A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
É LIANE B LANCHETON
Mécanique analytique des milieux continus
Annales de l’I. H. P., section A, tome 7, n
o3 (1967), p. 189-213
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPA_1967__7_3_189_0>
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p. 189
Mécanique analytique des milieux continus
Éliane BLANCHETON
Faculté des Sciences de Caen, Laboratoire de Mathématiques.
Poincaré,
Vol. VII, n° 3, 1967, Physique théorique.
SOMMAIRE. - Nous montrons
qu’il
estpossible
derepérer
l’état d’unmilieu continu par un
point
dans un espace de Banach. Les résultats du calcul variationnelclassique (principe
deMaupertuis,
théoried’Hamilton-Jacobi), généralisés
aux espaces deBanach,
permettent dedévelopper
lamécanique analytique
des milieux continus defaçon analogue
à lamécanique analy- tique
dessystèmes
de corps solides.ABSTRACT. - It is shown that it may be associated to every state of a
continuous medium a
point
of a Banach space. The results of the classical calculus of variations(principle
ofMaupertuis, theory
ofHamilton-Jacobi),
after
being generalised,
allow to expose theanalytic
Mecanic of continuous media in a similar way as theanalytic
mecanic of solidbodys.
Le calcul des variations
classiques
segénéralise
sanspeine
au cas oùl’espace
des états est un espace affine F dontl’espace
vectoriel associé F est un espace de Banach. Les dérivations sont alors des dérivations au sensde Fréchet. Or il est
possible
derepérer
l’état d’un milieu continu à l’instant t par unpoint
d’un tel espace, et leséquations
de lamécanique
des milieuxcontinus, lorsqu’on néglige
lesphénomènes thermodynamiques,
laviscosité,
la
capillarité,
etc., peuvent être obtenues àpartir
d’unprincipe
variationnel de ce type. L’extension aux espaces de Banach des études faites en dimension finie parHamilton, Jacobi, Maupertuis,
étudesqui
ont conduit à la méca-nique analytique
dessystèmes
de corpssolides,
permettra donc dedévelopper
une
mécanique analytique
des milieux continus.ANN. INST. POINCARÉ, A-Vll-3 14
190 ÉLIANE BLANCHETON
1. - PRINCIPE VARIATIONNEL DANS LES MILIEUX CONTINUS
Nous
désignons
parE3 l’espace
affine euclidien de dimension3,
parE3
son espace vectoriel
(espace
des vecteurs libres deE3).
SoitKo
le domainede
E3 occupé
par le milieu continu à l’instantinitial ; Ko
serasupposé
êtreun ensemble compact. Si
Mo E Ko désigne
laposition
d’une molécule àl’instant
initial,
M celle de la même molécule àl’instant t,
nous écrironsNous poserons
donc
Précisons
que, pour tdonné,
X est uneapplication
deKo
dansE38
Nousla supposerons
prolongeable
par uneapplication
de classeel
sur un ouvert deE3
contenantKo,
à valeurs dansE38
Sur cetensemble,
on considère la relationd’équivalence
Nous
désignerons
par F l’ensemble des classesd’équivalence.
Cet ensemble-+
est un espace
affine,
la norme surl’espace
vectoriel F associé étant pour-+
Z ~ F
Notons
que )] Z(Mo) Il
etIl Z’(Mo) Il désignent
les normes usuelles respec- tivement dansE3
et dansL(E3, E3).
L’application
u : t - X est alors uneapplication
d’un intervalle[a, b]
réelet compact dans F. Nous la supposerons de classe
CB
L’ensemble desappli-
cations de classe
C~
de[a, b]
dans F est un espace affine Elorsqu’on
munitl’espace
vectoriel associé E(qui
est l’ensemble desapplications
de classeC1
de
[a, bJ
dansF)
de la normeoù les normes
figurant
au deuxième membre sont des normes dans F.Les
équations classiques
de lamécanique
des milieuxcontinus, lorsqu’on
191
néglige
lesphénomènes thermodynamiques,
laviscosité,
lacapillarité...
peuvent
être obtenues àpartir
d’unprincipe
variationnel danslequel l’espace
des états est F. Lelagrangien
est somme de trois termesT, Ut
etU~
que nous définirons
séparément.
a) Définition de
T(énergie cinétique).
On introduit :
K =
X(Ko),
domaineoccupé
par le milieu continu àl’instant t, dvo
élément de volume dansE3,
dv =
dét(X’(Mo))dvo,
où l’abréviation détdésigne
ledéterminant,
po
application
donnée deKo
dansR,
de classeC2.
Le nombrepo(Mo)
est la masse
spécifique
enMo
à l’instantinitial, l’intégrale
la masse totale.
Enfin
pt(M) désignera
la massespécifique
en M à l’intant t; Pt estl’appli-
cation de K dans R définie par
Nous définirons
l’application
T de F x F dans R parNous remarquerons d’ailleurs que T ne
dépend
en fait que deu’(t).
b) Définition
deUl ( - Ut
estl’énergie
degravitation).
On introduit le vecteur accélération de la pesanteur
G(e E3). Ut
est définieà une constante
près,
parc) Définition
deUZ (- U2
estl’énergie élastique).
On donne une
application C
de£.(£3’ E3)
dansR,
caractérisant le milieu étudié. On définitU2
par192 ÉLIANE BLANCHETON
Rappelons
parexemple
que, pour les fluidesparfaits, ~(X’(Mo))
nedépend
que du déterminant de
X’(Mo).
Autrementdit,
où
f désigne
une fonction de classeC~
sur R. La dérivéef’(dét (X’(Mo)))
est la
pression
du fluide en M.Les
équations classiques
des milieux continus s’obtiennent en écrivant quel’application
1 de E dans R définie parl’équation
est stationnaire pour des fonctions u données aux extrémités.
L’équation d’Euler-Lagrange
traduisant la stationnarité de 1 s’écritNous avons
supposé jusqu’à présent qu’aucune
condition de liaison n’étaitimposée
à u ou à X. Les deux membres del’équation (1-1)
sont deséléments de F’ =
£(F, R).
Nous ne voulons pas aborder ici l’étude
générale
des liaisons en méca-nique
des milieux continus. Notons toutefoisqu’il
existe un casparticuliè-
rement
simple :
c’est le cas oùl’application
X est astreinte à vérifierl’équation
quel
que soitMo
appartenant au bord()-Ko
deKo.
Dans ce cas eneffet,
il suffit de considérer X comme un élément du sous-espace affine
FI
de Fconstitué par les
applications
deKo
dansE3,
de classeel
surKo,
se rédui-sant à
l’application identique
sur le bord deKo. L’espace
vectoriel asso-cié
Fi
est constitué par l’ensemble desapplications
deKo
dansE3,
declasse
Cl,
nulles sur()-Ko.
Dans ce cas,l’équation
du mouvement est encore(I-1),
mais les deux membres sont des éléments deR).
A titre
d’exemple,
donnons la formeexplicite
de(1-1)
pour un fluideparfait.
Partant desexpressions
de T,U2
donnéesplus haut,
un calculsimple
conduit àoù on a
posé
et où Tr
désigne
la trace ; hdésigne
un vecteur de F dans leproblème libre,
un vecteur de
F1
dans leproblème
lié considéré ci-dessus.On retrouve les
équations classiques
en transformantl’intégrale
surKo
en une
intégrale
sur K. Il vient- -
Vh E F
(resp.
àFi),
ou encore, endésignant
par N la normale orientéeau
point
M du bord~-K,
Dans le
problème lié, l’intégrale
sur le bord est nulle.Écrivant
que l’inté-grale
sur K est nullequel
que soit h dansF l’
on obtientqui
estl’équation classique où p = f’(a)
et r =u"(t)(X-1(M)).
Dans le
problème
sansliaison,
il fautajouter
lacondition f’(03B1)
= 0 surle bord de K.
II. - LE PRINCIPE DE MAUPERTUIS A. - Le
principe
deMaupertuis
dans les espaces de Banach.
Considérons
l’équation d’Euler-Lagrange
pour unlagrangien
L satis-faisant aux
hypothèses
suivantes : L est la somme de deux termesT
désigne
une fonctionréelle,
définie sur leproduit Q1
xF,
oùn1 désigne
un ouvert de F.
L’application
X -T(X, Y)
estsupposée
être de classeCi
194 ÉLIANE BLANCHETON
sur
L’application
Y 2014~T(X, Y)
estsupposée
être bilinéaire etcontinue,
et
T(X, Y)
estsupposé
strictementpositif
pour tout Y non nul.U
désigne
une fonctionréelle,
définie et de classeC~
surQl.
Notons que le
principe
variationnel à la base deséquations
de la méca-nique
des milieux continus est de ce type.1.
L’intégrale
del’énergie.
Nous poserons pour
simplifier
l’écritureL’équation d’Euler-Lagrange
s’écritOn
applique
les deux membres de cetteéquation (qui
sont des éléments-+
de
F’)
au vecteur Y. Ilvient, après
un calcul immédiatCompte
tenu de l’identité d’Euler des fonctionshomogènes, qui
s’écriton
obtient,
tous calculs faitsou, en
désignant
par C une constanteréelle, appelée
constante del’énergie
2. Le
principe
deMaupertuis.
Enoncé
duprincipe
deMaupertuis :
Soit u une extrémalerégulière (c’est-
à-dire telle que
u’(t) ~
0 ~tE [a, b])
deC’est une
géodésique
de la variété riemannienne obtenue en munissant F de lamétrique
où C =
T(X, Y) - U(X)
est la constante del’énergie
pour le mouvement considéré.Démonstration : La démonstration du
principe
deMaupertuis
sefait,
comme en dimension
finie,
en écrivant les deuxéquations d’Euler-Lagrange exprimant respectivement
que 1 et J définie parsont stationnaires. On fait dans la
première
de ceséquations
lechangement
de variable t =
~(~),
estdéfinie,
à une constante additiveprès,
paret dans la seconde le
changement
de variable T = où cp estdéfinie,
à une constante additive
près,
parOn constate alors que les fonctions
v . ~p -1
et satisfont à la mêmeéquation
différentielle.L’équation
commune, oùet
s’écrit
Cette
équation
estl’équation
desgéodésiques
de la variété riemannienne demétrique (II-1) lorsque
leparamètre
définissant lagéodésique
est l’abs-cisse
curviligne.
Elle se met sous une formesimple
en introduisant lesappli-
cations bilinéaires
continues, symétriques a(X)
etg(X)
définiesrespecti-
vement par
(II-2)
devient196 ELIANE BLANCHETON
En effectuant la
dérivation,
on obtientpour tout h de F.
B. - Dérivation covariante et tenseur de courbure dans les variétés de Banach.
1. Définition d’une connexion sur un espace fibré localement trivial.
Soit V une variété de classe
Cp+ 1,
II : 8 ~ V un espace fibré de classesur
V,
dont les fibres sontisomorphes
à un espace de Banach fixe E, p :T(V) ~
V le fibré tangent de v, dont les fibres sontisomorphes
àl’espace
de Banach F. Nous introduirons
également
le fibré tangent de8,
soit A :T(8)
peut être considéré comme un espace fibré surT(V), l’appli-
cation
canonique T(8)
-T(V)
étantl’application
linéaire tangenteII*
associée à II.
Soit alors H
l’application
deT(8)
dans 8 xT(V) qui,
à l’élément 0(V)
de
T(8)
faitcorrespondre
l’élément(À0,
de 8 xT(V) -
xdésigne
le(V) (V)
produit
de deux espaces fibrés sur V -, et 1l’injection
de 8 x 8 dansT(8).
Notons que la suite
où l’on considère les trois espaces comme fibrés sur 8 est exacte.
Définition :
Onappelle
connexion sur II(ou
sur6)
uneapplication
Kde 8 x
T(V)
dansT(8)
satisfaisant aux deux conditions(V)
1)
H.K =2)
K est unCP-morphisme
de fibré bivectoriel sur 8 et surT(V).
Dans lecas trivial où V est un ouvert d’un espace affine
F,
oùT(V)
= V x F et 8 = V x E, on aL’application
H faitcorrespondre
à l’élément(a, ~,
y,5)
deT(8)
l’élé-ment
(a, fl, y)
de V x E x F. On vérifie alors que toute connexion K est définie par uneéquation
de la formeoù
r(x)
est uneapplication
bilinéaire continue de E x F dansE,
et où r estde classe CP.
Notons aussi que dans ce cas on a
2. Dérivation covariante d’une section locale de 6.
Soit s une section locale de
6,
c’est-à-dire uneapplication
de V dans 8telle que =
lv.
Soit s~l’application
linéaire tangentecorrespondante,
et
(x, v)
unpoint
deT(V).
L’identitémontre que
s*(x, v) - K((x, s(x)), (x, v))
= 0appartient
au noyau deH,
donc àl’image
de I. Il existe par suite un élément et unseul 11
de 8 x 8tel que
Dans le cas
trivial,
on adonc
~ est la dérivée covariante au
point x
de la section s. Nous noteronsou encore
3. Dérivation covariante des sections locales de
8~ ~(8~ 6)...
On
prolonge
la définition del’opérateur
V aux sections locales de8’, £(8, 8),
etc. defaçon
que lesrègles
de dérivation dans les espaces normés soient vérifiées. Defaçon plus précise,
onécrira,
pour tout x e V :198 ÉLIANE BLANCHETON
dsx E hx E T~(Y~ (8;c-
etdésignent respectivement
les fibres en xde 8 et
On tire de cette
équation,
compte tenu de(II-4)
et de(II-5)
c)
La mêmetechnique
permet d’obtenirl’expression
de la dérivée cova-riante d’une section A de
£(6, E).
Sous-entendantsystématiquement
l’indice x, on obtient
Enfin la dérivée covariante d’une section gx de
£(8, 8; IR)
est donnée parl’équation
4. Courbure et torsion d’une connexion linéaire.
Les connexions linéaires sur la variété V s’obtiennent en prenant 8 =
T(V).
Notons que si V est de classeC’~,
r est de classecn-2. L’appli-
cation K est alors définie sur
T(V)
xT(V).
Lapartie antisymétrique
deK,
définie par
appartient
au noyau de H. Il existe donc un élément0(h, k)
et un seul dansT(V)
x tel que0 est la torsion de la connexion considérée. Dans le cas
trivial,
on aLa courbure
s’obtient,
comme en dimensionfinie,
parantisymétrisation
de la dérivée covariante seconde. On
obtient,
dans le cas trivialMÉCANIQUE ANALYTIQUE 5. Variétés hilbertiennes.
Nous dirons que la variété V de classe CP est hilbertienne si on donne
une
application g
deT(V)
dansT’(V) qui
soit unisomorphisme d’espaces
fibrés :
g(x)
= gx est uneapplication linéaire, continue, inversible,
desur que nous identifierons d’ailleurs
canoniquement
avec uneapplication, également
notée gxbilinéaire, continue, symétrique
deTx(V)
xTx(V)
dans R.L’application x ~ gx
est de classeOn démontre très
simplement
laproposition
suivante :Proposition :
Il existe une connexion linéaire et une seulepossédant
lesdeux
propriétés
a)
La torsion associée à cette connexion est nulle(donc
r estsymétri- que).
b)
La dérivée covariantede g
associée à cette connexion est nulle.Dans le cas
trivial,
cette connexion est définie paroù est défini par
On
l’appellera
connexion hilbertienne sur V.La courbure R est alors
donnée,
en fonctionde g,
parl’équation
suivanteoù g
est missystématiquement
à laplace de gx :
Compte
tenu de lasymétrie
desapplications g, g"
etr,
on voit quea) l’application (h2, h3)
-g(R(hz, h2, h3), h4)
estantisymétrique (cette antisymétrie
vient de la définition deR),
b) l’application (hl, h4)
-g(R(hl, h2, h3), h4)
estantisymétrique,
c) l’application ((hi , h2), (h3, h4))
-g(R(hl, h2, h3), h4)
estsymétrique.
200 ÉLIANE BLANCHETON
6.
Équation
desgéodésiques
de la variété hilbertienne définie par g.L’équation
différentielle desgéodésiques
de la variété hilbertienne définie par g(nous
dirons aussi pour une raison évidente la variété hilbertienne demétrique g)
a été obtenue à la fin duparagraphe
A. Elle s’écritou encore,
puisque g
estsupposé
inversible.C. - Stabilité infinitésimale des mouvements à
énergie
constante.Soit s - X une solution de
(II-7).
Nous dirons que cette solution eststable
(au point
de vueinfinitésimal)
si toutes les solutions del’équation
aux variations associées à la solution
particulière s
- X de(II-7)
sontbornées.
Théorème de
Synge :
Soit F un espace affinebanachique
muni d’une struc- ture de variété hilbertienne V par la donnée d’unemétrique g
àlaquelle correspond
la courbure R. Soit(II-7) l’équation
différentielle desgéodé- siques
de cettevariété,
leparamètre
étant l’abscissecurviligne.
Soit enfins - X =
f(s)
une des solutions de(II-7)
définissant unegéodésique (C).
Si,
en toutpoint
X de(C),
on aquel
que soit h dansF,
alors lasolution f
est instable.Démonstration :
L’équation
aux variations associée à(II-7)
s’écritoù
Nous transformerons cette
équation
en introduisant la dérivée covariantede ©
lelong
de la courbe(C).
201
Définition :
SoitX 2014~
unchamp
de vecteurs défini sur unvoisinage
d’une courbe
(C),
de classeC~
sur cevoisinage.
La dérivée covariantede ç
en X E
(C) prise
suivant le vecteur tangent X estou
Le deuxième membre de cette
équation
a encore un sens siX -~ ~
est unchamp
de vecteurs défini sur(C).
Nousl’appellerons
dérivée covariante duchamp
de vecteursX 2014~
sur(C)
et noteronsX - est encore un
champ
de vecteurs sur(C).
Si(C) et ç
sont de classeC2,
on peut itérerl’opération.
On obtientL’élimination
de 03BE
=~2::
entre(11-8)
et(11-9)
conduit àl’équation
~y
Pour achever la démonstration du théorème de
Synge,
nous nous intro-duirons la norme du
vecteur ~
considéré comme vecteur tangent aupoint
Xde la variété
V,
soitet le
champ
de vecteurs unitaires au sens de la norme sur VOn a évidemment
équation qui
donne par dérivations lelong
de(C)
De
202 ÉLIANE BLANCHETON
on déduit
puis
Cette
équation
entraînequi
s’écrit en utilisant(II-10)
Le théorème de
Synge
s’en déduit immédiatement.D. -
Expression
de la condition d’instabilité deSynge
pour un milieu continu.Les notations sont celles du
paragraphe
A. Nous écrirons toutefoisU(X)
au lieu deU(X)
+ C(C
estsupposé fixé),
et remarquerons que, pourun milieu
continu,
T est fonction de X’ seul. On a doncComme
plus haut,
nous écrironssystématiquement U, U’, U", g, g’, g",
au lieu de
U(X), U’(X), U"(X), g(X), g’(X), g"(X). L’équation (II-6)
devient ici
Remarquons
que, en raison dessymétries et antisymétries deg(R(h1, h2, h3)h),
il
suffit,
pour étudier lesigne
de la formequadratique
h -~g(R(X, X, h), h),
de se limiter à des vecteurs h
orthogonaux
à X au sens de lamétrique
g, donc tels queSupposant
cette conditionréalisée,
on obtientMais X est solution de
l’équation
différentielle(II-7)
et,puisque
l’abscissecurviligne
est leparamètre
définissant la courbe(C),
on aD’autre part
T(X, X)
=U(X)
montre que U est strictementpositif
.
pour X différent de
0,
ce que nous supposerons. En tenant compte de ces remarques, la condition d’instabilité deSynge
s’écritpour tout h
orthogonal
à X au sens de lamétrique
g.Cette même
condition,
écrite enremplaçant
X etX
par leursexpressions
en fonction de
u’(t)
etu"(t)
devientou encore, en introduisant W =
2014=-,
204 ÉLIANE BLANCHETON
Condition d’instabilité de
Synge
pour unfluide parfait
en l’absence de pesanteur.Avec les notations du
paragraphe I,
on a successivementII
faut joindre
à ceséquations
et
où C
désigne
la constante del’énergie
du mouvement dont on étudie lastabilité.
Nous écrirons
l’inégalité (II-11)
dans le cas où le mouvement étudié estrectiligne
et uniformeoù V
désigne
un vecteur constant. On a iciDonc
U’(u’(t))
etU"(u’(t), u’(t))
sont nulspuisque [u’(t)]’(Mo)
= 0. Enfinentraîne
L’inégalité (II-11)
se réduit ici àCette condition entraîne
III. -
L’ÉQUATION D’HAMILTON-JACOBI
A. - Les
équations canoniques.
Soit F un espace
affine,
F son espace vectoriel associéqui
estsupposé
être un espace de
Banach,
V =V1
xV2
un ouvert de F xF,
1 un inter- valleréel,
L une fonction réelle de classeC~
sur 1 x V.Considérons
l’équation d’Euler-Lagrange
Nous introduisons la variable
supplémentaire
L’équation
où
(t, X, Y)
e 1 xV,
définitimplicitement
Y en fonction de(t, X, z).
Soit
Xo, Yo)
unpoint
de 1 xV,
z0 =Xo, Yo). Supposons
~33L(t0, Xo, Yo)
inversible de F F’(condition qui permettrait
demunir
F
d’une structured’espace hilbertien).
Il existe alors unvoisinage
2014~
ouvert D de
Xo, Zo)
dans R x F xF’,
unvoisinage
ouvert W deYo
2014~
dans F et un C ~ ~
-isomorphisme
A de D sur W tel quepour tout
(t,
X,z)
de D. Nous supposerons, au besoin en nous limitant à une restriction deL,
que A est définie sur 1 xV1
xD,
où Qdésigne l’image
de 1 x V parv-3L.
Le
système
différentielcomposé
deséquations (III-1)
et(III-2)
est alorséquivalent
ausystème
On met le
système (111-4)
sous une formeplus symétrique
en introduisant la fonction d’Hamilton H définie sur 1 xVI
x D parl’équation
INST. POINCARÉ, A-Vl l-3
206 ÉUANB BLANCHETON
Les dérivées
partielles
de H sontce
qui
prouve que H est de classeC2.
Lesystème (111-4)
devientCes deux
équations
sontappelées équations canoniques
ousystème canonique.
B. -
L’équation d’Hamilton-Jacobi.
1.
Étude
d’unproblème
degéométrie.
Soit S une fonction
réelle,
de classeC2
sur 1 xVi,
telle quesoit non nul sur 1 x V. S définit une famille Y de surfaces
dépendant
d’unparamètre
cr parl’équation
On considère la fonction
réelle g
définie sur 1 x V parl’équation
(t, X)
étantsupposé donné,
nous cherchons les vecteurs Y rendant(III-8) stationnaire,
c’est-à-dire les solutions del’équation
Cette
équation
s’écritSupposons
que pour une certaine valeur(to, Xo)
de(t, X), (III-9)
admetteune racine
Yo.
Le théorème de la fonctionimplicite
montre alors que sous207
l’hypothèse Xo, Yo) inversible,
il existe unC1-isomorphisme f
d’un
voisinage
ouvertDl
de(to, Xo)
sur unvoisinage
ouvert deYo
tel queNous supposerons dans la suite
Dl =
1 xVi,
et associerons auchamp
de vecteurs
f l’équation
différentielleRemarque :
Leproblème
étudiéplus
haut est lagénéralisation
duproblème classique :
étude destrajectoires orthogonales
de la famille ~. La « norme » aupoint (t, X)
serait donnée parProposition :
Toute courbeintégrale
de(III-11)
rencontre localementtoute
hypersurface
de la famille en unpoint
et un seul.Démonstration : Soit m =
(r, ç)
unpoint
de 1 xVl,
X =a(t, m) l’équa-
tion de la courbe
intégrale
maximale de(III-11)
passant par m, (I unpoint
du domaine de valeurs de S. Les valeurs de t
correspondant
auxpoints
d’intersection de la courbe X =
a(t, m)
et del’hypersurface S(t, X)
= asont les racines de
l’équation
En raison des
hypothèses
faites sur S et despropriétés
de a,(III-12)
définit
implicitement t
en fonction de m et de a. On a donc localementC étant un
C1-isomorphisme
d’un ouvert de R x F x R sur un ouvertde R.
2. Cas où
g (t,X, f (t, X ) )
est constant sur toutehypersurface
dela famille 5f .
Proposition
1 : Pour queg(t, X, f(t, X))
soit constant sur toutehypersur-
face de la famille
~
il faut et il suffitqu’il
existe une fonctionréelle #
telle que
’
De
plus t/1
est de classeCl.
208 ÉLIANE BLANCHETON
Démonstration : La
proposition
est évidente.Proposition
2 : Si la famille Yd’hypersurfaces
satisfait à la condi-tion
(111-13)
et siL(t, X, Y) =1=
0 sur 1 xV,
il existe une définition S de la familleF, C2-équivalente
à S, telle que, si ondéfinit g
paret si on
désigne
parf le champ
de vecteurs associé à S par(III-10),
on aitDémonstration : On cherche un
e2 -isomorphisme lfJ
tel que, si S =S, (III-14)
soit vérifiée.Remarquant
quef = f
car ces deux fonctions satis-font à des
équations (III-10) identiques
et la solution de(III-10)
estunique,
on trouve immédiatement pour définir
l’équation
différentiellece
qui
démontre laproposition
2.Si la famille Y est définie par
S, alors l’équation (III-8)
devientet
l’équation (III-9)
Introduisons la fonction d’Hamilton H. Les deux dernières
équations
deviennent
respectivement
Dans toute la suite de cet
exposé,
noussupprimerons
la barre sur S etnous intéresserons à la famille .~
d’hypersurfaces
définie par une fonction S satisfaisant àl’équation
connue sous le nomd’équation
d’Hamilton-JacobiA
chaque
solution S de(111-15)
on associel’équation
différentielle(III-11)
qui
s’écrit iciMÉCANIQUE
Proposition 3 : L(t, X, Y)
estsupposé
non nul sur 1 x V. Soit S une fonc-tion de classe
C2
sur 1 xVi,
telle queS’(t, X)(l, Y)
soit non nul sur 1 x V.Soit
(C)
une courbeintégrale
del’équation (111-16), Al (resp. A2)
lepoint
d’intersection de
(C)
avecl’hypersurface d’équation
On considère
l’intégrale, prise
sur l’arcAlA2
de(C)
Pour que S soit solution de
l’équation d’Hamilton-Jacobi,
il faut et ilsuffit que
quelle
que soit la courbeintégrale (C), quels
quesoient (11
et a2.Démonstration : La démonstration de cette
proposition généralise
tri-vialement la démonstration faite
classiquement
en dimension finie.C. - Relation entre
l’équation d’Hamilton-Jacobi
et les
équations canoniques.
Proposition
1 : Soit S une solution de classeC2
del’équation
d’Hamilton- Jacobi et soitl’équation
différentielle associée à S. L’ensemble des solutions de(III-17)
est contenu dans l’ensemble des solutions des
équations canoniques.
Démonstration : La
première équation canonique
résulte de lapremière équation (III-17)
et de lapremière équation (III-6).
La seconde s’obtienten dérivant la deuxième
équation (III-17)
par rapport à t et en éliminantentre
l’équation
obtenue et la dérivée par rapport à X del’équation
d’Hamilton-Jacobi.
Proposition
2 : Soit a(resp. /3)
uneapplication
d’un ouvertQo
de R x Fdans F
(resp.
dansF’),
de classeCB
telle queu)
soit uneapplication
inversible de F dans F. Soit
alors l’application
inverse de u -a(t, u).
Si ce
et fi
définissent unefamille ~ 1, dépendant
duparamètre
u, de solutions210 ÉLIANE BLANCHETON
du
système canonique,
et si lechamp
de covecteurs X -~P(to, X)
est une 1-forme
fermée,
alors il existe une solution S del’équation
d’Hamil-ton-Jacobi,
de classeC2,
telle que soit l’ensemble des solutions de(III-17).
Démonstration : Nous supposons que les
équations
définissent pour tout u une solution du
système canonique (III-7).
Tirant ude la
première équation
et portant dans laseconde,
il vientLa fonction S cherchée doit satisfaire à
Autrement
dit,
la dérivée S’ de S doit satisfaire àD’après
le théorème dePoincaré,
pourqu’il
existe une fonction S satisfaisant à(III-19),
il faut et il suffit localement que la dérivée extérieure du deuxième membre soit nulle. Autrementdit,
il faut et il suffit que l’on aitquels
quesoient ç
et ~ dans F.Un calcul ne
présentant
aucune difficulté montre que, sous leshypothèses
énoncées dans la
proposition,
ces deux conditions sont satisfaites. Il existe donc bien une fonction S satisfaisant à(111-19).
Elle est de classeC~ puisque
S’ est par définition même de classe
CB
Lesystème
différentiel associé à cetteapplication, qui
s’écrit en raison de la troisième identité(III-6)
est alors vérifié
identiquement, quel
que soit u, par(III-18).
D. - La condition de Weierstrass.
Proposition :
Soient X =vi(t),
p =v2(t)
une solution dusystème
cano-nique, (C)
la courbe(t, vi(t)), Ai
etA2
deuxpoints
de(C).
Soit(T)
unecourbe de classe
C1
parmorceaux joignant Ai
etA2
et dont tous lespoints
sont dans 1 x
Vi. Si, quel
que soit(t, X, Y)
dans 1 xV, X, Y)
estune forme
quadratique positive,
alorsC (resp. représente l’intégrale curviligne prise sur (C) (resp. (r))
entre
les
points Al
etA2.
Démonstration : La courbe
(C) appartient
certainement à une famille àun
paramètre (III-18)
satisfaisant aux conditions de laproposition
2.En
effet,
soit X =a(t, Xo, po),
p =Xo, po)
la solutiongénérale
maxi-male du
système canonique
pour la condition initiale(Xo, po). Supposons
po = fixé. La famille à un
paramètre Xo
contient
(C)
et satisfait aux conditions de laproposition
2puisque,
pour t = to, pprend
la valeurv2(to) indépendant
deXo.
Soit donc S une solution de
l’équation
d’Hamilton-Jacobi telle que(C)
soit une courbe
intégrale
del’équation
différentielle associée(III-16).
Ondésigne
par tl etXl (resp. t2 et X2)
les composantes deAi (resp. A2).
On a,quelle
que soit(r),
et enparticulier
si(F)
=(C),
Utilisant d’autre part
l’équation
d’Hamilton-Jacobi et la définition(III-5)
deH,
il vient212 ÉLIANE BLANCHETON
où on a
posé
On en déduit
On a donc
Par
application
de la formule deTaylor
à la fonction Y ~L(t, X, Y~,
onvoit
qu’il existe ~
EY
tel queLe deuxième membre de
(III-20)
est doncnégatif
parhypothèse.
La propo- sition en résulte.E. -
Application
à lamécanique
des milieux continus.
Les notations sont celles du
paragraphe
I. On aOn en déduit
Soit
a-l l’application
inverse de a. On a iciL’équation
donne
après simplification
Les
équations canoniques
ont la forme trèssimple
et
l’équation
d’Hamilton-JacobiEnfin la condition de Weierstrass
exprime
que,... ,.
où 1 est définie sur l’ensemble des
applications
de[tl, t2]
dans F(resp. F 1),
continues et continûment différentiables par morceaux sur
[tl, t2]
estminimum au
point
ucorrespondant
au mouvement.Notons aussi que les
hypothèses
faites dans leparagraphe
1 assurentl’unicité de la solution maximale des
équations canoniques
passant par unpoint (to, Xo, po)
donné. Autrementdit,
la donnée desapplications u(to)
et
u’(to) (champ
despositions
etchamp
des vitesses à l’instantto)
déterminele mouvement.
BIBLIOGRAPHIE
V. ARNOLD, C. R. Acad. Sc. Paris, t. 260, 1965, p. 5668-5671.
S. LANG, Introduction to differentiable manifolds.
A. LICHNEROWICZ,
Éléments
de calcul tensoriel.A. D. MICHAL, Le calcul différentiel dans les espaces de Banach.
J. J. MOREAU, C. R. Acad. Sc. Paris, t. 249, 1959, p. 2156-2159.
H. RUND, The Hamilton-Jacobi theory in the calculs of variations.
SYNGE, On the geometry of dynamics, Trans. Roy. Soc. London, 1926.
(Manuscrit reçu le 22 avril 1967 ) .