4'*
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in 2014
https://archive.org/details/miniaturesdunebiOOtarb
SOCIÉTÉ
OBI
BIBLIOPHILES DE BEI MS.
»
/
/
MINIATURES
d'pmi
Bible du XIV siècle
(i37 8.)
ffFACS1MII.E li« /«X/e.
SOi:lÉTÉDUS BIBL10PBUBSi>eliKiits
M
OCCC Mil.Il*mus.
—
ImprimerieL. Jacqcet.'histoire
des
arts etdes
lettresse lieà
celled'une nation,
etceluicxuwotîrquî voue sa
vieà l'éludede nos chroniques
estheureux de pouvoir
s'ar-racher de temps
àautre à de
tristesetsanglants
récils,pour donner quelques instants aux
poêles,aux
artistesqui ont contribué;»
la civilisationde
leursiècle.Les Gaulois, quand
lesRomains
lesconquirent,
n'étaientque des barbares
,
IV
et
leur imagination ne produisait
rienqui put approcher des monuments de
laGrèce
etde Rome:
ilsreçurent donc avec
lesfersleséléments des
lettres,des scien- ces
etdes
artsque
leshordes du nord ne lardèrent pas à étouffer au berceau.
Le clergé dont
laviolence respecta
lecaractère, sauva
le feusacrée
l'entretintà l'ombre des
cloîtres et legarda pour des jours meilleurs
: lesmoines conser- vèrent quelques traditions de peinture
:leurs manuscrits ornés de vignettes,
lesfresques qui revêtirent
lesmurs des
égli-ses bysantines
etgothiques,
lesfigures
qui décorent
lesanciens émaux, formè-
rent
lespoints de transition entre
lesécoles grecque
etromaine
et cellesdu
monde moderne.
V
Cette
luttede nos pères cherchant
àreconquérir
lepassé des
arts etprépa- rant leur avenir,
n'apas besoin de nos éloges
:nous avons voulu donner
ànos devanciers un témoignage de notre gra- titude en publiant
et faisantrevivre une de leurs compositions.
Vingt des nombreuses vignettes qui décoraient une bible du xiV"
siècleont survécu
à ladestruction d'un manuscrit qui devait
êtreprécieux;
ellenous
ontparu toutes dignes
d'intérêt:M. Mac- quart, notre collègue
s'estchargé du
soinde
lesreproduire
etde joindre
àson
travaildes
citations etquelques notes
artistiques.La riche bibliothèque de M. Eugène
VI
Clicquot, membre
ausside
la sociétédes bibliophiles de Reims, nous a fourni
lesdessins originaux dont nous livrons co- pie au public.
Ces débris d'un autre âge sont cou-
verts
d'un papier sur lequel sont
écritsquelques mois mal orthographiés, en ca- ractères qui semblent remonter à
laûn du
siècledernier.
Ces quelques mots sont tout ce que nous savons de l'ouvrage
dont,nous nous occupons
:ilsforment son passeport sur
la
grande route de
la postérité.Les
voici :
«Vingt miniatures de
labible de Cery,
«
recueilliespar Jean Pastourel en 1378.»
VII
L'une des vingt vignettes,
lapre- mière, aurait pu nous donner quelques éclaircissements
: ellereprésente uo homme qui
offreun
livreà un évèque.
Leurs costumes, ceux des personnages qui
sevoient sur
lesantres miniatures,
lecaractère de
l'écritures'accordent parfaitement avec
ladate de 1378; tout révèle
la findu quatorzième
siècle.Le molCery nous
along-temps
etinu- tilement occupé
:est-ce
lenom de
l'é-crivain ou
celuide
l'artiste?est-ce
lenom de
lapersonne qui a reçu ce
livreen don? est-ce
lenom du couvent où
ilfut
déposé? Résoudra
leproblème qui
l'osera :nous y renonçons.
Ily avait en
France, au diocèse de Reims, une ab-
VIII
baye de Cheery,
etau diocèse d'Amiens un monastère nommé Serry
:rien ne peut
fairesupposer que ce manuscrit
ait été lapropriété de
l'und'eux.
Dans
lavignette dont nous avons parlé
c'estun évêque
etnon un abbé qui
reçoitle livre,car
ily a près de
luiun jeune
clercqui
tientune croix
: ilestdonc probable que notre volume vient d'une bibliothèque épiscopale.
Quant à
celuiqui
recueillitou
fit faire labible dont nous étudions
les reli-ques, d
estparfaitement connu dans
l'histoire.
Quelques biographies
lenomment Jean
Pastoret, quoique tous
lesauteurs
sesIX
contemporains
,toutes
lespièces ou ce
nom
setrouve l'appellent Jean Pastorel ou Jehan Pastourel. La famille Pastoret qui
existeencore
a laprétention
d'être sortiede
sarace
: le fait est possible,mais
lenom
achangé.
Jehan Pastourel naquit vers 1328
: sa famille étaitdéjà
illustredans
larobe,
etson
aïeul,nommé Jehan comme
lui,oc- cupait
laplace d'avocat du
roiau par- lement de Paris en 1301
: il suivit lamême carrière
etjoua un
rôlequi
n'estpas sans importance au milieu des
trou- blesqui désolaient
laFrance dans
lesdernières années du règne de Jean
11.En 1358, Marcel,
leprévôt des mar- chands, voulut
livrerParis à Charles-le-
2
X
Mauvais
roide Navarre
, etaux An-
glais.
L'heure de
latrahison
arrivait, et lesportes
allaients'ouvrir à l'ennemi, lorsque
,pour rappeler une expres-
sionde nos vieux chroniqueurs, Dieu inspira
et éveillaquelques bourgeois de Paris qui étaient
restés fidèlesau
roi,à son
fiîsleduc de Normandie, etàla cause nationale. Pépin des Essarts, Jean de Charny, Jean Maillait
etd'autres pri- rent
lesarmes
ettuèrent Marcel
: ilscoururent aux
hallesen criant Montjoie!
Saint-Denis
!Au
roi etau duc! Jean Paslourel
lesaccompagnait
,ce
fut lui,disent quelques biographes, qui portait
labannière de France autour de laquelle
se rallièrenttous
lesbons citoyens. Au
point du jour,
il futdéputé au dau-
phin pour
luirendre compte de ce qui
XI
s'était
passé
et l'inviterà entrer
à Paris.En 1402, Jean Pastourel passa de
vie àtrépas après avoir rempli dignement pendant de longues années
lesfonctions de premier président
à lacour des comptes
: il futenseveli
àSaint-Denis avec sa femme. Puissent
lesquelques
li-gnes qui précèdent
faire rejaillirsur
lesvignettes que nous publions une partie de
l'intérêtque doit inspirer
celuiqui
les fit faire.
Prosper T.vhbé.
<caG0O
[< I >H)J»>
DO MANUSCRIT.
La
plupart des manuscrits sur vélin ont été exécutés pour des seigneur» ecclésiastiques ou laïques, etsouventcetravail étaitcommandé
par cuxjc'estcequ'indiquepresquetoujourslavignette dessinéeentêtede lapremière page,ainsique la dédicace,humble
et souvent Qatteuse, qui l'ac-compagne. Pendant
la longue période appelée moyen-âge, la science était éparse en quelques monastères;ledessin,peupratiqué,étaitle secret de quelquesinitiésquis'y livraient avecune
ar-deuret
une
persévérance admirables;c'étaitdans
lesilencedes cloîtres, souslarobe
du moine,
et danslasolitude des cellulesque
deshommes
de paix travaillaient à la reproduction des livres saints,ou
bien à quelquesmonuments
de l'his- toire;ilsétaient calmeset tranquilles au milieu des tempêtesdu monde
; absorbés par l'étude, ilstraduisaientetcommentaient
les pèresde
l'é- glise, enrichissaient leurspropresœuvres
de mi- niatures d'une délicatesse achevée, et faisaient fleurircettebranche
del'artdu
dessinconnue
souslenom
depeinturesurvélin.La
majeure parliede
cespeinturessontadmi- rablesdetravail, richesd'ornemens
et surchar- géesdedétailsaussibizarresque
précieux.Com-
bienn'onl-t-ellespascoûté
de
soins,de temps
etde
peinesàleursauteurs!On
ne peut qu'admirer, avecautantde
respectque
de curiosité,cesma-
nuscrits séculaires.
Quelques
unsde
ces volumi-neux
ouvragesreprésententl'existenced'unhom-
me,
la vie d'un religieux.En
admirant cesœu-
vresde
gojit etde
patience,si répandus epeoreilya
un
demi-siècle, le bibliophile déplorecette funesteépoque
qui n'a pasmême
épargné dans sa destruction res pages manuscrites, chefs- d 'œuvres depatienceconservésjusquelà, trésor»précieux souslerapporthistoriqueetsouslepoint de vue artistique.
Le
inauuserit, dont nous publions lesminia- tures, a subiune
lacération presque complète.Ce
manuscritétaitune
bible, el c'est àpeine s'ilen restel'indication despremierschapitresdela
Genèse.
Nous
noussommes
attachésà reproduire avec exactitudeles vingt miniatures conservées.Les originauxsont dessinésà la
plume,
letrait est légèrementombré
parun
lavisaunoir;ilestprivé decescouleursbrillantesqui fontordinairementle
charme
de cegenre de gouaches; l'or, l'ou- tremer, lecinabrerehaussésdenoir, ne sont pas lesmoyens
employéspar l'auteur des dessinspour éblouir les yeux; le trait presque pur, couvert parfois de quelques légères touchescolorées de rougeou
de vert,est tracé avec assurance;ilest largement jeté dansles draperies, conduitavecfermeté danslescontour?, en
un
mot,ilannonce pour
l'époque àlaquelle il serapporte,une
exé- cution remarquable.C'estparlanaïvetédescom-
positions,etsurtout par la manièredont
sont in- terprêtésquelques versetsdes premiers chapitresde
laGenèse,que
cettesuite offre d'intéressantes images.La
première miniaturereprésente l'auteuràge- noux, offrantson livre àun
évêque; leprélat, assis, revêtudes habits pontificaux, reçoitlepré- sentaveccérémonial.On remarque
surle bras dechacun
des personnages placés à droite etàgauche du
sujet,une
fourrure, semblable à l'au-mussedes
chanoines.Dès
ce premierdessin,on
reconnaît l'entente desdraperies etune bonne
dispositiondespersonnages.
<œs68<
Il)XBxd>
Chapitre
I,verset
1.« 3lu
commencement Dieu
créa le ciel et la«terre *. »
L'auteur
du
dessindonne
a laterrela forme sphérique;ilreprésente])icu,créant lemonde, un
coujpasà lamain,
ille représentemarchant
surun
terrain, etnon
porté surdes nuages; il est sortides expressionsdu
texteen plaçant des étoiles au firmamentetenfigurantl'existencedela végétation.
Aucun
astre,aucune
planten'exis- taientencore: c'étaitle premierjourdelacréa- tion.L'Eternelestreprésenté,dansce dessin,
comme
dans lessuivants, avecde longscheveux, la tête environnée d'un liuilie rayonnant, à la manière byzantine;la barbecourte et fourchue;l'artiste
semble avoir adoptélatype
du
Christdel'églisegrecque
pour
leprésenterleCréateur.'Tratltit-liondtLtOMiMftHt Sicj.
3
<eegjOft III
>»Xm>
Chapitre
I,verset
»,«
€t Dieu
fitlefirmament
; etil sépara Ire« tauïqui étaient eous le
ftrmamrnt
be relira« quiétaient au-bessue
bu
firmament.Cela
er« fit ainet. »
Dans
cette miniature,comme
dans celle qui précède,l'artùteaplacéun
livredans lamain
de Dieu; cetemblème
semblerait être lareproduc- tiondu
livredu
destin desanciens; il semble que les premiersartisteschrétiens, sculpteursetpein- tres, aientconfondu, dansune commune
pensée, la traditionpaïenneetla religionde Moïse«aam iv >m^»>
Qknèse
,
Cbapitre
I,versets S et
ltt.« <£t
Dieu
bonnaau
firmament lenom
iu« rifl: et
bu
soirau
matin se fit le seront)« jour. »
«
« 31 fit aussi les étoiles.»
Quel
quesoiterlui desdeux
versets citésquiait servidetexteausujetdecetteminiature, iou jours est-ilqu'au troisième jourdela création, la (erre n'avaitencorerien produit, lasemence
n'étaitpal créée. C'est à tort quel'herbe et les arbres sont placésdans le paysage.Le
dessinateur a couvert les épaulesdu
créa- teurd'un longmanteau
dont les plis sont jetés avec art; ilestrichementagrafé sur lapoitrine.Dieulancelesétoilesdans l'espacepourbriller au firmament! les étoiles ont laforme de petit»
globeslumineux.
Gknèsc
,
Chapitre
1,verset 11.
«
Bifu
îlit encore :Ctuc laterre probuisc be» l'l)erbe uerte qui porte bc la çjraine, et bes
« arbresfruitiers qui portent bes fruits rljarun
« selon son espère, et qui renferment leur se-
• mence en
eur-mrmes
pour se reprobuire sur« la terre : etcelase fit ainsi. »
A
lavoixdu
Seigneur,la végétationrègne;les fleurs les fruitset lasemence
sontsortisdu
néant.llicn de
mieux
conçu que la disposition des pliscjuiEntourentla figuredans ce dessin; cette manièrelargeetfacilede dcssiiK-r lesdraperies, rappelle les sculptures remarquable* de cetteépoque
de l'art gothique; sculptures caracté- risées, dont leslignes grandeset hardies s'épa- nouissent aux portails de tant de belles cathé- drales.Attentif à lareproduction ilusujet, l'artiste a bienexpriméla volonté
du
créateur; l'herbe est touffueetlesarbressontchargés defruits.>d§r "VI
<cffOQ£(
VI
)XP»)>
(Genèse
,
Chapitre
I,vernet 1C,
«
Dieu
fitbonrfcntï arnnu's corpsluminrur," l'un plus
granb pour
prrsiùcrou
jour, rt» l'autrr
membre
pourprr'siikrd lanuit »Plusieurs dos prinlrcs au
moyen-âge
ont re- présenté Dieuétendantleabtas pourplacerdansleciel l'astre
du
jouret celuidelanuit. Ilsem- blequ'ilsaient voulu, parunemême
conception, fairecomprendre
l'étendueinfiniedelapuissance divine,dontlesden\
oifaïna embrassentl'univers.Raphaël, fidèle à cette tradition, a enrichi
du mémo
sujet les logesdu
Vatican;lui aussi,il a représenté le Seigneurcréant, d'unemême
vo-lonté,le soleil et la lune, et les plaçant,par
un même
gesle.dansl'immensité.<cgo
a[<Vil
yjyjs»
Chapitre
1,verso
**0.«
©ieu
bit encore:«
Bes
animaitïuioantsquinagentbans
l'eau« etbes oiseau* qui noientsurIn terre, sous le
>
firmament bu
ciel. »Ce
dessin représente le cinquièmejourde
la création.Dieudonne
aumonde
lespoissonsetles oiseaux.Lorsque les anciens avaientà représenterdes fleuves roulant leurs eaux au milieu desterres, ils indiquaient ordinairement le cours de l'eau pardes lignesonduléestracées danslesensdela ligne verticale; lesbasreliefs conserve» enpor- tentde
nombreux
exemples.En
ceri, les peintresdu moyen
-agcont copié lesRomains;
car, dans presque toutes les peinturesde
celte époque, l'eau n'estpoint dessinéedanslesens horizontal;la loi
du
niveauetdelagravitationestcomplète-ment mécounue.
*
<oooC(I<
VIII
>H»x»
(fknèse
,
Chapitre
I,verset
«
Dieu
créabonrl'Ipmme à sonimage; ille« créa à l'image île
Dieu
, etil les créa mâle et« femelle. »
L'arliste, auteur
de
cetteminiature, estmoins
heureuxquand
ildessinelenu
quelorsqu'ildra- pe ses figures. Celle difficulté. à laquelle n'ont paséchappéles peintres de son époque, se re- trouvedans presquetous lesmanuscritsdu
xeau
xv* siècle.On
reconnaît généralement des pro- portions grêles,desmains etdes piedsbeaucoup
trop longset lesdimensionsdu
corps sensible-ment
raccourcies.Quoi
qu'il ensoit, ense repor- tant à cetteépoque
ténébreusedel'arten France,on
retrouve, danslaminiaturedu
verset 27, des posesjustes etun
ensemble remplid'expression.Chapitre
II,verset
«
£t
SrionrurBtfu
, bt la côte qu'il aooit« tirr'c
b'^lbam
forma lafemme
, rtTarama
à«
3toam.
»Eve
sortdelacâted'Adam,
elletendversDieu sesmains jointes et le créateur la bénit.Adam
sommeille, son corpsest livré au repos; il ya dans sa pose
du
naturel etun abandon
dessiné avecsimplicité.Eve
estcoifféeen tresses, àla manièredes da-mes
de lacourde CharlesV. LareineJeanne deBourbon
avait adoptécettemode
gracieuse, que toutrécemment
encoreon
avait fait revivre.L'auteurn'a pas
manqué
d'orner,de lacoiffure de sontemps, la léle delamère
des peuples.<m&< x >&m>
<lia
pitre III, n
isois 4
< i5.
« Ceserpent repartit nla
femme
: assurément« nous ne mourrezpoint.
« Hlais c'est que
Dieu
sait qu'aussitôt que« nousauren
mangé
île refruit, nos veutseront ouverts, et nous sere:comme
îles uïeur, en« connaissant le bien et le mal. »
Leslivressaintsnedisent passil'esprit
du
ma), sous taform"du
«errent, s'enroula autour de l'arbre plaeé au milieudu
jardin d'Iùlen.La
tradition . établie parlesouvrages des peintres chrétiens,est généralementrespectéeàcetégard:ici le serpent entoure l'arbre, il portede-- ailes et
une
faeed'homme.
L'expressiond'admirationestpeinte -urlestraits
d'Adam
;il sourit avecamour
en regardant laCOmpagnt
que
Dieuluiadonnée
:les désirsnais- sent en soi: eor-ur, iloublie ladéfenseque l'E- ternellui a faite,ilest tentéparEve
. etvagoû- terle fruitdel'arbredela science.5
<(tga£j£<
xi
ï$yxn»
Qknèse
,
Chapitre
III,veroet
'il."(Et l'en agant rljaeeé, il mit ï)rsfljrrubins
« bruantIr jarbin br br'lirre, qui faisaient r'tin- rrlrr une rprrbr fru , pour garbrr Ir cljrmin qui ronbuisait à l'arbrr br oie. »
La
chûlcdu
premierhomme
a toujours étéun
sujettraitéavec succès.Ce
premieracte dela justice divine estimposant jusqu'au sublime;aussi a-t-ilinspiré souvent les artistes:
l'homme
a perdu sa pureté, il s'aperçoit qu'il est nu, il
connaît sa fiiblesse et
comprend
l'immensité de sa faute; sadésobéissanceest sans pardon! Dieul'a frappé d'une
condamnation
dont l'effet s'é-tendrajusqu'au jourdela rédemption.
Celte miniature est belle.
Adam
et Eve sont chassés, le repentir est dans leur regard , leur gesteest suppliant, maisl'angeale braslevé et menaçant. L'auteur.sembleavoir vouludonner
àcette scène
un complément
de tristesse en fai- santbriller les étoiles au ciel; il indique par làque
lejourdanslequellepremierhomme
acom-
mis lepremier péchéa luipourjamais.<««K
<xii ï&m»
(&t ncsr
,
Chapitre
1%',verset* » et 4,
« 31 arriva long-temps après que (lat'nof-
« frit
au
Seigneur bes fruits bela terre. ««2lbel offrit bes premiers-ncs be son trou-
« peau rt be ce qu'il aoait be plus gras. £t
« Seigneur regarba faoorabletnent 2lbel et ses
« présents. »
Ilest à
remarquer
que dans toutes lesminia- turesqui vont suivre, ledessinateuraplacéDieu
dansune
gloire; la diviniténucommunique
plus avecl'homme
quedu
haut de son trône céleste, environnédesesanges.Dans
ce dessin, parun
innocent anachronisme, figureun
autel couvrit d'une draperie ornéede
franges, Caïn est placé en avant d'Abel, il voudrait, sansdoute, inter- cepter l'offrande de son frère, mais Dieu a re- jeté ses\œux
jaloux et distingué l'impureté de son âme. Iciencorebrillel'heureuseconception del'artistede 1378.<cœccC XIII
)Hpd>
Qknèse
,
Chapitre IV, verset a,
«(£t
daïn
bit à sou frère 3lbcl : Sortons.. ï>eh,ors.
€l
lorsqu'ils furent îlans 1rs rljamps,«
Caïu
se jeta sur son frère 3bel etle tua.»Abcl eit frappé par soi» frère pendant son sommeil; l'arme quel'au leur a placée dans les
mains
de Caïnparaitèlreune hacheàlongman-
che. Lesdeu\
personnages sont complètement vêtus et portentun
juste-au-corps orné d'une large ceinture quidescend jusqu'aubas desreius, puis, à partirdela ceinture,un
jupon courtetà largesplis.C'est ainsique
lecostume français fat généralement porté sous Cliarles-le-Sagc. (l).Ce
dessin vient corroborer la date indiquée surla feuilleservantd'enveloppe aux miniatures, enveloppe que M.Eugène
Clicquot à soigneusement
conservée.*llerbè,Couunitifrjnçiii,quatoriicmetiède.
«e&Çfr XIV
>HBff»
(fôcnèsc,
Chapitre VII, verset ©.
« €ntrcrent aussi
bans
l'arrêt aorr Hoc,» brur à beuï, mule ftfemelle, selon que le
ôcianeur{'avait
rommanbe
à ïlor. »Les principauxtypesdelacréation, l'homme,le lion etl'aiglesont ceux choisisparl'artistepour babitanta apparents
de
l'arche; cesemblèmes,
des plus belles conceptionsqu'offrela création, n'ont pas écliappé h l'attentiondu
spirituel ar- tiste dontnous
représentons quelques œuvres;louangessoientàson
bon
goûtainsi qu'honneur h samémoire
!L'archeestconstruiteenl'ormede bateau,elle est remarquableparles
deux
tourelles crénelées qui sont placéesàchaque
extrémité; !e toitet la girouette qui lescouronnent rappellentlescons- tructionsdu
XIV*'siècle.6
XV imn»
(fôenèsf
,
« liait ((-<-
ix. verset
« (Cliam prrc ùr (Cl)anaan, le trouronl tn ret
« état rt voyantqurrr qur la puurur
obérait
« bt rarh,rr rn ton prrr était urrouorrt, sortit
« bcliorô rt le oint
bhr
à ses unir frhrs. »La figure
moqueuse
doCham
est en opposition aTcoreliede Japhotquidétournelatête etrejette surson pèreun
COÎDde sonvêlementLanuitlaissebrillerlesétoilesaurie):
Noé
estendormi
piesd'un grand feu qui pétille;Chant etJapliel portent tous deux,lecostume
français de iô5o.<ajxm xvi o hh»
(fôenèse
,
Chapitre XII, verset
I.« £t Seigneur bit à
vtbram
: Sortez be« notrepags, be cotre parente , et be lamaison
« be ootre père; etoeneïen laterre que je nous
«montrerai. »
L'Eternel choisit
Abraham
pour chef de son peuple:Abraham
reçoithumblement
les ordresdu
Seigneur. Ilestrevêtud'une longue tunique3
u'entourent les plisde sonmanteau
;l'auteur aonnè un
caractère s.vèrcaucostumedu
patriar- che hébreu.XVII ï&&»>
(Jkncse
,
C
hapitre X\, ver met s » et IO.
a St Seigneur lui répliqua : |3rcncîune vac\)c g be trou ans, une rljèOTt bc trois ans, et
un
« bélier qui soit bc troisans aussi, once une
« tourterelleet une colombe »
«
Slbram
prenant bouc tous lesanimanr
,
« les bir-isa par la moitié, et mit les beur par-
titics qu'ilavait coupées cis-d-ois l'une bc l'au-
« tre,
mais
il ne bioisa pointla tourterelle ni la« colombe.
Celteminiatureestla reproductioniluverseto.
Abraham
sedisposeàexécuterlavolontédu
Sei- gueur.Le
sujetestbien exprimé, l'exécution yrépond parlareprésentation des choses quilecomposent.C'est toujours
un
détail) ferme, naïf et bien agencé.«cqgco xviii
<§t nt se
,
Chapitre XVII, verset 5.
« tious ne nousappellerezplus
3lbram
:mais
«
vow
nous appellerez 2lbral)am; parte que je« rousai établi pourêtre lepère b'une multitude
« be nations. ><
Dans
ce dessincomme
dansplusieursde ceui qui précèdent,lacoiffedes personnagesàla for-me du bonnet
phrygien;c'estexactementlaforme deschapels pointusdontlesbourgeoiscllesgensdu
peuple,hommes
etfemmes,
secouvraient la têteà cetteépoque du
milieudu
ïiv' siècle.7
<gflH
<xix ï&m»
Chapitre XVIII, verset G,
«
Ces
liommts s'e'tant boncUnes
be te lieu,
«
Us
tournèrentUs
geus oersSobomr
, tt«3U>rah,am allait acre cuï 1rs reronbuisant. »
Les anges, sousla forme detrois
hommes
sont vêtus en voyageurs; ils ont toustroisun
bâton ferré a lamain,
àleur côlépend
l'escarcelle, et la chappeàcapuchon
complèteleur costume. Il n'estguère possiblede rencontrerune
plus par- faitereproductionde l'habillement desFrançais sous Charles V, aussi cette \ignelle est-elleune
despluscurieusesquel'onpuisseoffrit.(ftenèsc
,
Chapitre XXI, veraet 14.
« 3lbral]ûin se letw bonr bée le point
bu
«jour, prit
bu
pain etun
naisseatt plein b'emi,« lesmit surl'épauleb'îlaar,luibonna son fils
« et la renrojja. (Êlle, étant sortie, errait
bans
« la solitube be Bersabée.»
Abraham
chasse Agaret Ismaël. Le geste est expressifetbienmarque
; ce dessin ne pourrait exprimerun
autre sujettant ily ade verilédanslaposedes Gguresqui
composent
cetteminiature.a ïmue cattU wamerc que la imue t^uant tk Ce
ttatttttUmeti*$c tout amena Otc^le;Wes tt les
Ici se
termine
la sériedes miniatures de
la biblede Jean Pastourel. Par ce qui
resleon peut juger du mérite
etde l'importance que devait avoir
lelivre.Ce
devait
êtreun des plus curieux manus-
crits
du moyen-Age, puisque 20 vignettes sauvées, ne représentent qu'une partie des 21 premiers chapitres de
laGenèse.
Un
pareilouvrage
estregrettable quand
rien
ne peut en réparer
laperte.Nous donnons un fac-similé du texte
, écriten français
, il estdoublement pré- cieux comme échantillon de l'idiome français du xiv
siècle, ettraduction
li-bre des versets 15
à20 inclusivement du deuxième chapitre de
laGenèse.
J.