Excision en homologie de Hochschild
Notes d’expos´ e du groupe de travail Topologie Alg´ ebrique
(Nantes) Salim RIVIERE
F´ evrier 2012
On se donne un anneau de base K , commutatif et unitaire
K − Alg := cat´ egorie des K -alg` ebres (non n´ ec´ essairement unitaires) K − uAlg := cat´ egorie des K -alg` ebres unitaires
K − Mod ∗ := cat´ egorie des K -modules gradu´ es
1 Le probl` eme d’excision
L’homologie de Hochschild est un foncteur
HH ∗ : K − Alg → K − Mod ∗ I 7→ HH ∗ (I)
Etant donn´ ´ es une K -alg` ebre A et un id´ eal bilat` ere I de A, il est possible de d´ efinir les K -modules gradu´ es d’homologie de Hochschild relatifs HH ∗ (A, I) qui s’ins` erent dans une suite exacte longue
· · · → HH n (A, I) → HH n (A) → HH n (A/I) → HH n−1 (A, I ) → · · · Afin de d´ ecrire le probl` eme d’excision, rappelons les d´ efinitions de HH ∗ (I) et HH ∗ (A, I ).
Le foncteur HH ∗ est obtenu en prolongeant le foncteur HH ∗ bien connu sur les alg` ebres unitaires : D´ efinition 1.0.1. L’homologie de Hochschild d’une alg` ebre unitaire A est donn´ ee par
HH ∗ u (A) := H ∗ (CH ∗ (A), d H ) o` u
CH n (A; M ) := M ⊗ A ⊗n et
d H (m ⊗a 1 ⊗ · · · ⊗ a n ) := ma 1 ⊗a 2 ⊗ · · · a n +
n−1
X
i=1
(−1) i m ⊗a 1 ⊗ · · · ⊗a i a i+ ⊗ · · · ⊗ a n + (−1) n a n m ⊗a 1 ⊗ · · · ⊗ a n−1
L’homologie de Hochschild d’une alg` ebre non unitaire I est donn´ ee par HH ∗ (I) := coker HH ∗ u ( K ) → HH ∗ u (I + )
o` u I + est l’alg` ebre unitaire dont le K -module sous-jacent est K ⊕ I et la multiplication est donn´ ee par (k, i)(k 0 , i 0 ) := (kk 0 , ki 0 + k 0 i + ii 0 )
Remarque 1.0.2. Le complexe de Hochschild CH ∗ (I) est bien d´ efini mˆ eme quand I n’est pas unitaire. Il permet
donc de d´ efinir une th´ eorie d’homologie na¨ıve de source K − uAlg not´ ee HH ∗ naive .
Lorsque l’alg` ebre I est unitaire d’unit´ e 1 I , l’application K × I → I +
(k, i) 7→ (k, k 1 I + i)
est un isomorphisme d’alg` ebres unitaires. Comme l’homologie de Hochschild unitaire commute au produits HH ∗ (I) = coker HH ∗ u ( K ) → HH ∗ u ( K ) ⊕ HH ∗ u (I) ∼ = HH ∗ u (I)
On voit que HH ∗ est bien un prolongement de HH ∗ u i.e.
K − uAlg HH
u
∗
//
K − Mod ∗
K − Alg
HH
∗77 p
p p p p p p p p p p
commute.
Afin de d´ efinir l’homologie de Hochschild relative d’une paire (A, I ), il est utile de faire apparaˆıtre celle-ci comme provenant d’un complexe de chaˆınes :
Proposition 1.0.3. Soit I une K -alg` ebre (non n´ ecessairement unitaire). L’homologie de Hochschild de I est isomorphe ` a l’homologie du complexe normalis´ e r´ eduit C ∗ red (I + ) d´ efini par
C ∗ red (I) := coker(( K , 0) → (I + ⊗ I ⊗∗ , d H ))
o` u K est vu comme complexe concentr´ e en degr´ e 0 et (I + ⊗ I ⊗∗ , d H ) est le complexe de Hochschild normalis´ e de I + .
D´ emonstration. Il suffit de v´ erifier que l’homologie de C ∗ red (I + ) co¨ıncide avec HH ∗ (I) en degr´ es 0 et 1.
D´ efinition 1.0.4. Soit I un id´ eal bilat` ere d’une K -alg` ebre A (non n´ ec´ essairement unitaire). L’homologie de Hochschild relative de la paire (A, I ) est donn´ ee par
HH ∗ (A, I) := H ∗ (ker C ∗ red (A + ) → C ∗ red ((A/I ) + ) ) Elle s’ins` ere donc dans une suite exacte longue
· · · → HH n (A, I) → HH n (A) → HH n (A/I) → HH n−1 (A, I ) → · · ·
D´ efinition 1.0.5. Une K -alg` ebre I est dite excisive en homologie de Hochschild lorsque le morphisme canon- ique
HH ∗ (I) → HH ∗ (A, I)
est un isomorphisme pour toute alg` ebre (non n´ ecessairement unitaire) A contenant I comme id´ eal bilat` ere et telle que la projection A → A/I soit scind´ ee.
2 Le th´ eor` eme de Wodzicki
D´ efinition 2.0.6.
– Le complexe bar d’une alg` ebre I est le K -module gradu´ e C ∗ bar (I) d´ efini par C n bar (I) := I ⊗n+1 ∀n ∈ N
muni de la diff´ erentielle d bar d´ efinie par
d bar (x 0 ⊗ · · · ⊗ x n ) :=
n−1
X
i=0
(−1) i x 0 ⊗ · · · ⊗ x i x i+1 ⊗ x i+2 ⊗ · · · ⊗ x n
pour tous x 0 , ..., x n dans I. Son homologie est not´ ee H ∗ bar (I).
– Une alg` ebre I est dite H -unitaire lorsque pour tout K -module V , le complexe bar C ∗ bar (I; V ) := (V ⊗ C ∗ bar (I), Id V ⊗ d bar ) est exact.
Le but de cet expos´ e est de d´ emontrer une implication th´ eor` eme suivant, qui donne une condition n´ ecessaire et suffisante pour qu’une alg` ebre soit excisive en homologie de Hochschild et en homologie cyclique :
Th´ eor` eme 2.0.7. [ Wodzicki, [Wod89], voir aussi [Lod97] ] Soit I une K -alg` ebre non n´ ecessairement unitaire.
Les conditions suivantes sont ´ equivalentes i) I est excisive en homologie de Hochschild, ii) I est H -unitaire,
iii) I est excisive en homologie cyclique.
Avant de d´ emontrer que ii) implique i), rappelons les d´ efinitions des homologies relatives na¨ıves et bar associ´ ees ` a une paire :
D´ efinition 2.0.8. Soit A une K -alg` ebre non n´ ecessairement unitaire et I un id´ eal bilat` ere de A.
– L’homologie de Hochschild na¨ıve relative HH ∗ naive (A, I ) est l’homologie du complexe CH ∗ (A, I) := ker CH ∗ (A) → CH ∗ (A/I)
– L’homologie bar relative H ∗ bar (A, I ) est l’homologie du complexe
C ∗ bar (A, I) := ker C ∗ bar (A) → C ∗ bar (A/I )
De mˆ eme que pr´ ec´ edemment, ces deux homologies s’ins` erent chacune dans une suite exacte longue d’homologie bar et d’homologie na¨ıve. Il existe ´ egalement des morphismes canoniques
HH ∗ naive (I) → HH ∗ naive (A, I ) et
H ∗ bar (I) → H ∗ bar (A, I )
et I sera dite excisive en homologie na¨ıve/bar lorsque le morphisme canonique correspondant est bijectif pour toute alg` ebre A contenant I comme id´ eal bilat` ere telle que la projection A → A/I est K -scind´ ee.
Nous aurons besoin de deux lemmes concernant l’excision en homologies bar et de Hochschild na¨ıve.
Lemme 2.0.9. Soit I une K -alg` ebre H -unitaire. Alors I est excisive en homologie bar
D´ emonstration. Consid´ erons une alg` ebre A telle que A → A/I est K -scind´ ee. Il s’agit de montrer que H ∗ bar (A, I) est nulle. Introduisons la filtration (F p C ∗ bar (A, I )) p > 0 de C ∗ bar (A, I) d´ efinie par
F p C ∗ bar (A, I) n := K − submod < a 0 ⊗ · · · ⊗ a n / au moins n − p a i sont dans I >
=C n bar (A, I ) ∩ X
n
0+···+n
l+1=p
l>1 q1 +···+ql=n−p