1022 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 9 mai 2012
comment devient
-
onun patient complexe
?
Une fracture chez un sportif, un syndrome coronarien aigu chez un retraité de 70 ans, une hypertension découverte chez une fem
me de 50 ans, sont des problèmes certes compliqués, mais qui peuvent être résolus par des prises en charge définies et codi
fiées. Pour ces pathologies bien identifiées, la médecine du XXIe siècle a mis au point des directives précises, souvent basées sur des évidences, parfois justifiées uniquement par l’expérience, ou encore par la bonne pratique.
Reprenons ces mêmes trois patients at
teints par un processus aigu et ajoutonsleur une ou plusieurs pathologies chroni ques : diabète pour l’un, BPCO (bronchopneumo
pathie chronique obstructive) pour un autre, cancer du sein pour la troisième. La situa
tion clinique se complique alors, les direc
tives perdent leur caractère péremptoire.
Ajoutonsleur encore un ou plusieurs pro
blèmes médicaux ou contextuels – dépres
sion, affection neurologique, solitude ou il
lettrisme – et la situation devient difficilement gérable en pratique ambulatoire, pou vant même forcer à une prise en charge insti
tutionnelle ; les deux prises en charge, et malgré la bonne volonté de tous, se feront de façon insatisfaisante, tant pour le patient que pour son entourage, pour son médecin traitant et pour les services soignants. En un mot, le malade a dépassé un cap. Il a évolué d’une situation parfaitement maîtrisable vers une situation ingérable, par l’interaction d’une multitude de facteurs, mé di caux, contextuels, personnels. La logi que du système a changé, elle est devenue com plexe.
Les malades complexes sont un problè me central des pratiques médicales actuelles,
qu’elles soient ambulatoires ou hospita
lières :1 vieillissement de la population, meil
leure maîtrise des maladies chroniques, marginalisation sociale dans les grands cen
tres urbains, prévalence des pathologies psychiatriques en sont quelques facteurs responsables. On estime actuellement – en fonction des critères utilisés – que 5 à 10%
des patients d’une pratique ambulatoire doi
vent être considérés comme complexes.
Ces chiffres sont encore plus élevés dans les centres hospitaliers : ces patients com
plexes y entrent souvent avec un motif d’ad
mission de «soins impossibles à domicile», alors que 60% d’entre eux ne nécessitent pas de soins hospitaliers aigus.
Bien que notre intuition nous guide assez sûrement pour l’identification des patients complexes, il n’en existe pas de définition univoque – ou plutôt, il existe un nombre élevé de définitions incomplètes. Un malade complexe n’est pas seulement compliqué au vu de ses pathologies plurielles, il le de
vient lorsque ces différents problèmes s’en
tremêlent et interagissent, en créant une nouvelle situation, difficilement gérable. Ce nouvel état imprévu est appelé une propriété émergente, caractéristique des systèmes complexes.
D’excellents exemples de patients com
plexes ont été récemment publiés. 2 Par exemple, partant d’un groupe de 23 mala
dies chroni ques pour lesquelles des direc
tives précises de prise en charge existaient, les auteurs ont «cons truit» divers patients virtuels en leur «attribuant» trois de ces dif
férentes pathologies chroniques. Le résul
tat était une véritable cacophonie : soit – au mieux – les patients passaient la majeure partie de leur temps à remplir les directives imposées, soit cellesci étaient contradic
toires ou – même pire – devenaient même inapplicables. L’état du patient et sa prise en charge ne correspondaient plus à la somme des pathologies et des directives, un nouvel état apparaissait, nécessitant un nouveau cadre de réflexion et de prise en charge. Cette qualité émergente d’un pa
tient, l’une des caractéristi ques principales
de la complexité, nous mène à nous pen
cher sur la théorie des systèmes complexes.
lathéoriedes systèmes complexes
–
simplifiéeLes systèmes complexes naissent partout où il y a apparition de nouvelles propriétés émergentes, que ce soit dans le monde vi
vant ou inerte. Ils sont bien connus et faci
lement compréhensibles en physique : des particules élémentaires – quarks et autres – se joignant pour produire une nouvelle entité à propriétés nouvelles, l’atome. Les molécules telles que H2 et O2 interagis
sent pour produire une substance à carac
téristiques nouvelles, l’eau ; les molécules d’eau se cristallisant dans le froid pour pro
duire un nouveau composé imprévisible, les cristaux de glace. Ainsi, les systèmes complexes émergent à travers toutes les sciences naturelles, telles que la physique, la chimie, la biologie, mais également au niveau de celles s’occupant de l’environne
ment, du climat, de la société, des systè mes de distribution d’énergie et de l’internet.
Schématiquement, cinq éléments carac
térisent un système complexe : 1) un com
portement collectif cohérent créé par de nombreux éléments individuels identiques, sans leader ; 2) une communication perma
nente entre ces éléments par des signaux simples provenant de l’intérieur et de l’exté
rieur du système ; 3) un pouvoir d’adaptation ; 4) une autoorganisation créant et définis
sant un nouveau système à propriétés incon
nues et 5) ce nouveau système fait appa
raître de nouvelles propriétés émergentes et imprévues.3 Un système complexe est de ce fait non linéaire, puisque la nouvelle fonction ou le nouvel état n’apparaît pas progressivement, mais brusquement : l’eau gèle, la vie apparaît.
La définition des systèmes complexes peut se faire de diverses façons, par exem
ple : par leur contenu en informations algo
rithmiques : si un système est très ordonné, il est totalement prédictible et de ce fait pau vre quant à son contenu en informations.
Les malades complexes : de la théorie des systèmes complexes à une prise en charge holistique et intégrée
point de vue
F. A. Waldvogel N. Perone
S. Schusselé- Fillietaz J.-F. Balavoine
Prs Francis A. Waldvogel et Jean-François Balavoine Drs Nicolas Perone et Séverine Schusselé-Fillietaz PRISM (Projet de réseau intégré de soins aux malades)
c/o Berger, Van Berchem et Cie Rue de la Corraterie 26 1204 Genève
franciswaldvogel@bvb-cie.ch Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 1022-4
54_56_36400.indd 1 02.05.12 14:49
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 9 mai 2012 1023 Dans le cas contraire, s’il est totalement er
ratique et aléatoire, sa prédictibilité est nulle.
Il n’est donc pas complexe, mais chaoti que.
C’est lorsque le contenu en informations est intermédiaire, à prédictibilité et à proba
bilité moyennes, que l’on trouve les systè
mes complexes – nous y reviendrons con
cernant les patients qui nous intéressent.
D’autres définitions, provenant de la ther
modynamique ou de la théorie des sys
tèmes dynamiques, existent également et peuvent être utilisées selon les circons
tances, comme nous le verrons plus loin.
Une bonne façon d’illustrer les nombreu
ses interactions d’un système complexe con
siste à le représenter graphiquement sous forme de réseau : chaque élément constitu
tif (atome, molécule, centre de distribution, être humain) est symbolisé par un nœud, et chaque interaction avec un élément voisin, proche ou lointain, est symbolisée par un trait : la «carte» ainsi créée donne pour cha
que élément constitutif la densité de ses re
lations. C’est à Barabasi 4 et coll. que revient le mérite d’avoir démontré comment un tel réseau s’organise spontanément et brus
quement lorsque les éléments individuels et leurs liens sont suffisamment nombreux.
Il y a alors transition non linéaire, apparition d’une qualité émergente. Le réseau ainsi créé est robuste, résilient, comme le mon tre l’amputation aléatoire de ses liaisons : il ré
siste bien à une telle intervention. Mais brus
quement, une amputation additionnelle d’une liaison fait collaber le système. Ce collapse, confirmant la nonlinéarité des systèmes complexes, a été observé, par exemple lors des grandes pannes des réseaux énergé
tiques aux EtatsUnis et en Europe. C’est
«l’effet papillon» bien connu du grand pu
blic.
Signalons encore deux propriétés inté
ressantes des réseaux comme paradigmes des systèmes complexes : les nœuds ne se répartissent pas de façon gaussienne en ce qui concerne le nombre de leurs liaisons.
Certains nœuds sont très denses alors que beaucoup d’autres ne contiennent que peu de liaisons. Cette répartition est en fait ex
ponentielle, ce que nous montrent bien les cartes de liaisons aériennes des grandes compagnies d’aviation : il y a de rares «hubs», quelques centres de moyenne importance et d’innombrables destinations périphéri
ques. Enfin, les réseaux sont des systèmes dynamiques, devant perpétuellement échan
ger de l’information : en absence de celle
ci, il n’y a plus de directive, le réseau s’ef
fondre.
Le moment est venu de quitter ces ré
flexions mathématiques et de voir comment
ces modèles s’appliquent à la biologie, puis au monde médical, enfin aux patients com
plexes. Le meilleur exemple en biologie est certainement celui des termites : une termi
tière peut être représentée sous forme d’un réseau, chaque insecte individuel étant un
«nœud» et communiquant par l’intermédiaire de signaux – les phéromones – avec un nombre plus ou moins élevé de voisins. Il n’y a pas de leader, mais un répertoire de signaux simples permet au collectif de s’or
ganiser. De rares nouveaux signaux exter
nes favorisent une réorientation générale de la collectivité lorsque nécessaire. Cette
«intelligence collective» – comme l’a appe
lée E. O. Wilson 5 – permet de vivre, de se reproduire, de migrer et de construire des termitières qui, proportion gardée par rap
port à la taille de ces bâtisseurs, sont les plus grandes structures architecturales de notre planète.
Les systèmes biologiques satisfaisant à la définition de systèmes complexes sont innombrables, allant des consortiums bac
tériens à la formation d’hyphes chez les le
vures, des vols d’oiseaux migrateurs aux bans de poissons. A vrai dire, la théorie des systèmes complexes rend bien mieux compte de la réalité du vivant que toutes les approches plus mécanistiques et linéaires que nous avons héritées et professées au gré des ans.
de la théoriedessystèmes complexes biologiques
à l
’
être humainet à lamédecine
Nous avons vu qu’une illustration élégante des systèmes complexes était leur expres
sion graphique sous forme de réseau. Cette représentation, lorsqu’appliquée à l’être hu
main, peut se faire à divers niveaux : réseau intracellulaire, où les nœuds sont les diver
ses macromolécules fonctionnelles telles qu’enzymes, acides nucléiques, facteurs modulateurs, tandis que les liaisons entre ces nœuds correspondent aux réactions métaboliques. Réseau au niveau des or
ganes puis de l’organisme, les nœuds sym
bolisant les cellules individuelles alors qu’hor
mones, cytokines et autres médiateurs en gouvernent les interactions. Autres exem
ples, le cerveau fonctionne grâce à son ré
seau extrêmement complexe de neurones avec leurs liaisons synaptiques, et le sys
tème immunitaire possède également le sien, etc. L’être humain apparaît alors – telle une collection de poupées russes – comme une série intégrée de systèmes et subsys
tèmes de réseaux réagissant en interne et
en externe selon les signaux reçus.
Mais les êtres humains entretiennent, en plus, des liens avec diverses communautés, d’abord familiales, puis avec diverses col
lectivités sociales ; ils seront également liés à d’autres réseaux – selon leurs croyances, culture, activité professionnelle, passe
temps. Tous ces systèmes de réseaux s’ajou
tent aux précédents et possèdent leurs propres qualités émergentes, connues, la
tentes ou cachées. Enfin, nous nous dépla
çons quotidiennement sur des réseaux de routes et chemins, nous obtenons l’énergie de nos habitats par des réseaux de distri
bution, et communiquons par des réseaux téléphoniques et par internet. Ces constats nous rapprochent alors d’une autre théorie indispensable à la compréhension de la complexité, la théorie des systèmes qui sti
pule que toute réalité n’est faite que de sys
tèmes hiérarchisés s’emboîtant les uns dans les autres.
Dans de telles représentations intégrant théorie des systèmes et complexité, une maladie ne peut guère être due qu’à un seul élément causal : elle est plutôt la manifesta
tion d’une perturbation de l’un des réseaux du patient qui va aussitôt se transmettre aux autres réseaux. C’est grâce à l’interven
tion médicale d’une part, mais aussi à la ré
silience des réseaux d’autre part, que le système dans sa globalité ne chavire pas et que l’équilibre se rétablit. Lorsque, par contre, plusieurs pathologies se retrouvent chez le même patient, les interactions entre ces réseaux sont innombrables et impos
sibles à répertorier, le stade de résilience des systèmes est dépassé. Il naît de cette complexité des événements une nouvelle caractéristique du patient : son caractère unique, ce «jenesaisquoi», qui le fait échapper à la médecine traditionnelle. Une approche habituelle, ajoutant simplement les divers traitements conventionnels les uns aux autres, mènera à l’échec. Si nous vou
lons percevoir cette singularité, chaque fois différente pour chaque patient, il faut une approche paradigmatique nouvelle, faite de créativité sans cesse renouvelée afin d’iden
tifier ses priorités spécifiques ; il faut alors du courage pour abandonner les directives conventionnelles, de l’empathie pour accep
ter les désirs du patient et de ses proches, enfin un nouvel état d’esprit pour gérer une équipe multidisciplinaire. En conclusion, il faut inventer une nouvelle logique de soins.
Celleci, outre la nouvelle gestion des réseaux internes cités cidessus, devra également tenir compte de la richesse d’in
formations produite par le réseau social et culturel du patient, de ses croyances, de
54_56_36400.indd 2 02.05.12 14:49
1024 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 9 mai 2012
son riche passé. L’identification du patient complexe mène ainsi à une nouvelle forme de médecine, où une intelligence collective faite de médecins, soignants et proches définit un nouvel itinéraire inspiré par la sin
gularité de celuici.
identification des patients complexes et esquisse d
’
une prise enchargePeuton donner maintenant une défini
tion précise du malade complexe ? En vertu de ce qui précède, une telle tentative utili
sant des termes conventionnels est vouée à l’échec : la complexité étant un état défini par des propriétés non prévisibles, elle émerge de situations sousjacentes infini
ment nombreuses menant à une constella
tion chaque fois nouvelle. Tout au plus peut
on esquisser un certain nombre de proprié
tés que l’on retrouve de façon diverse et non exhaustive chez le patient complexe : il est porteur de plusieurs pathologies chroni ques, est en général âgé, utilise de nombreuses ressources médicales et de soins, est sou
vent hospitalisé, en général pour des pé
riodes prolongées, nécessite de nombreux médicaments, est limité dans l’exécution des activités de base de la vie quotidienne pour des raisons soit physiques, soit mentales ou psychosociales. Chez de tels patients, frais médicaux et qualité des soins sont en relation inverse : 30% reçoivent des soins insuffisants, 30% reçoivent au moins un médicament inadéquat, nombreux sont vic
times d’interactions médicamenteuses. A l’inverse, ils consomment 76% des frais mé
dicaux.6 Comme déjà dit, environ 5 à 10%
des patients répondent à ces critères dans une pratique médicale ambulatoire. Une prise en charge intégrée de ces patients aura comme double objectif d’en améliorer la qualité tout en diminuant leurs coûts. Par exemple, une réduction des hospitalisations est un bon critère d’efficacité, puisqu’elle améliore la qualité de vie tout en réduisant les coûts.
Plusieurs modèles de soins ont été pro
posés pour la prise en charge de ces pa
tients, s’inspirant du chronic care model.7,8 Ils varient dans le degré d’intégration et d’activités des équipes soignantes et s’ins
pirent à des degrés variés de la théorie des systèmes complexes.912 Le principe de ces modèles consiste à trouver, face à cette complexité émergente du patient, une nou
velle logique d’interprétation des données médicales et une nouvelle conception de prise en charge. Chaque patient y retrouve alors son individualité.
Cette nouvelle approche ne doit surtout pas renier les principes scientifiques de la médecine actuelle : bien au contraire, gérer l’incertitude nécessite encore plus de pré
cision dans l’utilisation des données objec
tives afin de les adapter au patient com
plexe. Cette nouvelle approche holistique s’oppose à une approche réductionniste ; elle est basée sur la créativité renouvelée plutôt que sur l’application des règles, elle se veut individualisée plutôt que se référant à des statistiques. Elle fait appel à d’autres domaines de l’interaction humaine, tels que la psychologie, la sociologie, l’anthropolo
gie, le droit et l’éthique. Finalement, elle pose les priorités médicales non plus par rapport aux maladies, mais par rapport aux deman
des du patient et de son environnement.
Par la nature des choses, il y a là naissance possible de conflits entre les réseaux dans lesquels le patient est l’agent (sociaux, reli
gieux, croyances, constructions mentales concernant la santé, expériences du passé) et les réseaux de soins (exigences scienti
fiques, économiques, administratives, pra
tiques cliniques). Il y a également naissance de conflits médicaux par l’interaction de di
vers traitements peutêtre contradictoires.
Il s’agit alors de résoudre ceuxci par l’émer
gence d’un nouveau concept médical, ce
lui de la gestion coordonnée des soins du patient complexe par une équipe flexible, interprofessionnelle, innovante et non routi
nière, s’articulant autour du binôme du pa
tient et de son médecin. Plusieurs tels mo
dèles ont été proposés, dont le plus connu est peutêtre celui du medical home.13 Ces modèles restent cependant très descriptifs et peu systématisés dans la pratique médi
cale. Il sera donc primordial, devant l’émer
gence de ce type de patient que l’on peut évaluer entre 5 et 10% de la patientèle des MPR (médecins de premier recours), de ré
fléchir à cette problématique.14 Les mo
dèles de prise en charge doivent être tes
tés et devront tenir compte de la diversité des patients concernés. C’est un champ d’étude qu’il est vital de commencer à in
vestiguer.
Bibliographie
1 Boyd C, Darer J, Boult C, et al. Clinical practice guide lines and quality of care for older patients with multiple comorbid diseases : Implications for pay for performance. JAMA 2005;294:716-24.
2 O’Connor PJ. Adding value to evidence-based clini- cal guidelines. JAMA 2005;294:741-3.
3 Mitchell M. Complexity, guided tour. Oxford : Ox- ford University Press, 2009:349.
4 Barabasi AL. Linked. New York : Plume Book publi- shed by Penguin Group, 2003.
5 Wilson EO. Consilience, the unity of knowledge.
New York : Vintage Books, Division of Random House Inc, 1999:367.
6 Bodenheimer T, Wagner EH, Grumbach K. Impro- ving primary care for patients with chronic illness.
JAMA 2002; 288:1775-9.
7 Bodenheimer T, Wagner EH, Grumbach K. Impro- ving primary care for patients with chronic illness : The
chronic care model, part 1. JAMA 2002;288:1775.
8 Bodenheimer T, Wagner EH, Grumbach K. Impro- ving primary care for patients with chronic illness : The chronic care model, part 2. JAMA 2002;288:1909-14.
9 Plsek PE, Greenhalgh T. The challenge of complexity in health care. BMJ 2001;323:625-8.
10 Fraser SW, Greenhalgh T. Coping with complexity : Educating for capability. BMJ 2001;323:799-803.
11 Plsek PE, Wilson T. Complexity, leadership, and ma- nagement in healthcare organisations. BMJ 2001;323:
746-9.
12 Wilson T, Holt T. Complexity and clinical care. BMJ 2011;323:685-8.
13 Goldmann DR. Complete home medical guide. Phi- ladelphia : American College of Physicians, 1999.
14 Bodenheimer T, Berry-Millett R. Care management of patients with complex health care needs. Research Syn thesis Report n° 19, 2009.
54_56_36400.indd 3 02.05.12 14:49