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Submitted on 1 Jan 1882
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inclinées
Jacques Curie, Mme Pierre Curie
To cite this version:
Jacques Curie, Mme Pierre Curie. Phénomènes électriques des cristaux hémièdres à faces inclinées.
J. Phys. Theor. Appl., 1882, 1 (1), pp.245-251. �10.1051/jphystap:018820010024500�. �jpa-00237932�
245
PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES DES CRISTAUX HÉMIÈDRES A FACES
INCLINÉES ;
PAR MM. JACQUES ET PIERRE CURIE.
1.
Les cristaux hémièdres à faces inclinées
jouissent
d’une pro-priété physique spéciale,
celle de donner naissance à deuxpôles électriques
de noms contraires aux extrémités de certains axeslorsqu’ils
subissent une variation detempérature :
c’est lephéno-
mène connu sous le nom
de pyro-électricité.
Nous avons trouvé un nouveau mode de
développement
del’électricité
polaire
dans ces mêmescristaux, qui
consiste à lessoumettre à des déformations
mécaniques.
Les effets
produits
sont entièrementanalogues
à ceux causéspar la chaleur :
pendant
unedéformation,
les extrémités d’un axese
chargent
d’électricitéscontraires;
une fois le cristal ramené à l’état neutre, si on lui laissereprendre
sa formeprimitive,
lephé-
nomène
électrique
sereproduit,
mais avec une inversion dessignes.
Nous allons
préciser
cequi précède
par unexemple :
les cris-taux de tourmaline ont un axe
électrique qui
coïncide avec l’axeprincipal
ducristal;
on termine unprisme
de cette substance par deux bases normales à l’axe et l’on recouvre ces deux bases de deux feuilles d’étain : celles-ci pourront servir à recueillir l’élec- tricité. Si on déforme le cristal en lecomprimant
dans la direc-tion de
l’axe,
c’est-à-dire en exerçant lapression
sur les deuxbases,
les deux feuilles d’étain sechargeront
d’électricités con-traires,
ce que l’onpeut
facilement constater en les mettant encommunication avec un électromètre. Le
phénomène
sera demême sens que celui
qui
seproduirait
lors d’un refroidissement.Les feuilles d’étain étant
déchargées lorsque
l’on cessera d’exercerla
pression,
on observera unphénomène
en sensinverse,
c’est-à-dire de même sens que celui que
produirait
un échauffement. En-fin,
en exerçant et ensupprimant
unetraction,
on observera deseffets semblables à ceux que l’on obtient en
supprimant
et enexerçant une
pression.
Dans ces
expériences,
toute l’électricité sedégage
sur lesbases ;
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018820010024500
facile l’aide
petit métallique
que l’on peut
placer à
diverses hauteurs lelong
duprisme
et relieravec un
électromètre,
les feuilles d’étain des deux hases commu-niquant
avec la terre; on n’observejamais
aucun effetélectrique
dans l’anneau
lorsque
l’on exerce unepression.
Mais il est un autre mode de déformation : on
peut comprimer
lecristal normalement à l’axe en recueillant
toujours
l’électricité sueles deux bases.
Dans le cas de la
tourmaline,
lesphénomènes électriques
sontde même sens par
pression
etdécompression
normalement à l’axe que parpression
etdécompression
suivant l’axe.Nous décrirons encore le
phénomène
dans le cas duquartz.
Lequartz possède
trois axesélectriques
horizontaux à 6oo les uns desautres. Ces trois axes sont
dirigés
d’une arête à l’arêteopposée
du
prisme hexagonal.
Si J’on sereprésente l’hexagone régulier
formé par la section droite du
prisme
dequartz,
les axespourront
y être
figurés
en direction et en sens par des flèches(fig. i).
Fig. r.
Soit un
parallélépipède rectangle
taillé dans un morceau dequartz
de telle sorte que deux faces soient normales à un axe élec-trique,
deux normales à l’axeoptique,
les deux autresparallèles
auplan
défini par l’axeoptique
et l’axeélectrique
que l’on considère(cc, b,
c, d serait la base d’unpareil parallélépipède
danslaftg. i).
On devra
toujours
recueillir l’électricité sur les deux faces normales à l’axeélectrique, qui
seront à cet effet recouvertes de deux feuillesd’é tain ;
mais il y aura trois m odes de déforma ti on s différents :1 ° On pourra
comprimer
suivant l’axeélectrique
et, dans ce cas, l’extrémité de l’axequi
sechargera positivement
parpression
sera247 celle située du côté de l’arête
qui
porte les facettes duditrièdre ;
2° On pourra
comprimer
normalement auplan
passant par l’axeoptique
et l’axeélectrique ;
lors d’unepression,
lephéno-
mène
électrique
sera de sens contraire à celuiqui
avait lieu parpression
dans le casprécédent;
.
3° On pourra
comprimer
suivant l’axeoptique,
et dans ce casaucun
phénomène électrique
ne seproduira.
Les axes latéraux du quartz ont été découverts par 1B1. Friedel à l’aide d’un
procédé particulier
d’échauffement. Par le même pro-cédé,
M. Friedel a aussi montré l’existence de trois axes latéraux dans la tourmaline.Ces trois axes sont tout à fait
analogues
à ceux duquartz,
ettout ce que nous venons de dire sur ces derniers leur est
appli-
cable.
Dans la
tourmaline,
ils sont notablementplus
faibles que l’axeprincipal;
et leurs effets lors d’une déformations’ajoutent simple-
ment à ceux que nous avons décrits comme venant de l’axe
prin- cipal.
II.
La forme des cristaux hémièdres à faces inclinées est en harmo- nie
parfaite
avec lesphénomènes électriques
que ces cristauxpré-
sentent.
Pour
qu’une
directionjouisse
despropriétés
des axes élec-triques
dans uncristal,
il est nécessaire que ce cristal soitprivé
des mêmes éléments de
symétrie
que ceuxqui
feraient défaut àun
champ électrique dirigé
suivant cettedirection,
c’est-à-dire : 1 °qu’il
n’ait pas de centre; 2°qu’il
n’ait pas deplan
desymétrie perpendiculaire
à la direction enquestion;
3°qu’il
n’ait pas d’axede
symétrie
d’ordrepair perpendiculaire
à cette direction.Ces conditions sont
nécessaires,
etl’expérience
montrequ’elles
sont suffisantes dans le cas des cristaux. Les éléments de
symétrie caractéristiques
d’unphénomène
sont ceuxqui
doivent nécessai-remen t manquer pour que le
phénomène puisse
exister.Tous les cristaux étudiés
jusqu’ici, possédant
des directionscomme celles que nous venons de
définir,
ontprésenté
desphé-
nomènes
électriques analogues
à ceux de la tourmaline et du quartz.Dans la liste de substances rencontre les groupements d’axes les
plus
variés :La
calamine,
le sucrecandi,
l’acidetartrique possèdent
un seulaxe
électrique.
,La
blende,
le chlorate desoude,
laboracite,
le sel deSeignetle
en ont
quatre.
31. Hanckel vient de reconnaître encore ces
phénomènes
dansla struvite et dans le tartrate de
potasse.
On doit du reste les re-trouver dans tous les cristaux
provenant
de substances douées dupouvoir
rotatoire.Nous allons énoncer les lois
expérimentales
que nous avons établies pour lesquantités
d’électricitédégagées,
en étudiantplus particulièrement
la tourmaline et lequartz.
Nous supposerons que l’on a affaire à unparallélépipède rectangle
et que l’on recueille l’électricité sur deux facesopposées
entièrement recouvertes de feuilles d’étain :i° Les
quantités
d’électricitédégagées
aux extrérnités d’unaxe loz°s d’une
déformation
sontégales
et designes
contraires.2°
Les quantités
d’électricitédégagees
à une des extrémitéssont
égales
et designes
contraires pour dezzxdéforrnations
in--verses l’une de l’autre.
3° Les
quantités
d’électricitédégagées
surchaque
extrén2tto.
sont
proportionnelles
cc la variation depression.
40
Pour une rnênle variation depression, lorsqu’elle
s’exercesuivant la direction azcx extrélnités de
laquelle
on recueilliel’électricité,
lesquantités
d’électricitédégagées
sontindépen-
duntes des dimenszons dit cristal.
5° Pour zcne mêjne varzation de
pression, lorsqu’elle
s’exercenormalelnent cc la direction szcivant
laquelle
ozz recaezlle l’élec-tinicité,
lesquantités
d’électricitédégagées
sontproportionnelles
ccu
rapport
de laloizyzcezcn
àl’épaisseur;
elles sontindépen-
dantes de la
longueur
dzc coistccl. Nousdésignons
ici par lon- gueur la dimensionparallèle
à la direction suivantlaquelle
onagit;
parépaisseur
la dimension aux extrémités delaquelle
on re-cueille,
parlargeur
la troisième dimension.249 Il est intéressant de
rapprocher
de ces lois celles queGaugain
a trouvées pour les
phénomènes
depyro-électricité
de la tourma-line :
.
i° Les
quantités
d’électricitédégagées
aux deux extrémitésdu cristal lors d’une variation de
tenlpérature
sontég’ales
etde
signes
contraires.2" Les
quantités
d’électricitédé-ci-ées
Cl une des exti-éniitéssont
égales
et designes
contraires pour deux variations detempérature
inverses l’une de l’autre.30 Les
quantiiés
d’électricitédégagées
àchaque
extnén2itésont
proportionnelles à
la vccrzcction detempérature.
4°
Pour une même variation detempérature,
lesquantités
d’électricité
dé-agées
sontproportionnelles
it lasurface
sui-vant
laquelle
onrecueille;
elles sontindépendantes
de la troi- sième dimension du cristal. Si l’oncherche,
dans le cas desvariatiolls de
température
ou dans les deux cas de variation de pres- sion que nous avonsconsidérés, quelle
relation ilpeut y
avoirentre la déformation du cristal et la
quantité
d’électricitédégagée,
on trouve pour chacun des trois cas
pris séparément
les lois sui-vantes :
10 Pour zcn même cristal les
quantités
d’électricitédég’ag’ées sont proportionnelles
à l’intensité de laclé/or/nation
enchaque point.
2° Pour une même intensité de
dé/or/nation
enchaque point
les
quantités
d’électricitédég’ag’ées
sontproportionnelles
el lasurface
suivantlaquelle
onrecueille,
et sontindépendantes
dela troisième dimension dit cristal.
IV.
Voici la méthode que l’on
peut adopter
pour établir les lois quenous venons d’énoncer et pour déterminer en valeur absolue la
quantité
d’électricitédégagée.
L’aiguille
d’un électromètre Thomson-Mascart étantchargée
àl’aide d’une
pile,
on unit une des lames d’étain A(fig. 2 )
à laterre, 1"autre lame B à l’un des
couples
de secteurs S de l’électro-mètre et même temps condensateur de
capacité d’après
ses dimensionsgéométriques (1).
Cet ensenible de conducteurs étant
isolé,
on met l’autrecouple
de secteurs S’ de l’électromètre en communication avec l’un des
pôles
d un élément daniell D(l’autre pôle
étant àterre). L’aiguille
de l’électromètre
dévie,
et l’onajoute
despoids agissant
sur lecristal j usqu’à
ce que l’on ait ramenél’aiguille
au zéro(cette opé-
ration se fait comme une
pesée ordinaire,
enplaçant
et en retirantdes
poids,
laquantité
d’électricitédégagée
nedépendant
que de Fig. 2.la
pression finale).
La lame d’étainB,
l’étalon decapacité
C et lesdeux secteurs S’ sont alors au
potentiel
d’undaniell,
et l’on con-naît le
poids qui
a été nécessaire pour arriver à ce résultat. Onrépète
la mêmeopération après
avoirsupprimé
l’étalon de capa- cité. La difl’érence despoids
obtenus dans lepremier
et le deuxièmecas
représente
lepoids
nécessaire pourporter
l’étalon decapacité
au
potentiel
d’un daniell.L’expérience
que nous venons de dé- crire estsusceptible
de donner des mesuresprécises,
si toutes lespièces
sont bien isolées.La
quantité
d’électricitédégagée
par unepression
de 1kg exercéesur un cristal de tourmaline dans la direction de l’axe est suscep- tible
de porter
unesphère
de14cm, 3 au potentiel
d’undaniell, c’est-à-
dire
qu’elle
estégale à 0,053
unités C.G.S.électrostatiques.
La quan-Nous nous sommes servis d’un condensateur cylindrique formé de deux pièces,
avec lequel on peut éliminer l’erreur due aux extrémités.
251
tité d’électricité
dégagée
par unepression
de 1kg exercée sur uncristal de quartz dans la direction de l’axe est
susceptible
de porterune
sphère
de1 6c,8
aupotentiel
d’undaniell,
c’est-à-direquelle
est
égale
ào,063
unités G.G.S.électrostatiques. Lorsque
lapression
s’exerce normalement au
plan
contenant l’axeoptique
et l’axeélectrique,
laquantité
d’électrici tédégagée
estproportionnelle
aurapport des deux dimensions du cristal normales à l’axe
optique : lorsque
ce rapport estégal
àl’unité,
laquantité
d’électricité est la même que parpression
suivant l’axe.V.
Un cristal hélnièdre constitue une source d’électricité
jouissant
de
propriétés spéciales
et nouvellesqui peuvent
êtreutilisées;
ilpermet
de fournir à un conducteur desquantités
d’électricité que l’onpeut
choisir d’avance ou faire varier à l’aide de véritables pe- sées. Lapropriété
quepossède
le cristal de donner desquantités
d’électricité
proportionnelles
auxpressions
exercéespermet
defaire des mesures en se servant de l’électromètre comme d’un élec- troscope, c’est-à-dire en ramenant
toujours l’image
an zéro.Si l’on se reporte à
l’expérieuce qui
apermis
de mesurer lesquantités
d’électricitédégagées,
onpeut
substituer au condensa-teur de
capacité
connue un conducteurquelconque
et, enrépétant l’expérience,
déterminer sacapacité.
De même onpeut remplacer
l’élément daniell par une autre
pile
et en déduire ensuite la force électromotrice(1).
Enfin on peut évaluer unecharge
en cherchantquel poids
il fautplacer
sur le cristal pourproduire
unequantité
d’électricité
égale
et contraire et annuler lacharge.
(’ ) Ces méthodes présentent de réels avantages : on pcut s arranger de façon à
exercer la pression presque au même momcnt que celui oii l’on fait communiquer
la pile à l’électromètre, et la mesure revient à chercher le poids nécessaire pour que, après cette double opération, l’image reste au zéro.