ÉVOLUTION, AU DÉBUT DE LA LACTATION,
DE LA SÉCRÉTION DES PRINCIPAUX ACIDES GRAS DU LAIT ET DE LA CONCENTRATION EN ACIDES GRAS
LIBRES DU SANG CHEZ LA VACHE
C. DECAEN
M.JOURNET
Renée LEFAIVRE Louise TOULLEC, Y. MANIS, A. HODEN B. MARQUIS
Station de Recherches sur
l’Élevage
desRuminants,
Centre de Recherches
zootechniques et
vétérinaires sur les Ruminants,63
Theix, près
Clermont-Ferrand Institut national de la Rechercheagronomique
SOMMAIRE
La
composition
en acides gras des matières grasses des laits individuels de 9 vaches correcte- ment alimentées a évolué defaçon importante
au cours des sixpremières
semaines de lactation. Laproportion
d’acides graslongs (C l8 :
o etC, 8 : i)
a évoluéparallèlement
à la teneur en. acides graslibres du
plasma.
Ces deux valeurs ont diminué pour les 7vachesqui
ont vêlé à terme mais elles ontaugmenté
pour les 2vachesqui
ont vêléprématurément.
Laproportion
d’acides gras courts(C.
àC
la
)
a évolué en sens inverse.Ces
changements
de lacomposition
des matières grasses du lait semblent dus à la mobilisation des réserveslipidiques,
c’est cequi
est bien montré par les variationsparallèles
dupoids vif,
du bilanénergétique,
de la teneur en acides graslongs
du lait observées sur un même animal ainsiqu’entre
animaux.
La teneur en matières grasses du lait, au cours des six
premières
semaines de lactation a évoluépour presque toutes les vaches
parallèlement
à la teneur en acides graslongs
du laitexprimée
eng par
kg
de lait.Les acides gras libres du
plasma pourraient
être desprécurseurs importants
des matières grasses du lait au début de la lactation. D’unefaçon plus générale
leur étude sembleparticulièrement
inté-ressante chez la vache
laitière,
enparticulier
pour connaître l’orientation du métabolismelipidique.
INTRODUCTION
I,a
sécrétion des matières grasses du laitprésente
une évolutioncaractéristique
chez la vache
correctement
alimentée : le tauxbutyreux
diminue en moyennejus-
qu’à
la 6esemaine,
tandisque
laquantité
totale de matières grasses sécrétées aug-mente durant les 2 dernières semaines
(JouRN!T
etJ AR mG:E, i 9 6o ;
DECAENet Pou-Tous,
i 9 6 7 ).
Lacomposition
destriglycérides
du lait varie elle aussi :la proportion
d’acides gras courts
augmente
tandis que celle des acides graslongs
diminue(DE-
C A E
N et
A DDA , 19 66).
Ces variationspourraient
résulter d’une mobilisation des réservescorporelles
de la vache.Or,
on sait quel’hydrolyse
destriglycérides
du tissuadipeux
libère dans le sang des acides gras libresqui
sont enmajorité
des acides graslongs
enC l .
etCI,. Depuis
les travaux de DOLE
( 195 6)
et de GORDONet CHERCHES( 195 6)
les variations de la concentration en acides gras libres duplasma
ont étébeaucoup
étudiées chez lemonogastrique
mais assez peu chez les Ruminants et enparticulier
chez la vache(K
RONF E LD
, 19 65).
Ilsreprésentent
une faiblepart
des acidesplasmatiques
totaux(GA
R T
ON
etD UN C AN , ig6 4 ),
mais ils ont un « turn-over »rapide (DOLE, ig6i).
Nous avons cherché à relier les
variations
de lacomposition
en acides gras des matières grasses du lait à celles des acides gras libres duplasma
au cours des 6 pre- mières semainesaprès
levêlage.
MATÉRIÉI,
ETMÉTHODES
.Animaux et
régimes
alimentairesNous avons utilisé 9vaches : 6 Frisonnes, 2Pies
Rouges
et i Normande ayant vêlé entre le début décembreiç6 4
et le début mars19 6 5 .
Leurproduction
laitière(moyenne journalière
au cours des6
premières semaines)
a varié selon les vaches de r6,8 à3 r,6 kg
et la teneur en matières grasses de 34,
7 à 46,4g p. i ooo. Trois de ces vaches ont reçu une ration de
fourrage composée
de foin de lu-zerne normal et de foin de luzerne condensé
(broyé
etaggloméré
dans laproportion
de 1à 3environet les 6 autres une ration de foin de luzerne normal,
d’ensilage
d’herbe et de 20kg
de betteraves.Toutes les vaches recevaient avant le
vêlage
2kg
d’aliment concentré, etaprès
levêlage
cette quan- tité a été accrue au cours dupremier
mois de lactation pour couvrir les besoins.Deux de ces vaches ont
présenté
certainesparticularités :
l’une, la oo46, a vêlé 10jours
avantle terme et a
produit
unequantité
de lait inférieure d’environ 40p. 100à celle de la lactationprécé-
dente ; l’autre, la 0103, a avortéaprès
un repos mammaire de 2 semaines seulement. Les résultats de ces 2vaches,
auvêlage prématuré,
seront considérésséparément
etcomparés
à ceux des 7 autres.Ces dernières ont eu une
production
laitièrequi
a évolué normalement etqui
a été maximum entre la 4eet la 6esemaine de lactation. Plusieurs accidentscependant
sont à noter : une fièvre de lait auvêlage
sur la vache 9014et desindigestions
sur la vacheo 05 6 (la
aesemaineaprès
levêlage),
sur lavache
91 6 1 (la
5esemaine),
sur la vache 9014(la
q.esemaine).
Mesures
Les vaches ont été alimentées individuellement et les
quantités
offertes et refusées dechaque
aliment ont été mesurées
chaque jour.
La valeurénergétique (UF)
des foins a été estimée àpartir
des valeurs du coefficient d’utilisation
digestive
obtenues sur des moutons maintenus en cages à bilan ; celle des autres aliments a été estimée àpartir
de leur teneur en cellulose brute. Le bilanénergétique
a été calculé par différence entre les besoins des animaux(entretien
!--production)
etles apports de la ration.
La
quantité
de lait a étépesée
à chacune des 2 traitesjournalières ;
le tauxbutyreux
a étémesuré par la méthode Gerber,
chaque jour,
sur un échantillon de laitreprésentatif
des traites du matin et du soir. Lacomposition
en acides gras destriglycérides
du lait a étémesurée, chaque semaine,
sur un échantillon moyen du lait de 4traitesconsécutives,
parchromatographie
enphase
gazeuse d’esters
méthyliques
etbutyliques (cf.
DECAENetA DD A, 19 66).
Apartir
de laquantité
delait sécrétée, de la teneur de ce lait en matières grasses et de la
composition
en acides gras de cesmatières grasses, nous avons estimé les
quantités journalières
des différents acides grasmajeurs
sécrétés par
jour (moyenne
des 2jours).
La concentration des acides gras non estérifiés dans le
plasma (DoLE
etME I N E R TZ , 19 6 0 )
a étédéterminée sur des échantillons de 100ml de sang
prélevés
au niveau de la veinejugulaire
une foispar semaine, le même
jour (j er jour)
que le lait destiné à la détermination de lacomposition
destriglycérides.
Troisprélèvements journaliers
de sang ont été effectués à 6 h, avant lepremier
repas, à 10heures,
soit 3 heuresaprès
lepremier
repas de foin de luzerne condensé oud’ensilage
et à1
6 heures. Les animaux ont été
pesés
une foispar
semaine, àjour
et heure fixes.RÉSULTATS
La
sécrétion
desmatières
grasses des 7 vaches normales a évolué en moyenne de lafaçon suivante (fig. i) :
la teneur en matières grasses a diminué de ir g p. 1 oooau cours des 6
premières
semaines delactation ;
laproduction
de matières grassesa
augmenté légèrement
de 3,5p. 100et a été maximum à la4 e
semaine delactation ;
la
composition
des matières grasses a évolué selon le schéma que nous avons décritprécédemment (DE CA E N
etA DDA , x 9 66). Elle
n’a pas été différente pour les deuxrégimes alimentaires (tabl. x).
Laproportion d’acides
graslongs (stéarique et oléïque) décroît, passant
de3 6,q
à 27,2 p. 100 en 6semaines ;
inversement laproportion
d’acides gras courts
(C G
àC 14 ) augmente, passant
de x7,x à 25,!. p. 100en 5semaines.
La
proportion
d’acidepalmitique
varie peu : elle est de 29 p. 100en moyenne.L’ac-
croissement de la
quantité
de matières grasses sécrétées est due aux acides gras courts dont laproduction
croît de4 6
p. 100(de r6 9
à 249g),
celle d’acides graslongs
diminuant d’environ 30 p. 100
(de
357 à25 6 g). Quant
à la diminution de la teneur en matières grasses du lait elle est due à celle de la teneur en acides graslongs
essen-tiellement ainsi
qu’à
celle enC 16 ,
la teneur enacides
gras courts restant constanteau cours des 6 semaines de la lactation.
La
sécrétion des matières grasses des 2 autresvaches,
aucomportement aber- rant,
a évolué defaçon
très différente(fig. n).
Laquantité
de matières grasses sécré- tées estfaible
lapremière
semaine et elleaugmente
ensuite entre la Ire etla 4e
se-maine de lactation.
Aucontraire,
la teneur en matières grasses évolue très peu : elle baisseseulement
de 2points
entrela
Ireet la 6esemaine. Lacomposition
des matièresgrasses évolue en sens inverse des 7 autres vaches
(tabl. i) :
laproportion
d’acidesgras
longs augmente
au lieu dediminuer,
celle d’acides gras courts varie peu, celled’acide palmitique
diminue de la Ire à la 2esemaine et reste constante ensuitejus- qu’à
la 6e semaine. De cefait,
l’accroissement de laquantité
dematières
grassessécrétées entre la Ire et la 6esemaine est due en
partie
aux acides gras courts dont laproduction
croît de 80p.
100( 134
à 243g),
à l’acidepalmitique ( 1 8o
à 275g)
etsurtout aux acides gras
longs
dont laproduction
faitplus
que doubler(9 3
à 199g).
La faible évolution de la teneur en
matières grasses
vient de ce que la teneur enacides
gras parkg
de lait de chacun des groupesprécédents
n’a pasévolué
defaçon impor-
tante.
Concentration en
acides
gras libresdu
sangLa concentration
en acides graslibres présente
uneévolution considérable
au cours des 6premières semaines
de lalactation,
mais elle est très différente pour les 7vaches normales et pour les 2 autres
vaches.
Pour lespremières,
elleaugmente brutalement
au moment duvêlage (les
valeurs observées le matin sont de trois àcinq
foisplus
élevéesaprès qu’avant
la misebas), puis
elle diminuerapidement
dela Ire à
la 3 e
semaine de lactation etplus lentement
pour atteindreà
la 6e semaine des valeurs àpeine plus
élevéesqu’avant
levêlage.
Au contraire pour les 2 autresvaches,
elle ne varie pas auvêlage
et elleaugmente
au cours des 6premières
semainesde la
lactation.
Pour lesprélèvements
du matin la concentration en acides gras libres estplus
élevée surtout avecles vaches
normales et elle varieplus,
d’une semaine de lactation àl’autre,
que pour les deux autresprélèvements.
Cette différence entreheures de
prélèvements
estbeaucoup
moinsimportante
pourles
2 autres vaches.(fig. z).
Bilan
énergétique
etPoids vif
Pour les 7 vaches normales le bilan
énergétique
est très nettementnégatif
dansles
jours qui
suivent levêlage,
mais il s’améliore ensuite et devientéquilibré après
5 ou 6
semaines
delactation ;
cela est bienmontré également
parl’évolution
dupoids
vif.En revanche,
pour les 2 autresvaches, le
bilanénergétique
nettementpositif juste après
levêlage diminue
pours’équilibrer
à la 6esemaine ;
lepoids
vifévolue très peu.
Ainsi,
pour tous les animaux le bilanénergétique
évolueparallèle-
ment à la teneur en
acides
graslongs
du lait et à la teneur en acides gras libres duplasma,
ce que montre bien lafigure
3 surlaquelle figurent
les valeurs individuelles.I,’évolution
dupoids
vif bienqu’elle
se fasse en moyenne dans le même sens estbeaucoup
moinsparallèle (fig. 2 ).
Liaisons
observéesL’évolution
au coursdes
6premières
semaines de la lactation apermis
de mettreen évidence des liaisons
positives
entre les 3 variablesprécédentes,
teneur en acides graslongs
dulait,
teneur en acides gras libres duplasma,
bilanénergétique,
ainsiqu’avec
le tauxbutyreux.
Nous avons mesuré l’intensité de ces liaisons intra-indivi- duelles encalculant
pourchaque animal
le coefficient de corrélation entre ces variablesprises
2 à 2, surles 6 valeurs correspondant
aux 6premières
semaines de lactation.Nous avons
également regardé
si ces liaisonspositives
existaientégalement
entre animaux
soit
pour une semaine déterminée dela lactation, première
oudeuxième,
soit pour la moyenne des
6 semaines. I,e tableau
3 donne lescoefficients
de corréla- tion.Les
liaisons
intra-individuelles sontélevées
pour tous les animaux entre la pro-portion
d’acides graslongs
du lait et la teneur en acides gras libres du sang d’unepart,
et la teneur en acides gras libres du sang et le bilanénergétique
d’autrepart,
àl’exception
d’un animal pour cette dernière liaison. La liaison entre teneur en ma-tières grasses et
proportion
d’acides graslongs
du lait estpositive
mais variable enintensité selon les
animaux ;
elle est nonsignificative
pour les 2vaches
auvêlage prématuré.
Les liaisons
inter-individuelles
demeurent très élevées pour les 2premières
liai-sons
ci-dessus ; par
contre, pour la teneur enmatières grasses
et laproportion d’acides
gras
longs,
elle est très faible et nonsignificative,
DISCUSSION
D’après
les résultats de cetteexpérience
nous pouvons avoir laconception
sui-vante sur la sécrétion des matières grasses du lait au début de la lactation : la mobili- sation des réserves
lipidiques
entraînée par un bilanénergétique négatif
et la libéra-tion des
acides
gras libres dans le sangqui
enrésulte, peuvent expliquer l’évolution
de lacomposition
en acides gras desmatières
grasses dulait
et, enpartie,
l’évolution du tauxbutyreux;
cequ’illustre
lafigure
4. Eneffet,
lamobilisation
deslipides
cor-porels
est mise en évidence par la variation dupoids
vif et defaçon beaucoup plus précise par
celle de la teneur en acides gras libres du sang dont la teneur a évolué defaçon
trèsparallèle
aubilan énergétique. Lorsque
le bilanénergétique
a éténégatif
et, en
conséquence,
la mobilisation deslipides corporels importante,
le lait a eu uneteneur
élevée
enacides
graslongs
etinversement.
Cetteliaison
a été observée au cours des 6premières
semainesde
la lactation etdans
l’ensemble pour toutes lesvaches,
que le bilanénergétique augmente
pour lesvaches
normales ouqu’il
dimi-nue pour les autres.
Cette
liaison se retrouveégalement lorsqu’on
compare les vaches entre elles : cellesqui
ont eu undéficit énergétique élevé
et une teneur enacides
graslibres
élevée,
ont sécrété un laitplus
riche en acides graslongs.
Cetteorigine
des acidesgras
longs
àpartir
deslipides corporels
au début dela
lactation aégalement
étémontré chez la truie par
SAi<MON-I<EGAGNBEUR 19 65.
La preuvecependant
ne pour- rait en être donnée que par un marquage des acides gras libres et en suivant la variationdes dépôts adipeux.
L’évolution
du tauxbutyreux,
au cours des 6premières
semaines delactation,
a été
due,
presqueuniquement,
à celle dela
teneur enacides
graslongs
que ce soit pour les vaches normales dont le tauxbutyreux
a diminué en moyenne de 10points,
ou pour les autres dont le taux
butyreux
a peu varié. Eneffet,
la teneur en acides grascourts
n’a pas évolué et celle en acidepalmitique,
assez peu et dans le sens de celle en acidesgras longs.
Enconséquence, d’après l’hypothèse
émise ci-dessus surl’origine des acides
graslongs
dulait,
onpeut
donc penser que les tauxbutyreux,
généralement
élevés auvêlage
et décroissantsensuite,
sont dus à une mobilisation desréserves corporelles
consécutive à une sous-alimentationénergétique importante
au
vêlage
etqui
diminue ensuite.L’origine
des acides graslongs
du lait àpartir
des acides gras libres duplasma
ne
peut
êtreprouvée
par cette étudequi
estsimplement descriptive. Cependant,
lesfortes
liaisonspositives
intra-individuelles etinter-individuelles observées
la rendentprobable,
tout au moinspendant
cettepériode
du début de lalactation.
Le rôle des acides gras libres dans lasynthèse
de matières grasses du lait estconsidéré
commenégligeable
par laplupart
des auteurs(Gi.ASCOC K , 195 8;
BARRY etal., ig63 ;
§ LAS-CELLES et
al., zg6q.),
bien que I,AURyss!NS et al.ig6i)
aientmontré
que lamamelle incorpore rapidement
dans lesglycérides
dulait
le stéarateinjecté
dans le sang sous formelibre
ou encombinaison
avecl’albumine ;
et que HARTMANN et I,ASC!r;r,!s(1964)
et KRONF!I,D( 19 65)
aient observé des différences artério-veineuses d’acides graslibres
pour des teneurssupérieures
à 300fL éq.flitre.
Laplupart
des auteurs ontmontré que ce sont surtout les acides gras estérifiés du sang, sous forme de
chylo-
microns et delipoprotéines, qui
sont lesprincipaux précurseurs des acides
graslongs
du
lait (G I , ASCOC x, zg58 ;
BARRY etC IL., I g63 ; LASCE LL ES, I9 64 ; STORRY
etR
OOK
, 19
6 4 ).
Comme nous n’avons pas mesuré
la
concentrationdes
différentes fractionslipi- diques
du sang il estpossible
que celle-ci aitévolué dans le
même sens quecelle
enacides gras
libres ;
DUNCAN et GARTON(1 9 6 3 )
ontd’ailleurs
observé unelipémie plus élevée après
levêlage qu’avant. Cependant,
HARTUIANN et LAS CELLES( 19 65)
ont observé que
le jour
suivant levêlage,
le taux deslipides sanguins
était relative-ment
faible
alors quecelui
des acides gras libres était très élevé. Onpeut
donc penser que ce sontbien
les acides gras libressanguins qui sont,
au début de lalactation,
lesprécurseurs
des acides graslongs
des matières grasses du lait.La
libération
des acides gras libres dans le sang n’estpeut-être
pas dueunique-
ment à un déficit
énergétique (D ECAEN
etA DDA ,
résultats nonpubliés).
On sait que certaineshormones, l’adrénaline,
leglucagon,
l’hormonesomatotrope, l’ocytocine augmentent
la concentration desacides
graslibres dans
le sang alors que l’insuline l’abaisse(W INKL E R
etal., 19 6 4 , KRONx’!I,D, 19 65, K N O BII &dquo; I g6q.,
BASASSE etRASIO, 19
65). Cependant certaines
hormonesagissant
sur la sécrétion dulait,
telle que laprolactine d’après S2!INB!RG
etV AUGHAN ,
n’auraient pas d’action. Enrevanche,
d’après
WILL1ANS et al.( 19 65)
laprolactine purifiée provoquerait
une libérationd’acides
graslibres
dans le sang. Celle-ci a étéégalement
observée par REISS(1947)
chez la ratte et chez la femme. Il est
possible également
que la libération des acides graslibres dans
la sangprovienne
d’unedisponibilité
englucose
insuffisante(M C C LY -
MONT et
VACANCE, 19 6 2 ) :
les besoins englucose
de la vache laitière en lactation sont élevés(H EAD
etal., 19 6 4 )
et lesapports
deprécurseurs
englucose
sontproba- blement plus
faibles audépart
de la lactation dufait
del’appétit
faible des animaux et de la faibleproportion
d’alimentsconcentrés
dansla
ration.Les résultats de cette
expérience
montrent, sansexclure la possibilité d’une
intervention hormonale
directe,
que l’évolution de la sécrétion des matières grassesau
début
dela
lactationpeut s’expliquer
par les variations du niveau desapports
énergétiques
de la ration. Au cours despremières
semaines la sous-alimentation estfréquente
etdifficile
àéviter ;
elle résulte d’unbrusque
accroissement des besoinsénergétiques qui
sont maximum très tôtaprès
levêlage (JouRN!T
etJ ARRI GE, ig6o)
et d’un
appétit
encore faible(Huxx, 19 6 0 ;
HUTTONz 9 63 ; J O U RNET , résultats
nonpubliés).
Laperte
depoids vif qui
enrésulte serait
surtout due auxlipides corporels (F
LATT
etal., rg6 5 ).
Laperte
depoids
vif de 20kg
que nous avons observée sur les vachesnormales
est tout à fait courante et mêmeinférieure
à cequ’on observe
nor-malement
sur destroupeaux
bien conduits. Dans les conditions dela pratique
lesmodifications de la
composition
du lait devraient encore êtreplus importantes.
Ilserait
cependant
nécessaire pour avoir la preuve que les variations observées de la teneur en acides gras libres du sang chez les vaches en début de lactation sont duesuniquement
à celles du niveauénergétique qu’une expérimentation
soit effectuéeIntérêt du
dosage
des acides gras libres du sang chez les IzuminantsLa mesure de la teneur en acides gras libres du sang par la méthode de DOLE
( 19 6 0
)
est facile etrapide. Elle peut,
de cefait,
être un critèresimple
de la mobilisa-tion des réserves
corporelles
de l’animal et enparticulier
de la vache laitière en début t de lactation. Les variations dupoids
vif en donnent une estimation trèsimprécise.
En
effet,
au début de lalactation,
lepoids
de contenudigestif
croît en mêmetemps
que laquantité
d’alimentingérée (JouRNBT,
résultats nonpubliés).
La
teneur en acides gras libres estsusceptible
de servir decritère
nonseulement
de
l’amaigrissement,
mais aussi del’engraissement
des animaux. Les valeurs quenous avons obtenues
lorsque
les animaux étaient en bilanénergétique équilibré
ontété de 350 à
450 !,éq./1 ;
maislorsque
les vaches ont été en bilanpositif
nous avonsobservé des valeurs inférieures à 100
!;éq./1. Il
est doncpossible
que les teneurs soient d’autantplus
faibles que l’animals’engraisse rapidement. L’estimation
de lalipogenèse
ou de ladipolyse présente
chez leruminant,
etchez
la vache toutparticu- lièrement,
un intérêt d’ordreplus général.
VANSOEST( 19 6 3 )
a attiré l’attention surle rôle des facteurs de mobilisation des réserves
lipidiques
de lavache
pourexpliquer
certaines variations du taux
butyreux,
enplus
du rôle directjoué
parcertains pré-
curseurs
d’origine digestive
desmatières
grasses du lait dontl’acide acétique
enparticulier.
Les relations que nous avons observées entre la teneur en acides graslibres
du sang, laproportion
d’acides graslongs
du lait et le tautbutyreux
confirmentcette
hypothèse.
En
outre,
la détermination de la teneur en acides gras libres du sang doit êtreun moyen très intéressant pour connaître l’orientation du métabolisme
lipidique
de la vache
laitière,
soit vers ledépôt
degraisses corporelles,
soit vers la sécrétion de matières grasses par la mamelle. Celle-ci doitdépendre
de la nature desproduits
terminaux de la
digestion
entrant dans le circuitsanguin
et notamment del’impor-
tance relative des
pools glucose
et acideacétique.
Reçu
pourpublication
enfévrier 19 6 7 .
SUMMARY
CHANGES IN SECRETION OF THE MAIN FATTY ACIDS IN MILK AND THE CONCENTRATION OF FREE FATTY ACIDS IN BLOOD OF COWS AT THE START OF LACTATION
Changes
inlong-chain fatty
acidcomposition
of milk fat and the contents of freefatty
acidsin
plasma
were studiedduring
the first 6 weeks of lactation in 9cows fedcorrectly.
At the same timechanges
inyields
of butterfat and milk and its fat content, and in energy balance andliveweight
werefollowed.
Seven cows
(A)
had calvednormally,
but because of theirhigh
milkyield they
were underfedduring
the first weeks of lactation.By
contrast, 2cows(B)
which had calvedprematurely produced
little milk at the start of lactation and were overfed.
i.
Fatty
acidcomposition
of milk fatchanged considerably.
For the(A)
cows theproportion
of
long-chain fatty
acids(C, 8 :
o + ClS :i)
fell, from3 6
to 27per
cent from the first to the sixthweek of lactation. That of short-chain
fatty
acids(C 6
toC 14 )
increased from 17.1 to 24.9 per cent.The
proportion
ofpalmitic
acidchanges
little. For the(B)
cows thechange
was different ; inparti- cular,
theproportion
oflong-chain fatty
acids increased(table
i.fig. i).
2
. The free
fatty
acid content ofplasma (NEFA)
increasedgreatly
atcalving.
It thenchanged
in all cows in the same way as the
proportion
oflong-chain fatty
acids in milk fatchanged.
For the(A)
cows it was from 3 to5
times less in the sixth than in the first week of lactation. For the other cows it doubled between the first and the sixth week(table
2,fig.
2and4 ).
3
. The
changes
incomposition
of milk fat seemed to be due to mobilization oflipid
reserves, which was well demonstratedby
theparallel changes
inliveweight,
energy balance and thelong-
chain
fatty
acid content of milk seen in the same animal and also among animals(table
3,fig.
3 andq ).
4
. The fat content of the milk of most of the cows
changed
in the same way as thelong - chain fatty
acid content of milk but the relation of these two variables among individuals was weak(table
3,fi g . 3).
5
. The free
fatty
acids inplasma
may beimportant
precursors of milk fat at thebeginning
oflactation. In a more
general
way theirstudy
in themilking
cow seems to beparticularly interesting especially
to increase theunderstanding
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