NOTE
COMPOSITION EN ACIDES AMINÉS DU LAIT DE TRUIE
P.-H.
DUÉE J. JUNG
A. M. GUEUGNEAU Station de Recherches sur
l’Éleaage
des PovcsCentre veational de Recherches
zootechniques,
I. N. R.A.,
i8350Jouy
enJosas
RÉSUMÉ
La
composition
en acides aminés desprotéines
du colostrum et du lait de 12truiesLavge-Wlaite
a été déterminée par
dosage chromatographique.
Les teneurs moyennes,
exprimées
en g p. 16 gd’azote, respectivement
pour le colostrum et lelait,
sont les suivantes :Par
rapport
aulait,
le colostrum estplus
riche en 9 acidesaminés,
la thréonine enparticulier.
Par contre, la
méthionine,
l’acideglutamique
et laproline
ont des concentrationsplus
élevéesdans le lait.
Les résultats individuels font
apparaître
de faibles coefficients de variation pour chacune des concentrations en acides aminés considérées.INTRODUCTION
Dans les conditions
pratiques d’élevage,
le lait maternelreprésente,
pour lejeune porcelet,
la seule source
alimentaire,
tout au moinspendant
les deuxpremières
semaines de lactation.L’étude de la
composition
en acides aminés du lait de truiepermettra
d’estimerl’apport
deces nutriments en relation avec le
gain
depoids
desporcelets pendant
cettepériode.
Les varia-tions de la
composition
du lait detruie,
en fonction du stade de lactation sont bien connues.(SnLMOrr-LECACNEUR, 19 6 4 ).
Enparticulier,
le tauxazoté, après
unebrusque augmentation
suivant la mise
bas,
décroîtprogressivement
pour se maintenir à un niveau constant vers leI
oe
jour
delactation,
avantd’augmenter légèrement après
six semaines. De cefait,
ilapparaît
deux stades
préférentiels
dans l’étude de lacomposition
desprotéines
du lait : d’unepart,
au débutde la lactation
(qui correspond
à laproduction
de colostrum dont on saitqu’il
contient unequantité importante d’immunoglobulines),
d’autrepart,
vers le roejour
de lactation.Peu d’auteurs ont,
jusqu’à présent, porté
intérêt à la détermination de lacomposition
en acides aminés du lait de truie
(B EACOM
etB OWLAND ,
1951 ;C UPFRLOVI É, 19 6 7 ;
ELLIOTTet al.,
1971 ).
Les résultatsrapportés
sontincomplets
etprocèdent
soit d’unetechnique
autre que celle actuellement utilisée(dosage microbiologique),
soit d’un très faible nombre d’animaux.MATÉRIEL ET MÉTHODES
L’étude a été
entreprise
sur 12 truiesLarge-White,
dont le numéro deportée était,
en moyenne, de 4. Lepoids
des animauxaprès
la mise bas était de 203,5 ! 5,7kg,
legain
net depoids pendant
lagestation précédente
s’élevait à 29,2kg, auquel
succéda uneperte
depoids
pen- dant la lactation( 35 jours)
de 11,7kg.
Les
performances zootechniques
des animauxpendant
la lactation sont rassemblées dans le tableau suivant(tabl. i).
Les animaux
reçoivent
le mêmerégime
standard engestation (régime
à based’orge,
detourteau de
soja
et de farine deluzerne)
et en lactation(aliment
à based’orge,
de tourteau desoja,
de farine depoisson
et de farine deluzerne).
Le niveau alimentaire est engestation
et enlactation
respectivement,
de 2,5 et 5,9kg
parjour,
cequi
satisfait les besoins nutritionnels destruies,
définis par le N. R. C.( 19 68),
pour les stadesphysiologiques
concernés.- La récolte des échantillons de lait est donc effectuée à 2stades bien définis : d’une
part,
dans les 12heuresaprès
la mise bas(colostrum),
d’autrepart,
IOjours après.
L’éjection
de lait estprovoquée
parinjection
intraveineused’ocytocine (dose employée :
10
UI).
Lesquantités
recueillies manuellement varient de 100à 200ml. Lacomposition chimique
moyenne du colostrum et du lait ainsi collectés
figure
dans le tableau 2.- Les échantillons de colostrum et de lait ont subi deux
hydrolyses
acides 24 et4 8
heures(en présence
de HCI(6 N)), puis
les acides aminés deshydrolysats
sont dosés par la méthode de MooR
E et al.
( 195 8),
utilisant latechnique
dechromatographie
sur colonneéchangeuse
d’ions.Le
tryptophane,
totalement détruit lors del’hydrolyse acide,
n’est pasdosé ;
les acides aminés soufrés(méthionine
etcystine)
sontoxydés
aupréalable
par l’acideperformique
et doséspar la même méthode que
précédemment.
En
comparant
les résultats de lacomposition
en acides aminés dulait,
obtenusaprès hydro- lyse
soit de 24 h soit de4 8 h,
ilapparaît
que les différentes concentrations dans les deuxhydro- lysats
sontsemblables,
sauf pour lathréonine,
la sérine et latyrosine
dont les teneurs sontsigni-
ficativement
plus
élevées dansl’hydrolysat
de 24heures, et pour l’isoleucine et la valine, diffi- ciles à libérer et dont les teneurs sontsignificativement plus
élevées dansl’hydrolysat
de4
8
heures. Enconséquence,
dans les résultats définitifs, il n’a été tenucompte
que des valeurs obtenues avecl’hydrolysat
de 24heures,
pour lathréonine,
la sérine et latyrosine,
avecl’hy- drolysat
de4 8 heures,
pour l’isoleucine et lavaline ;
pour tous les autres acidesaminés,
ces résultats sont les moyennes des valeurs obtenuesaprès
deuxtemps d’hydrolyse.
Il a été
procédé,
pour l’ensemble desdonnées,
à unecomparaison
des moyennes par la méthode descouples,
sur les 10truies pourlesquelles
nous avons obtenu des donnéescomplètes
concer-nant le colostrum et le lait.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
La
composition
en acides aminés du colostrum et du lait de truie estprésentée
dans letableau
3 .
A un stade
donné,
les résultats des concentrations en acides aminés du lait detruie, exprimés
en grammes d’acide aminé pour 16 g
d’azote,
fontapparaître
une variabilité peu élevée de ces teneurs : le coefficient de variation des différentes concentrations oscille entre 2 et 8 p. 100,Si les
protéines
du colostrum et du lait de truie sont bien pourvues en acides aminés indis-pensables,
et enparticulier
enlysine,
elles semblentpourtant,
relativement pauvres en acides aminés soufrés(méthionine, surtout)
cequi
avaitdéjà
été montré par ailleurs(B EACOM
et Bow-LAND, 1951 ;
C UPERLOVIC , I9 67 ;
ELLIOTT et CLL.,I C)7I).
L’utilisation d’un nombre assez
important
d’animauxpermet
de mettre en évidence des différencessignificatives
entre les deux stades de lactation. Parrapport
aulait,
le colostrum estplus
riche en 9 acidesaminés,
la thréonine enparticulier,
maiségalement
lavaline,
laleucine,
la
phénylalanine,
latyrosine,
lacystine, l’alanine,
lasérine,
etl’arginine.
Par contre, le lait de truiecomporte
parrapport
aucolostrum,
des teneursplus
élevées enméthionine,
acidegluta- mique
etproline.
Les concentrations des autres acides aminés ne subissent pas de variations entre les deux stades de lactation.Ces différences reflètent les modifications intervenant dans les
proportions
des diverses fractions azotées du lait.D’après
les résultats de SALMON-LEGAGNEUR( 19 6 4 ),
la fraction azotée constituée desglobulines (support
despropriétés
immunitaires ducolostrum)
estremplacée, partiellement
et assezrapidement,
par le groupe des caséines.Or,
lesimmunoglobulines
contien-nent des taux de
thréonine,
valine, leucine et à moindredegré
decystine,
alanine etsérine,
plus
élevés que les caséines. Aucontraire,
celles-ci sontplus
riches en acideglutamique, proline
et méthionine(T R ISTRA M
et SMITH,19 6 3 ).
Enfin,
lacomparaison
descompositions
en acides aminés desprotéines
du lait de truie et du lait devache, d’après
PioN et FAUCONNEAU( 19 66),
fait ressortir deplus
faibles teneurs en acides aminésindispensables
etsemi-indispensables
dans le lait detruie,
enparticulier
pour l’iso-leucine,
lavaline,
les acides aminésaromatiques (tyrosine
etphénylalanine)
et,secondairement,
lalysine
et la méthionine. Par contre,l’arginine
et 11cystine
ont des concentrationsplus
élevéesdans les
protéines
du lait de truie.En ce
qui
concerne les acides aminés nonindispensables,
deplus
fortes teneurs enproline
et en
glycine
sont à remarquer dans le lait de truie.L’analyse
de lacomposition
en acides aminés du lait de truiepermet
de confirmer lz valeurbiologique
élevée de sesprotéines.
Ilapparaît
d’autrepart
que cettequalité
desprotéines
est peuaffectée par des variations
individuelles,
tout au moins dans l’échantillon de truies observées.Finalement, plus
que laqualité,
laquantité
desprotéines
dans lelait,
donc laproduction laitière,
reste le facteur limitant de la croissance des
porcelets
sous la mère.Reçu Pour publication
enjanvier
1973.SUMMARY
AMINO ACID COMPOSITION OF
SOW’S
MILKThe amino acid
composition
of colostrum and milkproteins
from 12Large-White
sows wasdetermined
by
means ofchromatographic analysis.
The mean contents,
expressed
in g per 16 gnitrogen
were thefollowing
for colostrum andmilk, respectively :
Compared
with milk, colostrum containedhigher
amounts of 9 aminoacids,
inparticular
threo-nine. On the other
hand,
contents of methionine,glutamic
acid andproline
werehigher
inmilk.
According
to the individual results, the variation coefficients for each amino acid concen-tration considered were small.
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