241874
GENOCIDE ARMENIEN
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2l
UN APERÇU SUR LE GENOCIDE
DES ARMENIENS
Claude MUTAFIAN
Comité pour la Commémoration du 24 Avril 1915
RÉGIONS HISTORIQUES
DIVISIONS ET
POLITIQUES
ACTUELLES
PROCHE-ORIENT DU
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UN APERÇU SUR LE GÉNOCIDE
DES ARMENIENS
Claude MUTAFIAN
Comité pour la Commémoration du 24 Avril 1915
Brochure éditée par le Comité pour la Commémoration du 24 Avril 1915.
Regroupementdes partispolitiquesetdes associations dela Communauté arméniennede Paris, sousle haut patronage del'Eglisearménienne, créé à
l'occasion du 80eanniversairedu Génocide.
Siège: 15,rueJeanGoujon, 75008 Paris
Documentsphotographiques: Informations und Dokumentationszentrum Armenien, Berlin etClaudeMutafian,Paris.
ra
TABLE DES
MATIÈRES
L'Arménie
Les Arméniens dans
l'Empire
ottoman...1894-96.Première
étape
: lesmassacres en masse...Le
panturquisme...
1909.Seconde
étape
: les"vêpres
ciliciennes"'...1914. L'entréeenguerre 1915-17.Le
génocide parfait
...1920-22. Dernière
étape
: leparachèvement...
106
PROCÈS
Lepsius
et les documentsallemandsMorgenthau
et lestémoignages
américainsBryce
et le"Livre Bleu"britanniqu
Les
responsabilités
...Lefacteur
religieux
...Le
négationnisme
turc...Pourquoi
nier?...Et lesautresEtats ?
Propos
d'avenir...Bibliographie...
En Asie Mineure, les Arméniens étaient
présents depuis
desmillénaires et leur nombre à la
fin
du XIXe siècle était d'environ deux millions. En un quart desiècle, ils ontpratiquement disparu.
Cataclysme
naturel ?Epidémie
? Non, laréponse
tient en unmot,
défini
par l'ONU en 1948 :génocide.
Une volontésystématique
etplanifiée
de la part desdirigeants
turcs, traduitepardes massacres en masse ou
sporadiques
et couronnée en 1915par le
premier génocide
du XXe siècle. Deuxquestions
se posent immédiatement.Pourquoi
? Comment ? Bien vite, une troisièmes'y ajoute
: commentexpliquer qu'à
lafin
du XXe siècle cettetragédie qui
arayé
sur une cartele nom d'unpeuple
entier nesoitpas encore
enregistrée
parl'Histoire ? C'est à ces troisquestions
que le texte
qui
suitessaie derépondre.
L'Arménie
Géographiquement,
l'Arménie est un territoire situé entrel'Euphrate
etleCaucase,autourdes lacs de VanetSevan. Cetterégion
dehauts-plateaux,
creusée deprofondes
vallées, a constituédepuis
desmillénaires le
foyer
dupeuple
arménien. Soudés par leur culture, leurlangue
- un rameauindo-européen
isolé -,et leurreligion
- une branchedu christianisme,
autocéphale depuis
le Vle s. -, les Arméniens ont putraverser les siècles
malgré
delongues périodes
dedépendance
ou departage entre
empires
rivaux. Le dernier royaume sur le solhistorique
remonte au Xle s., il fut suivi par la création d'un florissant royaume arménienenCilicie (faceà l'île de
Chypre) qui
succombaen 1375. Iln'y
eut
plus
aucunestructureétatique indépendante jusqu'en
1918.Le
peuple
arménien se vit divisé durant des siècles entre lesEmpires
ottoman et perse. Au début du XIXe s., les armées russesfranchirentle Caucaseet
conquirent
lamajeure partie
de l'Arménieperse:dès lors la
présence
arménienne se partageessentiellement entre la Russieetl'Empire
ottoman,avecunepartie plus
faibleen Iran.Dans
l'Empire
russe, l'Arménie dite orientale s'étendait sur la rivegauche
de l'Araxe, mais lecentre intellectuel leplus
actif était Tiflis et de fortes colonies étaientimplantées
au Caucase du Nord, en Criméeet
jusqu'à
Moscou. Les conditions de vie et dedéveloppement
suivaientles aléasde la
politique
tsariste.Les Arméniens dans
l'Empire
ottomanLa
majorité
des Arméniens se trouvait dansl'Empire
ottoman,essentiellementàl'est de
l'Euphrate
(Arménieoccidentale)etdansl'angle
nord-est de la Méditerranée (Cilicie), avec en
plus d'importantes
communautés
dispersées
sur tout le territoire, enparticulier
àConstantinople
où lepatriarche
était lereprésentant
devant les autorités.Tantque le sultanat se sentait fort, la
protection
des minorités était à peuprès
assurée, moyennant un statut d'infériorité etquelques
brimades. La déclarationd'indépendance
de la Grèce en 1821 marqua le début du démembrement. La décadence s'accéléra, et l'homme malade del'Europe"
ne dut sa surviequ'à
la rivalité entre les Puissanceseuropéennes,
chacune ayant peurqu'à
sa chute il ne tombe dansl'escarcelle d'un autre. De
plus, Français
etAnglais voyaient
dans lesultanat un rempart à fortifiercontre les ambitions russes (d'où la guerre de Crimée). Aucun Etat n'est
plus
cruelqu'un grand empire
àl'agonie
:les Arméniens allaient le vérifier à leurs
dépens,
d'autantplus
que leXIXe s. a
correspondu
à un extraordinaire réveil culturel. Sousl'impulsion
d'une nouvelle élite, ils commencèrent alors àéchafauderdes programmesd'émancipation
dans le cadre del'Empire.
Al'accessiondu sultan Abdul-Hamid, en 1876,
l'Empire
ottomancomptait
de nombreuses minorités chrétiennes, enEurope
(Serbes,Bulgares,
...) et en Asie Mineure où Grecs et Arméniens étaient lespeuples
autochtones. Seulscesdernierspeuplaient
l'est del'Empire,
etnedisposaient
nulle part d'Etat-sanctuaire"indépendant.
Pourtant, à aucunmoment l'idée
d'indépendance
n'a été avancée,les revendicationsétaient fondées surdes notionsd'égalité
et de liberté culturelle dans le cadre del'Empire.
Le
règne
d'Abdul-Hamid commença par une lourde défaite face à la Russie. Lesconséquences
en furent limitées, car auCongrès
deBerlin (1878) le ministre
anglais
Disraeli poussa au maximum la traditionturcophile
de ladiplomatie britannique.
Concernant lesArméniens, l'article 61
exigeait
des réformesgarantissant
leur sécurité,mais leurcontrôle allait être totalement inefficace. En
échange,
Londresavait reçul'île de
Chypre.
Dans la nouvelle division administrative de
l'Empire,
lesArméniens étaient surtout concentrés, outre la Cilicie, dans les "six
vilaÿets"
orientaux (Van, Bitlis, Erzeroum,Diyarbekir, Kharpout,
Leur situation se
dégradait
constamment, entraînant la création, à la fin du siècle, deplusieurs partis politiques
concernés par les deux composantes territoriales de l'Arménie - une nouveauté. A cette même6
époque,
le sultan, auxprises
avec des révoltes kurdes, fit d'unepierre
deux coups : il
organisa
les Kurdes enrégiments
dits ''hamidiés",qui
allaient être le ferde lance de la
répression
contre les Arméniens.1894-96. Première
étape
: les massacres en masseOn peut dater de 1894 le début du processus
gén
re. Cetteannée-là eut lieu le
premier
m: resystématique
etplanifié,
dans leSassoun,àl'ouest du lac de Van. L'année suivante,Abdul-Hamid tentade réaliserson but : l'élimination totale des Arméniens de
l'Empire
ottoman.Deuxjours aprèslemassacredu 30 octobre 1895 à Erzeroum:tranchéepour enterrerles victimes arméniennes( Photo Informations. und Dokumentationszentrum Armenien,Berlin)
Dans toutes les
régions qu'ils peuplaient,
de faux bruits concernant depseudo-complots
fanatisaient lapopulation
musulmane,qui
se livraitalors au massacre sous l'oeil indifférent ou
complice
des autorités. On compte, de 1894 à 1896, entre 2 et 300.000 victimes,auxquelles
il fautajouter
des dizaines de milliers de conversions forcées à l'islam et des centainesde milliersd'émigrants fuyant l'Empire
: une véritablesaignée.
L'engrenage
était enclenché. Il allait sepoursuivre
inexorablement durant trois décennies et trois
régimes politiques
différents.
Malgré
lesprises
deposition
deplusieurs
humanistes,l'Europe réagit
assez tièdement,cequi
encouragea le "sultanrouge".
Dèslors la résistance
s'organisa
chez les Arméniens. Parallèlement, du côté ture,certains milieux nationalistess'inquiétaient
del'incapacité
du sultanà
gérer l'Empire.
Le démembrement s'était accéléré dès la défaite de 1878, et lesprovinces européennes
étaient vouées à se détacher tôt outard.
Le
panturquisme
Dans ces conditions, la tentation était forte d'un "retour aux
sources". Il ne faut pas oublier que le
foyer
dupeuple
ture est le"Touran", l'Asie Centrale, d'où une inexorable marche vers l'ouest l'a conduit à
se
rendre maîtrede l'Asie Mineure au XIe s., des Balkans auXIVe s.,
jusqu'à
laprise
deConstantinople
en 1453.L'Empire
ottomanfut
longtemps
obsédé, à l'ouest, par sa rivalité avec lespuissances européennes.
La perte de sesprovinces balkaniques
l'incitaitnaturellement à se tourner vers ses
origines,
cespeuples
turesappelés
tatares, kazakhs, ouzbeks...., tous soumis à un
joug étranger
(russe ou persan)et "naturellement" enclins àse reconnaîtredans le seul Etat tureexistant.
Cet
Empire
ottoman, était en fait unemosaïque
formée depopulations
chrétiennes(peuples
slaves, Grecs,Syriaques,
Arméniens)etmusulmanes (Turcs, Kurdes, Arabes). La doctrine de l''ottomanisme",
qui
consistait à les fondre dans une "nouvelle nationalité", resta à l'état mort-né,supplantée
dès 1913, à la suite des défaites des Balkans, par la doctrine dupanturquisme
(oupantouranisme),
considérant la race turquecomme
supérieure,
etprônant
l'union de tous lespeuples
tures, duBosphore
à la Chine. Les autrespeuples
devaient être soit détachés - cequi
allait arriveraux Slavesetau monde arabe -,soitexpulsés
- sortqui
attendait les Grecs -, soit exterminés : les Arméniens
qui
formaient une"barrière" entre Turcs ottomans et Tatares
d'Azerbaïdjan
allaient êtreéliminés, sacrifiéssur l'autel du
panturquisme.
1909. Seconde
étape
: les"vèpres
cilL'exécution d'un tel programme nécessitaitune
organisation
forteet
impitoyable.
Lerégime
faible et corrompu du "sultanrouge"
nepouvait
le mener à bien. Paradoxalement, c'est sous la bannière del'égalité
entre lespeuples
del'Empire qu'éclata
la révolution de 1908, conduite par le "Comité Union etProgrès"
(ou'Ittihad"),qui
allait peuaprès
mener à son terme legénocide.
Audépart,
certains Arménienscrurentauxidées libéraleset
émancipatrices,
fondéessur leprincipe
de la laïcité,développées
par lesdirigeants
de l'Iitihadqui reléguèrent
vite lesultan à un rôle
symbolique.
Dès lors, les Arméniens, comme d'ailleurslesautres minorités, obtinrent un statut tout
théorique
decitoyens
à part entière, et la situation s'améliora dans les "sixvilayets".
Ilscommençaient
àprendre
au mot lespremières
réformes, cequi
nemanquait
pas de provoquerl'inquiétude
des notables turestraditionalistes.
C'est la Cilicie
qui
fut le théâtre du secondmassacreplanifié,
enavril 1909, d'abord à Adana(la
plus grande
ville)puis
dans le restede laprovince.
Environ 30.000 victimes, en deux vagues de tueries, avec une évidenteresponsabilité
de l'Ittihad dans la seconde. Les Arméniens voulurentn'y
voirqu'un
soubresaut de l'ancienrégime agonisant,
et lesPuissances
européennes
n'avaient pas intérêt à monter l'affaire" enépingle.
9
Les "Jeunes-Tures",
dirigeants
de l'Iitihad,voyaient
ainsis'ouvrirde radieuses
perspectives.
En 1913, ils établirent une dictature militaire,dirigée
par les trois hommes forts,Djemal,
Enver et Talaat, futursministres de la Marine, de la Guerre et de l'Intérieur. A cette même
époque
la guerre des Balkans avait réduit à une peau dechagrin
lespossessions
ottomanes enEurope.
Lepanturquisme
étaitplus
quejamais
à l'ordre du
jour
!1914. L'entréeenguerre
De même que le sultan avait constitué les
régiments
"'hamidiés"comme structure
parallèle,
les Jeunes-Tures mirent surpied, après
août1914, la redoutable
"Organisation spéciale", dirigée
pardeux médecins, Nazim et Behaeddine Chakir. Ce dernier sechargea,
en vain, deconvaincre le
principal parti
arménien, le'Tachnag",
de fomenter unsoulèvement anti-russe au Caucase. La guerre,en effet, avait éclaté, elle allait fournirlecadre idéal pour
l'accomplissement
dugénocide
danssonintégralité.
Depuis
la fin du XIXe s., Berlinbattait en brèche l'influence de Paris et de Londres dansl'Empire.
Trèsgermanophile,
Enver sutconvaincre les autres
dirigeants
tures d'entrer en guerre aux côtés des Puissances centrales contre la France, laGrande-Bretagne
et la RuiDès l'hiver 1914, il se
lança
dans une folle campagne contre la R dans le Caucase,qui
fut un désastre total. Le bouc émissaire était tout trouvé : les Arméniens.Il y avait alors environ 2 millions d'Arméniens dans
l'Empire
ottoman, et autourde 1,5 million en Russie. La guerre les
trouvait
doncdans les camps ennemis. Pour les seconds,se battre dansl'armée tsariste était naturel. Quant aux Arméniensottomans, l'écrasante
majorité
d'entreeux accepta la
conscription
ets'engagea
dans l'armée. Les Jeunes-Tures n'allaient leuren savoiraucungré, exploitant
au contraire à fond les casde
quelques
volontairespassés
au service de la Russie.10
En 1914, des soldatsrussesdécouvrent lescadavres de militairesarméniens ottomansmassacrés suivantles ordres desautoritésturques(Informations und DokumentationszentrumArmenien, Berlin).
Dès
janvier
1915, le désarmement des soldats arméniens ottomans laissaitprésager
les événements futurs. Des massacressporadiques
devaient confirmer les craintes. L'autodéfense des Arméniens de Van, menacés parDjevded,
beau-frère d'Enver, etprovisoirement
sauvés par l'avancée de l'armée russe, futprésentée
comme une insurrection. Alors que les
Français
et lesAnglais
étaientoccupés
par lesopérations
militaires, que les Allemands et les Autrichiens étaient alliés des Turcs, les conditions étaient idéales pour mettre enapplication
leplan
dedéportation
et d'extermination de lapopulation
arménienne.Unefemmearménienneetsesdeux enfantsdurantladéportation (photode Armin Wegner,Informations und Dokumentationszentrum Armenien,Berlin)
La marche versla mort(photodeAminWegner,Informations-und DokumentationszentrumArmenien, Berlin)
12
Kharpout1915:unenfantarménien (photoinJacobsen,Journal 1907-1919, Informations- und DokumentationszentrumArmenien, Berlin).
Arméniensdéportés,auseuil de lamortdans
uncaravanseraild'Alepen1916(photoprise par le consul allemand Hoffmann, Informations- und DokumentationszentrumArmenien, Berlin).
1915-17. Le
génocide parfait
C'est dansla
capitale
mêmequ'eut
lieu le"coup
de filet"dont ledébut reste comme la date commémorative du
génocide.
A l'aube dusamedi 24 avril 1915, les élites arméniennes de
Constantinople
furentarrêtées; leprocessus se
poursuivit
lelendemainet lesjours
suivants. Enun mois,
plus
de mille intellectuels arméniens, dont desdéputés
duParlement (comme Krikor Zohrab,
qui
se considérait comme un ami intime de Talaat), furentdéportés
en Anatolie et massacrés en route; lanation entière s'en trouva
décapitée.
Partout en Anatolie orientale, le processus obéit à un schéma inflexible. On
commençait
par les notables,on leurextorquait
desaveuxpuis
on lesliquidait
hors del'agglomération.
Suivait l'ordregénéral
dedéportation
pour toute lapopulation
arménienne. Les hommes valides (hors de la tranched'âge
20-40 ansqui correspondait
aux militairesmaintenant désarmés) étaient vite
séparés
du groupe et fusillés àquelques
kilomètres de là; dans lesrégions éloignées,
la tuerie avait même lieusurplace.
Tousces massacres se faisaientsous lecouvertd'une
déportation prétendue provisoire,
destinée àéloigner
lapopulation
civile des zonesproches
du front. Les routes dedéportation
étaientprogrammées,
laplaque
tournante devant êtreAlep,
enSyrie.
Mais un faible pourcentage desdéportés
y arrivait, vu les ravagescauséspar les maladies, la faim, la soifauxquels s'ajoutaient
en route lesperpétuels
sévices, rapts, viols, attaques de bandes armées et tueries. En trois mois, le gros du "travail"était fait, et fin
juillet
1915 il ne restaitpratiquement plus
d'Arméniens (surplus
d'unmillion)en Anatolie orientale.Il était temps de passeraux
provinces
de l'ouest,enparticulier
àla Cilicie. Le
prétexte
de laproximité
du front nepouvait plus
êtreinvoqué,
mais à ce stade-là ilimportait
peu.Depuis Alep,
les survivants étaientenvoyés
dans les déserts deSyrie
ou deMésopotamie.
Surlesbords de
l'Euphrate,
enSyrie,
le charnier de DeirezZorest restécomme14
le
symbole
du calvaire d'unpeuple
: enjuin-juillet
1916, Talaat avait eneffet donné l'ordred'achever les derniers Arméniens encore en vie. A la fin de 1916, seuls survivaient les Arméniens de
Constantinople
etSmyrme,
de rares îlotsépargnés,
et lesquelque
300.000 personnesqui
avaientsuivi l'arméerussedanssaretraite.
Bien entendu,
lorsqu'il
fut connu que ladéportation signifiait
lemassacre, les actes de résistance se
multiplièrent,
certainsdésespérés,
d'autres réussis. Le
plus
célèbre de cesépisodes
est celui des"Quarante jours
du MoussaDagh",
immortalisé parle romande FranzWerfel: l'été 1915, sur cette montagne de la côteseptentrionale
de laSyrie,
unepopulation
de 4.000 Arméniens, des familles entières, résistaplus
d'unmois et demi au
siège
de l'armée turque et fut sauvée par l'arrivéelarge,
d'un vaisseaufrançais qui
aperçut ledrapeau
où était inscrit :"Christians in distress: rescue"("Chrétiensen
péril
: au secours").1920-22. Dernière
étape
: leparachèvement
La
liquidation
de l'Arménie occidentale n'était pas suffisante pour lesplans
pantures. Profitant de la retraite de l'armée russeconsécutive à la révolution de 1917, la
Turquie lança
l'offensive surl'Arménie orientale, et fut arrêtée in extremis par une extraordinaire mobilisation
populaire
commandée par leparti Tachnag,
àSardarapat
finmai 1918.
Quelques jours plus
tard,cette Arménie orientale devenait lapremière "République
d'Arménie", et le 30 octobre 1918l'Empire
ottoman
capitulait
etsignait
l'armisticede Moudrosavecles Alliés.La reddition ottomane autorisa de vastes
espoirs
chez lessurvivants. Alors
qu'à
l'est laRépublique
d'Arménie se débattait aumilieu
d'effroyables
difficultés, internes et externes, la Conférence de Paix aboutissait, le 10 août 1920, au traité de Sèvresqui
établissait l'existence, sur l'est de l'ex-territoireottoman,d'un Etat arménien etd'un Kurdistanautonome,pendant
que le monde arabe étaitplacé
sousmandatfranco-britannique.
Paradoxalement,cesconditions favorablesallaient débouchersur
le
parachèvement
dugénocide. Après
Abdul-Hamid,après
les JeunesTures en fuite, Mustafa Kemal
reprenait
le flambeau du nationalisme ture, dont l'une des composantesimpliquait
laliquidation
du reste de laprésence
arménienne. Face audanger bolchévique,
il s'assuraitl'appui
des Alliés. Face à
l'impérialisme franco-britannique,
il s'assuraitl'appui bolchévique.
Ilpouvait
ainsiignorer
le traité de Sèvres et lancer, finseptembre
1920, ses troupesà l'est sous les ordres dugénéral
Karabekirqui piaffait d'impatience. Ayant
recours à la même"Organisation spéciale"
de sinistre mémoire, l'armée turque massacra indistinctementtoute la
population
arménienne des zones récemment attribuées à laRépublique
d'Arménie,forçant
celle-ci à un armistice aux conditionsdraconiennes. La chute de Kars en
particulier,
au début novembre, futsuivie d'un carnage total. Pendant ce temps, le
président
américainWilson rendait
public
-comble de dérision- sonprojet
defrontièresd'un Etat arméniendetailleimpressionnante.
De manière
plus
réaliste, Turcs etbolchéviques
s'accordèrent en1921 sur les frontières d'une
petite
Arméniesoviétique, pendant
que les Alliés sepréparaient
à sceller la fin de touteprésence
arménienne enAsie Mineure. En Cilicie sous mandat
français,
les survivants arméniens étaient revenus, mais en cette même année 1921 la France bradait le territoire aux nouvelles autorités turques, provoquant l'exode de lapopulation
non turque. A la suite des succès militaires turcs face auxGrecs et de l'incendie de
Smyrne, qu'on
peut considérer comme la dernièreétape
du processus deliquidation (septembre
1922), laConférencede Lausanne annulaen 1923 les accords
signés
à Sèvres :lesnotions d'Arménien et d'Arménie sont absentes de ses décisions... Ainsi fut avalisé le nettoyage
ethnique magistralement
réussi par les Turcs en Asie Mineure. Iln'y
resteplus
maintenant quequelques
dizaines de milliers de Grecs et d'Arméniens, concentrés àConstantinople
et sur lacôte ouest. La seule
épine qui
resteplantée
dans le talon ture est leproblème
kurde: ilestplus
difficiled'exterminer dix àquinze
millions de Kurdes en temps depaix
que deux millions d'Arméniens en temps de guerre...Les
procès
A la suite de ladéfaite ottomane, les
principaux responsables
dugénocide
s'enfuirent, surtoutenAllemagne.
Leurprocès
eut lieu en 1919à
Constantinople, organisé
par les nouvellesautorités turquesdirigées
par le Premier ministre Damad Ferid Pacha,dontle but était de dissocier les Jeunes-Tures,"responsables
de tous les maux", et la nation turque,"manipulée
donc innocente". Ce"procès
des Unionistes" eut d'évidentes limites : il se tint àConstantinople
alors sous contrôle des Alliés,qui
d'ailleurss'endésintéressèrent bien vite, trop
occupés
à suivre lesprogrès
du kémalismeetà "se
placer".
Il condamna lesauteursdugénocide,
sanstoutefois faire
pratiquement
aucune demanded'extradition,et les verdicts furenteux-mêmes annulésultérieurement.Il
n'empêche
que ceprocès
a existé, ses minutes et conclusions ont étépubliées
dans lesupplément judiciaire
du "Journal officiel"ottoman, et il a donné lieu à de nombreux
témoignages, qui
conserventleur valeuret décrivent tout le processus de 1915. C'est ainsi
qu'un
ex-député
de Trébizonde donna les détails del'embarquement
pournoyade
des Arméniens dans la Mer Noire et
précisa "qu'ayant porté
cestragédies
à la connaissance deTalaatBey
aucune mesure nefut prise
à l'encontre du Gouverneur GénéralDjemal
Azmi". Unedépêche
dugouverneur d'Erzeroum confirma que les bandes d'assassinset de
pillards
des convois de
déportés
ont été"organisées
par BehaëddineChakirBey,
membre du
siège
central du Comité UnionetProgrès".
Il y a làtouteunesérie de
témoignages précis
etconcordants dus à des officielsottomans etconsignés
dans l'acte d'accusation du 12 avril 1919.Il y eut aussi
quelques procès plus
ciblés. PourYozgat,
lejugement
fait état d'un documentqui
"ne laisse aucun doute ouambiguïté
quant auxinstructions données de massacrer les personnesfaisant partie
du convoi "; le sous-gouverneur Kemal deYozgat
futd'ailleurs le seul
responsable
effectivement exécuté. Dans leprocès
deTrébizonde,onlit que le gouverneur"a
pris
lesmesuresnécessairespour le massacre et la destruction des Arméniens, selon ses directives17
secrètes", et
l'organisation
desnoyades
de femmes et enfants y est décrite. Leprocès
deKharpout jugea
parcontumace Behaëddine Chakir lui-même et décrivit le rôle de la sinistre"Organisation spéciale";
lestélégrammes
chiffrésde Behaëddinequi
y furent exhibés sonton ne peutplus explicites
surlesplans
d'extermination.Un dernier
procès
"à chaud" est lui aussisignificatif,
Devant lacarence des autorités, turques ou alliées, à
appliquer
les sentences, leparti Tachnag
forma uneorganisation
dejusticiers
arméniensqui prirent
le relais. Furentexécutés, entreautres, Behaëddine Chakir,
Djemal
Azmi(le "boucherde
Trébizonde"), Djemal
Pacha (du triumviratjeune-ture)
etsurtoutTalaat lui-même, abattu en
pleine
rue, à Berlin, le 15 mars 1921 parSoghomon
Tehlirian. Au cours duprocès qui
s'ensuivit à Berlin, lestémoignages
étaient tellement accablants que le tribunalacquitta
purement et
simplement
Tehlirian,qui
avait pourtant tué un officiel allié del'Allemagne
etréfugié
surle sol allemand.Lepsius
etles documents allemandsL'un des
principaux
témoins auprocès
Tehlirian était un pasteur allemand, JohannesLepsius, qui
avaitdéjà
parcouru en 1896 lesprovinces ravagées
par les massacresde 1894-96. Il avait alorspublié
unlivre, attribuant ceux-ci à des mesures visant à rendre inexécutables les réformes demandées par les Puissances. Il y
stigmatisait
lapolitique
deces dernièreset
prédisait
lareprise
des "troublesd'Arménie".En
juillet
1915,Lepsius
revint àConstantinople.
Bienqu'alliée
de
l'Empire
ottoman,l'Allemagne
le laissa faire sonenquête,
afin d'avoir le cas échéant un moyen de sedisculper
de l'accusation decomplicité.
Lepsius publia
dès 1916 son"Rapport
secret sur les massacres d'Arménie",puis
en 1919 son recueil d'actesdiplomatiques
"L'Allemagne
et l'Arménie, 1914-1918". Les documents cités, relatifs soit aupersonnel
de l'ambassade allemande soit aux consuls enplace
àdes endroits
stratégiques
comme Adana,Alep
ou Erzeroum, forment unensemble accablantet irréfutable.
On y lit ainsi les lettres
envoyées
à son chancelier par l'ambassadeur allemandWangenheim.
Connu pour saturcophilie
etdésireux autantque
possible
deménager
ses alliés tures, il dut pourtant lui-même reconnaître, dès le 17juin
1915 : "Il est évident que ladéportation
des Arméniens n'est pas motivée par les seules considérations militaires". Le 7juillet,
ilprécisait
: "La manière donts'effectue
ladéportation
démontre que le gouvernementpoursuit
réellement le but d'exterminer la race arménienne dansl'Empire
ottoman". Le 2 août, son
remplaçant
Hohenlohedénonçait
"ladétermination du gouvernement de se débarrasser des chrétiens
indigènes
desprovinces
orientales". Les rapports des consuls, témoins directs,sontencoreplus
détaillés.En fait, tous les Allemands
présents
dansl'Empire
savaient cequi
sepassait.
Certains, comme lejournaliste Harry
Stürmer, furent outrés devantla non-interventionde leur pa "Je dis que cet actefut
commisaveclelâcheconsentementdugouvernement allemanden
pleine
connaissancedes
faits".
D'autres,comme legénéral
Liman von Sanders,restèrent dans le cadre de leur fonction; néanmoins, celui-ci sauva de la
déportation
les ArméniensdeSmymme
en avertissant le gouverneurturc:"Si l'on touchaitàunseulArménien,
jefaisais
abattresesgendarmes
par mes soldats". Soninterprète,
Heinrich Vierbücher, a laissé, lui, untémoignage
accablant.Quant
à ArminWegner,
officier de la Croix-Rouge
allemande, il rapporta une série dephotographies qui glacent
d'horreur(voirp. 12).
Morgenthau
etlestémoignages
américainsLes Etats-Unis ne sont entrés en guerre contre les Puissances centrales
qu'au printemps
1917, ils avaientjusque-là
desreprésentants diplomatiques
dansl'Empire
ottoman. Leur ambassadeurMorgenthau
alaissé des "Mémoires",où il rapporte ses efforts
désespérés
pour arrêter le processus : son pays étant neutre dans le conflit, il n'avait pas àménager
les autoritésdanscette ''affaire interne". Talaat lui confirmaque 19les
déportations
étaient "le résultat delongues
etsérieuses délibérations",ce
qui
étaitprécisé
dans uneréponse
à unjournaliste
allemand : "Onnous a
reproché
de n'avoir pasfait parmi
les Arméniens dedifférence
entrelesinnocentsetles
coupables
: c'est absolumentimpossible,
carlesinnocents
d'aujourd'hui
serontpeut-être
lescoupables
de demain". Plus tard, Talaat confirma à l'ambassadeur : "Nous avonsdéjà liquidé
lasituation des trois quarts des Arméniens (...). Il nous
faut
enfinir
aveceux, sinon nous devronscraindre leur vengeance(...). Nous ne voulons
plus
voird'Arméniens en Anatolie, ils peuventvivredans le désert, mais nulle part ailleurs". Les entretiensdeMorgenthau
avec Enversonttout àfait concordants.
Le fait que
Morgenthau
ne cache pas sessympathies
pour lespersécutés
n'enlève rien à la valeur de sontémoignage.
Plus percutantencore, s'il est
possible,
est le rapport du consul américain àKharpout,
récemment retrouvé dans les Archives du
Département
d'Etat etpublié
sous le titre "La
province
abattoir". Située au centre de l'Asie Mineure,Kharpout
était un des noeuds essentiels du réseau dedéportation,
etLeslie Davis y fut consul américain à
partir
duprintemps
1914, seuldiplomate
neutre enpleine
Anatolie. Contrairement à son ambassadeur, Davis aplutôt
del'antipathie
vis-à-vis des Arméniens. Lesdescriptions
de son rapport n'en sont que
plus
décisives. Les dizaines de milliers de cadavres entassésprès
du lac voisin traduisent bien le rôle d'abattoir où lesdéportés
étaient conduits comme des bestiaux,depuis
la Mer Noireessentiellement.
Dès le 30
juin
1915, Davis écrivit àMorgenthau,
ausujet
de ladéportation, qu'elle "signifie
une mortprogressive
etpeut-être plus
horriblepour presque tous.Jenecroispas
qu'il
puisseensurvivreun surcent,
peut-être
même pas un sur mille". Le 11juillet
: "On les asimplement
arrêtés et tués dans le cadre d'unplan général
d'extermination de la race arménienne". Et encore, le 24juillet
: "Cen'est pas un secret que le
plan prévu
consistait à détruire la racearménienne en tant que race". Les
photographies prises
par Davis ontelles aussi été retrouvées.
20
Bryce
et le "Livre Bleu"britannique
Comme
Lepsius,
lediplomate anglais
JamesBryce
connaissaitdepuis longtemps
leproblème
arménien. Il avait dénoncé en son temps les massacres de 1895-96,sans cacher laresponsabilité britannique
dansla
dégradation
de la situation des Arméniens. Le 6 octobre 1915,dansunretentissant discours à la Chambre des Lords, il révéla le massacre
d'environ 800.000" Arméniens à la suite d'un
plan prémédité.
L'annéesuivante, il
présenta
à son Secrétaire d'Etat le "Livre Bleu", recueil de 150documentsprovenant de témoins neutres, autochtones, ou allemandscomme
Niepage, professeur
àAlep qui
avaitcomplété
son rapport par desphotographies
de "monceaux de cadavres au milieudesquels
setrainaient des
enfants
encore envie".La
préface
de cetimportant
recueil, couvrant toute l'Arménieottomane, était l'oeuvre d'un
jeune
historien, AmoldToynbee,qui publia
lui-même des étudessur cesévénements.
Les
responsabilités
Côté ture, la
responsabilité majeure
incombe tout d'abord,évidemment, à Abdul-Hamid, aux
dirigeants
Jeunes-Tures (surtout), à Mustafa Kemal etaugénéral
Karabekir. Mais on ne peutignorer
que les Tureset les Kurdesont massivement,etsouvent avec excès de zèle, "mis la mainàlapâte".
Les Allemands étaient alliés des Tures, comme d'ailleurs les
Austro-Hongrois.
Il estprobable
queplus
de fermeté de leur part auraiteu un certain effet, mais il ne faut pas sous-estimer la détermination
implacable
des Jeunes-Tures. On doitégalement signaler
l'attitudecourageuse de certains consulset missionnaires allemands, et
rappeler
lerôle essentiel
joué
parLepsius,
mêmesi l'une deses motivations était de dédouanersapatrie.
La
responsabilité
allemande est certes considérable, mais elle a été utilisée comme un bonprétexte
par les Alliés pour "se laver les mains". La vagued'anti-germanisme qui
a suivi la Grande Guerre enarrive presque à innocenter les Turcs,
prétendument manipulés
par les Allemands ! Il convient de faire la part des choses : si la France et laGrande-Bretagne
nepouvaient
pasgrand
chosependant
la guerre, elles avaient contribué à l'état del'Empire
ottomanqui
a créé le terrain favorable,et surtout-conjointement
avec lesEtats-Unis -ellesont menéune
politique
d'abandon face à laTurquie
kémaliste : le reniement du traité de Sèvresqu'ils
avaientsigné,
le refus duprotectorat par leCongrès
américain, l'abandon de la Cilicie, autantdedécisions
qui
ont favorisé laliquidation
totale des Arméniens.Le facteur
religieux
L'entrée enguerre de
l'Empire
ottoman futproclamée
comme unappel
à laGuerre Sainte('djihad"),
cequi
est d'autantplus paradoxal
que les alliés deConstantinople
étaient chrétiens et queparmi
ses ennemisl'Empire britannique
était unegrande puissance
musulmane. Pour legénocide, l'argument
du"djihad"
fut utiliséquand
il le fallait, mais il est faux dereprésenter
cettetragédie
comme un affrontementreligieux.
Lamotivation
profonde
des Jeunes-Tures n'était pas de se débarrasser des chrétiens, mais des Arméniens. Certes, les Grecs furent aussiexpulsés plus
tard, maisdansun autrecontexte, kémalisteetnon paspanturquiste.
Il ya un facteurterritorial
qui s'applique spécifiquement
aux Arméniens.D'ailleurs,
si
la bienveillancequasi générale
leproblème
dontavaita fait preuve laétéreligieux, population
commentexpliquer
arabe del'Empire
ottoman (elle aussiméprisée
par les Turcs). La nation arméniennedoit enpartie
sa survie àcet accueil et à son insertion dans les futurs Etats arabes du Proche-Orient, LaSyrie
n'a élevé aucuneobjection
à l'érection du mémorial de Deirez Zor,qui perpétue
pourtant le souvenir d'ungénocide
de chrétiens par des musulmans, et la nombreuse communauté arménienned'Alep,
issue desrescapés
dugénocide, témoigne
de la coexistence arméno-arabe. Quant aux22
Arméniens du Liban, ils sont
partie
prenante dans bien des domaines de la viepolitique,
et abritent lesiège
d'ungrand
nombre d'institutionsdiasporiques.
Il n'est passuperflu
de citer lesparoles
d'Enver en 1916 :"L'Empire
doit êtrenettoyé
des Arméniens et desLibanais. Nous avonsdétruit les
premiers
par leglaive,
nous détruirons les seconds par lafaim".
Quantà l'Iran, maintenant considéré comme un Etat
intégriste,
les Arméniens
n'y
ontpratiquement jamais
étéinquiétés
en tantque tels, même si larigueur
islamiste leur rend la vie difficileaujourd'hui.
On a souvent
prétendu
que les Arméniensqui
embrassaient l'islam avaient la vie sauve. C'est faux, et contradictoire avec les butspoursuivis
parles Jeunes-Tures. Cequi
est vrai, c'est que certainsenfantsen bas
âge
ont étépris
pardes familles turques ou kurdes, islamisés et utilisés comme main-d'oeuvre. De même,beaucoup
de femmes, surtoutles
plus jolies
jeunesfilles,ontété enlevéesetsesontretrouvées dans des harems. Tout cela étaitégalement planifié,
comme il ressort d'undocument confidentiel,
appelé
"Les Dix Commandements" par les autoritésbritanniques qui
l'ont découvert audébut de 1919; c'est un texteélaboré audébut dela Guerrepar les Jeunes-Tures,etdont le
point
5 dit :"Appliquer
les mesurespropres à exterminertous les hommes de moins decinquante
ans, lesprêtres
et les enseignants, etépargner
lesfilles
etles
enfants
en vuedeleurislamisation".Le
négationnisme
turcAux "sources
classiques" précédemment
mentionnées, il convientd'ajouter
les innombrables documents d'archives récemmentdépouillés,
et les fameuxtélégrammes publiés
par Aram Andonian, leplus
célèbre étant adressé par Talaat à lapréfecture d'Alep
le 29septembre
1915 : "Il a étéprécédemment communiqué
que le gouvernement(...) a décidé d'exterminer entièrement tousles Arméniens habitant enTurquie
(...). Sanségard
pourlesfemmes,
lesenfants
etlesinfirmes, quelque tragiques
que puissent être les moyens depa&