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Diplomatie pontificale, diplomatie française. Convergences et distances à l’heure du con-cile Vatican II et du gaullisme (1958-1969)

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Diplomatie pontificale, diplomatie française.

Convergences et distances à l’heure du con-cile Vatican II et du gaullisme (1958-1969)

Christian Sorrel

To cite this version:

Christian Sorrel. Diplomatie pontificale, diplomatie française. Convergences et distances à l’heure du

con-cile Vatican II et du gaullisme (1958-1969). Chrétiens et Sociétés XVIe - XXIe siècles, LARHRA,

2020, pp.191-204. �hal-03168695�

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Chrétiens et sociétés

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siècles  

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Diplomatie pontificale, diplomatie française.

Convergences et distances à l’heure du concile Vatican II et du gaullisme (1958-1969)

Christian Sorrel

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/7384 ISSN : 1965-0809

Éditeur

Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes - LARHRA UMR 5190 Édition imprimée

Pagination : 191-204 ISSN : 1257-127X

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Référence électronique

Christian Sorrel, « Diplomatie pontificale, diplomatie française.

Convergences et distances à l’heure du concile Vatican II et du gaullisme (1958-1969) », Chrétiens et sociétés [En ligne], 27 | 2020, mis en ligne le 19 mars 2021, consulté le 20 mars 2021. URL : http://

journals.openedition.org/chretienssocietes/7384

Chrétiens et Sociétés – XVIe-XXIe siècles est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

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12 €

CHRÉTIENS ET SOCIÉTÉS XVI

e - XXI e SIÈCLES

2020 N° 27

ISSN

ISSN : : 1257-127X 1257-127X

Ouvrage publié avec le soutien de l’

CHRÉTIENS ET SOCIÉTÉS

XVIe - XXIe SIÈCLES N° 27

N° 27 2020 2020

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N° 27 2020

CHRÉTIENS ET SOCIÉTÉS XVI

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- XXI

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SIÈCLES

http://journals.openedition.org/chretienssocietes/

Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes

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Couverture :

Illustration : PPeltier, Georges (18..-19..). Dessinateur. Exposition coloniale internationale. Paris, 1931 / Dressé et dessiné par G. Peltier. Source gallica.bnf.fr / BnF, ark:/12148/btv1b530666671

Réalisation : Christine CHADIER

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et du gaullisme

(1958-1969)

L ’année 1958 apporte des changements majeurs au Vatican et en France.

Le 28 octobre, Jean XXIII, ancien nonce apostolique à Paris, remplace Pie XII sur le siège de Pierre. Le 21 décembre, le général de Gaulle est élu président de la République française, sept mois après son arrivée à la prési- dence du Conseil liée à la guerre d’Algérie et à la crise constitutionnelle. Il reste au pouvoir jusqu’au 28 avril 1969, alors que le pontificat de Paul VI, qui a succédé à Jean XXIII le 21 juin 1963, se poursuit jusqu’au 6 août 1978.

La décennie gaulliste marque l’intensification, mais aussi le déplacement des échanges entre les deux diplomaties, encore mal connus, en raison notamment des politiques d’accès aux archives

1

. Il est néanmoins possible d’esquisser des réflexions préliminaires à une étude poussée en mesurant le renouvellement de la relation entre la France et le Saint-Siège puis en analysant les convergences et les distances entre les partenaires, engagés dans des processus parallèles de transformation et une stratégie de présence mondiale.

Une relation renouvelée

Dès son retour au pouvoir, le général de Gaulle manifeste une atten- tion particulière pour la papauté, comme en témoigne le télégramme adressé à Pie XII le 21 juin 1958 : « La mission vient de m’être donnée de diriger à nou- veau la France en une période grave pour son destin. Au moment où j’assume cette lourde responsabilité, ma pensée respectueuse se porte vers Votre Sainte- té. En toute piété, j’appelle son soutien spirituel sur mon action et lui demande de bénir la France

2

. » La tonalité religieuse du texte est neuve, en phase avec la foi personnelle de l’auteur, sa vision de l’histoire nationale et son ancrage doctrinal dans la matrice catholique sociale

3

. Il s’inscrit aussi dans le proces-

1 Gilles ferraGu, Florian MiChel (dir.), Diplomatie et religion. Au cœur de l’action culturelle de la France au xxe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, 276 p.

2 Archives nationales, archives de Gaulle, 5 AG 1/1507. Le pape répond : « Vivement sensible au noble message que vous nous adressez, nous faisons monter vers Dieu nos prières pour qu’il vous assiste dans votre importante et lourde tâche et nous appelons sur votre patrie, qui nous est chère, un avenir de paix et de prospérité en gage duquel nous vous accordons bien volontiers notre paternelle bénédiction apostolique. »

3 Philippe portier, « Le général de Gaulle et le catholicisme. Pour une autre interprétation de la pensée gaullienne », Revue historique, n° 602, 1997, p. 533-562 ; Alain larCan, De Gaulle

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sus de rapprochement en cours entre la France et le Saint-Siège, attesté par la visite officielle au Vatican du président Coty le 13 mai 1957, la première d’un chef d’État français depuis 1494

4

, treize ans après celle du général reçu comme chef du gouvernement provisoire le 30 juin 1944, trente-six ans après la reprise des relations diplomatiques. Mais il revêt également une signification conjonc- turelle, tel un signal donné aux catholiques conservateurs hésitants face au ralliement à l’adversaire du maréchal Pétain. Le danger existe en effet de les voir voter non au référendum constitutionnel du 28 septembre, avec la gauche et les catholiques progressistes. La campagne intégriste développée en ce sens au cours de l’été en instrumentalisant la mention de la laïcité dans l’article 1 n’est pas sans écho dans leurs rangs comme dans une partie de l’épiscopat.

Le danger est finalement écarté. Les milieux gaullistes réagissent, alertés par Mgr Villot, secrétaire général de l’épiscopat, qui contacte le catholique René Brouillet, ancien premier conseiller à l’ambassade de France près le Saint- Siège, rappelé à Paris comme secrétaire général pour les affaires algériennes

5

. Et les cinq cardinaux résidentiels publient une déclaration rassurante, même si le plus prompt à se rallier à de Gaulle, l’évêque du Mans Grente, ne la juge pas assez nette

6

. Son attitude lui vaut d’ailleurs la confidence de la pensée du général qui joue sur l’ambiguïté d’une fausse évidence :

À moins que l’État ne soit ecclésiastique, je ne vois pas […] qu’il puisse être autre chose que laïque. Toute la question est de savoir comment, dans quel esprit, il sera cela. Pour qu’il le soit comme il faut, je crois bon, en toute conscience, qu’il reçoive le baptême de l’Église de France

7

. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que la succession de Pie XII, ouverte le 9 octobre, intéresse le chef du gouvernement, préoccupé de favo- riser l’élection d’un modéré prêt à apaiser les tensions entre Rome et l’Église

inventaire. La culture, l’esprit, la foi, Paris, Bartillat, 2003, 927 p. ; Gérard bardy, Charles le catholique. De Gaulle et l’Église, Paris, Plon, 2011, 389 p. ; Charles de Gaulle chrétien, homme d’État, Paris, Cerf, 2011, 433 p.

4 La rencontre entre Charles VIII et Alexandre VI en 1494 relevait surtout du face-à-face dans le contexte des guerres d’Italie.

5 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1508 : note de R. Brouillet, début septembre 1958.

6 Frédéric le MoiGne, Christian Sorrel, « Les cardinaux résidentiels français et Rome durant la période conciliaire (1959-1969) », dans François janKoWiaK, Laura pettinaroli (dir.), Les cardinaux entre Cour et Curie. Une élite romaine (1775-2015), Rome, EFR, 2017, p. 79-93 ; Christian Sorrel, « In lumine gloriae. Georges, cardinal Grente (1953-1959) », dans Domi- nique avon et al., Le cardinal Grente (1872-1959). Homme de lettres et prince de l’Église, Rennes, PUR, 2021, p. 197-211.

7 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1322 : lettre du général de Gaulle au cardinal Grente, 17 sep- tembre 1958.

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locale, « aile marchante du catholicisme contemporain

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», et conscient des in- térêts de la nation dans le monde. Les faits sont connus pour l’essentiel, mais l’ouverture de nouveaux fonds d’archives, comme les papiers Grente, permet de les préciser

9

. Le président agit d’abord par l’intermédiaire de l’ambassadeur près le Saint-Siège Roland de Margerie, en poste depuis 1956. Il le charge de se concerter avec ses collègues des pays occidentaux, qui apprécient peu les prétentions françaises, et de contacter les cardinaux étrangers, parfois réceptifs à ses avances, comme le patriarche catholique syriaque Tappouni. C’est dans ce cadre, « balisé par des instructions générales suffisamment larges », que le diplomate précise « peu à peu » sa « campagne » en faveur du cardinal Ron- calli auquel il est favorable d’emblée en raison de son passé français et de sa capacité à rallier des suffrages variés face à la difficulté des camps opposés à faire élire leurs candidats, du conservateur Ruffini au social Lercaro

10

. Il ne faut donc pas figer trop tôt une démarche évolutive ni affirmer l’adhésion sans délai du général de Gaulle à la candidature de l’ancien nonce à Paris, comme des historiens l’ont fait

11

.

L’essai de prise de contact du chef de l’État avec des cardinaux français avant leur départ pour Rome, selon l’ancienne tradition concordataire, atteste du reste la réticence à l’égard du patriarche de Venise des milieux gaullistes qui ne gardent pas de bons souvenirs de sa mission parisienne et lui préfèrent l’archevêque de Milan Montini, sans ignorer la fragilité des chances d’un pré- lat extérieur au Sacré Collège. Mais la forme de son action irrite. De Gaulle donne au cardinal Feltin, qu’il reçoit à l’Élysée, le sentiment de « vouloir faire pression sur lui », alors que l’archevêque de Paris partage ses craintes face à l’élection de Roncalli qui provoquerait, dit-il, la « risée » en France. Le car- dinal Grente se dérobe à une rencontre directe, mais accepte de recevoir deux émissaires, Alfred Michelin et René Brouillet, avocats de Montini. Ils prêchent un convaincu et, à la veille du conclave, les cinq cardinaux résidentiels envi-

8 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : rapport de fin de mission de R. de Margerie, 30 septembre 1959.

9 Alberto Melloni, L’altra Roma. Politica e S. Sede durante il concilio Vaticano II (1959-1965), Bologne, Il Mulino, 2000, p. 32-36 ; Sébastien G, « La France et ses relations avec le Saint- Siège, 1958-1969 », Relations internationales, n° 122, 2005, p. 33-46 ; Enrico Galavotti, Pro- cesso a Papa Giovanni. La causa di canonizzazione di A. G. Roncalli (1965-2000), Bologne, Il Mulino, 2005, p. 283-302.

10 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : rapport de fin de mission de R. de Margerie, 30 septembre 1959.

11 À l’exemple de Sébastien G, « La France… », p. 40.

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sagent de faire « bloc dès le premier tour sur le nom de Mgr Montini pour voir ensuite les réactions », même si les contacts avec leurs collègues étrangers sont décevants. Au final, il semble que trois d’entre eux (Feltin, Liénart, Gerlier) sont restés hostiles à Roncalli jusqu’à la fin du conclave, tout comme le curia- liste Tisserant, alors que les deux autres (Grente, Roques) se seraient ralliés en cours de route

12

.

Il n’empêche qu’une partie des diplomates et des journalistes tient l’élection de Jean XXIII pour une victoire de la France, même si Roland de Margerie, qui a tenté un jeu personnel assez risqué, est nuancé à l’heure du bilan : « Bornons-nous à constater modestement [qu’elle] a su faire coïncider ses préférences avec un événement dont l’opinion mondiale nous attribuait d’avance le mérite

13

. » Le nouveau pape n’ignore pas ces manœuvres contra- dictoires. Mais il multiplie les gestes en direction de la France. Il lui accorde deux chapeaux lors du consistoire du 15 décembre 1958 (l’archevêque de Bor- deaux Richaud, le doyen de la Rote Jullien), sans que l’ambassadeur puisse relier à coup sûr cette décision à son intervention, sur instruction du Quai d’Or- say, auprès du nouveau secrétaire d’État Tardini : « Quoi qu’il en soit, le sou- verain pontife savait nous être agréable », conclut-il

14

. Peu après, il obtient une visite de Jean XXIII à Saint-Louis des Français le 18 février 1959 pour clore l’année jubilaire des apparitions mariales de Lourdes, à défaut du voyage sur place, brièvement évoqué puis abandonné, et sans doute « peu désirable » d’un point de vue de politique intérieure

15

. Le pape affirme ainsi « publiquement son affection pour notre pays et sa sympathie pour tout ce qui est français » : « Il a été plus loin, dans ce sens, que jamais Pie XII vis-à-vis de l’Allemagne », note de Margerie

16

. Le projet de voyage outre-Rhin lors du congrès eucharis- tique international de 1960 relance du reste l’hypothèse de la venue du pape en France dès 1959. Ce pourrait être à Ars, pour le centenaire de la mort du saint curé, dans un lieu qui suscite « moins de réserves dans les milieux qui ne sont pas favorables au Vatican » du fait de la place plus discrète du miracle. Mais

« peu importe l’endroit, pourvu que nous soyons les premiers bénéficiaires », selon le désir du général de Gaulle

17

. Il n’y a pas de suite et c’est ce dernier qui

12 Archives diocésaines du Mans, archives Grente, FG 72 : journal du conclave, 19-24 octobre 1958 et notes d’audience avec Jean XXIII, 3 novembre 1958.

13 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : rapport de fin de mission de R. de Margerie, 30 septembre 1959.

14 Ibid. : rapport de R. de Margerie, 30 novembre 1958.

15 Ibid. : télégramme et note de R. de Margerie, 14 janvier 1959.

16 Ibid. : rapport de R. de Margerie, 20 février 1959.

17 Ibid. : lettres de R. de Margerie à M. Couve de Murville et R. Brouillet, 26 février 1959.

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se rend en visite officielle au Vatican le 27 juin 1959, au terme de son séjour en Italie. Après un long entretien, le pape salue l’œuvre entreprise par le général, qui reçoit sa bénédiction à genoux puis exprime des vœux « pour la prospérité et la gloire de notre Église catholique

18

».

Les méfiances initiales diminuent progressivement. Jean XXIII confie à ses interlocuteurs son admiration pour le général qui lui apparaît « sous un jour bien différent de celui sous lequel [il] l’avait vu en 1945

19

». Côté fran- çais, les interrogations sont plus durables sur la « personnalité complexe » du pape, sa capacité à s’imposer à une curie tenue par le personnel de Pie XII et ses décisions de tonalité conservatrice qui pourraient menacer à nouveau les avant-gardes du catholicisme national

20

. En 1960, Wladimir d’Ormesson, am- bassadeur près le Saint-Siège de 1948 à 1956, alerte le cardinal Tardini à pro- pos du signal négatif donné par la promotion de Mgr Parente au Saint-Office et des bruits de condamnation d’Esprit, de Témoignage chrétien ou de l’œuvre du Père Teilhard de Chardin, à l’heure de la première application de la loi De- bré sur l’enseignement privé, votée non sans difficultés : « Au nom du Ciel, Éminence […], ne prenez aucune mesure, ne procédez à aucune nomination qui soient susceptibles de fournir, à cet égard, des aliments aux adversaires qui nous guettent

21

. » La France voit pourtant un signe positif dans la convocation du concile (25 janvier 1959), « un acte hardi et courageux » dont « le mérite tout entier revient » au pape, même si la « portée » de l’événement, qui pourrait dépasser « la personne un peu pédestre de Jean XXIII », est « incalculable » :

« Qu’en espère-t-il ? Dans son réalisme terre à terre, peu de chose sans doute sur le plan des résultats pratiques. Mais ce même réalisme, nourri de savoir his- torique, lui apprend qu’on ne réunit jamais les états généraux sans qu’il résulte un grand mouvement de personnes, un brassage d’idées, des péripéties dont les conséquences immédiates semblent parfois réduites, mais dont les suites lointaines peuvent aussi dépasser toutes les prévisions

22

. »

18 La Documentation catholique [DC], n° 1308, 19 juillet 1959, col. 929-932 ; Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir, t. 1, Paris, Plon, 1970, p. 204-205 et Lettres, notes et carnets, t. 8, Paris, Plon, 1985, p. 234-235.

19 Archives du ministère des Affaires étrangères (Nantes), EU-30-19-A : note de G. de la Tour- nelle, 28 février 1960 (audience de Maurice Schuman) ; Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : lettre de Daniel-Rops à R. Brouillet, 8 novembre 1960.

20 Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : rapports de R. de Margerie, 30 septembre et 18 novembre 1959.

21 Ibid. : lettre de Wladimir d’Ormesson au cardinal Tardini, 10 janvier 1960 (copie adressée à R. Brouillet).

22 Ibid. : rapports de R. de Margerie, 30 septembre et 18 novembre 1959.

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La diplomatie française suit dès lors avec attention la préparation de l’assemblée, sous la direction de Guy de la Tournelle qui succède à Roland de Margerie fin 1959. Puis elle consolide son dispositif en prévision de la pre- mière session, inaugurée le 11 octobre 1962 en présence de 84 délégations nationales avec, pour la France, le ministre des Affaires étrangères Couve de Murville

23

. L’ambassadeur s’emploie à faciliter le travail des évêques français, à favoriser les contacts multilatéraux et à décrypter l’atmosphère et les dé- bats de l’aula dont il établit un bilan positif, malgré les résistances curiales et

« quelques outrances » épiscopales :

Paradoxalement, les résultats de la première session, très minces sur le plan concret, ont connu en revanche une immense résonance spirituelle qui ne devrait que croître si le concile, sous la direction de Jean XXIII, persévère dans la voie où il s’est engagé

24

.

Le général de Gaulle semble partager cette analyse, teintée d’une ré- serve plus explicite devant les risques du projet. S’il salue dans une lettre à Daniel-Rops la « grande victoire spirituelle » que « prépare le concile », il souligne la nécessité de le « promouvoir dans la pratique, c’est-à-dire dans la mesure et la raison

25

». Il regrette que Jean XXIII se soit laissé « entortiller à la fin » par une « coterie qui prétendait tout révolutionner d’un coup », au risque de « donner l’apparence de se renier », et souhaite que son successeur soit plus directif, sans remettre en cause la « politique qu’il a commencée », conforme

« à l’intérêt » du pays

26

.

La France n’est donc pas indifférente au conclave de 1963. Mais Guy de la Tournelle reste un observateur, à la différence de son prédécesseur. Il analyse les chances et les handicaps des papabile, en particulier du cardinal Montini, qui a l’appui du général de Gaulle et des cardinaux français, même si certains envisagent des alternatives en cas de blocage (Marella, Lercaro). Il ob- serve la progression de ce dernier au rythme de l’arrivée à Rome des cardinaux non italiens et salue son élection, « hautement satisfaisante pour la France », en la situant dans la dynamique conciliaire : « C’est le concile qui a fait le

23 Jean-Dominique durand, « L’ambassade de France près le Saint-Siège et le concile Vati- can II », dans Bernard barbiChe, Christian Sorrel (éd.), La France et le concile Vatican II, Paris-Bruxelles, Ministère des Affaires étrangères – Peter Lang, 2013, p. 55-76.

24 Rapport de G. de la Tournelle, 21 février 1963, cité par Alberto Melloni, L’altra Roma…, p. 156-158.

25 Charles de Gaulle, Lettres…, t. 9, 1986, p. 406 (29 décembre 1963).

26 Alain peyrefitte, C’était de Gaulle, t. 2, Paris, Fayard, 1997, p. 198-200.

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conclave

27

. » Une étape nouvelle débute, dont la nomination de René Brouillet à l’ambassade près le Saint-Siège, au terme de la session de 1963, souligne l’importance pour la France

28

. Celui-ci apprécie la spécificité de sa charge, associée à la nature de l’autorité auprès de laquelle il est accrédité, « une au- torité spirituelle, d’essence supranationale », aux particularités de l’histoire qui ont séparé l’Église catholique de l’État et à la place des « composantes chrétiennes » dans la « civilisation de notre pays

29

». Il ne conçoit pas son poste comme un simple observatoire, auquel le concile confère d’ailleurs un intérêt particulier. Catholique et gaulliste, il veut agir au mieux des intérêts des partenaires, en politique intérieure et sur le plan international. Il compte pour cela sur la faveur du pape, qui connaît bien la France et son Église, à laquelle il accorde une confiance inquiète, à l’aune de son audience mondiale

30

. Alors que de la Tournelle notait la « sensibilité aiguë » de Paul VI et sa tendance à « ter- giverser dans l’exécution », Brouillet insiste sur son autorité, une autorité qui tend à réaliser l’unanimité et qui lui permet de conduire à bon port le concile puis de rester « seul à la barre » en « maître d’œuvre tout à la fois audacieux et retenu

31

».

Comme son prédécesseur, le nouveau pape multiplie les gestes à l’égard de la France dont il appelle plusieurs ressortissants à de hautes fonctions cu- riales (Garrone, Villot). Le 31 mai 1964, à défaut du voyage à Paris souhaité par le général de Gaulle, il se rend à Saint-Louis des Français d’où il adresse un radio-message aux fidèles réunis à Notre-Dame à l’occasion du huitième centenaire de l’édifice

32

. Trois ans plus tard, le 31 mai 1967, il reçoit le pré- sident de la République en audience officielle à l’occasion de la conférence des chefs d’État et de gouvernement des Communautés européennes

33

. Les

27 Rapports de G. de la Tournelle, 20-24 juin 1963, cités par Alberto Melloni, L’altra Roma…, p. 192-197.

28 Christian Sorrel, « René Brouillet, Rome et la France (1964-1967) », dans Fabrice bouthil-

lonet al. (dir.), Le Bon Dieu sans confession. Mélanges offerts à Yvon Tranvouez, Nancy, Éditions Arbre bleu, 2017, p. 245-256. Brouillet a assuré la direction du cabinet du président de la République de janvier 1959 à juin 1961 avant d’être ambassadeur à Vienne.

29 Archives nationales, archives Brouillet : rapports de R. Brouillet, 14 juin, 16 juillet 1964 et 24 février 1970.

30 Ibid. : rapport de R. Brouillet, 4 juin 1966.

31 Rapport de G. de la Tournelle, 18 décembre 1963, cité par Alberto Melloni, L’altra Roma…, p. 254 ; Archives Brouillet : rapports de R. Brouillet, 14 septembre 1966 et sans date (prin- temps 1967).

32 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 9 juin 1964 ; DC, n° 1426, 21 juin 1964, p. 737- 738. La commémoration, prévue en juin 1963, a été retardée du fait de la mort de Jean XXIII.

33 DC, n° 1496, 18 juin 1967, p. 1057-1062.

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entretiens privés et les allocutions publiques attestent la chaleur des relations entre la France et le Saint-Siège et scellent le déplacement des enjeux, des relations institutionnelles bilatérales, longtemps prioritaires, vers les horizons du dialogue international.

Les horizons du dialogue

La décennie 1960 est marquée en effet par l’affirmation du rôle du Saint- Siège sur la scène mondiale au service de la paix et de la justice

34

. L’écho de l’encyclique de Jean XXIII Pacem in terris (11 avril 1963) est considérable et nourrit l’émotion provoquée par la mort du souverain pontife. À sa suite, et avec ses accents propres, Paul VI met la paix au cœur du ministère pétrinien en orientant l’Église vers le service de la famille humaine dans la logique de dialogue proposée par l’encyclique Ecclesiam Suam (6 août 1964) et promue par les textes conciliaires, notamment la constitution pastorale Gaudium et Spes (7 décembre 1965). Le discours prononcé devant l’assemblée générale des Nations Unies (4 octobre 1965), la publication de l’encyclique Populorum Progressio (26 mars 1967), qui relie la paix au développement, les voyages apostoliques, les tentatives de médiation dans de nombreux conflits, les in- terventions humanitaires en donnent des confirmations éclatantes, même s’ils déclenchent aussi des critiques, par exemple sur la politique est-européenne ou la politique vietnamienne

35

.

De cette orientation nouvelle, la France du général de Gaulle, engagée dans une stratégie de grandeur qui entend placer la nation en marge de l’af- frontement Est-Ouest

36

, s’efforce de rendre compte et de tirer les leçons. René Brouillet y revient à plusieurs reprises dans ses rapports en décrivant la « mu- tation » conciliaire d’une Église « en devenir », qui « a pris le relais de l’Église statique issue du concile de Trente » et donne le pas « à la mission par rapport à l’institution ». Il constate l’évolution des rapports entre l’autorité spirituelle

34 Daniele Menozzi, Chiesa, pace e guerra nel Novecento. Versa una delegittimazione religiosa dei conflitti, Bologne, Il Mulino, 2008, 336 p.

35 André dupuy, La diplomatie du Saint-Siège après le IIe Concile du Vatican. Le pontificat de Paul VI, 1963-1978, Paris, Téqui, 1980, 343 p. ; Gianni labella, « Paolo VI, la diploma- zia e l’impegno per la pace », Revue d’histoire ecclésiastique, n° 110/3-4, 2015, p. 846-871 ; Francesca Ghezzi, La Santa Sede e i cattolici di Francia e d’Italia dinanzi al conflitto in Viet- nam (1963-1966), thèse, EPHE (Paris) – SNS (Pisa), 2018, 611 p.

36 Maurice vaïSSe, La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle, Paris, CNRS éd., 2013, X-710 p.

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et l’autorité temporelle : « [C’est] la formule de “l’Église libre dans l’État libre” qui a prévalu. Dès lors que son existence même n’est pas en cause et que sont saufs les principes fondamentaux de la morale naturelle, [elle] aspire de plus en plus à prendre ses distances à l’égard de tous les régimes politiques. » Ce choix facilite d’ailleurs une stratégie inédite face aux États communistes :

«C’est précisément parce qu’il s’est engagé sur la voie de la neutralité poli- tique que le Saint-Siège peut, sans se renier lui-même, s’employer à renouer des contacts avec les pays de l’Est, mais cela exclusivement pour rechercher, si les circonstances le permettent, la conclusion d’arrangements visant […] à sauver ce qui peut être sauvé. » Le redimensionnement du politique permet surtout à l’Église de « marquer sa sollicitude à l’égard des besoins d’une hu- manité qu’elle se déclare en mesure de comprendre et d’aider mieux que toute institution séculière

37

». « Prenant ainsi ses distances en prenant de la hauteur, le pape aspire à se situer toujours davantage au-dessus des États et des gou- vernements, à se poser en autorité de caractère tout à la fois international et supranational », note Brouillet après l’appel de Bombay en faveur de la paix (5 décembre 1964). Il poursuit son analyse sur « la magistrature morale dont le pape se considère investi » et qui « n’est pas, à ses yeux, une magistrature désincarnée » :

Se sachant de tous les temps, l’Église professe qu’elle appartient à notre temps et que notre temps lui appartient. Le désengagement à l’égard des États est un moyen pour l’Église de recouvrer à l’égard des États l’indé- pendance qui est destinée à lui permettre de s’engager là où sa présence est jugée par elle le plus utile

38

.

Cette évolution n’est pas sans conséquence pour les relations bilatérales entre la France et le Saint-Siège. Mais en ce domaine, l’essentiel est acquis depuis 1959 à propos du dossier de l’enseignement privé. Le secrétaire d’État Tardini exclut alors de relancer la négociation globale des questions pendantes tentée par la Quatrième République dans une approche de type concordataire qui exige du temps et des « contreparties » et risque, « à vouloir tout régler », de « compromettre l’équilibre existant

39

». Il comble en fait l’attente du pou- voir gaulliste, préoccupé d’affirmer son autorité en principe et d’agir seul, ne serait-ce que pour contrer les opposants à la paix scolaire, prompts à dénoncer

37 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, sans date (printemps 1967).

38 Ibid. : rapport de R. Brouillet, 14 janvier 1965.

39 Ibid. : rapports de R. de Margerie, 17 avril 1959 et sans date (printemps 1959). Voir Robert leCourt, Concorde sans concordat 1952-1957, Paris, Hachette, 1978, 187 p.

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le cléricalisme. « La nature de nos relations avec le Vatican est avant tout psy- chologique », suggère l’ambassadeur de Margerie, « il s’agit essentiellement de préserver le climat de bonne volonté mutuelle dans lequel les interlocuteurs puissent s’expliquer en toute confiance si un incident vient à survenir ou si les vicissitudes de la vie politique française créent une tension entre les catho- liques français et l’État

40

. » Conforté par les documents conciliaires, Brouillet va dans le même sens en soutenant que la « jonction souhaitable entre l’État et l’Église », à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, doit s’opérer avec « un minimum d’appareil juridique

41

». Sans doute le général de Gaulle exprime-t- il des velléités interventionnistes que certains ont définies comme gallicanes, notamment en matière de nomination des évêques, compte tenu du « rôle exer- cé par le haut clergé dans la vie de la nation » et des faiblesses de plusieurs de ses membres mises en évidence par Roland de Margerie. Il ordonne une enquête en 1962 puis relance la question en 1968, choqué de ne pas avoir été consulté personnellement avant la nomination de Mgr Marty à l’archevêché de Paris

42

. Mais le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade près le Saint-Siège se gardent de pousser la question à l’heure où le décret conciliaire Christus Dominus (28 octobre 1965) invite les États à abandonner leurs der- niers privilèges. Ils refusent en revanche l’hypothèse romaine d’une extension de l’invitation aux diocèses d’Alsace-Moselle en alléguant l’unité du disposi- tif concordataire

43

. Dans le même temps, un accord est trouvé sur une prière pour la France conforme aux nouvelles règles liturgiques et, lors du départ de Mgr Bertoli, le général de Gaulle renonce au privilège d’imposer la barrette au nonce en France, généralement promu cardinal à sa sortie de charge

44

. Si des points restent en débat (nomination des évêques outre-mer, transfert à Rome des maisons mères des congrégations autorisées), la relation bilatérale est pai- sible et laisse une place croissante à la mise en valeur de convergences de portée générale célébrées par les textes officiels

45

.

40 Ibid. : rapport de R. de Margerie, sans date (printemps 1959).

41 Ibid. : rapport de R. Brouillet, sans date (printemps 1967).

42 Archives du ministère des Affaires étrangères (Nantes), EU-12-10 : rapport de R. de Margerie, 13 février 1958 ; Archives Brouillet : notes du général de Gaulle et de Georges Pompidou, 1962 et 1968 (copies).

43 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 30 avril 1967. Voir Christian Sorrel, « L’ambas- sadeur Brouillet et l’épiscopat français », dans Le catholicisme français de la Séparation à Vatican II. Un chemin d’histoire, Paris, Karthala, 2020, p. 377-392.

44 Ibid. : dossier sur la prière pour la France ; note de la Secrétairerie d’État sur l’imposition de la barrette, 31 mars 1969 ; note d’entretien entre R. Brouillet et B. Tricot, 10 avril 1969.

45 La préparation de la loi Neuwirth sur la contraception donne lieu à des échanges d’infor- mations sur la décision romaine attendue : « La position adoptée par l’Église influera sur le

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Diplomatie pontificale, diplomatie française (1958-1969)

En 1957, la visite au Vatican de René Coty s’était située encore large- ment sur le terrain national, le pape saluant une France « féconde en héros et en saints », « foyer unique de la pensée et de la recherche », et le président exaltant le patriotisme des Français de la curie dont le service de « l’univers catholique » rejoint « la vocation universaliste de l’esprit français

46

». Si cette dimension ne disparaît pas des échanges ultérieurs, elle y est moins exclusive.

En 1959, Jean XXIII évoque l’œuvre de rénovation de la France du général ouverte au monde :

Vous la voulez digne, dans sa conduite, de son passé prestigieux. Et c’est pourquoi, en travaillant au bonheur de vos concitoyens, vous souhaitez aussi avec noblesse que les ressources du pays […] puissent servir avec désintéressement au mieux-être de peuples économiquement moins dé- veloppés. Est-il une perspective d’action plus conforme à l’idéal de jus- tice et de charité fraternelle dont le christianisme a pour toujours jeté le ferment dans la société humaine

47

?

Les rencontres suivantes confortent ce prisme. La cérémonie organisée à l’Élysée pour le centenaire de Notre-Dame permet à de Gaulle de saluer le

« mouvement de renouveau religieux, moral et social » lié au concile, tandis que le légat Marella, ancien nonce dans la capitale, voit dans les efforts de la France en faveur du tiers monde « un ensemble de conditions favorables à l’af- firmation […] de la vraie paix », en phase avec « les accents des récentes ency- cliques

48

». La tonalité est similaire chez Brouillet qui explique en ces termes son ambition aux Français de Rome : « Renouveau de l’Église, renouveau de la France […]. C’est une vérité d’évidence que ces deux renouveaux procèdent des mêmes sources, qu’ils tendent aux mêmes fins

49

. » Le point culminant est atteint en 1967 après la publication de Populorum Progressio. Paul VI félicite de Gaulle et la France d’avoir su, au prix de lourds sacrifices, « favoriser l’es- sor des jeunes nations » et jeter des jalons vers une « paix solide et durable dans la justice et dans la liberté ». Et de Gaulle revendique les « mots d’ordre » du pape comme ceux de son pays, attentif à « l’examen de conscience » de la catholicité réalisé par le concile, à la volonté de son guide de le « traduire en

débat […]. Vos interlocuteurs comprendront qu’il n’est de l’intérêt de personne de faire savoir que le général s’enquiert des projets du Saint-Père, de même que nous garderons pour nous les précisions qui nous seront données », Archives Brouillet : lettre d’É. Burin des Roziers à R. Brouillet, 14 juin 1967.

46 DC, n° 1252, 26 mai 1957, col. 685-693.

47 DC, n° 1308, 19 juillet 1959, col. 930-931.

48 DC, n° 1426, 21 juin 1964, p. 750.

49 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 17 juillet 1964.

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actes » en unissant « dans un juste équilibre nova et vetera » et à son « souci de rencontre et de dialogue » planétaire au service de la paix

50

.

Il est vrai que les deux interlocuteurs partagent une vision critique du choc des impérialismes, de l’égoïsme des puissances et du malaise des na- tions émergentes. Mais la politique gaulliste de grandeur, ordonnée au rayon- nement de la France, a aussi des objectifs propres qui entrent en tension avec la conception transnationale de Paul VI ou instrumentalisent la parole romaine

51

.

« Je n’ose pas comparer ce qui n’est pas comparable, mais au fond, c’est un peu la politique que nous faisons », déclare le général après l’appel de Bom- bay, alors que Brouillet suggère de souligner, dans la conférence de presse de janvier 1965, « à quel point les pensées et l’effort de la France convergent avec les préoccupations du Siège apostolique », ce qui aurait un « retentisse- ment » mondial, spécialement auprès des Pères conciliaires

52

. De son côté, le pape s’inquiète d’une « certaine tendance au cloisonnement, à l’isolement » de la France au sein de l’Europe en construction qu’il appréhende comme une

« étape sur la route de la paix et de la véritable fraternité entre tous les peuples du globe ». Le propos lui vaut une réplique « un peu plus vive » du ministre des Affaires étrangères Debré, reçu en avril 1969 :

Si nous voulons le maintien d’une société à la fois ordonnée et en pro- grès, il faut veiller à ne pas diluer le sentiment national […]. On ne peut imaginer, en quelque domaine que ce soit, le maintien des règles indis- pensables si l’esprit, qui ne peut être pour la société civile que l’esprit national, n’inspire pas la politique

53

.

C’est encore la logique nationale de non-ingérence qui empêche la France de répondre positivement à la demande formulée prudemment par le pape en juin 1966, à la veille du voyage du général de Gaulle en URSS, « de prononcer une parole, de donner une manifestation quelconque de sollicitude en faveur des minorités catholiques ». Brouillet estime néanmoins que le seul

50 DC, n° 1496, 18 juin 1967, p. 1057-1062.

51 Philippe portier, « Le général… », p. 555-561 ; Claude prudhoMMe, « Une vision chrétienne du développement des peuples ? », dans Charles de Gaulle chrétien…, p. 331-348.

52 Alain peyrefitte, C’était de Gaulle…, p. 355 ; Archives de Gaulle, 5 AG 1/1507 : lettre de R. Brouillet à É. Burin des Roziers, 28 janvier 1965.

53 DC, n° 1496, 18 juin 1967, p. 1059 ; Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 18 avril 1969.

Les divergences sur l’Europe expliquent que la France, qui espère la visite du pape, hésite à favoriser un voyage à Strasbourg à l’invitation du Conseil de l’Europe et propose Lourdes, lettre de R. Brouillet au ministre des Affaires étrangères, 10 novembre 1969.

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Diplomatie pontificale, diplomatie française (1958-1969)

fait que le président assiste à la messe dominicale à Leningrad a « valeur de témoignage

54

».

Dans ce contexte, le dossier vietnamien, susceptible de rapprocher les interlocuteurs dans leur réserve devant la politique américaine, permet à la diplomatie française de mieux évaluer la position pontificale. Brouillet fonde sa réflexion sur l’écart qu’il constate entre la « prudence, l’application qui ca- ractérisent dans le domaine proprement ecclésiastique la démarche de l’actuel pontife » et « l’impression » que laissent certaines de ses déclarations « sur le plan temporel ». Il se refuse à chercher une explication dans l’insuffisance de

« l’appareil diplomatique » romain pour « se demander si l’erreur ne consiste pas, précisément, à attendre de Paul VI une démarche identique selon qu’il s’agit de son action dans les affaires d’Église ou vis-à-vis de la cité terrestre » :

Postuler, de sa part, dans les deux cas, les mêmes diligences revien- drait à lui prêter dans l’ordre temporel le même type de responsabili- tés que dans l’ordre spirituel, équivaudrait à méconnaître le caractère transcendant de sa mission en l’assimilant à celle des responsables de

la conduite des États. […] La fin qu’il s’assigne est, s’élevant au-dessus

des querelles et des compétitions humaines, de faire entendre la voix du Christ, messagère de paix, plaçant son espoir dans le miracle d’adhésion que l’appel divin pourra susciter au cœur des hommes. D’où l’aspect original, irréductible à tout autre, de cette “diplomatie de l’Évangile

55”.

La France évalue ainsi les limites des convergences affichées dans le discours officiel, et cela d’autant plus qu’elle ne peut ignorer les effets inté- rieurs du repositionnement politique du catholicisme postconciliaire, peu ré- ceptif aux avances du pouvoir ou ostensiblement distant, au grand dam du personnel gaulliste en attente de reconnaissance

56

:

Gardant ses distances à l’égard de l’État, l’Église de France ne se veut étrangère à aucun domaine de la vie sociale […]. L’idée nouvelle

[qu’elle] est portée à se faire de sa mission et de son “désengagement”

lui-même l’expose à verser dans un nouvel “engagement”, lequel ne pro-

céderait plus directement, comme par le passé, d’une conjonction indue

54 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 4 juin 1966. Faut-il voir un geste politique dans le fait que le général communie ce jour-là à Notre-Dame de Lourdes, ce qu’il ne fait pas habi- tuellement lors des voyages officiels ? Mais lui-même s’en serait étonné : « Pourquoi m’a-t-on fait communier ? » Voir Jacques prévotat, « De Gaulle croyant et pratiquant », dans De Gaulle chrétien…, p. 49.

55 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 24 décembre 1966.

56 Le gouvernement est irrité par les prises de position de plusieurs évêques dans les grèves à partir de 1963.

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des fonctions religieuses et de l’action politique, mais revêtirait le ca- ractère d’une immixtion dans les affaires sociales et dans leur direction, sous couvert de les moraliser, sans souci de la dépendance légitime dans laquelle se trouve la vie sociale par rapport à la puissance publique

57

.

La crise de 1968 agit comme un accélérateur et le pape lui-même, im- pressionné par les événements, frappé par le « sursaut » venu de la nation et déçu par l’absence de « grande voix » dans l’épiscopat, invite le pouvoir à reconnaître, « au travers des outrances et des tumultes, la part d’aspirations lé- gitimes, généreuses, qui ont trouvé expression et de tout mettre en œuvre pour que leur soit donnée la réponse qui convient

58

».

Il n’est pas aisé d’établir le bilan d’une décennie dont l’histoire reste à écrire en tenant compte de la dissymétrie dans l’accès aux archives des acteurs.

Les années 1960 constituent sans doute un temps fort des relations entre la France et le Saint-Siège dans un contexte de mutations internes et de redé- ploiement de leur présence dans le monde. La volonté affichée d’entente est facilitée par la pacification des relations bilatérales et la réinsertion du catho- licisme dans la République depuis les années 1920. Catholique de conviction, le général de Gaulle intègre le catholicisme, un catholicisme romain et non gallican, dans sa représentation de la cité. Connaisseurs avertis de la France et de son Église, Jean XXIII et Paul VI apprécient la capacité d’entraînement du pays dans la vie internationale. Les convergences qui se dégagent sont réelles.

Mais elles sont porteuses d’ambiguïtés et les crises de la fin de la décennie, sur le plan intérieur comme sur le plan international, dans la vie ecclésiale comme dans la vie politique et sociale, contribuent à les mettre en relief.

Christian S

orrel

Université de Lyon (Lyon 2)

LARHRA UMR5190

57 Archives Brouillet : rapport de R. Brouillet, 14 janvier 1965. Voir Christian Sorrel, « René Brouillet, Rome… », p. 251-256.

58 Ibid. : rapport de R. Brouillet, 10 août 1968.

(20)

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N° 31 Gouverner une église en Révolution Histoires et mémoires de l’épiscopat constitutionnel, Paul CHOPELIN (dir.), 2017, 304 p., ISBN 979-10-91592-16-1

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N° 33 Droits antiromains XVIe-XIXe siècles. Juridictionalisme catholique et romanité ecclésiale, Sylvio DE FRANCESCHI et Bernard HOURS (dir.), 2017, 258 p., ISBN 979-10- 91592-18-5

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N° 36 Le Concile Vatican II et le monde des religieux (Europe occidentale et Amérique du Nord, 1950-1980), Christian SORREL (dir.), 2019, 404 p., ISBN 979-10-91592-23-9 N° 37 Jésuites et protestantisme (XVIe-XXIe siècles), Yves KRUMENACKER et Philippe MARTIN (dir.), 2019, 404 p., ISBN 979-10-91592-24-6

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(dir.),2020,175 p.,ISBN979-10-91592-10-8

N° 39 Le retour de Lyon sous l'autorité royale à la fin des Guerre de religions, Henri HOURS †, présenté par Pierre-Jean SOURIAC, 2020, 359 p., ISBN 979-10-91592-25-3 N° 40 Le père Fraisse (1912-2001). Les combats d’un jésuite foudroyé, Bernard COMTE

& Madeleine COMTE, 2020, 192 p., ISBN 979-10-91592-23-9

N° 41 Laïcité et christianisme chez Émile Poulat, Roberto MOROZZO DELLA ROCCA, 2020, 151 p., ISBN 979-10-91592-27-7

N° 42 Penser l’histoire religieuse au XXIe siècle / Thinking about Religious History in the 21st Century, Yves KRUMENACKER et Raymond A. MENTZER (dir.), 2020, 326 p., 2020, ISBN 979-10-91592-28-4

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