SÉGRÉGATION ANORMALE AU LOCUS « C »
CHEZ LA POULE DOMESTIQUE
P. MÉRAT
Station de Recherches avicoles,
Centre national de Recherches
zoatechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Dans une
population
de volailles où legène
C(plumage coloré)
est maintenu enségrégation
avec son allèle c(absence
decoloration),
la descendance d’un coq hété-rozygote
Cc(coq
« PCi 3 0 ), accouplé
en19 6 2
à despoules homozygotes
cc, acomporté
une
proportion
anormale deplumages
colorés et blancsparmi
les descendantsmâles,
comme le montre le tableau suivant :
Ces
proportions
étaient observées sur lespoulets
de 8 semaines. le sexe était identifié au mêmeâge,
et vérifié deux semainesplus
tard.La
présence
ou l’absence de coloration duplumage
neprésentait
aucune difficultéde
classification,
d’autantplus
que lapopulation
enquestion
était fixée à l’étathomozygote
pour l’allèle s(duvet
etplumage
« dorés!·).
Cette coloration concordait entièrement avec celle du duvet. En outre, legène
I(«
blanc dominanto)
était absent des familles étudiées pour laségrégation C/c,
ainsi que legène
BI de dilution dunoir,
et le
gène ig
suppresseur de lapigmentation
rouge.On ne voit donc pas la
possibilité d’expliquer
laségrégation
observée par laprésence
degènes
suppresseurs de lapigmentation
autres que c.’
L’écart vis-à-vis des
proportions théoriques
est d’ailleurs visiblement limité au sexe mâle : laproportion
chez les descendants femelles ne s’écarte passignificati-
vement de la
prévision. Quant au Z 2
« interaction o, reflétant la différence deréparti-
tion des
types
deplumage
entre les deux sexes, il estégal
à14 ,6og (P
<o,ooi).
La déviation constatée par
rapport
à laproportion 1/1
s’estproduite
dans uneseule famille
parmi
toutes celles étudiées. Il nous reste à évaluer laprobabilité
deréalisation de cet événement du seul fait du hasard.
Or,
le croisement Ce X cc acomporté
au total dans notrepopulation
71 familles de mêmepère
ayantplus
de1
6 enfants
mâles,
donnant lapossibilité
d’obtenir sur ceux-ci unx 2 supérieur
ouégal
à 15 > 707. D’autre
part,
sur l’ensemble de nosdonnées,
aucun écart sensiblen’apparaît,
vis-à-vis de la
proportion 1/1 ,
pour larépartition
desplumages
blancs et colorés chezles enfants mâles
( 1
622 colorés pour i 620blancs).
Ceci
étant,
laprobabilité
cherchée est celle d’obtenir par hasardun Z 2 égal
ousupérieur
à 15,707parmi y x 2
calculés(ou,
si l’on veut, un t =y/x 2 supérieur ou égal
à
!/r5,7o7
=3 ,g6 3 ),
cequi
revient à observer au moins unefois,
sur 71tirages
aléa-toires,
un événement dont laprobabilité d’apparition
lors d’untirage
est 3,7 X 10-5. I,ss nombrespossibles
detirages
« favorables » sur les 71 effectués sont à peuprès
distribués suivant une loi de Poisson de moyenneet la
probabilité
cherchée est m -P(o)
= I -e- O , 002
s-0 , 002 6,
enappelant P(o)
laprobabilité
denon-apparition
de l’événement enquestion.
Il
paraît
donc raisonnable d’admettre que laproportion
observée n’est pas l’effet duhasard,
et estcaractéristique
de la famille considérée.On
pourrait
penser à une mortalitéembryonnaire particulièrement
élevée desmâles colorés
(Cc).
Ce serait unphénomène spécial
à cettefamille,
car, pour le reste des croisements Cc X cc, les nombres observés depoussins
mâles éclos sont presqueidentiques :
1 620 colorés pour 1 622 blancs. Laproportion
observée dans la descen- dance du coq « PC 13 » reflète effectivement un défaut de mâlespigmentés
vis-à-visdes trois autres
catégories :
ley 2
à 3degrés
de liberté calculé àpartir
desproportions
observées par sexe et par
phénotype
vis-à-vis desproportions théoriques égales
toutesquatre
àz/ 4 ,
estégal
àr8, 3 8i (P
<o,ooi).
Si on ledécompose
enun x 2 correspondant
à la
proportion
de mâles colorés vis-à-vis de l’ensemble des 3autrescatégories (i degré
de
liberté)
et enun x 2
résiduel à 2degrés
de liberté traduisant les différences de prosportion
entre ces trois dernièresclasses,
on obtientrespectivement
les valeurs r5,4299(P
<o,ooi)
et 2,952(non significatif).
Cependant,
les taux de fertilité et d’éclosion dans cette famille sontsupérieur-
à la moyenne du
troupeau,
commel’indique
le tableau 2 ; la mortalité despoussins
de o à 8
semaines,
de11 ,88
p. 100, est peusupérieure
à celle du reste de lapopulation
cette année-là.
Le
pourcentage
d’oeufs « clairs » aumirage
est de 13,3 p. 100(reste
dutroupeau : 1
6,6
p.100 ).
Si l’on suppose que tous les mâles colorésmanquants correspondent
à unemortalité
embryonnaire,
il reste, en déduisant les oeufs « clairs », une mortalité très faible pour toutes les autres causes réunies.Or,
si une moindre viabilité était associéeau
génotype
Cc chez les mâles de cettefamille,
il serait peu vraisemblable que les femelles en soient totalement indemnes.De
plus,
laproportion
des sexes, dansl’ensemble,
ne s’écarte passignificati-
vement de
1/1
pour cette famille(y 2
=1 , 921 ),
du fait que,parmi
les descendantsblancs,
on observe un certain excès demâles,
nonsignificatif
il est vrai(x 2
=2 , 3 r 4 ).
Il n’a
jamais
étéobservé,
à notreconnaissance,
de létalitézygotique
liée à l’allèleC: Durrrr
( 1923 )
trouve, aucontraire,
dans uncroisement,
une létalitépeut-être
liéeau récessif c.
Quant
à une létalité restreinte à un seul sexe, liée à ungène autosomal,
il n’en a
jamais
étésignalé.
D’autre
part,
uneexplication
par un remaniementchromosomique
ou une ano-malie
chromosomique
ougénomique
ne semble paspossible,
du fait de laproportion
normale chez les femelles et du taux d’éclosion élevé.
On ne
peut
donc écarter lapossibilité
d’uneségrégation
anormale au niveau desgamètes,
etplus précisément
d’uneproportion
anormale desspermatozoïdes
fertili-sants donnant un
zygote
mâle.D’ailleurs,
nous avonsobservé,
relativement à un autre locus de lapoule,
dességrégations
anormalesprésentant
àpremière
vuequelque analogie
avec celle décriteici,
et neparaissant pouvoir prendre place qu’avant
la formation duzygote (MÉ RAT , ig6
3
).
Autotal,
cettehypothèse paraît,
dans le casprésent,
laplus
vraisemblable.Reçu pour
publication
en mai r966.SUMMARY
ABNORMAL SEGREGATION TO THE C LOCUS OF THE DOMESTIC FOWL
In one sire
family
out of 71corresponding
to the d Cc X cc,mating type,
a considerabledeficiency
of colored male progeny was observed. Theproportion
among females wasperfectly
normal.The
probability
of random occurrence of thisdeficiency
in at least onefamily
among those studied is less than I per cent.Fertility and
hatchability
weregood
in thisparticular family.
This and the fact that the abnor- malproportion
was limited to one sex does not fit very well with thehypothesis
of a difference inlethality.
Thepossibility
of a distortedgametic
ratio at fertilization must, therefore, be considered.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
D
UNrr L. C., 1923. A lethal gene in fowls. Anier. Nal., 57, 345-3!9!
MÉRAT P., 1963. Ségrégations anormales pour les allèles n crête simple o et « crête en rose » chez la poule.
IV. Discussion d’ensemble relative aux trois types de croisement Rr x rr, rr x Rr et Rr x Rr. Ann, Biol. anim. Bioch. Biophy., 3, i3.;-i4i.