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La production de défense dans les pays émergents

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La production de défense dans les pays émergents : vers un renouveau ? Fanny Coulomb

L’objectif du développement d’une industrie de défense autonome avait été poursuivi au temps de la guerre froide par de nombreux pays en développement (PED), pour la plupart considérés comme émergents aujourd’hui

1

. Des circonstances spécifiques avaient pu accélérer l’effort national en faveur de la constitution d’une base industrielle de et technologique de défense (BITD) solide : l’embargo imposé à l’Afrique du Sud ; l’arrivée au pouvoir des militaires au Brésil ; l’affrontement entre la Corée du sud et son voisin du nord, etc. Ces efforts se sont traduits par une hausse forte des dépenses militaires (DM) et par la constitution, sous la houlette de l’Etat, de grands groupes d’armement

Des succès à l’exportation importants furent enregistrés. Mais la part des PED dans les ventes d’armes à l’étranger ne dépassa jamais 10% du total mondial

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, même au milieu des années 80, les pays industrialisés (PI) dominant le marché grâce à leurs DM élevées et à leur avance technologique.

Les entreprises d’armement des pays émergents (PE) connurent pour la plupart de graves difficultés suite à la chute des marchés au début des années 90. L’industrie mondiale d’armement fut soumise à des restructurations qui accentuèrent la domination de firmes géantes américaines ou européennes.

D’abord aux Etats-Unis puis en Europe, les opérations de fusions-acquisitions internationales se sont multipliées, ainsi que les accords d’alliances internationales et de joint-ventures. En 2010, les 5 principaux groupes en matière de production d’armement ont réalisé plus du tiers des ventes d’armes dans le monde

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. Même si l’industrie mondiale de défense reste encore relativement peu concentrée, par comparaison avec d’autres secteurs industriels de haute technologie, comme l’automobile ou l’aéronautique civile, les barrières à l’entrée sont élevées dans de nombreuses productions de défense.

La cause en est la hausse des dépenses de R&D ainsi que les économies d’échelle obtenues par les firmes disposant de larges débouchés du fait de la taille du budget de défense, et en premier lieu les firmes américaines.

Dans ce contexte, la part des PE dans les exportations mondiales d’armement a commencé par s’effriter, après avoir atteint un pic dans les années 80. Mais aujourd’hui cette part tend à s’accroître, en même temps que le poids de ces pays dans l’économie mondiale.

Quelles sont les principales tendances de la production d’armement dans les PE? Nous chercherons d’abord à montrer les enjeux de l’insertion des industries de défense de ces pays dans la mondialisation. Puis nous nous interrogerons sur la possibilité du renforcement de leur BITD, en dépit du caractère imparfait de la concurrence mondiale.

1

Sont généralement considérés comme émergents les pays dont le taux de croissance est supérieur à celui des pays industrialisés. Nous choisissons ici de ne pas inclure les pays de l’ex-bloc de l’Est, dont l’étude nécessite une analyse spécifique. Nous n’incluons pas non plus les pays du Moyen Orient dont la croissance forte est surtout due à la hausse des prix du pétrole. En revanche nous incluons les pays asiatiques (hors Japon), y compris ceux n’étant donc plus à strictement parler des économies émergentes, telle la Corée du Sud. Israël n’est pas inclus.

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Les données que nous utilisons ici sont celles du SIPRI. Mais il faut tenir évidemment compte des imprécisions liées aux problèmes d’information sur les transferts d’armes durant la guerre froide.

3

D’après les chiffres du SIPRI.

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I – La difficile insertion de l’industrie de défense des pays émergents dans la mondialisation Le processus de mondialisation économique et la hausse des coûts associés aux technologies de défense multiplient les difficultés pour la survie et le développement d’une industrie de défense indépendante dans de nombreux PE.

I.1. Crise et restructurations dans les années 90

La fin de la guerre froide n’a pas entraîné un processus de désarmement aussi important dans les PED qu’il ne l’a été en Europe et aux Etats-Unis. La crise à laquelle ont dû faire face nombre d’entreprises de défense des PE avait ainsi surtout pour cause la chute des marchés à l’exportation, suite à la fin de la guerre froide mais aussi précédemment à la fin du conflit Iran-Irak. Les principaux exportateurs d’armement du sud ont de fait été confrontés à une quasi-disparition de BITD, notamment au Brésil, en Afrique du Sud et en Israël. Ces problèmes ont conduit à une restructuration massive du secteur dans de nombreux pays du sud exportateurs d’armement. Ces mouvements accompagnaient un mouvement général d’insertion des économies dans la mondialisation, avec une ouverture à la concurrence et des procédures de privatisation. Ainsi, au Brésil et en Corée du sud, un processus de privatisation de l’industrie de défense a été engagé, en même temps que les effectifs des groupes étaient drastiquement réduits. Des tentatives de conversion vers des productions civiles ont été menées, avec plus ou moins de succès selon les pays. En Afrique du sud, la disparition d’Armscor n’a été évitée que par une décision du Président Mandela de maintenir une BITD dans le pays.

Les restructurations n’ont pas cessé avec la remontée des DM de la fin des années 90. Par exemple, en Corée du sud, les difficultés financières des gros conglomérats ont conduit à une réorganisation de la BITD: le groupe Daewoo a été séparé en trois entités distinctes en 2000 ; le groupe KAI nait en 1999 du rapprochement des branches aéronautique militaire de Daewoo, Hyundai et Samsung, etc.

L’ouverture de la BITD sud-coréenne à la mondialisation entraîne des mouvements industriels de plus en plus similaires à ceux des autres secteurs, avec des rapprochements de groupes étrangers, comme la création en 2000 de Samsung Thales. Dans d’autres PE, comme au Brésil, la tendance est la même : de nombreux groupes occidentaux ont établi des filiales dans le pays, tels Eurocopter, DCNs, Iveco. La production de défense dans nombre de PE implique désormais des accords de partenariat avec les grands groupes américains et européens, qui contrôlent des technologies clés. L’autosuffisance en matière de production d’armement n’est pas plus aujourd’hui qu’hier un objectif envisageable pour ces pays.

Cependant tous les PE n’ont pas restructuré en profondeur leur BITD dans les années 90. Ainsi, l’industrie de défense indienne demeure contrôlée par l’Etat, bureaucratique et peu compétitive. La dépendance à l’égard de l’URSS a limité les progrès technologiques et la R&D militaire est restée faible en comparaison avec d’autres PE. Le cloisonnement entre secteurs civil et militaire demeure par ailleurs élevé. L’Inde réussit néanmoins à produire des armements relativement sophistiqués, de moyenne technologie.

Quant à la Chine, même si le secteur demeure sous contrôle étatique, il est en voie de restructuration et de modernisation. L’objectif d’une diversification des groupes de défense vers les marchés civils semble important, de même que la hausse des dépenses de R&D militaire. Le manque d’informations fiables rend cependant l’analyse de celle-ci difficile.

I.2. La faiblesse des entreprises de défense des pays émergents dans la compétition mondiale

La production d’armement dans les PE est aujourd’hui très large : avions de combat,

hélicoptères, drone, missiles, électronique de défense… Cependant les performances actuelles des

industries de défense des PE restent très modestes au niveau mondial. Ainsi sur le total des ventes

d’armes des 100 premières entreprises de défense (hors Chine), moins de 2% ont été réalisées par des

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firmes des PE, selon les données du SIPRI

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. Ce taux est même en recul et plus faible que celui de 1997 (tableau 1). Quant au nombre d’entreprises des PE dans le Top100, il a peu varié en 15 ans, entre 6 et 8 entreprises (tableau 2). Seuls 5 pays figurent dans ce classement. Ces données témoignent de la domination des multinationales des PI, laquelle est à relier à l’importance des DM aux Etats-Unis et en Europe, les gouvernements s’approvisionnant prioritairement auprès des entreprises nationales. Les PE hors Chine ne représentent en effet que 9.8 % des DM mondiales

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en 2010. Par ailleurs, la domination technologique des firmes des PI et l’importance croissante des barrières à l’entrée dans certaines productions (due à la hausse de la part relative des coûts fixes, comme la R&D) rendent nécessaires des importations d’armement par les PE en provenance de ces pays. Ainsi, les plus gros producteurs d’armement parmi les PE sont aussi parmi les principaux importateurs d’armes, l’Inde notamment étant au premier rang en 2010.

Tableau 1 :

Part des entreprises des PE (hors Chine) dans le total des ventes d’armes du SIPRI Top 100

1997 2002 2007 2009

2.0% 2.03% 2.22% 1.88%

(D’après des données des SIPRI Yearbooks)

Tableau 2 : Nombre d’entreprises des PE (hors Chine) dans le Top 100

1997 2002 2007 2009

Inde 3 3 3 2

Corée du Sud 0 2 4 3

Singapour 1 1 1 1

Turquie 1 0 0 1

Afrique du Sud 1 1 0 0

(D’après des données des SIPRI Yearbooks)

I.3. La dépendance vis-à-vis des pays industrialisés

L’absence d’un effort national significatif en faveur de la constitution d’une BITD peut expliquer la dépendance du secteur militaire des PE à l’égard de la production occidentale. En Indonésie par exemple, le contrôle étatique limite les investissements étrangers et les transferts de technologies, tandis que l’effort national en faveur de l’industrie de défense est resté faible. De même, aux Philippines, le développement du secteur n’a pas été un objectif prioritaire et la production nationale est faible. L’industrie d’armement taiwanaise demeure elle aussi largement sous contrôle étatique et peu attractive pour les investissements étrangers. Le retrait de l’Etat et l’ouverture internationale n’est d’ailleurs pas une garantie de développement du secteur : ainsi, la Thaïlande est l’exemple d’un pays émergent dont l’industrie de la défense n’est pas sous contrôle étatique et largement ouverte aux investisseurs étrangers. Le gouvernement encourage les investissements et coopérations avec des

4

Les données utilisées ici sont celles du SIPRI Top 100, publié chaque année dans le SIPRI Yearbook. Ce classement n’inclut pas les entreprises chinoises. Il est basé sur la production de l’ensemble du groupe, incluant celle des filiales localisées à l’étranger. Les pays du classement sont les territoires d’accueil des sièges sociaux des groupes.

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D’après les données du SIPRI pour les pays suivants : Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Egypte, Inde, Indonésie,

Mexique, Maroc, Philippines, Afrique du sud, Corée du sud, Taiwan, Thaïlande, Turquie.

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entreprises étrangères, ainsi que les transferts de technologies dans ce secteur. Cependant ce dernier demeure trop peu développé pour limiter de façon significative la dépendance aux fournisseurs étrangers.

La faible attractivité de certains territoires pour les investisseurs étrangers peut par ailleurs limiter l’essor de la BITD, dans les pays ayant ouvert celle-ci à la logique de la mondialisation. Ainsi au Mexique, plusieurs handicaps, comme le faible niveau de qualification de la main-d’œuvre, limitent l’expansion du secteur ; la dépendance à l’égard des armes et technologies américaines est donc forte. Il en est de même pour l’Argentine, où les investissements étrangers ont peu de chance de créer une dynamique dans le secteur, d’autres marchés voisins étant plus attractifs, comme le Brésil. Par ailleurs, les difficultés économiques du pays limitent les perspectives en matière de débouchés et d’investissements publics.

Enfin, certains PE dépendent largement des financements américains, comme en Colombie, où l’industrie de défense reste spécialisée dans des produits liés à la lutte contre le trafic de drogue : l’objectif d’un renforcement de la BITD par la croissance des exportations semble encore difficile à atteindre. En Egypte également, le secteur est largement dépendant des technologies mais aussi des financements en provenance des Etats-Unis. L’industrie d’armement demeure peu diversifiée et non exportatrice, la R&D est faible et les accords de coopération internationale limités.

II- Croissance économique et renouveau de l’industrie de défense

En dépit d’un marché mondial largement dominé par des firmes géantes des PI, la production d’armement dans les PE peut se développer dans l’avenir, tant du fait de facilités budgétaires que d’un processus de rattrapage technologique favorisé par des accords de partenariat avec des firmes occidentales.

II.1. Une conjoncture favorable : la hausse des budgets de défense avec la croissance économique

La hausse des DM mondiales depuis la fin des années 90 est bien sûr due aux Etats-Unis, qui à eux seuls représentent plus de 40% du total mondial, mais aussi aux PED. La comparaison entre les graphiques 1 et 2 suggère que la hausse des DM observée dans la plupart des PE depuis la fin des années 90 est avant tout liée au processus de rattrapage économique, les forts taux de croissance économique permettant d’augmenter les DM. Ainsi, la part des DM en pourcentage du PIB n’évolue que faiblement depuis la fin des années 90.

Graphique 1 : Dépenses militaires (Mds dollars US constants 2008)

(données du SIPRI) 0

5 10 15 20 25 30 35 40

19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 20 02 20 04 20 06 20 08

Brésil

Afrique du Sud

Corée du Sud

Inde

(5)

5

Graphique 2 : Dépenses militaires en pourcentage du PIB

(données du SIPRI)

La hausse des DM des PE est a priori favorable à leurs entreprises d’armement ; mais elle ne peut aussi bien servir qu’à financer un supplément d’importations. La taille du budget d’armement peut même être un facteur freinant les ajustements. Ainsi, l’industrie indienne d’armement a aujourd’hui peu d’incitations à innover et aux restructurations, même si elle n’exporte que très faiblement. Améliorer la compétitivité internationale de ce secteur impliquerait des investissements publics importants. Au Chili, en dépit d’un soutien public important au secteur, la hausse des DM depuis les années 90 n’a bénéficié que faiblement aux exportations, les firmes ne s’ouvrant que lentement à la logique des coopérations internationales et des investissements internationaux.

Dans d’autres PE en revanche, après avoir progressé fortement dans les années 2000, le volume des importations d’armement tend à se stabiliser, voire à décroître légèrement, en dépit d’une poursuite de la hausse de l’effort national de défense. En revanche le volume des exportations est en hausse depuis la seconde moitié des années 2000 (voir graphiques 3 et 4).

Graphique 3 : Exportations d’armement, millions de dollars US constants 1990 0

0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 19 98 20 00 20 02 20 04 20 06 20 08

Brésil

Afrique du Sud Corée du Sud Inde

0 50 100 150 200 250

19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10

Brésil

Afrique du sud

Corée du sud

Inde

(6)

6

(données du SIPRI)

Graphique 4 : Exportations d’armement de la Chine, millions de dollars US constants 1990

(données du SIPRI)

II.2. Des marchés dans les pays en développement

La croissance de la part des pays du sud dans les exportations mondiales d’armement (voir tableau 3) est en partie due à Israël (5.3% des exportations mondiales d’armement sur 2004-08)

6

.

Tableau 3 : Part des pays du sud

7

dans le total des exportations des 50 premiers exportateurs d’armement mondiaux 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 4.3% 9.2% 4.8% 6.1% 4.1% 4.9% 10.3%

(d’après des données du SIPRI)

La part des PE (hors Israël) reste très faible mais augmente (tableau 4), ce qui montre un redressement progressif, dû à une compétitivité retrouvée pour certaines entreprises du secteur, face à une demande en hausse au sud. Les PED constituent en effet depuis longtemps un débouché important pour les armements produits dans les PE, du fait de la compétitivité prix de ces produits ainsi que des liens politiques. Les limitations de ventes d’armes à certains pays « sur liste noire » par les PI offrent des débouchés à certaines entreprises des PE. Ainsi l’Iran, la Birmanie, le Soudan, sont des acheteurs réguliers d’armes chinoises ; les ventes d’armes sud-africaines à des pays considérés comme violant les droits de l’homme, voire soumis à des embargos, ont été rapportées par un récent rapport

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. Mais la logique régionale est aussi un déterminant important : les exportations brésiliennes sont ainsi surtout dirigées vers d’autres pays d’Amérique latine ; l’Inde exporte aussi beaucoup dans sa zone, de même que la Corée du Sud.

6

Rapport au parlement sur les exportations d’armement de la France 2010

7

La désignation de pays du sud comprend ici tous les pays hors pays industrialisés (principalement les Etats-Unis et l’Union européenne) et hors Russie et Europe de l’Est (ex-bloc de l’Est après 1991). Israël est inclus dans ce groupe.

8

Au cours de la décennie 2000, le montant des ventes d’armes sud-africaines à des pays « problématiques » se serait élevé à 1.7 milliards de dollars, selon le South African watch group.

0 200 400 600 800 1000 1200

19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09

Chine

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7 Tableau 4 :

Exportations d’armement (millions de dollars US constants 1990) et part dans le total mondial (%) des PE

1989-1990 1999-2000 2009-2010

Pays M$ % Pays M $ % Pays M $ %

Argentine 6 0,01 Chine 637 1,47 Brésil 216 0,44

Brésil 143 0,22 Inde 16 0,04 Chine 2423 4,94

Chili 5 0,01 Indonésie 49 0,11 Inde 25 0,05

Chine 1964 2,99 Malaisie 8 0,02 Singapour 74 0,15

Egypte 76 0,16 Singapour 20 0,05 Afrique du Sud 245 0,50

Inde 4 0,01 Afrique du Sud 41 0,09 Corée du Sud 258 0,53

Singapour 179 0,27 Corée du Sud 8 0,02 Turquie 77 0,16

Corée du Sud 118 0,18 Turquie 53 0,12 Total 3318 6,77

Taiwan 35 0,05 Total 832 1,92

Total 2530 3,9

(d’après des données du SIPRI)

II.3. Vers un renforcement de la BITD de certains pays émergents ?

Le processus de rattrapage économique dans plusieurs PE entraîne un rattrapage technologique, au point que certains PE développent aujourd’hui des technologies intéressant les PI.

Ainsi, la marine australienne est intéressée pour acquérir la technologie du KDX-III sud-coréen utilisée par Hyundai Heavy Industries pour construire trois destroyers

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. Cette technologie se combinera avec un système de combat Aegis fourni par Lockeed Martin.

Cet essor technologique dans les PE est fortement favorisé par des accords de coopération, de coproduction ou de transferts technologiques avec des firmes occidentales. L'importance de certains programmes d’acquisition nationaux dans les PE facilite l’obtention de nombreux avantages en la matière par les autorités des PE. Ainsi en Corée du Sud, la volonté de participer au programme d’une nouvelle génération de KFX (Korean Fighter X) génère une concurrence entre Boeing et Eurofighter.

Eurocopter est associé au programme d’un hélicoptère de transport militaire KHP, dont la firme sud- coréenne KAI est maître d’œuvre, etc.

En matière d’approvisionnement, la logique protectionniste joue tout autant dans les PE que dans les PI. Ainsi en Turquie, les autorités tendant à privilégier les achats auprès de firmes nationales, souvent en partenariat avec des firmes étrangères. Cependant la dépendance à l’égard des importations et des accords de licence reste importante. Les transferts de technologie sont fortement encouragés, dans le but de développer une BITD solide et compétitives. La politique de l’Argentine vis-à-vis des importations d’armement, lesquelles sont conditionnées aux investissements sur place des multinationales étrangères, témoigne de la volonté d’utiliser le budget de défense comme d’un instrument de politique industrielle. Le contexte économique difficile conduit par ailleurs l’Argentine,

9

South Korea Defence and Security Report Q2 2010.

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comme d’autres pays d’Amérique latine, à développer des coopérations industrielles avec d’autres pays du sud (comme Israël, pour la modernisation des chars M-i30). Les approvisionnements des pays latino-américains en matériels moins coûteux en provenance surtout de Russie (hormis pour le Mexique et la Colombie, qui restent liés aux Etats-Unis), témoignent également de ces préoccupations budgétaires, ainsi que de la volonté d’indépendance vis-à-vis du voisin américain. Le souci d’autonomie stratégique motive en outre l’évolution vers une coopération régionale, en témoigne la participation de plusieurs pays de la zone au programme de l’avion de transport militaire KC-390, mené par la firme brésilienne Embraer.

Conclusion

Si aujourd’hui les performances des groupes issus de PE restent faibles sur le marché mondial,

l’industrie de défense de ces pays pourrait à terme bénéficier de plus en plus de l’insertion dans la

mondialisation. Les investissements occidentaux dans ce secteur des PE se multiplient, attirés par des

contrats juteux, dans un contexte d’expansion budgétaire. Un processus de rattrapage technologique

peut être amorcé et permettre le développement d’une BITD compétitive dans certains pays, tels le

Brésil, l’Afrique du Sud ou la Corée du Sud. Cependant cet essor demeure largement conditionné aux

investissements occidentaux et aux accords de coopération avec les multinationales géantes dominant

le marché mondial. Seule la Chine dispose aujourd’hui d’un budget de défense suffisant pour pouvoir

à terme atteindre l’objectif d’une BITD autosuffisante.

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