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Discours. Le Cannet, samedi 25 juin 2011

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Discours

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SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

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Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de l'inauguration du musée Bonnard et de l'exposition « Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée »

Le Cannet, samedi 25 juin 2011

Madame la Députée Maire, chère Michèle Tabarot, Mesdames et Messieurs les élus,

Madame la Directrice chargée des musées de France, Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Quelques-uns des plus grands artistes de notre temps sont venus travailler sur la Côte d’Azur, qu’il s’agisse de Fernand Léger, de Picasso, de Matisse.... Au tournant du XXe siècle, ce « grand atelier du Midi », selon André Chastel, constitua un véritable laboratoire pour des peintres soucieux de se confronter à une lumière intense et donner la priorité à la couleur.

À l'invitation de Paul Signac et de Henri Manguin, Pierre Bonnard découvrit Saint-Tropez en 1904, puis y séjourna en 1909. « Saint-Tropez où vous m'avez guidé au seuil du Midi » écrit-il à Paul Signac en 1933, se souvenant de leurs promenades en voilier ou sur son bateau dont il avait teint les voiles en jaune. Saint-Tropez, où il fut frappé, comme il l'écrivit à sa mère, d'« un coup des Mille et Une Nuits : la mer, les murs jaunes, les reflets aussi colorés que la lumière ». Dès cette époque le peintre se rendit régulièrement dans le Midi, avant d'acheter en 1926 une petite maison sur les hauteurs du Cannet où il vint d’abord par intermittence, pour s'y retirer définitivement en 1939, jusqu’à sa mort.

La présence de Bonnard au Cannet, avec les admirables peintures qu’il a laissées de ce séjour, justifiait pleinement ce musée que nous avons la joie d'inaugurer avec cette exposition Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée.

Il y a un an, avant de visiter le chantier du futur musée, je m'étais d’abord rendu à la villa Le Bosquet, je n'avais pas caché ma surprise et mon émotion qu’elle ait pu être ainsi préservée par sa famille. C'est là, dans cette villa rose blottie sous les fleurs et les orangers qui donne sur la baie de Cannes et le massif de l'Estérel, que Bonnard a peint ses tableaux les plus inspirés, ceux que les spécialistes considèrent comme un sommet dans l'art de la première moitié du XXe siècle. Ces paysages, sujets d'une exploration de la couleur sans précédent, ont agi sur lui tout comme la Sainte Victoire sur Cézanne ou Giverny sur Monet. Grâce aux efforts déployés par la famille de Pierre Bonnard, Le Bosquet demeure un lieu préservé et silencieux qui garde toute l'âme et la part de rêve de cet immense coloriste.

Non loin de là, au cœur de la Ville, aujourd'hui le premier musée entièrement consacré à l'artiste voit le jour. Il est très exaltant de voir se concrétiser ce projet que vous portez, Madame la Députée-Maire, depuis 1983, avec force, audace et conviction.

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Ce musée a bénéficié d'une dynamique précieuse fondée sur des rencontres et des amitiés. Tout d'abord bien sûr, les liens que vous avez noués, chère Michèle TABAROT, avec la famille de l’artiste. Mais je tiens à rappeler aussi le soutien décisif de trois personnalités regrettées qui ont joué un rôle déterminant dans la construction de cette structure : Françoise CACHIN, directrice honoraire des musées de France, Michel TERRASSE, arrière-petit-neveu du peintre et Philippe MEYER, président de la Fondation Meyer pour le développement culturel et artistique.

Philippe MEYER, grand admirateur et collectionneur d'œuvres de Bonnard, regrettait vivement qu'aucun musée ne lui fût consacré. A l'instigation de Françoise CACHIN, amie de longue date, la création de ce musée devint un objectif privilégié de la Fondation Meyer. Vincent MEYER poursuit avec beaucoup de passion cet œuvre.

Le musée s'ouvre aujourd'hui, à proximité de la villa Le Bosquet, grâce à la réhabilitation de l’hôtel Saint-Vianney, sauvé de la démolition par l’architecte des Bâtiments de France, et acquis par la ville en 1998. Tout le défi de ce projet était de préserver l’esprit du bâtiment, l’un des derniers témoins de l'architecture Belle époque, tout en lui attribuant une extension contemporaine. Réalisée dans le dénivelé du terrain, celle-ci a permis de créer un important espace d’accueil, une salle pédagogique et une boutique ainsi qu’une vaste terrasse.

L’édification d’une colonne vitrée, contenant une cage d’escalier et un ascenseur décollés du bâtiment existant par une passerelle, permet l’accès aux personnes handicapées, tout en offrant une vue imprenable sur le paysage.

Le parvis du musée, lieu d’accueil du public, s’ouvre largement sur le boulevard Carnot ; les jardins de l’Hôtel Saint-Vianney, qui seront bientôt directement reliés à ceux de l’Hôtel de Ville, ont été réaménagés par Jérôme MAZAS de l'Atelier Horizons et plantés de ces essences méditerranéennes, amandiers, mimosas, grenadiers, que Bonnard affectionnait tant.

Je tiens à saluer la qualité architecturale de cette réalisation confiée au cabinet FERRERO et ROSSI. Je voudrais saluer également la belle scénographie imaginée par Birgit FRYLAND de l'agence SCENO.

La réussite de cette opération, nous la devons à la volonté et à l'engagement financier de la ville du Cannet et au soutien du Conseil général des Alpes-Maritimes et du Conseil régional de Provence-Alpes- Côte d'Azur.

La ville du Cannet, les collectivités territoriales, l'ensemble de la famille TERRASSE et Pierre et Marie-Françoise VERNON, les collectionneurs et les amateurs se sont unis pour que ce beau projet voie le jour - car ce musée, c'est aussi une collection constituée d’achats, de dons et de dépôts privés et publics. Permettez-moi de rappeler la contribution essentielle à son enrichissement de Marina FERRETTI-BOCQUILLON, conseillère scientifique, qui de 2003 à 2009 a mis en place une remarquable stratégie d'acquisitions et d'expositions de préfiguration.

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Le musée a ainsi acquis des œuvres majeures comme Paysage de nuit ou Paysage du Midi et, avec le soutien de l'Etat, en 2008, Baigneurs à la fin du jour ou encore en 2010, Nu de profil, le paravent La promenade des nourrices, un Autoportrait et deux aquarelles grâce à l'aide du Fonds du Patrimoine. A ces achats, s’ajoutent des dons qui sont une belle preuve de confiance de la famille du peintre et de généreux mécènes, tels la Fondation Meyer, Françoise CACHIN et Annisabelle BERES.

Je me réjouis tout particulièrement de la collaboration scientifique qui est engagée entre le musée d'Orsay et la ville du Cannet. En effet, le musée d'Orsay a mis en dépôt au musée Bonnard, de véritables chefs-d'œuvre comme Paysage soleil couchant de 1923 et Paysage du Cannet de 1927, deux magnifiques donations à l'Etat de la Fondation Meyer ainsi que La Salle à manger au Cannet, entrée en 2009 dans les collections par le biais d'une dation.

Le musée d'Orsay, qui soutient la politique d'expositions temporaires du musée Bonnard, a apporté également, je le rappelle, une contribution essentielle à l'exposition inaugurale avec des prêts prestigieux comme Le boxeur ou L'Amandier en fleur, une peinture particulièrement attachante car il s’agit de la dernière toile de Bonnard. Cet amandier fleurissait dans son jardin, presque sous la fenêtre de sa chambre. Cette œuvre, mise de côté comme c’était souvent le cas, le peintre l'avait reprise en 1947 et quelques jours avant sa mort il avait demandé à son neveu, Charles Terrasse, de mettre une tache de jaune sur son amandier. Charles Terrasse écrira une très belle phrase à propos de cette œuvre : « dans ce jaillissement de blanc qui s’élève dans le ciel comme un hymne, l’on peut voir le suprême témoignage de gratitude et d’amour offert par Bonnard à la Nature ».

Le musée d'Orsay envisage par ailleurs des prêts de longue durée qui viendront renforcer les collections, comme par exemple à l'automne, le prêt de deux paysages décoratifs peints par Bonnard pour décorer la chambre de Thadée Natanson.

Je sais que vous travaillez activement, chère Michèle TABAROT, avec Guy COGEVAL, président de l'établissement public des musées d'Orsay et de l'Orangerie, pour que ce partenariat soit très prochainement formalisé par une convention entre l'établissement et la Ville.

Ce projet audacieux appelait un engagement fort auquel l'Etat a été très heureux de s'associer. Dès 2006, le ministère de la Culture et de la Communication en a reconnu l'intérêt, en attribuant l'appellation « musée de France » au musée Bonnard sur la base du projet scientifique et culturel défini par Marie GRASSE, conservateur en chef des musées de la ville de Grasse.

L’Etat s’est volontiers engagé dès le début dans ce programme en apportant son soutien financier mais également la compétence de ses services : ceux de la Direction générale des patrimoines et tout particulièrement du Service des Musées de France, mais aussi ceux de la Direction régionale des affaires culturelles qui ont été très présents et attentifs. Ils ont assuré un suivi régulier de cette opération dans ces phases d'élaboration et l'ont accompagné de leur expertise technique tout au long de sa réalisation.

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Chère Michèle TABAROT, je tiens à saluer l'action de la municipalité du Cannet qui a porté ce projet avec constance et détermination. Vous êtes très impliquée - et cela depuis de nombreuses années - dans la politique culturelle de notre pays. Vous présidez notamment, je le rappelle, la Commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale. Mais c’est à votre engagement locale que je veux rendre aujourd'hui hommage, un engagement qui se traduit par des actions remarquables notamment en faveur du développement culturel.

C'était tout l'enjeu à la fois culturel, identitaire et économique de ce musée.

En prolongement, vous avez souhaité aménager différents circuits piétonniers faisant découvrir « sur les pas de Bonnard » les paysages qu'ils chérissait, paysages que vous aviez su préserver par ailleurs d'une urbanisation croissante. Le sentier de découverte du canal de la Siagne est ainsi porteur d’une émotion profonde, chaque matin Bonnard aimait en effet à s'y promener.

Pour ce magnifique projet, vous avez reçu une Marianne d'Or 2010, ce qui est une très belle reconnaissance des actions menées par la ville du Cannet autour de Pierre Bonnard.

Je sais aussi combien le volet éducatif est une de vos préoccupations et combien vous soutenez le programme de médiation du musée en direction des établissements scolaires. Avoir réservé avant-hier à trois cent cinquante élèves du Cannet la primeur de l'ouverture de cet établissement est un signe très fort de cet important travail de fond.

Ce remarquable partenariat éducatif et culturel à l’intention des jeunes de la commune est aussi le résultat de l'engagement de Vincent MEYER et de Véronique SERRANO, directrice du musée Bonnard, à laquelle j'adresse toutes mes félicitations pour la qualité et l’ampleur du travail accompli.

Vous avez choisi, chère Véronique SERRANO, de quitter le musée Cantini de Marseille pour vous associer à ce formidable défi : offrir à Pierre Bonnard le premier musée dédié à son œuvre. Votre renommée professionnelle, votre exigence, votre connaissance du peintre ont été des atouts supplémentaires dans cette belle aventure. Je sais que vous n'avez pas ménagé vos efforts pour mener à bien la dernière phase de ce grand projet avec toute votre équipe.

Le brillant ensemble d'œuvres majeures exceptionnellement réunies autour de cette exposition Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée marque avec éclat l'ouverture du musée Bonnard. Reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication, elle a bénéficié à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.

Je remercie chaleureusement les institutions françaises et internationales et les collections privées qui ont permis d'admirer, ici ensemble, des chefs- d’œuvre aussi incontournables que L’Atelier au mimosa, La Terrasse ensoleillée, Nu à la baignoire, L’Amandier en fleurs ou le fameux Autoportrait en boxeur, à la posture combative et au visage tendu, poings fermés face au miroir, face aux assauts de l’âge, face à son art, dans une atmosphère vibrante de lumière.

Ses autoportraits sont la « part d'ombre » du peintre, en particulier ceux de la dernière décennie. Paradoxalement, dans le contexte particulièrement

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sombre de la guerre, il n'y a jamais eu autant de jaune et d'éblouissement coloré dans sa peinture. Les paysages du Cannet et la lumière du Midi sont demeurés pour lui des sources d’inspiration inépuisables.

En 1940, il écrit à Vuillard :" Je m'intéresse beaucoup au paysage et mes promenades sont remplies de réflexions à ce sujet. Je commence à comprendre ce pays et n'essaye plus d'y trouver ce qui n'y est pas et alors il renferme de grandes beautés. De là à établir les différentes conceptions que la nature a fait naître, c'est ce qui m'amuse."

Si l'œuvre de Bonnard a connu très tôt un succès croissant bien au-delà de nos frontières, si de nombreuses manifestations lui ont été consacrées de par le monde, c'est ici, à n'en pas douter, qu'il aurait aimé que l'on rende hommage à sa peinture, ici, où il mena une vie retirée, refusant les honneurs, travaillant à l'écart des recherches révolutionnaires du cubisme et du surréalisme.

L'ouverture de ce nouveau musée de France participe pleinement à la reconnaissance de l'œuvre inclassable de ce maître épicurien du chromatisme. Répondant à l'article de Christian Zervos dans les Cahiers d'Art, Matisse écrivait « oui! Je certifie que Pierre Bonnard est un grand peintre pour aujourd'hui, et sûrement pour l'avenir ». Ce lieu magnifique qui lui est dédié vérifie bien cette assertion.

Je vous remercie.

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