fin puisse soulever des questions, qu’elle soit perçue différemment selon les sensibilités du public, constitue pour nous un atout...

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Note d’intention de réalisation

Sur les images

Le film sera réalisé en animation 2D, avec la même technique que «Mille-Pattes et Crapaud» de Anna Khmelevskaya (papier découpé sur ordinateur).

L’idée est de mettre en place un univers visuel riche, fort, qui mixe de multiples éléments : textures réelles et peintes, dessins au trait, peintures et matières hétéroclites, motifs variés qui se superposent en transparence pour créer des tableaux.

La Mésopotamie véhicule dans notre inconscient collectif un imaginaire puissant et fascinant, reposant sur une civilisation à l’échelle colossale, à la dimension presque épique... Le film doit être, à sa manière, à la mesure de ces âges mythiques.

Nous souhaitons ainsi faire appel à une mise en scène qui, par les décors, les costumes, les effets sur la pierre, la brique, les ornements, les tissus, évoquent toute cette richesse et ce foisonnement. Nous sommes conscients de l’aspect assez «traditionnel» de ce style graphique (pas d’images de synthèse, pas de design se voulant moderne ou «branché»). Il nous semble adapté pour retranscrire au mieux l’esprit du conte à l’aube des civilisations.

Une idée consiste également à employer régulièrement, sans être exclusif, des axes frontaux, de profil, un peu comme des fresques qui prennent vie sous nos yeux. Ce procédé permettra souvent une simplicité de narration, tout en permettant par moments des axes différents pour déstabiliser ou contraster (par exemple quand on voit les yeux du prince Serpent, ou quand on entre dans sa demeure, la créature pourra être vue de trois-quarts ou de face, afin d’ être encore plus menaçante).

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Sur la technique

La technique d’animation consistera à tout dessiner au préalable sur papier et sur ordinateur, puis à

assembler des «pantins» dans le logiciel Moho (ex Anime Studio Pro*). Ces marionnettes 2D seront ensuite animées comme du papier découpé, avec par moments des effets de fluidité et de déformation des textures, qui donnent un style particulier aux mouvements. Cette technique d’animation sera ici particulièrement adaptée du fait que la plupart des plans montreront les personnages de profil.

Le travail de compositing se fera sur After Effects. Il permettra d’assembler personnages, décors, accessoires, en ajoutant les effets spéciaux nécessaires (éclairages, atmosphère en léger mouvement, particules de

poussière, de sable...) pour créer des climats, des tableaux qui plongent le spectateur dans un univers visuel séduisant.

L’un des défis de ce projet réside dans le nombre important de personnages : prêtres, intendants, prêtresses, serviteurs, musiciens... Plusieurs scènes font appel à de nombreux «figurants». L’astuce consistera ici à ré-utiliser plusieurs fois des mêmes pantins, avec de légères variantes, pour créer des effets de groupes ou de foule. Car dans un même temps, le film fera aussi appel à plusieurs scènes, plusieurs mouvements qui se répètent, avec du coup la possiblité pour nous d’optimiser l’animation des personnages (par exemple, une même marche de la Reine qui monte les escaliers pourra servir sur plusieurs plans).

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Note d’intention de réalisation

Sur la bande son

Plusieurs éléments seront essentiels pour donner à la bande sonore toute la force émotionnelle nécessaire : - Les voix : de nombreux dialogues interviennent dans le film, avec plusieurs personnages. Les voix de la Reine, du Serpent et de Tahirih seront les plus importantes. Nous souhaitons un jeu de comédiens relativement sobre, sans effets trop joués ni appuyés, à priori avec des voix anonymes (pas de comédien connu). La voix du Prince Serpent sera la plus délicate à trouver, car nous voulons un timbre insolite,

androgyne, qui évite le côté «monstre viril». Nous effectuerons plusieurs castings de voix et estimons pouvoir couvrir l’ensemble des voix avec 3 comédiens principaux et 5 à 6 comédiens secondaires.

- Des bruitages et des ambiances : de nature réaliste, ils seront importants pour plonger le spectateur dans l’univers de l’histoire. Sans être trop nombreux, ils permettront de rythmer, de ponctuer, de doser les effets.

Bruits de pas sur la pierre, grondement de la porte du prince Serpent qu’on ouvre, corps du reptile qui glisse sur le sol, cris des animaux, froissement des étoffes et cliquetis des bijoux, tous ces ingrédients et bien d’autres seront précieux pour rendre le monde de la cité mésopotamienne crédible. L’idée est toutefois de les utiliser à bon escient, sans accumulation ni excès.

- Des musiques : elles seront de deux ordres.

Les musiques «in», jouées lors du Mariage sacré : percussions primitives, flûtes de roseau, lyres rustiques...

Ces musiques feront appel à des timbres s’approchant le plus possible d’instruments supposés d’époque.

Elles seront bien entendu importantes pour les scènes de danses des prêtresses. Une musique rythmée, entraînante, vigoureuse pour la Prêtresse Zeeba. Une musique lancinante, hypnotique, indolente pour la Novice Dorrin.

Les musiques «off» seront quant à elles essentielles pour enrichir les climats, renforcer les rythmes, accentuer la tension ou le trouble à certains moments clés, notamment sur des scènes de transition. Se reposant en priorité sur des instruments solistes (flûte, corde frottée), la musique prendra par moments une ampleur épique ou tragique, avec ensemble de cordes, percussions et orchestre. Nous imaginons pour cette musique des thèmes courts et des motifs répétitifs qui oscillent entre mélancolie et âge primitif.

Pour cette musique, nous travaillerons avec Christophe Jacquelin, étonnant alchimiste musical, capable de conjuguer intimité, sensualité et puissance (il maîtrise notamment parfaitement l’utilisation de sons de cordes symphoniques écahntillonnés qui sonnent vrai, ce qui est loin d’être gagné lorsque l’on veut faire l’économie d’un véritable orchestre à enregistrer).

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Plan estimatif de tournage

Nous prévoyons de réaliser « Le Prince Serpent » de printemps 2017 à début 2018.

Les étapes de travail seront les suivantes, certaines pouvant se faire simultanément : 1/ réalisation du storyboard + animatique : 2 mois

2/ création des décors : 2 mois 3/ création des personnages : 1 mois 4/ réalisation des marionnettes 2D : 2 mois 5/ animation : 4 mois

6/ compositing : 1 mois 1/2 7/ montage : 2 semaines

7/ enregistrement voix & composition musique : 1 mois 8/ montage son & mixage son : 2 semaines

9/ report DCP , PAD, copies de diffusion : 1 semaine

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