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Corrigé de la dissertation 2 Citation de Charles Baudelaire

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Academic year: 2022

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1 Corrigé de la dissertation 2

Citation de Charles Baudelaire

« Mais le vert paradis des amours enfantines, / L’innocent paradis, plein de plaisirs furtifs, / Est-il déjà plus loin que l’Inde et que la Chine ? / Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs, / Et l’animer encor d’une voix argentine / L’innocent paradis plein de plaisirs furtifs ? »

Charles Baudelaire, « Moesta et errabunda », Les Fleurs du Mal, 1857.

Charles Baudelaire, éprouvant un sentiment de spleen, se tourne vers l’enfance qu’il regrette avec nostalgie car il l’idéalise comme un « innocent paradis », aimant et joyeux.

Le poète décrit l’enfance comme un « vert paradis ». Il imagine les enfants jouer dans des jardins, au milieu d’une nature luxuriante et bienveillante. La couleur verte évoque le printemps, la naissance, la jeunesse ainsi que l’espoir de façon symbolique. On songe ainsi au jardin d’Eden, dans un âge d’or de l’humanité.

Rousseau préconise d’élever Emile à la campagne, car les « villes sont le gouffre de l’espèce humaine » (p.

106). Ainsi élevé, « la santé brille sur son visage » (p. 320). Emile possède d’ailleurs une petite parcelle de terre sur laquelle il cultive des fèves.

Dans le conte « La reine des neiges », les parents de Gerda et de Kay, qui habitent deux mansardes voisines, ont mis devant leur fenêtre deux caisses de bois. Les branches de rosiers s’enlacent autour des fenêtres.

C’est « presque un arc de triomphe de verdure et de fleurs », un minuscule jardin suspendu. Les deux enfants s’assoient sur leurs petits bancs, sous les roses : c’est un endroit merveilleux où ils se retrouvent et jouent (p. 153).

Dans le conte « La petite sirène », à l’extérieur du château du roi de la mer se trouve un jardin « avec des arbres d’un rouge feu et d’un bleu sombre ». Les fruits brillent comme de l’or, les fleurs comme un feu ardent. La petite sirène possède une parcelle de jardin sur laquelle elle cultive des fleurs d’un éclat rouge vif et elle a planté un saule pleureur couleur rose, qui recouvre de ses branches une statue en marbre blanc d’un petit garçon (p. 56-57).

La mission d’Aké est entourée d’une nature foisonnante : « des bosquets inattendus d’arbres fruitiers », des hibiscus, « l’air était lourd des senteurs de feuilles de citronniers, de goyaves et de mangues », « les cours de l’école étaient bordées d’arbres à pluie aux larges branches emplies d’ombre », des pins à aiguilles, des acacias, des bambous.

A côté de la maison du chanoine et des terrains de jeux de l’école se trouve un verger. Wole se souvient du lis de Cana : on explique que les taches rouges de cette fleur ont pour origine le sang jaillissant des blessures du Christ, ainsi que du grenadier auquel les enfants donnent une interprétation biblique : « seul le grenadier pouvait être le pommier qui avait fait perdre à Adam et Eve les joies du paradis » (p. 15).

Wole s’occupe également du jardin de son père : il arrose les plantes, élague les tiges mortes, décourage les araignées, et prend soin des roses de façon très attentive (p. 140-141). Il aime particulièrement se réfugier dans un arbre qui est son repaire : le goyavier.

Baudelaire associe cette vision de l’enfance dans la nature à son innocence. Les enfants ignorent le mal, n’en sont pas souillés et ne le commettent pas.

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2 L’idée fondatrice de la philosophie rousseauiste est que les hommes ne sont pas mauvais en soi, mais que les interactions sociales les corrompent. Remettant en cause la croyance en un péché originel, il défend l’idée qu’un enfant ne peut pas être méchant et qu’il ne sert donc à rien de croire qu’il possède des « vices naturels » qui justifieraient le recours à des châtiments pour le dresser, le discipliner. Les enfants sont amoraux, en dehors du bien et du mal, qu’ils ne connaissent pas.

« les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain » (p. 178).

« Respectez l’enfance, et ne vous pressez point de la juger, soit en bien, soit en mal » (p. 208).

« Dépourvu de toute moralité dans ses actions, il ne peut rien faire qui soit moralement mal, et qui mérite ni châtiment ni réprimande » (p. 177).

Si un enfant détruit un objet, ce n’est pas par méchanceté : c’est à cause du principe actif qui l’anime, de l’énergie vitale qui est en lui : il est plus simple et rapide de détruire que de construire et l’enfant démontre ainsi sa vivacité, la vie qui est en lui (p. 128).

Le conte de « La reine des neiges » commence par expliquer l’origine du mal. Le diable des trolls a réussi à fabriquer un miroir qui déforme ce qui est beau et bon et accentue ce qui est laid. Ses élèves veulent se moquer de Dieu et de ses anges. S’approchant de ces derniers, le miroir est pris d’un fou rire si virulent qu’il échappe aux mains des trolls et se brise en mille morceaux qui s’éparpillent partout sur terre. Lorsque le petit Kay commence à se moquer de tout le monde, à rejeter Gerda et leurs jeux enfantins et à devenir très raisonneur, ce n’est pas dû à l’évolution intrinsèque de sa propre nature, mais à un facteur extérieur : il a reçu un éclat de miroir dans l’œil et un autre dans le cœur.

De manière semblable, lorsque Wole se jette sur son petit frère Dipo qui est encore un bébé et le roue de coups, ce n’est pas en raison d’une violence intérieure. C’est son entourage, notamment sa mère, Nubi et Joseph, qui l’ont déstabilisé et énervé en le traitant de lâche et de paresseux, de rêveur toujours plongé dans ses livres, en remettant en cause devant Mme Odufawa, dont il est amoureux, le surnom de « fendeurs de bûches » qu’elle lui a attribué.

« je m’étais simplement déchaîné contre tous mes bourreaux indistinctement » (p. 206).

Dans ce « paradis » pur, Baudelaire imagine l’enfant aimant d’un cœur sincère et honnête.

L’enfant s’attache à certaines personnes qu’il aime tout particulièrement.

Wole connaît des « amours enfantines », envers Mme Odufawa, la femme de son parrain, qui est à ses yeux la plus belle femme de la terre et qu’il souhaite épouser plus tard, se disant que son parrain n’y ferait pas obstacle.

Il est également très lié à son ami Osiki. Ce dernier dévore toute l’igname pilée de Wole, sans lui en laisser, cause sa chute de la balançoire, prend la fuite quand Wole se reçoit un coup de machette dans l’œil, alors qu’il faisait la course avec lui, mais il est « son ange gardien » (p. 72). Wole admire particulièrement sa vitesse à la course : pour Wole avec ses yeux d’enfant, Osiki ne semble ne pas courir mais voler.

La petite sirène tombe amoureuse du jeune prince aux grands yeux noirs qu’elle sauve de la noyade lorsque son bateau fait naufrage à cause d’une tempête.

Gerda et Kay sont unis par des liens d’amour.

Dans le conte « Elle n’était bonne à rien », la lavandière raconte son amour de jeunesse pour le fils de la maison dans laquelle elle travaillait. Il était alors étudiant et il l’a demandée en mariage : « nous sommes tombés amoureux, en tout bien tout honneur, un baiser n’est tout de même pas un péché, quand on s’aime vraiment » (p. 265).

Rousseau pense nécessaire un lien d’amitié entre le gouverneur et Emile. Le gouverneur ne doit pas être beaucoup plus âgé qu’Emile car ils doivent devenir amis. Seule l’amitié pourra les inciter l’un comme l’autre à vivre ensemble, à réaliser des expériences, du sport, à s’amuser, à profiter de la nature.

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3 Si ce lien d’amitié n’existe pas, le gouverneur deviendra un poids pour Emile, un maître dont il cherchera à se libérer et Emile deviendra un poids pour le gouverneur : un enfant dont il doit s’occuper, mais sans enthousiasme ni affection. « Le disciple ne regarde le maître que comme l’enseigne et le fléau de l’enfance ; le maître ne regarde le disciple que comme un lourd fardeau dont il brûle d’être déchargé » (p. 91).

Le gouverneur est « le compagnon de son élève » dont il partage les amusements, par exemple il dessine avec Emile, compare ses dessins avec lui (p. 87).

Charles Baudelaire n’imagine pas seulement l’enfant entouré de tendresse dans des

« amours enfantines », mais il construit une image plus générale de l’enfance comme source de « plaisirs furtifs ». L’adjectif « furtifs » signifie que les enfants sont contentés de nombreux petits plaisirs simples et quotidiens, qui peuvent être des plaisirs gustatifs, des jeux, des fêtes.

Rousseau considère que la gourmandise est « la passion de l’enfance » (p. 305) et que « le moyen le plus convenable pour gouverner les enfants est de les mener par leur bouche » (p. 305). Ainsi obtient-il de faire courir le jeune noble paresseux qui ne souhaitait rien faire car il considérait que tout lui serait toujours dû : il l’appâte par un gâteau et en fait un passionné de courses grâce à cette faveur.

Wole Soyinka ne pourrait qu’être d’accord avec cette réflexion de Rousseau. Il se délecte d’igname, d’akara et surtout de poudre de lait de son petit frère dont il reste une boîte non entamée : « je m’étais pris de passion pour cette friandise poudreuse au goût le plus exquis, douce, fondante, légère à la langue » (p. 177).

La tante de l’étudiant dans le conte « Tante Mal-aux-dents » donne « des confitures et du sucre » aux enfants qu’elle trouve gentils car ils apprécient ces sucreries (p. 432).

Les enfants partagent également la joie de jouer et de se dépenser sans compter.

Rousseau révolutionne l’éducation de son temps en décrivant l’enfance comme une période précieuse qu’il faut chérir sans vouloir que les enfants grandissent vite : « Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct » (p. 150).

Ainsi souhaite-t-il que les enfants ne soient pas trop surprotégés : il faut laisser jouer les enfants dans la neige même s’ils ont froid : qu’ils en profitent ! quand ils auront vraiment froid, ils penseront à rentrer au chaud. « Je vois de petits polissons jouer sur la neige, violets, transis, et pouvant à peine remuer les doigts.

Il ne tient qu’à eux de s’aller chauffer, ils n’en font rien » (p. 166).

Rousseau invite également à rendre les enfants moins craintifs de l’obscurité en les faisant s’amuser dans le noir : « je voudrais qu’[…] on rassemblât les soirs beaucoup d’enfants de bonne humeur […] je n’imagine rien de si plaisant et de si utile que de pareils jeux […] J’entends d’ici les éclats de rire, les huées de la bande joyeuse » » (p. 270-271).

Wole joue avec Osiki, ce qui lui cause deux blessures. Il est content de courir de plus en vite pour rattraper son ami dont il admire la rapidité quasi surnaturelle. Tous deux construisent une balançoire avec une planche de bois.

Wole prend aussi un grand plaisir à suivre la fanfare de la ville alors qu’il n’a que quatre ans et demi et qu’il est sorti de la maison à l’insu de ses parents. Il se mêle à un groupe de petits garçons qui suit le cortège des musiciens et il découvre le village d’Aké dont il connaissait seulement l’enceinte de la mission.

Dans le conte « En regardant par une fenêtre à Vartou », une vieille fille observe des enfants pauvres s’amuser : « les enfants aux joues rouges sans chaussettes ni chaussures poussent des cris de joie, comme tous les autres oiseaux du ciel » (p. 259).

Ce sont aussi les fêtes qui plaisent beaucoup aux enfants.

Wole attend avec impatience de fêter son anniversaire qu’il conçoit comme magique : l’anniversaire s’organise tout seul le jour J, selon lui. Il invite donc à la maison douze camarades sans prévenir Chrétienne sauvage, car il pense que tout sera prêt par magie.

Il aime aussi le Nouvel An qu’il fête à Isara du côté de sa famille paternelle : « le porc fumé, la senteur des feux de bois, la poussière rouge de la saison sèche […] Le Nouvel An, c’était le vin de palme, l’ebiripo […] Isara était plein de gâteries imprévues » (p. 134-135).

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4 Le petit sapin est coupé pour les fêtes de Noël : il découvre la joie des enfants qui le dépouille des cadeaux dont il a été orné. « ils se remirent à manifester leur joie exubérante et cela fit un beau vacarme ! Ils dansèrent autour de l’arbre et le dépouillèrent un par un de tous ses cadeaux. […] les enfants dansaient en rond avec leurs superbes jouets. Puis il écoute avec les enfants l’histoire de Klumpe-Klumpe le maladroit.

Le conte est raconté du point de vue interne du sapin qui ne connaît pas les fêtes de Noël. Il en a entendu parler par les moineaux et il attend depuis longtemps d’avoir suffisamment grandi pour être choisi comme ornement. Mais il ne comprend pas tout ce qui se passe dans le salon le soir de Noël ni les raisons pour lesquelles on lui accorde finalement une attention moindre. Ce conte montre cependant la joie des enfants.

L’enfance est tellement une période de joie, de pureté, de partage et d’amour que Charles Baudelaire aimerait la retrouver. Il éprouve la nostalgie de ce « paradis enfantin » qu’il sait désormais inaccessible. Ce paradis est resté dans le temps de ses jeunes années qui lui semble aussi loin que « l’Inde » et que « la Chine ».

De même, Rousseau se montre nostalgique de ce temps précieux qu’est l’enfance.

« Qui de vous n’a pas regretté quelquefois cet âge où le rire est toujours sur les lèvres ? » (p. 150)

Il invite ainsi les parents à laisser faire leurs enfants, sans vouloir les faire grandir trop vite et sans les disputer et les punir sans cesse : « Pourquoi voulez-vous remplir d’amertume et de douleurs ces premiers ans si rapides, qui ne reviendront pas plus pour eux qu’ils ne peuvent revenir pour nous ? » (p. 150) Il se souvient d’un épisode de son enfance quand il habitait chez M. Lambercier. Ce dernier l’a mis à l’épreuve en lui demandant d’aller chercher en pleine nuit une bible laissée dans l’église à côté de la maison : « Le vide de l’âge mûr […] me retrace le doux temps du premier âge » (p. 268).

Alors que Rousseau considère que l’odorat est le sens le plus faible car il est lié à l’imagination et que les enfants sont dénués d’imagination puisque leur raison n’est pas encore développée, Wole Soyinka se montre très sensible aux odeurs de son enfance. Les arômes de l’akara imprégnés d’huile se mêlent à « la saveur piquante des tranches de noix de coco […] à la viande maigre frite et dure du tinko, à l’odeur relevée de fromage pourri de l’ogiri, à celles du maïs grillé, des légumes frais » (p. 294). La disparition de ces odeurs ouvre le chapitre X, un chapitre nostalgique dans lequel Soyinka regrette le changement du village de son enfance : « les odeurs s’en sont allées » (p. 285), « les odeurs ont été vaincues » (p. 286).

De même, au début de son roman, il regrette de ne plus retrouver l’Aké de son enfance car il ne la voit plus avec ses yeux d’enfant, des yeux pleins d’imagination : « la carcasse de la voiture n’a pas changé de place […] Mais ce n’est plus qu’une épave : ses yeux se sont changés en orbites rouillées, son visage de dragon s’est effondré » (p. 16). Le temps a passé, Wole a grandi et la magie s’est effacée. Le « paradis » de son enfance est à jamais perdu, aussi loin que « l’Inde » et que « la Chine » : « Il est arrivé malheur à la mission d’Aké » (p. 16), c’est le malheur de l’adulte qui ne voit plus sa maison comme dans ses souvenirs d’enfant.

Le petit sapin se rend compte trop tard qu’il n’a pas assez profité de sa jeunesse et l’histoire se conclut sur une répétition du participe « fini » qui marque la disparition de l’enfance dans un passé impossible à retrouver : « Il pensa à sa fraîche jeunesse dans la forêt, à la joyeuse soirée de Noël (…] ‘Fini ! Fini ! dit le pauvre arbre. Si seulement je m’étais réjoui quand je le pouvais ! Fini ! Fini !’ » (p. 148).

Baudelaire doute de pouvoir retrouver cette période de l’enfance, si heureuse, emplie d’amour et de « plaisirs », ce qui explique sa plainte qui exprime un profond regret d’avoir perdu à jamais ce temps si précieux : « des cris plaintifs ». Il se demande si la poésie aurait le pouvoir « d’animer encor avec une voix argentine » les bonheurs de l’enfance, mais la tournure interrogative laisse entendre qu’il en doute.

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5 Cependant le poète, en proie à une profonde mélancolie, construit une image trop idéalisée de l’enfance dans laquelle il espère trouver une échappatoire à son spleen quotidien. Si le retour au paradis de l’enfance est impossible, c’est aussi parce que l’enfance n’est pas toujours un paradis et qu’il faut en chercher une représentation plus lucide.

Ainsi, loin d’idéaliser l’enfance, nous pouvons reprendre terme à terme les qualités que Baudelaire lui prête et démontrer qu’elle n’est ni innocente, ni pleine d’amour et de plaisirs.

Les enfants peuvent perdre leur innocence et devenir méchants, mauvais. Les trois auteurs démontrent que cette méchanceté est due à leur éducation, qui les rend tyranniques dès leur jeune âge.

Rousseau pense que le comportement des parents est primordial dès la naissance de l’enfant et ses premiers pleurs. Il faut distinguer un pleur de besoins d’un pleur de caprices et ne répondre qu’aux pleurs de besoins pour ne pas faire germer en l’enfant l’habitude que ses parents viennent le servir dès ses moindres pleurs.

« Les premiers pleurs des enfants sont des prières : si l’on n’y prend garde, ils deviennent bientôt des ordres ; ils commencent par se faire assister, ils finissent par se faire servir » (p. 214).

L’adulte se comporte de façon morale avec les enfants : il donne des ordres, il exige obéissance, il réprimande, il corrige. L’enfant ne comprend pas les notions de bien et de mal donc il ne peut concevoir réellement ce que l’adulte lui demande. Il est ennuyé ou terrifié par ses ordres et il cherche à y échapper en mentant.

« l’on croit les avoir convaincus, quand on ne les a qu’ennuyés ou intimidés » (p. 174).

« c’est la loi de l’obéissance qui produit la nécessité de mentir » (p. 198).

Certains parents n’imposent aucune limite à leur enfant, les transformant en de véritables tyrans. Rousseau donne l’exemple d’un enfant capricieux qui exige la canne de son parent, puis sa montre, puis l’oiseau puis l’étoile dans le ciel. Comme ses exigences deviennent impossibles, l’adulte est obligé de lui dire non.

L’enfant ne comprend pas ce refus inhabituel : il se met à crier et pense que son père ou sa mère sont de mauvaise volonté. Il ne peut concevoir l’impossibilité de le contenter. Rousseau explique que ces enfants ne sont pas heureux car ils sont soumis à leurs désirs et constamment insatisfaits.

« Heureux, lui ! c’est un despote ; c’est à la fois le plus vil des esclaves et la plus misérable des créatures » (p. 168)

« c’est ainsi qu’on verse de bonne heure dans son jeune cœur les passions qu’on impute ensuite à la nature » (p. 79).

« Le caprice des enfants n’est jamais l’ouvrage de la nature, mais d’une mauvaise discipline » (p. 237).

L’adulte transforme « l’innocent paradis » de l’enfance en un monde déjà vicieux.

Dans le conte « la reine des neiges », Gerda rencontre une petite fille de brigands capricieuse, habituée à ce que les brigands cèdent à tous ses caprices.

« ‘Je veux qu’elle joue avec moi, dit la petite fille de brigands, qu’elle me donne son manchon, sa belle robe, et qu’elle dorme avec moi dans mon lit !’ Puis elle mordit de nouveau la femme de brigand qui sauta

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6 en l’air […] ‘je veux aller dans le carrosse !’ dit la petite fille de brigands et elle voulait absolument qu’on cède à son caprice car elle était gâtée et entêtée » (p. 176).

Bukola bénéficie d’un statut privilégié : elle est un abiku, « un enfant qui meurt, renaît et meurt à nouveau en un cycle continu » (p. 39). Elle est donc choyée, mais elle abuse de ce prestige car elle exerce un chantage affectif sur ses parents : s’ils la contrarient en lui refusant quelque chose, elle les menace de partir rejoindre les esprits des morts (apparemment ce sont des crises d’épilepsie, mais personne n’en savait rien) : « je vais partir, je vais partir si vous ne faites pas ça et ça. S’ils refusent, je m’évanouis » (p. 42). Les deux parents subissent sa tyrannie. Wole se demande si le père de Bukola ne trouve pas un refuge chez eux en leur rendant souvent visite « pour échapper à la tyrannie de cette enfant » (p. 44).

Le paradis des « amours enfantines » peut être une illusion : l’enfant ne reçoit aucune affection ou bien ses amours se brisent, finissent en déception ou en trahison.

Wole est profondément humilié devant Mme Odufawa quand sa famille critique le surnom qu’elle lui a donné et le pousse à se battre : « J’étais blessé. Qu’avais-je fait ? Pourquoi essayait-on de me rabaisser aux yeux de ma future épouse ? » (p. 200). Il connaît donc une amère déception.

Le vilain petit canard est rejeté par ses frères et sœurs et toute la basse-cour. Sa mère qui le défendait dans ses premiers jours finit par le rejeter car sa présence cause trop de soucis puisque tout le monde le harcèle.

La petite fille aux allumettes n’ose pas retourner chez elle car elle n’a vendu aucune allumette si bien que son père la battra. Elle meurt de froid la veille du Jour de l’An, enfin heureuse de rejoindre sa grand-mère morte, la seule personne qui fut bonne pour elle de son vivant.

Dans le conte « Elle n’était bonne à rien », la mère de l’étudiant a persuadé la lavandière de renoncer à épouser son fils à cause de leur différence de condition sociale. Elle lui conseille d’épouser Erik le gantier :

« Chaque mot qu’elle avait prononcé tranchait comme un coup de couteau dans mon cœur, mais cette femme avait raison » (p. 266). La lavandière se résigne, après bien des souffrances, à accepter la demande d’Erik.

La petite sirène ne parvient pas à se faire aimer du prince qui ne saura jamais que c’est elle qui l’a sauvé de la noyade en premier. Il la considère comme « une enfant bonne et gentille » ; elle lui est chère ; il sait qu’elle lui est dévouée. Il trouve qu’elle ressemble à une jeune fille qui servait dans un temple près duquel la petite sirène l’a déposé sur le rivage. Il pense que c’est cette jeune fille du temple qui lui a sauvé la vie.

Quand il la retrouve, il l’épouse, si bien que la petite sirène meurt la nuit du mariage : « Elle savait que c’était le dernier soir qu’elle voyait celui pour qui elle avait quitté sa famille et son foyer, donné sa voix ravissante et enduré tous les jours des souffrances interminables, sans qu’il s’en soit douté » (p. 78).

Rousseau démontre que les enfants confiés à des nourrices dès leur naissance ne développent pas de sentiments d’amour filial envers leur mère et que cette première absence d’amour est le point de départ de leur dénaturation.

« l’habitude ne renforce plus les liens du sang ; il n’y a plus ni pères, ni mères, ni enfants, ni frères, ni sœurs ; tous se connaissent à peine ; comment s’aimeraient-ils ? Chacun ne songe plus qu’à soi » (p. 73).

« Point de mère, point d’enfant » (p. 75).

« Si la voix du sang n’est fortifiée par l’habitude et les soins, elle s’éteint dans les premières années […].

Nous voilà dès les premiers pas hors de la nature » (p. 75).

L’enfance n’est donc pas toujours heureuse. L’enfant peut recevoir des blessures physiques et/ou psychologiques qui lui causent des douleurs, des souffrances, voire des traumatismes.

Voir le corrigé de Gaël Faye.

Veillez à répartir les exemples entre les 2e et 3e arguments pour ne pas vous répéter.

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7 L’enfant peut ne pas profiter de son enfance, même s’il n’est pas en souffrance. Il ne la considère pas comme un paradis car il est soumis à des devoirs imposés par les adultes qui ne lui font pas plaisir ou bien il se sent limité par sa taille, son absence de force, sa vulnérabilité, ce qui suscite aussi chez lui une forme de déplaisir. Il préférerait être grand et souhaite devenir rapidement un adulte.

Wole souhaite aller à l’école un peu avant ses trois ans car il voit sa sœur Tinu s’y rendre et il a envie d’apprendre. Au maître qui lui propose de venir seulement quand il en a envie, Wole rétorque qu’il viendra tous les jours et c’est ce qu’il fait : « Je le regardai avec stupéfaction. Ne pas avoir envie d’aller à l’école ! » (p. 56).

Il souhaite aussi se laver tout seul car il n’aime pas que sa sœur Nubi lui verse de l’eau sur le visage. Sa mère accepte qu’il se lave seul car elle admet qu’il en a l’âge, mais devant Joseph pour que ce dernier vérifie qu’il se lave correctement (p. 108).

Chrétienne Sauvage demande parfois à Wole de venir avec elle à la boutique pour l’aider. Il n’en a pas forcément envie. Il proteste qu’il a des devoirs (p. 113).

Le crapaud s’échappe de son puits, puis découvre le monde. Il veut toujours aller plus loin, plus haut, en faire plus que ne lui permet sa condition de petit crapaud : « Allons plus loin ! […] ‘Je vais continuer mon voyage !’ dit le petit crapaud. Il avait toujours envie de quelque chose de meilleur » (p. 342).

La petite fille aux allumettes forcée de vendre des allumettes toute la journée, dans le froid, avec ses pieds nus.

Rousseau explique que les adultes ne cessent de faire la morale aux enfants. Nous sommes « toujours sermonneurs, toujours moralistes, toujours pédants » avec les enfants (p. 185).

Or les enfants ne comprennent pas les notions de bien et de mal puisque leur raison abstraite n’est pas encore développée. Ils s’ennuient donc à nous écouter ou bien prennent peur de nos leçons de morale.

« l’on croit les avoir convaincus, quand on ne les a qu’ennuyés ou intimidés » (p. 174).

Pire, les adultes utilisent les menaces, la flatterie ou les promesses pour persuader les enfants d’agir bien, donc ils n’agissent pas vertueusement, mais selon des intérêts :

« amorcés par l’intérêt ou contraints par la force, ils font semblant d’être convaincus par la raison » (p.

174).

Et les adultes font germer en eux des vices et non un comportement vertueux :

« vous leur apprenez à devenir dissimulés, faux, menteurs, pour extorquer des récompenses ou se dérober aux châtiments »

Les enfants subissent donc les pressions morales de l’adulte qui les dénaturent. Ces exigences d’obéissance et de devoirs ne rendent pas forcément leur enfance paradisiaque et leur retirent des moments de « plaisirs furtifs ».

Ainsi l’enfance n’est pas toujours ce paradis innocent, rempli d’amour, d’affection et de plaisirs comme l’idéalise Baudelaire. Les enfants savent se montrer capricieux et tyranniques, loin de l’image de chérubin qui peut les caractériser. Ils peuvent aussi subir des contraintes, des obligations, des souffrances, des peines, des déceptions et autres traumatismes qui les font souffrir, les privent d’amour et de plaisirs.

On peut donc envisager d’autres manières d’appréhender son enfance. En effet, la nostalgie voile la réalité de l’existence d’un enfant et peut empêcher de se construire en tant qu’adulte. Il est sans doute possible « d’animer encor » son enfance, de la « rappeler », mais sans « cris plaintifs », sans regrets.

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8 Au lieu de la « rappeler », on peut envisager un affranchissement de son enfance qui ne laisse place à aucune nostalgie. Mais, alors que Charles Baudelaire doute des pouvoirs de la poésie

« d’animer » l’enfance, il est possible de la « rappeler » avec un regard lucide et non idéalisé et de la faire revivre par ses écrits ou en gardant une âme d’enfant.

Que l’enfance soit heureuse ou malheureuse, il est possible de ne pas la regretter car l’on trouve son existence plus accomplie, plus paradisiaque, une fois sorti de l’enfance.

Le vilain petit canard naît à lui-même quand il grandit et qu’il comprend enfin qu’il est un cygne. Il se donne une nouvelle famille et commence une nouvelle vie, comme une nouvelle naissance, loin de toutes les brimades de son enfance : « je ne rêvais pas de tant de bonheur quand j’étais le vilain petit canard ! » (p. 138).

Dans le conte « L’invalide », Hans, infirme, naît progressivement à lui-même grâce à un livre de contes.

Pour lui, grandir est une bénédiction puisqu’un miracle se produit : il retrouve l’usage de ses jambes. Il quitte alors son foyer pour suivre des cours dans une école où il s’épanouit et accède à une nouvelle vie :

« ils reçurent des lettres de Hans, l’une plus heureuse que l’autre […]. Il y avait tellement de choses à apprendre et à savoir, il souhaitait seulement arriver à l’âge de cent ans et devenir un jour maître d’école » (p. 427).

Rousseau défend l’idée que chaque âge possède ses particularités et qu’il faut respecter chaque période. Il ne s’agit donc pas de rester nostalgique : « il faut considérer l’homme dans l’homme, et l’enfant dans l’enfant. Assigner à chacun sa place et l’y fixer » (p. 151).

Ainsi il critique les adultes restés des enfants, notamment les riches, les puissants. Le critère qui différencie un adulte d’un enfant est celui de l’équilibre entre les besoins et les forces. L’adulte est libre car il se suffit à lui-même. Or les riches, les grands de ce monde sont des enfants attardés, aussi faibles et dépendants qu’un nourrisson car ils ont trop de besoins, qui deviennent des désirs, ils sont sans cesse insatisfaits et leur existence dépend du regard et de l’attention d’autrui. Pour Rousseau, il faut, au contraire, s’émanciper de l’enfance où les besoins dépassent les forces : il faut accroître ses propres forces en devenant un adulte resté au plus près de sa nature.

« Nous étions faits pour être hommes ; les lois et la société nous ont replongés dans l’enfance » (p. 162) Ainsi Rousseau se plaît à considérer la réussite de sa méthode éducative quand Emile a douze ans, mais aussi quand il sera adulte, sans regret pour l’Emile enfant : « je le contemple enfant, et il me plaît ; je l’imagine homme, et il me plaît davantage » (p. 319-320).

Contre les mises en garde de Père et contre les critiques de Daodu à qui le lycée national ne plaît pas, Wole souhaite réaliser l’ambition que son père a pour lui et veut intégrer ce lycée, sans éprouver de regrets, à ce moment de sa vie, pour l’existence qu’il mène à Aké.

Au lieu de nous affranchir de notre enfance, nous pouvons la juger d’une façon moins idéalisée, moins illusoire en la considérant avec un regard lucide. Nous apprécions nos moments de bonheur mais nous reconnaissons aussi les faiblesses, les imperfections de nos parents. Ce regard de vérité permet de comprendre comment nos épreuves, nos souffrances nous ont permis de nous construire.

Reprendre le corrigé de Gaël Faye II, arguments 1 et 2 pour trouver des exemples de souffrances à surmonter qui permettent de se construire et pour défendre l’idée de porter un regard rétrospectif objectif sur son enfance.

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9 On peut ajouter l’idée que Soyinka constate à plusieurs reprises les défaillances de son éducation, les contradictions de ses parents d’une façon assez bienveillante mais aussi critique. Il n’idéalise donc pas son enfance ni l’éducation qu’il a reçue, mais il propose une vision nuancée de ses jeunes années car ce sont à la fois les moments heureux et malheureux, mais aussi les faiblesses de ses parents qui ont fait de lui l’adulte qu’il est devenu.

Exemple de contradiction ou de comportement irrationnel : Chrétienne Sauvage qui rebaptise le petit frère Dipo en lui donnant le prénom Fémi / Chrétienne sauvage qui défend le fait que ses enfants ne se battent pas avec leurs amis, mais qui pousse Wole et Dipo à se battre / Chrétienne sauvage qui n’apprécie pas la violence qui se déchaîne dans le mouvement des femmes : elles s’en prennent à tous les ogboni sans distinguer ceux qui les ont défendus : Wole est stupéfait de constater que sa mère n’aime pas cette violence alors qu’elle manie si facilement le bâton avec ses propres enfants (p. 403).

On peut « rappeler » l’enfance, « l’animer encor », en écrivant sur ses jeunes années ou bien en gardant une âme d’enfant.

Baudelaire doute du pouvoir de la poésie d’évoquer l’enfance, mais les trois auteurs démontrent qu’une telle évocation est possible.

Reprendre le corrigé de Gaël Faye II argument 4, en veillant à bien répartir les exemples avec la sous-partie sur la nostalgie de ce corrigé en I argument 4.

Pour l’adulte qui garde une âme d’enfant :

Essay qui fait croire à ses enfants que l’électricité arrive par magie chez eux.

Rousseau qui s’imagine, en tant que gouverneur d’Emile, s’amuser avec lui, dessiner avec lui, puisqu’il ne faut pas qu’un rapport de domination, de maître à élève, se crée : « Au reste, dans cet exercice, ainsi que dans tous les autres, je ne prétends pas que mon élève en ait seul l’amusement. Je veux le lui rendre plus agréable encore en le partageant sans cesse avec lui » (p. 287).

Dans le conte « la reine des neiges », Gerda et Kay restent fidèles à eux-mêmes en conservant leur pureté originelle, leur âme d’enfant, même unis et réunis une fois adultes. Le dénouement fusionne harmonieusement enfance et âge adulte, d’une façon incompatible avec la nostalgie : « Ils étaient assis là, tous deux, adultes et cependant enfants, enfants par le cœur » (p. 188).

Dans le conte « Les fleurs de la petite Ida », l’étudiant explique à Ida que ses fleurs sont fanées aujourd’hui car elles ont dansé toute la nuit au bal. Le conseiller de chancellerie, lui, n’a pas une âme d’enfant. Il ne cesse de répéter : « ‘A-t-on idée de faire croire des choses pareilles à cette enfant ! » (p. 48).

« Le jardinier et ses maîtres » : le jardinier sait voir la beauté des choses, mêmes des choses les plus triviales.

Il aime la beauté de la fleur d’artichaut bleue, alors que ses maîtres la dédaignent car ce n’est qu’un artichaut. Or la princesse soutient le jardinier : « Il nous a montré de la beauté là où nous n’avions pas l’idée de la chercher ! » (p. 380). Le jardinier a conservé un regard pur, innocent sur ce qui l’entoure comme l’enfant qu’est la petite princesse, alors que ses maîtres ne peuvent plus voir la beauté des petites choses car ils sont pleins de préjugés.

La nostalgie n’est pas le seul regard rétrospectif possible : un regard non conciliant, objectif permet de mieux comprendre son passé et de se construire en tant qu’adulte. Si l’on peut souhaiter rompre avec son enfance, des liens sont aussi possibles permettant une continuité entre l’adulte et l’enfant qu’il a été : l’adulte écrit sur ses jeunes années pour les faire « revivre », les « animer encor » et sait voir le monde avec un regard émerveillé et curieux d’enfant, un regard qu’il n’a pas perdu avec le temps aussi loin que

« l’Inde » ou que « la Chine ».

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