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Bois sacrés grecs et monuments

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Il peut paraître bizarre de ne pas s’intéresser en priorité aux arbres englobés dans un bois sacré grec, mais à ses monuments — d’autant que tous les bois sacrés ne possédaient pas de constructions, loin de là. En fait, toute personne qui étudie les monuments édifiés dans un sanctuaire grec finit, tôt ou tard, par s’intéresser à cette composante du sanctuaire qu’est le bois sacré et, de là, aux monuments qu’il pourrait renfermer ou — plus souvent, semble-t-il — côtoyer.

Précisons d’emblée que l’étude qui suit ne concerne que les « véritables » bois sacrés, sûrement identifiés comme tels, car nommés alsos. Considéré par les anciens Grecs comme étant à la limite entre le monde sauvage et celui de la culture, l’alsos est plus clairsemé qu’une forêt et semble avoir été entretenu, jusqu’au remplacement des vieux arbres ou bosquets par de nouvelles plantations. Un colloque tenu à Naples1 en 1989 a bien souligné que, parmi les groupes de végétaux associés à une divinité, les Grecs faisaient une différence entre un bois et un jardin (kèpos, où sont cultivés des fleurs, parfois des arbres fruitiers ou encore des légumes), un parc à la mode orientale (le paradeisos, où évoluent aussi des animaux), une forêt (hylè, archétype de la nature sombre et sauvage, voire angoissante). On laissera également de côté le cas de l’île de Chypre où existaient des arbres sacrés et un véritable culte de l’arbre, inhabituel en Grèce, mais dont témoigne par exemple le sanctuaire d’Apollon Hylatès à Kourion : ici, en plus d’un alsos pour animaux sacrés connu

1 - [Les traductions des textes grecs sont celles données dans la CUF, parfois avec des changements personnels] 1. CAZANOVE O., SCHEID J. (1993), voir surtout GRAF Fr., Bois sacrés et oracles en Asie Mineure, p. 23-29, et JACOB Ch., Paysage et bois sacré, alsos dans la Périégèse de la Grèce de Pausanias, p. 31-44.

par Elien, De Nat. Anim., 11, 7, et apparemment situé dans la partie Est du sanctuaire, fut découverte dans la cour centrale une aire circulaire dallée d’un type unique, qui renfermait quelques arbres et n’a pas été conservée lors de la réorganisation des lieux au Ier s. av. J.-C.2

Il était inévitable que les bois sacrés grecs ne soient que rarement parvenus jusqu’à nous ; ils sont principalement connus par les sources littéraires, non sans inconvénients. Chez un auteur du registre poétique la mention d’un alsos risque toujours d’être plus ou moins un topos, un lieu commun assez éloigné de la réalité ; d’ailleurs, pour quelques auteurs un alsos peut même ne pas contenir d’arbres, ce serait juste un enclos (par ex. dans Iliade II, 506). Des auteurs comme Strabon ou Pausanias sont supposés a priori être plus fiables, mais leurs raccourcis d’expression sont délicats à interpréter. Comment faut-il comprendre ce passage de la Périégèse, VII, 23, 9 : « à Aigion il y a en outre un temple d’Athéna et un bois sacré d’Héra. D’Athéna, il y a deux statues en marbre blanc ; la statue d’Héra, il n’y a que des femmes qui puissent la voir » ? Est-ce à dire que la statue d’Héra est dans son bois sacré, comme il est explicitement formulé dans d’autres paragraphes de la même Périégèse, et quelle est la localisation du bois d’Héra par rapport au temple d’Athéna, est-il dans le sanctuaire d’Athéna, ou à côté ? De toute façon, si Pausanias signale un bois sacré sans évoquer d’éventuels monuments, cela ne signifie pas qu’il n’y en avait pas à l’intérieur, mais — tout simplement — qu’il ne les a pas jugés 2 - SOREN D. (1986) - The Apollo Sanctuary at Kourion, in Karageorghis V. (ed.), Acts of the International Archaeo-logical Symposium “Cyprus between the Orient and the Occident”, Nicosia, 1985, Nicosie 1986, p. 393-409.

Bois sacrés grecs et monuments

Marie-Christine HELLMANN

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Cahiers des thèmes transversaux ArScAn (vol. VI) 2004 - 2005 Tables rondes : « Bois Sacrés » « remarquables » (epifanestata : c’est l’adjectif qu’il

emploie à propos de choses vues à Lébadée) ou, pour reprendre une de ses expressions favorites, « dignes d’être vus ». Pausanias n’est pas le seul à pratiquer ce genre d’omission ; ainsi, l’inscription du sanctuaire de Sinuri près de Mylasa en Carie, qui mentionne un procès relatif à un bois sacré, n’autorise aucune supposition quant aux caractéristiques de l’alsos, dont nous ignorons le contenu3. Le recensement des bois sacrés avec ou sans monuments s’avère donc particulièrement difficile à faire.

Relevons d’abord qu’un bois sacré et un sanctuaire (hiéron, ou téménos) ont assurément des points communs. Étant tous deux des enceintes sacrées, ils doivent nécessairement être délimités, que ce soit par des bornes ou par un mur continu : le bois d’oliviers du sanctuaire d’Ajax, dans le port d’Égine, était entouré d’un mur de pierres blanches (Pausanias, II, 29 6 : cf. le cas de Lykosoura ci-dessous). Finalement, à l’instar d’un certain nombre de petits sanctuaires ceints d’un mur de péribole, un alsos peut lui aussi être considéré comme un enclos abaton, ce qui signifie que l’entrée y était interdite. Mais elle ne l’était pas pour tous, puisqu’il y a toujours des catégories de personnes qui ont qualité pour entrer dans un sanctuaire interdit ou dans un bois sacré interdit : « sur la route de Pellène... il y a un bois sacré entouré d’une muraille, consacré à Artémis Sôteira... il n’y a que les prêtres qui y ont accès » (Pausanias, VII, 27, 2). Néanmoins, un bois sacré peut aussi être privé d’entrée et se trouver dès lors interdit à tout être humain : à Mégalopolis, « il y a un enclos consacré aux Grandes déesses... à l’intérieur de l’enclos sacré, il y a un temple de Zeus Philios... Derrière ce temple il y a un bois sacré de médiocres dimensions, entouré d’une haute clôture ; les humains n’ont pas accès à l’intérieur » (Pausanias, VIII, 31, -1, 4, 5). Il y a tout lieu de penser que ce genre de bois ne renfermait aucun monument.

Autre point commun entre un hiéron et un alsos, l’existence de points d’eau à l’intérieur ou à proximité. Un nombre élevé de sanctuaires ont été créés à partir d’une source ou d’une résurgence de la nappe phréatique, et tous avaient besoin d’installations hydrauliques telles que puits, fontaines, citernes et canalisations dans tous les sens ; or, bien des bois sacrés sont également liés à des sources ou des cours d’eau4, et à des possibilités d’irrigation 3 - ROBERT L. (1945) - Le sanctuaire de Sinuri près de My-lasa I. Les inscriptions grecques, Paris 1945, p. 16-17. 4 - Cf. PLATON, Lois, VI, 761 bc : « s’il existe un bois sacré ou un sanctuaire dans le voisinage [les magistrats]

— même si l’irrigation devait être moins recherchée dans un alsos que dans un jardin ou un paradeisos. Enfin, un bois très apprécié dans une zone dénudée pouvait avoir donné l’idée de fonder un sanctuaire : selon Apollonios de Rhodes, Argonautiques IV, 1714-1716, c’est dans un bois d’un îlot des Sporades que les Argonautes avaient aménagé un enclos et un autel de cailloux, le rendant par là hièron, donc vraiment sacré.

C’est ainsi que certains bois sacrés se confondent avec un sanctuaire important et rempli de monuments, à commencer par celui d’Olympie (Fig. 1). En effet, selon Pausanias qui le décrit à date impériale (V, 10, 1 et suiv.), le terme Altis, couramment employé pour ce hiéron, ne serait qu’une altération5 d’alsos. Il était alors étendu au point d’englober deux temples, une douzaine de trésors, d’autres lieux de culte et un hérôon (le Pélopion) lui-même enclos et arboré, plusieurs dizaines d’autels et des ex-voto en tout genre, dont certains monumentaux... Toutefois, au moins jusqu’à la fin du VIIe s. av. n. ère, ce sanctuaire ne renfermait qu’un nombre très limité de constructions et présentait un aspect avant tout boisé, où se distinguait un olivier sauvage qui servait à la confection des couronnes pour les concours6. Le site d’Olympie montre bien que les Grecs ressentaient spontanément la présence du sacré dans des cadres naturels, qui ont ensuite motivé, dans une deuxième phase et peu à peu, des constructions. Dans le sanctuaire d’Asclépios à Cos, l’implantation en nombre de monuments au sein de l’alsos originel fut aussi progressive : seul un autel fut d’abord construit dans le bois de cyprès consacré à Apollon (qualifié, par conséquent, de dirigent, en toutes saisons, les eaux par des systèmes d’irrigation vers ces sanctuaires des dieux et, par cela, ils les ornent » ; Pausanias, VII, 5, 10 : « Dans la terre de Colophon se trouve un bois sacré d’Apollon, avec des arbres de frêne, et non loin du bois sacré le fleuve Alès, le plus frais de tous ceux qui sont en Ionie ». Le sanctuaire de Trophonios à Lébadée, où se trouve un alsos (Paus., IX, 37, 7 ; 39, 2 et 4 ; 39, 9), est également situé dans une zone très riche en eaux courantes : BONNECHÈRE P. (2003) - Trophonios de Lébadée, Cultes et mythes d’une cité béotienne au miroir de la mentalité antique, Leyde/Bos-ton 2003, p. 7, 8, 221.

5 - Si P. Chantraine exprime un certain scepticisme quant à l’étymologie d’Altis, ce n’est plus vraiment l’avis de M. CAZEVITZ, dans son commentaire à la Description de la Grèce, V, 10, 1 (CUF, 1999), p. 146 : les deux mots pour-raient dériver de la racine *al, « croître, nourrir », pour un « lieu fertile (boisé), à proximité de cours d’eau ». 6 - PAUSANIAS, V, 7, 6 ; SINN U., dans BIETAK M. (éd.), Archaische Griechische Tempel und Altägypten, Vienne 2001, p. 65-66.

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Kyparissios), bien avant l’extraordinaire extension du sanctuaire sur trois terrasses à partir du IIIe siècle av., toujours dans ce cadre verdoyant soigneusement préservé, au point qu’un règlement des années 400 interdisait la coupe impie des arbres « dans le téménos et à l’extérieur du téménos »7. La même remarque peut être faite à propos d’un secteur aussi arboré qu’Épidaure, qui s’est enrichi en constructions au fil du temps : au IIe s. de n. ère, selon Pausanias (II, 27, 5), « à l’intérieur de l’alsos8 [d’Asclèpios] il y a un temple d’Artémis, une statue d’Épionè, un sanctuaire d’Aphrodite et de Thémis, et un stade, comme chez les Grecs fait de beaucoup de remblais de terre, et une fontaine qui vaut la peine d’être vue, pour son toit et le restant de son décor » — précisons qu’il en omet beaucoup.

Mais la confusion hiéron = bois sacré est tout de même assez exceptionnelle. Elle n’existe pas dans le cas du « riche alsos » du sanctuaire de Didymes, planté selon Strabon (Géographie XIV, 1, 5) à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du péribole, donc en partie dans le sanctuaire, sur un côté du temple d’Apollon9, 7 - SCHATZMANN P., KOS I (1969) - Asklepieion, Baubes-chreibung und Baugeschichte, Berlin 1932 ; SOKOLOWSKI F.(1969) - Lois sacrées des cités grecques, Paris 1969, p. 250-252, n° 150.

8 - Les inscriptions relatives à cet alsos parlent plutôt d’un ou de plusieurs arbres, dendron : IG IV2, 121, l. 90-94, 120-212 ; : IG IV2, 123, l. 1-3 ; IG IV2, 618.

9 - TUCHELT K. (1973) - Vorarbeiten zu einer Topographie von Didyma, Istanbuler Mitteilungen Beih. 9, Tübingen

et en dehors. Pour sa part, Pausanias avait l’habitude de distinguer assez clairement les bois sacrés et les sanctuaires qui renferment des monuments, par ex. en les juxtaposant : « à Phlionte, sur l’acropole, il y a un alsos de cyprès et un hiéron très ancien [...], autrefois dit de Ganymèda, puis ensuite de Hébé » (II, 13, 30). Il remarque les bois, peu nombreux, qui sont situés dans l’enceinte d’un sanctuaire ; en plus de celui de Despoina dans le sanctuaire des Grandes déesses à Mégalopolis (cité supra), il a vu qu’à « une distance d’environ 60 stades de Pellène se trouve le Mysaion, un sanctuaire de Déméter Mysia fondé par Mysios, un Argien. Dans le Mysaion il y a un bois sacré avec des arbres tous semblables, et de l’eau jaillit en abondance de sources » (VII, 27, 9). En général, le bois sacré est plutôt situé à côté d’un sanctuaire, ou plus précisément autour :

- IX, 22, 5 : « à Anthédon il y a un hiéron des Cabires, avec un alsos autour, et à côté il y a un temple de Déméter et de sa fille ». On croit comprendre que le temple dans le hiéron ( ?), et le bois, autour ;

- VIII, 35, 6 : à faible distance de Mégalopolis, à Trikolônoi, « sur une colline, un sanctuaire de Poséidon (...) les arbres d’un bois sacré environnent le sanctuaire » ;

- VIII, 38, 2-8 : « il y a sur le Lycée un sanctuaire de Pan, avec, alentour, les arbres d’un bois sacré ». 1973, p. 92-94.

Fig. 1 - Un secteur de l’Altis d’Olympie, avec la terrasse des « trésors » et les restes du temple d’Héra. Cliché M.-Ch. Hellmann, 2005.

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Cahiers des thèmes transversaux ArScAn (vol. VI) 2004 - 2005 Tables rondes : « Bois Sacrés »

Ces notations vont de pair avec le fait que Pausanias parle souvent d’un bois sacré et d’un temple ou d’un autel (voire de plusieurs autels), ce qui, a priori, suggère une juxtaposition :

- II, 11, 4-5 : sur la route de Titanè « il y a un alsos de chênes et un temple [...] et un autel des Moires ; il y a un espace à l’air libre dans l’alsos » ;

- VIII, 23, 6 : « distant de Kaphyai d’environ un stade se trouve le site de Kondyléa, et là il y a un bois sacré et un temple consacré à une Artémis anciennement appelée Kondyléatis » ;

- VIII, 36, 5-8 : « il y a le temple de Déméter dite «au marais» et son bois sacré ; celui-ci est à 5 stades de la ville [Mégalopolis, dans la région de l’ancienne Ménalie] et l’entrée en est réservée aux femmes » ;

- IX, 24, 4 : à Kyrtôn (près de Hyettos), « construite sur une montagne, il y a un temple et un alsos d’Apollon, il y a aussi des statues d’Apollon et d’Artémis. Il y a là de l’eau fraîche, sortant du rocher. Près de la source il y a un hiéron des Nymphes et un alsos pas grand, dans lequel tous les arbres sont cultivés » ;

- X 33, 12 : à Tithorée « il y a un alsos et des autels d’Apollon ; ils ont aussi fait un temple, mais pas de statue ».

La formule « un temple (ou : des autels) et un bois sacré » est toutefois ambiguë. D’emblée, on a tendance à comprendre que ces constructions ne sont pas dans l’alsos mais dans le sanctuaire proprement dit, à côté du bois, comme il est assuré dans le cas du site de Lykosoura en Arcadie, ainsi décrit par Pausanias : « au-delà du Mégaron se trouve un bois consacré à Despoina, entouré d’un mur de pierres (...). Au-delà du bois sacré on voit des autels consacrés à Poséidon Hippios (...) et à d’autres dieux » (VIII, 37, 1-3). L’enclos cultuel appelé mégaron et les autels sont hors de cet alsos, qui a été retrouvé lui aussi sur le site, à l’écart des bâtiments, et ne semble pas avoir renfermé de construction. Néanmoins, en l’absence de données archéologiques, il est aussi possible de comprendre que le temple est dans le bois. Sur ce point Pausanias est parfois plus explicite et il lui arrive de dire clairement que le temple est bien à l’intérieur du bois — comme on l’a vu à Olympie ou à Épidaure, mais cette fois l’échelle est plus modeste :

- VIII, 54, 5 : sur la route de Tégée à Argos, un temple de Déméter se trouve dans un bois sacré de chênes ;

- X, 38, 9 : à Oianthéia [sur la côte près de Naupacte], « un peu en dehors de la cité il y a un alsos de cyprès mélangé à des pins, dans l’alsos il y a un temple d’Artémis et une statue » ;

- IX, 39, 4 : dans l’alsos de Lébadée, les choses les plus remarquables sont le temple de Trophonios, sa statue et (IX, 37, 7) un autel creux, ou fosse sacrée (dite bothros) d’Agamédès, avec une stèle à côté ;

- II, 15, 2 : « autour du temple de Zeus à Némée il y a un bois sacré de cyprès et c’est là, dit-on, qu’Ophèltès fut tué par le serpent ». Les fouilles ont montré que le bois originel, déjà connu de Pindare et d’autres auteurs, fut progressivement remplacé par des plantations de cyprès dans des fosses circulaires : on en a retrouvé vingt-trois, parfois datables du Ve et principalement du IVe s., entre le temple de Zeus et cette série de salles multifonctionnelles que les fouilleurs américains appellent les oikoi du sanctuaire10 (Fig. 2). Bien que nous n’en possédions aucune attestation littéraire, il est tout à fait possible que les sept trous rectangulaires qui étaient alignés, selon les fouilleurs, au Nord du temple d’Asclépios à Corinthe, aient contenu des arbres qui représentaient (symboliquement ?) un bois sacré, comme on l’a constaté aussi sur trois côtés du temple d’Héphaistos à Athènes, cette fois dans de grands pots en terre cuite (d’après leurs dimensions, plutôt pour des arbustes ou des buissons)11. En revanche, un bois sacré de lauriers et d’oliviers est bien mentionné par Stace (Thébaïde. 12, 481-509) autour du principal autel d’Athènes, l’Autel des douze dieux sur l’Agora, où ont été retrouvées des fosses de plantations et une conduite d’irrigation, peut-être associés.

Malgré une documentation lacunaire, difficile à interpréter, quelques points paraissent ressortir de cet examen : un bois sacré n’est pas censé, 10 - MILLER St. et al. (2004) - NEMEA, A GUIDE TO THE SITE AND MUSEUM, Athènes, surtout p. 185-186 et fig. 60. 11 - THOMPSON D. B. (1937) - THE GARDEN OF HEPHAIS-TOS, HESPERIA, 6, 1937, p. 396-424 ; ROEBUCK C. (1951) - Corinth XIV, The Asclepieion and Lerna, Princeton, p. 41 (fosses de ca 70 x 60 cm, prof. 40 cm). À partir de ces exemples assurés, des cyprès ont été supposés à Isthmia, de manière beaucoup plus hypothétique, entre l’autel de Poséidon et le stade : GEBHARD E. R., HEMANS F. P., Hespe-ria, 61, 1992, p. 64.

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de par sa nature, renfermer des monuments, et la majorité n’en a sans doute jamais possédé derrière sa nécessaire délimitation, mais le nombre de ces monuments, qui pouvaient aussi se trouver juste à côté du bois, s’est progressivement accru à l’intérieur. Si l’on en croit toutes ces attestations, il est permis d’attendre dans un alsos une ou des statues et, un peu moins souvent (d’après notre recensement, qui recoupe celui de Ch. Jacob pour Pausanias), un temple, qui peut ou non être périptère, ou encore des autels et, bien sûr, des installations hydrauliques (il peut y avoir des conduites et une krènè, un terme qui s’applique aussi bien à une fontaine qu’à un puits ou une citerne). C’est ce qui ressort également d’un autre paragraphe de Pausanias, visitant l’Achaïe : « les gens de Pharai, à une distance d’environ 15 stades de la ville, ont un bois sacré des Dioscures. Il y pousse surtout des lauriers, mais il n’y avait pas

de temple et pas non plus de statues : les gens du pays prétendent que les statues ont été emportées à Rome. À Pharai, dans le bois sacré, il y a un autel fait de pierres non taillées » (VII, 22, 5). Ce détail signe l’ancienneté de l’autel : ses pierres sont naturelles, comme le bois originel. Très rares sont les autres monuments, de la catégorie agonistique ou funéraire, que l’on peut attendre dans un alsos assez peu étendu, qui ne se confond pas avec un grand sanctuaire :

- Paus. VII, 21, 11 : près du port de Patras, il y a « au bord de la mer un bois sacré qui offre des emplacements pour la course (dromous) tout à fait appropriés et constitue en général un endroit agréable pendant la saison d’été. Dans ce bois, il y a aussi des temples consacrés à des divinités : l’un pour Apollon, l’autre pour Aphrodite (...). Attenant au

Fig. 2 - Sanctuaire de Zeus à Némée : le bois de cyprès (2) entre le temple de Zeus (1) et les oikoi (3). D’après Miller St., Nemea, A Guide, 2004, fi g. 60.

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Cahiers des thèmes transversaux ArScAn (vol. VI) 2004 - 2005 Tables rondes : « Bois Sacrés » bois se trouve un sanctuaire de Déméter » ;

- X, 12, 16 : « le mnèma de la Sybille est dans l’alsos des Sminthiens, en Troade. Un hermès carré est à côté du mnèma, et à gauche de l’eau file vers une krènè, et (il y a) les statues des Nymphes » ; cf. II, 2, 4 : « avant la ville de Corinthe il y a un alsos de cyprès appelé Craneion ; il y a là un téménos de Bellérophon, un temple d’Aphrodite Mélaenis et la tombe de Laïs, sur laquelle était une lionne serrant dans ses pattes avant un bélier ».

Il est clair que tombe et piste de course sont tout à fait accessoires : ce qu’on trouve normalement dans un alsos, ce n’est rien d’autre que le nécessaire de base qui puisse confirmer que le bois est bien « sacré », donc des temples, des autels et des aménagements hydrauliques.

Bibliographie :

CAZANOVE O. (de), SCHEID J. (éds.) (1993) - Les Bois sacrés. Actes du Colloque international organisé par le Centre Jean Bérard et l’EPHE, Naples, 1989. Naples, coll. Centre Jean Bérard, 10.

Figure

Fig. 1 - Un secteur de l’Altis d’Olympie, avec la terrasse des « trésors » et les restes du temple  d’Héra
Fig. 2 - Sanctuaire de Zeus à Némée : le bois de cyprès (2) entre le temple de Zeus (1) et les oikoi (3)

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