• Aucun résultat trouvé

Tremblements de Terre: origine, risque et aide

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Tremblements de Terre: origine, risque et aide"

Copied!
29
0
0

Texte intégral

(1)

Book

Reference

Tremblements de Terre: origine, risque et aide

MAYER-ROSA, Dieter (Ed.), et al.

MAYER-ROSA, Dieter (Ed.), et al . Tremblements de Terre: origine, risque et aide . [S.l.] : Commission nationale suisse pour l'UNESCO, Commission suisse de géophysique, 1986

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:152019

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

(2)

)', \,,

Tremblements de terre

Origine, risque et aide

Editeurs:

Commission nationale suisse pour !'Unesco Commission suisse de géophysique

1986

,

(3)
(4)

~IJ Molo':jv

C.1:-. 1

Tremblements de terre '7r-.

.::ü ,k / ,)'-L

Table des matières Préface

1. Constitution de la terre

2. Une théorie séduisante: La tectonique des plaques 3. Où et quand a-t-on des tremblements de terre?

4. La magnitude et l'intensité des tremblements de terre 5. Le risque sismique

6. Importance du danger sismique en Suisse

7. Réactions des constructions aux tremblements de terre 8. Le risque sismique des constructions spéciales·

9. Comment peut-on se protéger des tremblements de terre?

10. Expérience de l'aide en cas de catastrophes

Editeurs: Commission nationale suisse pour l'UNESCO Commission suisse de géophysique

Auteur: Dieter Mayer-Rosa, séismologue,

Service séismologique suisse, EPF-Zurich

Version française:l Jean-Jacques Wagner professeur de géophysique, ruvers1 es e eneve et Lausanne

Rédaction: Siegfried Escher, physicien, collège, Brigue Elvira Gertsch, Berne

Bernard Theurillat, secrétaire général de la Commission nationale suisse pour l'UNESCO, Berne

page 2 3 5 7 9 14 15 18 21 22 22

André Vifian, géologue, secrétaire général du Conseil suisse de la science, Berne

1986

(5)

Préface

L'intérêt manifeité par l'UNESCO pour le problème mondial des tremblements de terre est conl'\.mé par la priorité accordée, dans son vaste programme con- sacré à l'envirOnJM!ment humain, aux catastrophes et aux risques naturels. Ces raisons ont C'Ond~t la Commission nationale suisse pour l'UNESCO à proposer un symposium sur ce thème à Brigue, en avril 1986, et à publier la présente brochure. Le symposium, organisé en collaboration avec la Commission suisse de géophysique, aborde le problème des tremblements de terre selon une appro- che globale. La brochure traite les multiples aspects des tremblements de terre allant de l'origine des séismes aux effets sur l'environnement et aux mesures de protection possibles. La Commission nationale suisse pour l'UNESCO accorde une grande importance à informer la population aussi largement que possible sur l'état des connaissances des problèmes complexes de notre temps. Nous souhaitons que cette publication puisse atteindre ce but.

Prof. Frank Klôtzli Vice-président de la Commission nationale suisse pour l'UNESCO

La Commission suisse de géophysique fait partie de la Société suisse des sciences naturelles. L'investigation géophysique de la Suisse est la tâche confiée à la com- mission depuis sa création en 1971. Il appartient ainsi à la commission d'établir et de publier les cartes gravimétriques, magnétiques, de sismicité (carte des épi- centres des ti:emblements de terre), du risque sismique, ainsi que d'autres para- mètres géophysiques. Le but important de tous ces travaux est de parvenir à une meilleure connaissance du soubassement de la Suisse. Ce n'est qu'à partir de cette connaissance que l'on peut ensui~e mieux comprendre certains phénomè- nes, tels les tremblements de terre, la formation des gisements métallifères et des combustibles fossiles. La commission entreprend des travaux en étroite collabo- ration avec les institutions qui s'occupent de géophysique en Suisse et à l'étran- ger. Elle a aiqsi publié, en collaboration avec le Service sismologique suisse, une carte au l/500 OOOème de la sismkité et du risque sismique actuel. Cette carte apporte une information de base à différents problèmes traités au cours du sym- posium.

2

Prof. Stephan Mueller Président de la Commission suisse de géophysique

(6)

1. Constitution de la terre

De nos jours, on sait, d'après l'analyse des ondes sismiques provoquées par les tremblements de terre, que la terre est formée de couches concentriques. Cha- cune de celles-ci est caractérisée par des températures et des pressions spécifi- ques; leur composition est également variable. Si l'on va de l'intérieur vers l'extérieur (figure 1), on découvre d'abord un noyau interne constitué de fer et appelé la graine; son rayon approximatif est de 1400 km. Il est à l'état solide, car la très haute pression qui y règne densifie tellement la matière que, malgré sa très forte température (environ 5000°C) elle ne peut entrer en fusion. Dans le noyau externe qui entoure la graine et qui s'étend jusqu'à un rayon de 3500 km, la température excède le point de fusion de l'alliage fer-nickel qui le compose.

CeUe partie de la terre est donc à l'état liquide.

Dorsale médio-atlantique

Manteau

··~~::.-. >'ft• :.=·.~

0 1400 3500 6371 km

Figure 1. Coupe générale du globe terrestre et ses enveloppes avec les principaux phénomènes qui régissent la tectonique des plaques à sa surface.

En passant du noyau au manteau, on observe un changement important d'état et de composition. Dans Je manteau inférieur, la matière demeure solide et les oxydes métalliques dominent. Dans la partie supérieure, entre 100 et 200 km en dessous de la surface de la terre, on rencontre une zone, dont la température est proche du point de fusion, ce qui la rend plus plastique. Celle-ci se comporte à l'échelle des temps géologiques comme un fluide. Nous verrons plus loin que cette propriété est très importante pour la compréhension des phénomènes se manifestant à la surface de la terre.

3

(7)

La couche extérieure de la terre, qui a environ 100 km d'épaisseur («litho- sphère»), est relativement solide et rigide. Elle se subdivise en deux par un chan- gement important dans sa composition; la partie supérieure est dénommée croûte terrestre, la partie inférieure est une fraction du manteau supérieur. La croûte, en comparaison avec le rayon terrestre moyen de 6371 km, est très mince. Dans le' domajne continental, elle a une épaisseur de 30 à 60 km, alors qu'eUe n'a que 5 à 10 km sous les océans. La croûte étant plus légère que le manteau sous-jacent, elle flotte cemme un iceberg sur l'eau. Des courants de matière de grande amplitude appelés courants de convection, se développent dans les parties fluides de l'intérieur de la terre; ils ressemblent aux mouvements d'un liquide dans une marmite placée sur une source chaude. Ces courants sont responsables de modifications majeures de la surface de la terre: par exemple la formation de chaînes de montagnes; les fossés d'effondrement, et d'autres phénomènes, tels que le volcanisme et les tremblements de terre.

Il y a 200 millions d'années

Il y a l OO millions d'années

Aujourd'hui

Figure 2. Dérive des continents.

Trois étapes de la reconstitution du mouvement des continents durant ces 200 derniers millions d'années.

La répartition des masses continentales et océaniques du globe terrestre n'a pas toujours été celle que nous connaissons aujourd'hui. Il y a plus de 200 millions d'années, les continents formaient une masse unique appelé Pangea. Celle-ci se disloqua, au cours du temps, en plusieurs morceaux qui s'éloignèrent progressi- 4

(8)

vement les uns des autres dans différentes directions. La figure 2 montre trois

«instantanés» de la répartition des masses continentales à trois époques géologi- ques différentes.

La théorie du mouvement des continents n'est cependant pas nouvelle. Depuis le l 7ème siècle, des naturalistes et des cartographes ont disserté sur l'étrange simi- litude des contours des côtes africaine et sud-américaine. Cependant, les raisons de cette similitude leur échappaient. C'est en 1910 que le météorologue et explo- rateur polaire Alfred Wegener fournit une explication plausible grâce à sa théo- rie de la dérive des continents qui, pour l'époque, était révolutionnaire.

Wegener fut violemment critiqué par d'éminents géologues de son temps, à tel point que ses idées avant-gardistes furent reléguées aux oubliettes.

2. Une théorie séduisante: La tectonique des plaques

Durant ces 25 dernières années, l'exploration, à grand renfort de techniques, du plancher océanique a confirmé la théorie géniale de Wegener. Le traitement par ordinateur de multiples informations permit de reconstituer, de façon détaillée, le cheminement des continents au cours des derniers 200 millions d'années.

L'étonnant film du déplacement des masses continentales à la surface de la terre qui en est résulté a donné naissance à la théorie de la tectonique des plaques.

Celle-ci est considérée par la majorité des scientifiques, comme une des contri- butions fondamentales à la connaissance de notre planète.

Quelles sont les principales découvertes qui ont été faites? C'est avant tout l'observation, d'une part, de zones où se crée de la nouvelle croûte océanique et, d'autre part, de zones où la croate ancienne est engloutie. Les régions de notre planète où de tels phénomènes se produisent sont indiquées de manière simpli- fiée dans la figure 1.

La nouvelle croûte océanique se développe le long des dorsales médio-océani- ques. Celles-ci présentent un relief qui peut aller du fond de l'océan jusqu'à sa surface. La dorsale médio-atlantique, que l'on peut prendre pour exemple, s'étend de l'Islande à l'Atlantique Sud en passant légèrement à l'ouest des Açores, et se poursuit dans l'Océan Indien. Du point de vue géologique, ce relief océanique est très jeune. De longues chaînes de volcans actifs, alignés sur des fissures au centre des dorsales, soulignent la zone dans laquelle se forme ce nou- veau plancher océanique. Celui-ci est créé par l'injection et le refroidissement de magma (roche fluide, provenant du manteau supérieur sous-jacent) dans la croate plus ancienne. A chaque injection correspond une ouverture ou une expansion du plancher océanique. Par exemple, dans le cas de l'Atlantique, celle-ci est de l'ordre de 5 à 10 cm par année. Il en résulte un éloignement pro- gressif entre le continent américain et les continents africain et européen.

Complémentairement aux zones d'expansion des dorsales, il existe des zones où le plancher océanique est «avalé» à l'intérieur de la terre. Puisque globale- mement la surface de notre planète ne s'agrandit pas, la croate créée en un point doit être compensée par la destruction de croûte ancienne en un autre point.

Cette absorption s'observe dans les zones de subduction, qui sont souvent asso-

(9)

ciées aux fosses océaniques profondes. Les zones les plus connues de ce type se rencontrent sur le pourtour de !'Océan Pacifique, tout particulièrement le long de la côte ouest del' Amérique du Sud et sur la côte est du Japon.

Finalement, dans les zones frontières de plaques, qui ne sont pas affectées par l'un des deux phénomènes décrits, on observe un mouvement de coulissage hori- zontal, sans qu'il y ait création ou disparition de matière. Là, les plaques se frot- tent et se hachent sur leur bordure, entravant ainsi leur mouvement et pro- voquant le développement de grandes zones de cassures. Les tensions qui y sont emmagasinées seront la cause de grands tremblements de terre. A titre d'exem- ple, on peut citer le comportement de la grande zone de faiJles de San-Andreas le long de la côte ouest de la Californie.

Sur la base de toutes ces observations, on peut assembler un «puzzle terrestre»

presque parfait, formé de plaques rigides de superficie variable et d'environ 100 km d'épaisseur: ce sont les plaques lithosphériques. Celles-ci se meuvent à la surface de la terre et c'est à Jeurs frontières que l'on rencontre les zones précé- demment décrites, qui sont très souvent Je siège de tremblements de terre. Au total, on dénombre 7 grandes plaques (voir figure 3) et environ IO à 15 plaques plus petites, dont les plus importantes sont également visibles sur la figure. La carte reproduite sur la page de couverture peut être découpée et assemblée; elle facilitera la visualisation de la répartition spatiale des diverses plaques litho- sphériques .

.

. : . . ..

:t

/ \ +

+ . ,

__/+/ t'

Figure 3. Tectonique des plaques. Répartition des plaques sur le bord desquelles s'observe une con- centration élevée de tremblements de terre. On distingue 7 plaques majeures, sans compter un grand nombre de plaques mineures. Légende des pfaqul"s: 1 Pi1dfiq11t>, 7. Nnrn :1mé:ri~:1int>, 3. Sud américaine, 4. Eurasiatique, 5. Africaine, 6. Indo-australienne, 7. Antarctique.

(10)

3. Où et quand a-t-on des tremblements de terre?

La détermination exacte de l'origine et de la répartition terrestre des foyers des tremblements de terre à l'aide de sismographes très sensibles a contribué à une meilleure compréhension de la tectonique des plaques. Si l'on reporte les épicen- tres1 des tremblements de terre sur une carte mondiale (figure 3), on définit clai- rement le pourtour des différentes plaques.

De plus, on peut déduire de la répartition des bypocentres2 - par exemple sur les côtes pacifique del' Amérique du Sud, du Japon et dans la région insulaire de Fidji-Tonga - qu'il y a chevauchem,ent des plaques dans les zones de subduc- tion. En effet, on enregistre le long de la plaque plongeante, des tremblements de terre jusqu'à une profondeur de 700 km qui, manifestement, sont dûs à des mouvements cassants indiquant la présence de roches relativement froides à l'état solide. Ce sont les seules zones de la terre où il est possible de rencontrer des séismes aussi profonds. Sur toutes les autres bordures de plaques décrites au chapitre 2, les hypocentres des tremblements de terre ont des profondeurs maxi- males comprises entre 30 et 40 km.

Les tremblements de terre correspondent à des détentes soudaines survenant par à-coup dans la lithosphère solide. Seule une partie de la tension accumulée pen- dant un temps très long est libérée. En revanche, dans le manteau sous-jacent, une cassure soudaine ne peut se produire. En effet, les roches y sont plus vis- queuses en raison de la température élevée. La libération des tensions s'y fait par fluage lent.

Les tremblements de terre apparaissent généralement dans des zones qui ont déjà été précédemment affaiblies par de tels phénomènes. A l'échelle mondiale, 900Jo de tous les tremblements de terre ont lieu autour du Pacifique; on y obser- ve d'ailleurs également une activité volcanique. Cette zone est aussi dénommée ceinture de feu circum-pacifique. Il existe encore d'autres régions à tremble- ments de terre, mais celles-ci sont nettement moins actives.

En Europe, les tremblements de terre les plus forts se localisent dans la région méditerranéenne, dans la zone de collision entre les plaques africaine et euro- péenne. Les régions de plus forte activité sismique se rencontrent le long de la côte nord-africaine, dans toute la péninsule italienne, Sicile incluse, dans la par- tie sud des Alpes, en Yougoslavie, en Grèce et en Turquie.

La Suisse se trouve sur la bordure nord du promontoire adriatique3, qui repré- sente un prolongement en forme de doigt de la plaque africaine (voir figure 3).

La région alpine subit ainsi directement l'influence du mouvement des plaques de la région méditerranéenne, et c'est là que réside la principale cause des trem- blements de terre dans cette région. On observe aussi des tremblements de terre au nord des Alpes: ils sont en relation avec la formation de la partie sud du fossé

1 Point correspondant à la projection sur la surface de la terre du point d'origine en profondeur d'un tremblement de terre.

2 Point d'origine en profondeur d'un tremblement de terre .

.1 Bloc lithosphérique entre l'Italie et la Yougoslavie.

(11)

rhénan•. Celui-ci appartient à un système de fossés d'effondrement, qui s'étend de manière discontinuè de la Scandinavie jusque dans l'Est del' Afrique.

Qu'en est-il de la fréquence des tremblements de terre? Existe-t-il des périodes à forte activité sismique et des périodes à faible activité? A première vue, il sem- blerait que le nombre de tremblements de terre violents ait augmenté ces derniè- res années. Cependant, cette impression est trompeuse; elle peut être démentie si l'on tient compte des tremblements de terre violents enregistrés· au cours de ce siècle et si on les considère sous l'angle de l'énergie libérée (figure 4). On peut

Energie des séismes Nombre de séismes 17/ZZZ/l

160.-~~~~~~~~~~~~~~~~~~--~~~~~~~~-.

140 120 100 80 60 40 20

Q ( •d P<I Kd W' Pd W J P d P'' P d P'' 9 4 e; 9 4 g 1 M4 KJ . 0)

1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 Temps (intervalle de 5 ans)

Figure 4. Statistique des grands tremblements de terre (Magnitude supérieure à 7) et de leur énergie libérée durant ce siècle. Les unités d'énergie sont arbitraires. Chaque colonne représente une moyen- ne sur cinq ans.

néanmoins observer un accroissement du nombre de tremblements de terre entre 1940 et 1950; durant les dernières trente années, le nombre des séismes enregis- trés sur toute la planète est resté approximativement constant avec peut-être une tendance à la baisse. Le maximum d'énergie libérée se rencontre paradoxa- lement entre 1955 et 1965. C'est durant cette période que surviennent les deux tremblements de terre les plus forts jamais enregistrés, en 1960 au Chili et en 1964 en Alaska; ils ont certainement contribué de manière non négligeable à ce pic d'énergie. Durant ces derniers vingt ans, la quantité d'énergie libérée est restée à peu près constante. Il faut préciser que le graphique de la figure 4 ne tient compte que des tremblements de terre très forts. Pour des tremblements de terre faibles, le nombre peut varier d'une région à l'autre. En ce qui concerne la

4 Grande zone d'effondrement dans la croûte terrestre entre les Vosges et la Forêt Noire.

(12)

Suisse, on observe une certaine augmentation des tremblements de terre durant la fin de ce siècle. Elle est cependant beaucoup plus faible que la tendance mondiale qui se dégage de la figure 4.

4. La magnitude et l'intensité des tremblements de terre

La magnitude mesurée et l'intensité observée sont les deux principaux paramè- tres utilisés pour décrire la force d'un tremblement de terre. L'un caractérise l'énergie et l'autre l'effet d'un tremblement de terre; ils sont très souvent con- fondus. En réalité la magnitude et l'intensité décrivent deux aspects très diffé- rents d'un séisme; on pourrait par analogie les comparer d'une part à l'énergie en watt et d'autre part à la luminosité d'un éclairage.

La magnitude est une mesure de l'énergie libérée à l'hypocentre du tremblement de terre; elle est déterminée à l'aide des enregistrements des sismographes5Elle est généralement exprimée à l'aidè de l'échelle de Richter6 très souvent citée.

L'échelle des magnitudes n'est pas limitée; cependant, les tremblements de terre les plus forts qui ont été enregistrés jusqu'à présent n'atteignent que la valeur 9.

Les plus petits tremblements de terre enregistrables peuvent avoir une valeur négative de -2, ce qui est conforme à une division logarithmique de l'échelle. De nos jours, on est certain qu'il existe une valeur maximale qui ne sera pas dépas- sée pour les tremblements de terre car les tensions ne peuvent s'emmagasiner au-delà d'une certaine Limite naturelle. La relation entre la magnitude et l'éner- gie libérée est illustrée par les valeurs du tableau ci-dessous (Source: Service minier et géologique de Californie).

Tremblements de terre Brigue 1960 Agadir 1960 El Asnam 1980 Mexico 1985 Chili 1960

Magnitude 5 6 7 8 9

Energie en millions de kWh 0,3 10,0 300,0 10 000,0 300 000,0

Equivalent en tonnes d'explosif TNT 200 6 000 200 000 6 000 000 200 000 000 En comparaison, la bombe atomique d'Hiroshima avait une force explosive de 20 000 tonnes de TNT.

Un tremblement de terre très faible avec une magnitude de -2 n'a pas place dans ce tableau comparatif, car l'énergie libérée correspond à celle de la chute d'une brique sur le sol d'une hauteur de 1 m. Ainsi, la différence d'énergie libé- rée entre le tremblement de terre le plus faible et le plus fort est beaucoup plus grande que ne le laisse apparaître de prime abord la différence en magnitude.

Instrument enregistrant graphiquement le mouvement des ondes sismiques.

Formule pour le calcul de la force d'un tremblement de terre d'après Charles Richter, USA.

(13)

Les observations faites durant de nombreuses années ont permis de mettre en évidence une règle naturelle: les petits tremblements de terre sont beaucoup plus nombreux que les grands. Cette relation peut s'exprimer par une formule mathématique relativement simple. Elle est illustrée dans la figure 5 pour les tremblements de terre observés annuellement sur le globe. Il est aussi possible de déterminer une teUe relation pour des régions plus limitées, dans la mesure où l'on dispose d'un catalogue fiable des tremblements de terre. On peut alors en principe, sur la base de l'occurrence des petits tremblements de terre, déterminer la probabilisté du déclenchement.. d'un tremblement de terre très fort. Précisons qu'il s'agit là d'une information probabiliste, qui ne doit pas être confondue avec une prédiction sérieuse du lieu, de l'heure et de la force d'un tremblement de terre. Cette prédiction n'estjusqu'à présent pas encore possible.

Nombre de séismes par années

1000000

100000

10000

1000

100

10

3.0-3.9 4.0-4.9

Zone de

dégâts en km2 1 . . • .. .-1

.

·

...

..

.·· ·

·t - - - 1

:::·:

5.0-5.9 6.0-6.9

Magnitude Richter

Perçu

jusqu'à km fZ7ZZ7/j

...

".··

....

7.0-7.9 8.0-8.9

Figure 5. Fréquence, zone de dégâts et seuil de perception des lremblements de lerre. Représentation de la fréquence annuelle des 1remblements de 1erre â l'échelle mondiale par intervalles de magnitu- des, ainsi que de la zone des dégâts el du seuil de perception qui y sont asscociés. Comme les dégâts ne sont généralement observables qu'à partir de la magnitude 5, la zone des dégâts n'existe pas pour les magnitudes inférieures.

La probabilité de l'occurrence d'un grand tremblement de terre croît dans une région sismique donnée, s'il n'y en a plus eu depuis fort longtemps et, si d'après l'étude statistique, il aurait déjà dû avoir lieu. C'est sur la base d'une approche similaire que plusieurs grands tremblements de terre ont été prédits en Chine, entre 1971et1975. Pour une prédiction exacte des tremblements de terre en ter- mes de lieu, temps et force, il faut connaître et tenir compte de nombreux fac- teurs: par exemple la déformation du sol, des changements dans les niveaux

(14)

d'eau, des anomalies des champs magnétique, et électrique ainsi que des varia- tions dans la vitesse de propagation des ondes sismiques. Tous ces facteurs ne sont pas encore maîtrisés. Ils sont étudiés de manière intensive dans de nom- breux pays .. Même si quelques prédictions scientifiques ont été couronnées de succès, il faut se garder d'un excès d'optimisme, car le nombre d'échecs reste dominant. Une méthode pourra être considérée comme fiable lorsqu'elle per- mettra des prédictions sans trop d'erreurs.

L'intensité décrit les effets d'un tremblement de terre à la surface de la terre; sa valeur varie de lieu en lieu en fonction de la distance à l'épicentre et de la nature du sol. Ce n'est pas une valeur instrumentale, elle est déduite sur la base d'ob- servations durant et après le séisme. Cette notion peut être utilisée si l'on désire

Table de l'échelle d'intensité MSK 1964

Degré Force Effets du tremblement de terre sur:

Personnes Bâtiments Nature

I imperceptible non ressentis

II très légère ressentis sporadiquement

III légère ressentis nettement

avant tout par des personnes au repos

IV moyenne ressentis dans les fenêtres vibrent

maisons, réveille

V assez forte ressentis partout crépi des maisons se en plein air détache, objets suspen-

dus se balancent, tableaux de travers

VI forte frayeur cheminées et crépi crevasses isolées

endommagés dans terrain humide VII très forte beaucoup de personnes dégâts importants, avant glissements de

se réfugient en plein air tout à des bâtiments terrain isolés sur en mauvais état, des versants raides cheminées s'écroulent

VIII destructrice frayeur et panique beaucoup de maisons ancien- changement des nes subissent des dégâts, sources, glissements ruptures de canalisations de talus sur chaussée

IX dévastatrice panique gros dégâts sur bà- crevasses dans

timents peu solides, terrain, éboule- dégâts aussi à ments, beaucoup maisons bien bâties, de glissements ruptures de canali- de terrain sations souterraines

X anéantissante panique générale bâtiments en rails tordus, glisse·

briques détruits ments de terrains meubles sur versants, formation de nouveaux lacs

XI catastrophique peu de bâtiments modifications

résistent, canalisa- étendue du sol,

tions sautent tsunami•

XII grande catastrophe constructions au-dessus bouleversement

et au-dessous du sol de la topographie totalement détruites tsunami•

* Grande vague engendrée par un mouvement brutal du fond de l'océan au cours d'un séisme.

(15)

évaluer la force d'un tremblement de terre ancien, survenu à une époque où il n'y avait pas encore de données instrumentales, mais pour lequel on dispose d'une description minutieuse des dégâts. L'évaluation de l'intensité se fait de nos jours, en Europe, selon une échelle standardisée dite échelle M.S.K. 7 comprenant 12 degrés. Cette échelle est très semblable à celle utilisée dans le reste du monde appelée échelle de Mercalli8 plus ancienne. Signalons que, dans notre pays, le vaudois F. A. Fore! fut un pionnier en la matière. Associé à l'ita- lien M. S. de Rossi, il produisit en 1881 une échelle utilisée entre 1900 et 1964.

Cette échelle de Rossi-Forel était subdivisée en 10 degrés.

Toutes ces échelles permettent la même démarche, c'est-à-dire d'attribuer une valeur - l'intensité - à des dégâts spécifiques. Un tremblement de terre est net- tement ressenti à partir de l'intensité III. De faibles dégâts sur les constructions sont probables à partir de l'intensité VI (MSK).

Les déformations du sol décrites dans les différentes échelles d'intensité peuvent se présenter sous différents aspects, comme le synthétise l'ancienne gravure de la figure 6. De tels phénomènes apparaissent principalement lors de forts tremble- ments de terre; en réalité, tous ne sont évidemment pas.observés simultanément.

Figure 6. Principales modifications morphologiques dues au comportement du sol, observées lors d'un tremblement de terre violent (d'après Sieberg, 1923). 1. Fissures dans le sol, 2. Crevasses, 3.

Effondrement en marches d'escalier, 4. Fossé d'effondrement, 5. Failles avec déplacement, 6. Glis- sement de terrain, 7. Effondrement de la côte ou des berges, 8. Etangs, indication de dislocations souterraines, 9. Côte ou berge exondée, 10. Lit de rivière asséché, 11. Formation d'une chute d'eau, 12. Obstruction d'une rivière. donnant naissance à un lac, 13. Chute de terre, 14. Infiltration d'un cours d'eau, 15. Epanchement de boue à partir d'une faille, 16. Cônes de boue.

7 D'après V. Medvedev, W. Sponheuer et W. Kamik. Ces auteurs ont préparé cette échelle en 1964 pour le compte de la Commission Européenne de sismologie.

s D'après l'italien G. Mercalli (1902).

12

(16)

Figure 7. Carte d'isoséistes pour le tremblement de terre de Messine de 1908 (Sieberg, 1923). On reconnaît à gauche la Sicile avec !'Etna et sur la droite la Calabre. Les lignes d'égale intensité (iso- séistes) se distribuent autour de l'hypocentre (H). Celui-ci se situait à environ 10 km de profondeur et son épicentre (E) à proximité de la ville de Messine. Dans la zone épicentrale, l'intensité maximale observée était de XI.

Les intensités ( = dégâts) observées peuvent varier fortement d'un lieu à un autre; elles montrent toujours une répartition cohérente, ce que révèle la figure 7 du tremblement de terre historique de Messine. L'intensité la plus élevée, c'est- à-dire les dégâts les plus importants, s'observe toujours dans la zone épicentrale.

L'intensité diminue en s'éloignant du centre du tremblement de terre. On note aussi que la répartition des isoséistes (lignes d'égale intensité) n'est pas concen- trique par rapport à l'épicentre; elle montre certaines irrégularités. Celles-ci sont dues à l'influence du sous-sol ou à un mécanisme particulier du tremblement de terre. C'est la raison principale de la différence des dégâts observée entre des localités voisines dans le cas d'un tremblement de terre intense. Le tremblement de terre survenu en 1985 au Mexique a même montré que la ville de Mexico, pourtant située à 350 km de l'épicentre, mais construite sur un sol meuble' parti- culièrement défavorable, a: été frappée plus durement que la région de la côte ouest située sur l'épicentre.

La magnitude, l'intensité et l'étendue de la zone des dégâts sont normalement liées. En d'autres termes: plus un tremblement de terre est fort, plus la zone des dégâts est vaste. On définit la zone des dégâts par la surface dans laquelle on observe des intensités égales ou supérieures à VI. La relation magnitude - gran- deur de la zone des dégâts se déduit de la figure 5. Un tremblement de terre de magnitude de 5 à 6 dans l'échelle de Richter aurait une zone sinistrée de la dimension du canton de Zurich et serait certainement ressenti dans toute la Suisse. De telles informations sont utiles pour connaître l'étendue de la zone affectée et évaluer les mesures d'aide appropriées.

(17)

5. Le risque sismique

Le risque sismique est déterminé pour l'essentiel par trois facteurs qui doivent être considérés séparément:

1. Le danger sismique objectif (c'est-à-dire la fréquence en un lieu donné, dans un intervalle de temps donné, d'un tremblement de terre d'une intensité sis- mique donnée).

2. La vulnérabilité des constructions (c'est une mesure de la résistance des cons- tructions aux ébranlements).

3. Les pertes possibles (c'est-à-dire pour un tremblement de terre, les pertes pro- bables en personnes et en biens).

Si pour une région, la fréquence des tremblements de terre est connue (voir cha- pitre 4), il est possible, à l'aide de cartes géologiques spéciales, de définir les zones sismogénétiques9· En tenant compte de l'atténuation des ondes de choc, en fonction de l'éloignement de l'épicentre et de la nature du sous-sol, on peut établir des cartes du danger sismique comme celle qui existe pour la Suisse10 depuis 1978. A l'aide de telles cartes, on peut, pour un lieu déterminé, déduire la probabilité d'occurrence d'un séisme d'une certaine intensité, qui est représenta- tive d'un modèle de dégâts type. On se réfère à ce type de carte lors de la défini- tion des normes de sécurité.

La vulnérabilité des bâtiments dépend de divers facteurs, qui vont de la qualité des fondations à l'aménagement intérieur en passant par le choix des matériaux et le mode de construction. Elle peut être minimisée essentiellement par le respect de mesures de construction appropriées, simples ou complexes.

De même, il est possible de réduire de manière décisive le nombre de victimes par un comportement adéquat durant et après un tremblement de terre (voir Règles de comportement à la page 23 de cette brochure).

En plus des dommages directs, il faut aussi tenir compte, lors de l'estimation du montant des dommages, d'autres effets comme la paralysie de la production et des services. Le cas des Etats-Unis paraît très révélateur, pour illustrer l'effet des tremblements de terre et leurs conséquences économiques à long terme. Depuis 1900, ce pays a subi un dommage global de plus de 15 milliards de dollars. Il est intéressant de noter que ce sont des tremblements de terre de force moyenne qui ont provoqué le plus de dommages; leur fréquence est en effet supérieure à celle des tremblements de terre plus violents. Cela signifie aussi, qu'avec un mini- mum de mesures de protection contre les tremblements de terre moyens, il est possible de réduire considérablement le montant global des dommages. Cette conclusion ressort de nombreux cas de tremblements de terre; les assurances en tiennent naturellement compte dans la définition de leurs primes.

9 Région caractérisée par une activité sismique particulière.

JO Carte du risque sismique en Suisse, Carte géophysique No 8, disponible auprès de !'Office fédéral de la topographie, Wabern.

14

(18)

6. Importance du danger sismique en Suisse

Par expérience, on peut s'attendre en Suisse, sur une période de 10 ans, aux fréquences de temblements de terre suivantes:

Nombre moyen de tremblements de terre en 10 ans:

1000 100 10 l 0,1

Magnitude Ech. de Richter 2

3 4 5 6

Intensité maximale Echelle MSK II-III IV V-VI

vu

VIII-IX

(pas ressentis) (légèrement ressentis) (fortement ressentis) (dégâts légers) (dégâts moyens) Des tremblements de terre jusqu'à une intensité VIII, et dans quelques cas IX, se sont déjà produits dans l'histoire de la Suisse. La carte de la figure 8 montre la répartition des tremblements de terre au cours de ces derniers siècles. Les chro- niques citadines ou paroissiales constituent les sources d'informations histori- ques les plus intéressantes. Les dégâts et les conséquences y sont souvent décrits sous une forme expressive, mais pas toujours de manière fidèle. Le célèbre trem- blement de terre de Bâle du 21 octobre 1356, relaté dans de nombreux ouvrages, est le tremblement de terre le plus fort jamais ressenti en Europe centrale. Les annales de l'Hôtel de ville le rapportent dans les termes suivants: «On doit savoir que la ville fut ébranlée et détruite par un tremblement de terre; plus aucune église, tour, maison de pierre ne restèrent entières dans la ville et ses environs, et tout fut grandement perturbé. De nombreux châteaux dans plu- sieurs villes s'effondrèrent.» L'incendie qui suivit dans la ville fit rage durant environ une semaine; il augmenta les dommages de manière notable. Dans un rayon de 30 km, plus de 20 châteaux furent endommagés. Des dégâts furent même observés à plus de 300 km de distance en Bourgogne, où l'on a pu cons- tater que les fortifications des villes étaient touchées. Sur la base de ces infor- mations, on peut soigneusement évaluer le dommage global, même si le mode de construction du Moyen-Age n'est pas très bien connu. Il est de plus possible, d'après les descriptions, de déduire que l'intensité du séisme dans la zone épicen- trale qui se trouvait au sud de Bâle a atteint une intensité d'au moins IX sur l'échelle MSK. Remarquons cependant que la majorité des tremblements de ter- re les plus intenses qui se sont produits durant ces deux derniers siècles ont eu lieu en Valais. La table des tremblements de terre les plus forts de Suisse le dé- montre bien (cf. p. 17).

Une schématisation de la carte du risque sismique de Suisse de 1978, est pré- sentée dans la figure 9 et fait apparaître 4 zones à risque. Elle est basée sur la prise en compte de tous les tremblements de terre connus en Suisse de 1200 à nos jours. Si le nord de la Suisse possède une zone à faible danger sism.ique, le Valais, par contre, correspond à la zone de danger le plus élevé. Exprimé en d'autres termes, la carte indique, que dans les zones l, 2, 3 et 4, on peut s'atten- dre à ce qu'un tremblement de terre ayant une intensité égale ou supérieure à VI survienne 1, 2, 3 et 4 fois par siècle. Relevons cependant que la zone 4 présente 15

(19)

40

0

Figure 8. Distribution des tremblements de terre en Suisse et dans les régions avoisinantes de 1 'an l()JO à nos jours. La dimension du symbole est fonction de l'intensité. Les cercles ouverts caractéri- sent les tremblements de terre d'avant l'an 1900, les cercles pleins ceux d'après.

0

ERDBEBEN SEISMES SISMI 1000 -1975

Ü VIRL1'0flX Ü VllLfofVlll 0 VILic,fVll (ab1750)

o V, Ic,fVI fob1750)

\~

10011.m

(20)

un danger sismique plus faible comparativement à des régions sismiques comme l'Italie et la Grèce. Il en va tout autrement si l'on considère les risques en termes de dommages possibles. En Suisse, un tremblement de terre extrêmement rare comme celui de 1356 à Bâle (intensité de IX) occasionnerait aujourd'hui dans cette région des dégâts de l'ordre du milliard de nos francs. Il convient de relever qu'il n'existe aucune région de Suisse qui soit exempte de danger sismique.

Table des tremblements de terre

les plus marquants de Suisse de 1850 à nos jours Date

1853 1855 1855 1855 1855 1857 1874 1880 1881 1881 1885 1898 1898 1898 1905 1905 1905 1910 1915 1924 1925 1929 1'933 1946 1946 1946 1960 1964 1964 1971

11 août 25 juillet 26 juillet 28 juillet 28 octobre 28 août

1 décembre 4 juillet 27 janvier 25 novembre 13 avril 22 février

6mai 14 juin 29 avril 13 août 25 décembre 26mai 25 août 15 avril

8 janvier 1 mars 12 août 25 janvier 26 janvier 30mai 23 mars 17 février 14mars 29 septembre

Région

Soleure, Vallée de 1' Aar St-Nicolas, Vallée de Viège St-Nicolas, Vallée de Viège St-Nicolas, Vallée de Viège St-Nicolas, Vallée de Viège Tarasp, Vulpera

Zermatt, Vallée de Viège Brigue, Haut-Valais Berne

Monthey

Zweisimmen, Simmental Grandson, Yverdon Frutigen, Kandertal Sargans, Vaduz Chamonix, Martigny Chamonix, Martigny Churwalden, Thusis Delémont

Martigny, St-Maurice Brigue, Vallée de Viège Orbe, Yverdon Molondin, Donneloye Moudon

Col du Rawil, Valais central Col du Rawil, Valais central Sierre, Sion

Brigue, Vallée de Viège Sarnen, Kerns

Sarnen, Kerns

Naefels, Mollis, Glaris

Intensité (MSK) VII IX

VIII

VII VII VII VII VII VII VII VII VII VII VII VII , VII VII VII VII VII VII

VIII

VII

VIII

VII VII VII VII VII VII

(21)

0 1

~2

~3

[[[]]4

Figure 9. Carte du danger sismique en Suisse schématisée en quatre zones dans lesquelles règne un danger relativement 1. faible, 2. modéré, 3. moyen et 4. plus élevé.

7. Réactions des constructions aux tremblements de terre

Les bâtiments (par exemple des maisons basses, des entrepôts) sont normale- ment construits pour qu'ils puissent supporter leur propre charge et que celle-ci soit répartie régulièrement sur les murs des fondations. Dès lors, ils sont en général relativement bien protégés contre les forces addilionneJles verticales des tremblements de terre.

n

a été prouvé que les tremblements de terre provoquent des oscillations dans le sous-sol, qui peuvent agir horizontalement sur les fonda- tions. Les bâtiments sont des structures relativement rigides présentant peu de souplesse par rapport à ce type de forces. Or, c'est justement dans la direction horizontale que se développent les contraintes les plus grandes. C'est générale- ment contre ce type de contraintes que les bâtiments sont les moins bien proté- gés. Suivant la direction des contraintes, on observe des dégâts très typiques. La figure 10 tirée d'un ancien ouvrage illustre parfaitement cela pour des maisons anciennes.

18

(22)

Figure 10. Dégâts typiques sur d'anciennes maisons, pour des intensités croissantes, en fonction de la direction de la contrainte principale: 1 - 3 perpendiculairement aux fondations, 4 - 5 parallèle- ment aux fondations et à la longueur de la maison, 6 - 8 parallèlement aux fondations et à la lar- geur de la maison (Sieberg, 1923).

Examinons quelques-uns des principaux facteurs qui jouent un rôle important dans le développement des dégâts lors d'un tremblement de terre. Le type de construction, et principalement ses fondations, constitue le facteur le plus important. Tout bâtiment qui possède, soit une structure horizontale, soit une structure verticale non symétrique, est d'emblée plus dangereux. Les dégâts potentiels· augmentent lorsqu'un bâtiment élevé est accolé à un plus petit. Ils augmentent également si par exemple des piliers, des parois et des cages d 'ascen- seur ne sont pas posés symétriquement au plan horizontal. De tels bâtiments oscillent ou réagissent de manière complexe, rendant tout calcul exact du com- portement difficile, voire impossible. L'exécution des travaux de construction et la qualité des matériaux jouent ensuite un rôle important. A cet égard, un con- trôle est très difficile. En général, un bâtiment possède au maximum la sécurité de son élément le plus fragile! L'expérience acquise lors des grands tremble- ments de terre de ces dernières années dans la région méditerranéenne et en Amérique du Sud a montré qu'une grande partie des dommages est liée à la

(23)

négligence· dans l'application des règles fondamentales de construction, en parti- culier par manque de contrôle dans leur application. Les méthodes de construc- tion actuelles permettent d'appliquer toute une gamme de mesures efficaces. On peut ainsi, avec un investissement raisonnable, minimiser les dégâts ou au moins éviter un effondrement total. Une construction totalement p;:uasismique serait cependant hors de prix.

"'

•Cl)

bO Cii

s s

0

"c::I

r:: Cl)

...

r:: Cl)

5

10 ... ....

.2

"'

...

r:: Cl)

...

<Cii

.c

Cl)

"c::I

-3-

1 VII VIII IX X

1-2

3-5 6-9

Figure 11. L'ampleur du dégât.

Pourcentage des bâtiments fortement endommagés en fonction de l'intensité.

L'influence du type de construction et des mesures parasismiques est très marquée.

1. Sans murs renforcés.

2. Béton armé.

3. Constructions en acier. 4. Murs renforcés.

5. Béton armé .

6. Constructions avec des murs lourds 7. Constructions en bois .

8. Constructions en acier.

9. Murs renforcés .

1 - 4 Construction sans mesures parasismiques 5 - 9 Construction avec mesures parasismiques

Intensité (Echelle MSK)

Par ampleur des dégâts, on entend, en général, la proportion des bâtiments endommagés pour une région donnée. Les valeurs de l'ampleur des dégâts peu- vent varier fortement suivant l'intensité des tremblements de terre et la vulné- rabilité du type de construction. Si l'on classe les constructions d'après des types standards, comme dans la figure 11, on observe que l'ampleur des dégâts suit une évolution caractéristique. Cette représentation tient uniquement compte des intensités comprises entre

vn

et X, car ce n'est que pour elles que l'on dispose de données fiables. Ce qu'il y a de remarquable, c'est beaucoup moins la diffé- rence attendue en terme de dégâts entre les types de constructions, que l'in- fluence très positive des méthodes de construction parasismiques, c'est-à-dire la diminution calculable de la vulnérabilité. Des mesures de construction parasis- miques sont généralement déjà prises si l'on respecte les règles de construction traditionnelles. Pour des constructions importantes, compliquées ou fonction- nelles, des calculs appropriés sont vivement recommandés. Les normes de cons- truction suisses (SIA) donnent, dans pratiquement tous les cas de constructions normales, des renseignements quant aux mesures à prendre.

20

(24)

8. Le risque sismique des constructions spéciales.

L'application de manière appropriée des normes de construction selon le zonage sismique simplifié tel qu'il est représenté dans la figure 9, est généralement suffi- sante pour la majorité des cas qui doivent satisfaire à une protection minimale contre les effets d'un séisme. Il existe cependant des constructions pour les- quelles la législation exige des mesures de protection particulières. Parmi ces constructions sont inclus les centrales nucléaires et Les barrages. Dans ces deux cas, le risque acceptable et prévu par la législation est nettement plus faible que celui prévu pour des constructions normales. Pour les centrales nucléaires, les normes de construction édictées par la législation en vigueur sont telles qu'elles ne vont subir aucun dommage important, si elles sont soumis·es au séisme le plus intense qui puisse se produire sur une période de IO 000 ans (ou en d'autres ter- mes celui qui se produit avec une probabilité de 1 o/o sur un siècle). On se réfère à la notion de séisme de sécurité11 pour lequel la centrale reste «étanche» et per- met encore le déclenchement normal de toutes les installations. Dans le nord de la Suisse, on rencontre, suivant l'emplacement de la centrale, une intensité cal- culée allant de VII à IX. Ceci implique des accélérations du sol de 150/o à 30% de l'accélération terrestre. Comme les calculs dynamiques13 et les mesures de cons- truction sont très coûteux, il existe souvent des divergences de vue entre les autorités délivrant le permis de construire et l'exploitant de l'installation.

La majorité des barrages en Suisse, contrairement aux centrales nucléaires, se trouvent dans la région alpine, région qui présente relativement un grand danger sismique. On a tenu compte de l'influence d'un séisme sur le barrage et son envi- ronnement, en fonction des connaissances qui existaient lors de sa construction.

En général, on additionnait une charge statique supplémentaire dite charge de compensation de tremblements de terre11, qui représente environ IO à 15% du poids propre du barrage. Aujourd'hui, grâce aux ordinateurs puissants, on peut utiliser des programmes très élaborés pour calculer les effets dynamiques13 sur un barrage ou une digue.

D'autres constructions spéciales, comme les tours de forage, les oléoducs, les gazoducs et les installations de fabrication et de stockage de produits chimiques peuvent être détruites ou perturbées lors d'un tremblement de terre et causer des dommages importants à l'environnement. Citons les efforts entrepris ces derniè- res années pour connaître le risque sismique à proximité des plateformes de fo- rage en Mer du Nord Dans tous les cas, des mesures spéciales sont nécessaires pour amener le risque à un niveau acceptable. Cependant, la notion d'acceptabi- lité doit être définie de cas en cas et peut conduire à des polémiques.

11 Imposé par la législation.

12 Calcul de la déformation d'une construction en admettant une charge constante.

13 Calcul du comportement oscillatoire d'une construction sous l'action d'une excitation ondula- toire.

(25)

Dans le cas de l'entreposage souterrain des déchets nucléaires, il est très impor- tant de pouvoir estimer les mouvements intrac.rustaux très lents qui se dévelop- pent sur des périodes très longues (par exemple sur plus de 100 000 ans). Des prévisions sur la sécurité géologique de tels dépôts, ne sont réalisables qu'après de nombreuses années d'étude du sous-sol, avec des méthodes très sophisti- quées. En Suisse, de telles méthodes ont été introduites et appliquées depuis quelques années pour évaluer ce risque.

En résumé, seule une observation permanente et des mesures de construction appropriées basées sur une quantification du risque, permettent de minimiser les effets d'un tremblement de terre. En Suisse, on a déjà réalisé des progrès appré- ciables; cependant des recherches dans ce domaine sont encore nécessaires dans le but d'accroître la fiabilité des méthodes de prédiction du danger et du risque sismique.

9. Comment peut-on se protéger des tremblements de terre?

La probabilité qu'un tremblement de terre destructeur se produise en Suisse est très faible. li faut cependant tenir compte de tremblements de terre qui peuvent occasionner des dégâts faibles à modérés. Chacun peut se protéger individuel- lement et de manière efficace contre de tels séismes. Un certain nombre de règles de comportement ont été élaborées à cet effet et se sont avérées appropriées dans la pratique (cf. p. 23). En règle générale, les séismes se manifestent par des ébranlements violents et de courte durée; il est donc très important de réagir rapidement et de manière pondérée. Dans d'autres pays à haut risque sismique, comme par exemple l'Italie ou le Japon, ces règles de comportement, quoique adaptées aux conditions locales, sont très similaires à celles qui ont été conçues pour la Suisse.

10. Expérience de l'aide en cas de catastrophe14

En Suisse, des tremblements de terre catastrophiques sont peu probables.

Cependant, l'expérience acquise à !'étranger lors de catastrophes majeures peut être utile à différents points de vue. Chaque catastrophe a une signature particu- lière, ce qui rend difficile l'établissement de règles générales de comportement devant l'événement. Quelques règles découlant des expériences acquises par le Corps s·uisse pour l' Aide en Cas de Catastrophes (ASC) sont présentées ci-des- sous:

L'intervention en cas de catastrophe peut se subdiviser en trois phases principa- les:

1. La phase de survie qui peut s'étendre de quelques heures à quelques jours après la catastrophe. Elle comprend au prenüer plan des travaux de sauvetage, l'assistance aux blessés et l'inventaire des dégâts.

14 Contribution de T. Frisch, membre du Corps suisse pour l' Aide en Cas de catastrophes.

22

(26)

Règles de comportement lors d'un tremblement de terre

Mesures de prévoyance

- Réfléchir aux mesures de prévoyance que l'on peut prendre et au comporte- ment à adopter en cas de tremblements de terre.

- Repérer les principaux interrupteurs électriques et robinets d'eau et de gaz.

Désigner les personnes capables de les manier et s'assurer de leur formation (demander des explications au responsable du bâtiment).

- Inspecter les bâtiments et les appartements (au domicile et au travail), l'état des cheminées, des tuyaux de poêle, des tuiles du toit et des lambris sur les murs et les plafonds. En cas de défectuosités, faire le nécessaire pour y remédier.

- Disposer, à un endroit bien visible, des numéros de téléphone importants (police, service du feu, médecin, hôpital, etc ... ); placer une fiche conte- nant ces informations près du téléphone et dans les bagages de secours.

- Préparer un bagage de secours contenant des papiers d'identité, les médica- ments personnels, etc . . .

Comportement à adopter lors d'un tremblement de terre violent - A l'intérieur: s'abriter rapidement en un endroit sûr, par exemple:

dans l'embrasure d'une porte, sous une table, un bureau ou un lit solide, afin d'éviter les risques de blessure par des pièces de lambris et d'ameuble- ment mal fixées.

- Ne pas se précipiter vers les sorties.

- A l'extérieur: chercher refuge dans les grands espaces, loin des immeubles une distance correspondant au moins à la demi-hauteur de la construction).

Mesures à prendre après un tremblement de terre

- Rester calme: vérifier s'il y a des blessés dans le voisinage et, le cas échéant, les secourir.

- S'attendre à d'autres secousses.

- Ne pas commencer les travaux de déblayement trop tôt.

- Se méfier des débris pouvant tomber des toits; s'éloigner des immeubles.

- Ne pas se servir inutilement du téléphone, le réseau devant rester à la dispo- sition des services de secours.

- Détecter les foyers d'incendie qui pourraient couver dans l'immeuble et les environs (cheminées, courts-circuits, conduites de gaz endommagées). Dans la mesure du possible, éteindre les foyers d'incendie et/ou les signaler au service du feu.

- Identifier les dégâts au bâtiment et informer la police ou le poste chargé de centraliser les informations si les dégâts sont susceptibles d'entraîner des dangers.

- Ne pas circuler en voiture pour se rendre compte des dégâts: l'action des pompiers et des équipes de secours ne doit pas être entravée.

- Suivre les instructions du service d'ordre, de sauvetage et des premiers soins.

(27)

2. La phase de consolidation, dont la durée va de quelques jours à quelques mois. Dans cette phase, la priorité est accordée aux besoins de survie: approvi- sionnement en eau potable, en nourriture, organisation de lieux d'hébergement, travaux de mise en ordre et de reconstruction provisoire d'infrastructures, etc ...

3. La phase de reconstruction: celle-ci va de quelques mois à quelques années après la catastrophe. La tâche la plus importante porte sur la mise en état défini- tive des infrastructures et la reconstruction des bâtiments publics et des habita- tions. On tiendra compte tant des aspects économiques que des aspects sociaux.

Relevons qu'en principe le passage d'une phase à une autre est souple.

Il existe dans toutes ces phases des problèmes qui méritent attention. Le recen- sement des victimes, des dommages et des besoins est très difficile au début des, opérations de secours, les communications étant souvent interrompues et les moyens de transport insuffisants. Les appels et les informations dans les premiè- res heures après la catastrophe arrivent souvent très tard, ou sont erronés ou encore incomplets. L'établissement rapide des disponibilités, par un diagnostic objectif sur les lieux, est déterminant dans cette phase, afin d'éviter la mise en oeuvre de moyens ou l'envoi de produits de secours inappropriés.

Une intervention rapide après une catastrophe est impérative. Il faut sauver les survivants. Cette tâche revient généralement à la population locale. Depuis 1982, la Suisse dispose d'une organisation de secours intégrée pour une aide immédiate à l'étranger. Cette chaine de sauvetage suisse est depuis, intervenue à plusieurs reprises avec succès. Elle comprend le Corps suisse pour l' Aide en cas de catastrophes, la Garde aérienne suisse de sauvetage, la Société suisse pour chiens de catastrophe, !'Office fédéral des troupes de protection aérienne et la Croix Rouge suisse. Ainsi, en quelques heures après une alarme, il est possible d'envoyer du personnel, des équipements et des produits de première nécessité pour la localisation, le sauvetage et l'assistance. Alors que l'aide immédiate est généralement supervisée par un état-major de crise ou par l'armée, la recons- truction à moyen et long terme se fait sous la responsabilité des organisations et des ministères locaux responsables. Suivant les besoins, les états touchés reçoi- vent une aide supplémentaire de la part d'organisations internationales, comme la Croix Rouge internationale, l'Organisation de l'aide en cas de catastrophes des Nations Unies ou encore d'organismes d'entraide suisses ou étrangers.

Un principe important pour le secouriste étranger est de contribuer, en collabo- ration avec les différents partenaires opérationnels, à la mobilisation des sinis- trés et à leur auto-organisation. Le danger d'une nouvelle dépendance doit être évité par la valorisation des forces locales. L'initiative et la capacité d'agir des sinistrés et des secouristes peuvent faire de réels miracles. La catastrophe est toujours une expérience traumatisante pour tous les partenaires. La maîtrise de la situation et la mise en oeuvre d'un programme de développement solidaire offrent une réelle chance de renouveau.

24

(28)
(29)

0

Références

Documents relatifs

Cette influence doit être du mêrne genre que celle des rnurail- les d'un édifice. Dans le Valais, par exetnpleo qui est une lon- gue vallée enfermée entre deux

Exemple: Le Pr Cooke-Andresen réalise un modèle de la faille de San Andreas: voyez comment, avec son étudiante, elle reproduit la géométrie de la faille (avec une

L’analyse spectrale non itérative est une méthode de dimensionnement des structures non linéaires sous la forme d’oscillateurs simples, en considérant directement un diagramme

Mais attention, si cette première étape rime avec enthousiasme, la lucidité est de mise lors de sa réalisation: est-ce que je souhaite toute une maison, un appartement, ou

Les prés et les champs de Brigue-Bergue, et aussi ceux de la plaine tant du côté de Naters que de Glise 2 ont été partie emportés par la rivière et le courant des torrents qui

Ces observations sont essentielles pour différentier des zones de sismicité homogène en vue de l'analyse du danger sis- mique, car pour une même magnitude, plus un tremble- ment

Ensuite la pendule Riefler a repris sa marche primitive, tandis que la pendule Leroy a conservé un léger retard (0,004 seconde).. Comment expliquer les arrêts de pendules

La mesure de l’élongation d’un ressort vertical au bout duquel est suspendue une masse permet de mesurer les variations du champ de pesanteur.. Si le champ de pesanteur terrestre