2308 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 28 novembre 2012
actualité, info
Vaccins : intradermo, poliomyélite, aluminium
Trois nouvelles nous ont été mandées ces derniers jours de différents fronts vaccinaux.
Les voici, résumées :
1. Les vertus potentielles de la voie intradermique
Dirigée par Béhazine Combadière, une équi
pe de chercheurs de l’Unité «Immunité et in
fection» (Inserm ; Université Pierre et Marie Curie ; Hôpital PitiéSalpêtrière, Paris) vient de dévoiler une partie de ce qu’est (de ce que peut être) la réponse immunitaire après une vaccination par voie intradermique.
Cette vaccination déclenche la prolifération de cellules de l’immunité et la maturation de cellesci dans un site jusquelà considéré com
me un site de stockage des cellules «mémoi
res» de l’immunité : la moelle osseuse. Ces tra
vaux sont publiés dans la revue Immunity.1
«La vaccination est le moyen le plus effi
cace et le moins coûteux de protéger contre les maladies infectieuses et permet de sauver deux à trois millions de vies chaque année dans le monde, observeton auprès de l’In
serm. Néanmoins, les experts discutent l’ef
ficacité des vaccins et tentent le développe
ment de nouvelles stratégies contre le VIH, les hépatites, la dengue, les virus de l’in
fluenza. Aujourd’hui, les voies d’administra
tion des vaccins et leur efficacité deviennent un sujet de recherche important dans la vac
cination.»
C’est en utilisant un candidat vaccin re
combinant VIHMVAGag HIV (Modified
Ankara Virus) – que Behazine Combadière et son équipe avaient pu faire une observa
tion originale : après injection du vaccin dans le derme (voie intradermique), un infiltrat inflammatoire de cellules neutrophiles est détecté dans l’heure qui suit cette injection.
Ces cellules neutrophiles transportent ensuite l’antigène jusqu’au ganglion par les voies lymphatiques mais aussi, via la circulation sanguine ; et ce vers un site inattendu : la moelle osseuse.
Le transport de l’antigène vaccinal vers ce site est dépendant du récepteur de chimio
kine CCR1. Alors que la moelle osseuse est
généralement considérée comme un organe où le pool de «cellules mémoires» se loca
lise, les chercheurs de l’Inserm ont observé pour la première fois dans la moelle osseuse l’initiation de la prolifération de cellules CD8 naïves en cellules effectrices. «L’équipe de recherche a montré que la présentation de l’antigène dans la moelle se fait par les cel
lules de type myéloïde aux cellules T CD8 naïves, résumeton auprès de l’Inserm. La formation de ce nouveau pool de cellules CD8 s’effectue simultanément à la forma
tion de cellules effectrices dans les ganglions.
Or, l’analyse d’expression des gènes est signi ficativement différente des cellu
les CD8 spé cifiques du MVA ganglion
naire. Des analyses utilisant d’autres techniques de biologie moléculaire ont montré que ce pool de cellules CD8, initiant leur division cellulaire dans le mi
croenvironnement de la moelle, est proba
blement destiné à constituer la mémoire im
munitaire CD8 indépendamment du pool ganglionnaire.»
Ces résultats ont été obtenus dans le ca
dre d’un programme européen dénommé CUT’HIVAC (pour Cutaneous HIV vaccina
tion) qui vise au développement des voies d’administration de vaccin VIH.2
2. De la nocivité potentielle de l’aluminium
Une polémique vient d’émerger en France.
Des opposants à l’usage des sels d’alumi
nium, utilisés comme adjuvants, dénoncent le refus opposé au financement d’un travail que souhaite mener un groupe de chercheurs avancée thérapeutique
… Les oppositions aux vaccins ont un développement préoccupant dans tous les pays occidentaux …
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Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 28 novembre 2012 2309 spécialisés dans ce domaine d’études. On
sait que l’ajout de très petites doses d’alu
minium dans les préparations vaccinales permet de stimuler la réaction immunitaire.
Mais on sait aussi que ce qui ne soulevait guère de questions majeures depuis que les vaccins existent pose désormais problème.
«Les études expérimentales ont montré qu’une partie de l’aluminium injecté dans le muscle circule dans l’organisme et est capa
ble de gagner en faible quantité le système nerveux central où il va s’accumuler» vient ainsi de déclarer à la presse le Pr Romain Gherardi, spécialiste des maladies neuro
musculaires (Hôpital Henri Mondor, Cré
teil). Ses travaux menés depuis la fin des années 1990 ont conduit à décrire une nou
velle entité pathologique parfois contestée : la «myofasciite à macrophages», inflamma
tion musculaire avec myalgies et douleurs articulaires associées à une forte fatigue, sur
venant, sembletil, chez des personnes gé
nétiquement prédisposées.
Les recherches du Pr Gherardi ne font pas
l’unanimité comme c’est souvent le cas dès lors qu’aucune relation de cause à effet n’est formellement démontrée. D’autres esti ment que le nuage de soupçons est suffisant pour que des décisions préventives soient prises.
Le Pr Gherardi fait quant à lui observer que les symptômes peuvent apparaître en moyen
ne onze mois après l’administration vacci
nale. Ils pourraient selon lui toucher jusqu’à 5% de la population, le nombre de vaccins recommandés ne cessant d’augmenter. C’est dans ce contexte que l’Agence nationale fran
çaise de sécurité du médicament vient d’an
noncer qu’elle ne financerait pas la pour
suite de ses travaux sur les adjuvants à l’alu
minium. Ceci a déclenché une vive émotion auprès de l’Association de malades atteints de myofasciite à macrophages.
L’affaire n’est pas sans dimensions poli
tiques. La députée européenne écologiste, Michèle Rivasi, réclame un moratoire sur tous les vaccins contenant de l’aluminium.
Un groupe d’étude de l’Assemblée nationale française avait fait de même il y a quelques mois. Pour sa part, l’Académie française de médecine a dit son opposition à tout mora
toire, estimant que celuici rendrait impos
sible la majorité des vaccinations ; des solu
tions alternatives ne pouvant selon elle être prêtes que dans cinq ou dix ans. «Les oppo
sitions aux vaccins ont un développement préoccupant dans tous les pays occidentaux.
Elles vont de l’opposition totale aux hésita
tions, négligences ou oublis et ont pour con
séquence l’insuffisance de la couverture vac
cinale, soutient le Pr Pierre Bégué, membre de l’Académie nationale de médecine dans la revue de l’Association française pour l’in
formation scientifique (Afis). La crainte des effets adverses des vaccins a remplacé la peur des maladies.»
3. Poliomyélite : éradication planétaire en vue ?
C’est la perspective de la conférence an
nuelle de l’American Society of Tropical Me
dicine and Hygiene (ASTMH) qui vient de se tenir à Atlanta. Officiellement, 177 nou
veaux cas de cette maladie virale ont été enregistrés de janvier à octobre 2012 sur la planète. On en avait recensé 502 durant la même période en 2011. Mieux, les obstacles à une éradication planétaire sont connus : doublement des cas au Nigeria (99) cette an
née et l’opposition persistante au Pakistan de nombreux parents à la vaccination de leurs enfants. Plus précisément, le Pakistan, le Nigeria et l’Afghanistan sont les seuls pays où la poliomyélite demeure endémique. «Ils sont de ce fait les derniers champs de ba
taille des efforts internationaux en cours pour éradiquer la maladie qui deviendrait la deuxième à être éliminée après la variole»
précise l’Agence FrancePresse. Au Pakistan, c’est l’opposition de parents à la vaccination de leurs enfants qui demeure le principal obstacle à une éradication complète. Cette opposition est alimentée par les imams qui par hautparleurs assurent à la population que la vaccination antipolio est une conspi
ration des pays occidentaux pour réduire la population musulmane.
Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com : Voilà une étude
qui vient ébranler quelque peu les fondements du traitement de l’hy
pertension. Au vu de ces résultats, il semblerait en effet raisonnable de ne plus envisager l’introduction systématique d’un traitement anti
hypertenseur chez des adultes en
bonne santé avec hypertension de stade I. Il faut cependant noter qu’il subsiste quelques incertitudes que cette étude ne lève pas. Notam
ment le fait que d’autres classes médicamenteuses fréquemment utilisées telles que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ne faisaient pas partie des traite
ments investigués et que la durée de suivi était relativement brève.
Dr Nicolas Senn Policlinique médicale universitaire, Lausanne
Diao D, et al. Pharmacotherapy for mild hypertension. Cochrane Database Syst Rev 2012;8:CD006742.
1 Duffy D, Perrin H, Abadie V, Combadière B. Neutrophils transport antigen from the dermis to the bone marrow, initiating a source of memory CD8+ T cells. Immunity 2012;37:91729.
2 www.cuthivac.eu/
LDD
Ne plus traiter l’hypertension de stade I en prévention primaire
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