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Les limites de la technique : mythes et réalités

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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29 | 2017

Dominique Janicaud. Rationalités, techniques, temporalités

Les limites de la technique : mythes et réalités

Dominique Janicaud

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/noesis/3920 DOI : 10.4000/noesis.3920

ISSN : 1773-0228 Éditeur

Centre de recherche d'histoire des idées Édition imprimée

Date de publication : 15 juin 2017 Pagination : 199-214

ISSN : 1275-7691 Référence électronique

Dominique Janicaud, « Les limites de la technique : mythes et réalités », Noesis [En ligne], 29 | 2017, mis en ligne le 15 juin 2019, consulté le 19 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/

noesis/3920 ; DOI : https://doi.org/10.4000/noesis.3920

Ce document a été généré automatiquement le 19 septembre 2022.

Tous droits réservés

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Les limites de la technique : mythes et réalités 1

Dominique Janicaud

Préalable : une explication de (et avec) un texte

1 Désirant vous présenter aujourd’hui quelques réflexions sur les limites de la technique, je partirai d’une citation d’un philosophe français contemporain, un paragraphe du Manifeste pour la philosophie d’Alain Badiou. C’est à la lumière de ce texte que j’expliquerai dans quelle mesure son caractère significatif permet d’amorcer notre réflexion sur les limites de la technique.

Si j’avais à dire quelque chose sur la technique, dont le rapport avec les exigences contemporaines de la philosophie est assez mince, ce serait bien plutôt le regret qu’elle soit encore si médiocre, si timide. Tant d’instruments utiles font défaut, ou n’existent que dans des versions lourdes et incommodes ! Tant d’aventures majeures piétinent, ou relèvent du « la vie est trop lente », voyez l’exploration des planètes, l’énergie par la fusion thermonucléaire, l’engin volant pour tous, les images en relief dans l’espace… Oui, il faut dire : « Messieurs les techniciens, encore un effort si vous voulez vraiment le règne planétaire de la technique ! ». Pas assez de technique, une technique encore très frustre, telle est la vraie situation : le règne du capital bride et simplifie la technique, dont les virtualités sont infinies2.

2 Vous devinez mon désaccord fondamental avec la lettre et l’esprit de ce texte d’un philosophe intelligent et talentueux. Certes, il faut mesurer son ironie ; mais porte-t- elle bien ? Ce qui en ressort en effet est une thèse négative à deux niveaux : d’une part, le mot « technique » ne serait pas apte à désigner l’essence de notre temps ; d’autre part, il n’y aurait pas de rapport « utile à la pensée » entre le « règne planétaire de la technique » et le « nihilisme ». On peut tout à fait admettre le scepticisme du deuxième point (car le lien entre technique et nihilisme suppose des présuppositions complexes).

Mais, dans le propos de Badiou, il y a confusion entre les deux niveaux, et c’est l’incertitude entretenue sur la deuxième assertion qui lui sert à rejeter la première.

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3 Or, il faut bien avouer que c’est une banalité que de saluer (ou critiquer) notre temps comme « époque de la technique », « ère technicienne », « âge atomique », « ère électronique » ou encore « post-industrielle ».

4 Ce qui est intéressant, ce n’est pas de se lancer dans une querelle de mots, mais de bien limiter l’enjeu du débat qui commence à se deviner. Si Badiou refuse de laisser qualifier notre temps comme « technique », c’est parce qu’il ne reconnaît aucun lien essentiel ni fondamental entre la technique et ce qui se joue de plus profond dans l’époque (ou encore, dans « les exigences contemporaines de la philosophie »). Quelle conception a- t-il donc de la technique ? De toute évidence, une mise en œuvre de moyens au service de fins – sans portée théorique. La technique est bornée à l’utile : « Tant d’instruments nous font défaut, ou n’existent que dans des versions lourdes et incommodes ! ».

5 Les exemples amusants et paradoxaux que donne Badiou – mais qui sont, en fait, peu nombreux – sont destinés, semble-t-il, à ridiculiser la masse de ceux qui saluent les prouesses de la technique moderne, soit pour s’en enthousiasmer soit pour s’en angoisser : « Les méditations, supputations et diatribes sur la technique, pour répandues qu’elles soient, n’en sont pas moins uniformément ridicules »3, assène-t-il d’emblée. Donc, tout est balayé d’un revers de manche. Il n’y a pas à s’interroger sur une quelconque « question de la technique » (et Heidegger n’est pas ici le seul visé). Il faut laisser la technique à son niveau, l’utilité, tout en souhaitant qu’elle se perfectionne encore beaucoup plus. Et surtout, pas de « nostalgie réactionnaire » ! Au contraire : « Messieurs les techniciens, encore un effort »…

6 Soit ! La thèse est maintenant claire et il est possible de l’analyser de manière critique.

Je proposerai un double point de vue qui va nous servir de fil méthodologique conducteur : quelles sont les réalités des avancées techniques ? Quelle est la part du mythe dans la perception de ces réussites ?

7 Au niveau des réalités, le jugement de Badiou est-il pertinent ? Si nous procédions avec autant de désinvolture que lui, nous serions en droit de trouver cet étrange bilan de la technique moderne expéditif, sinon « uniformément ridicule ».

8 Car enfin, si le critérium est l’utilité, faut-il d’abord citer l’exploration des planètes (ou, d’ailleurs la recherche spatiale a fait encore récemment de beaux progrès) ? Faut-il réclamer l’« engin volant pour tous » qui créerait de fameux encombrements du ciel ? Quant aux images en relief dans l’espace, elles ont été réalisées par le professeur Tournesol dans Tintin et le lac aux requins 4 où elles ne servent qu’à faire trébucher le capitaine Haddock. Seule la fusion thermonucléaire serait indiscutablement utile.

9 Redevenons sérieux. Si l’on parle de la technique au XXe siècle, il est pour le moins un peu court de grappiller quelques exemples d’insuffisances (mais tout aussi bien d’exploits) techniques. Quant à l’utilité, il est quelque peu surprenant de faire silence sur la médecine – entre autres. Il est surtout assez sidérant de considérer comme négligeable pour la pensée le fait que l’homme ait pour la première fois les moyens techniques de faire sauter la planète, tout comme le fait de manipuler les gènes ou celui de réaliser des millions d’opérations de calcul en quelques secondes. Tout cela ne sollicite apparemment en rien les « exigences contemporaines de la philosophie », elle n’a rien à y penser, tout juste à avoir le point de vue de la concierge : « À quoi ça sert, tout cela ? » ou « Et l’on pourrait faire encore mieux ! ».

10 Décidément, il est difficile de redevenir sérieux. Tentons encore un effort, au niveau du bilan des réalités techniques. Commençons tout d’abord par une concession. Malgré

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tous les extraordinaires progrès techniques, il n’est pas faux qu’on soit en droit (subjectivement, mais même peut-être aussi plus radicalement) de mettre l’accent sur ce qui est insuffisant dans les réalisations techniques actuelles. Par exemple, le sida sévit encore, la chimiothérapie et la médecine ne parviennent pas à vaincre complètement le cancer ; l’allongement de la vie humaine, surtout sensible dans les pays développés, n’est pas tel qu’on puisse envisager actuellement une extension indéfinie de la longévité ; les victoires remportées sur le vieillissement et la souffrance sont encore bien incomplètes, etc. On pourrait prolonger ce petit jeu d’appréciations positives et négatives en passant en revue tous les domaines. J’ai à dessein pris des exemples où l’utilité est nettement plus perceptible que dans le cas de l’engin volant pour tous.

11 Mais venons-en à des objections plus fondamentales et qui nous fassent vraiment progresser dans l’appréciation philosophique des réalités actuelles. La première de ces objections est encore apparemment nominaliste, la seconde plus technique.

12 1. En ce qui concerne la manière dont on qualifie notre temps, il est, d’une part, bien évident que ces qualifications sont souvent trop rapides, peu rigoureuses ; mais, d’autre part, est-ce un hasard si la technique revient presque toujours au premier plan (que ce soit globalement ou à travers une technique de pointe qui serait plus décisive et emblématique que les autres) ? C’est notre époque elle-même (à travers ses intellectuels, ses organes de presse, ses hommes politiques, etc.) qui se désigne ainsi. Et n’a-t-elle pas des raisons pour le faire ? Tout d’abord émerge et s’impose à la conscience, puis au discours, ce qui est nouveau, ce qui est en rupture avec la tradition : l’apparition et la diffusion de nouvelles techniques provoquent incontestablement des ruptures très importantes dans les modes de vie et les mentalités. D’autre part, les anciens traits qui permettaient de lier la pensée du temps (dans la mesure où elle parvenait à se formuler) font défaut. Songeons aux références hésiodiques comme celles du passage de l’âge d’or à l’âge de fer, ou encore à celles du christianisme qui unifiait l’Occident, à l’attente du Messie, au millénarisme, par exemple. Actuellement – et même si l’on considère que c’est par défaut – la transformation technique de la planète est telle qu’il paraît de bon sens et évident d’y voir le trait spécifique de l’époque.

13 Mais Badiou a tort de feindre de croire qu’à la désignation de l’époque comme technicisme correspond forcément une emphase surestimant ses réalisations. Certes, un auteur allemand, Friedrich-Georg Jünger, a écrit un ouvrage intitulé Die Perfecktion der Technick, mais il entend signifier par là non pas que la technique est parfaite (c’est- à-dire non perfectible), mais que son mode d’autonomisation et de clôture au niveau méthodologique (le fait que la technique est pensée comme le centre perspectif des projets) l’est. Même Heidegger, bien qu’il surestime peut-être l’universelle unité de ce qu’il nomme Gestell, signale que nous sommes seulement au début de l’ère de la technique – ce qui laisse supposer toutes sortes de développements.

14 Désigner notre époque comme technicienne, c’est donc avant tout épouser le point de vue que l’immense majorité des instances sociales considère comme déterminant, et c’est surtout et avant tout reconnaître un projet, au sens où la dernière des thèses sur Feuerbach énonce que la transformation du monde l’emporte désormais comme tâche prioritaire. Maintenons donc, malgré les lazzi de Badiou, qu’il y a un lien essentiel (même si ce n’est qu’un plus grand diviseur commun) entre notre temps et le projet technique.

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15 2. La technique elle-même, en chacune de ses étapes, se pense comme limitée. Non seulement notre temps est celui des technological assessments et des audits, mais on constate un mode spécifique de limitation si l’on réfléchit sur une démarche technique, au niveau même le plus élémentaire (et sans encore envisager la rationalisation et la segmentation des tâches industrielles). Prenons l’exemple de l’exploration d’une région mal connue où se présente l’obstacle d’une montagne : y a-t-il une route ? est-elle carrossable ? un chemin ? est-il praticable ? des prises pour une éventuelle varappe ?…

Autant de questions où la technique des moyens de locomotion, de l’équipement en matière d’excursion a son mot à dire. Et de l’examen de ces moyens, il résultera un passage en un temps plus ou moins limité.

16 Inutile de développer cet exemple pour démontrer que toute technique est limitée et se pense comme telle pour son effectuation. Limitée et donc à la fois finie et perfectible. Si l’on interroge un technicien, que ce soit sur un poste de chauffage, de transport ou autre, qu’attend-on de lui ? Certainement pas un discours qualitatif ou affectif ni une incantation à la gloire de la technique, mais un discours précis et déterminé permettant telle ou telle mise en œuvre. Une performance technique, si naturelle soit-elle, est toujours – comme en sport où comptent conditions météorologiques, entraînement, forme, etc. – perfectible.

17 Une conclusion provisoire s’impose : il n’y a aucune contradiction entre le fait de penser notre époque comme essentiellement technique et celui de déterminer les différents éléments de cette technique comme tout à fait perfectibles. Au contraire, c’est l’attitude inverse, celle que Badiou imagine, qui est l’exception – et qui résulte d’une méconnaissance de la mise en œuvre effective des procédures techniques.

18 Ajoutons encore deux remarques critiques avant de quitter Badiou. En premier lieu, le philosophe qui plaide pour « la philosophie elle-même, telle que l’entendait Platon »5, ne parvient pas vraiment à cacher le mépris aristocratique du théoricien pour une technique qu’il trouve « encore si médiocre, si timide ». Selon lui, la philosophie, pensée du « générique comme tel », a quatre conditions de possibilité (les mathématiques, la poésie, la politique et l’amour) ; mais de rapport essentiel à la production technique, point. Comme si elle pouvait énoncer des vérités désincarnées, hors des prises sur la matière et infiniment supérieures par rapport à une « technique encore très fruste ». Mais de quelle technique parle-t-on, alors qu’on feint d’ignorer les grandes réalisations techno-scientifiques du siècle et qu’on persiste à croire que la

« science en tant que science… reste profondément inutile »6, en laissant dans le vague le « rapport de nécessité », qu’on ne concède qu’au passage entre science et technique ?

19 Enfin, comme la philosophie ne veut pas paraître réactionnaire et hostile à la technique, Badiou, par une mystification implicite teintée de progressisme, la crédite, à la fin du paragraphe cité plus haut, d’un coup de chapeau qui complique les choses au lieu de les clarifier : après avoir limité la technique à l’utile, lui avoir dénié tout intérêt théorique et toute relation à la science, il écrit que « le règne du capital bride et simplifie la technique, dont les virtualités sont infinies ». Laissons de côté le problème du capitalisme qui mériterait à soi seul un examen. (Je signale seulement que l’inverse me paraît plus vrai : le capitalisme stimule le progrès technique ; il suffit de songer aux investissements consacrés à la recherche au Japon et dans les pays industrialisés). Mais faut-il soudain affirmer que les virtualités de la technique sont « infinies » ? Qu’est-ce que cela signifie à la lettre ? Et n’est-ce pas en contradiction avec le méprisant verdict

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antérieur : comment la technique si médiocre peut-elle faire passer à l’acte des

« virtualités infinies » ?

20 Je me suis arrêté si longuement à ce texte de Badiou, parce qu’il me semble significatif en son double geste : malgré ses superbes dénégations, il reprend et relance un vieux mépris du philosophe pour la technique, sans s’empêcher, en fait, de remythifier cette technique. Car ce mirage d’une technique indéfiniment développée est projeté sur l’avenir sans être argumenté ni exemplifié. Et ainsi, il y a une coupure complète, presque schizophrénique, entre un diagnostic extrêmement partiel et désinvolte sur les réalités techniques contemporaines et cette emphase finale qui magnifie une technique qui pourra tout (quand ? comment ?… : il y a là vraiment un passage à la limite, absolument non justifié). On ne prend pas la peine de s’informer sur la technique, on la méprise – et c’est pour cela qu’on lui prête finalement beaucoup trop, comme pour l’étouffer sous des hommages qui n’engagent à rien (des lendemains techniques bien vagues et lointains). On oscille entre la « technophobie philosophique »7 que dénonce Gilbert Hottois et la techno-fiction.

21 Par cette remythification finale, ce discours philosophique si « brillant » nous permet de reprendre notre fil conducteur : peut-on parler de la technique sans la mythifier (soit favorablement, soit défavorablement) ? Peut-on parvenir à analyser lucidement ses réalités et ses possibilités, en appréciant la marge de mythification qu’elle véhicule inévitablement ? Comment reposer le problème des limites de la technique en évitant à la fois le ton « grand seigneur » d’une philosophie prétendument souveraine et le mimétisme techniciste d’un discours néo-positiviste qui ne ferait que célébrer les exploits techniques sans penser ni leur condition de possibilité ni leur portée ?

22 Ce qui semble maintenant salutaire, c’est un recul réflexif sur les termes mêmes de la question posée à travers ce thème des « limites de la technique ».

Essai de désimplification

23 Nous allons tenter de l’évaluer à trois niveaux : sémantique, historique, enfin logique et philosophique.

24 1. Au niveau sémantique, cette désimplification sera elle-même double puisqu’il faut définir ce que l’on entend par technique, et préciser la signification des limites.

25 Par technique, désigne-t-on simplement le mode technique d’approche, toujours possible dans toute activité humaine (et il faudrait alors parler des limites du technique), ou la Technique (telle qu’elle est devenue, c’est-à-dire le réseau technique/

technologique en tant qu’il forme Système, comme le pense Jacques Ellul et, par conséquent, pose des problèmes nouveaux et spécifiques) ? On pourrait se borner au technique pris au premier sens, mais il est évident que, dans cet exposé, nous sommes tout naturellement contraints d’envisager les problèmes actuels et globaux. Il s’agit bien alors de la Technique telle qu’elle est devenue et peut devenir, et cette globalisation est encore accentuée parce que nous avons aussi à affronter le problème de la mythification de la technique dans la société actuelle – problème auquel nous allons revenir.

26 Les limites, par ailleurs, peuvent être entendues elles-mêmes en deux sens. D’abord dans le sens de : La technique poussée à bout, comme lorsqu’on dit : « Vous irez à la limite de vos forces ». Un exemple en est donné dans une circulaire du directeur du CNRS en date

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du 10 avril 1990 où l’on peut lire, article 1er : « Il est créé un programme interdisciplinaire de recherche sur les techniques poussées à leur limite 8 et leur apport dans les diverses disciplines de recherche, intitulé “ULTIMATECH” ». Il s’agit là d’un programme sur les techniques de pointe, en réseau.

27 Notons que ce sens des limites de la technique est, en fait, le plus répandu dans une société traversée et transformée par une dynamique technologique intense : toute machine, procédé, etc., est provisoire. Finie et perfectible, certes, la technique s’inscrit dans une progression constante. D’où l’arrière-pensée, récurrente et admirative : « Où ira-t-elle ? ». Ou bien : « Jusqu’où n’ira-t-elle pas ? ». Comme la limite est sans cesse reportée (par exemple pour les gains de vitesse, la miniaturisation, la productivité, etc.), s’installe l’idée d’un progrès il-limité, in-défini.

28 Mais il y a aussi une signification contraire : celle d’une technique qui cède le pas, qui s’arrête devant autre chose, plus précisément devant d’autres exigences (politiques, éthiques), ou encore l’existence d’une déontologie qui n’est pas strictement technique.

29 De nouveau, la limitation se dédouble. En effet, ou bien c’est le technicien qui s’arrête et sollicite une décision non technique. Par exemple, pour le médecin-technicien en réanimation : faut-il pratiquer l’acharnement thérapeutique, une euthanasie passive – ou active ? La déontologie médicale interdit cette dernière, mais ce n’est pas forcément l’éthique personnelle du médecin. Ces débats sont au-delà du technique, mais impliqués dans les problèmes de technicisation de l’univers de la médecine. Ou bien c’est une instance extérieure (législative, autorité morale, etc.) qui réglemente et/ou limite : par exemple, le clonage de lapins a été réalisé à l’INRA, mais reste interdit pour les êtres humains…

30 2. La mise au point historique sera très brève, destinée à rappeler que les questions que nous posons n’ont pu s’imposer que lorsqu’à des progrès partiels s’est substituée une avancée globale et cumulative, en réseaux, aboutissant à une prise de conscience des pouvoirs et limites du projet technique. C’est bien une question du XXe siècle qui émerge après la première guerre mondiale (c’est avec une remarquable lucidité que Paul Valéry pressent que, pour nos civilisations qui se savent mortelles, « le temps du monde fini commence »)9, en se substituant au dynamisme du XIXe (de Marx à Jules Verne)10 qui voit l’émergence fantastique de la technicisation industrielle, mais en prend acte ou la célèbre plus qu’il ne la systématise.

31 3. Enfin, la réflexion sur la logique même de la question nous fait aborder une difficulté qui est structurellement la même que celle que rencontre la philosophie de la technique (est-elle elle-même technique ?), et que l’on serait tenté de formuler ainsi, suivant la logique paradoxale de la théorie des ensembles : la limitation ultime de la Technique est-elle elle-même technique ?

32 Tentons cependant de bénéficier des mises au point sémantiques antérieures : soit

« technique » signifiele technique, soit cela désigne la Technique comme Système ou comme « technocosme », ainsi que le nomme Gilbert Hottois11. Si on adopte le premier sens (le technique), on peut répondre affirmativement à la question posée car le technique est toujours un mode déterminé, limité (l’autolimitation de son instance est structurelle). Et alors, nous avons vu que limite signifie limite poussée à bout, c’est-à- dire tout ce que le technique peut faire. Nous sommes donc en présence d’une juxtaposition de processus techniques qui se recoupent partiellement : A1 + A2 + …

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33 En revanche, si l’on parle de la Technique, alors effectivement on se heurte à une structure paradoxale : car si la limitation ultime de la Technique est elle-même technique, elle est limitée, spécialisée et ne vise plus la Technique en tant que Système globalisant ; mais, à l’inverse, si la limitation de la Technique n’est pas elle-même technique, elle suppose un métalangage, une instance extérieure à la Technique, mais comment pourra-t-elle opérer alors la limitation de la Technique en connaissance de cause ?

34 Cette position du problème peut paraître artificielle, je le reconnais, mais elle aide à désimpliquer des difficultés qui restent en général implicites. Et elle permet de poser le problème des limites de la Technique en termes concrets, à travers des exemples de techniques de pointe (ce qui est particulièrement souhaitable dans une perspective pédagogique), et sans oublier la tension qui est restée jusqu’ici sous-jacente dans mon propos entre mythe et réalité.

Les limites structurelles de l’inévitable mythification

35 Avant d’entamer cette nouvelle progression et pour avancer sur un terrain plus sûr, faisons un rapide bilan des élucidations précédentes. Il me semble qu’il y a déjà deux acquis herméneutiques.

36 Il y a bien des limites, c’est-à-dire deux types de limites à la technique : les limites qui tiennent à la spécificité du projet et du déploiement du technique – et la ou les limites qui (plus problématiquement) seront, ou non, imposées à la Technique comme telle. Il y a en outre un problème essentiel de langage qui se pose non seulement pour la philosophie de la Technique, mais pour toute intellection qui dépasse la stricte formalisation des procédures techniques ou leur description. Le langage naturel parvient- il vraiment à désigner ce qui advient à travers la technicisation généralisée ? Et quels sont les référents de ces « gros » concepts que forge le discours, non seulement philosophique mais aussi socio-politique, pour affronter les nouvelles « réalités » : technologie moderne, système technicien, techno-science, Gestell, etc. ? Est-ce que nous n’avons pas affaire alors à une mythification (plus ou moins marquée) du technique, dans un

« techno-discours », ou un anti-techno-discours ? Cette mythification est-elle évitable ?

37 Pour développer et expliquer cela, je vais prendre quelques exemples de techniques de pointe – poussées à la limite de la technique – et envisager ainsi de nouvelles

« réalités ». Et nous allons constater qu’il est difficile de stabiliser ces « réalités » (qui ne sont pas encore tout à fait telles), parce que nous avons affaire à une dynamique potentialisatrice et parce que ce dégagement de possibles implique aussi des virtualités sociales, philosophiques, humaines complexes et inégalement prévisibles et/ou calculables. Je ne prendrai que trois exemples de techniques de pointe et du problème que pose leur évaluation. On pourrait évidemment en choisir d’autres et en plus grand nombre.

38 Le Superlaser : le laser (amplification de lumière par émission stimulée de rayonnement), depuis sa découverte en 1958 par Townes et Schawlow, est une technique qui a connu déjà une diffusion, une diversification et des applications considérables (lecture optique, chirurgie, Télécoms, etc., et on étudie ses effets possibles pour la fusion thermonucléaire), mais voici que le 17 mai dernier le laser compact le plus puissant du monde est né d’une chaîne d’amplification appelée P 102,

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produisant pendant une durée d’un millième de milliardième de seconde une puissance de 20 terawatts (20 milliards de kilowatts), soit la puissance électrique du réseau EDF x 300 (performance d’une équipe du CEA). Cela devrait permettre de soumettre la matière à des conditions extrêmes, d’éplucher les atomes de leurs électrons et de les accélérer à des vitesses proches de la lumière. La recherche se dirige vers le laser à rayons X. Une journaliste déclare à ce propos : « Les scientifiques ont dorénavant entre les mains un outil dont ils ne peuvent actuellement prévoir toutes les applications… Avec le P 102, le rêve peut devenir réalité… ».

39 Notons déjà trois points caractéristiques de cette filière technique de pointe : l’accroissement de puissance considérable ; la dynamique potentialisatrice ouverte (un spectre d’applications possibles) ; un halo minimal – mais incontestable – de mythification : « le rêve peut devenir réalité » (l’imaginaire social « parle » !).

40 Le télescope de l’espace « Hubble » : mis sous orbite par la navette Discovery en avril 1990 à 600 km d’altitude, il agrandit mille fois l’espace observable jusqu’à 14 milliards d’années-lumière (or le Big Bang est actuellement situé entre 12 et 20 milliards d’années-lumière). Devant permettre de se faire une meilleure idée de l’âge de l’univers, c’est une véritable machine à remonter le temps, nous disent les journalistes ; et, de fait, voir, à cette échelle gigantesque, de nouvelles galaxies, c’est les voir telles qu’elles étaient il y a des milliards d’années.

41 On retrouve les trois points : accroissement de puissance (de manipulation et d’observation) ; dynamique potentialisatrice ouverte (exploration du ciel « éloigné », étude des effets des radiations cosmiques, etc.) ; le halo mythificateur : remonter le temps, se rapprocher du Big Bang, c’est faire un nouveau progrès dans le déchiffrage de l’énigme de l’univers, c’est se rapprocher (ou, du moins, s’en donner l’impression !) du secret de la naissance de l’univers. L’astronomie, remodelant la cosmologie, frôle la métaphysique.

42 La simulation artificielle du vivant : on a récemment créé en laboratoire au MIT la molécule du premier corps chimique, capable de s’autorépliquer : l’AATE (ester triacide amine-adénosine). Même si l’on est loin de la complexité de l’ADN, c’est une étape dans la simulation « artificielle » de la vie. Cet effort vient rejoindre la simulation informatique d’interactions entre molécules chimiques, les interconnexions de neurones, dans des situations de plus en plus complexes (pensons au programme de Jean-Pierre Changeux sur l’apprentissage du chant chez l’oiseau). Les formules fractales permettent de simuler la croissance des plantes ou le développement d’un œuf.

Finalement, le nec plus ultra dans le domaine de la simulation bio-neurologique, c’est l’ordinateur neuronal : un système informatique inspiré de la structure du cerveau et permettant d’associer à la vitesse du calcul (triomphe actuel des ordinateurs), la reconnaissance des formes et la métaphorisation. C’est évidemment une recherche en cours, appelée à de nouveaux développements12.

43 Nous retrouvons, pour cette troisième filière de recherche de pointe, les trois caractéristiques déjà notées : accroissement de puissance ; dynamique potentialisatrice ouverte ; halo de mythification plus ou moins marqué suivant les tempéraments et les philosophies. Si Henri Atlan, tout en théorisant l’auto-organisation du vivant à partir du « chaos », entend éviter le réductionnisme et respecter la spécificité des niveaux de complexité et de langage (en pointant toute la charge de métaphorisation de notions comme « code génétique » ou « programme »), Jean-Pierre Changeux n’hésite pas à parier sur un progrès indéfini des neurosciences reculant les frontières qui nous

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paraissent aujourd’hui structurelles (voir la manière dont il récuse, dans Matière à pensée 13, l’obstacle théorique du théorème de Gödel aux ambitions des neurobiologistes pour décrire la conscience en termes de physique et de chimie !).

44 Une réflexion à partir de ces trois exemples permet donc d’élaborer ainsi le problème des limites de la Technique.

45 Il s’agit bien d’un processus techno-scientifique, même si l’accent varie suivant les cas.

L’intérêt théorique et les applications sont indissociables.

46 Le dynamisme de ces processus donne une ouverture à trois niveaux : résultats variés et cumulatifs ; « retombées » nombreuses, imprévisibles, engendrant de nouvelles potentialisations ; charges imaginaires et symboliques.

47 C’est, bien entendu, surtout à ce niveau que joue cette mythification qui paraît inévitable du fait qu’un programme technique quel qu’il soit s’insère dans un tissu socio-politico- humain. Que ce soit à des fins de propagande (pour avoir des crédits), pour soutenir leur « moral », comme pulsion inconsciente, ou pour répondre à une demande sociale de plus de puissance et d’efficacité, les scientifiques n’échappent pas complètement à la fascination d’une technique mythifiée, ce phénomène se trouvant en outre amplifié par les médias. Et, par conséquent, les penseurs plus indépendants, plus détachés ou même critiques envers la technicisation, ne manqueront pas d’arguments et d’exemples pour protester contre l’impérialisme technocratique, l’envahissement du techno-discours ou le « bluff technologique »14.

48 Les deux points capitaux sur lesquels nous devons nous arrêter maintenant sont les suivants : d’une part, cet incontestable dynamisme potentialisateur des filières techniques doit-il nous empêcher de penser leurs limites structurelles ? Doit-il les gommer ? D’autre part, qu’en est-il des limites déontologiques, mais surtout déontiques, qui doivent s’imposer à la neutralité de la pensée technique15.

49 Le problème des limites structurelles se pose à plusieurs niveaux. En premier lieu, le niveau de principe est celui de l’objectif de maîtrise de la nature pour laquelle la technique peut exploiter les grandes lois de la nature, non les bouleverser : « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ». Certes, les lois dégagées par la science ne sont plus du tout celles d’un déterminisme laplacien total et global. La science est plus que jamais ouverte, mais c’est quand même à partir de contraintes rationnelles inéliminables (en particulier au niveau des formulations mathématiques) qu’elle raisonne et opère et, dans l’univers physique, à partir de constantes, comme la vitesse de la lumière, ou de relations fondamentales, comme le deuxième principe de la thermodynamique. Non seulement la nature résiste, mais elle ne permet pas n’importe quoi à n’importe quel moment, et c’est précisément pourquoi l’optimisation technique se fait de plus en plus spécialisée (et marginalise la génialité individuelle).

50 En second lieu, si nous revenons du côté de la Technique dans son autorégulation ou sa cohérence, nous avons vu que, malgré la poussée globalisante vers des réseaux qui impliquent des intégrations intertechniques de plus en plus poussées, elle doit aussi développer ses spécialisations, c’est-à-dire se ramifier en techniques particulières, lesquelles doivent observer rigoureusement leurs modes d’emploi et ne pas outrepasser leurs domaines d’application – faute de perdre toute efficacité. Ce que l’on pourrait désigner comme l’autoréférence technique.

51 Enfin, quoique la tendance artificialiste de beaucoup de techniciens et de scientifiques soit très marquée, le « préalable naturel » n’a pas été levé : non seulement il faut de la

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lumière et de l’électricité pour faire un super-laser, mais il faut le préalable de l’immensité céleste pour qu’un télescope géant ait quelque chose à découvrir ; enfin, dans le cas de la simulation de la vie, on est loin d’avoir rattrapé la vie, puisque le cerveau, « production » de la nature, redevient un modèle, y compris au niveau méthodologique (avec le modèle de l’ordinateur neuronal).

52 Autrement dit, non seulement on n’a pas encore remplacé des cerveaux naturels par des cerveaux « artificiels », mais le cerveau reste un modèle pour la construction éventuelle de super-systèmes experts ! Même si l’artificiel doit encore se développer (par exemple avec les greffes d’organes et les prothèses), il est encore loin de résorber l’émergence préalable du naturel, en particulier au niveau biologique.

53 Ceci fait tout naturellement la transition avec l’autre versant de la question : les limites déontiques, le problème éthique.

54 C’est bien autour de la vie, et en particulier du corps humain en tant qu’unité porteuse d’une identité et d’une dignité propres, que s’articule le débat le plus délicat et sensible sur une éthique de la technique. C’est dans le domaine bio-éthique que la prise de conscience est la plus vive, mais aussi qu’elle se heurte aux plus grandes difficultés (sur des sujets tels que l’avortement, les manipulations génétiques, le problème des greffes, l’euthanasie, etc.).

55 Précisons encore ce champ de difficultés, en prenant comme exemple le domaine bio- médical. Qu’il soit examiné par un scanner, en radiologie « classique » ou soumis à une batterie d’analyses, l’organisme du malade bénéficie de techniques d’établissement du diagnostic et de moyens chimiothérapiques admirables, au profit de sa guérison et de sa survie. Mais il n’est pas niable que le corps soit aussi, par là même, objectivé, que les traitements soient de plus en plus spécialisés en « fonctions » ou « organes », que le regard médical – malgré tous les efforts pour préserver sa déontologie – s’inscrive de plus en plus dans le réseau technologique du « bio-pouvoir » des laboratoires et des hôpitaux, ainsi que dans la logique d’une « consommation » pharmaceutique croissante, dans les pays les plus développés. Le corps est certes pris en charge,

« géré », préservé, traité ; mais souvent dans l’anonymat et sans vue suffisante ni synoptique des questions ultimes qui demeurent existentielles ou morales, devant la maladie et la mort. (Ainsi, par exemple, les greffes d’organes, ont donné lieu à une loi récente et des mises en garde sur une industrie du vivant). Le corps est, de fait, disjoint, ou du moins tend à l’être, de son identité et dignité. Qu’on songe aux effets secondaires des médicaments, aux neuroleptiques et à leurs influences sur le psychisme, sans parler des manipulations génétiques et/ou psychologiques : tout cela met en cause la capacité de choisir et, de proche en proche, tend à gommer, à atténuer ou même effacer

« l’éthicité ».

56 À ce point lui-même limite, limite des limites, on voit bien que le seul critérium qui subsiste est l’idée que l’homme se fait (ou décide de se faire) de sa propre différence par rapport à la nature et aux autres vivants, confronté à la croissance sans précédent d’objets et de procédures techniques (éthiquement neutres, et peut-être neutralisantes eu égard à l’éthique).

57 En (difficile !) conclusion, il ne s’agit pas de faire la morale aux techniciens sauf, bien entendu, s’ils outrepassent leurs compétences et leurs domaines. De toute façon, nous sommes tous engagés – ou « embarqués » – dans le processus de « techno-logicisation » : celui du technique vers la Technique et de la Technique vers la métatechnique. Cette logique de plus en plus globale ne serait-elle pas elle-même systémique ? Ce processus

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est si puissant et fascinant qu’on peut être tenté d’y voir, comme Heidegger, un destin, alors qu’il faut savoir discerner aussi en ses diverses phases tout le jeu qui subsiste, d’autant plus que tant que l’homme est homme, il est l’animal imprévisible.

58 C’est une tâche prioritaire pour la philosophie d’étudier les problèmes spécifiques que pose la technique et, en particulier, de développer la réflexion sur ce problème des limites, parce que si la philosophie ne le fait pas, personne ne le fera à sa place.

Contrairement à ce que prétend Dominique Lecourt dans son dernier pamphlet16, la plupart des réflexions philosophiques sur la technique ne sont pas motivées seulement par la peur ; et, même si certaines d’entre elles le sont, c’est salutaire, tant qu’elles suscitent l’étonnement devant ce qui advient, et qu’elles invitent à mieux le connaître pour mieux le maîtriser. Ne soyons ni technophiles ni technophobes : restons (ou redevenons) philosophes – et alors nous répondrons à ce que la société technicisée attend plus ou moins obscurément de nous.

NOTES

1. Cette conférence a été prononcée le 26 octobre 1990, lors de la première réunion de la Société pour la Philosophie de la Technique (branche francophone de la Society for Philosophy and Technology), qui s’est tenue au Centre Science, Technologie et Société du Conservatoire national des arts et métiers, à Paris. Il s’agit d’un manuscrit retranscrit par nos soins.

2. A. Badiou, Manifeste pour la philosophie, Paris, Éditions du Seuil, p. 33-34.

3. Ibid., p. 33.

4. Hergé, Tintin et le lac aux requins, Tournai, Casterman, 1983, p. 7 et 12.

5. Voir Manifeste pour la philosophie, op. cit., 4e de couverture.

6. Ibid., p. 35.

7. G. Hottois, Le signe et la technique. La philosophie à l’épreuve de la technique, Paris, Aubier, 1984, section II, chapitre 11, « Technophobie philosophique », p. 111-117.

8. C’est nous qui soulignons.

9. Cf. P. Valéry, La crise de l’esprit (1919), première lettre, p. 1 : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », et Regards sur le monde actuel (1931), dans Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 1960, tome II, p. 923.

10. Voir Marx, Le capital, trad. Roy, Paris, Garnier, 1969, I., XV, p. 344 : « Or la technologie moderne peut s’écrier avec Mirabeau : “Impossible ! ne me dites jamais cet imbécile de mot !” ».

11. G. Hottois, Le signe et la technique…, op. cit., section II, chapitre 6, « Le technocosme », p. 86-94.

12. Voir Libération, 28 novembre 1987, p. 28.

13. J.-P. Changeux et A. Connes, Matière à pensée, Paris, Odile Jacob, 1989, où il affirme : « Ce serait une erreur […] d’en déduire que la machine humaine est limitée ».

14. Voir J. Ellul, Le bluff technologique, Paris, Hachette, 1988.

15. Voir G. Hottois, Le signe et la technique…, op. cit., section III, chapitre 7, « L’impératif an-éthique du règne technique », Paris, Aubier, 1984, p. 146-149.

16. D. Lecourt, Contre la peur, Paris, Hachette, 1990.

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RÉSUMÉS

En s’appuyant de manière critique sur une citation d’Alain Badiou, ce texte vise à amorcer une réflexion sur les limites de la technique qui ne mythifie la technique ni positivement ni négativement, en évitant à la fois le ton prétentieux d’une philosophie prétendument souveraine et le mimétisme techniciste d’un discours scientiste.

Reflecting critically on a quote of Alain Badiou, this paper aims to initiate a reflection about limits of technology, a reflection that does mythicize technology neither positively nor negatively, which avoids both the pretentious tone of a philosophy claiming to be supreme and the technicist mimetism of the scientist discourse.

INDEX

Mots-clés : Badiou, éthique, limites, technique Keywords : Badiou, ethics, limits, technology

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