VALEUR ALIMENTAIRE DES FOINS CONDENSÉS
I. — INFLUENCE DE LA NATURE DU FOIN ET DE LA FINESSE DE BROYAGE SUR LA DIGESTIBILITÉ ET LA
QUANTITÉ
INGÉRÉEC.
DEMARQUILLY
M. JOURNET J.-M. BOISSAU Station de Recherches surl’Élez)age
des Ruminarzls,Cent y
e de Recherches
zootechniques
et vétérinaires,63 - Theix, près Clermont-Ferrand Institut natiollal de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Nous avons distribué à des moutons maintenus en cage à
métabolisme 3 foins
degraminées
et3foins de luzerne
présentés
sous différentes formes. Deux foins degraminées
et deux foins de luzerne ont été présentés ad libitum sous 3 fonnes : normale(hachée
dans unhache-paille), broyée (dans
unbroyeur
muni d’unegrille
à mailles de 3 mm de diamètre) et condensée(broyée puis agglomérée).
t’n foin de luzerne et un foin de
graminées
ont été présentés sous deux formes, hachée et condensée,mais les foins condensés
correspondaient
à 3 hnesses de broyagedifférentes
5 mm, 3 mm, i,5 mm et ils ont été distribués soit ad libitum soit enquantité
limitée égale à celle ingérée sous forme de foin haché.Le
broyage
des foins, suivi ou non de la mise enagglomérés,
entraîne une diminution très va-riable de leur digestibilité (0,4à r5,r
points)
pour la matièreorganique ;
cette diminution est d’au- tantplus importante
que le niveaud’ingestion
est élevé et que lebroyage
estplus
fin. Elle affectebeaucoup plus les constituants des membranes que les constituants
cytoplasmiques.
Elle est beau-coup
plus importante
pour les foins degraminées
que pour les foins de luzerne.En revanche les foins broyés et surtout les foins condensés sont ingérés en
quantités beaucoup plus grandes
que les foins hachéscorrespondants :
suivant les foins de 36 il 96 p. ioo pour la matière sèche et de 3z à 62 p. ioo pour la matièreorganique digestible.
La diminution du temps de
séjour
des foinsbroyés
ou condensés dans le tubedigestif, plus spé-
cialement dans le rumen, permet d’expliquer en
majeure partie l’augmentation
desquantités ingé-
rées et la diminution de la digestibilité des foins. Les conséquences
zootechniques
dubroyage
et de]a mise en
agglomérés
des foins sont discutées.INTRODUCTION
Les foins
broyés
dans unbroyeur puis agglomérés
par passage à travers une presse munie d’une filière(foins condensés)
ont faitl’objet
de nombreux travaux pour laplupart
américains(cf.
mises aupoint bibliographiques
deJ!oosu, 1959 ;
>C HURCH
, I9 6 T MINSO!, 19 6 2 ;
PUTNAM et DAVIS,1 9 6 3 , B!ARDS1,EY, I g64 ; M OOR E,
I96!1.
Ils sont engénéral
moinsdigestibles
que les foinslongs
ou hachés correspon- dants mais ils sontingérés
enquantité beaucoup plus importante.
Les animaux àviande recevant des foins condensés ont une vitesse de croissance et
d’engraissement plus rapide
que les animaux recevant des foinslongs
essentiellement parcequ’ils
en
ingèrent
deplus grandes quantités. Cependant
l’amélioration des vitesses de crois-sances
peut
résulter au moins enpartie
et notammentquand
il y a addition d’ali- mentsconcentrés,
d’une amélioration de l’utilisationmétabolique
desproduits
ter-minaux de la
digestion
par suite des modifications des fermentations dans le rumen(LEF I’EL
, I g 6 0 ;
BÉRANGER etJ:1RRIG! I ()62 ;
MOODY.I g 62 ;
WRIGHT etal., Il!Û3).
Ces modifications des fermentations dans le rumen
expliquent
d’ailleurs que l’utili- sation des foins condensés pour la vache laitièrepeut
provoquerparfois
une diminu-tion du taux
butyreux
du lait.La diminution de
digestibilité
des foinsprovoquée
par lebroyage
et la mise enagglomérés
estcependant
trèsvariable ;
elle sembledépendre
de la finesse dubroyage (B
LAXT E
R
etG RAHAM , 195 0 ;
RoDRIGUr~ etA l . 1 ,E--,, Ic!6o)
et du niveaud’ingestion (Bi!AXTER
etGR.!H:!M, 195 6)
mais d’autres facteurs doivent intervenir et notamment la nature du foin. lân outre, l’influencerespective
dubroyage
et de la mise enagglo-
mérés sur la
digestibilité
et surtout surl’acceptabilité
des foins n’a été étudiée que parquelques
auteurs(M EY E R
etal.,
Ig59 ; GARETT etal., io6i) qui
n’ont travaillé que sur des foins de luzerne. L’influence de la finesse debroyage
surl’acceptabilité
des foins condensés
n’a,
à notreconnaissance,
pas été étudiée.Parallèlement à l’étude de la valeur alimentaire des foins condensés pour la
production
de viande ou de laitentreprise
à la Station de Recherches surl’Élevage
des
Ruminants,
nous avons effectué de19 6 1
àà Ic!65 quatre expériences
pour essayerd’analyser
etd’expliquer
les modifications dedigestibilité
etd’acceptabilité
provo-quées
par lebroyage
des foins suivi ou non d’une mise enagglomérés.
Nous noussommes
spécialement préoccupés
de mettre en évidence l’influence des facteursqui jusqu’ici
n’avaient pas ou peu été étudiés : la finesse debroyage,
la nature et le modede distribution
(ad
tibitum ou enquantité limitée)
du foin.Cette étude a été effectuée sur 6
foins,
3 foins degraminées
et 3foins de luzerne choisis dedigestibilité
très différente. I,es mesures dedigestibilité
et dequantités ingérées
ont été effectuées sur des moutons maintenus en cage à métabolisme. Pour essayerd’interpréter
les résultatsobtenus,
nous avons mesuré dans les deux derniers essais la vitesse de transitdigestif, enregistré
lecomportement
alimentaire et mesuré lesquantités
d’eau bues par les moutons. Ce sont les résultats obtenus sur les moutonsqui
fontl’objet
de laprésente publication.
Dans les troispublications suivantes,
nousrapporterons
l’effet dubroyage
et de sa finesse sur ladigestion
des foins dans le rumenet dans le reste du tube
digestif
étudiés sur des vaches munies d’unelarge
fistuledu rumen.
MATÉRIEL
ETMÉTHODE
Fourrages et
formes
dep y éserztatiorz
étudiésEssai n°
1 (hiver ig6i-i 9 6 2 ).
- Nous avons choisi deux foins degraminées
pures : un foin defétuque
després
Naïade(foin
D 48) et un foin deRay-grass hybride
io(foin
D 68) qui ont été fauchés tous les deux le i3mai ig6i à lapleine épiaison
dupremier cycle
devégétation.
Chacun de ces foinsa été successivement distribué sous trois formes de
présentation
à 3 lots de deux moutons adultesmaintenus en cage à métabolisme, suivant un
dispositif
en carré latin(g X 3 ) :
forme hachée par passage dans un hachepaille,
formebroyée
par passage dans unbroyeur
muni d’unegrille
à maillesde 3mm de diamètre et forme condensée, le foin
broyé
à lagrille
de 3mm ayant étéaggloméré
sans adjuvant par passage dans une presse munie d’une filière de io nun.Chaque
aliment a été offert à volonté aux animaux(io
à 15 p. ioo derefus) :
la formebroyée
a été additionnée avantchaque
repas d’un
poids
égal d’eau.Chaque période
de mesure a duré iojours
et étaitprécédée
d’unepériode préexpérimentale
de iojours.
Essai n° 2
(hiver
r962-r963). - Nous avons choisi deux foins de luzerne achetés à l’extérieur : le foin 264était une luzerne assezgrossière
récoltée à la floraison dupremier cycle
et le foin 2 602, une luzerne du troisièmecycle
bien récoltée. Les formes deprésentation
et la finesse debroyage
étudiéeset le
dispositif expérimental
utilisé sont les mêmes que dans l’essai r. Pour améliorer laprécision
desrésultats obtenus, nous avons porté de 2à 3 le nombre des animaux de
chaque
lot et de 10à 15jours
la durée des
périodes préexpérimentales.
Essai n° 3 (hiver i963-! 96¢). - Nous avons utilisé un foin de luzerne (foin 3500) fauché le 20mai 19
6
3 au stade !· boutons du
premier
cycle et séché en grange par ventilationaprès
unpréfanage
sur le
champ, pendant lequel
lefourrage
a reçu de lapluie
et aperdu
des feuilles. Unepartie
dufoin a été hachée, l’autre
partie
a étébroyée
à 3 finesses différentes : passage à lagrille
de 5 mm,passage à la
grille
de 3 mm, passage deux fois à la grille de 1,5mm. Les foins broyés ont ensuiteété condensés sans adjuvant. Le foin haché et les trois foins
condensés
ont été distribués successive- ment à un lot de 8 moutons maintenus en cage à métabolisme.Chaque
foin condensé a été d’abord distribué ad libitumpuis
enquantité
limitée égale à cellequi
étaitingérée
sous forme de foin haché.Chaque période
de mesure a duré iojours
et étaitprécédée
d’unepériode préexpérimentale
de 3 se- maines pour le foin haché et lepremier
foin condensé, de 8jours
entre les deux mesures effectuéesà deux niveaux
d’ingestion
sur un foin condensé donné et de iojours
entre 2foins condensés corres-pondants
à 2 finesses debroyage
différentes. En effet, les résultats de l’essai 2 nous montraientqu’une période
expérimentale de 15jours
était de durée encore insuffisantequand
onpassait
d’unfoin haché à un foin condensé ou vice versa. Nous avons donc abandonné le
dispositif
en carré latinqui
aurait par tropallongé
la durée del’expérience
pour celui des blocs avecrépétitions.
Essai n° 4 (hiver
y 6¢-i 9 6 5 ) -
Cet essai ne diffère de l’essai n° 3que par la nature du foin utilisé ; ils’agit
d’un foin deprairie
permanente à basede graminées (foin 4912 )
récolté correctement, mais à un stade avancé dupremier cycle
devégétation (début
du mois dejuillet).
Les moutonsutilisés sont les mêmes que dans l’essai
précédent
mais ils sont 7 au lieu de 8, un mouton ayant dû être éliminé.J11 esur e s
Quantités
ingérées
etdigestibilité.
Les animaux ont reçu deux repas par
jour
à 8 heures et 17 heures. Ils avaient du foin en perma-nence à leur
disposition
lors des mesures effectuées enquantités
ad libitum, les refus étant enlevésune fois par
jour, juste
avant la distribution du repas du matin. La teneur en matière sèche du four- rage offert a été mesurée sur un échantillon de 5oo gprélevé chaque jour
dans l’essai i et tous les2
jours
dans les autres essais. La teneur en matière sèche des refus a été mesurée sur un échantillon de 5oo g prélevéchaque
jour. Les fèces ont été recueillies etpesées chaque
matin et,après mélange,
on en a prélevé 1/4pour la détermination de la teneur en matière sèche. La détermination des teneurs en matière sèche des
fourrages
et des fèces a été effectuée parséchage jusqu’à poids
constant dansune étuve à circulation d’air
réglée
à 80°.Pour
chaque période
de mesure de iojours,
un échantillonreprésentatif
a été constitué à par- tir des échantillons secs ayant servi à la détermination de la teneur en matière sèche. Lors des essais 3et 4, nous avons aussi constitué avant le début des mesures un échantillonreprésentatif
des foinscorrespondants
aux trois finesses de broyage avant etaprès
la mise enagglomérés.
Tous les échantillons
représentatifs
des foins utilisés et des fècescorrespondantes
ont étébroyés
dans un
broyeur
muni d’unegrille
à mailles de r mm de diamètre avant d’êtreanalysés.
Les
quantités
d’eau bues ont été individuellement mesuréeschaque jour
dans les essais 3et 4.Cornpo y
te»zent
aliznentaire.L’emploi
du temps de l’animal a étéenregistré
sur les deux mêmes moutons dansles essais
3 et 4.pendant
4jours
consécutifs dechaque période
de mesure par la méthode de RLIC-KEBUSCII,( 19 6 3 )
Vitesse de transit de
l’indigestible.
La vitesse de transit de
l’indigestible
a été mesurée sur les deux mêmes moutons dans les essais 3et 4durant
chaque période
dedigestibilité
par la méthode desparticules
colorées de BnLCU(r 9S o).
Le
premier jour
dechaque période expérimentale,
les moutons recevaient à 17 heures, 50 g du foin haché ou du foin condensé dont on étudiait ladigestibilité,
coloré à la fuschine.Après
r2 heuresdans l’essai 3 et 7heures dans l’essai 4, les fèces étaient recueillies à intervalle de heures pendant
les zeet 3e
jours,
à intervalle de 8 heures le 4ejour, à intervalle de 12heures les 5eet 6ejours, puis
à intervalle de 24heures
jusqu’au
ioejour.
Les échantillons de fèces fraîches étaient conservés dans des flacons de verredéposés
à la chambre froide à - 15°jusqu’à
leuremploi.
Ils étaient alorsdégelés
et mis à tremper dans un
mélange
d’eau et de io p. ioo de1’eepol. Après mélange,
lesparticules
colorées en rouge étaient
comptées
sur 3sous-échantillons de 2g environ. La vitesse de transit a étéexprimée
par trois temps de rétention : le temps de rétention 5 p. ioo, le temps de rétention 80-5P. ioo(BnLCH, ig 5 o)
et le temps de rétention moyen(C ASTLE , 195 6).
Analyses.
Tous les échantillons
représentatifs
dufourrage
offert, dufourrage
refusé dans le cas du foinhaché, et des fèces
correspondantes
dechaque période
de mesure ont étéanalysés
pour déterminer leur teneur en cendres, en matières azotées(N Kjeldahl
X 6,z5), et en cellulose brute(cellulose W
EENDE
).
Dans l’essai i, les fèces ont étéanalysées
pourchaque
mouton mais dans les autres essais,elles ont été
pondérées
avantanalyse.
Ces
analyses
ont été complétées par un fractionnement de constituants membranaires(cellu-
lose, hémicellulose,lignine)
par la méthode deJ ARRIGE (r 9 6r)
pour la luzerne 264de l’essai 2 sousforme hachée,
broyée
et condensée et les fècescorrespondantes,
etpour la
luzerne 350 o de l’essai
3, sous la forme hachée et les formes condenséesaprès broyage
à lagrille de
3 et de 1,5mm et les fècescorrespondantes.
Une
analyse granulométrique
des foins condensés étudiés dans les essais 3et 4a été effectuée avant leur mise enagglomérés,
avec un tamiseurélectromagnétique
muni de tamis à mailles de 2,5 0
, 1,25, 0,80, 0,40, 0,25, o,16 et o,io mm.
Chaque
mesure a été effectuée entriple
sur 50g de foinbroyé (fig. i).
RÉSULTATS
Com!osition chimique
La
composition chimique
des foins utilisés estrapportée
dans le tableau i. Il ya des différences
systématiques
entre les formes deprésentation
du mêmefoin ;
enmoyenne la teneur en cellulose brute du foin
broyé
est de 0,0point
inférieure à celle du foin hachécorrespondant
alors que celle du foin condensé l’est de 4,5points.
Ladifférence de teneur en cellulose brute entre le foin haché et le foin
broyé s’explique
vraisemblablement par des erreurs
d’échantillonnage
car on constate une différenceen sens inverse de la teneur en matières
azotées ;
lamanipulation
du foin haché entraîne en effet unelégère perte
de feuillesquelles que
soient lesprécautions prises.
En
revanche,
les différences dans la teneur en cellulose brute entre le foinbroyé
et lefoin condensé
peuvent
difficilements’expliquer
par des erreursd’échantillonnage ;
d’une
part
parce que le foin condensé a étéfabriqué
àpartir
d’un certain nombre desacs de foin
broyé
choisis auhasard ;
d’autrepart
parce que les différences sonttrop systématiques
ettrop importantes
etqu’elles
sont en outreindépendantes
des varia-tions de la teneur en matières
azotées,
elles semblent donc être de natureanalytique.
Cette
hypothèse
semble d’ailleurs vérifiée par les résultats du fractionnementglucidique
des constituants membranaires des foins de luzerne2 6 4
de l’essai 2 et 3500
de l’essai 3
(tabl. 2 ).
Les teneurs en cellulose et enligno-cellulose
du foinhaché sont
supérieures
à celle du foinbroyé
et surtout à celle du foin condensé. Enrevanche,
les teneurs en hémicelluloses semblent êtreplus
élevéesquand
les foinssont
broyés
et surtoutquand
ils sontcondensés ;
celaindique
que le traitement subi par lefourrage
rend la celluloseplus
sensible àl’hydrolyse
par l’acide dilué et on enretrouve donc moins à
l’analyse.
Di n estibilité
Les valeurs des coefficients de
digestibilité
obtenues dans des différents essais sontprésentées
dans les tableaux 2 et 3 et lafigure
2.L’analyse chimique
des fèces aété effectuée sur l’échantillon moyen
pondéré
de fèces du lot de moutons et non surles échantillons individuels.
L’analyse statistique
des résultats n’a donc pu être effectuée que pour les coefficients dedigestibilité
de la matière sèche. Elle demeurecependant
valable pour les coefficients dedigestibilité
de la matièreorganique
carles teneurs en cendres des
fourrages
et des fècescorrespondantes
ont peu varié sui- vant les formes deprésentation
du foin.Digestibilité
cle la matière sèche et de la matièreorganique.
Le
broyage
desfoins,
suivi ou non de la mise enagglomérés,
entraîne une dimi-nution de la
digestibilité
de la matière sèche(et
de la matièreorganique) qui
est,significative (P
<o,o 5 )
pourcinq
foins sur les six.Cependant
cette diminution est variable suivant le niveaud’ingestion,
suivant que les foins sont condensés ou sim-plement broyés
et suivant la finesse debroyage
et la nature dufoin ;
elle va, pour la matièreorganique,
de 0,4point
pour la luzernebroyée
zf>o2 de l’essai 2 à r5,zpoints
pour le foin de
pré
4912 condenséaprès
avoir étébroyé
deux fois à lagrille
de 1,5mm de l’essai 4(tabl. 3).
La diminution de la
digestibilité dépend :
i- Du niveau
d’ingestion :
c’est ainsi que ladigestibilité
des foins condensés distribués enquantités
limitée diminue moins que celle des foins condensés distri- bués adlibit 2 im ;
en moyenne 2,0 contre6, 5 points
pour la luzerne de l’essai 3 et 4,0contre
8, 7 points
pour le foin depré
de l’essai. L’influence du niveaud’ingestion
sur la
digestibilité
des foins condensés est par ailleurs d’autantplus grande,
que le foin a étébroyé plus
finement(fig. 2 ).
- De la mise en
agglomérés
du foinbroyé :
ladigestibilité
des foinsbroyés
estintermédiaire entre celle du foin haché et celle du foin condensé mais la
quantité
de foin
broyé ingérée
est, elleaussi,
intermédiaire entre les valeurscorrespondantes
pour le foin haché et pour le foin condensé
(tabl. 3 ).
- De la finesse de
broyage ;
ladigestibilité
des foins condensés distribués ad libi- tum ou enquantité
limitée diminue d’autantplus
que les foins ont étébroyés plus
finement
(fig. 2 ).
- De la nature du foin : la diminution de la
digestibilité
des foins condensés degraminées
estplus importante
que celle des foins de luzerne. Elle est en moyennede 9
points (respectivement
10,3, g,4,8,o points)
pour les 3 foins degraminées
con-densés
après
avoir étébroyés
à travers unegrille
de 3 mm et distribués ad libitum et elle n’est que de 4points (respectivement
r,7, 7,0, q.,2points)
pour les 3 foins de luzerne condensésaprès
unbroyage
à travers la mêmegrille.
Pourtant les foins de luzerne condensés ont étéingérés
enplus grandes quantités
que les foins degrami-
nées condensés.
En
revanche,
la diminution dedigestibilité
due aubroyage,
suivi ou non de lamise en
agglomérés,
sembleindépendante
de ladigestibilité
du foin normal. Elle est aussiimportante
pour les foins trèsdigestibles
de ray-grass et defétuque
de l’essai lque pour le foin de
pré
peudigestible
de l’essai 4.Digestibilité
des constituants de la matièreovganique.
Le
broyage
desfoins,
suivi ou non de la mise enagglomérés,
n’a pas d’influencesur la
digestibilité
des constituants entièrementdigestibles (glucides solubles)
et aune action faible sur la
digestibilité
de l’extrait aqueux(constituant
trèsdigestible)
et de la
lignine (tabl. 2 ).
Si l’on tient
compte
des différences éventuelles dans la teneur en matières azo-tées entre les différentes formes de
présentation
du mêmefoin,
onpeut
dire que lebroyage
et la mise enagglomérés
n’ont pas d’influence sur ladigestibilité
des matières azotées saufquand
lebroyage
est très fin et provoque une diminutionimportante
de la
digestibilité
de la matièreorganique ;
même dans ce cas, ladigestibilité
desmatière azotées diminue
beaucoup
moins que ladigestibilité
de la matièreorganique,
les teneurs en matières azotées des fèces de moutons recevant des foins
broyés
oucondensés étant
systématiquement plus
faibles quelorsqu’ils reçoivent
le même foinsous forme hachée
(fig. 3 ).
En
revanche,
lebroyage
dufoin,
surtout si ce foin est ensuitecondensé,
pro- voque une diminutionimportante
de ladigestibilité
des membranes. C’est ainsi que ladigestibilité
de la cellulose brute diminueparallèlement
à celle de la matière orga-nique
mais defaçon beaucoup plus importante ; cependant
cela doit êtredîi,
au moinsen
partie,
au faitqu’on
trouve moins de cellulose brute dans les foinsbroyés
et sur-tout dans les foins condensés que dans les foins hachés. En
effet,
la teneur en cellu-lose brute des fèces est
quasiment indépendante
de la forme deprésentation
du foin(fig. 3 ).
De même ladigestibilité
de la cellulose vraie diminuebeaucoup
parcequ’on
en trouve moins à
l’analyse
dans les foins condensés alors que ladigestibilité
deshémicelluloses varie peu et
peut
mêmeaugmenter
pour les foins de luzerne 3500 condensés parcequ’à l’analyse
on en trouveplus
dans ces mêmes foins(tabl. 2 ).
Quantité ingévée
Matière sèche.
Le
broyage
du foin entraîne uneaugmentation importante
etsignificative
dansles 4 cas de la
quantité ingérée,
en moyenne de 33 p. 100( 13 , 9
à 25,49/ kg
Pl&dquo;5suivant les
foins) (fig. q.).
La mise enagglomérés
du foinbroyé
entraîne une nouvelleaugmentation
de laquantité ingérée :
celle-ci estsignificative (P
<0 , 05 )
pour les 2 foins degraminées ( 1 6,8 9/ kg
pO,75 soit 27 p. 100 en moyenne mais ne l’est pas pour les deux foins de luzerne(q @5 g/kg
PO,15soit m p. 100enmoyenne).
Les foinscondensés sont donc
ingérés
enquantités beaucoup plus importantes
que les foins hachéscorrespondants :
de3 6
àg6
p. 100( 25 , 3
à 45,4g/kg P O , 15 )
suivant les foins.La
quantité
de matière sècheingérée augmente légèrement
mais defaçon signifi-
cative avec la finesse de
broyage
pour le foin depré
de l’essai 4 mais non pour le foin de luzerne de l’essai 3(fig. q.).
Les foins de
luzerne, quoique
moinsdigestibles,
sontingérés
enplus grandes quantités
que les foins degraminées
que ce soit sous forme hachée(en
moyenne6 2 ,
7
contre q.!,2g/kg
P0 , 75 ),
sous formebroyée (en
moyenne8 4 , 7
contre6 2 ,6 g)
ou sous forme condensée
(en
moyennec!6,6
contre8 2 ,o
gaprès
unbroyage
à traversune même
grille
de 3mm).
De même les différences dans lesquantités ingérées
par le même lot de moutons recevant 2 foins de même nature mais dequalité
différente(essai
i et essai2 )
sont dans le même sensquelle
que soit la forme deprésentation
des deux foins mais elles sont
proportionnellement beaucoup plus
faibles entre les formes condenséesqu’entre
les formes hachées.En
revanche,
dans tous lesessais,
si nous classons les moutons suivant leurappétit,
nous obtenons des classements différents suivant la forme deprésentation
des foins.
Coa2stituants
digestibtes.
La
quantité
de matièreorganique digestible ingérée augmente,
elleaussi,
dans degrandes proportions (fig. 4 ) ; quand
les foins sontbroyés (de
5,2 à r2,3g/kg
P0 , 75 ,
soit de 18 à3 6
p. 100 suivant lesfoins)
et surtoutquand
les foins sont condensés(de
Z2,5 à 20,5g!kg
P11, 7!5@
soit de 32 à 62 p.100 ).
En valeurabsolue, l’augmentation
est
plus importante
avec les foins de luzernequ’avec
les foins degraminées
car ladigestibilité
de ces derniers diminue defaçon plus importante.
Laquantité
de matièreorganique digestible ingérée
semble relativementindépendante
de la finesse debroyage
du foin depré
de l’essai n° q(fig. 4 ).
La
quantité
de cellulose brutedigestible
est relativementindépendante
de laforme de
présentation
du foin et de sa finesse debroyage (fig. q).
Tout se passecomme si elle était
caractéristique
du foin et que les moutons recevant un foin donnéne
pouvaient digérer qu’une quantité
fixe de cellulose brutequelle
que soit la quan- titéingérée.
Constituants
1>idig,estibles.
La
quantité
de matièreorganique indigestible
ou de cellulose bruteindigestible ingérée augmente
dans desproportions
considérablesquand
les foins sontbroyés
et surtout
quand
ils sont condensés.L’augmentation
estplus importante,
en valeurabsolue et en valeur
relative,
pour les foins degraminées
que pour les foins de luzerne et elle est d’autantplus importante
que les foins sontbroyés plus
finement(fig. 4 ).
Quantité
d’eau hueL’ingestion
de foins condensés provoque uneaugmentation importante
etsigni-
ficative
(P
<o,o 5 )
desquantités
d’eau bues par les moutons notammentlorsque
les foins condensés sont offerts ad libitum
(tabl. q.).
Les
quantités
d’eau bues par i ooo g de matière sècheingérées
sont,significa-
tivement
(P
<o,o 5 ) plus
élevées avec les foins condensés distribués enquantité
limitée
qu’avec
les foins condensés distribués ad libitum ou avec les foins hachés.Elles sont
significativement plus
élevées avec la luzerne condenséeingérée
ad libitumqu’avec
la luzernehachée ;
cette différencen’apparaît
pas avec le foin depré.
Toujours rapportées
à i o0o g de matière sècheingérée,
elles sont d’autantplus
élevées que les foins condensés ont été
plus
finementbroyés
dans le cas du foin depré,
alors que c’est l’inverse dans le cas du foin de luzerne.!’itesse de transit de
l’indigestibilité
Le tableau 5 donne les vitesses de transit
digestif
mesurées sur les moutons2ig5 et
2 0 85
lors des essais 3et q. Les foins condensés distribués ad Libitumséjournent beaucoup
moinslongtemps
dans le tubedigestif
que les foins hachéscorrespondants,
et cela d’autant
plus
que les foins condensés ont étéplus
finementbroyés
avant d’êtreagglomérés.
Letemps
de rétention moyen dans le tubedigestif,
letemps
de rétention dans le rumen((t
80p.100 -t
p.100 ),
letemps
de rétention dansl’intestin (t
5 p100 ).
du foin condensé
peuvent
être trois foisplus
courts que ceux dufoin
haché. Enrevanche si les foins condensés sont
ingérés
en mêmequantité
que les foinshachés,
seul letemps
de rétention dans l’intestindiminue ;
letemps
de rétention moyen dans le tubedigestif
et letemps
de rétention moyen dans le rumen ne diminuent pas auto-matiquement
etpeuvent
mêmeaugmenter
comme c’est le cas chez le mouton20 85 (tabl. 5 ).
Ilapparaît
en effet une liaison étroite entre lesquantités
de foiningérées
ad libitum par un mouton et le
temps
de rétention moyen dans le tubedigestif (fig. 5 ).
L’accélération du transit
digestif
avec les foins condensés semble donc résulter essen-tiellement de
l’augmentation
desquantités ingérées.
Il existe
également
une liaison étroite entre les coefficients dedigestibilité
de lamatière
organique
du foin de luzerne de l’essai 3(coefficients
différents suivant les moutons, la forme deprésentation,
la finesse debroyage
et le niveau d’alimentation desmoutons),
et letemps
de rétention moyen dans le tubedigestif (R
= +o,o, 5 o)
ou le
temps
de rétention dans le rumen(R
= !o, q 3 fi) (fig.
6A).
Ces liaisons très étroites montrent d’une
part
que les différences dedigestibilité
entre les deux moutons pour un aliment donné
s’expliquent
essentiellement par des différences dans la vitesse de transitdigestif,
d’autrepart
que la diminution dediges-
tibilité
provoquée
par lebroyage
et la mise enagglomérés
du foin de luzerne semble liée essentiellement à une accélération du transitdigestif.
Il n’en est pas de mêmeavec le foin de
pré
de l’essai 4 ;broyé
finement( 3
mm et surtout 1,5mm)
et distri-bué en
quantité limitée,
il estbeaucoup
moinsdigestible
que cequ’on pouvait
attendrecompte
tenu de la vitesse de transitdigestif (fig.
6B).
La diminution dedigestibilité
du foin de
pré
condensé n’est donc pas due essentiellement à une vitesse de transit accéléré et une autre cause doit être recherchée.Comportement
alimentaireL’ingestion
de foins condensés provoque une modificationimportante
du com-portement
alimentaire des animaux et cela d’autantplus
que les foins sontbroyés plus
finement avant d’être condensés.Quand
les animauxreçoivent
les foins con-densés,
ilspassent
moins detemps
à consommer et à ruminer etbeaucoup plus
detemps
à ne rienfaire, malgré
uneaugmentation importante
desquantités ingérées (tabl. 6).
Lafréquence
despériodes d’ingestion
est aussiprofondément modifiée ; quand
les animauxreçoivent
du foinhaché,
ils effectuent unpetit
nombre(6
à8)
de
longs
repas alorsqu’ils
effectuent ungrand
nombre( 15
à20 )
de repas courtslorsqu’ils reçoivent
du foin condensé ad libitum. Les modifications ducomportement alimentaire,
enparticulier
dutemps
deconsommation,
sont encoreplus spectacu-
lairesquand
les foins condensés sont distribués enquantité
limitée :l’ingestion
estalors extrêmement
rapide ;
les moutons n’effectuent que deux repas très courtscorrespondant
aux deux distributions.Après
avoiringéré
sous forme de foin con-densé une
quantité
de matière sèche au moinségale
à celleingérée
sous forme dehaché,
et celabeaucoup plus rapidement,
les animaux ont encorefaim,
cequ’ils
manifestent par une
grande
nervositéaprès
le repas et par des bêlements.Le
temps
de consommation et de ruminationcorrespondant
à uneingestion
dei
kg
de matière sèche sont donc très différents suivant la forme deprésentation
dufoin,
la finesse debroyage
et laquantité
de foin offerte(tabl. 6).
C’est ainsi que letemps
de consommationcorrespondant
à uneingestion
de 1kg
de matière sèchesous forme de foin haché est
respectivement
de 5 heures et 3 h 40 minutes pour le foin de luzerne et le foin depré ; quand
ces foins sont condensésaprès broyage
à lagrille
de 1,5 mm, il tomberespectivement
à i h 10et i h 5o minutesquand
ils sontofferts ad libitum et
respectivement
à 32 et 18 minutesquand
ils sont offerts en quan- titélimitée, égale
à celleingérée
sous forme de foin haché.I,e
temps
de ruminationcorrespondant
à uneingestion
de ikg
de matière sèche diminue aussi dans desproportions importantes
mais estbeaucoup plus
élevéquand
les animaux
reçoivent
les foins condensés enquantité
limitée quelorsqu’ils
lesreçoi-
vent ad libitum. Le
temps
totalpassé
à rumineraprès l’ingestion
de foins condensés est en effetquasiment indépendant
du niveaud’ingestion.
I,a rumination ne dis-paraît
pas, même avec les foins condensésaprès
unbroyage
très fin.Cependant quand
les moutons
reçoivent
le foin depré
condenséaprès
un doublebroyage
à lagrille
de i,5 mm, la rumination est très différente de celle observée lors des autres