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ANALYSE QUANTITATIVE DE LA CROISSANCE DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS

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Academic year: 2022

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INSTITUT D'ÉTUDE

DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL 58, boulevard Arago - 75-Paris-13e

Tél. : 402-28-01 Fondateur : HENRI LAUGIER Professeur honoraire à la Sorbonne Ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies

Directeur : FRANÇOIS PERROUX Professeur au Collège de France

Directeur de l'Institut de Science Economique Appliquée Collection T TIERS MONDE "

Cette collection comprend des ouvrages qui ont chacun poui auteur une personnalité française ou étrangère et qui constituent des études très approfondies sur un aspect du développement ou sur un pays déterminé.

Études ' TIERS MONDE "

Cette série groupe des rapports d'experts, des comptes rendus d'exposés, de colloques ou de tables rondes. Ces documents constituent des éléments d'information originaux, utiles pour les recherches sur les pays en voie de développement, ou pour le public s'intéressant à ces problèmes.

Les différents textes réunis dans chaque étude sont consacrés soit à une région géographique déterminée, soit à une discipline particulière.

La Revue " TIERS MONDE "

Cette revue est trimestrielle, interdisciplinaire et conçue dans un cadre international. Elle paraît sous la forme d 'articles, de chro- niques et de comptes rendus bibliographiques, consacrés aux pro- blèmes du développement.

ABONNEMENTS ET VENTE PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE Département des Périodiques : 12, rue Jean-de-Beauvais - 75-Paris-5e Tél. : 033-48-03 C.C.P. : Paris 1.302-69

ABONNEMENTS ANNUELS POUR 1967 : France et Communauté : 25 F — Etranger : 30 F

Numéros hors série : « L'ALGERIE DE DEMAIN » : 12 F

« PROBLEMES DE L'ALGERIE INDEPENDANTE » : 12 F

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ANALYSE QUANTITATIVE

DE LA

CROISSANCE DES PAYS

SOUS-DÉVELOPPÉS

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ÉTUDES

"TIERS MONDE "

Croissance - Développement - Progrès

ANALYSE QUANTITATIVE

DE LA

CROISSANCE DES PAYS SOUS - DÉVELOPPÉS

par Alain COTTA

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, boulevard Saint-Germain, Paris-VIe

1967

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DÉPÔT LÉGAL

1" édition 2 e trimestre 1967 TOUS DROITS

de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays

@ 1967, Presses Universitaires de France

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier la Délégation générale à la Recherche scientifique, qui a bien voulu financer une partie de ces recherches et en autoriser la publication. Nous tenons, aussi, à exprimer notre gratitude à la S.E.D.E.S. et, plus plus particulièrement à son Directeur, Monsieur René MERCIER, ainsi qu'à Messieurs MATH Y S et FABRE pour leur précieuse collaboration. Que soient remerciés, enfin, Mademoiselle COUETTE et Monsieur J.-P. DEBRIX pour l'aide qu'ils m'ont apportée dans l'élaboration du modèle qui fait l'objet du dernier chapitre de cet ouvrage.

A.C.

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INTRODUCTION

L'élaboration d'un modèle de croissance correspond, dans l'ordre théo- rique et pratique, aux besoins de comprendre, de prévoir et de diriger les modalités du développement d'une économie nationale. Ces trois mobiles ne sont jamais aussi impérieux et conjugués qu'ils ne le sont dans l'hypothèse où il s'agit des débuts du développement ou, si l'on préfère, de la fin de l'état de sous-développement.

En dépit de l'abondante littérature qui lui a été consacrée il n'est toujours pas facile de comprendre la nature des enchaînements qui font émerger une économie complexe et en croissance régulière d'une économie agricole plus ou moins stationnaire. Certes les descriptions sont toujours possibles des expé- riences déjà vécues. Mais outre que l'histoire économique est plus imprécise encore que d'autres, il est à parier qu'elle ne recommence pas n'importe où de la même façon. Pourtant si la croissance de certaines nations doit s'opérer, ce sera, comme ce fut le cas des pays Européens, par la lente mais certaine substitution des activités industrielles aux activités agricoles, dont il est diffi- cile de comprendre le mécanisme sans l'avoir formalisé.

Prévoir, même imparfaitement, ce que doit être une économie nationale dans un avenir lointain et très lointain est devenu presque indispensable.

L'objectif essentiel de telles projections n'est pas la connaissance pure, désin- téressée. Certes, on opère presque toujours une distinction entre une prévision

« pure » et une prévision « intentionnelle ». La première serait destinée à reconstituer par anticipation une évolution « spontanée », tandis que la seconde aurait des objectifs plus précis, voudrait infléchir cette évolution dans certaines directions prédéterminées. Il faut aussitôt admettre que cette distinction, si elle est utile d'un point de vue publicitaire, est hypocrite. Prévoir et diriger sont indissociables. Aucune projection à long terme n'est neutre. Par son existence même, elle influence le comportement des agents, les modifie dans le sens de l'hypothèse de développement qu'elle codifie. De plus, mettant impli- citement en lumière les choix possibles entre plusieurs modalités de la crois- sance et indiquant les déséquilibres probables de chacune d'entre elles, elle incite pouvoirs publics et pouvoirs privés à organiser leur politique.

En fait, prévision et planification s'imposent d'autant plus que les écono- mies sont peu développées. Deux raisons majeures justifient cette proposition.

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La première est de nature technique : les débuts du développement sont le fait d'une série d'actions dont les effets sont longs. Les mesures les plus largement adoptées, pour promouvoir la croissance de la production industrielle et de la production agricole, sont à terme et à assez long terme. En matière agricole, notamment, cette durée de dix ans qui est la durée de prédilection de la prévision à long terme, marque, détermine l'échéance où se feront sentir les effets des investissements les plus importants, ceux d'irrigation par exemple.

En matière industrielle, tous les effets d'un programme d'industrialisation sont très longs à se manifester. D'un point de vue plus général, le développement économique d'une nation naissante suppose la transformation simultanée des comportements et des mentalités de la population. Ceux-ci ne peuvent être prévus qu'à long terme (peut-être plus de dix ans) la durée de la génération étant, en la matière, une période plus homogène.

C'est pourquoi la prévision à long terme s'impose pour effectuer les choix économiques en pleine connaissance de cause. En effet, le caractère artificiel de la distinction que l'on évoquait précédemment éclate lorsqu'il s'agit de nations sous-développées. Toute prévision est intentionnelle. Elle ne saurait être pure, sous peine de ne prévoir que la stagnation. L'intention de toutes les projections est, bien entendu, le développement et donc la coordination d'une série d'actions destinées à le réaliser. Or, la déficience déjà constatée dans les pays développés, des projections à court terme est manifeste dans le cas des nations en voie de développement. On peut « penser » la poursuite d'un déve- loppement pendant cinq ans. On ne peut pas organiser un développement com- mençant dans le cadre d'une période aussi courte. En d'autres termes, les choix des modalités du développement d'une nation africaine ne sont pas pensables sur une période de cinq ans. On n'en veut qu'un exemple : celui de la trop fameuse question du choix entre industrie lourde ou industrie légère.

Il est bien évident qu'envisagés sur une courte période (3 ou 5 ans), les effets de l'implantation, d'une ou de plusieurs industries légères paraissent supérieurs, préférables à ceux inhérents à l'industrie lourde. On pourra vraisemblablement résorber davantage de chômage et enregistrer une hausse de production supé- rieure dans le premier cas que dans le second pendant les cinq années suivantes.

Mais il est tout aussi évident que ces effets ont toute probabilité de s'épuiser beaucoup plus vite que ceux nés d'une industrie lourde, plus lente à se mani- fester mais plus durable et plus déterminante pour la poursuite d'une croissance.

Parce qu'il s'agit d'organiser un développement qui est, tout entier à concevoir et à choisir, il n'est pas possible de se soumettre à des projections courtes.

Seuls le modèle de croissance et la prévision à moyen terme qui peut l'accom- pagner, permettent d'effectuer les choix économiques fondamentaux, de com- parer les contenus des préférences collectives durables.

Dans les nations développées, l'élaboration des projections à long terme n'est pas chose aisée. Comment reconnaître la situation des divers groupes d'agents dans dix ans? Comment évaluer les agrégats les plus significatifs?

Trop de « données » manquent dont la reconstitution est aléatoire. Pourtant

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les difficultés ne sont pas dirimantes. Il est des secteurs dont l'évolution est continue. Il en est d'autres dont le développement est déterminé. La caracté- ristique essentielle des techniques d'établissement des projections à long terme est d'utiliser ces régularités, de penser le « normal » et de le prolonger. Pour ce faire, on a recourt simultanément à trois procédures principales : l'extra- polation, les informations et enquêtes, les modèles, chaque fois qu'il est pos- sible de les construire, en matière de production industrielle notamment.

La seconde est de nature politique et sociale. Une des utilités — et peut- être la plus sensible — de toute prévision formalisée dans le cadre d'un modèle est d'animer psychologiquement un effort qui ne peut être que collectif. Parce qu'elle implique une modification totale de l'aptitude de la force de travail, la croissance des économies africaines dépend de l'adhésion collective aux projets de développement. Mais elle suppose aussi que ce projet soit, donc que des responsables l'émettent et s'efforcent ensuite de le faire aboutir (et en aient le temps...). Qu'il s'agisse ici d'une nécessité fondamentale et non circonstan- cielle n'est pas le problème. Le fait est que l'avenir des nations africaines sera très largement déterminé par les pouvoirs publics et donc par l'intermédiaire d'une formalisation plus ou moins précise, explicite ou implicite, du dévelop- pement. Le mieux est qu'il s'agisse d'un modèle explicite, suffisamment précis pour être discuté, contesté et soumis à vérification statistique.

Qu'un modèle de croissance soit, pour ces pays, plus nécessaire que par- tout ailleurs n'implique pas qu'il soit facile à élaborer. Au contraire de ce que pourrait nous faire penser l'incroyable floraison contemporaine des modèles de croissance, rien ne semble plus difficile à proposer qu'une formalisation du contenu des débuts d'une croissance auto-entretenue. Certes il est toujours pos- , sible d'écrire un système d'équations cohérentes reliant entre elles les quan- tités (flux et stocks) significatives du développement économique d'une nation.

La preuve en est le nombre incroyable (un peu plus de cent à notre connais- sance) de ces tentatives au cours des cinq dernières années. Mais il s'agit là d'une preuve de « possibilité » et non d'opportunité ou d'utilité. Sans entrer dans l'exploration exhaustive de ces essais, il faut néanmoins dire, brièvement, des raisons qui font définitivement douter de la valeur — sinon logique, du moins politique (au sens noble du terme) — d'un grand nombre de modèles récents.

En premier lieu, tous les modèles globaux seront exclus du champ de notre investigation. Ce n'est pas que l'on entonne ici le refrain de ceux qui méprisent au nom d'une « diversité » érigée en argument de diversion les apports de Harrod, Smithies, Kaldor, Domar (pour ne citer que les plus notables). Ces modèles sont incontestablement à l'origine des progrès notables de notre compréhension de la croissance. Mais ils restent de façon tout aussi incontestable propres à l'étude d'une croissance qui a déjà commencé. Les grandeurs globales qui les habitent (taux d'investissement, taux de croissance du produit global, coefficient de capital, taux d'inflation) permettent, sans

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aucun doute, de saisir les conditions d'une croissance rapide ou les raisons d'une croissance lente, et par-là même, les modifications à mettre en œuvre pour que la croissance s'accélère. Mais, conçues en termes aussi globaux, ces conditions ne peuvent servir de guide à une politique que si les variations à court ou à long terme des agrégats et des coefficients n'impliquent pas une modification très notable de la nature et de l'importance relative des flux et/ou des stocks. Or, tel n'est le cas que pour les pays déjà développés. Ou plus exactement, cette condition est d'autant moins vérifiée qu'il s'agit de pays sous-développés où toute croissance du produit ne peut avoir lieu sans ces modifications brutales des agrégats partiels. Aussi, pour ne donner qu'un seul exemple, abondamment analysé par la suite, les débuts du développement sont indissociables des modifications de l'importance relative des secteurs agri- culture-industrie et/ou des secteurs monétaires et non monétaires.

En second lieu, seront éliminés tous les modèles de développement à nombreux secteurs. La raison de leur multiplication actuelle est évidente, comme celle de leur élimination à l'intérieur de cette recherche : ils supposent des moyens d'investigation, un traitement de l'information économique et une précision des politiques économiques qui n'existent pas encore dans les pays développés (même planifiés). A fortiori en est-il de même dans les pays afri- cains pour la plupart desquels les agrégats partiels n'existent pas encore ou, s'ils existent, absolument pas dans les termes où nous pouvons les définir, intéressés que nous sommes d'abord par nos propres problèmes. On pourrait, certes, se livrer ici à quelques remarques sur les modèles pluri-sectoriels en tentant de les appliquer aux pays sous-développés. Certains ont bien essayé

— et essayent encore aujourd'hui — de bâtir des matrices Léontieff pour le Tanganyka, ou d'autres contrées similaires. Mais, il y a, selon nous, tâche plus actuelle et utile, même si moins palpitante.

Restent alors les nombreux modèles à deux ou trois secteurs, sans aucun doute les plus capables de répondre aux buts qui sont les leurs. Leur variété est grande et leur intérêt inégal. Non pas seulement parce qu ils ont chacun pour objet la compréhension d'un certain contenu des débuts du développement, mais aussi parce que leur diversité est quelquefois guidée plus par des raisons personnelles (de différenciation scientifique) que par des raisons objectives. En réalité tout le problème de la période de démarrage est intimement lié, d'une part à l'évolution liée du secteur agricole et industriel, ce qui implique la modification tout aussi liée des propensions à consommer et à épargner, d'autre part aux mesures de politique économique au sens large du terme. Or, par delà l'effort descriptif, celui d'un Rostow pour les pays Européens par exemple, un effort analytique s'impose qui n'a — comme tous les efforts ana- lytiques — de véritable intérêt que s'il conduit à la mesure (sinon parfaite, du moins, moins imprécise) des enchaînements du développement national et des effets des décisions publiques, internes ou externes, ayant pour objet l'orien- tation ou le rythme de la croissance. C'est à ces tentatives récentes que cette contribution sera limitée.

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Entre ces quelques modèles qui répondent à cette condition, et à partir desquels il conviendra dans une phase ultérieure d'apporter une contribution plus directement appropriée aux pays africains, une distinction majeure s'im- pose. Certains, en effet, se contentent de formaliser les conditions et le contenu de la période de démarrage. Ils ne prennent pas position sur les mesures les plus propres à accélérer cette période de transition, du moins explicitement.

Leur plus grand mérite est d'analyser, pour la première fois, l'évolution simul- tanée des agrégats partiels significatifs d'une économie sous-développée (pro- duction agricole, production industrielle, production de biens d'investissement, production de biens de consommation...). Il est, nous semble-t-il, absolument impossible de proposer la moindre solution spécifiquement africaine aux débuts du développement sans les avoir exposés et critiqués.

Les seconds sont moins directement intéressés par cette analyse que par celle des moyens de choix entre diverses politiques de croissance. C'est dire que les « responsables de la politique » — chers à Tinbergen — comme absents des premières contributions, sont ici les utilisateurs directs de l'analyse. Les premiers sont des modèles descriptifs, les seconds des modèles décisionnels.

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PREMIÈRE PARTIE

LES MODÈLES DESCRIPTIFS

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On peut croire ou ne pas croire à la réalité d'une période de démarrage aussi nettement définie et affirmée qu'elle l'est par W.W. Rostow. On peut contester, par exemple, qu'elle doive toujours présenter les caractéristiques de discontinuité et de relative rapidité qui furent les siennes au siècle der- nier dans les pays européens. On peut mettre en doute la valeur des statis- tiques relatives au taux d'investissement; on peut douter que le contenu de cette période soit aussi indépendant des facteurs spécifiques aux différentes économies qui ont connu ou veulent connaître l'état de croissance continue.

Il n'en demeure pas moins que le passage à une situation de ce genre im- plique de la part d'économies en stagnation ou en régression, aujourd'hui comme hier, des transformations considérables et définitives dans l'usage des ressources et l'emploi des revenus monétaires et/ou réels qui en sont issus.

En fait, l'apport de W.W. Rostow, bien que très descriptif et approxi- matif, avait et possède encore le mérite de se refuser à considérer les variations du ou des taux de croissance caractéristiques d'une économie nationale comme significatives de développement. Elles n'étaient, au mieux, qu'un indice, le plus facile à obtenir plutôt que le meilleur. L'essentiel du contenu des débuts des développements est ailleurs et se peut rechercher dans trois directions qu'il faut distinguer pour explorer mais qui se rejoignent en définitive.

La première est celle des relations entre évolution démographique et développement des flux de production. Relation trop évidente qui déter- mine, on le sait, à travers les différences de l'évolution du revenu global et du revenu individuel et les oppositions entre nations sur ou sous-peuplées, toute une série de problèmes propres à l'ensemble des pays sous-développés.

La seconde est celle des relations agriculture-industrie durant les débuts du développement. Celles-ci présentent un double aspect. Le premier, fort bien étudié depuis longtemps par Akerman et bien d'autres est celui de la décroissance lente mais permanente de l'importance relative de la production et des revenus agricoles dans la production et le revenu national. Le second qui nous concerne plus directement est celui des modalités de l'émergence d'un secteur industriel dans une économie encore agricole en totalité, moné- tisée ou non. La question se pose, en effet, de savoir exactement comment, par quels transferts ou utilisations nouvelles des ressources (elles-mêmes

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anciennes et/ou nouvelles) la production industrielle peut naître. Il semble désormais acquis que cette phase d'émergence est cruciale et doit sa lon- gueur aux modalités de l'évolution simultanée des productions des deux secteurs.

La troisième est, bien entendu, celle des variations des taux d'investisse- ment nécessaires à toute accélération de la croissance. On est cependant obligé de considérer cette élévation des taux d'investissement moins comme une condition préalable définitive que comme le résultat d'une modification de l'utilisation des revenus étroitement liés aux caractéristiques des secteurs produisant les biens de consommation et les biens d'investissement.

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CHAPITRE PREMIER

LES RELATIONS

ENTRE L'ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L'ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION

Exposé, Critique du Modèle de D. W. JORGENSON1 I. — EXPOSÉ DU MODÈLE 1. Objet de l'analyse.

Les modèles globaux ne peuvent résoudre les problèmes posés par l'or- ganisation de la croissance dans les pays sous-développés. Deux de leurs déficiences majeures tiennent à la négligence des phénomènes démogra- phiques d'une part, à l'absence de distinction entre production agricole et industrielle d'autre part.

En effet, dans les modèles élaborés pour une économie déjà développée, la croissance de la population est considérée comme une donnée et l'essen- tiel réside dans les conditions d'ajustement de l'épargne et de l'investisse- ment. Pour les pays en voie de développement un tel traitement est impos- sible. En ce cas, au contraire, les variations de la population et de son taux de croissance doivent être considérés comme des variables fondamentales de la croissance globale. Son taux est déterminé par l'évolution interdépen- dante du taux d'accumulation du capital et du taux de croissance de la population.

D'autre part, la caractéristique majeure des pays sous-développés est, on le sait, leur dualisme : la coexistence d'un secteur traditionnel et moderne qui recoupe toujours plus ou moins celui du secteur agricole et industriel.

La croissance possède donc deux visages : l'un global, l'autre individuel.

De plus elle dépend des modalités de l'apparition du second secteur (vitesse et taux de croissance). Le développement ne peut donc pas s'analyser hors d'une étude de l'évolution simultanée de la croissance des deux secteurs et de la population.

1. D.W. JORGENSON « The development of a dual economy », The Economic Journal, juin 1961, pp. 309-335.

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2. Hypothèses de base.

a) La première de ces hypothèses a trait à la nature des fonctions de production des deux secteurs.

En ce qui concerne le secteur agricole la production dépend uniquement des deux facteurs terre et travail. On suppose que toutes les terres cultivables sont cultivées et qu'il n'y a pas de capital ni d'accumulation de capital dans le secteur agricole.

En ce qui concerne le secteur industriel la production est fonction des deux facteurs travail et capital. L'accumulation de capital est fonction d'un processus particulier, à définir ultérieurement.

Les deux fonctions de production propres au secteur agricole et au secteur industriel ont les caractéristiques suivantes :

— en premier lieu les rendements sont décroissants dans l'agriculture, ceci tenant au fait que toutes les terres cultivables sont cultivées et qu'il n'y a pas d'accumulation de capital;

— en deuxième lieu les rendements sont constants dans l'industrie;

— enfin il existe un taux de progrès technique constant dans les deux secteurs.

b) La seconde hypothèse a trait à l'existence d'une « loi » démographique gouvernant la croissance de la population. Jorgenson admet (fort lucide- ment) les mécanismes sous-jacents aux exposés de Malthus et de Ricardo en ce domaine. Il suppose donc que le taux de croissance de la population est fonction de deux variables :

— la quantité de nourriture par tête,

— le taux de mortalité.

Le taux de mortalité reste constant sauf progrès médicaux, et la quan- tité de nourriture par tête va donc déterminer le taux de natalité.

Par conséquent le taux de croissance net de la population va essentielle- ment dépendre, le taux de mortalité étant donné, de la nourriture par tête, c'est-à-dire en chaque moment de la croissance de la production agricole par tête. Si cette production dépasse une certaine valeur alors apparaît le surplus agricole qui va déterminer le passage d'une partie de la population agricole vers le secteur industriel. La croissance, son allure et son intensité, vont dépendre alors de l'évolution postérieure du secteur industriel, c'est- à-dire de son investissement interne.

c) Dans le secteur industriel l'investissement dépend de l'augmentation de la force de travail dans ce secteur et des termes de l'échange entre les deux secteurs. Les termes de l'échange sont définis comme les prix de l'un expri- més en prix de l'autre et déterminés par la différence des taux de salaire réel

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dans les deux secteurs. On supposera que le taux de salaire réel dans le sec- teur industriel est supérieur à celui du secteur agricole et que la différence reste constante (ce qui revient à dire que les évolutions des taux de salaire réel dans les deux secteurs sont de même intensité). Toute l'évolution du secteur industriel va donc, par l'intermédiaire de son investissement interne, dépendre de cette différence.

d) Jorgenson suppose enfin qu'il n'y a pas de commerce extérieur et qu'il y a équilibre de la balance des échanges des deux secteurs.

Ces quatre hypothèses étant données, le raisonnement est schématique- ment le suivant : partant d'une économie à un seul secteur (agricole) on cherche à quelles conditions le développement de ce secteur rend possible l'apparition et le développement du secteur industriel.

3. Le développement du secteur agricole.

Parce que l'on considère une économie sous-développée où la totalité de la production est agricole, la croissance de la production agricole est donc égale à celle de la production nationale.

La production agricole totale par tête dépend autant du volume de la production que de la croissance de la population. Ainsi les modalités du développement du secteur agricole et donc de l'économie toute entière dépend des liaisons entre le taux de croissance de la production agricole par tête et le taux de croissance de la population.

a) Liaisons entre taux de croissance de la production agricole par tête et taux de croissance de la population :

La production du secteur agricole peut être formalisée sous la forme d'une fonction de production Cobb-Douglas.

Y production,

(1)

L la terre, P la population,

ri. taux de progrès technique, [3 productivité du travail.

Si la terre est un facteur fixe et constant la fonction peut alors s'écrire (en choisissant une année de base et en raisonnant en indice) :

(2)

(22)

Le revenu par tête y peut s'écrire :

(3) d'où si nous différencions :

(4) Si (J. et � sont constants, étudier la croissance de y revient à étudier quelle est la croissance de la population —. Il apparaît donc nécessaire d'inclure dP à notre étude une fonction de population pour connaître sa croissance. En ce point, Jorgenson accepte à peu près complètement les conclusions de Liebenstein.

On suppose au départ que le taux de mortalité de la population est constant et égal à S.

Le taux de natalité (ou en l'occurrence le taux de reproduction brut) est une fonction de la production agricole par tête. Cette fonction est sup- posée être linéaire et croissante, jusqu'à une valeur maximale : E + S.

Taux de reproduction brut :

(4') Si bien que le taux de croissance de la population ou taux de repro- duction net devient :

(4")

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La limite objective de la croissance de la population étant s, le taux de croissance de la population est toujours égal à la plus petite de ces deux expressions :

yy — 8 et e

En une première phase des développements, lorsque le taux de repro- duction (brut ou net) est inférieur à son maximum physiologique, on a donc :

et donc, en remplaçant dans l'équation (4) - par cette valeur : p

Cette équation a deux racines. Il y a donc deux valeurs de y pour les- quelles dy = 0, ce sont :

(5)

Ce sont deux valeurs de la production agricole par tête pour lesquelles l'économie reste stationnaire. Seule la seconde valeur nous intéresse. Elle est telle que le secteur industriel ne naîtra jamais.

Si pour une raison quelconque le revenu individuel atteint cette valeur Y2, l'état stationnaire va s'installer dans l'économie. Cette valeur y, est selon l'expression de Jorgenson la trappe « d'équilibre de stagnation ». On trouve ici une première condition de croissance intimement liée à la fonc- tion de population.

b) Les modalités du développement du secteur agricole.

Il n'y a donc de développement du secteur agricole possible que si l'économie évite soigneusement cette trappe d'équilibre stationnaire. Cela est-il possible et à quelles conditions?

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Collection « TIERS MONDE » 1

P. BOl1RRIÈRES : L'économie des transports dans les programmes de développement, 200 pages . F, 15 » LES NATIONS UNIES : CHANTIER DE L'AVENIR :

Tome 1 : Les Nations L'aies et les pays sous-développés, 240 pages - 11 »

— Il : Les Nations Unies au service de la Paix, 344 pages - 15 » V.-L. URQUIDI : Genèse du Marché commun latino-américain, 135 pages - 14 » J. KLATZMANN : Les enseignements de l'expérience israélienne, 300 pages - 17 » P. SEVETTE : L'économie de l'énergie dans les pays en voie de développement, 275 pages .. - 16 »

H. DESROCHE : Coopération et développement, 335 pages - 17 »

F. BÉMONT : L'Iran devant le progrès, 260 pages - 16 »

G. GOZARD : Demain l'Amérique latine, 270 pages - 16 »

I. GuELFAT : La coopération devant la science économique, (préface de François Perroux) 150 p. - 13 »

E. GANNAGÉ : Institutions et Développement, 172 pages - 12 »

H. HALPERIN : Agrindus: intégration de l'agriculture et de l'industrie, 210 pages, 5 cartes .. - 14 » G. ETtENNF. : L'agriculture indienne ou l'art du possible, 360 pdges - 20 »

P. M ASSON : L'Aide bi-latérale, 332 pages - 17 »

G. ETIENNE : Progrès agricole et maîtrise de l'eau : le cas du Pakistan . . . (en préparât.)

t Études « TIERS MONDE »

Bassin méditerranéen et Proche-Orient

André LEROY : L'élevage dans le Bassin méditerranéen.

Dr E. NARAGHI, GUINARD, LEBLOND, WOLKENSTEIN : Planification en Iran.

J. ANTOINE : Possibilités du développement de l'Est algérien dans le cadre du Plan de Cons-

tantine, 104 pages F. 8 »

Recherches et applications techniques en matière de développement économique et social, et

répertoire d'organismes français, 208 pages - 8»

Assistance technique

M. DEBEAUVAIS : Assistance française en matière administrative.

Dr SOURNIA : Problèmes humains de coopération technique.

E. VALIN : Problèmes psychologiques du développement économique et social, 130 pages . - 9 » Françoise PONS : Un cas de développement sans inflation : le Japon, 132 pages, 80 tableaux. - 12 » Marc-Edmond MORGAUT : Cinq années de psychologies africaines, 96 pages - 9»

André TIANO : La politique économique et financière du Maroc indépendant, 300 pages, 41 ta-

bleaux - 20 »

François GAZIER et Lucile DECOUFLÉ : Les écoles et instituts de formation de fonctionnaires

dans les pays en voie de développement, 120 pages - 8»

Problèmes de planification de l'éducation

Groupe d'Etude de l'I.E.D.E.S. : Analphabétisme et sous-développements Isabelle DEBLÉ : Les rendements scolaires en Afrique.

Jacques PROUST : Les déperditions scolaires au Gabon, 160 pages - 11 » Samir AMIN : Trois expériences africaines de développement : Mali, Guinée, Ghana, 230 pages - 16 » Henri DUPIN : Expériences d'éducation sanitaire et nutritionnelle en Afrique, 124 pages - 9 » Matériaux pour une analyse de la croissance dans l'Ouest africain, par un Groupe d'Etude de

l'I.E.D.E.S., sous la direction de B. MALDANT (en préparai.)

Problèmes économiques de l'enseignement en Afrique tropicale, par un Groupe d'Etude de l'I.E.D.E.S., sous la direction de M. LE THANH KHOI (en préparât.) Blocages de la croissance et du développement : 25 études de grands spécialistes internatio-

naux, introduites par François PERROUX (en préparaI.)

Institutions et développement agricole au Maghreb G. Lazarev : L'Auto-gestion agricole en Algérie.'

J. DuBOls : Pour une réforme de l'administration agricole au Maroc F. 13 »

René DUMONT : Développement agricole africain - 14 »

Félix ROSENFELD : Techniques d'analyse et d'évaluation des projets d'investissements, 112 pages,

5 figuies, 25 tableaux 12 »

Alain COTTA : Analyse quantitative de la croissance des pays sous-développés, 210 pages,

21 tableaux, 39 graphiques 33 »

Albert MEISTER : Le développement économique de l'Afrique Orientale, 160 pages 16 » J. BROCHIER : La diffusion du progrès technique en milieu rural sénégalais, 210 pages, 21 ta-

bleaux, 39 graphiques . . . (en préparât.)

.ÆDIT. .9434 Imprimerie ROUSSET - PARIS

— IMPRIMÉ EN FRANCE — 33 F + T. L.

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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