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La fin du premier trimestre scolaire reste la période la plus difficile de l’année.

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Les actes de violence à l’école

recensés dans SIGNA en 2002-2003

En 2002-2003, comme l’année précédente, dans le second degré la moitié des signalements des actes de violence recensés par SIGNA sont constitués par les violences physiques sans arme et les insultes ou menaces graves.

La fin du premier trimestre scolaire reste la période la plus difficile de l’année.

Un recul de l’ordre de 10 % du nombre de signalements est mesuré par rapport à l’année précédente. La forte concentration des signalements dans un nombre limité d’établissements se confirme et, notamment, celle des signalements les plus fréquents, alors que les actes les plus graves sont signalés de manière plus homogène. Dans le premier degré, la violence est quantitativement sans commune mesure avec celle observée dans le second degré : moins d’un incident pour mille élèves sur l’année.

Les signalements dans le second degré

Les signalements dans le second degré re- présentent environ 95 % de l’ensemble des signalements.

Un peu plus de deux incidents pour cent élèves

Au cours de l’année scolaire 2002-2003, les établissements du second degré ont décla-

ré, en moyenne, environ treize incidents, ce qui représente un peu plus de deux incidents pour 100 élèves sur l’ensemble de l’année scolaire. Ce sont au total 72 000 inci- dents – de nature très diverse – qui ont ainsi été recensés.

Le tableau 1 ventile l’ensemble des incidents recensés durant l’année scolaire 2002-2003 selon le type d’acte.

70 % de l’ensemble de ces incidents ont été signaléspardescollèges,environ15%pardes lycées professionnels et 15 % par des lycées d’enseignement général et technologique.

04.04

FÉVRIER

i n f o r m a t i o n

note d

www.education.gouv.fr/stateval

Tableau 1 – Nombre d’actes signalés dans le second degré selon leur type

N° d’ordre Actes % rapporté

au total Nombre

1 Violences physiques sans arme 29,1 21 003

2 Insultes ou menaces graves 23,1 16 623

3 Vol ou tentative 10,9 7 844

4 Autres faits graves 4,3 3 092

5 Dommages aux locaux 3,7 2 675

6 Intrusion de personnes étrangères à l’établissement 2,9 2 061

7 Jet de pierres ou autres projectiles 2,7 1 952

8 Racket ou tentative 2,4 1 757

9 Consommation de stupéfiants 2,3 1 654

10 Tags 2,3 1 635

11 Violences physiques avec arme ou arme par destination 2,2 1 581

12 Fausse alarme 2,0 1 438

13 Dommages aux véhicules 1,9 1 386

14 Dommages au matériel autre que le matériel de sécurité 1,7 1 234

15 Violences physiques à caractère sexuel 1,5 1 070

16 Injures à caractère raciste 1,2 850

17 Dommages au matériel de sécurité 1,1 777

18 Trafic de stupéfiants 0,9 671

19 Port d’arme autre qu’arme à feu 0,9 662

20 Tentative d’incendie 0,8 567

21 Tentative de suicide 0,6 409

22 Dommages aux biens personnels autres que véhicules 0,5 397

23 Incendies 0,4 261

24 Bizutage 0,3 235

25 Trafic autre que de stupéfiants 0,2 153

26 Port d’arme à feu 0,1 42

27 Suicide 0,0 28

Ensemble 100,0 72 057

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Cependant, si l’on tient compte du nombre d’élèves que ces types d’établissements scolarisent, les lycées professionnels appa- raissent les plus exposés, viennent ensuite les collèges, puis les lycées généraux et technologiques

1

.

Environ 1 800 établissements sur les 7 900 collèges et lycées publics n’ont déclaré au- cun incident sur l’ensemble de l’année sco- laire, soit 23 %. Cette proportion est calculée en faisant l’hypothèse que les éta- blissements qui ne répondent pas n’ont au- cun incident à signaler. Si l’on ne considère que les établissements ayant régulièrement répondu à l’enquête, la proportion d’établis- sements qui ne signalent aucun incident s’établit à 15 %.

Violences physiques sans arme et insultes ou menaces graves correspondent à plus de la moitié des signalements

Troisième acte le plus fréquent, les vols re- présentent encore un acte sur dix. Tous les autres actes sont nettement moins répan- dus, les ports d’arme à feu et les suicides étant les actes les plus rares.

Les élèves sont auteurs de 80 % des actes

Ils le sont de plus de 90 % des insultes ou menaces graves et des violences physiques sans arme, leur part dans les actes les plus graves, bien qu’un peu moindre, reste très élevée : ils sont auteurs d’environ 80 % des violences physiques avec arme ou à carac- tère sexuel.

Sur l’ensemble des signalements, 12 % des actes sont commis par des inconnus – le plus souvent des vols – et environ 5 % par des personnes étrangères à l’établissement.

Les familles d’élèves ne sont auteurs que de 1,5 % des actes.

Dans les collèges, les auteurs sont souvent les élèves les plus âgés

Au collège, les élèves âgés de 15 ans ou plus représentent 30 % des auteurs d’actes de violence alors qu’ils ne sont que 11 % des collégiens.

L’inverse est constaté en lycée profession- nel : il n’y a que 20 % des élèves auteurs qui ont 18 ans ou plus alors que les élèves de 18 ans ou plus représentent 35 % des élèves de lycée professionnel. Sans doute, dans ces

deux cas, la position de l’élève en termes de réussite et/ou d’échec scolaire n’est-elle pas indifférente à cette situation. On peut penser qu’une bonne part de ces collégiens

« âgés » auteurs d’actes de violence con- naissent des difficultés dans leur scolarité et ont une ou plusieurs années de retard ; les élèves de lycée professionnel « âgés » ont quant à eux probablement moins d’inquié- tude pour leur avenir que les plus jeunes, et leur part dans les actes de violence est infé- rieure à ce que l’on pouvait attendre.

Les personnels de direction sont particulièrement exposés

Les élèves constituent environ la moitié des personnes physiques victimes d’incidents mais ils apparaissent sensiblement moins exposés que les enseignants, et surtout que les personnels de direction, comme le mon- tre le tableau 2.

Ces derniers sont surtout victimes de violen- ces verbales, dans 65 % des cas. Les violen- ces physiques à leur encontre restent limitées, 140 actes de ce type au cours de l’année, ce qui, rapporté au nombre total de personnels de direction, représente cepen- dant un ratio d’environ 1 %. Il faut encore noter que les personnels de direction sont logiquement fortement exposés à une vio- lence venue de l’extérieur de l’établisse- ment, puisque 40 % des actes dont ils sont victimes sont le fait de familles d’élèves, de personnes extérieures à l’établissement ou d’inconnus.

Les enseignants sont victimes d’un acte sur six

Le tableau 3 présente par type d’établisse- ment (établissements régionaux d’ensei- gnement adapté exclus) quelques données sur les actes dont les victimes ont été des enseignants. Ce tableau se rapporte à l’en- semble de l’année scolaire 2002-2003.

Les enseignants sont ainsi victimes d’un peu plus de un incident sur six (les victimes prin- cipales, comme les auteurs principaux, étant les élèves) et moins de 3 % d’entre eux sont touchés. En effet, on constate pour ces inci- dents une concentration équivalente à celle évoquée plus haut sur un plan général. Ainsi, les 10 % d’établissements qui ont signalé le plus d’actes dont un enseignant était victime regroupent 40 % de ces actes, et on en re- cense encore près de 30 % dans les 5 % d’établissements qui en ont signalé le plus.

On a donc tout lieu de craindre qu’un certain nombre d’enseignants soient conduits à si- gnaler plusieurs incidents dans les établis- sements particulièrement exposés.

Les enseignants exerçant en lycée général et technologique apparaissent sensible- ment moins exposés que ceux exerçant en collège ou en lycée professionnel, parce que ce type d’établissement est le moins touché par les actes de violence mais aussi parce que la proportion d’actes avec un enseignant victime y est moindre qu’en collège ou en lycée professionnel.

Plus de 40 % d’actes dans la cour de récréation ou la salle de cours

Un acte signalé sur quatre se produit dans la cour de récréation et un sur cinq dans la salle

1. Les EREA (établissements régionaux d’enseignement adapté) qui accueillent des enfants présentant de graves handicaps et scolarisent un nombre d’élèves réduit apparaissent de ce point de vue encore beaucoup plus exposés.

Tableau 2 – Les victimes des actes

Type de victime Nombre d’incidents

avec une victime du type

Nombre d’incidents avec une victime du type pour 100 personnes du type (*)

Élèves 35 192 0,8

Enseignants 11 543 2,9

Personnels de direction 1 735 13,5

* Ce ratio permet de mesurer l’exposition relative des différents types de victime. En rapportant l’ensemble des incidents dont un personnel de direction a été victime à l’effectif total des personnels de direction des établissements du second degré, on arrive à un taux de 13,5 %. Ceci signifie qu’au maximum 13,5 % des personnels de direction ont été victimes d’un incident au cours de l’année scolaire ; ce maximum n’est atteint que si chaque acte a une victime différente.

Champ : établissements publics du second degré non compris les EREA.

Tableau 3 – Les enseignants victimes selon le type d’établissement Type d’établissement

Nombre d’incidents avec un enseignant victime

Pourcentage d’incidents avec un enseignant victime

Nombre d’incidents avec un enseignant victime pour 100 enseignants

Collège 8 598 17 4,4

Lycée professionnel 1 844 19 3,3

Lycée général et technologique 1 101 10 0,7

Ensemble 11 543 16 2,9

Champ : établissements publics du second degré non compris les EREA.

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de cours, lieux qui sont pourtant, en principe, la plupart du temps sous la surveillance di- recte d’une autorité institutionnelle – mais aussi, par conséquent, les mieux connus par elle. Un peu plus d’un acte sur dix se produit dans les circulations (couloirs, escaliers, etc.). Enfin, presque 20 % des incidents ont lieu hors de l’établissement, dont la moitié à ses abords. Il faut noter qu’un tiers des rack- ets se déroulent aux abords de l’établisse- ment ainsi qu’un quart des violences physiques avec arme.

Une fin de premier trimestre difficile

La période relative à la fin du premier trimes- tre apparaît comme la période la plus diffi- cile de l’année scolaire. En 2001-2002, comme en 2002-2003, une hausse du nom- bre de signalements d’environ 10 % a été enregistrée en novembre-décembre par rap- port à septembre-octobre. Pour les deux an- nées, ce sont les mêmes actes qui ont le plus pesé dans cette augmentation : les insultes ou menaces graves, les « autres faits gra- ves » et les vols ou tentatives. L’effet « fin de premier trimestre » bien connu des acteurs du système éducatif, qui voudrait qu’en cette période les élèves soient plus agressifs à cause de la fatigue – et dans le second de- gré les élèves sont auteurs de 80 % des ac- tes – semble donc trouver une confirmation sur le plan statistique, mais il faudra atten- dre de disposer de séries longues pour l’af- firmer avec certitude.

Des mesures alternatives plutôt que le conseil de discipline

En 2002-2003, environ 75 % des actes dont un élève ou groupe d’élèves était l’auteur a eu une suite interne, proportion comparable à celle de l’année précédente. Ce taux varie de manière relativement importante selon l’acte, puisque si les dommages aux locaux ou au matériel ne font l’objet de suites inter- nes que dans environ six cas sur dix, les in- sultes ou menaces graves ont des suites internes dans plus de 80 % des cas, et les ports d’arme dans près de 90 % des cas.

Les mesures alternatives au conseil de disci- pline ont très largement pris le pas sur celui- ci, qui concerne moins de 15 % des incidents ayant donné lieu à une suite interne. Le re- cours au conseil de discipline départemental est quant à lui devenu pour ainsi dire excep- tionnel, ne concernant qu’une quarantaine

d’actes sur l’année. Quel que soit le type d’acte considéré, les mesures alternatives sont plus fréquentes que le conseil de disci- pline, même si, pour les actes que l’on peut considérer comme les plus graves, le conseil de discipline demeure encore assez large- ment employé : ainsi, plus de 30 % des vio- lences physiques avec arme ou arme par destination ont eu comme suite interne le conseil de discipline, proportion qui s’élève à 35 % pour les incendies, à 40 % pour les ports d’arme à feu et à 45 % pour les trafics de stupéfiants.

Les signalements diminuent de 10 % par rapport à l’année précédente

Une baisse sensible du nombre de signale- ments, de l’ordre de 10 %, a été enregistrée en 2002-2003 par rapport à l’année scolaire précédente. Une part de cette baisse s’expli- que par le nombre moindre d’établissements

« surdéclarant ». Ceci dit, il apparaît que : – les établissements qui déclarent peu ou pas d’incidents sont un peu plus nombreux en 2002-2003 qu’en 2001-2002 ;

– les établissements qui déclarent des inci- dents en déclarent moins cette année. Ainsi, en 2001-2002, les établissements qui avaient répondu régulièrement à l’enquête et déclaré au moins un incident dans l’année avaient déclaré en moyenne vingt incidents sur l’ensemble de l’année, contre dix-sept en 2002-2003 ;

– les établissements qui apparaissent les plus exposés en 2002-2003 connaissaient déjà des difficultés l’année précédente.

Une forte concentration des signalements

La concentration des incidents par établis- sement est élevée : les 10 % d’établisse- ments

2

qui ont signalé le plus d’actes sur l’ensemble de l’année ont déclaré environ la moitié du nombre total de signalements, et les 5 % qui en ont déclaré le plus environ un tiers. Le graphique ci-dessus illustre ce phé- nomène de concentration.

Cependant les caractéristiques de disper- sion et de concentration varient sensible- ment selon le type d’acte (tableau 4).

Les violences physiques sans arme, les in- sultes ou menaces graves ainsi que les au- tres faits graves apparaissent comme les actes distribués de la manière la moins ho- mogène : leurs coefficients de variation et intervalles interdéciles relatifs sont plus éle- vés que pour les autres types d’actes.

À l’inverse, les bizutages, les injures à carac- tère raciste, les rackets et les autres violen- ces physiques (avec arme ou à caractère sexuel) apparaissent distribués de façon beaucoup plus homogène, ce qui signifie que les établissements qui déclarent « beau- coup » ces types d’actes sont rares.

L’étude de la concentration des différents types d’actes confirme ces résultats : les actes les plus graves – qui sont aussi les moins nom- breux – sont relativement moins concentrés que les autres. Ainsi, alors que les 5 % d’éta- blissements qui ont signalé le plus d’insultes

2. Proportion calculée par rapport à l’ensemble des 7 900 établissements qui forment le champ de l’enquête.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 %

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 %

% d'établissements déclarant moins de n incidents

%dunombretotald'incidents déclarésparlesétablissements quiendéclarentmoinsden

Lecture : la courbe de concentration est inscrite entre les côtés du carré et sa première bissectrice. Plus la courbe de concentration est proche de la première bissectrice, plus la concentration est faible : on aurait, dans ce cas, une distribution égalitaire des signalements entre les établissements. Plus cette courbe est proche des côtés du carré, plus la concentration est forte et la distribution des signalements d’actes est alors inégalitaire entre les établissements. On mesure la concentration notamment avec le coefficient de Gini qui varie entre 0 (pas de concentration) et 1 (très forte concentration).

Concentration des actes

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ou menaces graves, de violence physique sans arme ou d’actes de type « autre » ont déclaré près de 30 % du nombre total d’ac- tes correspondant, cette proportion est de moins de 20 % pour les bizutages, les injures à caractère raciste, les rackets et les autres violences physiques . La moindre concentra- tion du signalement de ces actes est confir- mée par la valeur de l’indice de Gini qui est supérieure à 0,5 pour les insultes ou mena- ces graves ou les violences physiques sans arme tandis qu’elle est de 0,25 pour les inju- res racistes et de 0,3 pour les autres violen- ces physiques.

Ces résultats permettent de tirer deux conclu- sions :

– le grand nombre de signalements relatifs à des insultes ou à des violences physiques sans arme dans un certain nombre d’établis- sements laisse penser que ceux-ci vivent dans un « climat » scolaire de perpétuelle tension, dans lequel ces types d’actes sont relativement courants ;

– seule une infime minorité d’établisse- ments sont confrontés de manière récur- rente aux faits les plus graves, rackets, violences physiques avec arme ou à carac- tère sexuel.

Cela dit, les établissements qui signalent les actes les plus graves sont également en géné- ral fortement exposés à la violence d’une ma- nière globale. Ainsi, un établissement qui a déclaré au moins deux violences physiques sans arme ou au moins deux insultes ou mena- ces graves a signalé environ sur l’année vingt actes ; mais un établissement qui a dé- claré au moins deux violences physiques avec arme ou à caractère sexuel ou au moins deux rackets a signalé environ sur l’année trente actes. La répétition des actes les plus graves apparaît davantage révélatrice d’une importante exposition à la violence que celle d’actes plus courants. Les rackets, les violen- ces physiques avec arme ou les violences à caractère sexuel se déroulent le plus souvent dansdesétablissementsfréquemmentsoumis à des actes moins graves comme les insultes, violences physiques sans arme ou vols. On peut penser que ce résultat s’explique par le fait que l’accumulation d’incidents crée des conditions« favorables » à l’apparition des

actes les plus graves, hypothèse d’ailleurs généralement admise.

Les facteurs qui influencent l’exposition à la violence : une équation difficile

Comme on pouvait s’y attendre, les établis- sements qui signalent le plus d’actes sont plus souvent que les autres situés en zone urbaine sensible, en éducation prioritaire, font plus souvent partie du plan de préven- tion contre la violence ou encore scolarisent une proportion plus importante d’élèves is- sus de classes sociales défavorisées. Pour autant, ces facteurs ne sont pas prédictifs : certains établissements présentant des ca- ractéristiques similaires pour ces variables apparaissent en effet exposés à la violence de manière très diverse. Confrontant un in- dice de précarité scolaire et de climat sco- laire, une équipe de chercheurs, dans une enquête réalisée pour la Direction de l’éva- luation et de la prospective en 1996, avait déjà abouti à une conclusion similaire : « On ne peut donc déduire de notre enquête une équation fataliste qui ferait de la violence la résultante de déterminants sociaux et de structures défavorables, au contraire. Ce que notre enquête démontre, et qui est le plus important, c’est que » « toutes choses égales par ailleurs » […] certains établisse- ments s’en sortent mieux que d’autres. »

3

Cela dit, une étude beaucoup plus approfon- die à partir des données issues de SIGNA sera nécessaire pour mesurer la part de la violence « conditionnée » par le milieu dans lequel se trouve l’établissement.

Les signalements dans le premier degré

Le tableau 5 donne la ventilation par niveau des signalements des écoles déclarant des incidents, pour les années scolaires 2001- 2002 et 2002-2003.

Les signalements d’incidents graves dans le premier degré restent limités ; en 2001-2002 comme en 2002-2003, moins d’une école sur vingt a rapporté un incident (ou plus), ce qui représentemoinsd’unincidentpourmilleélèves.

Les écoles maternelles représentent un quart des écoles qui déclarent des incidents, alors qu’elles constituent 35 % des écoles. La part des incidents qu’elles déclarent (ramenée à l’ensemble des signalements issus du premier degré) est, en 2001-2002 comme en 2002-

3. E. Debarbieux, A. Dupuch et Y. Montoya, « Pour en finir avec le « handicap socio-violent » : une approche comparative de la violence en milieu scolaire », in Violence à l’école, état des savoirs, coordonné par B. Charlot et J.C. Émin, Armand Colin, 1997.

Tableau 4 – Dispersion et concentration des différents types d’actes

Type d’acte

% d’établis- sements ayant déclaré au moins une foiscet acte

Coefficient de variation (*)

Coefficient interdécile relatif (*)

Concentration :

« poids » des 5%

d’établis- sements qui déclarent le plus cet acte (en) (*)

Coefficient de Gini (*)

Tous actes 85 143 3,5 27 0,55

Violences physiques sans arme 65 142 3,3 28 0,52

Insultes ou menaces graves 55 164 3,3 29 0,54

Autres atteintes aux biens (**) 41 117 2,5 25 0,47

Vols 37 131 2,5 27 0,49

Atteintes à la sécurité (**) 36 136 2,5 25 0,45

Autres 22 164 3,0 28 0,45

Autres faits de violence ou

d’atteintes à la sécurité (**) 21 98 3,0 22 0,37

Autres violences physiques (**) 24 78 2,0 18 0,31

Rackets 17 80 2,0 19 0,31

Injures à caractère raciste 9 70 1,0 17 0,25

Bizutages 3 61 1,0 16 0,22

* Valeur calculée sur les établissements ayant déclaré au moins un acte du type considéré.

** Les « autres atteintes aux biens » regroupent les dommages aux locaux, au matériel de sécurité, au matériel autre que le matériel de sécurité, les dommages aux véhicules, aux biens personnels autres que véhicules, les incendies et les tags.

Les « atteintes à la sécurité » regroupent les fausses alarmes, les intrusions de personnes étrangères à l’établissement, les jets de pierres ou autres projectiles, les ports d’arme à feu, les ports d’arme autre qu’arme à feu et les tentatives d’incendie.

Les « autres faits de violence ou d’atteinte à la sécurité » regroupent les tentatives de suicide, les suicides, les consommations de stupéfiants, les trafics de stupéfiants et les trafics autres que de stupéfiants.

Les « autres violences physiques » regroupent les violences physiques avec arme ou arme par destination et les violences physiques à caractère sexuel.

Champ : incidents déclarés par les établissements ayant répondu aux quatre premières périodes de l’année scolaire 2002-2003 (de septembre 2002 à avril 2003 inclus).

Lecture : le coefficient de variation est un indicateur de dispersion globale. Le coefficient interdécile relatif est également un indicateur de dispersion, mais qui mesure les écarts entre les valeurs extrêmes d’une distribution.

Il est défini comme (D9-D1)/M, D1 et D9 étant respectivement les premier et neuvième déciles de la distribution, et M sa médiane. De même, l’indice de Gini est un indicateur de concentration globale, tandis que le « poids » des 5 % d’établissements qui déclarent le plus d’actes donne une idée de la concentration des actes dans les établissements qui en déclarent le plus.

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2003, de l’ordre de 20 %, valeur que l’on peut rapprocher de la part d’élèves du premier de- gré scolarisés en maternelle, qui est d’envi- ron 40 %.

Les écoles régulièrement exposées à la vio- lence apparaissent marginales : seules 130 écoles ont déclaré cinq incidents ou plus en 2001-2002, et 120 en 2002-2003. En 2001-2002 comme en 2002-2003 seule une vingtaine en a déclaré dix ou plus.

Les écoles situées dans un environnement reconnu comme difficile, qu’elles soient en éducation prioritaire, en zone urbaine sensi- ble ou fassent partie du plan de prévention de la violence apparaissent significative- ment plus exposées à la violence que celles qui n’y sont pas.

D’une manière générale, les écoles mater- nelles se différencient nettement des écoles

élémentaires, par une moindre exposition d’abord, mais aussi par les caractéristiques des actes signalés : part plus grande des at- teintes aux biens et moindre des atteintes aux personnes dans les écoles maternelles, prépondérance des familles d’élèves dans la réalisation des actes et moindre exposition des élèves notamment. La violence dans les écoles maternelles apparaît ici pour une bonne part conditionnée par le milieu exté- rieur ; dans les écoles élémentaires, si cet aspect perdure, les grands traits de la vio- lence observés dans le second degré com- mencent à se dégager : apparition limitée d’actes comme le racket ou les violences avec arme et rôle croissant des élèves, au- teurs ou victimes, dans cette violence.

Comme grandes caractéristiques des actes dans le premier degré, on peut retenir que :

– les insultes ou menaces graves sont les deux actes les plus fréquents et totalisent plus de la moitié des signalements ; – 40 % des actes sont commis par les élè- ves, 30 % par les familles d’élèves. Les élè- ves constituent l’essentiel des auteurs des atteintes physiques à autrui, tandis que les familles d’élèves se rendent surtout coupa- bles d’insultes ou menaces graves, 60 % des actes qu’elles commettent sont de ce type, et 20 % seulement des violences physiques sans arme ;

– les personnels apparaissent globalement aussi exposés que les élèves à la violence ; mais, alors que les personnels sont d’abord victimes d’insultes ou de menaces, les élè- ves apparaissent surtout exposés aux vio- lences physiques sans arme ;

– un élève auteur d’actes de violence est moins d’une fois sur dix une fille, mais un élève victime est quatre fois sur dix une fille.

Rodolphe Houllé, DEP C2

La perception de la violence par les enseignants

La perception qu’ont les enseignants de leur exposition à la violence

semble fort différente de ce que révèle SIGNA. Rappelons que l’objectif de SIGNA est de recenser exhaustivement l’ensemble des actes graves.

Un panel de 776 enseignants du second degré recrutés à la rentrée 1993 avait été interrogé au sujet de la violence (VoirNote d’Information 96.42). Et à l’issue de deux années d’enseignement, 8 % d’entre eux jugeaient avoir été personnellement confrontés très souvent ou assez souvent à des problèmes graves de violence (14 % de ceux exerçant en collège). Au cours d’une autre enquête, menée en 1998, la moitié des enseignants de collèges en zone d’éducation prioritaire estimaient être confrontés à des problèmes de violence avec leur classe.

La comparaison des résultats de ces enquêtes avec ceux issus de SIGNA est évidemment délicate, les premiers portant sur un échantillon con- trairement aux seconds et se rapportant à des périodes différentes.

Néanmoins il est peu douteux que toutes les enquêtes de ce type aillent dans le même sens : l’exposition « ressentie » à la violence – celle mesurée par ces enquêtes – est supérieure à l’exposition « réelle » ou pourmieux dire formelle– établie àpartird’un dispositifcommeSIGNA1. La première mesure davantage un sentiment, sa caractéristique principale étant peut-être même la subjectivité, la seconde s’efforce précisément d’écarter cette subjectivité, visant dans l’idéal à une approche purement comptable, sans doute réductrice, de la violence, envisagée comme un ensemble d’actes vérifiant certaines caractéristiques. Les incidents

« mineurs », ceux qui se situent à la frontière de l’indiscipline et de la violence, ne sont pas comptabilisés par SIGNA, mais il est certain que leur accumulation peut conduire à l’apparition d’un climat de violence.

1. On doit cependant garder en tête que tout enregistrement d’actes de violence donne généralement des résultats inférieurs à ce que révèlent les enquêtes de victimation.

Tableau 5 – Nombre d’actes signalés dans le premier degré Champ

(rentrée 2001)

Écoles ayant déclaré au moins un incident Incidents signalés

2001-2002 2002-2003 2001-2002 2002-2003

Nombre % Nombre % Nombre Nombre

Maternelle 18 481 611 3,3 586 3,2 899 876

Élémentaire 34 425 1 880 5,5 1 698 4,9 3 570 3 266

Ensemble 52 906 2 491 4,7 2 284 4,3 4 469 4 142

Lecture : en 2001-2002, 611 écoles maternelles, soit 3,3 % de l’ensemble des écoles maternelles, ont déclaré au moins un incident ; ces 611 écoles ont déclaré globalement 899 incidents.

(6)

Directeur de la publication Claudine Peretti

Rédactrice en chef Francine Le Neveu

Maquette et impression DEP bureau de l’édition Service vente DEP, bureau de l’édition 58 bd du Lycée, 92170 Vanves

Abonnement annuel aux Notes de la DEP France :45 euros Étranger :48 euros ISSN 1286-9392

Présentation de l’enquête SIGNA

Le logiciel SIGNA de recensement des actes de violence à l’école a été

mis en place à la rentrée scolaire 2001-2002. Il couvre l’ensemble des collèges et lycées publics et des circonscriptions du premier degré. L’ob- jectif est de recenser, de manière exhaustive, les actes « graves » de violence survenus à l’école et à ses abords, à savoir ceux qui vérifient l’une des conditions suivantes :

– actes dont la qualification pénale est évidente ;

– actes qui ont fait l’objet d’un signalement (à la police, à la justice ou aux services sociaux du conseil général) ;

– actes qui ont eu un retentissement important dans la communauté scolaire.

Les actes dits d’incivilité sont donc exclus du champ de cette enquête.

Cela dit, comme dans tout dispositif déclaratif, une part de subjectivité, délicate à estimer, demeure nécessairement dans les signalements ef- fectués. Des phénomènes de « surdéclaration » subsistent sans aucun doute depuis le lancement de l’enquête, en particulier pour les actes les plus fréquents comme les insultes ou menaces graves ou les violences physiques sans arme. À l’inverse, il a été constaté à plusieurs reprises que des actes d’une gravité extrême n’étaient pas saisis dans le logiciel.

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