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L’US N° 710 • 27/08/2011 3

« Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »

JEAN JAURÈS

C E T T E S E M A I N E

Comment se présente la rentrée 2011 ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus d’élèves et moins de postes…

On sait que l’augmentation des effectifs sera désormais importante et conti- nue pour les 15 ans qui viennent par la simple arrivée dans le second degré des élèves nés à partir de 2000, année à partir de laquelle on a enregistré une forte augmentation de la natalité. Poursuivre donc, comme le gouverne- ment le prévoit, la

politique de sup- pression massive des emplois d’en- seignants dans le second degré est suicidaire.

A u g m e n t a t i o n

des effectifs par classe, disparition d’options et de dédoublements, tentatives accentuées pour imposer des heures supplémentaires, difficultés accrues pour assurer le remplacement des professeurs absents, sont donc au menu de cette rentrée, également celle des réformes largement contestées qui s’ins- tallent dans nos établissements.

Dans ce contexte, les déclarations récentes de notre ministre, revenant de Fin- lande comme le Père Noël mais sans cadeau, sonnent comme de nouvelles provocations. Parler d’amé-

liorer la formation continue des enseignants alors que les crédits qui y sont destinés baissent chaque année et que la formation continue est quasi exclusivement propo- sée en dehors du temps de travail, il faut oser. Parler d’in- dividualisation des enseigne- ments sachant que cela passe par des effectifs de classe plus faibles, le développement de l’aide individualisée et le soutien scolaire alors qu’on supprime des postes, c’est de la « com’ » et ce n’est pas de la politique. Parler d’heures de concertation dans le service des enseignants finlan-

dais comme une idée qu’il faut importer alors qu’il y a de plus en plus d’heures supplémentaires, c’est nar-

guer les enseignants. Par contre, oublier de parler du niveau de rémunération des enseignants finlandais, par rapport à celui des enseignants français (30 % de plus avec un temps de travail inférieur*), c’est sans doute un problème de mémoire... Rentrée toujours plus difficile, propos provocateurs de notre ministre, malheureu- sement tout cela a un air de déjà-vu.

Quelles réformes vous paraissent les plus emblématiques de cette politique ? Cette rentrée voit la mise en place de nouvelles étapes de réformes tous azimuts : lycée, col- lège, éducation prioritaire, orientation scolaire et renvoi au local de la gestion de la pénurie des moyens sous couvert de développement de l’autonomie des établissements... Tout cela peut paraître, pour l’opinion publique, un peu disparate et sou- vent frappé « du coin du bon sens » : mieux aider les élèves, améliorer l’orientation, garantir un minimum à tous, pro- mouvoir le mérite et l’excellence, écarter les plus perturbateurs, valo- riser l’initiative indivi- duelle qui serait brimée par un excès de centra- lisme. En fait, toutes ces réformes sont cohérentes. Elles s’inscrivent dans le renoncement assumé d’amener l’ensemble d’une génération aux qualifications les plus élevées possible ; mais aussi dans la volonté de désengager au maximum l’État de la formation des plus fragiles, de ceux dont on décide qu’ils ne peuvent espérer plus que le socle et dont il faut créer les conditions de leur acceptation tacite de ce constat. La réduction des coûts de l’éducation au titre de celle de la dette publique, sert donc ainsi d’alibi à une transformation radicale des missions du second degré.

Une telle politique conduit à des pres- sions supplémen- taires sur les person- nels, aujourd’hui sur leurs conditions d’emploi et de tra- vail, demain sur les

modalités de leur évaluation. Et que dire de l’intention ministérielle déclarée de réduire les vacances d’été ? Plus de semaines de travail pour les personnels, toujours plus de classes à prendre en charge au cours de l’année pour des missions de plus en plus larges et qui minimisent

ce qui fait le cœur de nos métiers. À qui cela sera-t-il profitable ? Sûrement pas aux élèves, toujours plus nombreux dans les classes, sommés de choisir le plus vite possible leur « orien- tation », écartés pour nombre d’entre eux de véritables enseignements structurants et formateurs.

Le SNES est porteur d’un autre projet pour les per- sonnels et pour les élèves.

Un projet qui impose une véritable rupture avec la

politique budgétaire actuelle bien sûr, mais aussi avec l’aventurisme de la déréglementation, de l’accroissement de l’autonomie, miroir aux alouettes qui rime avec mise en concurrence, ségrégation, abandon de territoires... Un projet qui veut renouer avec le fil de la démocratisa- tion interrompue par 20 ans de fausses pistes : on alimente la nostalgie d’un âge d’or qui n’a jamais existé, ou on remet en cause avec démagogie la structuration disciplinaire du second degré. Un projet qui redonne sens à nos métiers, qui rende la parole aux professionnels de l’édu- cation, qui recrée l’envie d’apprendre pour tous et développe l’ambition de chacun.

Quels enjeux pour l’année à venir ?

Les mois prochains pourraient préparer l’avènement d’un nouveau type de société, consacrant le triomphe de l’individualisme, d’une concurrence débridée, la fin des solidarités. Ce scénario, bien ancré dans les têtes de nos élites libérales, largement amorcé par l’ère Sarkozy, ne demande qu’à devenir réalité. C’en serait fini de ce que portaient, à la Libération, les promoteurs de réformes progressistes : des services publics réduits à la portion congrue ; une fonction publique investie de missions d’in-

térêt général, démante- lée ; le droit à la santé, les transports, l’éducation, relèveraient des moyens de chacun.

Les Français, dans leur grande majorité, sont conscients de ces enjeux et, en dépit de la drama-

turgie organisée par le gouvernement autour de la question de la dette, ils aspirent à un changement.

Dans le même temps, ils ne font que partiellement confiance à la gauche pour changer de cap, proposer une autre politique économique et sociale. C’est pourquoi le mouvement syndical doit jouer pleinement sa carte et construire une large mobilisation. Tous les salariés en paieront sinon le prix.

L’Éducation est, à plusieurs titres, emblématique ; emblématique de l’idéologie gouverne- mentale, accumulant les suppressions de postes, théorisant l’inégalité des aptitudes et le tra- duisant par ses réformes ; emblématique aussi par la résistance des personnels, attachés à l’idée de démocratisation, luttant dans les établissements pour garder le sens de leurs métiers.

Quelles que soient les décep- tions, quel que soit le trop peu de visibilité des résultats obte- nus, les combats menés dans notre secteur, alimentant une dynamique syndicale, ont fait obstacle au rouleau compresseur libéral.

L’obstination de la FSU à rassembler a fini par payer : le 27 septembre verra l’ensemble du monde éducatif en action ; action précédée de diverses initiatives locales.

Cette journée de grève s’inscrit dans un contexte plus large de mobilisation interprofession- nelle et, en fonction des décisions de l’intersyndicale et des débats dans les établissements, le SNES aura à voir sous quelles formes et dans quel cadre il poursuit l’action. Les élections pro- fessionnelles d’octobre revêtiront, elles aussi, un caractère particulier en permettant aux per- sonnels de la Fonction

publique, et notam- ment de l’Éducation, de signifier par leur vote le choix d’un syn- dicalisme combatif, ancré sur les métiers, apte à incarner nos professions. Renforcer la légitimité du SNES et des syndicats nationaux de la FSU donnera des atouts au monde éducatif pour faire entendre à nos dirigeants sa voix et ses aspirations.

* Source OCDE, Regards sur l’Éducation 2010.

Notre ministre, revenant de Finlande comme le Père

Noël mais sans cadeau...

RENTRÉE 2011 : QUELS ENJEUX ?

À la veille de la rentrée 2011, les cosecrétaires généraux du SNES exposent dans L’US les principaux enjeux de l’année scolaire qui s’annonce. Grands rendez-vous des élections professionnelles puis des échéances politiques, « réformes » du système éducatif, avenir de la fonction publique, mobilisations à venir dans l’Éducation nationale et l’interpro.

79 500 élèves en plus dans le second degré

par rapport à la rentrée précédente avec 4 800 suppressions d’emplois

d’enseignants. Pour bien prendre conscience de la situation, il faut se rappeler qu’à la rentrée 2007, s’il y a eu

6 100 suppressions d’emploi, il y avait 46 500 élèves en moins par rapport à la

rentrée 2006. Et comme si cela ne suffisait pas, les concours du CAPES du printemps dernier ont laissé 1 000 postes

non pourvus au concours, ce qui fait 1 000 enseignants attendus sur le terrain

qui ne seront pas présents.

L’obstination de la FSU à rassembler a fini par payer : le 27 septembre verra l’ensemble

du monde éducatif en action

Le SNES est porteur d’un autre projet pour les personnels et pour les élèves

Le renoncement assumé d’amener l’ensemble d’une génération aux qualifications les plus élevées possible

DANIELROBINprofesseur de mathématiques, enseigne au lycée Choiseul de Tours (Indre-et-Loire).

FRÉDÉRIQUEROLET

professeure de lettres classiques, enseigne au collège Lavoisier de Lambersart (Nord).

ROLANDHUBERTprofesseur de mathématiques, enseigne au lycée Sidoine Apollinaire de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Photographies : © Thierry Nectoux

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