H ommage au Docteur Jean J ULVEZ

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Nécrologie 358

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e Docteur Jean JULVEZ, membre du comité de rédaction de notre revue, est mort brutalement le dimanche 17 juin 2001, comme sa philosophie épicurienne pouvait le souhai- ter, lors d’un bon repas partagé avec ses amis. Il s’apprêtait à partir à Wallis et Futuna où il venait d’être nommé et faisait sa tournée d’adieu dans sa région Midi-Pyrénées.

Pendant ses études à Toulouse, il avait déjà montré sa préoc- cupation de rigueur scientifique dans le milieu universitaire où il devait garder des amis fidèles. Son engagement s’était traduit par des missions d’assistance médicale aux Palestiniens en Jordanie et aux Kurdes en Irak. Il fait son service national à la Réunion puis divers remplacements après sa thèse en 1973.

Revenu à Montpellier, il se spécialise en léprologie et en méde- cine exotique et part en 1976-1977 en Azerbaïdjan iranien où il est chargé du dépistage et du suivi des lépreux puis de l’évaluation du programme national de lutte contre la lèpre.

Il navigue ensuite sur la plupart des mers en voilier-stop, apprécié de ses coéquipiers pour ses compétences médico- chirurgicales mais aussi pour sa parfaite connaissance de la navigation et sa bonne humeur.

Reçu au concours de Médecin-inspecteur de la santé en 1978 il complète sa formation en santé publique, épidémiologie et biostatistiques à l’École nationale de santé publique et dans les Facultés de médecine de Rennes et de Paris-VI.

Il sert ensuite de 1981 à 1991 à la Réunion et à Mayotte en qualité de médecin inspecteur départemental et de directeur de l’action sanitaire et sociale puis à Maurice comme conseiller technique du Ministre de la santé. C’est là qu’il se passionne pour l’entomologie et la lutte contre le paludisme et la filariose de Bancroft, en particulier dans l’océan Indien où il intègre rapidement l’entomologie, discipline nouvelle pour lui.

En 1993, il présente à Toulouse une thèse* d’écologie humaine sur le paludisme dans l’océan Indien et notamment sur les conditions d’invasion, au siècle dernier, de la maladie aux Mascareignes. Il obtient un doctorat de sciences avec les féli- citations du jury qu’il fait suivre trois ans plus tard d’une habilitation à diriger des recherches.

De 1991 à 1995, en poste au Niger, il transfert son intérêt pour le paludisme aux zones arides. Il ajoute à son registre les schistosomoses, les méningites et le sida.

Médecin général de santé publique, il revient en France en 1995 comme responsable de l’Unité sécurité des greffes à l’Établissement français des greffes ; il se passionne pour la

biovigilance et pour les questions scientifiques et éthiques posées par les xénogreffes.

À partir de 1999, il est conseiller pour la recherche médicale au Ministère des affaires étrangères.

Boulimique de connaissances et chercheur motivé, Jean Julvez est l’auteur de 75 publications – dont 18 dans le Bulletin de la Société de pathologie exotique – et d’une soixantaine de com- munications à des congrès. Il venait d’entreprendre avec Jean Mouc het un ouvrage sur la biodiversité épidémiologique du paludisme dans le monde.

Ses nombreux amis gardent de lui le souvenir d’un esprit brillant et de conviction au parler franc, d’une culture ency- clopédique alliée à une grande rigueur scientifique, remettant en cause les “ acquis ” et capable de changer d’avis après une argumentation serrée-; ils se souviendront également de sa puissance de travail mais aussi de son enthousiasme pour le développement, de sa fidélité en amitié et de sa joie de vivre.

Son action et ses publications en santé publique, en biologie, en entomologie font date pour l’histoire du développement sanitaire dans l’océan Indien et au Niger.

Sixte Bl a nc hy