QUI SONT
LES FRANCS-MAÇONS ?
R. CHRISTIAN
AMARANDE
Genève • Paris • Montréal
Copyright © 1992 Editions Amarande Genève - Paris - Montréal
Illustrations tirées de « L'Art royal illustré » et reproduites avec l'aimable autorisation de
Akademische Druck-u Verlagsanstalt, Graz, Autriche
ISBN 2-883 99-086-7
Dépôt légal 3 trimestre 1992
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QUI SONT
LES FRANCS-MAÇONS ?
R/CHRISTIAN
INTRODUCTION
Méconnue, controversée, mystérieuse, parfois même pour- chassée, la franc-maçonnerie provoque toujours un vif in- térêt, des interrogations, vraisemblablement dues au ca- ractère secret ou discret de ses activités et de ses rituels.
Si la franc-maçonnerie s'est ouverte peu à peu, il nous a semblé bon de faire le point sur le sujet pour vérifier cette transparence annoncée. Une connaissance sérieuse de la franc-maçonnerie est-elle possible ? C'est à cette question, que tout au long de notre enquête nous tenterons de répondre.
Née au Moyen Age, constituée au XVIII siècle, la franc- maçonnerie a traversé notre histoire grâce à son organi- sation, son fonctionnnement, en ayant toujours un pouvoir plus ou moins influent selon les époques et les pays. Il reste que sa présence, et nous le verrons par la suite, est toujours déterminante en France. Certains de nos gou- vernants actuels ou passés n'appartiennent-ils pas à la Loge ? Les Grands Maîtres ne sont-ils pas reçus chaque année après leur élection par les Présidents de la
V République ? Mais nous suivrons aussi les époques sombres de la franc-maçonnerie : des interdictions de Vichy aux persécutions nazies, la destruction systématique du mouvement dans les anciens pays socialistes de l'Est, en sachant que tout dictateur ne manque jamais de s'en prendre à elle, pour contrecarrer son pouvoir à l'intérieur de l'Etat comme Hitler par exemple qui prévoyait en même temps de s'inspirer de ses méthodes secrètes et plus généralement, pour s'opposer à ses buts déclarés, égalitaires et progres- sistes.
Car la franc-maçonnerie se proclame humaniste avec des noms de loges tels que « L'évolution sociale » ou « L'union », où l'on retrouve des mots tels qu'Egalité, Fraternité. A l'époque où l'homme est confronté à une société de plus en plus déshumanisée, où la solitude morale et profes- sionnelle est le lot de beaucoup, où encore l'efficacité des techniciens fait oublier parfois la conscience, l'appartenance
à un groupe fonctionnant sur l'entraide et se réclamant d'une éthique humaniste et spirituelle est une réponse possible. D'ailleurs ne se nomme-t-on pas « Frère » dans les loges ? Nous nous demanderons si la franc-maçonnerie conserve ses objectifs fondamentaux (avoir un rôle dans l'amélioration sociale, participer au bonheur de l'humanité) ou comme l'affirment certains maçons eux-mêmes, si elle est en train de se perdre dans l'affairisme et si certains se servent d'elle comme d'un tremplin pour leurs carrières politiques et professionnelles.
Sans oublier de s'interroger sur ses rapports avec les pouvoirs occultes ou spirituels ainsi que sur l'avenir de la franc- maçonnerie, plusieurs possibilités d'approche seront pré- sentées dans le dernier chapitre pour ceux qui seraient tentés d'entrer en contact avec les francs-maçons.
PREMIERE PARTIE
vitae et deux photographies. Quand la loge a pris connais- sance de la candidature, elle se prononce par un vote. En cas de réponse positive des frères, le vénérable nomme trois enquêteurs, trois francs-maçons chargés de procéder à une étude du passé du postulant. Ils doivent le rencontrer.
Ils cherchent à connaître les raisons pour lesquelles il veut devenir franc-maçon. S'il est prouvé que seul l'intérêt ou le carriérisme le motive (relations professionnelles utiles...), il sera rejeté. En principe les croyances religieuses et politiques ne doivent pas être des critères de sélection.
Mais certaines loges ont un recrutement plutôt orienté à gauche, d'autres liées au rite Ecossais Rectifié n'admettent que des personnes ayant la foi chrétienne. En fait, chaque loge a ses propres choix de recrutement. Pendant que les enquêteurs procèdent à leur travail, le dossier du futur candidat est transmis à la loge. Sa photographie et son état civil sont exposés afin qu'aucun frère ne soit opposé à cette demande d'initiation. S'il n'y a pas d'obstacle, le demandeur sera amené à subir un examen de passage.
Quelles sont les personnes
recrutées
La règle maçonnique voudrait que par son recrutement, la loge soit le microcosme de la cité, c'est-à-dire que toutes les catégories sociales y soient représentées. Ainsi cette loge qui réunirait en son sein des frères de différentes conditions sociales, différentes opinions et religions variées serait par sa diversité même, préparé de la manière la plus efficace à l'étude de tous les problèmes. Mais cette règle est difficile à respecter, les sensibilités identiques s'attirent, les hommes préfèrent se regrouper avec ceux qui ont une vision du monde égale à la leur, malgré l'effort et la volonté de toutes les obédiences de diversifier leur recrutement.
D'ailleurs selon les affirmations du Grand Maître Roger Leray, la plus grande partie des francs-maçons serait issue des classes moyennes (professions libérales, commerçants, cadres moyens, enseignants, artistes), qui sont les plus représentées.
L'examen de
passage Cette épreuve est traditionnellement appelée « le passage sous le bandeau ». Elle est réputée être assez difficile. Elle tend à dégager la véritable personnalité du postulant et sert à découvrir les motifs qui l'animent.
Pourquoi le candidat a-t-il les yeux bandés ? Les maçons répondent : « Tout simplement parce qu'il n'est pas encore entré dans la lumière ». Il doit alors répondre à un grand
nombre de questions avec la plus grande sincérité. Elles portent sur tous les domaines. Par exemple : « Que pensez- vous de l'avortement ? Croyez-vous au bonheur sur terre ? Que pensez-vous de l'euthanasie ? Etes-vous pour l'affichage des feuilles d'impôts dans les mairies ? »
Toutes les réponses du candidat sont écoutées avec une attention extrême. Ses facultés intellectuelles et sa morale sont passées au crible. On tient compte aussi de la maîtrise dont il fait preuve lors de cette cérémonie.
Après délibération, les maçons votent pour admettre ou non le candidat à l'apprentissage. Dans certaines loges, on vote à main levée, d'autres utilisent les méthodes des boules.
Les blanches sont positives, les noires sont négatives. Si un candidat est « blackboulé » c'est-à-dire refusé, il aura le droit de se représenter au bout d'un an.
S'il est admis, le candidat sera convoqué quelques jours, parfois plusieurs mois plus tard, pour subir sa première grande cérémonie : celle de l'initiation à l'issue de laquelle il recevra sa carte d'identité maçonnique (on colle dessus les timbres justifiant le paiement des capitations). Entre le moment où il a remis son dossier de candidature à son parrain et celui où il est initié et admis comme apprenti au premier degré de la franc-maçonnerie, il s'écoule gé- néralement un laps de temps d'une année, parfois plus.
On constate aussi que cet interrogatoire sous le bandeau n'est pas partout en vigueur. Certaines loges se contentent de la remplacer par un entretien avec plusieurs membres.
Ensuite par étapes successives, l'Apprenti deviendra Compagnon, puis Maître. Gravissant les échelons de la loge, il peut atteindre le grade de vénérable, c'est-à-dire dirigeant de sa loge.