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Submitted on 1 Jan 1953
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H. A. Kramers (1895-1952).
E. Bauer
To cite this version:
62.
LETTRES
A
LA
RÉDACTION
LE
JOURNAL
DE PHYSÍQUE ET LE RADIUM... ’TOME
i3,
JANVIER1953
H. A. KRAMERS
(1895-1952).
Par E. BAUER.
Hendrik
Anthony
Kramers est mort au mois demai dernier. Nous l’avons
appris
ici peu detemps
avant l’ouverture d’uncolloque
sur les «changements
dephase » organisé
sous lesauspices
de l’Union Inter-nationale ’ dePhysique
dont il étaitprésident.
Ils’était
réjoui
del’inaugurer
et il avaitpromis d’y
faire une communication
personnelle,
car. c’était urisujet auquel
il avaitbeaucoup
réfléchi.Cette mort en
pleine
maturité est unegrande perte
pour laPhysique.
Kramers était unphysicien complet,
bienplus,
un des hommes lesplus complets
que l’on .pût
rencontrer.Lorsque
l’on
discutait aveclui,
ses remarquesprécises,
claires
etprofondes
montraient aussitôtqu’il
avait saisi l’essentiel duproblème.
Bientôt,
le contactpersonnel
s’établissait et l’on deve-nait son ami.Il
était
depuis près
devingt
ansprofesseur
dePhysique théorique
à l’Université deLeyde
où il continuait la brillante tradition deH.
A. Lorentz et de Paul Ehrenfest. C’est àLeyde
aussiqu’à l’âge
de 20 ans il s’était initié à la
Physique
théorique
sous la directiond’Ehrenfest,
dont il devaitreprendre
plus
tard le séminaire si vivant. Un anaprès
il allait àCopenhague.
Il y travailla d’abord librementauprès
de Niels Bohr dont il devint bientôt
l’assistant,
puis
le maître de conférences. C’est làqu’il
fit sespremières
recherches sur la théorie desquanta :
intensité desraies
spectrales,
effetStark,
etc.Son
premier
travaild’importance
fondamentale fut sur la théoriequantique
de ladispersion
de lalumière. A cette
époque ( T g24),
bien que L. deBroglie
eût
déjà
publié
ses notes sur lamécanique
ondula-toire,
le seulprincipe qui pouvait
servir deguide
pour établir une théorie
quantique
dephénomènes
aussicomplexes
que ceux de ladispersion,
était lePrincipe
deCorrespondance
deBohr,
principe
semi-qualitatif,
sorte de bâton demagicien
dontl’usage
faisaitappel
à l’intuition duphysicien
autant etplus
peut-être qu’à
sapuissance
de calcul.Ces deux
qualités,
Kramers lespossédait
pleine-ment. Les formulesqu’il
établit sont encore valablesaujourd’hui
et sathéorie,
après
sondéveloppement
dans des recherches ultérieures faites en collaboration avecHeisenberg (1925),
peut
être considérée commel’origine
de la «Mécanique Quantique
»deHeisenberg,
Born et Jordan
qui,
sans faireappel
àl’imagination,
par voiepurement
phénoménologique,
aboutit auxmêmes conclusions que la
mécanique ondulatoire,
dont elle
n’est,
comme on le vitbientôt, qu’une
formeplus
abstraite.Nous pouvons
rappeler
ençorequ’en
1926,
à peuprès
en mêmetemps
que Léon Brillouin et Wentzel,Kramers
développa
uneélégante
méthoded’approxi-mation
permettant
de faire le lien entre l’anciennemécanique quantique
et lanouvelle,
et de résôudrecertains
problèmes
concrets,
trop
difliciles pour êtretraités
rigoureusement.
’Rentré aux
Pays-Bas,
il s’intéressa aux travauxexpérimentaux qui
se faisaient dans ce pays etnotamment à ceux du laboratoire
Kammerling-Onnes à
Leyde.
C’est ainsiqu’il
fut conduit à toutun ensemble de recherches sur le
para- et
leferro-magnétisme,
sur lespoints
de Curie et,plus
générale-ment sur les transitions dephase.
C’est en1941
I queparut
- en collaboration avec Wannier - songrand
mémoire « sur lastatistique
d’unferromagné-tique
à deux dimensions », tentative couronnée desuccès au moins
partiel
pourcomprendre
le méca-nisme des transitions dephase
« de secondeespèce
».Rappelons
encorequ’en
1929,1930
etIg51
1 ilpublia
en collaboration avec Jean
Becquerel
des travauxthéoriques
sur lapolarisation
rotatoireparamagné-gnétique.
’
Ses recherches sur les
ferro-magnétiques
n’étaient pas lespremières
où intervenait lamécanique
sta-tistique.
Dès1923,
àCopenhague,
il s’était intéressé à desproblèmes
decinétique.
Plustard,
il travailla sur « le mouvement brownien dans unchamp
de forceet le modèle de
diffusion
des réactionschimiques
»,puis
sur « lecomportement
des
macromolécules dans un fluide en mouvement ».Enfin,
en1950,
à propos d’un Conseil dePhysique.
Solvay,
ildéveloppa
des idéesoriginales
surl’élec-trodynamique quantique
et leprincipe
decorres-pondance.
Ce
qui
précède
nepeut
donnerqu’une
idéeimparfaite
de l’effort
immense
que fournit H. A. Kramers au cours desa carrière,
de l’aisance souveraine aveclaquelle
il abordait lesproblèmes
les
plus
variés et lesplus
difficile,
de l’influencequ’il
aexercée,
et des a111itiésqu’il
a suscitées dans le monde entier.E. BAUER.