LES ACIDES GRAS TRANS DU BEURRE
I. - ISOLEMENT ET DOSAGE
par Simonne KUZDZAL-SAVOIE
J. RAYMOND
Station centrale de Recherches laitières et de
Technologie
des Produits animaux,Centre national de Recherches
zoolechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Une méthode de dosage direct et
pondéral
des acides gras trans du beurre est décrite.Cette méthode fait successivement appel à la chromatographie sur colonne et sur couche mince,
à la
spectrophotométrie infrarouge
et à lachromatographie
enphase
gazeuse.La teneur élevée en acides gras trans du beurre
fabriqué pendant
lapériode
depâturage
est confirmée.
Des observations nouvelles concernant la
configuration
dequelques
acides gras monoènes mineurs sont indiquées.I. - INTRODUCTION
A.
Ra!pel
des connaissances concernant les acides gras trans du beurre I,e beurre contient une certaineproportion
d’acides gras trans. Parmi ceux-ci,
l’acidevaccénique (trans-octadécène-II-oïque), pondéralement
leplus important,
est le
plus
connu.Dans une revue
déjà ancienne,
consacrée aux acides mineurs dubeurre,
SHOR-LAND et HANSEN
(1 957 ),
ontrappelé
l’essentiel de nos connaissances concernant l’acidevaccénique.
Des informations relatives à l’ensemble des acides gras trans du beurrepeuvent
être trouvées dans l’étude récente de HIr,DITCH et WILLIAMS(I964) !
De nombreux auteurs ont mis en évidence la teneur différente en acide vaccé-
nique
des beurres d’été et des beurres d’hiver. I,es valeursindiquées
varient selon les auteurs : 1,1à 4,7 p. 100(GROSSF!I,D
etS IMM E R , I93o), I,8
à 3,9p. Ioo(B R ouwFR
et
] ONK E R -SC H EFFENER, I9q.6),
0,3 à 3,5 p. 100(KUZDZAI,-SAVOI!, 19 64).
A côté de l’acide
vaccénique,
existent d’autres acides gras trans dans le beurre.Quelques-uns
d’entre eux sont connus. Parmi les acides gras trans monoènes à 18 atomes de
carbone,
GUPTA et al. ontsignalé
dès ig5o, l’existence de l’acide trans-octadécène-io-oïque
et en io53, CORNWELLet al. ontsoupçonné
laprésence
d’autresisomères de
position ;
en195 8,
BACKDERF et BROWNont décelé l’acide trans-octa-décène-i6-oïque, présent
dans le beurre selon ces auteurs à un taux voisin de i à2 p. 100 des acides gras totaux. Cet acide a été ultérieurement isolé et étudié par H
ANS E
N et COOKE
( 19 61).
S
MITH et al. ont montré dès 1954
qu’une
fraction des acides monoènes à1 6,
14 et 12 atomes de carbonepossédait
laconfiguration
trans. En195 8,
BACKDERFet BROw:V ont
précisé
que la double liaison de l’acide monoène trans à 16 atomes de carbone étaitplacée
sur le carbone 9 et que cet acidereprésentait
0,4 p. 100 des acides gras totaux.SC O
TT et al.
(rg5g), puis
HERB et al.( 19 6 2 )
ont confirmé l’existence des acides monoènes trans à 12, 14 et 16 atomes de carbone.Des acides gras trans existent
également parmi
les acides graspolyènes
dubeurre. SMITH et
JACK ( 1954 )
ont établi que l’acide dièneconjugué,
étudié ultérieu- rement et à diversesreprises
par différents auteurs(cf.
RIEL,19 6 3 ), possède
lesconfigurations
cis-trans et tvans-tvans, lapremière configuration
étantprépondé-
rante.
Parmi les acides diènes non
conjugués
à 18 atomes de carbone SAMBASIVARAO et BROWN(rg62)
ont montré l’existence d’acides diènes cis-trans ettrans-cis,
iso-mères de l’acide
linoléique
etégalement
d’acides cis-trans et tvans-cis diènes à doubles liaisonsplus éloignées.
Ainsi l’ensemble des acides gras trans du beurre est d’une
grande complexité.
Le taux
global
des acides gras trans du beurre a été déterminé parplusieurs
auteurs. Ce taux
varie,
comme le taux d’acidevaccénique,
en fonction de la saison.Il est
plus
élevépendant
lapériode
depâturage
quependant
lapériode
de stabu-lation. Les taux suivants ont été
signalés
par les auteurs : 3,5 à 8 p. 100 selon CORN-W E
LL et al.
(rg5 3 ),
2 à 9 p. 100 selon KAUFMANN et aL.(ig6i)
et 7,7 à 14,9 p. 100 selon GALOPPINI et I,oPPr(rg64).
B. Méthodes d’étude des acides gras trans
a)
Méthodes dedosage.
Différentes méthodes ont été utilisées pour doser soit l’acide
vaccénique,
soitles isomères trans totaux.
Le sel de
plomb
de l’acidevaccénique possède
lapropriété
d’être insoluble dans l’alcoolacétique,
comme les sels deplomb
des acides saturéspossédant
14(ou plus)
atomes de carbone. La détermination de l’indice d’iode du groupe « acides saturés» permet
ainsi undosage
indirect de l’acidevaccénique
du beurre(GROSSF!!,D
et
S IMM E R ,
rg3o ; GEYER etal.,
1947 ; BROUWER etJO NK ER-SC H EFFE N E R , rgq6).
Une autre méthode de
dosage
consiste à utiliser laspectrophotométrie
infra-rouge en vue du
dosage
des liaisons trans(S W E RN
etal.,
1950 ;A MA T,
1953 ; A. O. C. S.Tentative
method, 1959 ).
Cetteméthode,
basée sur uneabsorption caractéristique
à
g68
cm-1( 10 , 35 5 >) , permet
de déterminer lepourcentage
de liaisons trans isoléessans
cependant distinguer
si celles-ciproviennent
d’acides monoènes ou d’acidesdiènes. L’observation du
spectre permet cependant
de déceler l’existence de liaisons transconjuguées.
En effet SCOTT et a[.( 1959 )
ont récemmentrappelé qu’une
banded’absorption
à9 88
cm-1 et un doublet àg 4 8
etg 8 2
cm-1indiquent
laprésence
dediènes
conjugués
trans-trans et de diènesconjugués
cis-trans,respectivement.
I,’utilisation de la
spectrophotométrie infrarouge
en vue dudosage
des acidesgras trans,
présente
un intérêt limité dans le cas du beurre. Eneffet,
d’unepart
letaux de trans étant faible et
parfois
très faible(quelques
p.100 )
laprécision
du do-sage n’est pas très bonne et d’autre
part,
aucune information n’est fournie sur la nature des acides gras trans. CORNWEU et at.(rg 53 ),
SMITH etJACK (1954),
BACK-DERF et Bxowv
( 195 8),
HERB et al.( 19 62)
et 7!!M.w( 19 6 4 ) qui
ont utilisé la spec-trophotométrie infrarouge
à l’étude des acides gras du beurre l’ontappliquée
àl’étude de fractions
déjà
enrichies en certains acides trans. Ces fractions étaient obtenues en utilisant diversestechniques
deséparation
telles que la cristallisation fractionnée à bassetempérature,
la formation descomplexes
avecl’urée,
la chro-matographie
enphase
gazeuse avecrécupération
des fractionsséparées.
b)
Méthodes d’isolement.Celles-ci sont basées sur la
propriété
quepossèdent
les isomères trans de for-mer avec les sels
d’argent
descomplexes plus
instables que les isomères cis.Ce
principe
a étéappliqué
pour lapremière
fois par NICHOLS( 1952 )
à lasépa-
ration
quantitative
de l’oléate et de l’élaïdate deméthyle
au moyen de la méthode de distribution à contre-courant.DE VRIES
( 19 6 2 , 19 6 3 )
a réalisé uneséparation
semblable(acides stéarique, élaïdique
etoléique)
sur colonne desilicagel imprégné
de nitrated’argent.
Simul-tanément,
lachromatographie
sur couche mince s’est révéléeapte
àséparer
effica-cement les isomères
stériques
monoènes oupolyènes (M ORRIS , ig62 ;
DE ‘’RWSet
J URRI ENS, ig63 ;
deJonG
et van der W!!.,rg64).
c)
Méthode mixte d’isolement et dedosage.
La
chromatographie
enphase
gazeuse, utilisée dans les conditions courantes, c’est-à-dire en utilisant des colonnestraditionnelles,
nepermet
pas d’isoler les iso- mèresgéométriques
d’un acide gras ou trèsdifficilement; cependant
en utilisantdes colonnes
capillaires,
laséparation
des isomèresgéométriques
est nettementplus
aisée. LITCHFIEI,D et al. ont récemment( 19 6 3 ) présenté
une mise aupoint
surcette
question.
En
19 6 1 ,
PATTON aprésenté
desanalyses
d’estersméthyliques
des acides gras du beurre sur colonnecapillaire
danslesquelles
l’acidevaccénique apparaît
par- faitement isolé. Il serait doncpossible
d’utiliser lechromatogramme
obtenu en vuedu
dosage
de l’acidevaccénique. Cependant ―
à notre connaissance - aucune étudesystématique
de l’acidevaccénique
du beurre(établissement
des variations sai- sonnières du taux de cet acide dans lebeurre,
parexemple)
n’a été effectuée en uti-lisant cette méthode.
La méthode que nous avons utilisée pour étudier les isomères trans du
beurre,
est à peu de chose
près
la méthode décrite par DE VRIES( 19 6 3 ) ;
nous l’avons ce-pendant complétée
par l’utilisationconjointe
deplusieurs
autrestechniques.
Nous décrirons en détail le
procédé expérimental
utilisé.II. -
MÉTHODE D’ÉTUDE UTILISÉE
La méthode d’étude utilisée est une
juxtaposition
deplusieurs
méthodes : les acides gras trans sont isolés parchromatographie
de partage sur colonne, le fractionnement est suivi par chroma-tographie
sur couche mince, laconfiguration stéréochimique
est vérifiée parspectrophotométrie infrarouge
et lacomposition
des acides gras trans isolés est déterminée parchromatographie
enphase
gazeuse.L’utilisation de la
chromatographie
sur couche mince en vue de contrôler l’efficacité de la co-lonne est
indispensable,
car selon lesproportions
relatives d’acides saturés ou insaturés trans et cis dans lemélange
dedépart
et selon diverses conditions inhérentes à lachromatographie
sur co-lonne elle-même
(notamment
le débit d’écoulement dusolvant)
le fractionnement n’est pas abso- lumentreproductible.
La
chromatographie
sur colonne permet de travailler avec unequantité
environ cent fois su-périeure
enproduits
dedépart
à laquantité qui pourrait
être utilisée enchromatographie
sur couche mince ; elle permet aussi d’obtenir une meilleure résolution, lors de laséparation
des acides saturéset des acides insaturés trans.
Nous décrirons
rapidement
les quatretechniques expérimentales
utilisées.A. La
chromatographie
sur couche wirccei.
Préparation
desplaques.
La
composition
dumélange
utilisé pour le revêtement de troischromatoplaques
de 20 cm X20
cm
(couche
de o,5 mmd’épaisseur)
a été la suivante :silicagel
30g, nitrated’argent
10g, eau distillée 60ml.Les
plaques
ont été séchéespendant
i h 30à latempérature
ambiantepuis
activées par chauf-fage 1 h à 1I00C,
quelques
heures avantl’emploi.
2 .
Dépôt.
Pour
chaque dépôt
on a utilisé 10!41
de solutions d’esters de référenceà j
p. 100 dansl’oxyde d’éthyle
(esters purs ou mélanges) ou 10!1
de solutions d’esters decomposition
inconnue prove- nant du fractionnement sur colonne.La
figure
i donne unexemple
deséparation
àpartir
d’estersméthyliques
d’acides purs :oléique vaccénique
etélaïdique.
3
.
Développement.
On a utilisé le
mélange
benzène,oxyde d’éthyle ( 90 :
10, v/v). La durée dudéveloppement
aété d’environ une heure.
4. Révélation.
La révélation à l’iode a été
généralement
utilisée(fig.
i) (laplac l ue
étantplacée
trente minutessous une cloche en verre abritant des cristaux d’iode
placés
dans unpetit cristallisoir). Cependant
on a souvent utilisé la révélation par
pulvérisation
d’une solution de dichlorofiuorescéine(à
o,2 p. ioodans
l’éthanol)
suivie d’une observation sous lumière ultra violette(lampe
de Wood). Cette révéla- tion apermis
de déceler les tachescorrespondant
aux acides saturés.L’utilisation successive sur la même
plaque
des deuxsystèmes
de révélation s’est montrée in- téressante : on observe alors en lumière normale des taches jaune-vert ou brunâtres pour les acides insaturés etjaune
ocre pour les acides saturés sur fond rosâtre.I3. L2
chromatographie
sur colonnei.
Préparation
de la colonne.On a utilise une colonne d’acide
silicique imprégné
de nitrated’argent,
préparée selon la techni- que décrite par DE VRIES (c963).L’adsorbant a consisté en 100g d’acide
silicique suspendus
dans 200ml d’une solution aqueuse de nitrated’argent
à 5o p. 100. Lemélange
a été chauffé à 1000Cpendant
trente minutespuis
re- froidi. filtré sur Buchner et séché à zzo!Cpendant
16 heures. Il a été ensuitebroyé
dans un mortierau moment de l’emploi.
La colonne utilisée mesurait 20 cm de hauteur et i¢ mm de diamètre. Elle a été
remplie
avec10g d’adsorbant
silicique imprégné
de nitrate d’argent et 5g de Célite 545(jouant
un rôle d’aide-filtrant) mélangés
au mortier, et mis ensuspension
dans 5o ml d’éther depétrole (p.
e. 40-60°C).Le débit a été d’environ 20à 22 gouttes par minute.
2
. Fractionnement.
La
séparation
a été effectuée àpartir
d’environ ioo mg d’estersméthyliques
dissous dans l’éther depétrole (p.
e. 4o-6ooC).L’élution a été effectuée à l’aide des solvants suivants : 10ml d’éther de
pétrole (p.
e.40 -6o o C),
20
ml des
mélanges éther depétrole/benzène
à 10p. 100, 15 5 p. 100, 20p. 100, 30 p. 100et 50 p. 100 de benzène, enfin 40 à 60ml de benzène pur.On a recueilli des fractions de 3ml dans des tubes numérotés, en évitant tout chevauchement de solvant.
Après évaporation
presque totale du solvant contenu dans chacun des tubes, une très faible fraction( 10 !1)
du contenu a étédéposé
sur lesplaques
recouvertes desilicagel imprégné
de nitrated’argent.
On a
déposé
en même temps unmélange
témoincomposé
d’acidestéarique,
d’acidevaccénique
et d’acide
oléique.
3
.
Développement et
révélatiovz.Les
plaques
ont étédéveloppées
dans le solvant benzène-étheréthylique ( 00/10 ).
Les tubes ont été réunis en trois groupes correspondant aux acides saturés, insaturés tyans et insaturés cis. Après
évaporation
totale du solvant et pesée, les fractions obtenues ont été soumises à l’étude parspectrophotométrie infrarouge
et parchromatographie
enphase
gazeuse.C.
spectrophotométrie infrarouge
On a utilisé un
spectrophotomètre
l’erkin-Llmer 21, à double faisceau,équipé
d’unprisme
de chlorure de sodium. Les spectres ont été obtenus soit à
partir
de solutions à 10p. 100de matièregrasse de beurre dans le tétrachlorure de carbone, soit à
partir
des fractions d’estersméthyliques
isolées par
chromatographie
sur colonne etdéposées
sous forme de films sur les fenêtres de chlorure de sodium.D. La
chromatographie
enphase
gazeuseOn a utilisé un
Aerograph
IIy Fi-6oo à détecteur à ionisation de flamme. On a successivement analysé les fractionsséparées :
acides saturés, insaturés trans et insaturés cis. Une attention par- ticulière a été portée à lacomposition
des estersméthyliques
des acides gras isomères tvans.III. - APPLICATION AU DOSAGE
DES ACIDES GRAS «TRANS>i DANS LE BEURRE
Trois échantillons de beurre ont été soumis à
l’analyse.
On a choisi des échan- tillons de la mêmeorigine (Échiré, Deux-Sèvres)
maisfabriqués
à despériodes
diffé-rentes de l’année : mars, avril et mai
r96!.
Lepremier
échantillon(N,)
était unbeurre d’hiver
caractéristique,
à indice d’iode bas( 29 ,6)
et le troisième(T 13 )
unbeurre
caractéristique
deprintemps,
c’est-à-direfabriqué
àpartir
de laitprovenant
de vaches vivant au
pâturage :
l’indice d’iode de ce beurre était relativement élevé : 39,0. L’échantillonNl l correspond
à un beurrefabriqué pendant
unepériode
intermédiaire
(indice
d’iode :3 8,5).
A. Résultats de
l’analyse chromalo graphique
sur colonneet sur coasclae minee
1
. Déroulement de
l’analyse.
La
proportion
d’acides trans dans le beurre est faible.Cependant
l’élution des esters saturés étantrapide,
les esters transapparaissent généralement
assez bienisolés. 1,’élution des esters insaturés cis est par contre
plus longue.
La
figure
2 montre unechromatographie
surlaquelle figurent
les estersisolés,
à
partir
du beurreNg.
La tachecorrespondant
aux esters d’acides insaturés transse
place
nettement au-dessus de la tachecorrespondant
aux esters d’acides insaturéscis,
et au niveau des esters d’acidesvaccénique
ouélaïdique.
La
figure
3représente
l’élution successive des estersméthyliques
des acidessaturés,
insaturés trans et insaturés cis du beurreN u .
2
. Résultats
pondéraux.
Les résultats des diverses
analyses
effectuées sur les trois échantillonsN 9 , N u
et
T 13
sontprésentés
dans le tableau i.Malgré
unerécupération incomplète
des estersplacés
sur la colonne -qui s’explique
enpartie
par laperte
au cours desopérations analytiques
des estersméthyliques
d’acides gras à baspoids moléculaire,
-- la méthode utiliséepermet
bien l’isolement et ledosage pondéral
des acides gras trans du beurre. Une diffé-rence très nette dans la
proportion
des acides gras transapparaît
entre les échantillons choisis. Cetteproportion
est faible en hiver(beurre
demars),
voisine alors de2 ,
5 p. 100 des esters totaux, et est
beaucoup plus
élevée pour l’échantillon de beurrecorrespondant
à lapériode
depâturage, atteignant
7,5 p. 100 des esters totaux.B. Résuttuts de l’anulyse
par spectrophotométrie
Dans les mêmes conditions de
dilution,
la banded’absorption
à10 , 3 6
!t estplus
forte pour le beurreT 13
que pour le beurreN 9
confirmant ainsi la teneurplus grande
en acides gras trans du beurreT r3
que du beurreN,.
Les
spectres infrarouges
des fractions d’esters isolées parchromatographie
surcolonne ont été
examinés ;
laportion
de cesspectres comprise
entre 10 et m !. estreprésentée
sur lafigure
4. Seule la fraction « acides trans »présente
uneabsorption
àio,
3
6
[J..La
spectrophotométrie infrarouge permet
de confirmer l’isolement des esters d’acides insaturés irans du beurre. Lacomposition
des groupes d’esters isolés a été ensuite étudiée parchromatographie
enphase
gazeuse.C. RésuLtats de
l’analyse par chromatographie
enphase
gazeuseI,’analyse
parchromatographie
enphase
gazeusepermet
non seulement de con- naître lacomposition
des groupes d’esters isolés mais ellepermet
aussi de vérifier l’efficacité de laséparation.
Cettetechnique permet
ainsi une évaluation desimpu-
retés.
On a
porté
dans le tableau 2 lesproportions
relatives des acidesmajeurs
destrois échantillons de beurre. On retrouve les différences bien connues
qui distinguent
les beurres de
printemps
des beurres d’hiver : les beurresN u
etT 13
contiennentplus
d’acide
stéarique
et d’acideoléique
que le beurreN 9 .
Celui-ci contientdavantage
d’acide
palmitique.
I,a
figure
5 montre larépartition
des acides gras du beurreT 13
dans les frac- tions « acides saturés », et « acides insaturés cis ».I,’analyse
parchromatographie
en
phase
gazeuse des fractions « acides insaturés trans » des beurreT 13
etN l
est
présentée
sur lafigure
6.Dans le groupe des « acides trans », l’acide
vaccénique
est le constituantmajeur.
On relèvecependant
laprésence
constante de l’ester d’un acide insaturé à 16 atomes de carbone.Compte
tenu du fait que lerapport C U ;: I/ C I6 :11
est d’autantplus
élevé que lapureté
des acides tvans estplus grande (moins
deC I4:0 ,
parexemple),
on
peut
affirmer que l’on est enprésence
de l’acide insaturé tvans à 16 atomes de carbone. Parailleurs,
laprésence également
constante de l’acide insaturé à zj atomes de carbone dans les acides transpermet
de penser que cet acidepossède préféren-
tiellement la
configuration
tvans. Par contre, on ne décèle que peu d’acide insaturé à 14 atomes de carbone dans les acides trans.Dans les acides insaturés cis on relève à côté de l’acide
oléique
les acides monoènes à rq. et 16 atomes de carbone ainsi que laprésence
constante dupic correspondant
à l’acide monoène à 17 atomes de carbone. Dans une étude consacrée à cet
acide, H
ANSEN
,
SHOx!,nND et COOKE( 19 6 0 )
ont établi la structure cis de cet acide. Unefraction mineure de cet acide est
cependant
souvent observée dans les acides tyans.L’observation
deschromatogrammes
des estersméthyliques
des acides saturés et insaturés montre unerépartition spécifique
des esters selon leurinsaturation,
maiscette
répartition
n’est pas idéalepuisque
des traces d’acides saturés se retrouvent dans les insaturés. Ils’agit principalement
d’acides àpoids
moléculaire moyen oubas, qui,
on lesait, présentent
sur colonne ouplaque
d’acidesilicique
uneplus grande polarité.
Lescomplexes qu’ils
forment avec les selsd’argent peuvent
aussi êtreplus
stables que ceux formés par les acides àplus longue
chaîne.Un
point
a retenu notre attention : on décèle unépaulement
sur lapartie
descen-dante du
pic correspondant
à l’acidevaccénique.
Letemps
de rétention de l’acidequi correspondrait
à cetépaulement
est intermédiaire entre letemps
de rétention de l’acide monoène à 18 atomes de carbone et letemps
de rétention de l’acide lino-léique,
comme le montre un essai d’identification basé sur la mesure dutemps
de rétention en fonction du nombre d’atomes de carbone et dudegré
d’insaturation des acides(fig. 7).
IV. - DISCUSSION
A la différence des méthodes
jusqu’à
maintenant utilisées en vue de déterminer le taux des acides gras tvans dans lebeurre,
la méthode décrite et utilisée dans cetravail
permet
undosage
direct etpondéral
des acides gras trans.Les taux d’acides tvans totaux que nous trouvons dans le
beurre, s’alignent
sur les taux
signalés
antérieurement par divers auteurs(B A C KD E R F
etBROw!r,
zg53 ; 1 KauxMa:!:v etal., 19 6 2 ).
Par contre, les tauxsignalés
récemment par les auteurs italiens(G ALOPPINI
et LOTTI,19 6 4 ) apparaissent comparativement
très élevés.Le taux des acides gras tvans dans le beurre semble lié aux conditions d’alimen- tation des vaches laitières. Certaines indications
permettent
de penser que laquantité
d’acide
linolénique présent
dans la ration constitue le facteur essentiel(cf.
KuzDZAi.-S
AVOI T, 19 64).
I,a
présence
des acides trans dans le lait de vache est encoreimparfaitement expliquée.
S’ilapparaît probable
que cetteprésence
est enrapport
avec l’existenceau niveau du rumen d’un
phénomène d’hydrogénation
dont les bactéries sont respon-sables,
etqui porte
sur les acidespolyinsaturés
de la ration(S HORLAND
etal.,1 957 ), l’origine
même de l’acidevaccénique
et des autres acides gras tvans est encore mal définie.On a cherché à
interpréter l’épaulement
observé sur lapartie
descendante dupic
de l’acidevaccénique,
lors del’analyse
parchromatographie
enphase
gazeuse des insaturés tvans.Si le
comportement
de l’acide dièneconjugué
surgel
de siliceimprégné
de nitrated’argent (DE
VRIES etJURRIE-!S, ig6 3 ;
delowc
et van der iVEL,19 6 4 ) permet
de penser que cet acide a pu se trouverincorporé
aux tvansmonoènes,
son compor- tement enchromatographie
enphase
gazeuse sur colonne de succinated’éthylène glycol
suffit à infirmerqu’il puisse correspondre
àl’épaulement
observé. Letemps
de rétention de l’acide dièneconjugué
est en effet nettementplus
élevé que letemps
de rétention de l’acidelinoléique (M A GiDMAN
etal., 19 6 3 ;
LITCHFIELDetal., rg62).
Parmi les acides diènes non
conjugués,
seul l’acide diène trans-trans,qui,
à la foissur couche mince de
gel
de siliceimprégné
de nitrated’argent
et sur colonne(capil- laire)
de succinate dediéthylène glycol précède
l’acidelinoléique (LncHFIELD
etal., ig62) pourrait
être retenu.Cependant,
SAMBASIVARAOet Bxowrr(rg6z),
dans l’étude consacrée aux acides graspolyènes
du beurre n’ont pas décelé cet acide dans le beurre. Il semble donc nécessaire de rechercher une autreinterprétation.
Il existe unequantité
notable dans le beurre(i
à 2 p. 100 des acides totaux selon BACKDERF et BROWN( 195 8)
et o,2 p. 100 selon HANSEN et COOKE( 19 6 1 )),
d’un acide trans monoène à 18 atomes de carbone dont la double liaison est située sur le carbone 16.Le
temps
de rétention de cet acide a ététrouvé par
HANSENet COOKE( 19 6 1 ) légèrement supérieur
autemps
de rétention de l’acideélaïdique,
sur colonned’adipate
depolydiéthylène glycol,
et récemment HANSEN( 19 6 3 )
a confirmé lecomportement caractéristique
de cet acide.Cependant
les conditions deJ’analyse
parchromatographie
enphase
gazeuse utilisées par HANSEN et COOKE(ig6i)
et HANSE;( 19 6 3 )
sontlégèrement
différentes de celles que nous avons nous-mêmes utilisées. Seule une étude de structure des acides trans isoléspermettrait
de confirmer ou d’infirmerl’hypothèse
selon la-quelle l’épaulement
observé serait dû à l’acidetvans-octadécène-r6-oïque.
Reçu pour
publication
enjuillet 19 65.
REMERCIEMENTS
Ce travail a bénéficié d’une subvention du Comité de Butrition de la
Délégation générale
à la Recherche
scientifique
àqui
nous adressons nos remerciements.D’autre part, nous remercions
également
M. MOCQVOT, directeur de la Station centrale de Recherches laitières et deTechnologie
des Produits animaux et M. PAQLTOT, directeur du labora- toire deLipochimie
(Centre national de la Recherchescientifique)
pour les conseilsqu’ils
ont bienvoulu nous donner au cours de ce travail.
SUMMARY
THE « TRANS &dquo; FATTY ACIDS OF BUTTER. i. ISOLATION AND ESTIMATION
In the introduction
knowledge
of the transfatty
acids for butter is reviewed. Most is known about vaccenic acid(trans
octadecen-i i-oic) whichby
weight is the mostimportant.
Other monoenetrans acids also have been
reported (trans
octadecen-io-oic, trans octadecen-i6-oic, transhexadecen- 9
oic) as well aspolyene
trans acids.The vaccenic acid content and the content of total trans
fatty
acids varies with the season, and the maximum and minimum values establishedpreviously
are recalled.After a critical
study
of the methods used up to the present for estimation of the transfatty
acids of butter a new method is described in detail for the isolation and
quantitative
estimationby weight
of the acids. This methodsuccessively employs
columnchromatography
andthin-layer chromatography (silica gel impregnated
with silvernitrate),
infra-redspectrophotometry
and chro-matography
in a gaseous phase.By
this method transfatty
acids were estimated in a limited number (3)samples
of buttermade before,
during
and after cows had been changed from winter feeding to pasture. The transfatty
acids were 2.2 per cent of total
fatty
acids of butter made in March, when the cows were in stalls, and 7.0 per cent inMay
whenthey
were on pasture.The study of the trans acids
by
gaschromatography
seemed to show that the transconfigu-
ration
predominated
for the monoene acid with f5 carbon atoms, while thatconfiguration
wasonly
about i5 per cent of the monoene acid with 16 carbon atoms and theproportions
were evenless for the acids with 14 and 17 carbon atoms.
The behaviour of the trans octadecen-i6-oic acid
during
gaschromatography
is discussed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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