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es épilepsies représentent le groupe de maladies neurologiques chroniques le plus fréquent, avec une prévalence d’environ 1% dans la po
pulation générale. Conséquence de décharges neuronales paroxysti ques, et survenant de manière répétée et inopinée, elles peuvent se manifester de façon très hétérogène et être la conséquence d’une multitude d’étiologies. Le praticien est donc confronté à un spectre sémiologique et nosologique extrê
mement varié et variable, qui se reflète sur le diagnostic, la prise en charge, et le pronostic.
L’épilepsie est connue depuis l’Antiquité et a attiré l’attention de millions de médecins sur plusieurs millénaires. Si, à l’origine, une cause divine ou dé
moniaque était retenue (on parle encore ce jour, par exemple, de «haut mal»), c’est surtout à partir de l’époque moderne que la reconnaissance d’une genèse à l’intérieur du corps humain s’est pro
gressivement établie, grâce aussi à des contributions de savants suisses (rappe
lons le rôle du Lausannois Auguste Tissot dans la description des crises d’absence durant la deuxième moitié du XVIIIe siè
cle). Cependant, les traitements ont com
mencé à reposer sur des bases scientifi
ques seulement dès la moitié du XIXe siècle, donc avec une latence de plusieurs siècles par rapport aux importantes acquisitions au niveau de la nosologie.
L’évolution a par la suite été exponentielle, avec une accélération ces dernières décennies, en parallèle avec le progrès au niveau technique, intellectuel, et des méthodes de communication. En dépit de tout cela, une partie des malades n’arrive malheureusement toujours pas à voir ses crises contrôlées de façon satisfaisante.
Ce numéro est consacré à une mise à jour concernant les approches thérapeu
tiques actuelles en épileptologie. Mais, en fait, qu’y atil de nouveau ? Dans les six articles, rédigés conjointement par des experts actifs dans les trois Centres d’épilepsie de Suisse romande (HUG Genève, CHUV Lausanne, Institution de Lavigny), le lecteur trouvera plusieurs réponses à cette question. Tout d’abord, une revue des traitements médicamenteux permet de mieux se repérer dans la panoplie de substances utilisées actuellement, qui par ailleurs est en évolution constante ; les enjeux des génériques font l’objet d‘une contribution ciblée, qui tient compte non seulement des aspects pharmacologiques mais également des considérations politicofinancières. Les approches chirurgicales sont abordées par deux articles complémentaires, d’une part les interventions à visée curative, et de l’autre celles ayant comme objectif principal une amélioration de la qualité de vie des patients (interventions palliatives). Et justement lorsqu’on mentionne la qualité de vie en épileptologie, il faut impérativement aborder la discussion sur la comorbidité psychiatrique, qui fait l’objet d’un travail ayant pour but de rappeler l’importance d’une prise en charge attentive du patient et, sous un certain angle, multidisciplinaire. Finalement, le dernier article illustre un des do
maines qui évolue le plus rapidement, tant sur le versant diagnostique que thé
rapeutique, et qui se situe aussi à l’intersection de plusieurs disciplines : les troubles autoimmuns.
Actuellement, nous disposons donc de plus amples connaissances sur les différentes origines des crises, ainsi que d’un nombre croissant d’options thé
rapeutiques – et le progrès n’est pas terminé. Cependant, du moment qu’il existe toujours une proportion de malades avec une épilepsie résistant au trai
tement, le défi majeur pour l’épileptologue réside dans la persévérance à trouver la meilleure solution pour le patient. Au vu de la complexité des options, le spécialiste ne peut apporter sa contribution au traitement de l’épilepsie qu’en lien étroit avec un médecin de premier recours informé et attentif, et avec le concours des patients et de leur entourage.
Le traitement de l’épilepsie
au XXI e siècle
«… le défi majeur pour l’épileptologue réside dans la persévérance à trouver la meilleure solution …»
éditorial
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch–
5 mai 2010899
Editorial
A. O. Rossetti M. Seeck
Articles publiés
sous la direction des professeurs
Pierre R. Burkhard Theodor Landis
Service de neurologie HUG, Genève
François J. G.
Vingerhoets Richard S.
Frackowiak
Service de neurologie CHUV, Lausanne
03_34861.indd 1 30.04.10 11:52