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Le vampire, Olivier BRIAT

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Le vampire

Eliane était mariée depuis dix ans à un vampire et vivait heureuse dans un petit pavillon de la banlieue parisienne car elle aimait son mari en dépit de ses mœurs étranges.

Secrétaire le jour, elle travaillait dans une grande administration. Le soir, elle revenait, les bras chargés des courses qu'elle avait faites pour le dîner.

Après le repas, elle regardait seule la télévision et allait se coucher un peu avant minuit.

Son mari qui dormait jusque-là dans un cercueil plein de terre à côté du lit de son épouse, se réveillait, passait dans la cuisine pour dîner du repas copieux préparé par sa femme puis retournait de nouveau dans sa chambre, approchait son visage de celui de son épouse endormie, faisait pénétrer légèrement une de ses dents pointues dans son cou rond et blanc et aspirait un peu de sang.

Le lendemain matin, Eliane se réveillait, seule dans son lit et jetait un coup d'œil au cercueil dans lequel dormait paisiblement son époux couché depuis peu après une longue nuit de travail.

Car le mari d’Eliane était bricoleur et passait toutes ses nuits à découper, scier, visser et clouer dans l'atelier qu'il s'était aménagé dans le garage, complètement insonorisé.

Eliane se lavait, s'habillait, déjeunait et partait tôt en direction de l'immeuble dans lequel elle exerçait son métier.

Et les semaines passaient ainsi, comme les mois et les années.

Le mari dormait tout le jour et ne se réveillait qu'à minuit pour s’endormir le matin.

Les deux époux ne se rencontraient guère mais cette vie réglée semblait leur convenir en leur apportant un certain équilibre.

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2 Bricoleur, le vampire avait lui-même réalisé une superbe bibliothèque en chêne qu'il avait montée dans le salon ainsi qu'une table et ses chaises du même bois.

Il n'avait pas son pareil pour améliorer voire changer le décor d'une pièce. Avec grand art, il retapissait les murs, étendait les moquettes sur les planchers, plaçait de nouveaux rideaux aux fenêtres ou changeait les lustres au plafond. Il s'y connaissait autant en électricité qu'en plomberie et la peinture n'avait plus aucun secret pour lui. Aussi, le couple ne faisait-il jamais appel à des professionnels. Il vivait en vase clot.

Un jour, en dépit de la vie exemplaire qu’Eliane avait toujours menée à la maison -elle était excellente cuisinière- et sur son lieu de travail, elle tomba amoureuse d'un collègue du bureau et ouvrit bientôt les portes de son pavillon au nouveau venu.

Elle l'invita un soir à un repas qu'elle avait préparé avec le plus grand soin. Après quelques confidences et baisers échangés, elle lui conseilla de quitter les lieux avant minuit, heure à laquelle, prétendait-elle, son mari revenait de son travail.

L'ami parti, elle se coucha comme à son habitude et s'endormit pour être mordue un peu plus tard par son vampire de mari.

Elle prit l'habitude d'inviter de plus en plus souvent son nouveau compagnon dans le salon veillant scrupuleusement à ce que celui-ci fût parti avant minuit.

Eliane profitait, heureuse par la présence de cet homme, juste avant le réveil de son mari.

Cette vie merveilleusement réglée prit malheureusement fin le jour où l'amant oublia l'heure habituelle du départ.

Dans la volupté des caresses qu'ils se prodiguèrent un soir sur le canapé du salon, la femme et l’homme dépassèrent l'heure fatidique et se trouvèrent soudain dérangés par le mari

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3 fraîchement réveillé qui parut dans la pièce, peu après minuit, interloqué.

Les motifs de la relation qu'entretenait sa femme avec l'amant ne laissaient aucune place au doute.

Après quelques remontrances et le prompt départ de l'amant, le mari, indulgent, feint de pardonner à sa femme sa conduite peu loyale à son endroit mais n'en cultiva pas moins un légitime désir de vengeance songeant aux nombreux jours, sans aucun doute, où elle s'était abandonnée à un autre homme que lui.

Pour l'avoir trompé, sa femme devrait payer.

Dès lors, il prit soin, en allant la retrouver dans son lit après minuit, d'aspirer une part de son sang un peu plus importante chaque nuit.

Eliane maigrit à vue d'œil, sa peau se dessécha progressivement de jour en jour sans qu'elle n'en connut la raison.

La journée, au bureau, on la trouvait pâle et maladive.

En quelques semaines, elle devint une jeune femme aux traits prématurément vieillis. Le teint livide avait remplacé le rose de ses joues. Elle n'attirait plus guère le regard des hommes.

Cependant, son mari continuait imperturbablement à lui ôter toujours davantage de sang jusqu'à cette nuit fatale où sa tête tomba raide morte dessus l'oreiller.

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