UTILISATION DES POMMES DE TERRE DESHYDRATÉES
ET FRAICHES DANS L’ALIMENTATION DU PORC EN CROISSANCE, EN COMPARAISON AVEC L’ORGE
Y. HENRY A. RÉRAT
J.-P. TURC, H. BOUSQUET, P. JORRO P. VAUGELADE Station de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs,Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
SOMMAIRE
L’emploi
des pommes de terredéshydratées
et fraîches dans l’alimentation du porc en crois- sance, par référence à unrégime
à based’orge,
a faitl’objet
de deuxexpériences
réalisées, l’uneen lots et l’autre en cages de
digestibilité.
Lorsque les animaux sont nourris suivant unsystème
L EHMANN
modifié comportant l’administration de 1500g d’un aliment concentré contenant z 7 p. 100 de matières azotées totales en complément de pommes de terre ou
d’orge
à volonté, les meilleuresperformances
de croissance sont réalisées par le lot recevant lerégime
à based’orge
seule.Cependant,
dans le cas d’administration de pommes de terre fraîchement cuites, l’indice de consommation
exprimé
enkg
de matière sèche parkg
degain
estcomparable
à celui obtenu avecl’orge
et les car-casses sont
plus maigres.
La consommation de pommes de terre selon ce mode de rationnementreprésente
environ 40 p. 100de la consommation totale de matière sèche. Par ailleurs, l’introduction de pommes de terredéshydratées
dans lerégime
provoque, par rapport aux tubercules frais, desperformances
moindres en cequi
concerne à la fois la vitesse de croissance, l’indice de consommation et laqualité
des carcasses. La valeur de remplacement duproduit déshydraté
est de o,8kg d’orge (ou
UF) parkg
contre 0,27kg d’orge
parkg
dc tubercules frais(soit respectivement
0,0 et i,i UF par kg de matière sèche) ; on peut toutefois penser que la moindre valeur duproduit déshydraté
par rapport au produit frais est due au moins partiellement à une préparation défectueuse
(absence
de
lavage
des tubercules, surchauffe au moment de ladéshydratation).
!-
INTRODUCTION
L’existence
d’excédentsplus
ou moinsimportants
de pommes de terre dans leszones
spécialisées
deproduction
a conduit à rechercher une solution commode en vue de leur utilisation en alimentationanimale,
etplus particulièrement
dans l’ali- mentation du Porc. C’est ainsiqu’il
a étéenvisagé
deprocéder
à leurdéshydratation.
Cependant,
onpeut
se demander si une telletechnique permet
de conserver l’inté-gralité
de la valeur nutritive duproduit
initial. Laprésente
étude aprécisément
pour
objet
de déterminer la valeur alimentaire des pommes de terredéshydratées
et leur limite
d’utilisation,
encomparaison
avec les pommes de terre fraîchement cuites et un aliment concentrécomplet
à based’orge.
TECHNIQUES !XPÉRIM!NTAI,!S
ETMATÉRIEL UTILISE
Au cours du
premier
semestre de l’année 1965, il a étéprocédé
à deuxexpériences,
lapremière
en lots, la deuxième en cages de
digestibilité,
portant sur l’étude comparée del’emploi
des pommes de terredéshydratées
et fraîches dans l’alimentation du porc en croissance.Les deux lots de pommes de terre
déshydratées
et fraîchesproviennent
d’une même récolte ; ils’agit
degrenailles
de la variétéBintje.
Ladéshydratation
a été réalisée par les soins de l’Instituttechnique
de la Pomme de Terre, à l’aide d’un séchoir à luzerne de type rotatif ; les tubercules, non lavés etbroyés
à l’état de finesparticules
de 3 à 5 mm, sont soumis au cours de leurprogression
dans
l’appareil
à unetempérature
variant entre 600°C à l’entrée et120 - I50 0 C
à la sortie. Leproduit
obtenu
(i kg
pour 5kg
de tuberculesfrais)
seprésente
sous la forme d’unepoudre grossière
decouleur brun noirâtre,
qui
semble avoir subi un début de calcination à la suite d’une chauffe irré-gulière. Après
passage dans unbroyeur
à marteaux, ceproduit
est réduit à l’état d’unepoudre
fine
qui
se mélange facilement au reste de la ration.Quant
aux pommes de terre fraîches, conservéessur caillebotis pendant toute la durée de
l’expérience,
elles sont cuites à la vapeur au fur et à mesuredes besoins à l’aide d’un cuiseur
électrique.
W
Expérience
en lots(A)
Trois lots de 13 porcs de race
Large
White, dont 6 mâles etfemelles,
d’unpoids
moyen initial de 30kg et provenant du troupeauexpérimental
deJouy-en-Josas,
sont constitués en tenant compte du sexe, del’âge
et dupoids.
Ils sont élevés en loges individuelles et nourris selon lesystème
LEH-MA NN
; les
quantités
d’aliment concentré azoté etd’orge
sont déduitesd’expériences
antérieuressur les betteraves à haute teneur en matière sèche
(RÉ RAT
et HENRY, 1964, 1965a etb) : pratique-
ment on distribue
chaque jour
300 g d’un aliment concentré azoté renfermant 44 p. 100de matières azotées totales et, suivant les lots :- I : de
l’orge
volonté,- II : 1 200 g
d’orge
et des pommes de terredéshydratées
à volonté, dès que les animauxingèrent
la totalité de leur ration concentrée.- III : 1 200 g
d’orge
et des pommes de terre fraîches à volonté dans les mêmes conditions queprécédemment.
Le concentré azoté,
l’orge
et les pommes de terre sont administrés en 3 repas courts de 20à 30minutes. Les aliments secs sont mélangés avant la distribution et humidifiés, à raison de 3parties
d’eau pour une
partie
d’aliment. Dans tous les cas, les animauxreçoivent
de l’eau à volonté.Au cours de la croissance, il est
procédé
à lapesée
des animaux à intervallesréguliers (tous
les14
jours)
et àl’enregistrement quotidien
desquantités
de nourriture consommées. Les animaux sont abattus aupoids
de 100kg ;
les modalitésexpérimentales
concernant ladécoupe
des carcasseset les critères retenus ont été décrits dans une
publication
antérieure(RÉR AT
et HENRY,19 6 4 ).
2
°
Expériences
en cages dedigestibilité (B)
Six porcs mâles castrés, de race Large White et d’un
poids
moyen initial de 40,2kg,
sontplacés
en cages de
digestibilité
et soumis, par groupe de 2, à l’un des trois traitementsprécédents (I,
II,III),
suivant le
dispositif
du carré latin, afin d’estimer la valeur d’utilisationdigestive
des éléments éner-gétiques
et azotés de chacun des trois aliments par la méthode de la différence(tabl. i).
Au cours d’une
première période
de 14jours,
les animaux reçoiventquotidiennement
i 500 g d’unrégime
de base (RB)composé
de 300 g de concentré azoté et i 20o gd’orge.
Pendant les3 pé-
riodes suivantes, de même durée que la
précédente,
on distribue, enplus
durégime
de base, unequantité équivalente
de matière sèche de chacun des trois aliments : soit 800 gd’orge (traitement I),
8 0
o g de pommes de terre
déshydratées (traitement II)
oul’équivalent
en matière sèche de pommes de terre fraîchement cuites (traitement III). Une dernièrepériode
est consacrée aurégime
de base(RB)
seul dans les mêmes conditions que la
première,
afin de contrôler l’évolution des critères d’utili- sationdigestive
des élémentsénergétiques
et azotés durégime
en fonction del’âge
ou dupoids
vif. La durée de
chaque période ( 14 jours)
a été choisie defaçon
à aménager unepériode
de transition de 8jours
suivie d’unepériode
de collecte de 6jours.
La veille de
chaque période,
onprocède
à la pesée et àl’ensachage
de la totalité des rationsjournalières
correspondantes, tandis qu’un échantillon est prélevé en vue du contrôle de la teneur en matière sèche des différents aliments.Cependant,
en ce qui concerne les pommes de terre cuites, qui sont distribuées à l’état frais, les pesées sont effectuéesquotidiennement
et la teneur en matièresèche est contrôlée dans les mêmes conditions que précédemment. Les rations
journalières
sontdistribuées en trois repas humides, à raison de trois
parties
d’eau pour unepartie
d’aliment sec. Lesrefus sont recueillis, stockés en chambre froide à 3-4°C,
puis
séchés à 700C dans un four à ventilation etpesés
à l’issue dechaque période
de collecte.Sur les échantillons
représentatifs
moyens durégime
de base et de chacun des aliments oneffectue les déterminations suivantes :
- matière sèche, par
séchage
à l’étuve àio 5 o C
pour les aliments concentrés et à70 °C
pour les tubercules frais; ’ .- cendres, par incinération au four à
55 o°C ;
- azote, par la méthode
Kjeldahl ;
-
énergie,
par combustion dans un calorimètreadiabatique
«Gallenkamp
».Les émissions fécales sont recueillies
quotidiennement pendant
les 6jours
de lapériode princi- pale, pesées
à l’état frais,puis
stockées enrécipient hermétique
dans uncongélateur
à -1 SoC.
A l’issuede cette
période,
elles sonthomogénéisées
dans unmélangeur
de marque !·Stephan
n. La teneuren matière sèche est déterminée sur deux
prises aliquotes
d’environ 200 gaprès séchage
dans unfour à ventilation à 70°C. Une troisième
prise aliquote
d’environ 5oo g estréhomogénéisée
dans unmixer «
Waring
Blendor !·après
addition d’unequantité
connue d’eau, la teneur en matière sèche duproduit
final étant de l’ordre de 10à i5p. 100. Sur desprises aliquotes,
onprocède
àl’analyse
de lamatière sèche, des cendres, de l’azote et de
l’énergie,
selon les méthodes exposées ci-dessus. Les ani-maux sont
pesés
une fois par semaine.RÉSULTATS
I. - EXPÉRIENCE A
W
Com!osition chimique
des atiments et desrégimes
Les résultats moyens
d’analyse
des aliments et du concentré azoté sontrapportés
dans le tableau 2. La teneur en matières azotées
(N
X6, 25 )
relativement à la matière sèche est sensiblement la même dans le cas des pommes de terredéshydratées
et fraîchesaprès
cuisson(respectivement
m,7 etm,6
p.I oo)
et peu différente de celle del’orge ( II , 9
p.I oo).
Lerégime
debase, composé
de 300 g de concentré azoté et1 200 g
d’orge,
renferme ainsi 17,3 p. ioo de matières azotées. Notons par ailleurs que lepourcentage
de cendres est nettementplus
élevé dans les pommes de terredéshydratées
que dans les pommes de terre fraîches(plus
de 9 p. IOOcontre 6 p.ioo) ;
cette différence vient du fait que les tubercules n’avaient pas été lavés avant leur
déshydratation.
; 2° Croissance et consommation
Les résultats
généraux
de croissance et de consommation sontprésentés
dansles tableaux 3,
et
5,respectivement
pour lapériode
totale 30-100kg
depoids
vifet pour les
périodes 30 -6 0 kg
et 6o-iookg.
a)
Vitesse de croissance.Les animaux recevant de
l’orge (lot I) présentent
une vitesse de croissancesigni-
ficativement
plus
élevée que ceux nourris avec des pommes de terre(lots
II etIII),
mais la différence entre ces deux derniers lots n’est pas
significative. L’administration
de pommes de terredéshydratées
et fraîches se traduit par unallongement
de ladurée totale
d’engraissement
de 13 et 9jours respectivement, correspondant
à uneréduction de la vitesse de croissance de 15 et 12 p. 100.
Les écarts de croissance
enregistrés
sont surtoutimportants pendant
lapériode
de finition
(6 0 - 100 kg
depoids vif),
comme le montre d’ailleurs l’évolution dugain
de
poids
cumulé(fig. I ) ;
cecis’explique
par le fait que lapart
des pommes de terredans
l’ingestion
totale est alorsplus
élevée.b)
Consommation de nouryituye.Pour passer de 30 à IOO
kg
depoids vif,
les animaux ont consommé 108kg
de
poudre
de pommes de terre ou33 6 kg
de pommes de terrefraîches ;
les consomma-tions
correspondantes
de matière sèchereprésentent respectivement
q.o et 37 p. 100 de la consommation totale de matière sèche.La consommation
journalière
de matière sèche estsignificativement plus
élevéedans le lot « orge
» (i),
que dans les lots « pommes de terre» (II
etIII)
soit 2,24kg
contre 2,07 et
1 , 9 8 kg.
lacomparaison
de ces deux derniers lots fait ainsiapparaître
un accroissement de la consommation de matière sèche chez les animaux recevant des pommes de terre
déshydratées,
la différence n’étant toutefois passignificative.
Par
ailleurs,
il faut noter que la distribution depoudre
de pommes de terre a dû être limitée dans certains cas, par suite d’accès de diarrhée chez les animaux.L’évolution de la consommation
journalière
depommes
de terredéshydratées
et fraîches est
représentée graphiquement
dans lesfigures
2 et 3. Laquantité
depommes
de terredéshydratées augmente progressivement
de 200g parjour
à 35kg
de
poids
vif àplus
de I,5ookg
à gokg.
Laquantité
de pommes de terre fraîchesaugmente
de la mêmefaçon
de 0,7kg à 35 kg
depoids
vif à 5,2kg
à 90kg ;
en pour-centage
dupoids,
elleaugmente rapidement
àpartir
de 2 p. ’Ob à 35kg
pourpla-
fonner aux environs de 5 à 6
p.
ioo au-delà de 60kg
depoids
vif.Si l’on considère l’évolution de la
quantité journalière
de matière sècheingérée,
on constate que les écarts de consommation entre les lots « orge » et « pommes de terre » sont d’autant
plus importants
que lepoids
vifaugmente (fig.
q.a) ;
en outre,la consommation de matière sèche de pommes de terre est
plus
faible à l’état fraisque sous forme
déshydratée.
Les mêmes différencesapparaissent
si l’onexprime
laquantité
dematière
sècheingérée
enpourcentage
dupoids
vif(fig.
q.b) ;
alors que dans le lot « orge n elle se situepratiquement
aux environs de 4 p. ioo, dans le lot« pommes de terre », elle subit une diminution sensible entre 35 et go
kg, passant
ainsirespectivement
deplus de
4 p. ioo à moins de 3 p. ioo dupoids
vif.En
définitive,
lapart
des pommes de terre dans la consommation totale de matière sèche croît à mesure que les animauxaugmentent
depoids,
d’un peuplus
de io p. 100à 35
kg
àplus
de 50p. ioo aux alentours deioo, kg (fig. 5) ;
deplus,
elleest
légèrement plus
élevéelorsque
les pommes de terre sont administrées sous formedéshydratée.
’
c)
Indice de consommation.Afin de comparer les aliments entre eux, l’indice de consommation a été
exprimé
en matière sèche consommée
(kg)
par unité degain
depoids
vif(kg).
Les valeursainsi obtenues ne font
apparaître
aucune différence entre les lots « orge » et « pommes de terre fraîches »,qu’il s’agisse
de lapériode
totale ou despériodes 30 -6 0 kg
et6o-ioo
kg
depoids vif ;
par contre, l’efficacitéglobale
de la ration estsignificative-
ment
plus
faible dans le lot « pommes de terredéshydratées
», l’indice de consomma-tion étant de
3 ,6 7
contre 3,35 dans les deux autres lots entre 30 et iookg
depoids
vif.
A
partir
des résultatsprécédents
et connaissant lesparts respectives
des pommesde terre et de
l’orge
dans la consommation totale de matièresèche,
il estpossible
de calculer la valeur de
remplacement
des pommes de terredéshydratées
et fraîchesvis-à-vis de
l’orge, pris
comme aliment deréférence,
selon la méthode de substitution(A RMSBY
, 1922 ),
utilisée antérieurement avec la betterave(RÉ R AT
et HENRY,rg6 4 ).
Bien
entendu,
ce mode d’estimation n’est exact que dans la mesure où lapart
de l’entretien dans le besoinglobal
est la même pour les troislots,
cequi
n’est pas le cas en raison des différences dans l’intensité de croissance.Compte
tenu de cetterestriction,
nous pouvonsprocéder
à une estimationapprochée
de la valeur de rem-placement
àpartir
desquantités
d’aliments nécessaires pour fournir unkilogramme
de
gain
depoids ;
le détail du calcul est décrit dans le tableau 6. Lesquantités
depommes de terre
déshydratées
et fraîcheséquivalentes
à ikg d’orge (ou U!)
sontrespectivement
1,25 et3 ,6 4 kg.
Les valeursfourragères correspondantes
sont respec- tivemento,8o
et o,27 UF’ parkg
d’alimentfrais,
ou0 ,8 7
et I, Io UF parkg
dematière
sèche. En
définitive,
ladéshydratation
de la pomme de terre entraîne une diminution de la valeurfourragère
d’environ 20 p. ioo, cequi peut
être attribué àplusieurs
causes dont il est fait état dans la discussion.
3
°
Composition corporelle
L’examen
du tableau 7 fait ressortir des différencesimportantes
au niveaude la
composition corporelle
selon letype
d’aliment utilisé. Le rendement des car- casses estsignificativement plus
élevé dans le lot « orge que dans les lots « pommes de terre n. Lepourcentage
de morceaux nobles(jambon -f- longe)
dans la carcasseest
significativement plus
élevé chez les animaux recevant des pommes de terre fraîches que chez ceux recevant del’orge
ou des pommes de terreséchées ;
inverse- ment, lepourcentage
de morceaux gras(bardière
!--panne)
dans la carcasse estplus
faible. La même tendance se manifeste au niveau del’épaisseur
du larddorsal;
cependant
lagrande
variabilité de ce critère nepermet
pas de déceler un écartsigni-
ficatif.
II. - EXPÉRIENCE B
Les résultats
généraux
dedigestibilité
sontprésentés
dans le tableau 9. Ils concernentquatre
animaux seulement sur les six initialementprévus
dans leproto-
cole. En effet deux porcs ont été atteints de diarrhéesintermittentes,
de sortequ’il
n’a pas été
possible
dans ce cas deprocéder
à une collectequantitative
des fèces.A
partir
des résultats despériodes
i et 5, nous avons ainsi calculé les coefficients d’utilisationdigestive apparents (C.
U.D.)
des élémentsénergétiques
et azotés durégime
de base(tabl. 10 ).
Les valeurs trouvées pour les C. U. D. de la matièresèche,
de la matièreorganique
et del’énergie
sontpratiquement
les mêmes au début et à la fin del’expérience,
alors que lepoids
vif moyen des animauxaugmente
de 40à 70kg ;
les moyennescorrespondantes
sontrespectivement 8 2 , 4 , 8 4 , 7
et8 3 , 1
pour la matièresèche,
la matièreorganique
etl’énergie,
tandis que la valeurénergétique
du
régime
debase, exprimée
enénergie digestible,
est de 3 739 ± 9,5kcal/kg
dematière sèche. Par contre, si l’on considère les matières
azotées,
on constate que le C. U. D.apparent
a tendance àaugmenter lorsque
lepoids
vif s’élève de 40à 70kg,
les valeurs moyennes étant
respectivement 8 1 , 1
et8 3 , 4 .
Connaissant les coefficients d’utilisation
digestive
durégime
debase,
il estpossible d’estimer,
par la méthode de ladifférence,
les coefficientscorrespondants
des aliments
(orge,
pommes de terredéshydratées
et pommes de terrefraîches).
Lesvaleurs ainsi calculées sont
rapportées
dans le tableau m. Comme onpeut
le constater, les pommes de terre fraîchesprésentent
unedigestibilité
de la matière sèche et del’énergie significativement plus
élevée que les pommes de terredéshydratées
etl’orge,
l’écart entre ces deux derniers aliments n’étant passignificatif.
Mais si l’on considère ladigestibilité
de la matièreorganique,
les pommes de terre fraîches etdéshydratées
se révèlentsupérieures
àl’orge
et ne sont passignificativement
diffé-rentes. Les valeurs
énergétiques, exprimées
enénergie digestible
parkg
de matièresèche,
sontrespectivement
3 531, 3352 et3 7 6 1
kcal pourl’orge,
les pommes de terredéshydratées
et les pommes de terrefraîches,
soit parkg
d’aliment3 0 8 4 ,
2957et
gi8
kcaldigestibles.
Parailleurs,
lacomparaison
des C. U. D. des matières azotéesfait ressortir des différences
importantes
d’un aliment àl’autre ; malgré
lagrande
variabilité de ce
critère,
la valeur laplus
élevée est obtenue pourl’orge (6 5 , 3 )
et laplus
faible pour les pommes de terredéshydratées ( 35 , 4
coure49 ,8
pour les tuber- culesfrais).
A
partir
des coefficients dedigestibilité
des élémentsénergétiques
et azotés,nous avons
calculé,
pour les trois lots del’expérience A,
les consommations moyennesjournalières
de matières azotéesdigestibles
etd’énergie digestible (tabl. r2) ;
onpeut
remarquer que les consommations des lots « pommes de terre » sont nettement
plus
faibles que celles du lot « orge ». De
plus,
lacomparaison
des lots « orge » et « pommes de terredéshydratées
» faitapparaître
dans ce dernier un déficit relatif de matières azotées parrapport
àl’énergie :
2,4 g de matières azotéesdigestibles
pour i ooo kcaldigestibles,
soit 18 g pour la ration moyennejournalière.
Ce déficitpeut
être com-pensé
par unapport complémentaire
de 35o g de concentréazoté,
au lieu de 300 g,ce
qui
revient à élever le taux de matières azotées totales dans les i 5oo g durégime
de base de 17,5 à
1 8,5
p. 100.DISCUSSION
L’introduction
de pommes de terre cuites dans l’alimentation du porc en crois-sance provoque une diminution sensible de la consommation
journalière
de matièresèche,
et dugain
depoids vif,
par référence à unrégime
exclusivement concentré.Les résultats ainsi obtenus confirment les observations antérieurement formulées à
ce
sujet
par LEROY, Z!!,T!R et FÉVRIER(1 95 2).
Comme l’ontsouligné
les auteursprécédents,
la différence entre l’utilisation del’orge
et celle des pommes de terrecuites
provient
certainement de laplus grande
lenteur aveclaquelle
les animaux consomment les tubercules. Cette lenteurdevient, lorsque
l’animaldépasse
5o à 60
kg
depoids vif,
une cause de diminution de laconsommation,
cequi explique
laréduction
comparée
dugain
depoids ;
en outre ladépense énergétique
liée au repasaugmente (L EROY , 19 6 5 ).
Le mêmephénomène
a été observé par ailleurs dan, lecas de la betterave
(RÉ RAT
et HENRY,I g6q.).
Pourpallier
ce déficiténergétique,
ilest nécessaire de
prévoir
unapport
suffisant d’aliment concentrécomplémentaire.
Or, d’après
un certain nombre d’auteurs(P I E PER , 19 6 2 ; 5!!!!LDT, 19 6 2 ; EC KHOFF . I
g6 3
;
F!Nn!x etal., I g6 3 ;
I,AUTZSCH etal., I g6 4 ; H OSER , 19 65),
le niveau decomplémentation préconisé
dans la méthode LEHMANNclassique (Ir!HMAnrr, 1929 ),
soit I
kg
d’alimentconcentré,
s’est révélé insuffisant pour obtenir une croissancesatisfaisante,
laquantité généralement
recommandée étant de I,Sookg.
C’estpréci-
sément ce niveau de
complémentation qui
a été choisi dans laprésente étude ;
ilparaît cependant
insuffisantpuisque
lesperformances
de croissance ne sont pas maxima.Quoi qu’il
ensoit,
les pommes de terre fraîchesprésentent
une valeurfourragère
relativementélevée,
de l’ordre de I,I UF parkg
de matièresèche,
etcomparable
à celle trouvée antérieurement par I,!xoy, ZELTER et FÉVRIER( 195 2).
Étant
donné par ailleurs que les matières azotées de la pomme de terre sont mieuxéquilibrées
que celles del’orge
en certains aminoacidesindispensables,
enparticulier
la
lysine (M AI v T GOI,D
etC O I, UMBUS , 193 8 ;
HUTCHINSON etCLl.,
1943 ; KASTEI,I&dquo; 1957 ; HUGHES,195 8 ; Sc HUPH Aw, I g5 9 ),
onpeut
s’attendre à ce que les carcasses obtenues soientplus maigres,
en raisonprécisément
d’un meilleuréquilibre
entrel’énergie
etles aminoacides
indispensables.
La diminution du rendement des carcasses, consé- cutive àl’ingestion
de pommes de terre, estégalement
unphénomène
connu, par suite d’undéveloppement plus important
du tractusdigestif (Ir!ROV,
ZELTER etFÉVRIER,
1952 ; RICHTERetal., I g56 ; W!vIG!R, 195 6).
Notons d’ailleurs que cette diminution du rendement se retrouve avec leproduit séché ;
la même constatationa été faite par FItIEVD et al.
( I g6 3 )
dans le cas de lapulpe
de pomme de terre séchée.Si l’on examine les résultats de
digestibilité
des matièresazotées,
on estfrappé
par la faiblesse des valeurs
observées,
encomparaison
avec cellesqu’on peut
trouverdans la
littérature ;
il en est ainsi aussi bien del’orge
que des pommes de terre fraîchesou
déshydratées.
Il estpossible
que ces écartssystématiques
soient dus à la méthode de calculemployée. Ainsi,
le C.U.D des matières azotées durégime
debase, qui
estcomposé
essentiellementd’orge,
est nettementplus
élevé que celui del’orge
elle-même
(8 2 , 7
contre65, 3 ) ;
le même écartapparaît
dans les résultats de NEHRING et al.(ig6o) qui,
utilisant la même méthode par différence trouvent pourl’orge
unC.U.D des matières azotées de 7I,2p. Ioo contre
8 2 , 3 pour le régime de base,
ce dernierrenfermant
6 3
p. Iood’orge
et 23 p. Ioo d’avoine. Onpeut
dès lors conclure à unesurestimation du C.U.I> azoté du
régime
debase,
cequi expliquerait les
faibles valeursobtenues par différence.
L’influence de la
déshydratation
sur la valeur nutritive de la pomme de terrea fait
l’objet
d’ungrand
nombre de travaux dont lespremiers,
réalisés parK ELL x E x,
remontent à
190 8 (KEI,I,rr!R
etal., 190 8 ;
KELi<NER et Nr;uMANN,I9I o) .
Enréalité,
les résultats obtenus sont
plus
ou moins variables selon la nature du traitementappliqué. Ainsi,
deux modes dedéshydratation
ont étéutilisés,
suivant que les tuber- cules sontétuvés, puis
séchés surcylindre
à l’état deflocons,
ousimplement pressés
à l’état cru pour éliminer
l’eau, puis
séchés à l’état de cossettes ; ces traitements ontété décrits en détail par FINGERI,ING
( 1933 ),
STAHI, et FRIEDRICH( I940 ),
WOODMANet EVANS
(1943),
WoIII,BI!R et NECKERMANN( 195 2).
D’une manièregénérale,
il aété observé que les pommes de terre séchées en flocons
présentent
une valeur nutritiveélevée, comparable
à celle des tubeicules fraisaprès
cuisson ou à celle des céréales lesplus énergétiques (maïs),
etsupérieure
à celle des cossettes séchées. C’est cequi
ressort des travaux de STAHI, et al.
( 1932 ),
FINCERLING( 1933 ),
HuTCHINSON etal., (
1943
),
GRASHUIS et DE MAN( 1947 ) ;
BIELINSKI et BIELINSKA( 1954 ),
I,AUI!! etW
EISSBACH
( I g6 I -6 2 ).
WooDNIAN et EVANS( 1943 ),
3.Ic3.IILLEN et al.( 194 8),
HUSBYet PRESTHEGGE
( 1952 )
ont montréégalement
que des pommes de terre convena- blementdéshydratées peuvent
se substituer aux céréales(orge),
àquantité égale
et suivant une
proportion représentant
30 p. Ioo de la rationtotale,
sansqu’il
en résultedes effets défavorables sur la vitesse de
croissance,
l’indice de consommation ou laqualité
des carcasses. Notonscependant, d’après
MCMILLEN etal.,
que cette utilisa- tion est meilleurelorsque
les animaux sontplus âgés (au-delà
de 7okg
depoids vif)
et
lorsque
le tauxd’incorporation
dans lerégime
est inférieur à 50 p. Ioo ; au-delà il s’ensuit une diminution de la valeur deremplacement
vis-à-vis del’orge.
ZAUSCHet HOLZSCHUCH
( I g6o) rapportent
de leur côté une mauvaise croissance et des troublesdigestifs (diarrhée)
avec unrégime
renfermant 40p. Ioo de pommes de terredéshy-
dratées. Plus
récemment,
HOFMANN(ig6o, 19 6 5 ) enregistre
avec des pommes de terredéshydratées
desperformances légèrement plus
faiblesqu’avec
un alimentconcentré
complet
ou des pommes de terrecuites ; cependant,
les écarts observésne sont pas
significatifs
et doivent être attribuésprincipalement
auprocédé
dedessiccation
employé.
Si l’on en
juge d’après
les résultats obtenus dans laprésente expérience,
onpeut
en déduire que les pommes de terre séchées à l’état de cossettes crues
puis
réduitesen farine sont moins bien valorisées que les tubercules frais et cuits. Sans doute la consommation de matière sèche est-elle
plus
élevéequ’avec
lespommes
de terrefraîches,
par suite de l’élimination del’important
volume d’eaucontenu
dans cesdernières,
mais elle demeureplus
faible que dans le lot témoin à based’orge.
Pourexpliquer
cette actiondépressive
des pommes de terre séchées surl’appétit, phéno-
mène observé
également
par d’autres auteurs, dont HOFMANN(ig6o),
onpourrait
incriminer
l’équilibre
azoté de la ration. Eneffet,
au cours de ladéshydratation,
ila été observé une chauffe
irrégulière
entraînant une calcinationpartielle
duproduit,
et
probablement
une dénaturationplus
ou moinsimportante
des matières azotées.Ceci se traduit en
particulier
par unelégère dépression
de ladigestibilité
de ces der-nières,
ainsi que l’ont montré WoonMAN et EVANS(Ig3g),
HUTCHINSON et al.(Ig43),
WOHL BI
FR et NCCKERnZANN
(1952),
HOFMA)’¡N(Ig65).
Il estpossible également
que l’excès dechauffage
incriminé ait faitapparaître
dans leproduit déshydraté
des odeurs ou des saveurs peuplaisantes
pour le porc. Sur leplan pratique,
etcompte
tenu de la
qualité
duproduit employé,
il conviendrait ainsi d’éleverlégèrement
leniveau de
complémentation
azotée. Parailleurs,
nous devons attribuer à ce traite- ment la diminution de la valeurénergétique
duproduit
séché : 0,9 UF parkg
dematière sèche au lieu de I,I UF pour les tubercules frais. Les valeurs