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L'Océan indien, d'après Sir John Murray

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L'Océan indien, d'après Sir John Murray

COLLET, Léon William

COLLET, Léon William. L'Océan indien, d'après Sir John Murray. La Géographie , 1912, vol.

24, p. 117-123

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:138452

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(2)

-W. COL t E.T

1' ~, f.X L'océan Indien

i

d'après Sir John Murray.

L'océan Indien occupe une superficie d'environ 27 600000 milles carrés, en le supposant limité au sud par l'Antarctide. Le nombre des sondages dépassant 1 800 mètres n'était, en 1889, que de M o, la plupart dans la partie nord-ouest de cet océan. La carte bathymétrique dressée par Sir John Murray porte 878 sondages à des profondeurs dépassant 1800 mètres. Le tableau suivant montre la superficie entre les diflérentes isobathes et leur valeur en pour cent de la superficie totale de l'océan Indien :

Milles carrés. Pour cent.

Entre O et 1 800 mètres. • 1 958 000

-

7

i 800 et 3 600 - 8 014 000 29

3 600 et 5 500 15 902 000 58

Au-t.lessus de ti 500 : 27 600 000 1 726 000

- -

iOO 6

Sir John Murray distingue dans l'océan Indien cinq fosses (deep), à savoir.

1° La fosse de Ross, dont une partie se trouve dans l'Atlantique, fut découverte en 1898-99 par l'expédition allemande de la Valdivia qui enregistra sept sondages dépas- sant 5 500 mètres. Cette fosse, dont l'élendue est évaluée très approximativement à 613000 milles carrés, ,s'étend entre le 20° et le 52° de Long. E. de Gr. par 60° de Lat.

S. -

2° La fosse de Jeffreys, qui couvrirait un espace de 198 000 milles carrés, cein- ture la partie sud-ouest de l'Australie. Elle n'est déterminée que par douze sondages, huit se trouvant dans la partie sud c L les quatre autres dan s la partie nord. Il se peut donc fort bien que ce que l'on envisage aujourd'hui comme une seule fosse se transforme plus tard en deux ou plusieurs par la présence de crêtes sous-marines.

3° La fosse de Wharton , du tropique du Capricorne au 10° de Lat. S., et, entre le 91° et le 118° de Long. E. de Gr. - Elle couvre un espace de 852000 milles carrés

et

contient les deux plus grandes profondeurs de l'océan Indien (6 771

m.

et 7 000 m.), découvertes par l'expédition allemande du Planet.

't0 La fosse de Maclear, au nord de la fosse précédente, est établie sur quatre sondages. Elle couvre une superficie de 62 000 milles carrés.

!. John Murray, On the Depth and Marine Deposits of' the lndian Ocean, wilh descriptions of the Oeposit-Samples collected by Mi-. J. Stanley Gardiner in 1905, in Transactions of the Linnrnn Society of London. Ser. 2. Zoology. Vol. XJII, Part. 3, p. 355, i910.

Lt. Géo aRAPHIE. - T. xx1v, rn12.

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H8 LÉON W. COLLET.

En 1883 l'Enlel'ptise

a

tro~vé .par 4°'14' de Lat. S. et 99°!)0' de Long. E. de Gr.

un fond de 566:1 mètPes. Cet unique coup de sonde ne peut pas déterminer la pré- sence d'une fosse, étant donné qu'à peu de distance on a trouvé des fonds de moins de ()000 mètres.

Ainsi, malgré le grand nombre de sondages efl'ectués dans l'océan Indien il reste encore bien des parties à étudier. En effet, nous voyons au centre de cet océan les lignes de sondages se croiser et généralement on ne sait rirn de ce qui se trouve entre ces lignes. La même remarque s'applique i:t la région située au sud du 50" de Lat. S.

L'océan Indien étant complètement entouré de terres, le régime des vents est absolument clifl'érent de ce qu'il est dans l'Atlantique par exemple. Les fortes pressions qui commencent à se fail'e sentir, au centre do l'Asie, à partir d'octobre et augmentent jusqu'en janvier, amènent sur le golfe de Bengale et le golfe Arabique des vents de nord-est; c'est la mousson d'hiver. En été les conditions se renversent; les faibles pressions se tronven t sur le continent, il en résulte des vents de sud-ouest connus sous le nom de mousson d'été. Au sud de l'Équateur, pendant qu'au nord souf1lo la mousson d'hiver, des aires de faibles pressions s'éta- blissent au centre de l'Australie, au centre et au sud de l'Afrique. Il en résulte que la ceinture de faibles pressions qui fuit le tour de l'Équateur se trouve influencée, à ce moment de l'année, par ces faibles pressions des continents. La ligne des faibles pressions prend une direction oblique du nord de i\fadag!l.scar i:t Sumatra et de cette dernière à l'Australie. Une autre conséquense de ce fait est que les alizés de sud-est sont déviés vers la côte nord-ouest de

r

Australie sous forme de vents de nord-ouest.

Pendant la période de la monsson d'été les fortes pressions s'établissent au centre de l'Australie. Les vents soufflent donc de la terre vers la mer. Sur l'océan Inrlien, à ce moment, les fortes pressiow. se rencontrent par 30° de Lat. S., diminuant pro- gressivement an nord vers la dépression de l'Asie centrale. Les vents de sud traversent l'océan dans la direction de l'Asie, lu zone des calmes équatoriaux disparaît, et, les alizés de sud-est, changeant de direction, viennent renforcer la mousson d'été. Les courants marins changent de direction avec les moussons, nous aYons ainsi la preuve de l'action des vents sur la circulation océanique.

Température.

-

C'est au nord du 13° de Lat. S. que l'on rencontre les eaux de surface les plus chaudes de l'océan Indien (au-dessus do 26°,66 C.). Dans la région nord-ouest du golfe Arabique cependant la température de l'eau de surface est relati- vement basse, surtout en été (2'~0, G ) , tandis qu'au printemps elle est de 28° ,2 C. - Nous trouvons l'explication de ce fait clans le régime des vents. En efl'et, en été les vents dominants sont ceux de nord-ouest qui chassent vers le sud-est les eaux chaudes de la surface. Ces dernières sont alors remplacées par des eaux plus froides, des couches profondes, qui ont une grande influence sur la sédimentation de cette région. Si l'on jette, en ef!et, un coup d'œil sur la belle carte des dépôts marins cle l'océan Indien publiée par -Sir John Murray, on est frappé par l'absence de for- mations coralligèncs sur la côte d'Afrique au nord de l'Équateur ainsi que sur la cote d'Arabie. Les coraux: ne peuvent se développer dans cette région, étant Llonnée la température et surtout ses variations.

.,

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L'OCÉAN INDIEN, D'APRÈS SIR JOHN MURflA Y. 119

Au sud du 13° de Lat. S. la température de l'eau de surface décroît au fur à mesure de l'augmentation de latitude. Sur les côtes d'Australie l'eau est plutôt plus froide que sur les côtes d'Afrique. Immédiatement au nord du 10° de Lat. S. la variation annuelle de la température des eaux de surface est inférieure à 5° C. - C'est la région par excellence des formations coralligènes. Nous trouvons, par contre, dans le golfe Persique, dans la mer Rouge, an sud de Madagascar et du cap de Bonne-Espérance une variation annuelle de 16°,6 C. - Dans le golfe Persique la tem- pérature des eaux de surface varie entre 18°,4 et 3iJ0,3, la température la plus élevée de l'eau de mer.

Au sud dn M0 de Lat. S. la variation ne dépasse pas 5°.

A la profondeur de 100 brasses ('183 m.) la température moyenne de l'océan Indien est de 15° ,9. Le maximun 2'1°, 1 rencontré à cette profondeur se trouve près du centre de l'océan par 80° de Long. E. et 18° de Lat. S. - On a observé à peu près la même température un peu à l'est du détroit de Bab-el-Mandeb. Plus à l'est de ce point la température décroît jusqu'à 1iJ0,iJ. La température la plus basse rencontrée par 100 brasses est de ·13°,3 C. - Ces eaux occupent une aire assez considérable entre Ceylan et le nord de l'Équateur, c'est-à-dire au lieu de rencontre des vents de nord-est et de sud-est.

A 200 brasses (366 m.) la tempéra turc moyenne est de '10° ,05. Dans toute la partie de l'océan Indien située au nord du 40° de Lat. S. l'eau possède à cette profondeur une température plus élevée que la moyenne. Là région des maxima ('16°, 1) corres- pond à celle de 100 brasses ainsi que celle des minima.

A 300 brasses (549 m.) nous .trouvons une température moyenne de 7°,05 C. - Un maximun de '12°,77 a été rencontré près du cap Guardafui. En plein océan le maximum n'est que de H0,66. La position de ce dernier point se trouve à dix degrés de longitude plus à l'ouest du maximum à 100 et 200 brasses.

A 400 brasses le maximum demeure près du cap Guardafui. Nous trouvons faci- lement l'explication de ce fait dans l'existence du courant de fond venant de la mer Rouge. Le maximum, en pleine mer, s'est maintenant déplacé au sud-ouest et se ren- contre par 34° de Lat. S. et 60° de Long. E. de Gr. -

De 500 à 800 brasses nous trouvons le même genre d'anomalies. A 900 et '1000 brasses l'océan Indien possède, il peu de chose près, la même température que l'océan Atlantique.

A 1 500 brasses (2 743 m.) l'océan Indien est l'océan le plus froid avec une moyenne de 1° ,83 C. - Sir John Murray explique ce phénomène en disant que l'eau de surface, d'une façon générale, ayant une faible densité, les fortes températures de surface n'influencent on aucune façon les températures du fond, comme dans le cas de mouvements de convection.

A 2200 brasses (4023 m.) la température moyenne basée sur 20 observations est de '1°,33. Les températures de fond varient entre '1°,'1 et '1°,66. Les minima se rencontrent le long del' Antarctide et les maxima le long des côtes dans les rég"ions tropicales et subtropicales. Sur le fond par 2020 brasses (3694 m.) on a noté à l'est de Ceylan '1°,05, et, par 1877 brasses (3433 m.), au nord-ouest de Madagascar, 0°,83.

Salinité. -Les plus fortes salinités, au-dessus de 36 p.1000, se rencontrent dans

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!20 LÉON W. COLLET.

l'océan Indien, au sud de l'Équateur, à l'ouest de l'Australie, et, au nord de l'Équateur, dans la région occidentale du golfe Arabique. Dans le golfe Persique on a observé une salinité de 36, 38 p. 1000. Dans le golfe d'Aden et le détroit de Bab-el-Mandeb la salinité varie entre 36 et 36,o p. 1000. Dans la partie méridionale du golfe de Suez nous trouvons des eaux de 37 p. ·1 000. Au fur et à mesure que nous avançons vers le nord la salinité augmente pour atleipdre 40 p. 1 000 dans le golfe d' Akaba.

Les mesures de salinité effectuées en profondeur dans le golfe d' Aden indiquent une augmentation de la salinité jusqu'à une profondeur de 360 mètres. Nous avons donc de ce fait la preuVfl de l'existence d'un courant de fond de la mer Rouge vers le

golfe

Aro!Jiquc.

Dons ln port'ic

orientale

dn nord do l'océan Indien,

dans

Io golfe d

Bengale

et

l'orclllpcl Malais, la salinité n'est

quo de

31~

p. 1 000. Nous

t1·ouvons l'explica tion

de cc phénomène dons les [orles

précipilalions 1tlmosph6riquos duos à

la

mou&son d'~L6,

ln

Iui l~Je

6vopornLion,

et,

l'oppol'l do grandes qnonLilés d'çou douce

venant du continent. Entre le 40° et le 00° de

Lat.

S. la salinité est supérieure à 34 p. 1000, tandis qu'au nord du 00°, dans la région de fonte des glaces, elle est inférieure à ce chiffre. A l'exception du golfe de Bengale, du golfe Arabique et de la mer Roug·e uou:;; possédons peu d'obscrYations concernant la salinité e.11 profondeur.

Sédimèntation. - Sir John Murray a été amené, à la suite des

rôccn lcs

expé- ditions faites da.us l'océan Indien, à modifier considérablement sa carte des dépôts marins de cet océan publiée en 1889et1891. Le tableau ci· dessous donne une idée de l'a.ire de distribution des différents sédiments :

Milles carrés. Pour cent.

-

-

Vase à globigérines.

..

14 711 000 53,3

Argile rouge .

..

4 H8 000 16,1

Vase à diatomées. . 4 696 000 17,0

Vase à radiolaires. 623 000 2,3

Vase à ptéropodes. 23 001) 0,1

Boues et sables coralliens . 291 000 1,0

Autres dépôts terrigènes. . 2 808 000 10,2

27 600 000 100

Nous voyons donc que les dépôls !Jéla.giques

couvrent

les

89 p. 100 de lu

super-

ficie

cl

u fond de l'océan. lnllicn, landis qne les ù épôl~

lunigènes

no représon ten t quo lc:s 11 p.100. On peut dire que la nse à globigèrfoe (53,:i p . jQQ) est le dépôt cnracléris- tique de

cet océa n,

comme l'argile rouge est lo sédiment caraclérisliquc du Pociflque.

Le cm·bO'lwlc de c/iaux. - Sir John l\'lurroy publielap1·cmière

carleindiqunnt

la teneur en carbonate de chaux des sédiments de l'océan Indien.

Les chiffres ci-dessous indiquent la distribution des principales teneurs en

C0

3

Ca

des sédiments :

Surface couverte par des sédimeqts contenant :

Moins de 25 p. 100 de C03Ca.

De 25 à 50 p. 100 . De 50 à 75 l'lus de 75

Milles carrés.

10 250-000 3 680 000 9 630 000 4

orn ooo

Pour cent.

37 13 35 15

27 600 000 100

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L'OCÉAN INDIEN, D'APRÈS SIR JOHN MURRAY. 12!

La moitié du fond de l'océan Indien est donc recouverte par des dépôts contenant plus de 50 p. 100 de carbonate de chaux. Si l'on compare la carte de la distribution du carbonate de chaux avec celle des dépôts marins, on voit que les faibles teneurs en C03Ca correspondent aux dépôts terrigènes, exception faite des boues et sables coralliens, et, aux aires recouvertes d'.argile rouge, de vase à radiolaires et à dia~

tomées. Les fortes teneurs en C03Ca indiquent la présence des vases à globigérines et à ptéropodes, ainsi que les dépôts coralliens.

Il est intéressant de comparer ensuite la carte de la distribution du carbonate de chaux avec la carte bathymétrique. On voit, en effet, que les faibles teneurs en carbonate de chaux correspondent généralement aux eaux peu profondes qui baignent les continents dans les faibles latitudes, aux eaux peu profondes et profondes des régions antarctiques et aux parties très profondes des régions tropical ès et subtropicales, où, bie~ que le carbonate se trouve dàns les eaux superficielles sous forme de coquilles d'organismes marins, on n'en trouve que fort peu dans les sédiments. Nous avons de ce fait une fois de plus la preuve de l'action dissolvante de l'eau de mer sur les restes d'organismes calcaires. En effet, lorsqu'un organisme calcaire meurt à la surface, sa coquille tend à gagner le fond. Durant la descente cette dernière se trouve exposée à l'action dissolvante de l'eau de mer et de l'acide carbo- nique dégagé par la décomposition de la matière organique qui la remplit. Dans le cas des hétéropodes et des ptéropodes, organismes possédant une coquille exces- sivement mince, la dissolution sera complète généralement à environ un millier de mètres de profondeur et bien rarement ces coquilles atteignent les grands fonds.

Les globigérines, bien que beaucoup plus petites que les hétéropodes et les ptéropodes, possèdent une coquille plus massive. Elles résisteront donc davantage à l'action dissolvante de l'eau de mer et nous les voyons atteindre le fond jusqu'à 4 000 et 4 500 mètres. Dans les sédiments situés à de plus grandes profondeurs, ces coquilles deviennent rares jusqu'à faire complètement défaut dans les abysses. Les exemples qui s-q.ivent sont une .belle illustration de !'action dissoivante de l'eau de mer sur les coquilles calcaires. En 1887 l' Egei·ia trouvait par 20°42' de Lat. S. et 73°'10' de Long. E. de Gr., à la profondeur de 4 228 mètres, une vase à globigérines contenant 73,38 p.100 de carbonate de chaux. Non loin de là, à une profondeur de 4 689 mètres, le sédiment rencontré était une argile rouge sans carbonate de chaux. Par 29°56' de Lat. S. et 54°6' de Long. E. de Gr., à 4 228 mètres le fond était également une va:se à globig·8rines contenant 69,95 p. 100 de carbonate de chaux, tandis que par 23°11)' de Lat. S. et 56°18' de Long. E. de Gr., à 4 510 mètres on trouvait une argile rouge contenant seulement 12,22 p. 100 de carbonate de chaux. Par 26°23' de Lat: S. et 55°25' de Long. E. de Gr. à une profondeur de 5 260 mètres l'argile rouge ne contenait pas trace de carbonate de chaux.

Récifs coralliens. - La question de la distribution du carbonate de chaux dans les sédiments de l'océan Indien amène Sir John Murray à reprendre le problème si intéressant de la formation des récifs coralliens. Les lecteurs de La Géographie me permettront de reprendre le problème depuis le commencement, c'est-à-dire avec Darwin. Ce savant, durant la célèbre expédition du Beagle, avait été frappé du fait que les atolls, tout comme les . autres récifs coralliens, étaient d'une· épaisseur

LA GfoGRAPHŒ. - T. XXV, 1912. 9

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1.22 U~ON W. COLLET.

considérable, bien supérieure à 37 mètres,' limite alors jugée nécessaire aù dévelop- pement des espèces coralligènës. Sc basant sur ce fait d'obsürvatiori, Darwin érriit alors sa théorie sur la formation des récifs coralliens dite théorie de l'affaissement, à laquelle l'adhésion trop rapide de Dana donna uri grand poids. D'après cette théorie les coraux commençent à croître près d'une île et forment un cc recif frangeant>>. Puis Darwin suppose que l'île s'affaisse et que les coraux continuent à croître d'une vitesse proportionnelle à la vitesse d'affaissement de l'île. Le récif frangeant se transforme alors en un <c récif barrière n, séparé de l'île par un chenal. L'île conti- nuant son mouvemement de descente disparaît totalement, tandis que les coraux ont atteint la surface en formant finalement un atoll.

La théorie de Darwin devait séduire les naturalistes et les géologues par sa simplicité. - C'est à Sir John Murray que revient l'honneur d'avoir le premier, en '1880, à la suite de l'expédition du Challenger, combattu cette théorie qui voulait que dans tous les cas la croissance des coraux . fut proportionnelle à la vitesse d'affaisscmen t d'une île. C'est toujours avec émotion et admiration que j'ai lu et relu cette èotirtc notice de mon vénéré maitre, intitulée : On the structiwe and oi·igin of Cuml /leefs and Islands'. Il fallait du courage et de la confiance dans son propre travail pour nôn seulement mettre en doute, mais encore pour démolir la théorie du célèbre Dandn et en reconstruire une autre sur des bases plus solides.

Les sondages du Challenger avaient dévoilé à Sir John Murray la présence de nombreux pics· sous-marins, généralement d'origine volcanique. Aujourd'hui notis connaissons environ trois cent cinquante de ces montagnes qui s'élèvent sur les immenses plaines qui furrnent le fond des océans. Sir John Murray estima alors que ces cônes devaient être continuellement élevés soit par des restes d'organismes benthiques, soit par les restes des organismes qui vivent à la surface des eaux. lis doivent ainsi atteindre un jour la profondeur propice au développement des espèces corallig·èncs. Dans mie de ses expéditions dans l'océan Indien, M. Gardiner 2 dragua au sud-ouest du récif de la Providence, par 1544 mètres, une boue composée presque uniquement de cendres volcaniques, de nodules de manganèse, de cendre durcie et de fragments de roche corallienne recouverts d'oxyde de manganèse. Or, on rencontre généralement autour des îles coralliennes des boues et des sables dits coralliens, car ils i;iroYiennent de la désintégration de la côte. Ce sédimènt fait donc défaut sur le fond de la mer autour du récif étudié par le savant explorateur de

!'Océan Indien. La cause doit en être recherchée dans la présence d'un important courant de fond, dont la vitesse empêche tout dépôt. Les nodules de manganèse récoltés indiquent sans aucun doute un substratum d'origine volcanique sur lequel s'est élevé le récif de la Providence. Les sondages cle M. Gardiner viennent donc confirmer les vues de Sir John Murray.

Comme le fait remarquer très justement ce dernier savant, on n'a pas trouvé, dans ces dernières années, un seul exemple de récif qui put confirmer les vues de Darwin. Malgré cela, dans une publication récente, M. Joly 3 prétend que le sondagè

1.. P1·oceedrngs of lhe ~oyal Soci~ly of Ecli11bm·r1fl, ,·ol. X, p. 505, t88tl.

2. The lndian Ocean, in The Gr.ogmphical JOttrnril, XX'' lll, 4 et 5, oct. et nov. 1906.

3. Radioactivity and Geology, pp. 1.20-12'1. London, il!OO.

(8)

"

L'OCEAN INDIEN, D'APRES SIR JOHN MURRAY. 123 effectué, aux frais de la Royal Society de Londres, dans l'atoll de Funafuti (groupe des îles d'Ellice par 8°30' de Lat. S. et 179°13' de Long. E. de Gr.) prouve un affais- sement de l'île à une profondeur de 339 mètres. Or, Sir John Murray ne peut 11ccepter cette manière de voir. Comme il le fait remarquer, à une des premières séances du Comité chargé du sondag·e de Funafuti, une fois la position du sondage choisi, Sir John Murray demanda que chaque membre du comité voulut bien meltre par écrit ce yu'il vensait qu'on trouverait en profondeur. Aucun n'accepta et le savanl océanographe fut seul à prédire que plus on gagnerait en profondeur,.

plus les matériaux extraits ressembleraient aux dépôts marins rencontrés à de sem- blables profondeurs en dehors du récif et que les couches les plus profondes seraient les plus dolomitisées et contiendraient plus de foraminifères pélagiques que les·

couches superficielles. C'était dire clairement que le sondage tomberait en ·plèin talus extérieur. Or l'étude des <c carottes ll du sondage ont prouvé le bien fondé des prédictions de Sir John Murray. Le sondage effectué à Funafuti ne peut en aucune manière être envisagé comme ayant solutionné la question que l'on se proposait d'étudier, à savoir: la constitution de la base d'un récif. Ce que le forage de Funa- futi n'a pu montrer, parce que mal placé, les sondages de M. Gardiner, dont nous avons parlé précédemment, l'ont fait. La théorie de Sir John Murray est donc actuellement la seule qui explique d'une manière vraiment scientifique ces addi- tions constantes au domaine de la terre ferme grâce aux coraux et aux algues calcaires.

LirnN \V. COLLET.

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