• Aucun résultat trouvé

Honneur aux parents 1

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Honneur aux parents 1"

Copied!
7
0
0

Texte intégral

(1)

(Dt 5.16 ; Eph 6.1-4)

l était une fois un très, très vieil homme. Ses yeux étaient devenus troubles, ses oreilles sourdes, et ses genoux tremblaient. Quand il était assis à table, il avait du mal à tenir sa cuillère, et ainsi, il lui arrivait de tacher la nappe avec de la soupe, et parfois la soupe lui dégoulinait de la bouche. Son fils et sa belle-fille en étaient dégoûtés, et c’est pourquoi le vieux grand-père devait finalement se mettre dans le coin derrière le poêle. Ils lui donnaient à manger dans un petit bol en terre. Jamais il ne mangeait à sa faim. Il regardait tristement la table familiale, et ses yeux se remplissaient de larmes. Un jour ses mains tremblantes laissèrent tomber le bol ; celui-ci tomba par terre et se cassa. La jeune femme gronda le vieux, mais il ne répondit rien ; il soupira seulement. Elle alla lui acheter un bol en bois de quatre sous, dans lequel il devait manger désormais.

Un jour, comme ils étaient assis, le petit-fils, âgé de quatre ans, se mit à assembler quelques planchettes de bois. « Que fais-tu là ? » lui demanda son père.

« Je fabrique une petite auge, répondit l’enfant, pour faire manger papa et maman quand je serai grand. » Le mari et la femme échangèrent un long regard, puis commencèrent à pleurer. Ils firent revenir le vieux grand-père à leur table et mangeaient toujours avec lui depuis lors, sans gronder, même quand il lui arrivait de répandre un peu de soupe sur la table. »

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous ai raconté ce petit conte des frères Grimm.

Je pense qu’il introduit assez bien le texte biblique que je voudrais étudier avec vous aujourd’hui. Il s’agit de l’un des dix commandements que Dieu a donnés à son peuple, à savoir le cinquième commandement, qui dit2 :

Honore ton père et ta mère, comme te l’a commandé YHWH, ton Dieu, afin qu’ils se prolongent, tes jours, et afin que tu ailles bien sur la terre que YHWH, ton Dieu, te donne.

Avant de chercher à comprendre ce que ce commandement veut nous dire, lisons encore un texte de l’apôtre Paul, extrait de son épître aux Ephésiens, au chapitre 6, les versets 1 à 4 :

1 Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste. 2 Honore ton père et ta mère – c’est le premier commandement assorti à une promesse – 3 afin que tu ailles bien et que ta vie soit d’une grande durée sur la terre. 4 Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en [leur transmettant] l’instruction et les avertissements du Seigneur.

Mes deux textes du jour nous font plonger dans le domaine des relations entre parents et enfants. Ce sont des relations complexes, souvent douloureuses, parfois explosives. Bien que nous ayons tous en commun d’avoir eu des parents, nos expériences avec nos parents peuvent être très différentes. Peut-être avez-vous eu la chance d’avoir eu de bons parents. Peut-être vos parents ont-ils échoués dans leur tâche, vous ont-ils maltraités, voire même abusés. Peut-

1 Transcription d’un enregistrement audio. Je me suis fortement inspiré d’une prédication intitulée « Orphans or children » que Tim Keller a donnée à la Redeemer Church de New York en 1989.

2 Dt 5.16

I

(2)

être n’avez-vous jamais connu vos parents. Je l’ignore, mais je sais que ce commandement de Dieu a quelque chose à nous dire, à chacun d’entre nous.

Pour bien comprendre le cinquième commandement, il faut le regarder de près. Je vous propose d’approfondir notre compréhension de ce texte en nous posant quatre questions : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? et Comment ?

Qui ?

Premièrement, qui ? A qui le commandement s’adresse-t-il ? Aux enfants ! C’est important de le noter. C’est un texte à l’usage des enfants, et non pas des parents ! Ce n’est pas un texte que vous devez jeter à la tête de vos enfants lorsqu’ils vous désobéissent ou vous déçoivent. Non, c’est un texte qui veut nous parler à nous, de notre relation à nos parents, et non pas à nos enfants, si nous en avons. Adolphe MAILLOT le dit assez bien3 :

« Une parole de Dieu, et plus encore un commandement de Dieu, ne peuvent jamais être une arme qu’on retourne contre les autres, seraient-ils nos enfants ! Une parole de Dieu, un commandement de Dieu, sont toujours adressés à chacun d’entre nous, pour être entendus et vécus d’abord par chacun d’entre nous. Ce cinquième commandement, parents, est aussi et d’abord pour vous, et non pas au sens où vous pourriez le retourner contre vos enfants, mais au sens où vous aussi devez le mettre en pratique, le recevoir et le vivre. »

Voilà le qui. Pour qui ? Pour les enfants.

Quoi ?

Deuxièmement : quoi ? Le commandement, que nous demande-t-il au juste ? La réponse semble assez simple : d’honorer nos parents.

Mais qu’est-ce que ça veut dire, « honorer » ? Le mot hébreu4 qui est traduit par « honneur » vient de la racine qui veut dire : « poids ». Honorer, ça veut dire, « donner du poids » à quelqu’un, c’est-à-dire : ne pas le prendre à la légère, prendre au sérieux, considérer comme significatif. Dieu nous demande de donner du poids à nos parents, de les prendre au sérieux.

Mais il est tout aussi important de bien comprendre ce que ce commandement ne demande pas. Il n’ordonne pas l’affection. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour l’affection dans nos relations avec nos parents. Mais il est important de noter que le commandement ne nous enjoint pas de câliner nos parents, ni de nous confier à eux, ni même de leur faire nécessairement confiance. Il ne nous est pas demandé non plus d’admirer nos parents. Nous ne sommes pas obligés de penser qu’ils sont grandioses, lorsqu’ils ne le sont pas. Et il ne nous est pas non plus demandé d’obéir à nos parents, de toujours faire ce qu’ils veulent. Non, ce qui nous est demandé, c’est de les honorer.

La raison en est que la relation entre les parents et les enfants est quelque chose de très complexe. Quelque chose, en plus, qui évolue dans le temps. Au début, nous dépendons tous entièrement de nos parents, et nous devons leur obéir. Nous l’avons lu dans le texte de Paul :

3 Alphonse MAILLOT, Le Décalogue. Une morale pour notre temps, Les Bergers et les Mages, Paris, 1976, p. 82

4 דבכ

(3)

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur … Le mot qui est traduit ici par « enfants »5, veut dire « petits enfants ». Mais la Bible nous dit aussi très clairement qu’il y a un temps dans la vie pour quitter nos parents, pour nous en détacher. A ce stade, nous devenons des adultes pleinement responsables de nos actes, nous ne sommes plus censés leur obéir.

Ce serait dramatique si nous restions dans les jupons de maman toute notre vie. Il y a donc une évolution dans le temps. L’obéissance, la dépendance, ce sont des choses qui définissent notre relation avec nos parents pendant notre enfance, mais il vient un moment où cela doit cesser.

Il faut voir aussi que nous n’avons pas tous le même genre de parents. Certains d’entre eux sont des gens assez admirables. Bon nombre d’entre eux sont ce que le psychiatre Bruno BETTELHEIM6 appelait des « parents acceptables », mais d’autres ne sont pas à la hauteur de leur tâche, voire même carrément mauvais. Ce serait une erreur, et un manque de sagesse flagrant que d’obéir ceux-là, ou de les admirer, ou de leur faire confiance, voyez-vous. Mais justement, le commandement de Dieu, qui est sage, ne nous y invite pas. Il ne dit pas que nous devons admirer nos parents, ou avoir un attachement profond à eux. Mais ce que nous devons toujours, et sans exception, à nos parents, indépendamment de notre âge ou de leurs qualités, c’est de les honorer. C’est ce que Dieu nous demande, ni plus, ni moins.

Voilà le quoi : qu’est-ce que ça veut dire, et qu’est-ce que ça ne veut pas dire que d’honorer nos parents.

Pourquoi ?

Tournons nous maintenant [vers] le pourquoi ? Pourquoi Dieu nous demande-t-il d’honorer nos parents ?

Certains l’expliquent par les liens du sang qui nous unissent à nos parents ; ils y voient comme un lien mystérieux et profond. Un lien qui justifierait qu’on honore ceux dont nous sommes sortis. Mais, à vrai dire, la Bible est beaucoup plus terre-à-terre. Elle ne fait pas dans le mysticisme du sang. Elle considère qu’un père adoptif, par exemple, est tout autant digne d’honneur qu’un père biologique. Non, la réponse, elle doit être ailleurs.

D’autres vous diront qu’il faut honorer père et mère parce qu’ils sont plus vieux et donc plus sages que nous. Mais nous savons tous que ce n’est pas forcément vrai. La Bible ne dit pas que les vieux sont tous sages, loin s’en faut. Pour elle, la sagesse ne vient pas de l’âge, mais de notre maturité en Christ.

Pourquoi alors ? Ecoutons bien les deux textes bibliques que nous avons lus. Je pense qu’il nous invitent à honorer nos parents, premièrement à cause du rôle qui est le leur, et deuxièmement à cause de l’importance que la relation entre parents et enfants a pour la société dans son ensemble.

D’abord le texte de Paul : Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste.

Car cela est juste. Mais pourquoi est-ce juste ? Paul poursuit avec une citation du cinquième commandement. Peut-être faut-il comprendre que c’est juste parce que Dieu le commande.

5 τεκνα

6 Bruno BETTELHEIM, Pour être des parents acceptables. Une psychanalyse du jeu, Robert Laffont, Paris, 1988, 404 p.

(4)

Dieu ne commande rien qui ne [soit] pas juste. Mais il se peut aussi que Paul veut nous dire que l’honneur est dû aux parents parce que cela est un juste retour des choses.

Je vous pose la question : qu’est-ce que nous avons reçu de nos parents ? La vie, d’abord.

Ils nous ont mis au monde, et ils nous ont maintenu en vie. Mais ce n’est pas tout. Regardez bien comment Paul décrit le rôle des pères au verset 4 de ce texte que nous avons lu. Il y invite les pères à élever leurs enfants en leur transmettant l’instruction et les avertissements du Seigneur. C’est là une des gloires de nos parents, d’avoir été nos premiers enseignants.

Nous vivons dans un univers créé par Dieu, un univers que l’on pourrait dire « moral ». N’en déplaise aux modernes, le bien et le mal existent, et il est important de le savoir pour ne pas rater notre vie. Or nos parents ont été nos premiers guides dans ce monde, en nous apprenant ce qui est bien et ce qui est mal, en nous fixant des limites. En nous encourageant lorsque nous nous comportions bien. Et en nous reprenant lorsque nous faisions le mal. Voyez-vous, en apprenant aux enfants ce qui est juste, bon et utile, les parents représentent en quelque sorte l’autorité de Dieu lui-même, de qui, comme le dit Paul7, toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom. Ils sont pour nous les premiers gardiens de l’ordre moral du monde que Dieu a créé. Dieu a délégué à nos parents son autorité d’enseignement. Et cela leur confère une certaine dignité.

Mais peut-être, direz-vous, ont-ils mal fait ce travail ? Peut-être nous ont-ils transmis de mauvaises valeurs ? Cela se peut. Ça arrive. Mais il n’empêche, ils nous ont appris que le bien et le mal existent, ils nous ont fait comprendre qu’il n’est pas indifférent comment on se comporte. Et en faisant cela, ils nous ont équipés pour la vie. Parce qu’un enfant qui a ces armes intellectuelles, il peut se rendre compte que ses parents se sont trompés, et il peut rectifier le tir, adopter des valeurs plus justes, retourner aux bonnes valeurs que donne Dieu.

Autrement dit : une autorité imparfaite fait beaucoup moins de mal que l’absence d’autorité.

C’est bien plus destructeur pour un enfant quand son parent lui dit : « Oh, je ne sais pas ce qui est bien ou mal, débrouille-toi ! » que quand il lui donne un système de valeurs, en faisant des erreurs. Si on montre aux enfants un mauvais type d’autorité, au moins ils peuvent le reconnaître comme tel et essayer d’en trouver une meilleure. Mais si on leur ne montre aucune autorité, ils finiront par croire que le bien et le mal n’existent pas. Ils auront bien plus de mal à s’en sortir de là et à rectifier le tir. Donc même en ayant commis des erreurs, nos parents nous ont préparés pour la vie. En nous élevant, en nous accompagnant sur le chemin de l’autonomie grandissante, ils nous ont préparés à prendre notre envol, à devenir adultes à notre tour. Ils méritent notre respect pour cela.

Mais que dire s’ils ont vraiment été à côté de la plaque ? S’ils sont complètement passés à côté de leur rôle ? Ça aussi, cela existe. S’ils nous ont ignorés, par exemple, s’ils ne se sont pas occupés de nous ? Eh bien, il faut néanmoins les honorer. Pourquoi ? A cause de ce qu’ils représentent. Ils étaient appelés à être Dieu avec nous. Ils étaient censés être les premiers représentants de Dieu dans notre vie. Et même s’ils ont fait du mauvais travail, je pense qu’il faut les honorer pour cela, pour qui est derrière eux en quelque sorte, à l’arrière-plan, à savoir Dieu lui-même. Ils l’ont mal représenté, mais ils étaient ses envoyés quand même.

Le cinquième commandement lui-même nous met encore sur une autre piste, en soulignant sa finalité. Le comportement est assorti d’une promesse, comme l’observe Paul. Il convient d’honorer les parents, comme il dit, afin qu’ils se prolongent, tes jours, et afin que tu ailles bien sur la terre que YHWH, ton Dieu te donne. Probablement, il ne faut pas comprendre cela

7 Eph 3.15 (Bible de Jérusalem)

(5)

en ce sens que Dieu vous donnera forcément une longue vie sans soucis si vous vous occupez de vos parents. L’expérience montre que ce n’est pas toujours vrai. Non, je crois que le commandement nous dit par là qu’en respectant nos parents, nous contribuons en quelque sorte à bâtir une société dans laquelle il fait bien vivre, une société moins violente et dans laquelle nos vieux ont de meilleures perspectives de vie devant eux. Pensez au compte de Grimm que j’ai lu en introduction. Le couple qui maltraite le vieux grand-père qui perd ses moyens risque fort d’être traité avec rudesse par son enfant, quand ce sera à son tour de s’occuper de ses vieux parents. Il y a une certaine logique à cela, n’est-ce pas ? Si nous n’honorons pas nos parents, il n’y a pas d’honneur dans la société. Si nous n’honorons pas le lien entre parents et enfants, il n’y a pas de lien communautaire possible. C’est pour cela aussi, me semble dire le commandement, que nous devons honorer nos parents.

Comment ?

Il nous reste à voir le comment. Il y a bien des manières d’honorer nos parents. Bien entendu, cela dépend beaucoup de nos circonstances de vie, et mon imagination ne suffit pas pour imaginer tout ce que ça pourrait vouloir dire pour chacun d’entre nous ici. Je me contenterai de quelques pistes.

Les prendre au sérieux

Je vous ai dit que Dieu ne nous demande pas d’obéir à nos parents. Il ne nous est pas demandé de penser qu’ils sont merveilleux, s’ils ne le sont pas. Dieu ne nous demande pas de partager tous nos problèmes avec eux. Mais, je vous l’ai dit, il faut « donner du poids » à nos parents, les traiter comme des personnes qui comptent. Il ne faut pas les traiter par-dessus la jambe.

Il faut les prendre au sérieux. Il y a tant de manières de le faire. A vous de voir comment cela peut se traduire dans votre vie. Peut-être pouvez-vous leur donner la place d’honneur à table quand ils mangent avec vous. Ou vous souvenir de leurs anniversaires, de leur passer un coup de fil. Leur demander leur avis sur certaines questions, et l’écouter attentivement, le considérer, même si peut-être finalement vous l’écarterez peut-être tout de même

Un autre point encore. Peut-être avez vous détesté que parfois vos parents faisaient comme s’ils vous connaissaient par cœur et savaient exactement ce que vous faisiez ou pensiez.

Si vous avez détesté cela, ne le leur infligez pas en retour. Peut-être que vos parents, en vieillissant, vous semblent assez prévisibles. Vous savez ce qu’ils vont faire ou dire, vous avez entendu leurs histoires des dizaines de fois, vous les connaissez par cœur. Vous ne les écoutez même plus quand ils parlent. Eh bien, vous ne les honorez pas si vous les traitez de la sorte. Essayez plutôt d’honorer leur mystère. Reconnaissez que ce sont des êtres humains, qui changent, qui vivent, et même si leurs capacités diminuent, qui restent capables de vous surprendre.

Respecter leur besoin de se voir en nous

Vous pouvez aussi honorer leur besoin de se voir en vous. Je m’explique. Il y a un drôle de lien entre parents et enfants. Si notre enfant reçoit un prix, on a l’impression de l’avoir reçu aussi. Et s’il se comporte mal, s’il reçoit un blâme mérité, on a l’impression d’avoir été déshonorés nous aussi. Une façon d’honorer nos parents, c’est de leur signaler des choses que nous avons apprises d’eux. De bonnes choses en nous que nous pouvons leur attribuer. Ma foi, il peut s’agir de petites choses. Vous pourriez leur dire : « Quelque chose que j’ai appris de toi et que je fais toujours, c’est … » Ainsi, j’honore le besoin de mon père ou de ma mère de se voir en moi. Il suffit de chercher un peu, et vous trouverez plus d’une manière de penser ou de

(6)

faire, que vous avez héritée de vos parents. Et si ce sont des choses bonnes, n’hésitez pas à le leur dire.

Leur pardonner

Un point aussi qui me semble important : il faut leur pardonner. Si vous ouvrez un peu les yeux autour de vous, vous verrez qu’il y a énormément d’animosité entre les parents et les enfants. Pourquoi ? Parce que la relation entre parents et enfants, c’est une relation qui est appelée à évoluer fortement dans le temps. Nos parents commencent grands, alors que nous sommes tout petits. Mais avec le temps qui passe, ils diminuent et nous grandissons. Vient le moment où nos chemins se séparent, où les petits oiseaux prennent leur envol. Cette transition est délicate, et les parents peuvent facilement commettre des erreurs. J’ai un frère qui en veut toujours à mes parents de l’avoir envoyé à l’internat trop tôt. Il a plus de cinquante ans maintenant, il leur en veut toujours. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le métier de parent n’est pas facile, vous le savez bien, et nous qui sommes parents, nous avons tous failli ici et là, c’est évident. Il en est de même pour nos parents. Or, nous devons chercher à leur pardonner, ne serait-ce que pour devenir libres d’eux. Si nous cultivons de l’animosité à l’égard de nos parents, nous restons en quelque sorte sous leur coupe, nous nous laissons définir et déterminer par leurs défaillances. Pour nous libérer de ce joug de rancœur, il faut, je crois, leur pardonner, ou du moins essayer de le faire.

Grandir

On attribue à Goethe l’aphorisme selon lequel « Etre adulte, c’est avoir pardonné à ses parents. » C’est ce qui me conduit à mon point suivant : une façon d’honorer nos parents, justement, c’est de devenir adulte. C’est peut-être la première tâche confiée à des parents, que d’élever leurs enfants, de faire en sorte qu’ils puissent devenir grands eux-mêmes, et autonomes, capables de prendre leur vie en main. En franchissant ce seuil, en prenant nos responsabilités dans la vie, bref : en devenant adultes, nos honorons ceux qui ont contribué à ce que nous puissions en arriver là.

En prendre soin

Enfin, et ce sera mon dernier point, une façon d’obéir au cinquième commandement, c’est de prendre soin de nos parents dans leur vieillesse. Nous avons vu : notre cycle de vie est décalé par rapport à celui de nos parents. Ils sont dans la fleur de l’âge lorsque nous arrivons dans leur vie, totalement dépendants. Mais au fur et à mesure que le temps passe, nous grandissons et nos parents diminuent. Et à la fin de leur vie, le rapport de force peut s’inverser : nos parents peuvent se trouver dans un état qui les rend totalement dépendants de nous. Celui qui prend au sérieux le commandement de Dieu ne peut alors détourner ses yeux de ses parents.

Je ne dis pas que nous devons nécessairement les installer chez nous ; cela dépendra certainement des circonstances. Mais quoi qu’il arrive, nous devons en prendre soin, ne serait- ce qu’en faisant tout notre possible pour qu’ils puissent vivre dignement la fin de leur existence sur cette terre. Souvenons-nous de la parole de Paul à Timothée8 : … si quelqu’un n’a pas soin des siens, surtout de ceux de sa maison, il a renié la foi et il est pire qu’un non- croyant. Ce ne sont pas de petites paroles … Ce n’est pas toujours facile de gérer nos vieux parents lorsqu’ils se trouvent dans un état de délabrement physique ou psychique, mais il s’agit là certainement d’une belle façon encore de les honorer.

8 1 Ti 5.8 (NBS)

(7)

Conclusion

Mes frères et sœurs, Dieu a donné à chacun d’entre nous des parents. Et il nous a donné un commandement à leur sujet. Prenons au sérieux cet ordre de Dieu, et donnons du poids à ceux par qui nous sommes entrés dans ce monde et à qui Dieu a confié la tâche d’être nos premiers enseignants : Honore ton père et ta mère, comme te l’a commandé YHWH, ton Dieu, afin qu’ils se prolongent, tes jours, et afin que tu ailles bien sur la terre que YHWH, ton Dieu, te donne.

Amen.

Eglise Christ pour tous (Munich) 26 novembre 2017

Références

Documents relatifs

En maternelle, il est plus facile de rendre les enfants complices d'une blague plutôt que d'en faire une à leurs dépends...

Bien que les enfants d’école intermédiaire ou secondaire aient plus tendance à rechercher l’aide de leurs groupe d’amis, il est important que les parents continuent de soutenir

Même si vous avez été bien formés par l’équipe hospitalière, au retour à domicile, vous pouvez vous retrouver seuls et appré- hender les soins à

C’est le choix du collège Georges Politzer d’intégrer cette thématique forte et transversale dans notre projet d’établissement qui, nous en sommes tous certains, sera un

Les membres 3 et 4 de la génération IV correspondent aux jumeaux venus consultés avec leurs parents. La mère est enceinte de 1 mois et les parents attendent donc un autre enfant.

En nous regroupant au sein d’une association (le Conseil Local), nous pouvons participer de façon plus efficace aux différentes instances qui organisent le fonctionnement

Cette trousse comprend de ce que peuvent faire les parents pour aider leurs enfants à bâtir des relations saines, pour se familiariser avec des outils de communication des enfants

Aussi proposons-nous de nous centrer dans cette section sur ce qui pose problème dans l’exercice de ce rôle parental afin d’identifier les questions de recherche